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Semestre 2
Préparé par :
Izouakane Hiba
Marikh Sanae
Zegrani Mariam
La résolution d’un contrat est l’annulation des obligations nées du contrat. Elle a lieu
lorsqu’une des parties n’exécute pas ou plus ses obligations. La résolution a un effet rétroactif
; cela signifie que le contrat est considéré comme n’ayant jamais existé. Par conséquent, il faut
remettre les cocontractants dans la même situation que si le contrat n’avait pas été conclu.
Il est important donc de comprendre ce qu'est une rupture unilatérale de contrat, ainsi
que les conditions et le contrôle judiciaire de cette résolution.
Afin de traiter notre sujet, il serait intéressant d’étudier en premier lieu, la notion de la
résolution unilatérale du contrat (Partie I), pour mettre l’accent en deuxième lieu sur les
conditions et le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale (Partie II).
Partie I. La notion de la résolution unilatérale du contrat
La résolution unilatérale du contrat est un principe fondamental du droit des contrats,
cependant, son application est soumise à des règles strictes et à des exceptions limitées. Dans
cette perspective, deux sections importantes méritent d'être examinées : le principe et
l'exception de la résolution unilatérale du contrat d'une part (1), et la reconnaissance de la
résolution unilatérale dans les contrats spéciaux d'autre part (2).
1. Principe et exception
Le recours préalable au juge pour demander la résolution du contrat était une exigence
traditionnelle en droit français, en vertu de l'article 1184 du code civil. Cette disposition impose
à la partie qui souhaite mettre fin au contrat de saisir préalablement le juge pour demander la
résolution. Cela implique que la partie qui souhaite résoudre le contrat doit d'abord prouver
devant le juge que l'autre partie a commis une faute justifiant la résolution.
La résolution unilatérale par voie de notification ne fait pas l’objet d’une définition dans les
textes issus de l’ordonnance du 10 février 2016. En l’absence de définition légale, elle peut être
1
A. GAMBARO, « Ossevazioni conclusive » in L. VACCA IL contracta inadempinto, pp. 433.
2
Cass. civ. 1er, 13 oct. 1998, n° 96-21.485
définie comme étant la dissolution extrajudiciaire du contrat par déclaration unilatérale aux
risques et périls du créancier pour inexécution suffisamment grave.
Au Maroc, l’article 259 du DOC3 précise que la résolution ne s’opère pas de plein droit et
qu’elle doit être prononcé par le juge. Le législateur dans ce sens, n’ayant pas donné de
définition législative à ce mode de résolution de contrat. C’est la jurisprudence qui régit la
résolution unilatérale, en s’inspirant notamment du droit français.
En matière de bail commercial, cet article signifie que le bailleur ou le locataire, en fonction de
qui est la partie défaillante peut, en cas d’inexécution suffisamment grave des obligations de
l’autre partie, notifier à celle-ci la résolution du bail. Si le débiteur ne parvient pas à s’acquitter
de son obligation comme stipulé dans la mise en demeure, le créancier a le droit de résoudre le
contrat, comme indiqué explicitement dans ladite mise en demeure. Si l’inexécution persiste, le
créancier informe le débiteur de sa décision de résoudre le contrat ainsi que les raisons lui
justifient.
3
Dahir formant code des obligations et contrats
La matière du contrat d’entreprise n’est pas aisée, d’autant lorsque peu de dispositions légales
le régissent. Tous les contours de ce contrat spécial se dessinent donc majoritairement par la
voix des cours et tribunaux.
L’article 1184 du Code civil n’empêche pas, conformément à une jurisprudence établie
de la Cour de cassation, à une partie de résoudre la convention, à ses risques et périls, en dehors
de toute procédure judiciaire. La cour d’appel de Mons4 a rappelé qu’il est « généralement
admis qu’une partie à un contrat synallagmatique puisse néanmoins décider, de sa propre
autorité et à ses propres risques, de résoudre unilatéralement le contrat, aux conditions, à tout
le moins, que : Son débiteur ait commis une faute contractuelle d’une suffisante gravité pour
justifier la résolution judiciaire de la convention ; Elle soit, en règle générale, précédée d’une
mise en demeure qui somme ce débiteur de s’acquitter de ses engagements dans un délai
raisonnable ; Le créancier ait pris les mesures utiles pour constater les défaillances de son
débiteur ; Le créancier notifie de manière claire et non équivoque sa décision de résoudre la
convention en précisant, dans cet acte, le manquement qui fonde cette décision. De plus, dans
l’hypothèse où le contrat peut être exécuté, encore faut-il que le client mette en demeure le
cocontractant de s’exécuter.
