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Master : Droit Privé Comparé

Espace Afrique Francophone et Commonwealth

Module : Droit des contrats comparé

Semestre 2

Sous la direction du Professeur : Pr. LEKOUISSI Loubna

La résolution unilatérale du contrat

Préparé par :
Izouakane Hiba
Marikh Sanae
Zegrani Mariam

Année universitaire : 2022-2023


Introduction
En droit marocain, et selon l’article 259 du DOC, la résolution ne s’opère pas de plein
droit et qu’elle doit être prononcée par le juge, ce qui veut dire que cette règle est établie par la
jurisprudence seulement. C’était aussi le cas en droit français avant la réforme du droit des
contrats, du régime général et de la preuve des obligations, introduite par l'ordonnance n° 2016-
131 du 10 février 2016.

La résolution d’un contrat est l’annulation des obligations nées du contrat. Elle a lieu
lorsqu’une des parties n’exécute pas ou plus ses obligations. La résolution a un effet rétroactif
; cela signifie que le contrat est considéré comme n’ayant jamais existé. Par conséquent, il faut
remettre les cocontractants dans la même situation que si le contrat n’avait pas été conclu.

Toutefois, Il est nécessaire de faire la distinction entre la résolution, la résiliation et la


nullité, trois notions voisines mais qu’il faut bien distinguer. La différence entre résolution et
résiliation réside dans leurs effets. Comme évoqué précédemment, la résolution entraîne un
effet rétroactif : les parties doivent restituer les prestations reçues depuis la signature du contrat.
A l’inverse, la résiliation n’emporte pas de rétroactivité. Elle met fin au contrat et à ses effets
sur l’avenir. La résiliation porte sur les contrats à exécution successive (contrat de travail,
contrat de bail…). Un exemple typique du contrat à exécution successive est le contrat de bail.
Il n’est pas possible d’envisager un anéantissement du contrat et de ses effets passés (occupation
du logement et paiement des loyers). Les parties opteront donc pour la résiliation qui ne produit
d’effet que pour l’avenir. Pour distinguer nullité et résolution il faut s’interroger sur la validité
du contrat : en présence d’un vice (erreur, dol, vice du consentement) la victime pourra
demander la nullité. Au contraire, si le contrat a été valablement conclu, elle ne pourra recourir
qu’à la résolution. Naturellement, si le contrat est vicié et que le cocontractant n’exécute pas
ses obligations, la victime pourra fonder son action en justice à la fois sur la résolution et la
nullité du contrat. Concrètement la nullité sanctionne une irrégularité au stade de la formation
du contrat, tandis que la résolution sanctionne l’inexécution des obligations contractuelles
postérieurement à la formation de l’acte. Toutefois, nullité et résolution sont marquées par leur
caractère rétroactif : en cas de nullité le contrat n’est censé n’avoir jamais existé, tandis qu’en
cas de résolution, les parties reviennent à l’état où elles se trouvaient avant la conclusion du
contrat, ce qui implique une restitution des prestations reçues entre temps.
La résolution contractuelle est la sanction la plus radicale puisqu’elle met un terme au contrat.
Elle peut résulter : de l'application d'une clause résolutoire intégrée dans le contrat : c’est la
résolution conventionnelle ; d'une décision de justice : c’est la résolution judiciaire ; ou de
l’hypothèse d’une inexécution suffisamment grave, d'une notification spontanée du créancier
au débiteur : c’est la résolution unilatérale, et c’est l’objet du sujet qu’on va traiter.

Il est important donc de comprendre ce qu'est une rupture unilatérale de contrat, ainsi
que les conditions et le contrôle judiciaire de cette résolution.

Afin de traiter notre sujet, il serait intéressant d’étudier en premier lieu, la notion de la
résolution unilatérale du contrat (Partie I), pour mettre l’accent en deuxième lieu sur les
conditions et le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale (Partie II).
Partie I. La notion de la résolution unilatérale du contrat
La résolution unilatérale du contrat est un principe fondamental du droit des contrats,
cependant, son application est soumise à des règles strictes et à des exceptions limitées. Dans
cette perspective, deux sections importantes méritent d'être examinées : le principe et
l'exception de la résolution unilatérale du contrat d'une part (1), et la reconnaissance de la
résolution unilatérale dans les contrats spéciaux d'autre part (2).

