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INTRODUCTION

I- LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT

A- L’injonction de payer

B- L’injonction de délivrer et de restituer

II- LES VOIES D’EXÉCUTION

A- LES SAISIES MOBILIÈRES

B- LES SAISIES IMMOBILIÈRES

CONCLUSION
INTRODUCTION

En vue de créer un contexte juridique adapté aux réalités africaines et propice à la


sécurité des paiements et au développement des activités économiques, les pays
fondateurs de l’OHADA1 ont adopté le 10 avril 1998 l’Acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des Voies d’Exécution
(AUPSRVE)2.
Cet acte, entré en vigueur dans tous les États de l’OHADA depuis le 10 juillet 1998,
est une réponse à la promesse des États membres d’adopter des Actes uniformes «
(...) simples, modernes et adaptés, afin de faciliter l’activité des entreprises (...) » et
d’accélérer le recouvrement des créances dans l’espace OHADA.
Dès son entrée en vigueur, cet acte qui abroge, dans tous les États signataires du
Traité de l’OHADA dont le Bénin 3, toutes les dispositions relatives aux matières qu’il
concerne a fondamentalement pour intention de mettre à la disposition des
créanciers de nouvelles procédures simplifiées d’obtention du titre exécutoire
nécessaire à la pratique des mesures d’exécution forcée.
À cette fin, il est composé de deux Livres dont le premier est réservé aux procédures
simplifiées de recouvrement et le deuxième aux voies d’exécution qui vont de la
saisie mobilière à la saisie immobilière. Ces deux procédures permettent entre
autres, le recouvrement des créances qui est un ensemble d’opérations judiciaires
ou extrajudiciaires tendant à obtenir le paiement d’une dette d’argent.
Parler des « Procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution », c’est en
réalité se référer entièrement à cet instrument juridique afin d’appréhender les
mécanismes juridiques de recouvrement des créances au niveau africain.
Les procédures simplifiées de recouvrement de créances constituent un prélude aux
voies d’exécution qui sont la véritable procédure d’exécution forcée. Les procédures
simplifiées de recouvrement sont au nombre de deux: l’injonction de paiement et la
procédure simplifiée tendant à la délivrance ou à la restitution d’un bien meuble
déterminé.
L’exécution est, en droit, la sanction tendant à obtenir, au besoin par la contrainte,
l’accomplissement d’une obligation. Les voies d’exécution sont donc, l’ensemble des
procédures permettant d’obtenir par la contrainte, l’accomplissement d’une
1
Le Bénin fait partie de cette organisation régionale. Le traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en
Afrique a été ratifié par le Bénin le 08 mars 1995 et les instruments d’adhésion à l’OHADA ont été déposés le 10
mars 1995 au Sénégal, pays dépositaire du traité. Le traité OHADA est entré en vigueur au Bénin le 18
septembre 1995.
2
Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des Voies d’Exécution, JO
OHADA n° 6 du 1er juin 1998; NDAM (I.), « La protection du droit à un procès dans un délai raisonnable dans
l’espace OHADA », Rev. ERSUMA n° 2, mars 2013, p. 89.
3
Aujourd’hui, le droit OHADA est celui en vigueur au Bénin en matière de procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution. Il y a permis de cristalliser les normes juridiques et les pratiques
judiciaires, notamment l’office du juge en cette matière.
obligation. L’AURVE expose les procédures y relatives mais aussi les règles de
forme et de fond. Dans la présente réflexion il s’agit beaucoup plus de s’interroger
sur les procédures en y examinant le rôle du juge. Ainsi, l’on tentera de répondre à la
question de savoir en quoi consiste l’office du juge dans ces procédures.

Il importe de dire qu’en amont de la procédure devant le juge, il peut avoir une
procédure diligentée par l’huissier ou l’agent d’exécution. Même si elle n’est pas
foncièrement judiciaire, elle ne sera pas occultée. Il y a également les règles de
forme et de fond, tantôt relatives à la créance dont le paiement est réclamé, tantôt
relatives aux actes. Ces règles seront également examinées dans le sens qu’ils
conduisent à la saisine du juge. Mais au fond, il sera question d’analyser la
procédure tant dans sa chronologie que dans ses subtilités. Dès lors, la démarche
sera analytique et descriptive sans pour autant oublier de faire des brèches de
comparaison s’il y a lieu.
Les procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution sont en réalité
deux procédures aux régimes distincts. Il aurait été plus simple de les aborder en
trois parties pour des raisons d’équilibre du travail en termes de volume, mais à
cause du plan bipartite si cher au juriste, nous prenons le risque d’adopter un plan
bipartite qui reste également fidèle à la structure de l’acte uniforme.
Ainsi, nous verrons dans une première partie l’office du juge dans les procédures
simplifiées (I) avant d’aborder dans la deuxième partie, son office dans les voies
d’exécution (II).
I- LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT

L'injonction de délivrer ou de restituer porte sur la délivrance ou la restitution d’un


bien meuble corporel déterminé. Contrairement à l’injonction de payer, le créancier
ne poursuit pas ici le paiement d’une somme d’argent mais l’exécution en nature
d’une obligation de faire de manière générale. Tout en exposant la procédure, il sera
mis un accent particulier sur l’office du juge dans ces matières. L’office du juge, sauf
à quelques différences près, est le même aussi bien dans la procédure d’injonction
de payer (A) que dans celle d’injonction de délivrer ou de restituer (B).

A- L’injonction de payer

L’injonction de payer est une procédure simplifiée de recouvrement peu coûteuse


permettant plus rapidement au créancier l’obtention d’un titre exécutoire. Selon le
lexique des termes juridiques, elle est une procédure simplifiée à l’extrême
permettant de poursuivre le recouvrement des créances certaines, civiles et
commerciales en obtenant du juge, la délivrance d’une ordonnance d’injonction de
payer qui, à défaut d’opposition devient exécutoire 4. Tout en exposant la procédure
en cette matière, un accent particulier sera mis sur l’office du juge.