Il est admis, en application des articles 1184 et 1149 du Code civil, que l’entrepreneur
victime d’une résolution du contrat peut réclamer une indemnité couvrant la perte subie et le
bénéfice manqué5.
Le maître de l’ouvrage victime d’une résolution du contrat peut également obtenir, cela va de
soi, l’indemnisation de son dommage. Ainsi en irait-il de ce qu’il a payé à l’entrepreneur
(déduction faite de la valeur des travaux, sur la base de la théorie de l’enrichissement sans cause,
laquelle doit tenir compte des malfaçons constatées), du trouble de jouissance, de l’éventuel
dommage moral, etc. Ce montant peut être couvert par une indemnité de résolution, prévue au
contrat d’entreprise, ainsi qu’en a décidé la cour d’appel de Bruxelles6. La juridiction saisie
peut néanmoins réduire ce montant, conformément à l’article 1231 du Code civil7.
4
Cass.civ., 27 sept. 2018, R.G. n° C.17.0669
5
Cass. civ., 22 févr. 2018, n° 2016/RG/1434
6
C. a., 30 avril 2015, n° 2011/AR/1320
7
C. a., 1er avril 2014, T.B.O., 2016, pp. 57 et s.
Partie II. Les conditions de la résolution unilatérale et son contrôle judiciaire
La résolution unilatérale est un acte juridique permettant à une partie de mettre fin à un
contrat sans l'accord de l'autre partie. Cependant, pour qu'une résolution unilatérale soit valide,
elle doit respecter certaines conditions (1). De plus, le contrôle judiciaire est souvent nécessaire
pour vérifier la validité de la résolution unilatérale (2).
8
B. FAGES, « Droit des obligations », éd LGDJ, coll. Manuel 2020, p. 102.
9
C. civ, Art. 1224
10
S. STIJNS, O. V AN GERVEN, et P. WÉRY, La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 224.
11
Un diplomate français né en 2 novembre 1942
1.2. Les conditions relatives au comportement du créancier
Il faut que le créancier agisse de bonne foi. Pour ce faire, le créancier doit procéder à
une constatation préalable des manquements du débiteur. Ce constat permettra un contrôle
effectif par le juge saisi a posteriori12. Le respect de la bonne foi implique aussi que le créancier
mettre son débiteur en demeure d’exécuter ses obligations et lui accorde un délai raisonnable
pour le faire, sauf si l’inexécution est irrémédiable. La jurisprudence française considère quant
à elle, qu’il s’agit d’une « invitation impérative adressé au débiteur d’avoir à régulariser sa
situation dans le délai imparti qui doit permettre à l’intéressé d’avoir connaissance de la nature,
de la cause et de l’étendue de son obligation »13. La mise en demeure a été définie de manière
éparse par le législateur marocain à travers l’article 254 du DOC qui dispose que : « Le débiteur
est en demeure lorsqu’il est en retard d’exécuter son obligation, en tout ou en partie, sans cause
valable ».
12
S. STIJNS, Les sanctions de l'inexécution des obligations contractuelles. Études de droit comparé, 2001, p.
577, n°44.
13
R. CHABOT, La mise en demeure, travail de fin d’étude, 2017, p 5-6.
14
S. STIJNS, La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 223, n° l
2. Le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale
Le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale est un processus crucial pour garantir que
la partie qui met fin au contrat respecte les conditions légales requises. L’article 1226, al. 4e du
Code civil prévoit que « le débiteur peut à tout moment saisir le juge pour contester la
résolution. ».
Ainsi, le recours au juge, en cas de résolution unilatérale du contrat, est toujours ouvert au
débiteur. Cette possibilité est conforme à la jurisprudence antérieure, selon laquelle la résolution
unilatérale se fait aux « risques et périls » du créancier, condition reprise par le premier alinéa
de l’article 1226. Il incombera alors au juge d’apprécier le bien-fondé de la rupture du contrat.