1. Principe et exception
Le recours préalable au juge pour demander la résolution du contrat était une exigence
traditionnelle en droit français, en vertu de l'article 1184 du code civil. Cette disposition impose
à la partie qui souhaite mettre fin au contrat de saisir préalablement le juge pour demander la
résolution. Cela implique que la partie qui souhaite résoudre le contrat doit d'abord prouver
devant le juge que l'autre partie a commis une faute justifiant la résolution.

Toutefois, avec l’évolution de la jurisprudence et la réforme introduite par l’ordonnance


n°2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la
preuve des obligations, la résolution unilatérale semble majoritairement être admise
aujourd’hui, même si au départ cette résolution ne faisait pas l’unanimité de la doctrine
française. Selon GAMBARO, la résolution unilatérale du contrat est, « Le moyen le plus
efficace et le plus économique pour rétablir la justice contractuelle ».1 En effet, la première
chambre civile de la cour de cassation a reconnu pour la première fois en France la résolution
unilatérale dans un arrêt de Tocqueville2 du 13 octobre 1998, en ces termes « La gravité du
comportement d’une partie y mettre fin de façon unilatérale à ses risques et périls ». Ainsi, en
vertu de l’article 1224 de l’ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit
des contrats, du régime général et de la preuve des obligations qui admet que la résolution
résulte soit de l’application d’une clause résolutoire, soit, en cas d’inexécution suffisamment
grave, d’une notification du créancier au débiteur ou d’une décision de justice.

La résolution unilatérale par voie de notification ne fait pas l’objet d’une définition dans les
textes issus de l’ordonnance du 10 février 2016. En l’absence de définition légale, elle peut être

1
A. GAMBARO, « Ossevazioni conclusive » in L. VACCA IL contracta inadempinto, pp. 433.
2
Cass. civ. 1er, 13 oct. 1998, n° 96-21.485
définie comme étant la dissolution extrajudiciaire du contrat par déclaration unilatérale aux
risques et périls du créancier pour inexécution suffisamment grave.

Au Maroc, l’article 259 du DOC3 précise que la résolution ne s’opère pas de plein droit et
qu’elle doit être prononcé par le juge. Le législateur dans ce sens, n’ayant pas donné de
définition législative à ce mode de résolution de contrat. C’est la jurisprudence qui régit la
résolution unilatérale, en s’inspirant notamment du droit français.

2. La reconnaissance de la résolution unilatérale dans les contrats spéciaux


Le droit des contrats spéciaux autorise la résolution unilatérale, sans faire recours préalable
au juge, dans de nombreux contrats à savoir : Le contrat de bail commercial (2.1), le contrat
d’entreprise (2.2).

2.1. La résolution unilatérale du contrat de bail commercial


En France, l’article 1226 du code civil prévoit que le créancier peut, à ses risques et
périls, résoudre le contrat par voie de notification, sauf urgence, il doit préalablement mettre en
demeure le débiteur défaillant de satisfaire à son engagement dans un délai raisonnable.

En matière de bail commercial, cet article signifie que le bailleur ou le locataire, en fonction de
qui est la partie défaillante peut, en cas d’inexécution suffisamment grave des obligations de
l’autre partie, notifier à celle-ci la résolution du bail. Si le débiteur ne parvient pas à s’acquitter
de son obligation comme stipulé dans la mise en demeure, le créancier a le droit de résoudre le
contrat, comme indiqué explicitement dans ladite mise en demeure. Si l’inexécution persiste, le
créancier informe le débiteur de sa décision de résoudre le contrat ainsi que les raisons lui
justifient.

2.2. La résolution unilatérale du contrat d’entreprise


Le contrat d'entreprise est une variété de louage d'ouvrage. Il s'agit de la convention par
laquelle une personne s'oblige contre rémunération à exécuter un travail de façon indépendante
et sans représenter son cocontractant. Celui qui commande le travail est le client ou le maître
de l'ouvrage ; celui qui se charge d'effectuer le travail est un prestataire fréquemment dénommé
« ouvrier » par le Code civil même si on lui préfère celui de locateur ou d'entrepreneur, ou
même de façonnier ou d'artisan.