L’Acte uniforme portant procédures simplifiées de recouvrement et des voies


d’exécution prévoit les conditions d’ouverture de la procédure d’injonction de payer.
Ainsi, toute personne qui se prétend créancière d’une créance certaine, liquide et
exigible, peut unilatéralement et sur requête justifiée, obtenir du président de la
juridiction compétente, une ordonnance d’injonction de payer contre le débiteur. Il en
résulte donc que les créances conditionnelles ou éventuelles ne peuvent faire l’objet
d’injonction de payer. Cette procédure est également ouverte lorsque la créance a
une cause contractuelle ou que l’engagement résulte de l’émission ou de
l’acceptation de tout effet de commerce, ou d’un chèque dont la provision s’est
révélée inexistante ou insuffisante. La demande est formée par requête auprès de la
juridiction compétente du domicile ou du lieu où demeure effectivement le débiteur
ou l’un d’entre eux en cas de pluralité. Toutefois, les parties peuvent déroger à cette
règle de compétence au moyen d’une élection de domicile prévue dans le contrat. Le
débiteur contre qui la procédure d’injonction de payer est ouverte a deux
possibilités :

4
Raymond Guillien et Jean Vincent, Lexiques des termes juridiques 14 e édition 2003 p 320.
- soit il acquiesce et l’ordonnance d’injonction de payer revêtue de la formule
exécutoire devient un titre exécutoire à son égard ;

- soit, dès la signification de ladite ordonnance à sa personne, il conteste en


formant opposition pour diverses raisons et saisit la juridiction compétente.

A cette étape s’ensuit alors, le contentieux qui appelle du juge des réponses
concrètes se rattachant aux diverses questions qui lui seront posées. Toutefois,
l’orientation du dossier dépendra de la nature de la créance litigieuse. Ainsi, pour une
créance commerciale, le litige sera porté devant la juridiction commerciale et pour
une créance civile, il sera porté devant la juridiction civile. Aussi, convient-il de
préciser que la phase de l’opposition est précédée d’une phase précontentieuse
dirigée par la juridiction présidentielle.

Selon le cas, la juridiction saisit, prononce soit le rejet de la requête aux fins
d’injonction de payer, soit rend une décision d’injonction de payer.

Au vu donc des documents produits par le créancier, le président du tribunal peut


estimer la requête aux fins d’injonction de payer non fondée ou partiellement fondée.
Il rendra, alors, soit une décision de rejet total, soit une décision de rejet partiel. Cette
décision de rejet figure au pied de la requête. Elle est sans recours pour le créancier
sauf à celui-ci de procéder selon les voies de droit commun c'est-à-dire d’assigner
son débiteur devant la juridiction normalement compétente pour connaitre du litige au
fond.

En cas de rejet de la requête, celle-ci et les documents produits sont restitués au


requérant. (Article 6, alinéa 2).

Par contre, si au vu des documents produits, la requête aux fins d’injonction de


payer lui parait fondée en tout ou partie, le président de la juridiction compétente
rend une décision portant injonction de payer la somme qu’il fixe. 5 Bien que l’acte
uniforme ne le précise pas expressément, la décision portant injonction de payer,
laquelle revêt la forme d’une ordonnance, doit également figurer au pied de la
requête. La requête et la décision portant injonction de payer son conservées à titre
de minute entre les mains du greffier en chef qui en délivre une expédition au
demandeur. Les documents originaux produit à l’appui de la requête sont restitués

5
Art.5, al 1er
au demandeur et leurs copies certifiées conformes sont conservées au greffe
(articles 5 et 6 de l’AU).

Une copie certifiée conforme de l’expédition de la requête et de la décision de


d’injonction de payer doit être signifiée au débiteur dans les formes prévues par les
articles 7 et 8 de l’Acte uniforme et ce, par les soins du créancier par acte
extrajudiciaire. L’ordonnance portant injonction de payer est non avenue si elle n’est
pas signifiée dans les trois (03) mois de sa date. La signification est susceptible de
nullité si elle ne respecte pas les règles et délais prévues par les dispositions ci-
dessus.

Le seul recours prévu par l’Acte Uniforme contre cette ordonnance est l’opposition.

Une fois la décision d’injonction de payer signifiée au débiteur, celui-ci peut former
dans un délai de quinze (15) jours, éventuellement augmenté des délais de distance,
par acte extrajudiciaire opposition contre ladite décision. Ce dernier est tenu, à peine
de déchéance, et dans le même acte que celui de l’opposition, de signifier son
recours à toutes les parties et au greffe de la juridiction ayant rendu la décision, et de
servir assignation à comparaître à une date fixe qui ne saurait excéder le délai de
trente (30) jours à compter de l’opposition. C’est donc de ce recours qui ouvre la
phase contentieuse.

Le déroulement de l’instance sur opposition

L’instance sur opposition débute par le préalable obligatoire de conciliation. Deux


hypothèses doivent être envisagées selon que la tentative aboutisse ou non.

En effet, la juridiction saisie procède à une tentative de conciliation qui, si elle aboutit,
est constatée par un procès-verbal de conciliation signé par les parties et le juge.
Une expédition de ce procès-verbal revêtue de la formule exécutoire constitue, par
conséquent, un titre exécutoire (article 12, alinéa 1er de l’AU).

