Introduction

La responsabilité civile est la branche du droit civil qui traite de et organise l’obligation de répondre des dommages
causés, notamment en les réparant.
Depuis 1913, cette branche du droit est organisée principalement par le Dahir des Obligations et des Contrats et par
les différentes décisions faisant jurisprudence.
Cependant, l’émergence de nouvelles législations affectant de manière plus ou moins directes et dans des domaines
spéciaux (responsabilité civile du médecin, de l’architecte, de l’employeur, du pollueur, du responsable de produits
défectueux, etc.) a contribué à la multiplication des régimes de la responsabilité civile qui constituent soit des
applications particulières des normes du DOC, soit des exceptions auxdites normes.
Le droit de la responsabilité civile se trouve au coeur des branches organisant la responsabilité juridique des
personnes en société. Cette position axiale de la responsabilité civile explique son impact transversal sur différentes
branches du droit et aspects de la vie en société.
L’objectif principal de cette branche du droit est la réparation, consistant à rétablir l’équilibre rompu par le
dommage causé. Mais d’autres fonctions aussi importante l’une que l’autre existent.
 La responsabilité civile constitue un système de réparation
des dommages civils causés entre les membres d’une
société.
L’organisation de ce système engendre des effets
profonds sur comment est organisée la société toute
entière. En effet, comme cela a été présenté par Mekki
Fonctions (M.):

sociales « Opérer un choix juridique sur les contours du préjudice,

c’est opérer un choix politique sur le type de société
auquel on souhaite adhérer » (p. 161)
« Chaque fonction répond à une tendance sociétale. A la
fonction indemnitaire répond la société assurantielle, à la
fonction punitive la résurgence sociale de l’accusation et à
la fonction préventive une société sécuritaire. » p. 163
 A. La fonction indemnitaire ou réparatrice :
La responsabilité civile moderne a pour fonction principale d’essayer
autant que possible de rétablir la situation de la victime à son état avant
la commission de l’acte dommage. C’est-à-dire qu’elle a pour visée
d’effacer les effets de l’acte dommageable et de remettre la victime dans
un état comme si l’acte dommageable ne s’était jamais produit. La
réparation totale et intégrale étant impossible, celle-ci prend la forme
presque systématiquement de sommes d’argent appelées à jouer un rôle
de montants compensateurs.

Fonctions A. Fonction normative et punitive :

sociales
Cette fonction prédominait les mécanismes juridiques de
dédommagement des dommages causés entre individus depuis
l’antiquité et jusqu’à l’ère moderne. En effet, lorsque la responsabilité
civile a pour principal but de punir l’auteur du dommage, les obligations
que ledit dommage crée pour la personne fautive sont exécutées en
nature et ont souvent une dimension tangible et matérielle, notamment
en pratiquant des châtiments corporels.
Aujourd’hui, alors même que la fonction indemnitaire règne comme
fonction primaire de la responsabilité civile, les droits des pays relevant
de la Common law se caractérisent par l’intégration de cette fonction
dans la détermination des dommages et intérêts imposés aux causeurs
de dommage du fait de leurs fautes.
 A. Fonction créatrice :
Sans doute la fonction la plus juridique, neutre et par conséquent,
difficilement périssable. La responsabilité civile est créatrice de droits.
A travers la quête du dédommagement, le juge de la responsabilité
civile cherche des responsables de celui-ci et qualifie éventuellement
les actes dommageables d’actes fautifs. De cette manière, il produit
des normes de droit civil visant à responsabiliser certains individus, à
dédommager d’autres et qualifier juridiquement les actes causant des
Fonctions uns et des autres d’actes irresponsables, fautifs, réparables, etc. La
réalisation de cette fonction par le juge de responsabilité civile a
sociales notamment permise la construction de cette matière comme une
branche fondamentalement articulée à et dépendante sur la
jurisprudence.
A. Fonction de cessation de l’illicite:
Il s’agit de La fonction la plus proche de la fonction punitive. Elle
couvre la caractère dissuasif dont dispose toute décision judiciaire qui
dispose du caractère de sanction. Ainsi, plus la responsabilité civile
accomplirait la fonction punitive, plus elle serait appelée à être
dissuasive.
 CONDITIONS
Première Partie
DE LA
RESPONSABILITÉ
CIVILE
 Chapitre
Premier
-
Eléments Aperçu sur les différents aspects de l’articulation de la
responsabilité contractuelle à la responsabilité délictuelle:
communs Première section: caractéristiques du dommage réparable
entre Deuxième section: Le lien de causalité
responsabilité
contractuelle
et délictuelle
 Distinction
Responsabilité délictuelle Vs. Responsabilité contractuelle

