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A- L’injonction de payer
CONCLUSION
INTRODUCTION
Il importe de dire qu’en amont de la procédure devant le juge, il peut avoir une
procédure diligentée par l’huissier ou l’agent d’exécution. Même si elle n’est pas
foncièrement judiciaire, elle ne sera pas occultée. Il y a également les règles de
forme et de fond, tantôt relatives à la créance dont le paiement est réclamé, tantôt
relatives aux actes. Ces règles seront également examinées dans le sens qu’ils
conduisent à la saisine du juge. Mais au fond, il sera question d’analyser la
procédure tant dans sa chronologie que dans ses subtilités. Dès lors, la démarche
sera analytique et descriptive sans pour autant oublier de faire des brèches de
comparaison s’il y a lieu.
Les procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution sont en réalité
deux procédures aux régimes distincts. Il aurait été plus simple de les aborder en
trois parties pour des raisons d’équilibre du travail en termes de volume, mais à
cause du plan bipartite si cher au juriste, nous prenons le risque d’adopter un plan
bipartite qui reste également fidèle à la structure de l’acte uniforme.
Ainsi, nous verrons dans une première partie l’office du juge dans les procédures
simplifiées (I) avant d’aborder dans la deuxième partie, son office dans les voies
d’exécution (II).
I- LES PROCÉDURES SIMPLIFIÉES DE RECOUVREMENT
A- L’injonction de payer
4
Raymond Guillien et Jean Vincent, Lexiques des termes juridiques 14 e édition 2003 p 320.
- soit il acquiesce et l’ordonnance d’injonction de payer revêtue de la formule
exécutoire devient un titre exécutoire à son égard ;
A cette étape s’ensuit alors, le contentieux qui appelle du juge des réponses
concrètes se rattachant aux diverses questions qui lui seront posées. Toutefois,
l’orientation du dossier dépendra de la nature de la créance litigieuse. Ainsi, pour une
créance commerciale, le litige sera porté devant la juridiction commerciale et pour
une créance civile, il sera porté devant la juridiction civile. Aussi, convient-il de
préciser que la phase de l’opposition est précédée d’une phase précontentieuse
dirigée par la juridiction présidentielle.
Selon le cas, la juridiction saisit, prononce soit le rejet de la requête aux fins
d’injonction de payer, soit rend une décision d’injonction de payer.
5
Art.5, al 1er
au demandeur et leurs copies certifiées conformes sont conservées au greffe
(articles 5 et 6 de l’AU).
Le seul recours prévu par l’Acte Uniforme contre cette ordonnance est l’opposition.
Une fois la décision d’injonction de payer signifiée au débiteur, celui-ci peut former
dans un délai de quinze (15) jours, éventuellement augmenté des délais de distance,
par acte extrajudiciaire opposition contre ladite décision. Ce dernier est tenu, à peine
de déchéance, et dans le même acte que celui de l’opposition, de signifier son
recours à toutes les parties et au greffe de la juridiction ayant rendu la décision, et de
servir assignation à comparaître à une date fixe qui ne saurait excéder le délai de
trente (30) jours à compter de l’opposition. C’est donc de ce recours qui ouvre la
phase contentieuse.
En effet, la juridiction saisie procède à une tentative de conciliation qui, si elle aboutit,
est constatée par un procès-verbal de conciliation signé par les parties et le juge.
Une expédition de ce procès-verbal revêtue de la formule exécutoire constitue, par
conséquent, un titre exécutoire (article 12, alinéa 1er de l’AU).
Tout appel formé plus de trente jours après le prononcé de la décision sur opposition
doit être déclaré irrecevable pour cause d’ordre public. 9
6
Art. 14 AUPSR
7
Art. 15 AUPSRVE
8
CCJA, 3èmech., Arr.n°023/2012, 15 mars 2012, Aff. ASSEKE Fiacre C/FOFANA Siriki.
9
CCJA, 1ère ch., Arr.n°034/2013, 02 mai 2013, Aff. Monsieur KONE IBRAHIM/ Monsieur TRAORE ABOU
10
Art. 19 de l’AUPSRVE
Cette nouvelle procédure, régie par les articles 19 à 27 de l'Acte uniforme, a un
domaine d'application spécifique par rapport à l'injonction de payer : tandis que cette
dernière concerne les obligations de paiement d'une somme d'argent, l'injonction de
délivrer ou de restituer permet à celui qui se prétend créancier d'une obligation de
délivrance ou de restitution d'un bien meuble corporel déterminé de demander au
président de la juridiction compétente du domicile ou du lieu où demeure
effectivement le débiteur de l'obligation d'ordonner cette délivrance ou restitution.
L'article 20 précise que les parties peuvent déroger à cette règle de compétence au
moyen d'une élection de domicile prévue au contrat et que l'incompétence ne peut
être soulevée que par la juridiction saisie de la requête ou par le débiteur lors de
l'instance introduite par son opposition.
