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Ohadata D-05-04

L’INCIDENCE DU DROIT COMMUNAUTAIRE


OHADA SUR LE DROIT INTERNE DE L’EXECUTION
DES DECISIONS DE JUSTICE DANS LES ETATS
PARTIES : CAS DU CAMEROUN.

(SYNTHESE DES TRAVAUX D’UNE THESE DE DOCTORAT D’ETAT EN


DROIT DES AFFAIRES, PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT PAR
Félix ONANA ETOUNDI, Magistrat Camerounais à la Cour Commune de
Justice et d’Arbitrage de l’OHADA,le 13 janvier 2005 à l’Université de
Yaoundé II).

En convenant avec le Pr.Roger PERROT, que « pour celui qui a gagné


le procès, le jugement n’est qu’une étape importante certes, mais qui
en soi, n’est toujours qu’une satisfaction académique », et que, « ce
qui compte pour le commerçant, l’industriel ou même le simple
particulier, c’est moins le prononcé du jugement, que la réception du
chèque qui doit lui revenir », l’exécution des décisions de justice dans
les Etats de l’OHADA est plus que par le passé, une question
d’actualité brûlante.

En fait, face aux grandes mutations économiques contemporaines qui


modifient profondément les conditions du développement économique
et les échanges, le droit de l’exécution des décisions de justice
s’apparente, plus que toute autre matière, à celle sur laquelle le Traité
OHADA semble fortement s’appuyer pour la sécurisation juridique et
judiciaire de l’environnement des entreprises que les Etats signataires
se sont assignés comme objectif majeur.

L’unification du droit des affaires dans l’espace OHADA étant


réalisée par l’adoption et la promulgation d’Actes uniformes
d’application directe et obligatoire dans les Etats parties, et lesquels se
substituent aux législations nationales préexistantes dans les matières
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concernées, notre thèse vise concrètement à répondre à la question de


savoir si l’Acte uniforme portant Organisation des Procédures
Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution bouleverse
fondamentalement le droit de l’exécution des décisions de justice
jusque-là applicable dans l’ordre juridique interne, au point d’instaurer
un régime de l’exécution plus apte à rassurer le créancier dans ses
droits, sans pour autant négliger ceux du débiteur.

En prenant le cas particulier du Cameroun, sans pour autant exclure


l’abondante jurisprudence puisée dans d’autres Etats parties et à la
Cour Commune de Justice et d’Arbitrage, notre analyse permet de
considérer que si le législateur OHADA maintient de façon mitigée les
conditions d’exécution du droit interne, il procède par contre à une
refonte des procédures d’exécution antérieurement applicables.

Dans la Première Partie relative au maintien mitigé des conditions


internes de l’exécution des décisions judiciaires :

-le législateur OHADA réitère les exigences traditionnelles du


législateur camerounais sur les conditions de l’exécution dite
définitive. Aussi les dispositions des articles 285 et 288 du Code de
Procédure Civile et Commerciale sont-elles identiques à celles des
articles 33 alinéa 1er et 34 de l’Acte uniforme.

Et de la sorte, pour être exécutoire, la décision de justice doit


satisfaire à certaines exigences de forme et de fond.

S’agissant des conditions de forme, elle doit se présenter sous forme


de minute dont l’expédition formalisée au greffe est notifiée à la
partie condamnée pour faire courir les délais des voies de recours.

S’agissant des conditions de fond, lorsque la décision régulièrement


notifiée n’a pas fait l’objet de voies de recours suspensives
d’exécution c’est-à-dire d’opposition ou d’appel, elle passe en force
de chose jugée et peut être revêtue de la formule exécutoire.

- Par contre, tout en maintenant implicitement le domaine controversé


de l’exécution provisoire en droit interne, le législateur OHADA
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nuance les conditions de mise en œuvre de la mesure. Ainsi, l’Acte


uniforme la subordonne au défaut d’exécution volontaire du débiteur
et indique plus nettement que l’exécution provisoire a lieu aux risques
du créancier qui y procède.

En outre, à l’opposé du droit interne qui n’a jamais transigé avec les
possibilités de suspension de l’exécution provisoire, l’article 32 de
l’Acte uniforme OHADA semble profondément remettre en cause le
régime juridique des défenses à l’exécution provisoire. La CCJA, par
application de ce texte, précise dans un arrêt dit des Epoux KARNIB
suivi d’autres arrêts postérieurs, que les défenses à l’exécution
provisoire ne sont plus envisageables sur la base d’un texte de droit
interne dès lors que l’exécution forcée est entamée.

