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LA RESPONSABILITE CIVILE DU NOTAIRE

La profession de notaire est une profession complexe et étendue, dotée d’un statut
particulier et de fonctions qui la différencient profondément de toutes les autres professions
juridiques. Le notariat était au départ une fonction exercée par les secrétaires greffiers près
des tribunaux de paix puis par des notaires après publication de Dahir du 04 Mai 1925 qui a
régit la profession jusqu’en 2011, le notariat marocain a fait l’objet d’une réforme profonde
instituée par la Loi 32.09 relative à l’organisation de la profession de notaire.

Le notaire joue un rôle incontournable lors d’une transaction immobilière. Il ne se


contente pas de rédiger les actes et de recevoir le montant de la vente, il a également un devoir
de conseil et d’accompagnement tout au long de la transaction.

Le notaire est le professionnel revêtu de l’autorité publique nécessaire pour donner


l’authenticité et la sécurité juridique qui en découlent à nos conventions, Il est un
fonctionnaire public exerçant sa charge dans le cadre d’une profession libérale et
indépendante.

Lors d’une vente, le notaire engage sa responsabilité civile mais également sa


responsabilité pénale. Nous pouvons notamment mettre en cause la responsabilité civile d’un
notaire en cas de négligence de sa part dans la rédaction des actes et dans les contrôles qu’il se
doit effectuer.

CHAPITRE I. LA NATURE DE LA RESPONSABILITE CIVILE DU NOTAIRE


SECTION 1. LES OBLIGATIONS DU NOTAIRE

Nous traiterons dans cette section les principales obligations au cœur de la responsabilité
notariale, en nous concentrant surtout sur les obligations postérieures à l’acte (1), le devoir de
conseil (2) et le secret professionnel (3).
1-les obligations postérieures à l’acte
L’enregistrement : Une obligation impérative qui finalise la mission d’authenticité.
Permet à l’administration de contrôler les actes notariés et de permettre la perception de
l’impôt appelé droits d'enregistrement.
L’inscription et la publication : Tout acte portant constitution, transmission ou
extinction d’un droit réel ou concernant un immeuble soumis par le notaire à la formalité de
publication ou d’inscription.
La conservation : les notaires rédigent des conventions souhaitées par les parties. Ils sont
donc « les gardiens de leurs écrits ».
La communication des documents : Il existe deux situations, la communication faite
aux personnes concernées et celles faite aux personnes non concernées.
2- Le devoir de conseil :

En France
Le devoir de conseil du notaire est d’ordre public il est consacré, par l’article 9 de la loi de
ventôse. Il peut être la cause de la responsabilité du notaire. Cet article dispose que : « Le
notaire informe toujours entièrement chaque partie des droits, des obligations et des
charges découlant des actes juridiques dans lesquels il intervient et conseille les parties
en toute impartialité ».
Au Maroc
La loi 32.09 relatif à l’organisation de la profession de notaire a cité l’importance de cette
obligation selon l’article 37 qui énonce : « Le notaire doit donner son conseil aux parties,
leur révéler ce qu'il a appris relativement à l'objet de leurs actes et les éclairer sur la
portée et les conséquences des actes qu'il reçoit  ».
3- Le secret professionnel : L’article 24 la loi 32.09 relatif à l’organisation de la profession de
notaire précise qu’il est tenu de le respecter et qui dispose : « Le notaire est tenu au secret
professionnel sauf s'il en est prévu autrement par la loi. La même obligation s'impose à ses
stagiaires et à ses salariés».

SECTION 2. LA RESPONSABILITE CONTARCTUELLE ET DELICTUELLE DU NOTAIRE

Pour engager la responsabilité contractuelle du notaire, ça nécessite de réunir trois


conditions à savoir : l’existence d’un contrat entre les parties, la validité du contrat et que le
demandeur est une partie du contrat. Concernant la première condition celle d’existence d’un
contrat entre les deux partie, la question qui se pose, est ce qu’on peut considérer cet accord
comme un véritable contrat ? en prenant en considérant que tout contrat est un accord, mais
l’accord n’est pas contrat.
Le principe de la responsabilité du notaire :

L’article 85 du DOC énonce que : « on est responsable non seulement du dommage que
l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont
on doit répondre ». Dans ce cas le notaire n’est pas seulement responsable du dommage qu’il
a causé de son propre fait, mais aussi des salaries et des stagiaires dont il doit répondre.
1-la responsabilité du notaire du fait personnel 
Tout fait dommageable oblige son auteur à la réparation. L’article 78 du DOC énonce
que : « chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé, non seulement
par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe ».
2- La responsabilité du fait d’autrui :
L’article 26 de la loi 32.09 relative à l’organisation de la profession de notaire énonce que
: « Le notaire est responsable des préjudices occasionnés par ses fautes professionnelles,
celles de ses stagiaires ou de ses salariés, conformément aux règles de la responsabilité
civile ».
Le notaire est responsable du fait et faute causé par ses salariés, cette responsabilité est
une responsabilité de plein droit. La notaire commettant est donc responsable dès que l’un de
ses clercs ou employés commet une faute dans l’exercice de ses fonctions. Pour qu'un notaire
soit responsable des actes de son subordonné, les conditions suivantes doivent être remplies :
a- Lien de subordination, b – La faute de subordonné, c- Préjudice, d – Texte de Loi.
CHAPITRE II. LES CONDITIONS DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE
DES NOTAIRES