En droit marocain

◦ Le droit de la responsabilité civile est conçu comme un mécanisme

d’exécution des obligations. Ainsi, il est directement articulé à l’article 1
du DOC, article prévoyant les sources des obligations.
◦ La réparation s’en suivant est conçue aussi de manière restrictive, en la
rattachant directement et presque exclusivement au dommage
effectivement subi.
◦ De cette manière, les différents modes de responsabilité civile sont des
responsabilités vis-à-vis du dommage conséquent, de manière directe,
à l’inexécution d’obligations.
 Distinction
Responsabilité délictuelle Vs. Responsabilité
contractuelle
Position française classique
1- Caractère central de la responsabilité contractuelle pour deux raisons principales:
◦ Historique: La responsabilité civile moderne se développe sur la base de techniques contractuelles de garantie du paiement
de dettes.
◦ homogénéité intrinsèque des règles: La responsabilité contractuelle repose sur des paramètres qui trouvent leur solidité
dans les règles claires du droit des contrats, tandis que le reste de la responsabilité civile repose sur des paramètres
variables.
2- Relation entre la responsabilité contractuelle et extracontractuelle:
◦ Autonomie: autant elle est articulée au contrat, autant la responsabilité contractuelle est désarticulée du reste des variantes
de la responsabilité civile.
◦ …Sans indépendance: Cependant, la responsabilité contractuelle n’est pas indépendante. En effet, le droit de la
responsabilité civile est conçue comme un système intégré de réparation des conséquences de l’inexécution des obligations
résultant du code civil. De ce fait, la solidité du code civil et du système civiliste repose sur le maintien du rattachement de
la responsabilité contractuelle au reste du droit de la responsabilité civile.
 La Distinction en droit comparé
POSITION FRANÇAISE MODERNE EN DROIT DE LA COMMON LAW