3
Dahir formant code des obligations et contrats
La matière du contrat d’entreprise n’est pas aisée, d’autant lorsque peu de dispositions légales
le régissent. Tous les contours de ce contrat spécial se dessinent donc majoritairement par la
voix des cours et tribunaux.

L’article 1184 du Code civil n’empêche pas, conformément à une jurisprudence établie
de la Cour de cassation, à une partie de résoudre la convention, à ses risques et périls, en dehors
de toute procédure judiciaire. La cour d’appel de Mons4 a rappelé qu’il est « généralement
admis qu’une partie à un contrat synallagmatique puisse néanmoins décider, de sa propre
autorité et à ses propres risques, de résoudre unilatéralement le contrat, aux conditions, à tout
le moins, que : Son débiteur ait commis une faute contractuelle d’une suffisante gravité pour
justifier la résolution judiciaire de la convention ; Elle soit, en règle générale, précédée d’une
mise en demeure qui somme ce débiteur de s’acquitter de ses engagements dans un délai
raisonnable ; Le créancier ait pris les mesures utiles pour constater les défaillances de son
débiteur ; Le créancier notifie de manière claire et non équivoque sa décision de résoudre la
convention en précisant, dans cet acte, le manquement qui fonde cette décision. De plus, dans
l’hypothèse où le contrat peut être exécuté, encore faut-il que le client mette en demeure le
cocontractant de s’exécuter.

Il est admis, en application des articles 1184 et 1149 du Code civil, que l’entrepreneur
victime d’une résolution du contrat peut réclamer une indemnité couvrant la perte subie et le
bénéfice manqué5.

Le maître de l’ouvrage victime d’une résolution du contrat peut également obtenir, cela va de
soi, l’indemnisation de son dommage. Ainsi en irait-il de ce qu’il a payé à l’entrepreneur
(déduction faite de la valeur des travaux, sur la base de la théorie de l’enrichissement sans cause,
laquelle doit tenir compte des malfaçons constatées), du trouble de jouissance, de l’éventuel
dommage moral, etc. Ce montant peut être couvert par une indemnité de résolution, prévue au
contrat d’entreprise, ainsi qu’en a décidé la cour d’appel de Bruxelles6. La juridiction saisie
peut néanmoins réduire ce montant, conformément à l’article 1231 du Code civil7.

4
Cass.civ., 27 sept. 2018, R.G. n° C.17.0669
5
Cass. civ., 22 févr. 2018, n° 2016/RG/1434
6
C. a., 30 avril 2015, n° 2011/AR/1320
7
C. a., 1er avril 2014, T.B.O., 2016, pp. 57 et s.
Partie II. Les conditions de la résolution unilatérale et son contrôle judiciaire
La résolution unilatérale est un acte juridique permettant à une partie de mettre fin à un
contrat sans l'accord de l'autre partie. Cependant, pour qu'une résolution unilatérale soit valide,
elle doit respecter certaines conditions (1). De plus, le contrôle judiciaire est souvent nécessaire
pour vérifier la validité de la résolution unilatérale (2).

1. Les conditions de résolution unilatérale du contrat


La liberté de rompre unilatéralement le contrat ne sera fondée que si elle est subordonnée
à un certain nombre de conditions, il s’agit principalement des conditions relatives au débiteur
(§1), des conditions relatives au comportement du créancier (§2) et des conditions relatives aux
circonstances économiques (§3).