Si la tentative de conciliation échoue, ce qui est fréquent dans la pratique, la


juridiction saisie sur l’opposition doit statuer immédiatement sur l’opposition, même
en l’absence du débiteur ayant formé opposition, par une décision qui aura les effets
d’une décision contradictoire.
La décision de la juridiction saisie sur opposition
Dans le cas où la conciliation aurait échoué, la juridiction saisie sur opposition, rend
un jugement qui se substitue à l’ordonnance d’injonction de payer 6. Le tribunal se
prononce sur la recevabilité de celle-ci et sur l’ensemble du litige (se déclarer
incompétent, rejeter la requête ou condamner le débiteur au paiement de tout ou
partie de la créance réclamée). Ladite décision est susceptible d’appel dans les
conditions du droit national de chaque Etat partie. Le délai d’appel est de trente
jours à compter du prononcé de ladite décision 7. Aux sens de l’article 15 de
l’AUPSRVE les conditions du droit national s’entendent exclusivement des
spécificités du droit national relatives à la forme et au délai de distance ; et une
décision rendue sur opposition d’injonction de payer est toujours susceptible d’appel
malgré les dispositions du droit national qui attribuent au tribunal compétence en
premier et dernier ressort en raison de la valeur du litige. 8

Tout appel formé plus de trente jours après le prononcé de la décision sur opposition
doit être déclaré irrecevable pour cause d’ordre public. 9

Seul le pourvoi en cassation devant la Cour de Justice et d’Arbitrage (CCJA) reste


ouvert contre la décision rendue sur appel dans les trois (03) mois suivant la
signification de l’arrêt attaqué pour les créances de nature commerciale et devant la
Cour suprême pour les créances de nature civile.

B- L’injonction de délivrer et de restituer (L’office du juge dans le


contentieux de l’injonction de délivrer ou de restituer)

Celui qui se prétend créancier d’une obligation de délivrance ou de restitution d’un


bien meuble corporel déterminé, peut demander au Président de la juridiction
compétente d’ordonner cette délivrance ou restitution. 10 L'injonction de délivrer ou de
restituer a un champ d'application spécifique mais elle poursuit des finalités proches
de celles de l'injonction de payer, ce qui explique une presque ressemblance de
leurs régimes juridiques.

6
Art. 14 AUPSR
7
Art. 15 AUPSRVE
8
CCJA, 3èmech., Arr.n°023/2012, 15 mars 2012, Aff. ASSEKE Fiacre C/FOFANA Siriki.
9
CCJA, 1ère ch., Arr.n°034/2013, 02 mai 2013, Aff. Monsieur KONE IBRAHIM/ Monsieur TRAORE ABOU
10
Art. 19 de l’AUPSRVE
Cette nouvelle procédure, régie par les articles 19 à 27 de l'Acte uniforme, a un
domaine d'application spécifique par rapport à l'injonction de payer : tandis que cette
dernière concerne les obligations de paiement d'une somme d'argent, l'injonction de
délivrer ou de restituer permet à celui qui se prétend créancier d'une obligation de
délivrance ou de restitution d'un bien meuble corporel déterminé de demander au
président de la juridiction compétente du domicile ou du lieu où demeure
effectivement le débiteur de l'obligation d'ordonner cette délivrance ou restitution.

L'article 20 précise que les parties peuvent déroger à cette règle de compétence au
moyen d'une élection de domicile prévue au contrat et que l'incompétence ne peut
être soulevée que par la juridiction saisie de la requête ou par le débiteur lors de
l'instance introduite par son opposition.

1. La réponse judiciaire dans la phase précontentieuse


Selon que les obligations entre les parties relèvent de la matière civile ou
commerciale, le Président du tribunal de première instance ou le Président du
tribunal de commerce est saisie de la requête tendant à la délivrance ou à la
restitution du bien querellé. La demande est introduite par voie de requête déposée
ou adressée au greffe de la juridiction compétente. 11 Celle-ci s’assure à peine
d’irrecevabilité, de l’exactitude des mentions suivantes devant figurer sur la requête.
Il s’agit de :

- l’identité de parties tels que les noms, prénoms, profession et domicile des
parties concernant les personnes physiques et la dénomination, forme et
siège social pour les personnes morales ;

- la désignation précise du bien dont la remise est demandée ;

La requête doit être accompagnée de l’original ou de la copie certifiée conforme de


tout document la justifiant.12

La juridiction compétente est appelée à rendre deux formes de décisions à savoir, la


décision de rejet de la requête et celle portant injonction de délivrer ou de restituer.

a. La décision de rejet

11
Art.20 de l’AUPSRVE
12
Art. 21 de l’AUPSRVE
La juridiction saisie, peut, lorsque la requête ne lui parait pas fondée, la rejeter. En
cas de rejet, sa décision n’est susceptible d’aucun recours de la part du créancier
sauf à procéder selon les voies de droit commun. La requête et les documents
produits sont restitués au requérant13.

b. La décision d’injonction de délivrer ou de restituer et son contenu

Au cas où la demande lui parait fondée, le président de la juridiction rend une


décision au pied de la requête portant injonction de délivrer ou de restituer le bien
litigieux. Cette décision revêt la forme d’une ordonnance. Les documents originaux
produits à l’appui de la requête sont restitués au demandeur et les copies certifiés
conformes sont conservés au greffe 14. La requête et la décision d’injonction sont
conservées à titre de minute entre les mains du greffier qui doit en délivrer une
expédition au créancier.

L’expédition de la décision portant injonction de délivrer ou de restituer le bien


litigieux accompagnée des copies certifiées conformes des documents produits à
l’appui de la requête doit être signifiée au débiteur de l’obligation de délivrer ou de
restituer. Cette signification doit être faite par acte extrajudiciaire c'est-à-dire soit par
exploit d’huissier, soit par lettre recommandée avec accusé de réception, à l’initiative
du créancier.