Certains contestent l’existence même d’une Le droit de la Common Law ne traite de responsabilité
responsabilité contractuelle, ignorée dans d’autres civile qu’en liaison avec le tort, l’acte illicite ou
pays, cette distinction mériterait « d’être conservée illégitime, dommageable.
pour deux raisons essentielles :
– d’une part, la responsabilité contractuelle poursuit Le droit des contrats connait ses simples mécanismes
un objectif indemnitaire qui ne saurait se limiter à la spécifiques d’exécution forcée du contrat, tandis que
seule fonction d’exécution forcée du contrat ;
– d’autre part, sauf en matière de dommage tout ce qui concerne le dommage découlant
corporel, l’économie des contrats et la volonté des éventuellement de l’inexécution du contrat est
parties doivent être respectées lorsqu’elles se rattachée à la Tort Law.
traduisent par l’insertion de clauses limitatives de
responsabilité. » -
Anziani (A.) et Béteille (L.), « Responsabilité civile des évolutions nécessaires,
Rapport d’information –
Commission des lois du Sénat », Annonces de la Seine, 30 Novembre, 2009, p. 8)
 La responsabilité civile repose sur l’idée de la
réparation de la victime concernant le Au vu de cette
dommage qu’elle a subi. définition du dommage,
Cette réparation est due à la victime lorsque le droit marocain de la
le dommage est causé par l’inexécution d’une responsabilité civile
obligation alors même qu’il n’y aurait pas de adopte une conception
mauvaise foi. de la responsabilité
civile selon laquelle
Seuls les dommages qui constituent une « aucun degré
perte effective que le créancier a éprouvée et d’incertitude ne peut
le gain dont il a été privé » (Art.264) peuvent entacher le dommage.
La notion de faire l’objet d’une réparation. Ainsi, qu’il
s’agisse de la responsabilité contractuelle ou
Ainsi, la réparation ne
peut être accordées
Dommage délictuelle, les conséquences indirectes du pour des dommages
extensibles.
dommage effectivement causés sont exclus de
l’indemnisation. ➔Absence de
conception spéculative
En plus, a moins que le dommage soit certain, du dommage;
c’est-à-dire que le juge soit convaincu du
caractère effectif et dommageable d’un fait, la ➔L’élimination de tout
subjectivisme quant
victime du dommage ne peut prétendre à l’évaluation de l’étendu
réparation. Ainsi, le législateur prévoit que le du dommage.
dommage est la perte réelle subie par le
créancier et le gain perdu lorsqu’ils sont
directement liés à l’inexécution de l’obligation.
 La notion de dommage
Dommage vs. Préjudice: Le préjudice serait le dommage qui, ayant subi, le droit en dicte
Le dommage existerait la réparation suivant l’étape préalable obligatoire de
dès lors qu’il y a une l’évaluation de ses conséquences et répercussions.
atteinte lésionnaire, Ainsi, le préjudice serait réductible dans son essence à l’atteinte
tandis que le préjudice à un intérêt légitime juridiquement protégé. Au-delà de la
fait référence à ses certitude que nous offre la définition juridique du préjudice, cette
effets sur la victime du notion peut avoir un contenu qui varie selon ce qu’une civilisation,
une société ou un village considèrent comme des intérêts