Plus précisément il lui faudra vérifier que l’inexécution dont s’est prévalu le créancier était
suffisamment grave pour justifier la résolution.
En tout état de cause, en cas de saisine du juge par le débiteur, l’article 1226, al. 4e du Code
civil pose que c’est au créancier qu’il reviendra de prouver la gravité de l’inexécution.
15
https://aurelienbamde.com/2021/03/21/la-resolution-du-contrat-regime-juridique
2.2. La constatation d’une inexécution pas suffisamment grave pour justifier la
résolution du contrat
Lorsqu'un débiteur saisit un juge pour contester la résolution unilatérale du contrat
prononcée par le créancier, le juge peut considérer que l'inexécution du contrat n'est pas
suffisamment grave pour justifier la résolution. Dans ce cas, l'article 1228 du Code civil offre
plusieurs alternatives au juge pour régler le litige.
Tout d'abord, le juge peut constater la résolution si les conditions légales de la résolution
unilatérale ont été remplies. Cela signifie que le contrat sera considéré comme résilié à partir
du moment où la résolution unilatérale a été effectuée.
Enfin, le juge peut décider d'allouer seulement des dommages et intérêts au créancier, si celui-
ci a subi un préjudice en raison de l'inexécution du contrat par le débiteur. Cette décision est
également prise en tenant compte des circonstances de l'affaire et des preuves fournies.
Il convient de souligner que le choix final dépendra des demandes formulées par le
débiteur. En effet, le débiteur peut préférer prendre acte de la volonté du créancier de rompre
le contrat ou exiger son exécution forcée, en fonction de ses intérêts. Le juge doit alors analyser
les demandes des parties et prendre une décision équitable en droit, en tenant compte des
intérêts en présence.
Tout d'abord, le juge peut constater, sur la demande du débiteur, que la rupture du contrat est
définitivement consommée. Cela signifie que le contrat sera considéré comme résilié à partir
du moment où la résolution unilatérale a été effectuée, mais que le débiteur n'a pas commis de
faute contractuelle.
Il est important de souligner que le choix final du juge dépendra des circonstances de
l'affaire et des preuves fournies par les parties. En effet, le juge doit veiller à prendre une
décision juste et équitable en droit, en tenant compte des intérêts en présence et des principes
généraux du droit des contrats.
Conclusion
De nos jours, la résolution unilatérale est devenue un droit en France, l'ordonnance du
10 févier 2016, reconnait la possibilité d'anéantir le contrat par notification. La seule condition,
contrairement à la jurisprudence, est le manquement suffisamment grave du contractant. Là
aussi un contrôle du juge est incontestable. La politique du législateur est simple : encourager
les parties à faire preuve de modération dans l’exercice de leurs libertés et de leurs prérogatives
et les inviter à envisager le juge comme un dernier recours, une mesure ultime. À défaut de
quoi, elles doivent se soumettre à un juge dont la boîte à outils, notamment composée de
nombreux standards juridiques, lui accorde une marge de manœuvre considérable. Cependant,
Il aurait été préférable que l'ordonnance de 2016 ait admis la résolution unilatérale uniquement
dans le cas où l'inexécution est totale et définitive, car le débiteur n'aurait aucune excuse pour
saisir le juge, du moment qu'il sait que la rupture du contrat sera affirmée. Il faut laisser les
autres cas à l'appréciation exclusive du juge.
Bibliographie
I. OUVRAGES GENERAUX
FAGES (B.), « Droit des obligations », éd LGDJ, coll. Manuel 2020, p. 102.
GAMBARO (A.), « Ossevazioni conclusive » in L. VACCA IL contracta inadempinto, pp.
433.
STIJNS (S.), La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 223, n° l
STIJNS (S.), Les sanctions de l'inexécution des obligations contractuelles. Études de droit
comparé, 2001, p. 577, n°44.
IV. JURISPRUDENCE
Partie II. Les conditions de la résolution unilatérale et son contrôle judiciaire .............................. 8
2.2. La constatation d’une inexécution pas suffisamment grave pour justifier la résolution du
contrat …………………………………………………………………………………………………………………………………………….11
Conclusion ............................................................................................................................................ 13
Bibliographie........................................................................................................................................ 14