Malgré ces clarifications de la CCJA, on pourrait davantage être


sceptique sur l’efficacité de ses orientations. Car, s’il est en effet
nécessaire pour le créancier d’exécuter les décisions de justice, il est
tout aussi prudent de s’assurer que les décisions non définitives à
exécuter ne causeront pas un préjudice irréversible au débiteur. Cela
est d’autant vrai que les réparations ou les restitutions auxquelles peut
être condamné le créancier, mais qui parfois se révèlent
matériellement impossibles, ne suffisent pas toujours à couvrir les
risques redoutés par une exécution provisoire dont l’aboutissement est
de nature à entraîner des conséquences irrémédiables.

Dans ce contexte, nous avons préconisé une reformulation des


dispositions de l’article 32 de l’Acte uniforme dans le sens d’un plus
grand équilibre entre les intérêts du créancier poursuivant muni d’un
titre exécutoire par essence précaire, et ceux d’un débiteur qui
conserve encore toutes ses chances de faire tomber la condamnation.
Une relecture de ce texte est d’autant souhaitable que le droit OHADA
étant somme toute de portée générale et comme telles, ses dispositions
ne peuvent de manière précise et complète appréhender dans toute leur
diversité et dans tous leurs détails les faits et situations juridiques
qu’elles sont censées couvrir.
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Qu’il s’agisse de l’exécution définitive ou de l’exécution provisoire,


lorsque le créancier est muni d’un titre exécutoire au sens de l’article
33 alinéa 1er de l’Acte uniforme, il peut recourir aux voies
d’exécution.

Objet de la 2ème partie de cette réflexion, les procédures internes de


l’exécution des décisions judiciaires ont été complètement
refondues par l’Acte uniforme OHADA.

Au-delà des innovations importantes apportées par le législateur


communautaire, cette 2ème partie s’est davantage préoccupée de savoir
si les nouvelles procédures d’exécution mobilières en droit OHADA
réalisent un plus juste équilibre entre le droit légitime du créancier de
recouvrer rapidement sa créance, au besoin par le recours à la force
publique, et la nécessité d’éviter au débiteur, les désagréments liés à
une mesure d’exécution incontrôlée ou faite à contre-temps.

A l’analyse, il faudrait relever :

*D’un côté, que le législateur OHADA restructure et redynamise les


mesures d’exécution forcée et les saisies conservatoires, dans le but de
procurer au créancier un désintéressement complet et rapide de sa
créance.

-S’agissant du droit de l’exécution forcée, l’Acte uniforme OHADA


remplace l’ancienne saisie-arrêt par la saisie-attribution des créances
spécialement instituée pour les créances de sommes d’argent et
fortement calquée sur la loi française de 1991 relative à la reforme des
procédures civiles d’exécution. Son efficacité résulte de deux
facteurs :

D’abord, elle supprime l’instance en validité, le créancier étant muni


d’un titre exécutoire et l’instance en déclaration affirmative, le tiers-
saisi étant appelé à l’instance de contestation à titre principal et non
plus à titre secondaire comme dans l’ancienne saisie-arrêt.

Ensuite, elle produit dès l’instant où elle est signifiée au tiers-saisi, un


triple effet : l’attribution immédiate de la créance saisie au profit du
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créancier saisissant à concurrence des sommes pour lesquelles elle est


pratiquée, l’indisponibilité des sommes saisies entraînant l’interdiction
au tiers-saisi de ne plus se libérer entre les mains du débiteur ou d’un
autre tiers, et le privilège du créancier premier saisissant qui exclut
tout concours avec les autres créanciers, sauf dans le seul cas où
plusieurs actes de saisie ont été signifiés le même jour.

Le législateur OHADA réaménage ensuite la saisie-vente des biens


meubles corporels, qui voit son domaine étendu aux biens détenus par
un tiers et par le créancier lui-même pour le compte du tiers, et aux
immeubles par destination, l’effet recherché étant l’indisponibilité des
biens saisis qui fait perdre au débiteur son droit de disposition de la
chose jusqu’à la vente aux enchères publiques.

Enfin, le législateur OHADA élargit l’assiette de l’exécution forcée en


instituant une nouvelle saisie relative aux droits d’associés et des
valeurs mobilières, mettant ainsi fin au vide juridique du droit
antérieur et aux difficultés liées au choix de la saisie à leur appliquer,
la pratique judiciaire étant restée partagée entre l’ancienne saisie-
exécution et l’ancienne saisie-arrêt.