- l’identité de parties tels que les noms, prénoms, profession et domicile des
parties concernant les personnes physiques et la dénomination, forme et
siège social pour les personnes morales ;
a. La décision de rejet
11
Art.20 de l’AUPSRVE
12
Art. 21 de l’AUPSRVE
La juridiction saisie, peut, lorsque la requête ne lui parait pas fondée, la rejeter. En
cas de rejet, sa décision n’est susceptible d’aucun recours de la part du créancier
sauf à procéder selon les voies de droit commun. La requête et les documents
produits sont restitués au requérant13.
- soit par exploit d’huissier ou par lettre recommandée avec demande d’avis
de réception ou par tout moyen laissant trace écrite, faute de quoi, la
décision sera rendue exécutoire15.
13
Art. 24 de l’AUPSRVE
14
Art. 23 de l’AUPSRVE
15
Art. 25 de l’AUPSRVE
La décision portant injonction de délivrer ou de restituer est non avenue si elle n’a
pas été signifiée dans les trois (03) mois de sa date.
Il est important de préciser qu’en l’absence d’opposition dans le délai de quinze (15)
jours de la signification de l’ordonnance ou en cas de désistement du débiteur qui a
formé opposition, le créancier peut demander que l’ordonnance soit revêtue de la
formule exécutoire. Il doit faire cette demande dans les deux (02) mois qui suivent
l’expiration du délai d’opposition ou le désistement du débiteur sous peine de
caducité de l’ordonnance.16
16
Arrêt n0 22 du 21 mars 2003 rendu par la Cour d’appel de Ouagadougou entre la Société PATRUNO Sylvain et Société M.G.R. International), (CA Cotonou, Arr n o 67/99 du 29
avril 1999 dans l’affaire Monsieur ‘’A’’ C/ Société ‘’B’’.
II- LES VOIES D’EXÉCUTION
La saisie immobilière est une procédure permettant à un créancier muni d’un titre
exécutoire de poursuivre la vente d’un bien immobilier appartenant à son débiteur
afin de se faire payer sur le prix de vente. Elle constitue l’ultime recours du créancier
souvent excédé par la défaillance de son débiteur pour obtenir enfin le paiement de
sa créance.
Pourtant, la mise en œuvre de cette procédure n’est pas toujours aisée. La saisie im -
mobilière est une procédure très formaliste, complexe, onéreuse et longue dont le
succès est tributaire de la maitrise des arcanes de la procédure, mais aussi de la
dextérité de l’huissier instrumentaire.
- l’immatriculation préalable de l’immeuble à vendre
D’emblée, il importe de noter que seuls les immeubles immatriculés peuvent faire
l’objet d’une saisie immobilière. De ce fait, lorsque l’immeuble n’est pas immatriculé,
le poursuivant doit requérir l’immatriculation préalable conformément aux dispositions
de l’article 253 de l’AUVE.
Le commandement aux fins de saisie immobilière est un acte dressé par un huissier
de justice. Il est soumis aux dispositions régissant les actes d’huissier. Il doit contenir
l’entête de l’huissier instrumentaire, être daté, signé et contenir toutes les autres
mentions utiles pour la validité de l’acte, ajoutées à cela les mentions obligatoires
propres à la saisie immobilière.
- La publication du commandement
En vertu de l’article 263 de l’Acte Uniforme, les fruits naturels ou industriels, les
loyers et fermages recueillis postérieurement au dépôt du commandement ou le prix
qui en provient sont, sauf l’effet d’une saisie antérieure, immobilisés pour être distri -
bués avec le prix de l’immeuble. Ils sont déposés, soit à la caisse des dépôts et
consignations, soit entre les mains d’un séquestre désigné par le président du tribu-
nal compétent.
- Le délai de la publication
Le commandement doit être publié dans un délai de trois mois pour dater de la signi-
fication. Selon les dispositions de l’article 259 alinéa 3 de l’AUVE, si un commande-
ment n’a pas été déposé au bureau de la conservation foncière ou à l’autorité admi-
nistrative concernée dans les trois mois de la signification, puis effectivement publié,
le créancier ne peut reprendre les poursuites qu’en les réitérant. Cette disposition im-
parti un délai maximum de trois mois au poursuivant pour procéder à la publication
du commandement, faute de quoi, il devra réitérer son commandement.
L’article 266 de l’AUVE définit le cahier des charges comme un document rédigé et
signé par l’avocat du créancier poursuivant qui précise les conditions et modalités de
la vente de l’immeuble saisi. Il est déposé au greffe du Tribunal de Grande Instance
dans le ressort duquel se trouve l’immeuble dans un délai maximum de cinquante
(50) jours à compter de la publication du commandement à peine de déchéance.
Les formalités édictées par cette disposition étant prescrites à peine de nullité, la ré-
daction du cahier des charges doit mobiliser l’attention de l’avocat poursuivant,
l’omission de certaines mentions devra donner lieu à des contestations.
Lorsque les dires et observations sont déposés, l’audience éventuelle doit être tenue
afin qu’il soit statué sur leurs mérites. En vertu de l’article 272 de l’Acte Uniforme, ces
dires et observations doivent être jugés après échange de conclusions motivées des
parties, qui doit être effectué dans le respect du principe du contradictoire. Cela re-
vient à dire que le tribunal ne peut statuer sur ces dires qu’à l’issue d’un débat
contradictoire.