dommage qui ne sont « légitimes » qu’il faudrait non seulement reconnaitre en tant que
évalués que lorsque le tel, mais dont la protection est obligée.
droit en prévoit la
réparabilité. La réflexion réparatrice et préventionniste donnerait ainsi lieu
à l’émergence d’un réel droit à la sécurité qui serait articulé à
des normes issues de différentes branches du droit,
notamment à des normes issues de la responsabilité civile.
 Le Dommage
Le recours à la notion de préjudice est fait lorsque cela est prévu par les parties
s’accordent pour:
«[…] convenir des dommages-intérêts dus au titre du préjudice que subirait le créancier en
raison de l'inexécution totale ou partielle de l'obligation initiale ou en raison du retard apporté à son
exécution. »
Al. 2, Art. 264, DOC.
De cette manière, il parait clair que la notion de préjudice est restreinte au domaine se
rapprochant de la responsabilité contractuelle. Cependant, même dans cette situation,
« le tribunal peut réduire le montant des dommages-intérêts convenus » lorsqu’il parait
excessif », augmenter sa valeur lorsqu’il lui parait minoré ou en fonction même du profit
qu’arait réalisé le créancier. Al. 3, Article 264, DOC.
 Le Dommage
Dommage matériel: c'est ce qui arrive à une
personne dans son corps ou dans son argent,
et se représente par la perte financière qui
résulte de la violation d'un droit (ou intérêt)
financier (comme les droits de propriété en
nature, personnelle, intellectuelle ou
industrielle).
Il est matériel lorsque l’atteinte entraine une
réduction des avantages financiers conférés
par l'un de ces droits, ou non financier, tel
qu'une violation d'un droit lié à la personne
humaine, tel que la liberté personnelle et la
liberté d'action.
Le préjudice moral: c'est l’atteinte qu'une personne
inflige dans un intérêt non financier, c'est ce qui affecte
une personne dans sa dignité ou dans son sentiment,
dans son honneur, dans ses croyances religieuses ou dans
son affection, et c'est aussi ce qui affecte les émotions de
douleur à la suite de la perte d'une personne chère. La
jurisprudence a élargi le concept d'intérêt moral et a
considéré les dommages à la réputation causés à une
personne à la suite de jurons ou de calomnies et même
d’autres éléments dans des décisions récentes.
Les dommages causés au successeur en raison du
meurtre du prédécesseur qui vivait à ses dépens. Le
législateur a autorisé la demande d'indemnisation
matérielle et morale à la suite de ce préjudice.
 Le dommage suppose toujours une minoration de droits
légitimes;
La notion de droit diffère de celle d’intérêt. Pour qu’un
intérêt soit indemnisable, il faut qu’il soit protégé par la loi.
La maxime s’appliquant à ce niveau est que « pas d’intérêt
protégé par la loi, pas d’action ». Mais pour qu’un intérêt soit
Conditions protégé par la loi et constitue un droit indemnisable, il faut :
◦ Qu’il soit Détenu personnellement par la victime;
avancées du ◦ Qu’il soit Exerçable. Par exemple, lorsque la victime disposait
d’un bien ou d’un droit sans en tirer un intérêt quelconque, elle
Dommage ne peut réclamer la réparation;
◦ disposer d’une vocation indemnisable, déterminée en tant que
telle au niveau de la loi ou de la jurisprudence.