SECTION 1. LA FAUTE

La faute
En général, La faute est une condition nécessaire à la mise en œuvre de la responsabilité
civile. Cette condition est nécessaire aussi pour engager la responsabilité du notaire, la faute
dans ce cas n’a pas des caractéristiques spécifiques différents de la règle générale.
Le législateur marocain a confirmé cette définition par l’article 78 du D.O.C qui énonce :
« Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non seulement par son
fait mais par sa faute lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe ..... ».
Deux éléments apparaissent dans l'analyse de la notion de faute: l’élément objectif et
l’élément subjectif.
L'élément objectif: Le fait illicite :Suivant les auteurs, la faute est définie comme un fait
illicite ou comme la violation d'une obligation préexistante (législative, règlementaire,
coutumière), ou encore comme une erreur de conduite.
L'élément subjectif: l'imputabilité.
 La responsabilité du fait personnel suppose en principe une faute. Celle-ci implique un
comportement répréhensible ou fait illégitime, lequel doit-être imputable à son auteur.
La preuve de la faute :
L’article 399 du D.O.C énonce : « La preuve de l'obligation doit être faite par celui qui
s'en prévaut » et aussi l’article 400 énonce : « Lorsque le demandeur a prouvé l'existence de
l'obligation, celui qui affirme qu'elle est éteinte ou qu'elle ne lui est pas opposable doit le
prouver ».
La preuve de la faute dans la responsabilité contractuelle nécessite l’existence d’un
contrat, dans ce cas le notaire doit prouver qu’il a exercé le service demandé. Alors que pour
la responsabilité délictuelle la victime doit apporter une preuve qui prouve que c’est la faute
de notaire.
SECTION 2. LE PREJUDICE ET LE LIEN DE CAUSALITE :
La responsabilité civile du notaire ne se base pas seulement sur la faute, mais cette
dernière doit causer un préjudice à la victime, et nécessite aussi un lien de causalité entre la
faute et le préjudice.
En principe, tout dommage en lien causal avec la faute d’un notaire est réparable dans le
chef de la victime de celui-ci, pour autant que ledit dommage lui soit personnel, direct et
certain.
1- Le préjudice :
Le notaire est responsable du préjudice subi par son client lorsqu’il commet une erreur
grossière dans l’accomplissement de sa mission, la faute n’est pas une condition suffisante
pour engager la responsabilité civile du notaire, cette dernière dois donner lieu à un préjudice,
le but de cette mise en œuvre c’est la réparation des dommages.
Les conditions du préjudice :
Le préjudice que ça soit matériel ou moral nécessite la réunion des conditions, ce dernier
doit être personnel et direct, certain.
a. Le préjudice personnel et direct :

Le préjudice direct veut dire que le dommage subi par le client est lié directement à la
faute ou au fait du notaire, la réparation du dommage se limite sur la personne lésée seulement
selon l’article 264 qui énonce : « Les dommages sont la perte effective que le créancier a
éprouvée et le gain dont il a été privé…… », Et l’article 98 énonce que :« Les dommages,
dans le cas de délit ou de quasi-délit, sont la perte effective éprouvée par le demandeur… »,
Selon les articles précédent seulement la personne lésée peut demander la réparation de
dommage, dans la responsabilité du notaire, cette réparation peut être transférer à autrui, en
cas de décès, les héritiers peuvent remplacer la victime à condition que la faute est la cause
direct du dommage.
b. Le préjudice certain :

Le dommage doit être certain (actuel ou futur), le dommage futur est réparable lorsqu’il
est susceptible d’être évalué au jour où le tribunal statue. Et tout dommage éventuel doit être
écarté, car on ne sait pas vraiment s’il va se réaliser.
La perte d’une chance résulte en effet très fréquemment du manquement par le notaire à
son obligation de conseil et d’information. En matière de responsabilité notariale, comme
dans le droit commun de la responsabilité, la chance perdue, pour ouvrir droit à réparation,
doit être réelle et sérieuse.
La « perte d'une chance » Constitue en principe, non un dommage purement éventuel et
hypothétique, mais un préjudice certain et actuel dont la victime peut demander réparation.
2-Le lien de causalité :
La victime doit prouver l’existence d’un lien de causalité entre le fait générateur et le
dommage. Le lien de causalité doit être analysé de manière extrêmement certaine et précise
car ce n’est pas rare qu’en raison de l’absence de lien causal, « le notaire n’est pas tenu pour
responsable du dommage subi par son client, alors même qu’il est établi qu’il a commis une
faute ».
En principe, toute incertitude du rapport causal implique un rejet de l'action en
responsabilité, ou un accueil minoré, au titre de la perte d'une chance. Cependant, autant il est
aisé de constater la causalité entre le préjudice subi et le manquement à une obligation
substantielle de réaliser une formalité, autant il est au contraire difficile d'établir ce lien
lorsque la faute du notaire est un manquement au devoir de conseil.

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