-S’agissant des saisies conservatoires, elles reçoivent une


réglementation plus achevée par rapport au droit antérieur où elles
étaient davantage bâties sur la pratique judiciaire.

Le législateur OHADA restructure ces saisies préventives pour


renforcer leur efficacité à la fois comme mesures de précaution
efficaces contre l’insolvabilité du débiteur et des moyens de pression
pour amener celui-ci à s’exécuter, d’où l’uniformisation des
conditions générales de leur validité. Le recours aux saisies
conservatoires devient ainsi largement ouvert au créancier qui doit
certes requérir l’autorisation préalable du juge, mais qui n’a plus
besoin que d’une simple apparence de créance et de certaines
circonstances de nature à en menacer le recouvrement pour l’obtenir.
Encore que dans certains cas limitativement énumérés par le nouveau
législateur, le créancier est dispensé d’une telle autorisation.
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*De l’autre côté, que le législateur OHADA n’a pas entendu sacrifier
les intérêts du débiteur sur l’autel de la protection de ceux du
créancier, d’où une accentuation des mesures de protection des ses
droits. Ainsi :

- Dans les dispositions d’ordre général de la réforme, l’on observe une


certaine protection du patrimoine immobilier du débiteur, l’exécution
étant prioritairement poursuivie d’après l’article 28 de l’Acte uniforme
sur les biens meubles du débiteur, les immeubles ne pouvant être
saisis que si ces biens meubles s’avèrent insuffisants pour régler la
créance, sauf s’il s’agit d’une créance hypothécaire ou privilégiée. Le
même article 28 pose pour principe que le recours aux saisies n’est
possible qu’à défaut d’exécution volontaire du débiteur, ce qui
anéantit l’effet de surprise qui caractérisait les saisies conservatoires
du droit antérieur et donne au débiteur de mauvaise foi le temps
d’organiser son insolvabilité.

En outre, le créancier ne peut plus recourir à l’exécution forcée ou aux


mesures conservatoires contre les personnes qui bénéficient d’une
immunité d’exécution, ce qui est le cas non seulement de l’Etat et de
ses divers démembrements, mais aussi des entreprises publiques.

L’on peut ainsi déplorer le caractère absolu de l’immunité


d’exécution, et préconisé qu’elle ne bénéficie plus à la personne
morale de droit public lorsque celle-ci se livre à une activité
industrielle ou commerciale, de manière à permettre que le nouveau
dispositif législatif soit un moyen intéressant pour les investisseurs,
promoteurs et prêteurs de garantir les paiements du secteur public
dans le cadre de grands projets auxquels l’Etat ou des entreprises
publiques sont cocontractants tels que des concessions de services
publics par exemple.

Quand bien même le débiteur ne bénéficie pas d’une immunité


d’exécution, il peut solliciter un délai de grâce qui lui permet de
différer l’exécution de la décision.
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- Dans la mise en œuvre des nouvelles voies d’exécution, le législateur


a suffisamment renforcé les droits de la défense et les droits de la
personnalité du débiteur. Son droit à l’information est ainsi garanti
tant par l’huissier instrumentaire, que par le tiers-saisi. De même, les
opérations de saisie ont été limitées dans le temps et dans l’espace
pour assurer la protection de l’inviolabilité de son domicile.

Le débiteur bénéficie en outre des moyens de protection propres à


chaque type de saisie, de manière à la rendre beaucoup moins efficace
pour le créancier qu’on ne le croit. Dans la saisie-attribution des
créances par exemple et contrairement à l’ancienne saisie-arrêt, le
cantonnement automatique n’entraîne qu’une indisponibilité partielle,
limitée au montant de la créance, cause de la saisie et de ses
accessoires, le débiteur conservant une partie de son crédit et pouvant
de ce fait continuer à exercer son activité commerciale.

De même, si l’attribution immédiate de la créance au profit du


créancier saisissant le protège contre le concours des autres créanciers,
toujours est-il que la somme saisie-attribuée n’est pas encore
véritablement entrée dans son patrimoine. Car, en réalité, le saisissant
ne se voit pas attribuer la propriété des sommes disponibles entre les
mains du tiers-saisi, mais seulement la titularité de la créance, la
qualité de créancier du tiers-saisi. Le véritable transfert de propriété ne
s’opère qu’avec le paiement qui seul éteint l’obligation du débiteur et
celle du tiers-saisi vis-à-vis du créancier.