De manière générale, les intérêts légitimes peuvent s’organiser à

partir d’une classification selon les intérêts individuels et collectifs.
Le dommage et le Tort américain
En droit américain:
Un tort est un acte ou une omission qui cause un préjudice ou un dommage à autrui et qui
constitue une faute civile pour laquelle les tribunaux imposent une responsabilité. Dans le
contexte des Torts, le terme « Injury » décrit l'atteinte à un droit légal, tandis que le terme
« harm » décrit une perte ou un detriment de fait qu'un individu subit.
Le but primaire de la Tort law est de fournir une aide aux parties lésées pour les dommages
causés par d'autres, imposer une responsabilité aux parties responsables du dommage et
dissuader les autres de commettre des actes dommageables.
Les Torts se répartissent en trois catégories générales : les délits intentionnels ; les Torts de
négligence (par exemple, provoquer un accident en ne respectant pas le code de la route) ; et
les délits de responsabilité objective (par exemple, la responsabilité pour la fabrication et la
vente de produits défectueux )
Le Dommage et la Tort anglaise
En droit anglais:
La Tort Law s'intéresse aux délits civils.
Sans doute le plus grand (et le plus dynamique) domaine de la Tort Law est le la negligence.
Ainsi, bien qu'il existe d'autres régimes également pertinents., en droit anglais, une personne blessée intentera très
probablement un procès pour négligence.
L’expansion de la négligence à la fin du 19ème et au 20ème siècle reflète les pressions exercées par l'essor de la société
industrielle et urbaine sur les sur les catégories traditionnelles de réparation légale en cas d'interférence avec des
intérêts protégés
Sa flexibilité signifie qu'elle peut être utilisée par les tribunaux pour déterminer la responsabilité dans des contextes
nouveaux.
Pour que le tribunal puisse conclure à la négligence, le demandeur doit prouver un certain nombre de choses.
plusieurs éléments. Premièrement, il doit être démontré que le défendeur avait un devoir de diligence envers le
demandeur. ➔ « ...prendre un soin raisonnable pour éviter les actes ou les omissions dont vous pouvez raisonnablement
prévoir qu'ils sont susceptibles de blesser votre voisin... [c'est-à-dire] les personnes qui sont si étroitement et
directement affectées par mes activités. »
 Le lien de causalité constitue le rapport fondamental qui
permet de rattacher le dommage à un comportement plus ou
moins. Cette notion est caractérisée par sa complexité et son
caractère évolutif.
Complexité: Malgré son importance, il s’agit d’une notion qui
Le Lien de dispose d’une complexité remarquable et qui sans doute l’une
des notions les plus difficiles à définir. Ainsi, il est difficile de
causalité déterminer qui doit être responsable lorsqu’un dommage reçu
- est le fruit de l’intervention, parfois aléatoire et non
intentionnée, de plusieurs personnes.
Complexité De ce fait, adopter une définition pratique du lien de causalité
revient à déterminer plus qui devrait être responsable qu’à
déterminer de manière objective et simple qui est responsable.
Cette quête pour la déterminaison du responsable est une
question de la personne responsable en suivant des questions
d’ordre politique et moral.
 ➢Complexité d’ordre politique et moral: identifier le rapport causal
entre dommage et fait générateur revient à opérer un choix concernant
le caractère plus ou moins fautif, soit illégal, illégitime ou même
immoral, des différents actes ayant contribué à la survenance du
dommage. En plus, il implique la réalisation d’un choix sur la base de
critères économiques et sociaux pour la détermination qui devrait être
engagé pour la réparation du dommage.
➢Complexité relative au développement technologique: plus la
Le Lien de technologie se développe plus les relations entre individus sont
intermédiées par des choses matérielles ou virtuelles qui peuvent être
causalité elles-mêmes derrière des faits générateurs de dommage. C’est le cas
des voitures et autres engins, ainsi que des différentes machines
- opérant sur intervention directe d’un individu. C’est aussi le cas des
machines et systèmes plus autonomes, qui peuvent fonctionner
Complexités automatique et engendrer des dommages de cette manière.
➢Complexité de notre compréhension du monde: il est clair qu’avant
toute invention technologique, il y a un savoir nécessaire à sa
réalisation. Ce savoir éclaircit et nous fait découvrir de plus en plus de
liens causaux. C’est ce qui permet aujourd’hui de savoir que l’explosion
d’une bombe nucléaire est susceptible de causer des cancers à grande
échelle ou que l’émission de gaz à effet de serre est susceptible de
changer le climat, avec des impacts néfastes sur tous les niveaux de la
vie de l’être humain sur terre.
 Le Lien de causalité
-
Evolution
CONCEPTION TRADITIONNELLE:
Dans cette conception, le rapport causal est conçu de
manière restrictive. En effet, la réparation des dommages
se limitait à la suite immédiate, directe et suffisante de
l’inexécution d’une obligation, « pour qu’il ne puisse pas
être considéré que d’autres causes du dommage ont joué
un rôle prépondérant. »
Au vu de cette conception, le dommage qui est causé par
un fait innocent ne peut être lié par un rapport causal à
l’auteur dudit fait et doit être imputé à quelqu’un d’autre,
dont la personne endommagée elle-même; celle-ci
pouvant être considérée imprudente. De même, selon
cette conception, il était décidé qu’on ne pouvait
considérer que la personne ayant réalisé des actes
dolosifs pouvait être responsabilisée des dommages qui
en sont une suite éloignée.
LA CONCEPTION MODERNE BASÉE SUR
LA CONDITIO SINE QUA NON
Dans cette conception qui se développe sous la pression
des innovations technologiques et avancées scientifique,
le caractère restrictif de la conception traditionnelle de la
causalité est exposé comme un problème majeur. De ce
fait, cette conception moderne se caractérise par une
formulation de plus en plus expansive.
Initialement le lien causal est réduit de la cause
immédiate et nécessaire à la cause nécessaire, dite aussi
efficiente ou déterminante, c’est-à-dire, la cause qui
aurait été suffisante à la réalisation du dommage comme
conséquence.
Alors qu’en droit français, le lien de causalité connait un
prolongement notable, en incluant un nombre remarquab
en intégrant les éléments d’ordre psychique
 Chapitre
Second
-
Particularités Première section: Responsabilité du fait personnel