La signification doit contenir à peine de nullité sommation d’avoir, dans un délai de


quinze jours :

- soit à transporter, à ses frais, le bien désigné en un lieu et dans les


conditions indiquées ;

- soit si le détenteur des biens a des moyens à faire valoir, à former


opposition contre l’ordonnance d’injonction au greffe de la juridiction qui a
rendu la décision, par déclaration écrite ou verbale contre récépissé ;

- soit par exploit d’huissier ou par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception ou par tout moyen laissant trace écrite, faute de quoi, la
décision sera rendue exécutoire15.

13
Art. 24 de l’AUPSRVE
14
Art. 23 de l’AUPSRVE
15
Art. 25 de l’AUPSRVE
La décision portant injonction de délivrer ou de restituer est non avenue si elle n’a
pas été signifiée dans les trois (03) mois de sa date.

2. La réponse judiciaire dans la phase contentieuse

La juridiction saisie de l’opposition à injonction de délivrer ou de restituer procède


conformément aux règles de procédure applicables en matière d’injonction de payer.
Les règles de compétence n’ont pas changé. Ainsi, le juge civil ou commercial selon
le cas, peut être saisi de l’opposition, acte déclencheur de la phase contentieuse.

a. Le déroulement de l’instance sur opposition

Dans la pratique, c’est le Président de la chambre des procédures simplifiées de


recouvrement qui prend l’audience civile en matière d’injonction de payer ou de
restituer. Si devant cette chambre, la conciliation n’est pas systématique, elle l’est au
Tribunal de commerce. Ainsi, si au jour de l’audience les parties comparaissent ou
sont représentées, le Président de la chambre des assignations et de conciliation
procède sur le champ, à la tentative de conciliation. La conciliation ne peut faire
l’objet d’un renvoi. Tout au long de l’instance, les parties peuvent se concilier d’elles-
mêmes ou à l’initiative du tribunal. Tout comme dans la procédure d’injonction de
payer, la tentative de conciliation a lieu en chambre de conseil, le président entend
les parties en leurs explications et s’efforce de les concilier. Il en est tenu procès-
verbal.

En cas de conciliation totale ou partielle, le procès-verbal mentionne la teneur de


l’accord intervenu. Le procès-verbal vaut titre exécutoire. A défaut de conciliation
totale, le procès-verbal fixe les points de désaccord. Lorsqu’au jour fixé pour la
conciliation, le demandeur ne comparaît pas, sans avoir justifié d’un motif légitime, la
cause est radiée du rôle et ne peut être remise au rôle que si le demandeur justifie
d’un cas fortuit.

Si au jour fixé pour la conciliation, le défendeur ne comparaît pas, le dossier est


renvoyé à la formation de jugement. Si ce dernier justifie d’un motif légitime, il est
convoqué à une prochaine séance de conciliation. En cas de non conciliation totale
ou partielle, le dossier est renvoyé à la formation de jugement ou attribué à un juge
chargé de la mise en état.

b. La décision de la juridiction saisie sur opposition .


Ce qui s’observe fréquemment en cette matière dans les juridictions tant civiles que
commerciales est l’échec de la tentative de conciliation. Dès lors que le dossier, à ce
stade est renvoyé devant la formation de jugement, le juge apprécie, décide, au
regard des éléments de preuve versés au dossier judiciaire, des débats et
plaidoiries, de l’issue de la procédure. Le jugement est selon le cas, susceptible
d’appel devant la chambre commerciale ou civile de la Cour d’appel de Cotonou,
dans les trente (30) jours à compter de la date de cette décision.

Il est important de préciser qu’en l’absence d’opposition dans le délai de quinze (15)
jours de la signification de l’ordonnance ou en cas de désistement du débiteur qui a
formé opposition, le créancier peut demander que l’ordonnance soit revêtue de la
formule exécutoire. Il doit faire cette demande dans les deux (02) mois qui suivent
l’expiration du délai d’opposition ou le désistement du débiteur sous peine de
caducité de l’ordonnance.16

La date de l’injonction de délivrer ou de restituer et la date de l’opposition ou celle de


la décision rendue sur opposition doivent être inscrites par le greffier dans le registre
spécial relatif aux procédures simplifiées de recouvrement.

Finalement, les ordonnances d’injonction constituent des moyens de pression pour


obtenir la restitution ou la délivrance du bien ou tout le moins obtenir un titre
exécutoire permettant de faire recours selon le cas à la saisie-exécution ou la saisie-
appréhension.

A côté des procédures simplifiées de recouvrement, il existe des saisies


conservatoires qui ne sont pas de véritables mesures d’exécution forcée mais des
mesures provisoires pour se prémunir de l’insolvabilité du débiteur dont on craint la
mauvaise foi. Le juge intervient également dans ces procédures et est en aval et en
amont.

16
Arrêt n0 22 du 21 mars 2003 rendu par la Cour d’appel de Ouagadougou entre la Société PATRUNO Sylvain et Société M.G.R. International), (CA Cotonou, Arr n o 67/99 du 29
avril 1999 dans l’affaire Monsieur ‘’A’’ C/ Société ‘’B’’.
II- LES VOIES D’EXÉCUTION

A- LES SAISIES MOBILIÈRES

B- LES SAISIES IMMOBILIÈRES

La saisie immobilière est une procédure permettant à un créancier muni d’un titre
exécutoire de poursuivre la vente d’un bien immobilier appartenant à son débiteur
afin de se faire payer sur le prix de vente. Elle constitue l’ultime recours du créancier
souvent excédé par la défaillance de son débiteur pour obtenir enfin le paiement de
sa créance.

Pourtant, la mise en œuvre de cette procédure n’est pas toujours aisée. La saisie im -
mobilière est une procédure très formaliste, complexe, onéreuse et longue dont le
succès est tributaire de la maitrise des arcanes de la procédure, mais aussi de la
dextérité de l’huissier instrumentaire.