Dans le cas de la saisie-vente, le débiteur est obligatoirement désigné


gardien des biens saisis et peut se servir des meubles conformément à
leur destination. Il en conserve l’usage et la propriété, même s’il ne
peut plus en disposer. L’indisponibilité des biens qui le frappe est
alors de portée relative, raison pour laquelle la vente par lui d’un bien
meuble saisi n’est pas nulle même si elle est inopposable au créancier.

En outre, le débiteur dispose du droit de vente amiable des biens


saisis, ce qui lui permet de choisir son acheteur, de déterminer les
conditions de vente qui lui paraissent les plus favorables, et d’éviter
certains frais liés au fisc.
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En dernière analyse, l’efficacité de la saisie dépend de l’attitude du


débiteur. Si celui-ci décide de ne pas contester la saisie, la procédure
d’exécution ne durera que le temps de l’expiration des délais de
contestation. Mais, en pratique, le débiteur essaie presque toujours de
contester la saisie, et cela, même lorsqu’il sait que ses moyens de
défense sont infondés. Dans un tel cas, le contentieux de l’exécution
pourrait paradoxalement durer plus longtemps que la procédure de
droit commun sur le fond. Certes, le législateur OHADA a voulu ce
contentieux simple et rapide en lui donnant un caractère urgent, d’où
le caractère non suspensif de l’appel et de ses délais d’exercice, d’où
la computation de ces délais du jour du prononcé de la décision, d’où
également le recours logique à la procédure de référé du Code de
Procédure Civile et Commerciale. Mais dans la pratique, non
seulement le législateur OHADA n’a pas imposé de délai au juge du
contentieux pour statuer, mais aussi, la tentative de conciliation
obligatoire imposée par l’Acte uniforme dans certaines saisies comme
celle des rémunérations peut durer des mois, voire des années.

Mais, au-delà des problèmes de célérité, le contentieux de l’exécution


pose l’important problème de l’interprétation et de l’application de
l’article 49 de l’AUVE, texte qui semble concentrer entre les mains
d’un seul organe l’ensemble des contestations nées des saisies, sans
pour autant définir clairement l’identité de la juridiction qui l’incarne.

Face à ce débat, deux tendances s’opposent :

- la doctrinaire majoritaire assimile la juridiction de l’article 49 à la


juridiction des référés du Code de Procédure Civile et Commerciale,
en s’appuyant tantôt sur l’idée que le juge des référés a reçu du
législateur OHADA une compétence de principe sans que l’urgence
constitue une condition de sa saisine, ni les contestations sérieuses un
obstacle à son office, tantôt sur l’idée d’un ‘’juge des référés à
compétence étendue’’ qui passe du juge du provisoire au juge du
principal, tantôt enfin sur l’idée que l’article 49 de l’AU ajoute
simplement une matière nouvelle à la compétence d’attribution du
Président du TPI, juge des référés,qui doit l’examiner selon la
procédure des articles 182 et s du CPCC, étant entendu que le
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contentieux de l’exécution lui-même ne concerne pas les contestations


sérieuses.

- La doctrine minoritaire soutient quant à elle que l’article 49 de


l’AUVE institue un juge spécial assimilable au juge de l’exécution
français, juge du fond en matière de saisie, au motif tantôt que la
notion d’urgence utilisée à l’article 49 ne joue pas le même rôle que
dans les articles 182 et suivants du Code de Procédure Civile et
Commerciale, tantôt que l’exécution provisoire des décisions de ce
juge obéit à un régime original totalement différent de celui des
ordonnances de référé, tantôt enfin que la célérité voulue par le
législateur OHADA dans le règlement du contentieux de l’exécution
explique le recours à la procédure de référé, mais pas au juge des
référés comme organe chargé de l’examiner.

Contrairement à la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage qui, sans


être catégorique, tend tantôt à reconnaître au juge des référés la
compétence attribuée au juge de l’article 49 de l’AUVE sans pour
autant le démontrer, tantôt à ne pas vouloir se mêler de ce débat en
renvoyant l’identification de cette juridiction compétente à
l’Organisation Judiciaire de chaque Etat partie, notre point de vue
n’est ni totalement pour, ni totalement contre l’une ou l’autre
tendance.

A notre avis, le groupe de mots « tout litige ou toute demande »


utilisé à l’article 49 de l’AU témoigne de la volonté du législateur
communautaire de confier à une juridiction unique le contentieux des
saisies, ne serait-ce que pour mettre fin à la dispersion qui caractérisait
ce contentieux dans le droit antérieur où il était partagé entre le juge
du fond compétent rationae quantitatis et le juge des référés.