de la Deuxième section: Responsabilité du fait d’autrui

responsabilité Troisième section: Responsabilité du fait des choses

civile selon le
responsable
du dommage
 Responsabilité du fait personnel
LA FAUTE – RÉGIME GÉNÉRAL
BASE LÉGALE:
La faute est un comportement illicite qui contrevient à une obligation ou à un devoir
imposé par la loi ou par la coutume. Selon les dispositions du DOC, la faute peut
« Chacun est responsable du dommage prendre deux formes: l’omission d’une obligation ou la réalisation d’un acte interdit.
moral ou matériel qu'il a causé, non Dans tous les cas, elle comprend un élément matériel (le fait brut qu’est le
seulement par son fait, mais par sa faute, comportement) et un élément juridique (l’illicéité), qui est le plus délicat.
lorsqu'il est établi que cette faute en est la
Henri Lalou définit synthétiquement la faute. Il considère: « la faute consiste en un acte
cause directe. » Art. 78 du DOC. Il résulte fait sans droit contre le droit d’autrui. » p. 118
de cette disposition que tout fait, de
quelque nature que ce soit, qui cause à Au-delà de cette conception de base, la littérature est partagée sur la conception à
autrui un dommage, oblige celui par la adopter de la « Faute ». Planiol et d’autres auteurs classiques considèrent qu’il n’y a
faute duquel il est arrivé à le réparer. qu’une faute, indépendamment de la nature de la règle violée, légale ou
contractuelle.
« La faute consiste, soit à omettre ce qu'on
Si la réalisation d’un acte interdit ne pose pas de problèmes, l’omission est
était tenu de faire, soit à faire ce dont on remarquablement complexe.
était tenu de s'abstenir, sans intention de
causer un dommage » Art. 78 du DOC.
➔La faute comme critère de référence
au niveau de la LOI.
 L’omission
Comparaison « droit marocain-droit français ».
Même lorsqu’elle ne traduit pas une intention malicieuse ou de nuisance à
autrui, « l’omission engage la responsabilité lorsque le fait omis devait être
accompli soit en vertu d’une obligation légale, réglementaire ou
conventionnelle, soit aussi, dans l’ordre professionnel, s’il s’agit notamment
d’un historien, en vertu des exigences d’une information objective. »
En droit marocain, l’omission est plus strictement conçue. Le juge se réfère
à l’existence d’une obligation d’agir ainsi qu’à sa violation pour juger de
La faute l’existence ou non d’une omission.

en comparaisons La faute
dans d’autres systèmes juridiques
Droit musulman:
◦ Formalisme: un acte matériel positif, même sans faute ouvre lieu à réparation. La responsabilité
découlant du fait de l’individu est entière, alors même que celui-ci aurait été incapable. Seul l’acte
licite est exempté du caractère expansif de la notion de faute en droit musulman.
◦ Délaissement de l’intention: Ainsi, il a été considéré que « Lorsque quelqu'un glisse et, en tombant,
détruit la chose d'autrui, il est tenu d'en réparer la perte ».
◦ Dans cette conception, l’omission ainsi que la violation d’une règle conduisent toutes les deux de la
même manière à l’imputation de l’auteur du dommage; la responsabilité étant plutôt basée sur des
critères objectifs centrés sur le dommage que sur les caractères de l’acte l’ayant causé ou sur la
volonté motivant ledit acte. A ce niveau, le droit musulman disposait de traits modernes.
Face à ce caractère moderne, le droit musulman
était remarquablement conservateur en ce qui concerne sa conception du lien de causalité.
 Spécificités de la faute
en responsabilité contractuelle
1. Définition de la défaillance contractuelle: Il s’agit de l’inexécution du
débiteur d’une obligation, que seul le créancier peut normalement invoquer.
L’inexécution est Totale ou partielle et peut porter sur l’obligation principale
ou une obligation accessoire;
Conditions:
2. Détermination du responsable: Que ce soit une défaillance au
débiteur;
a. Principes: Caractère relatif des conventions et de la défaillance
contractuelle Concernant les obligations de
celui-ci;
b. Exceptions: Comprenant les obligations
◦ Des cas de faute quasi-délictuelle: La situation de fait créée par une convention à implicites, y compris l’obligation
laquelle le demandeur n’a pas été partie ou, plus précisément, lorsque la violation de de sécurité
cette convention est perçue comme une faute quasi délictuelle dont le préjudice qu’ils
subissent est la conséquence. Conséquences:
◦ Contrats dont la formulation prévoient des créanciers autres que les parties Exécution, résolution, dommages
principales: ventes successives, contrats payant pour objet des biens auxquels sont et intérêts.
rattachés des droits accessoires.
 Responsabilité du fait d’autrui
BASE LÉGALE PRINCIPES GÉNÉRAUX