1.1. Les conditions relatives au débiteur


Pour que le créancier soit fondé à exercer sa faculté de résolution unilatérale, une
inexécution du contrat, il faut que le débiteur manque à ses obligations contractuelles, qu’il y
ait une inexécution fautive de sa part. La question qui se pose immédiatement est de savoir si
cette inexécution doit être totale ou seulement partielle. Le texte ne le dit pas, on peut en déduire
que rien n’interdit d’envisager qu’une exécution imparfaite du contrat puisse justifier l’exercice
de la faculté de résolution unilatérale. Aussi, l’inexécution pourrait-elle consister, tant en un
retard, qu’en absence de délivrance de la chose et plus généralement à toute fourniture de la
prestation non conforme aux stipulations contractuelles8. Au vrai, ce qui importe, ce n’est pas
tant que l’inexécution contractuelle soit totale ou partielle, mais qu’elle soit suffisamment grave
au sens de l’article 12249 pour empêcher la poursuite de toute collaboration entre les
cocontractants10. La résolution décidée par le créancier ne doit pas être disproportionné par
rapport à la faute qu’il reproche à son débiteur. M. Fontaine11 ajoute que toute chance sérieuse
d’une exécution satisfaisante doit avoir disparu.

8
B. FAGES, « Droit des obligations », éd LGDJ, coll. Manuel 2020, p. 102.
9
C. civ, Art. 1224
10
S. STIJNS, O. V AN GERVEN, et P. WÉRY, La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 224.
11
Un diplomate français né en 2 novembre 1942
1.2. Les conditions relatives au comportement du créancier
Il faut que le créancier agisse de bonne foi. Pour ce faire, le créancier doit procéder à
une constatation préalable des manquements du débiteur. Ce constat permettra un contrôle
effectif par le juge saisi a posteriori12. Le respect de la bonne foi implique aussi que le créancier
mettre son débiteur en demeure d’exécuter ses obligations et lui accorde un délai raisonnable
pour le faire, sauf si l’inexécution est irrémédiable. La jurisprudence française considère quant
à elle, qu’il s’agit d’une « invitation impérative adressé au débiteur d’avoir à régulariser sa
situation dans le délai imparti qui doit permettre à l’intéressé d’avoir connaissance de la nature,
de la cause et de l’étendue de son obligation »13. La mise en demeure a été définie de manière
éparse par le législateur marocain à travers l’article 254 du DOC qui dispose que : « Le débiteur
est en demeure lorsqu’il est en retard d’exécuter son obligation, en tout ou en partie, sans cause
valable ».

1.3. Les conditions relatives aux circonstances économiques


Il faut que le créancier se trouve dans des circonstances telles qu’il ne puisse pas attendre
l’intervention d’un juge pour mettre fin aux relations contractuelles. Il existe des hypothèses où
le créancier a la faculté de rompre le contrat sans solliciter l’intervention préalable du juge,
notamment en cas d’urgence, de disparition de la confiance nécessaire à la poursuite des
contrats, ou encore du fait que l’exécution du contrat soit devenue impossible. Le créancier sera
parfois obligé de recourir à ce mécanisme de résolution unilatérale, étant tenu de minimiser son
dommage. Le créancier se trouve face à une situation telle que s’il soumettait sa demande de
résolution au juge, celui-ci déciderait sans aucun doute de résoudre immédiatement le contrat
parce qu’accorder un dernier délai au débiteur s’avérerait tout à fait inutile ou serait devenu
impossible14 .

12
S. STIJNS, Les sanctions de l'inexécution des obligations contractuelles. Études de droit comparé, 2001, p.
577, n°44.
13
R. CHABOT, La mise en demeure, travail de fin d’étude, 2017, p 5-6.
14
S. STIJNS, La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 223, n° l
2. Le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale
Le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale est un processus crucial pour garantir que
la partie qui met fin au contrat respecte les conditions légales requises. L’article 1226, al. 4e du
Code civil prévoit que « le débiteur peut à tout moment saisir le juge pour contester la
résolution. ».

Ainsi, le recours au juge, en cas de résolution unilatérale du contrat, est toujours ouvert au
débiteur. Cette possibilité est conforme à la jurisprudence antérieure, selon laquelle la résolution
unilatérale se fait aux « risques et périls » du créancier, condition reprise par le premier alinéa
de l’article 1226. Il incombera alors au juge d’apprécier le bien-fondé de la rupture du contrat.
Plus précisément il lui faudra vérifier que l’inexécution dont s’est prévalu le créancier était
suffisamment grave pour justifier la résolution.