La saisie immobilière exige du poursuivant le respect d’un formalisme assez rigou -


reux dont l’inobservation peut anéantir la procédure entreprise. Ce formalisme se dé -
duit aisément de l’article 246 de l’Acte Uniforme portant Organisation des Procédures
Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’Exécution (AUVE).

DE LA SAISIE A LA VENTE DE L’IMMEUBLE : LES FORMALITES A REMPLIR


 les formalités relatives à la saisie de l’immeuble

Certaines formalités doivent être accomplies avant la tenue de l’audience éventuelle,


d’autres le seront postérieurement à celle-ci. Néanmoins, certains préalables sont
obligatoires pour le déclenchement de la procédure.

LES FORMALITES PREALABLES AU DECLENCHEMENT DE LA PROCEDURE

Au nombre des formalités à accomplir avant le déclenchement de la procédure fi -


gurent l’immatriculation préalable de l’immeuble et la délivrance d’un pouvoir spécial
à l’huissier de justice instrumentaire.

- l’immatriculation préalable de l’immeuble à vendre
D’emblée, il importe de noter que seuls les immeubles immatriculés peuvent faire
l’objet d’une saisie immobilière. De ce fait, lorsque l’immeuble n’est pas immatriculé,
le poursuivant doit requérir l’immatriculation préalable conformément aux dispositions
de l’article 253 de l’AUVE.

Cette ordonnance, dispose l’article 253 AUVE, est « insusceptible de recours ».


Le poursuivant doit solliciter l’immatriculation de l’immeuble non pas à son nom, mais
au nom du débiteur conformément à la législation nationale sur l’immatriculation fon-
cière. La lecture combinée des dispositions des articles 253 de l’AUVE et 48 de la loi
précitée appelle quelques observations. Alors que l’AUVE indique que le commande-
ment ne peut être signifié qu’après le dépôt de la réquisition.

- la délivrance du pouvoir spécial aux fins de saisie immobilière


L’autre formalité à accomplir avant le déclenchement de la procédure proprement
dite, est la délivrance du pouvoir spécial aux fins de saisie immobilière à l’huissier de
justice instrumentaire. La saisie immobilière étant une mesure lourde de consé-
quence, la doctrine estime qu’il n’est pas admis de présumer le pouvoir donné à
l’huissier de justice sans la présentation d’un acte matériel qui lui confère le pouvoir
de saisir. C’est donc ce pouvoir qui autorise l’Huissier à saisir la propriété immobilière
du débiteur, au nom et pour le compte du créancier/saisissant. Le défaut de ce pou-
voir est sanctionné par la nullité de la procédure (Art. 254).

Ce pouvoir doit être signé de la main du créancier poursuivant ou de son mandataire,


l’avocat poursuivant n’étant pas habilité à le délivrer. S’agissant d’une saisie diligen -
tée par une personne morale, il appartient à son représentant légal de le délivrer. A
ce sujet, il a été décidé qu’à défaut d’avoir la qualité de directeur d’une société
conformément aux dispositions des articles 414 et suivants de l’AUSCGIE et faute de
justifier d’un pouvoir spécial pour agir au nom de cette société comme le prévoit l’ar-
ticle 254 AUVE, une personne ne peut délivrer un pouvoir aux fins de saisie immobi-
lière au nom d’une société commerciale. Le pouvoir spécial peut être sous seing pri-
vé ou sous la forme d’un acte authentique.

 -le déclenchement de la procédure


La saisie immobilière débute par la signification du commandement de saisie, suivie
du dépôt de cahier des charges au greffe du tribunal.
- Le commandement aux fins de saisie immobilière

Le commandement aux fins de saisie immobilière est un acte dressé par un huissier
de justice. Il est soumis aux dispositions régissant les actes d’huissier. Il doit contenir
l’entête de l’huissier instrumentaire, être daté, signé et contenir toutes les autres
mentions utiles pour la validité de l’acte, ajoutées à cela les mentions obligatoires
propres à la saisie immobilière.

Si le commandement aux fins de saisie est considéré comme un acte déclencheur


des poursuites, c’est à cause des effets qu’il produit dès sa publication. A la vérité, le
commandement non encore publié ne constitue qu’un acte préalable à la saisie qui
peut être assimilé à une mise en demeure de payer les sommes réclamées dans un
délai de vingt (20) jours. Dépassé ce délai, ledit commandement sera publié à la
Conservation des Hypothèques et de la Propriété foncière et vaudra, à dater de cette
publication, saisie réelle du bien immobilier du débiteur. Il sera précisé que si par ex-
traordinaire, le débiteur qui a reçu signification du commandement
paie sa dette, les poursuites s’arrêtent.

- La publication du commandement

Peu après la signification du commandement, le poursuivant doit procéder à la for-


malité de la publication. Celle-ci s’effectue par le dépôt du commandement auprès du
conservateur des hypothèques qui vise l’original du commandement et à qui copie
est remise pour la publication. Si le conservateur ou l’autorité administrative concer-
née ne peut procéder à l’inscription du commandement à l’instant, il fait mention sur
l’original qui lui est laissé de la date et de l’heure du dépôt (Art 259).

En vertu de l’article 263 de l’Acte Uniforme, les fruits naturels ou industriels, les
loyers et fermages recueillis postérieurement au dépôt du commandement ou le prix
qui en provient sont, sauf l’effet d’une saisie antérieure, immobilisés pour être distri -
bués avec le prix de l’immeuble. Ils sont déposés, soit à la caisse des dépôts et
consignations, soit entre les mains d’un séquestre désigné par le président du tribu-
nal compétent.