La date de l’audience
L’audience doit être tenue à la date fixée dans la sommation. Cette audience ne peut
avoir lieu moins de trente (30) jours après la dernière sommation. Ce qui revient à
dire qu’entre la date de la dernière sommation et celle de la tenue de l’audience
éventuelle, il doit s’écouler au minimum trente (30) jours, la jurisprudence rappelle
que cette date ne peut être fixée avant l’épuisement de ce délai.
Une fois fixée, la date de l’audience éventuelle ne peut faire l’objet de report.
-L’adjudication de l’immeuble
La vente est poursuivie devant la juridiction ayant plénitude de juridiction dans le res-
sort où se trouve l’immeuble. Dans l’organisation judiciaire du Bénin, le tribunal com -
pétent dont il s’agit est le Tribunal de Première Instance (TPI).
La vente forcée des immeubles dépendant d’une même exploitation et situés dans le
ressort de plusieurs juridictions se poursuit devant l’une quelconque de celles-ci
(Art.247 AUVE). Il faut préciser que la vente peut également être poursuivie en
l’étude du notaire convenue entre les parties. Néanmoins, même lorsque les parties
ont convenu de poursuivre la vente devant notaire, en cas de contestations,
Le déroulement de l’audience d’adjudication
L’audience d’adjudication obéit à un rituel assez particulier. A l’ouverture de l’au-
dience, il est procédé à la vente sur la réquisition, même verbale, de l’avocat du
poursuivant ou de tout créancier inscrit. Celui-ci indique publiquement le montant des
frais de poursuite préalablement taxés par le président du tribunal. Cette réquisition,
souvent verbale, donne l’occasion à l’avocat poursuivant de rappeler, sommaire-
ment, les faits de la cause, les diligences accomplies avant de requérir la vente de
l’immeuble.
Les formalités postérieures à l’adjudication
Si l’adjudication peut être considérée comme la fin de la procédure judiciaire lorsque
la vente s’est déroulée sans incident, elle constitue le point de départ pour l’accom-
plissement de certaines formalités consécutives à celle-ci.
-La déclaration d’adjudicataire
L’article 286 alinéas 1 de l’AUVE impose à l’avocat, dernier enchérisseur de déclarer
l’adjudicataire et de fournir son acceptation ou de représenter son pouvoir, lequel de-
meure annexé à la minute de la déclaration judiciaire ou notariée, sinon il est réputé
adjudicataire en son nom.
-la procédure
Si le législateur OHADA a défini le cahier des charges, il n’a pas défini ce qu’il enten-
dait par incident de la saisie immobilière. C’est la jurisprudence qui s’est chargée de
définir cette notion. Celle-ci considère comme incident de la saisie immobilière, «
toute contestation née de la procédure de saisie ou qui s’y réfère directement et qui
est de nature à exercer une influence immédiate et directe sur cette procédure ».
-L’acte de contestation
Selon les dispositions de l’article 298 de l’AUVE, toute contestation ou demande inci-
dente relative à une poursuite de saisie immobilière formulée postérieurement à la si-
gnification du commandement est formée par simple acte d’avocat contenant les
moyens et conclusions.
-Le moment de la contestation
Le délai imparti au contestataire est lié à l’objet de l’incident. En vertu de l’article 299
alinéa 1, toutes les contestations doivent être soulevées avant l’audience éventuelle
et ce à peine de déchéance. Il sera rappelé que cette audience est consacrée à sta -
tuer sur les contestations qui peuvent surgir à l’occasion de la procédure de saisie
- Les principaux incidents
L’Acte Uniforme distingue quatre types d’incidents à savoir les incidents nés de la
pluralité de saisie, les demandes en distraction, les demandes en annulation de la
saisie et la folle enchère
- La subrogation
La subrogation sanctionne la défaillance du premier poursuivant. Aux termes des dis-
positions de l’article 304 de l’AUVE, faute pour le premier saisissant d’avoir poursuivi
sur la seconde saisie à lui dénoncée, le second saisissant peut, par un acte écrit
adressé au conservateur de la propriété foncière, demander la subrogation.
L’action en distraction des biens peut encore être présentée après l’audience éven-
tuelle mais seulement, à peine de déchéance, jusqu’au huitième jour avant l’adjudi -
cation.
- La folle enchère
La folle enchère est un incident de la saisie immobilière tendant à mettre à néant
l’adjudication en raison du manquement de l’adjudicataire à ses obligations afin de
provoquer une nouvelle vente aux enchères de l’immeuble. Deux conditions, au de-
meurant non cumulatives, peuvent justifier l’ouverture d’une folle enchère selon l’ar-
ticle 314 de l’AUVE.
- Le créancier unique
En présence d’un seul créancier le juge n’intervient pas et la répartition est plus ai -
sée. Le produit de la vente est remis à celui-ci jusqu’à concurrence du montant de sa
créance, en principal, intérêts et frais, dans un délai de quinze (15) jours, au plus
tard, à compter du versement du prix de la vente. Dans le même délai, le solde est
remis au débiteur. A l’expiration de ce délai, les sommes qui sont dues produisent in -
térêt au taux légal (art.324)