« On est L’engagement de la responsabilité du fait d’autrui se fait en suivant le critère du « devoir de

responsable non surveillance ». La personne à qui incombe ce devoir est systématiquement responsabilisée des
seulement du dommages par la personne sous sa surveillance.
dommage que l'on
cause par son Les conditions d’engagement de la responsabilité ainsi que l’étendue de la réparation imposée
propre fait, varient selon ledit devoir de surveillance. Ainsi, lorsqu’un dommage est subi, on relève que ce
mais encore de devoir de surveillance pèse sur la personne responsable, plus les conditions d’engagement de sa
celui qui est causé responsabilité sont allégées et la réparation est extensible. Vice versa, plus ce devoir s’allège, plus
par le fait des les conditions d’engagement et la réparation durcissent.
personnes dont on
doit répondre. » Par ailleurs, la responsabilité du fait d’autrui se démarque d’autres types de responsabilité par le
fait qu’elle ne dispose pas d’un régime juridique général qui s’applique en l’absence des régimes
spéciaux prévus par la loi. Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, la tendance de la jurisprudence a été
d’étendre la responsabilité du fait d’autrui par référence aux régimes spéciaux plutôt que par
rapport au régime général.
 Responsabilité du fait d’autrui
Responsabilité présumée sauf force majeure

◦ Le père et la mère après le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants
mineurs habitant avec eux ;
◦ ➔ trois conditions: Enfant mineur non émancipé, parent.s exerçant effectivement l’autorité parentale et l’enfant a commis l’acte à
l’origine du dommage
◦ Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés ;
◦ ➔ Deux conditions doivent être réunies: l’existence d’un lien de préposition (de subordination) et d’un dommage lors de
l’existence des fonctions du préposé.
◦ Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance.
 Responsabilité du fait d’autrui
Responsabilité présumée sauf des cas particuliers:
Le père, la mère et les autres parents ou conjoints répondent des dommages causés par les insensés et autres
infirmes d'esprit, même majeurs, habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
◦ 1. Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire;
◦ 2. Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé;
◦ 3. Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime. La même règle s'applique à ceux qui se
chargent, par contrat, de l'entretien ou de la surveillance de ces personnes.

Charge de la preuve incombant au demandeur:

◦ Les instituteurs et formateurs de centres de jeunesse (l’Etat se substitue à eux, à moins qu’il se récuse) |
Délai de prescription de 3 ans.
 Responsabilité du fait des choses
BASE LÉGALE CONDITIONS
1. Principe général: « chacun doit répondre
du dommage causé par les choses qu'il a La chose:
sous sa garde, lorsqu'il est justifié que ces
choses sont la cause directe du Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu'il a sous sa garde, l'article
dommage » Article 88 du DOC. 88 du Code des obligations et contrats s'applique aussi bien aux immeubles qu'aux
meubles, quelles que soient les causes du dommage;
2. Le Dahir portant Code des Obligations et
Contrats (DOC) envisage deux cas Immeuble: Le gardien de la chose n’est présumé responsable que lorsque le bien s’est
particuliers de responsabilité du fait des écroulé. A défaut, il doit prouver la déficience du gardien de la chose.
choses :
La chose objet d’incendie: lorsque le dommage est causé par l'incendie, le droit
◦ la responsabilité du fait des animaux (art. 86 et marocain n'exclut pas l'application de la présomption de responsabilité du fait des
87)
choses que l'on a sous sa garde. D’autre part, l'arrêt rapporté affirme expressément
◦ et la responsabilité du fait des bâtiments (art. que les dispositions de l'art 88 DOC sont applicables aux immeubles comme aux
89) meubles, la généralité des termes de cet article ne permettant aucune distinction entre
ces deux types de choses
3. Conditions: La chose, le fait de la chose et
la garde de la chose.
 Responsabilité du fait des choses
LE FAIT DE LA CHOSE LA GARDE DE LA CHOSE

Absence de définition légale; Absence de définition légale;

Définition jurisprudentielle: le fait de la chose est
compris comme la participation de la chose à la
réalisation d’un dommage. Il s’agit concrètement de la
« participation matérielle du dommage ».
Cette participation peut avoir été à travers un rôle actif
ou à travers un rôle passif.
Dans le rapport de causalité liant les faits allégués au
dommage reçu, il faut que la chose ait joué le rôle de
condition nécessaire.
Définition doctrinale:
◦ Elément de fait basé sur l’usage de la chose: est
responsable celui qui, lors de son usage de la chose, celle-
ci a participé au dommage;
◦ Elément basé sur la propriété de la chose: est responsable
le propriétaire de la chose meuble, en particulier les
voitures;
◦ ➔ Le critère fondamental de responsabilisation est celui
de la « Garde » de la chose.