Mais, le dédoublement fonctionnel que crée cet article 49 et qui fait


du juge qu’il incarne à la fois juge du provisoire et juge du principal,
sans oublier qu’il est aussi juge des requêtes, ne permet pas une
identification exacte de son office en droit interne.

- L’assimilation au juge des référés, en l’absence d’une modification


des textes camerounais actuels, nous parait contestable parce que le
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mécanisme d’extension de ses compétences à connaître des questions


de fond en matière de contentieux de l’exécution n’est pas
juridiquement prouvé.

- l’assimilation au juge de l’exécution n’emporte non plus notre


conviction, le juge de l’exécution français issu de la loi de 1991
appartenant à une formation collégiale du TGI, ce qui n’est pas le cas
au Cameroun.

C’est pourquoi, nous soutenons que la juridiction compétente visée à


l’article 49 de l’Acte uniforme est un organe hybride qui emprunte au
juge des référés, juge du provisoire, sa procédure pour des raisons
évidentes de célérité, et au juge de l’exécution français, juge du fond,
sa compétence d’attribution pour des raisons évidentes d’efficacité.

Or, en l’état actuel de l’Organisation Judiciaire du Cameroun comme


dans la plupart des Etats de l’OHADA, il n’existe pas de juridiction de
fond qui statue en forme dé référé. Par conséquent, la juridiction de
l’article 49 reste à créer, ne serait-ce que par souci d’uniformisation de
la jurisprudence, et pour les besoins d’amélioration du
fonctionnement du service public de la justice, à moins que le
législateur OHADA ne pense lui-même à créer, à l’instar de son
homologue français qui l’a inspiré, un juge de l’exécution.

Enfin de compte, dans une logique où l’exécution de la décision


devient une épreuve de force entre créancier et débiteur, faut-il, pour
une protection plus équitable des intérêts respectifs de chacun, et pour
sauvegarder le crédit et le prêt dans le monde des affaires, instituer un
fichier de solvabilité des débiteurs à l’intention des créanciers ?

Si la question, déjà suffisamment entamée en droit comparé français,


n’est pas encore à l’ordre du jour en droit OHADA, le moins qu’on
puisse dire est que, comme dans les procédures d’exécution
antérieurement applicables en droit interne, le législateur
communautaire privilégie le débiteur dans cette confrontation qui
l’oppose au créancier.
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Cette réflexion, nous en sommes conscient, n’a ni la prétention d’être


parfaite, ni celle d’avoir épuisé le sujet. Cela est d’autant vrai que le
sujet lui-même porte sur une matière tout à fait nouvelle, et donc, qui
fait ses premiers pas dans son application pratique. D’où un certain
malaise qu’il advienne bien souvent de prendre position sur certains
aspects déjà controversés en doctrine et en jurisprudence, sans être sûr
de relancer la controverse au lieu de la taire.

De même qu’on ne saurait oublier la recherche d’un équilibre parfois


malaisé à découvrir, dans un sujet où s’imposait la nécessité de
prendre en compte de multiples paramètres parfois difficiles à
concilier. Il a fallu penser au créancier qui attend légitimement son dû,
mais sans oublier le débiteur qui malgré tout a sa place dans l’activité
économique. Il a fallu penser à l’imperium du juge et à l’autorité de la
décision de justice qu’il est indispensable de faire respecter, mais sans
transgresser la liberté individuelle, car la contrainte a ses limites et les
intérêts du créancier, si légitimes soient-ils, n’autorisent pas tous les
moyens.

Présentée et soutenue publiquement le 13 janvier devant le Jury


composé de :

Président : Professeur Paul Gérard POUGOUE, Agrégé des Facultés de


Droit, Vice-Recteur de l’Université de Yaoundé II.

Rapporteurs : - Professeur Victor Emmanuel BOKALLI,


Agrégé des Facultés de Droit, Doyen de la
Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
de l’Université de Ngaoundéré.

- Professeur Henri Bebey MODI KOKO,


Agrégé des Facultés de Droit, Directeur des
Affaires Académiques et de la Coopération
Universitaire à l’Université de Douala.

Membres : - Professeur Jean Marie TCHAKOUA


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Agrégé des Facultés de Droit, Maître de


Conférences à la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l’Université
de Yaoundé II.
-Professeur Alexandre Dieudonné TJOUEN,
Maître de Conférences, Chef de Département de Droit Privé
Fondamental à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques.

Appréciant le travail à sa juste valeur, le Jury l’a unanimement admis comme


Thèse d’Etat en Droit des Affaires avec la Mention Très Honorable.

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