- Le délai de la publication
Le commandement doit être publié dans un délai de trois mois pour dater de la signi-
fication. Selon les dispositions de l’article 259 alinéa 3 de l’AUVE, si un commande-
ment n’a pas été déposé au bureau de la conservation foncière ou à l’autorité admi-
nistrative concernée dans les trois mois de la signification, puis effectivement publié,
le créancier ne peut reprendre les poursuites qu’en les réitérant. Cette disposition im-
parti un délai maximum de trois mois au poursuivant pour procéder à la publication
du commandement, faute de quoi, il devra réitérer son commandement.

- La rédaction du cahier des charges

L’article 266 de l’AUVE définit le cahier des charges comme un document rédigé et
signé par l’avocat du créancier poursuivant qui précise les conditions et modalités de
la vente de l’immeuble saisi. Il est déposé au greffe du Tribunal de Grande Instance
dans le ressort duquel se trouve l’immeuble dans un délai maximum de cinquante
(50) jours à compter de la publication du commandement à peine de déchéance.

Les formalités édictées par cette disposition étant prescrites à peine de nullité, la ré-
daction du cahier des charges doit mobiliser l’attention de l’avocat poursuivant,
l’omission de certaines mentions devra donner lieu à des contestations.

- La sommation de prendre communication du cahier des charges


Le cahier des charges déposé au greffe, le poursuivant doit sommer le saisi et les
créanciers inscrits, le cas échéant, d’en prendre communication et d’y insérer leurs
dires. Cette sommation doit être faite à personne ou à domicile s’agissant du débi -
teur saisi, à domicile élu en ce qui concerne les créanciers inscrits (Art.269).

- Le dépôt des dires et observations


Le saisi qui a pris connaissance de la teneur du cahier des charges doit faire valoir
ses prétentions au moyen des écritures intitulées « dires et observations ». L’article
270 AUVE lui impartit un délai assez bref, jusqu’au cinquième jour précédent l’au-
dience éventuelle pour déposer ses dires. Le saisi ne doit pas attendre la tenue de
l’audience éventuelle afin de déposer ses dires et observations. Ceux-ci doivent être
déposés impérativement au greffe juste après prise de connaissance de la teneur du
cahier des charges. Il s’agit d’une date butoir à laquelle il ne peut être dérogé. En cas
d’inobservation, la déchéance sera encourue.
 De l’audience éventuelle à l’adjudication de l’immeuble
Avant de poursuivre la vente par l’adjudication de l’immeuble, le tribunal doit, s’il y a
lieu, trancher les contestations soulevées lors de l’audience dite éventuelle.

 La tenue de l’audience éventuelle


D’emblée, il faut indiquer que la tenue de l’audience éventuelle n’est pas une obliga-
tion pour le tribunal mais une éventualité, elle ne se tient « qu’éventuellement »
lorsque que les dires et observations ont été déposés. En application de l’article 268
de l’AUVE, la tenue de cette audience doit être fixée quarante-cinq (45) jours au plus
tôt après le dépôt du cahier des charges et quatre-vingt-dix (90) jours au plus tard
après le dépôt. Cette date est fixée dans la sommation de prendre communication du
cahier de charges dans les conditions prévues à l’article 270 de l’Acte Uniforme.
Quoiqu’il en soit, la tenue de l’audience éventuelle est fonction de l’absence ou du
dépôt des dires et observations.

 En l’absence des dires et observations


A défaut des dires et observations, la tenue de l’audience éventuelle est non avenue.
Il sera procédé à l’accomplissement des formalités de publicité en vue de la vente de
l’immeuble, le tribunal prendra acte de l’absence des dires et observations pour ren-
voyer l’affaire à l’audience d’adjudication dont il fixera la date. Néanmoins, même en
l’absence des dires, cette audience peut être tenue en application des dispositions
de l’article 275 AUVE.

En présence des dires et observations

Lorsque les dires et observations sont déposés, l’audience éventuelle doit être tenue
afin qu’il soit statué sur leurs mérites. En vertu de l’article 272 de l’Acte Uniforme, ces
dires et observations doivent être jugés après échange de conclusions motivées des
parties, qui doit être effectué dans le respect du principe du contradictoire. Cela re-
vient à dire que le tribunal ne peut statuer sur ces dires qu’à l’issue d’un débat
contradictoire.
 La date de l’audience
L’audience doit être tenue à la date fixée dans la sommation. Cette audience ne peut
avoir lieu moins de trente (30) jours après la dernière sommation. Ce qui revient à
dire qu’entre la date de la dernière sommation et celle de la tenue de l’audience
éventuelle, il doit s’écouler au minimum trente (30) jours, la jurisprudence rappelle
que cette date ne peut être fixée avant l’épuisement de ce délai.
Une fois fixée, la date de l’audience éventuelle ne peut faire l’objet de report.

 La transcription du jugement au cahier des charges


Aux termes les dispositions de l’article 274 de l’AUVE, « La décision judiciaire rendue
à l’occasion de l’audience éventuelle est transcrite sur le cahier des charges par le
greffier ; elle est levée et signifiée à la demande de la partie la plus diligente ». La
transcription de ce jugement au cahier des charges permet de fixer les parties sur les
conditions définitives de vente de l’immeuble. Le législateur OHADA n’a pas prescrit
de délai pour l’accomplissement de cette transcription. Il convient d’indiquer que
cette formalité doit être accomplie sans délai, après la signature de la minute.

- La publicité en vue de la vente


Les formalités de publicité doivent être accomplies trente (30) jours au plus tôt et
quinze (15) jours au plus tard avant l’adjudication. Il s’agit « d’un délai à rebours » qui
se calcule en remontant le temps en partant de la date de l’adjudication pour déter-
miner le point de départ. Ainsi pour une audience d’adjudication fixée au 31 mars, la
publicité doit être accomplie au plus tôt le 1er mars et au plus tard le 16 mars. Ce dé-
lai est largement tributaire de la tenue ou non de l’audience éventuelle. Si l’audience
éventuelle a été reportée, la publicité sera accomplie en tenant compte de la nou -
velle date d’adjudication fixée par le tribunal.