En tout état de cause, en cas de saisine du juge par le débiteur, l’article 1226, al. 4e du Code
civil pose que c’est au créancier qu’il reviendra de prouver la gravité de l’inexécution.

En résumé et de manière très simplifiée, il existe trois résultats possibles du contrôle


judiciaire de la résolution unilatérale : la constatation de la résolution du contrat (2.1), la
constatation d’une inexécution pas suffisamment grave pour justifier la résolution du contrat
(2.2), la constatation de l’absence d’inexécution du contrat (2.3).

2.1. La constatation de la résolution unilatérale du contrat


Lorsque le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale est effectué, le juge examine
attentivement les conditions légales de la résolution unilatérale. Si le juge conclut que les
conditions de la résolution unilatérale ont été respectées, il constatera l'acquisition de la
résolution15. Cela signifie que le contrat sera considéré comme résolu à partir du moment où la
résolution unilatérale a été effectuée.

Cependant, la constatation de la résolution du contrat ne suffit pas toujours à régler le litige. Le


créancier peut demander au juge de condamner le débiteur à lui verser des dommages et intérêts
en application de l'article 1231-1 du Code civil. Pour que cette demande soit acceptée, le
créancier doit prouver que la résolution unilatérale a causé un préjudice, et que ce préjudice est
directement lié à la résolution unilatérale.

15
https://aurelienbamde.com/2021/03/21/la-resolution-du-contrat-regime-juridique
2.2. La constatation d’une inexécution pas suffisamment grave pour justifier la
résolution du contrat
Lorsqu'un débiteur saisit un juge pour contester la résolution unilatérale du contrat
prononcée par le créancier, le juge peut considérer que l'inexécution du contrat n'est pas
suffisamment grave pour justifier la résolution. Dans ce cas, l'article 1228 du Code civil offre
plusieurs alternatives au juge pour régler le litige.

Tout d'abord, le juge peut constater la résolution si les conditions légales de la résolution
unilatérale ont été remplies. Cela signifie que le contrat sera considéré comme résilié à partir
du moment où la résolution unilatérale a été effectuée.

Ensuite, le juge peut également ordonner l'exécution du contrat, en accordant éventuellement


un délai au débiteur pour satisfaire ses obligations contractuelles. Cette décision est prise en
tenant compte des circonstances de l'affaire et de l'ensemble des intérêts en présence.

Enfin, le juge peut décider d'allouer seulement des dommages et intérêts au créancier, si celui-
ci a subi un préjudice en raison de l'inexécution du contrat par le débiteur. Cette décision est
également prise en tenant compte des circonstances de l'affaire et des preuves fournies.

Il convient de souligner que le choix final dépendra des demandes formulées par le
débiteur. En effet, le débiteur peut préférer prendre acte de la volonté du créancier de rompre
le contrat ou exiger son exécution forcée, en fonction de ses intérêts. Le juge doit alors analyser
les demandes des parties et prendre une décision équitable en droit, en tenant compte des
intérêts en présence.

2.3. La constatation de l’absence d’inexécution du contrat


Dans certains cas, le juge peut être saisi par le débiteur pour contester la résolution
unilatérale prononcée par le créancier. Si le juge considère que le débiteur n'a pas failli à ses
obligations contractuelles, il dispose alors de plusieurs options pour régler le litige.

Tout d'abord, le juge peut constater, sur la demande du débiteur, que la rupture du contrat est
définitivement consommée. Cela signifie que le contrat sera considéré comme résilié à partir
du moment où la résolution unilatérale a été effectuée, mais que le débiteur n'a pas commis de
faute contractuelle.

Ensuite, le juge peut ordonner l'exécution forcée du contrat, en obligeant le créancier à


poursuivre l'exécution de ses obligations contractuelles. Cette décision est prise en fonction des
circonstances de l'affaire et des intérêts en présence.
Dans les deux cas, le juge peut également assortir l'option choisie d'une condamnation du
créancier au paiement de dommages et intérêts, si le débiteur a subi un préjudice en raison de
la résolution unilatérale. Cette condamnation a pour but de réparer le préjudice subi par le
débiteur et de compenser les pertes subies.