-L’adjudication de l’immeuble

La vente est poursuivie devant la juridiction ayant plénitude de juridiction dans le res-
sort où se trouve l’immeuble. Dans l’organisation judiciaire du Bénin, le tribunal com -
pétent dont il s’agit est le Tribunal de Première Instance (TPI).

La vente forcée des immeubles dépendant d’une même exploitation et situés dans le
ressort de plusieurs juridictions se poursuit devant l’une quelconque de celles-ci
(Art.247 AUVE). Il faut préciser que la vente peut également être poursuivie en
l’étude du notaire convenue entre les parties. Néanmoins, même lorsque les parties
ont convenu de poursuivre la vente devant notaire, en cas de contestations,
 Le déroulement de l’audience d’adjudication
L’audience d’adjudication obéit à un rituel assez particulier. A l’ouverture de l’au-
dience, il est procédé à la vente sur la réquisition, même verbale, de l’avocat du
poursuivant ou de tout créancier inscrit. Celui-ci indique publiquement le montant des
frais de poursuite préalablement taxés par le président du tribunal. Cette réquisition,
souvent verbale, donne l’occasion à l’avocat poursuivant de rappeler, sommaire-
ment, les faits de la cause, les diligences accomplies avant de requérir la vente de
l’immeuble.

L’article 281 de l’Acte Uniforme autorise la remise de l’adjudication pour causes


graves et légitimes par décision judiciaire motivée rendue sur requête déposée cinq
(05) jours au moins avant le jour fixé pour la vente. En cas de remise, la décision ju-
diciaire fixe, de nouveau, le jour de l’adjudication qui ne peut être éloigné de plus de
soixante (60) jours. Le créancier poursuivant doit procéder à une nouvelle publicité.

Les formalités postérieures à l’adjudication
Si l’adjudication peut être considérée comme la fin de la procédure judiciaire lorsque
la vente s’est déroulée sans incident, elle constitue le point de départ pour l’accom-
plissement de certaines formalités consécutives à celle-ci.
-La déclaration d’adjudicataire
L’article 286 alinéas 1 de l’AUVE impose à l’avocat, dernier enchérisseur de déclarer
l’adjudicataire et de fournir son acceptation ou de représenter son pouvoir, lequel de-
meure annexé à la minute de la déclaration judiciaire ou notariée, sinon il est réputé
adjudicataire en son nom.

-La déclaration de commande


L’obligation faite à l’avocat de révéler l’identité de l’adjudicataire s’impose également
à l’adjudicataire qui s’est porté acquéreur pour un tiers, de faire connaître, par une
déclaration dite « de commande » que ce n’est pas pour son compte qu’il s’est rendu
acquéreur, mais pour une autre personne dont il révèle alors le nom.

- la transcription de l’acte d’adjudication au cahier des charges


En application des dispositions de l’article 290, après la vente, la décision judiciaire
ou le procès-verbal d’adjudication du notaire doit être portée en minute à la suite du
cahier des charges
- La publication de l’acte d’adjudication
Selon les dispositions de l’article 294 de l’AUVE, lorsque l’adjudication est devenue
définitive, une expédition de la décision judiciaire ou du procès-verbal d’adjudication
établi par le notaire est déposée à la conservation foncière aux fins d’inscription. Le
conservateur procède à la mention de cette publication en marge de la copie du
commandement publié.

-La purge des garanties et radiation des inscriptions


La purge des garanties et la radiation des inscriptions sont la conséquence logique
de l’adjudication. En effet, après avoir procédé à la mention de la publication de
l’acte d’adjudication en marge de la copie du commandement publié, le conservateur
procède également à la radiation de tous les privilèges et hypothèques inscrits qui se
trouvent purgés par la vente, même de ceux inscrits postérieurement à la délivrance
des états d’inscription

 DES INCIDENTS DE LA SAISIE IMMOBILIERE A LA DISTRIBUTION DU


PRIX
La saisie immobilière fait souvent l’objet des incidents, soulevés tant par le saisi que
les créanciers inscrits voire des tiers. Mais lorsque ceux-ci ont été élagués et l’adjudi-
cation poursuivie jusqu’à son terme, les créanciers doivent encore procéder à la dis-
tribution du produit de la vente.

- Les incidents de la saisie immobilière


De prime abord, il importe de présenter la procédure avant d’examiner les différents
incidents de la saisie immobilière

-la procédure
Si le législateur OHADA a défini le cahier des charges, il n’a pas défini ce qu’il enten-
dait par incident de la saisie immobilière. C’est la jurisprudence qui s’est chargée de
définir cette notion. Celle-ci considère comme incident de la saisie immobilière, «
toute contestation née de la procédure de saisie ou qui s’y réfère directement et qui
est de nature à exercer une influence immédiate et directe sur cette procédure ».
-L’acte de contestation
Selon les dispositions de l’article 298 de l’AUVE, toute contestation ou demande inci-
dente relative à une poursuite de saisie immobilière formulée postérieurement à la si-
gnification du commandement est formée par simple acte d’avocat contenant les
moyens et conclusions.
-Le moment de la contestation
Le délai imparti au contestataire est lié à l’objet de l’incident. En vertu de l’article 299
alinéa 1, toutes les contestations doivent être soulevées avant l’audience éventuelle
et ce à peine de déchéance. Il sera rappelé que cette audience est consacrée à sta -
tuer sur les contestations qui peuvent surgir à l’occasion de la procédure de saisie
- Les principaux incidents
L’Acte Uniforme distingue quatre types d’incidents à savoir les incidents nés de la
pluralité de saisie, les demandes en distraction, les demandes en annulation de la
saisie et la folle enchère

Les incidents nés de la pluralité des saisies


Lorsqu’un débiteur fait l’objet de plusieurs procédures de saisies initiées par divers
poursuivants, l’Acte Uniforme envisage deux hypothèses. Dans un premier temps,
les poursuites doivent être continuées par un seul poursuivant. En cas de défaillance
de sa part, il sera subrogé dans les poursuites par un autre poursuivant.

La poursuite de la procédure par le premier poursuivant


Selon l’article 302 de l’AUVE, si deux ou plusieurs saisissants ont fait publier des
commandements relatifs à des immeubles différents appartenant au même débiteur
et dont la saisie est poursuivie devant la même juridiction, les poursuites sont réunies
à la requête de la partie la plus diligente et continuées par le premier saisissant.

- La subrogation
La subrogation sanctionne la défaillance du premier poursuivant. Aux termes des dis-
positions de l’article 304 de l’AUVE, faute pour le premier saisissant d’avoir poursuivi
sur la seconde saisie à lui dénoncée, le second saisissant peut, par un acte écrit
adressé au conservateur de la propriété foncière, demander la subrogation.

- La distraction de l’immeuble saisi


L’article 308 de l’Acte Uniforme donne la possibilité au tiers qui se prétend proprié-
taire d’un immeuble saisi et qui n’est tenu ni personnellement de la dette, ni réelle -
ment sur l’immeuble, de le soustraire à la saisie, en formant une demande en distrac-
tion avant l’adjudication. L’action en distraction est un incident permettant à un tiers
propriétaire, copropriétaire, usufruitier ou à toute personne ayant un droit réel sur
l’immeuble saisi, de le soustraire de l’assiette de la saisie ; avec cette précision que
le demandeur à la distraction doit être un tiers à la procédure de saisie. Il ne peut
être partie à la procédure, même en qualité de tiers détenteur, ni être tenu personnel -
lement de la dette cause de la saisie, en qualité de la caution.

L’action en distraction des biens peut encore être présentée après l’audience éven-
tuelle mais seulement, à peine de déchéance, jusqu’au huitième jour avant l’adjudi -
cation.

-Les demandes en annulation


Les demandes en annulation ont pour but de faire sanctionner un acte irrégulier ou
l’omission d’une formalité prescrite à peine de nullité. Etant donné que nombreuses
sont des formalités prescrites à peine de nullité, ce genre d’incidents sont de loin les
plus fréquents et les plus nombreux. Ils couvrent aussi bien les nullités pour vice de
forme que les irrégularités de fond. Les demandes en nullité doivent être soulevées
par un dire annexé au cahier des charges.

- La folle enchère
La folle enchère est un incident de la saisie immobilière tendant à mettre à néant
l’adjudication en raison du manquement de l’adjudicataire à ses obligations afin de
provoquer une nouvelle vente aux enchères de l’immeuble. Deux conditions, au de-
meurant non cumulatives, peuvent justifier l’ouverture d’une folle enchère selon l’ar-
ticle 314 de l’AUVE.

-LA DISTRIBUTION DU PRIX DE VENTE DE L’IMMEUBLE


La distribution du prix de vente de l’immeuble constitue l’ultime phase de la procé-
dure de saisie immobilière. L’ordre de la distribution du prix est organisé par les dis-
positions de l’article 225

-La distribution amiable


La distribution amiable du produit de la vente peut être facilitée selon que l’on se
trouve en présence d’un créancier unique ou de plusieurs créanciers.

- Le créancier unique
En présence d’un seul créancier le juge n’intervient pas et la répartition est plus ai -
sée. Le produit de la vente est remis à celui-ci jusqu’à concurrence du montant de sa
créance, en principal, intérêts et frais, dans un délai de quinze (15) jours, au plus
tard, à compter du versement du prix de la vente. Dans le même délai, le solde est
remis au débiteur. A l’expiration de ce délai, les sommes qui sont dues produisent in -
térêt au taux légal (art.324)

- La pluralité des créanciers


En vertu des dispositions de l’article 325 de l’AUVE, s’il y a plusieurs créanciers ins-
crits ou privilégiés, ceux-ci peuvent s’entendre sur une répartition consensuelle du
prix de la vente. Dans ce cas, ils adressent leur convention sous seing privé ou sous
forme authentique au greffe ou à l’auxiliaire de justice qui détient les fonds. Le règle-
ment des créanciers doit être effectué dans le délai de quinze (15) jours à compter
de la réception de l’accord. Dans le même délai, le solde est remis au débiteur. A
l’expiration de ce délai, les sommes qui sont dues produisent intérêt au taux légal.
-La distribution judiciaire
Elle n’intervient que si, dans le délai d’un mois qui suit le versement du prix de la
vente, les créanciers ne sont pas parvenus à un accord. Dans ce cas le plus diligent
d’entre eux saisit le président du Tribunal de Grande Instance du lieu de la vente ou
le magistrat délégué par lui afin de l’entendre statuer sur la répartition du prix
(art.326).
-Les voies de recours
Comme toutes décisions de justice, les décisions rendues en matière vente forcée
peuvent faire l’objet des vois de recours. Cependant en cette matière, l’exercice des
voies de recours obéit à des conditions particulières en raison bien entendu de la na -
ture de la décision à attaquer. Il s’agit de l’appel et de la cassation.

En définitive, le législateur OHADA devra profiter du chantier de la réforme de l’Acte


Uniforme portant Organisation des Procédures Simplifiées de Recouvrement et des
Voies d’Exécution pour reformer en profondeur la procédure de la saisie immobilière
en tenant compte des difficultés liées à la pratique pour limiter, les manœuvres dila-
toires du débiteur, mais aussi pour toiletter certaines dispositions et contribuer, in
fine, à l’efficacité de cette mesure d’exécution si indispensable pour la sécurisation
de l’investissement.

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