Il est important de souligner que le choix final du juge dépendra des circonstances de
l'affaire et des preuves fournies par les parties. En effet, le juge doit veiller à prendre une
décision juste et équitable en droit, en tenant compte des intérêts en présence et des principes
généraux du droit des contrats.
Conclusion
De nos jours, la résolution unilatérale est devenue un droit en France, l'ordonnance du
10 févier 2016, reconnait la possibilité d'anéantir le contrat par notification. La seule condition,
contrairement à la jurisprudence, est le manquement suffisamment grave du contractant. Là
aussi un contrôle du juge est incontestable. La politique du législateur est simple : encourager
les parties à faire preuve de modération dans l’exercice de leurs libertés et de leurs prérogatives
et les inviter à envisager le juge comme un dernier recours, une mesure ultime. À défaut de
quoi, elles doivent se soumettre à un juge dont la boîte à outils, notamment composée de
nombreux standards juridiques, lui accorde une marge de manœuvre considérable. Cependant,
Il aurait été préférable que l'ordonnance de 2016 ait admis la résolution unilatérale uniquement
dans le cas où l'inexécution est totale et définitive, car le débiteur n'aurait aucune excuse pour
saisir le juge, du moment qu'il sait que la rupture du contrat sera affirmée. Il faut laisser les
autres cas à l'appréciation exclusive du juge.
Bibliographie

I. OUVRAGES GENERAUX

FAGES (B.), « Droit des obligations », éd LGDJ, coll. Manuel 2020, p. 102.
GAMBARO (A.), « Ossevazioni conclusive » in L. VACCA IL contracta inadempinto, pp.
433.
STIJNS (S.), La théorie générale des obligations, CUP, 1998, p. 223, n° l
STIJNS (S.), Les sanctions de l'inexécution des obligations contractuelles. Études de droit
comparé, 2001, p. 577, n°44.

II. ARTICLES ET CONTRIBUTIONS

CHABAS (C.), « Résolution-Résiliation », Dalloz, 2010, n°273, pp. 19


CHEMINADE (Y.) « Une question toujours actuelle : la nature juridique du congé en
matière de louage de choses et de services » RID Com, 1972.

III. TEXTES DE LOI

Code civil français


Dahir formant Code des obligations et contrats
L’ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du
régime général et de la preuve des obligations

IV. JURISPRUDENCE

Cass. civ. 1er, 13 oct. 1998, n° 96-21.485


Cass.civ., 27 sept. 2018, R.G. n° C.17.0669
Cass. civ., 22 févr. 2018, n° 2016/RG/1434
C. a., 30 avril 2015, n° 2011/AR/1320
C. a., 1er avril 2014, B.O., 2016, pp. 57 et s.
Table des matières
Introduction ........................................................................................................................................... 3

Partie I. La notion de la résolution unilatérale du contrat ................................................................ 5

1. Principe et exception ..................................................................................................................... 5

2. La reconnaissance de la résolution unilatérale dans les contrats spéciaux .............................. 6

2.1. La résolution unilatérale du contrat de bail commercial ............................................................... 6

2.2. La résolution unilatérale du contrat d’entreprise .......................................................................... 6

Partie II. Les conditions de la résolution unilatérale et son contrôle judiciaire .............................. 8

1. Les conditions de résolution unilatérale du contrat ................................................................... 8

1.1. Les conditions relatives au débiteur................................................................................................ 8

1.2. Les conditions relatives au comportement du créancier ................................................................ 9

1.3. Les conditions relatives aux circonstances économiques .............................................................. 9

2. Le contrôle judiciaire de la résolution unilatérale .................................................................... 10

2.1. La constatation de la résolution unilatérale du contrat .......................................................... 10

2.2. La constatation d’une inexécution pas suffisamment grave pour justifier la résolution du
contrat …………………………………………………………………………………………………………………………………………….11

2.3. La constatation de l’absence d’inexécution du contrat........................................................... 11

Conclusion ............................................................................................................................................ 13

Bibliographie........................................................................................................................................ 14

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