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Les procédures de recouvrement de

créances en matières civile, commerciale


et fiscale: Ressemblances et Différences

Me Rheims MASHAKO RULEMA


Directeur de l’Inspection, Législation, Etudes et Contentieux à la DGR-NK
1

© septembre 2018
2 Plan sommaire
 Procédure, quid ?
 Recouvrement, quid ?
 Créance, quid ?
 Créance civile, quid ?
 Créance commerciale, quid ?
 Créance fiscale, quid ?
 Procédures de recouvrement des créances civiles
 Procédures de recouvrement des créances commerciales
 Procédures de recouvrement des créances fiscales
 Ressemblances et dissemblances entre les trois (3) types de procédure
 Conclusion
3 Procédure, quid ?
 Syntaxiquement, le mot procédure dérive du verbe procéder, lequel, étymologiquement
provient du verbe latin « procedere,o » qui signifier avancer, marcher
 Donc, étymologiquement parlant, « procédure » veut tout simplement dire une marche, un
cheminement, une voie à suivre;
 Dans le sens courant, « procédure » signifie manière de faire pour aboutir à un résultat;
 En informatique, une « procédure » est une suite de commandes simples regroupés sous un
label dans le but d’obtenir à leur exécution un résultat donné;
 En droit (et c’est le sens qui nous intéresse ici), une « procédure » est un ensemble de
règles qui détermine l’organisation et la compétence des juridictions (cours et tribunaux
voire de certaines administrations spécialisées) ainsi les modalités de leur saisine,
d’instruction des affaires (litiges) devant elles, de prise de décisions par elles et
d’exécution de décisions ainsi prises
4 Recouvrement, quid ?
 Syntaxiquement, recouvrement dérive du verbe « recouvrer »; lequel, étymologiquement
vient du verbe latin « recuperare » qui veut dire tout simplement « récupérer », rentrer en
possession de quelque chose qu’on avait perdu (recouvrer la santé par exemple);
 Ainsi, étymologiquement parlant, « recouvrement » veut dire donc « reprise de ce qui vous
est dû »
 Dans le sens courant, « recouvrement » signifie « action de recevoir paiement d’une
somme due »; ce recouvrement peut être amiable ou forcé;
 Dans le sens fiscal et des finances publiques en République Démocratique du Congo,
« recouvrement » renvoie uniquement à la quatrième et dernière étape de perception des
recettes publiques.
5 Créance, quid ?
 Syntaxiquement, « créance » dérive du verbe « creire » qui est une ancienne forme du
verbe « croire »;
 En vieux français, « créance » voulait donc dire « le fait de croire en la vérité de quelque
chose » (comme dans le passage de Baudelaire « les récits de Marco Polo … méritent notre
créance ») ou « confiance qu’une personne inspire » (comme dans ce extrait de Pascal
« Perdre toute créance dans les esprits »)
 Actuellement, en français courant, « créance » veut dire « droit en vertu duquel une
personne (le créancier) peut exiger de quelqu’un (le débiteur) quelque chose; « créance »
ici est donc le contraire d’une dette;
 Par extension, « créance » peut aussi désigner le titre établissant ce droit (de créance);
 Juridiquement, « un droit de créance » est un droit qu’une personne a sur une autre par
opposition au « droit réel » qui est un droit qu’une personne a sur une chose;
6 Créance civile, quid ?

 Une créance civile, est une créance qui a un caractère civil c’est-à-dire non commercial
(exemple : acheter pour consommer).
7 Créance commerciale, quid ?

 Une créance commerciale est une créance à caractère commercial c’est-à-dire une créance
contractée dans le cadre d’une activité commerciale;
 Une activité commerciale est une activité exercée par des commerçants;
 Un commerçant est une personne qui exerce habituellement des actes qualifiés de
commerciaux par la loi (exemple : acheter pour vendre)
8 Créance fiscale, quid ?

 Grammaticalement, une créance fiscale est une créance relative au fisc (fisc signifiant
étymologiquement « panier où l’on met l’argent » et de manière figurée « caisse publique »
ou « trésor public »);
 Juridiquement, une créance fiscale est une créance ayant comme source une loi fiscale, un
impôt légalement établi;
 Dans le sens vulgaire, créance fiscale s’entend aussi des créances de l’Etat ayant comme
sources des recettes non fiscales (taxes, redevances et autres droits) voir même celles
relevant de la parafiscalité (cotisation INSS, INPP, …)
9 Créance recouvrable, créance non recouvrable,
quid ?
 Une créance recouvrable est celle dont on peut exiger le paiement par toutes les voies de
droit (amiables ou forcées);
 Pour cela, la créance doit être:
 Certaine, c’est-à-dire sa validité ne doit pas faire l’objet d’un doute
 Liquide, c’est-à-dire son chiffre (montant) est exactement déterminé
 et Exigible, c’est-à-dire son exécution peut être actuellement exigée
 Une créance qui ne revêt aucun de ces trois (3) critères n’est pas juridiquement
recouvrable.
10 Sources d’une créance

 Les sources d’une créance ne peuvent être que:


 La loi stricto sensu (impôt, délits et quasi-délits);
 Une convention (contrat);
 ou Un quasi-contrat (gestion d’affaires, paiement de l’indu , enrichissement sans cause, …)
 Une créance qui ne revêt aucun de ces trois (3) critères constitue juridiquement une
créance non recouvrable.
11 Procédures de recouvrement des créances
civiles
 Une créance civile se recouvre soit volontairement soit par voie forcée
 Si, par voie volontaire (amiable), il n’y a pas de formalité particulière, le recouvrement s’opère soit
par paiement pure et simple à l’échéance ou avant l’échéance soit par avènement d’un des faits
suivants extinctifs d’obligations :
 La novation(nouvelle dette qui efface l’ancienne, nouveau débiteur qui remplace l’ancien, nouveau
créancier qui remplace l’ancien envers qui le débiteur est déchargé);
 La remise volontaire de dette;
 La compensation (le deux parties sont réciproquement créanciers et débiteurs l’un de l’autre);
 La confusion;
 La perte fortuite de la chose due;
 La nullité (violation des conditions de validité de l’acte valant titre de la créance) ou la rescision (annulation
pour lésion);
 L’effet de la condition résolutoire (cas d’assurance vie en cas de vie ou en cas de mort);
 La prescription acquisitive (faculté légalement reconnue à un débiteur de ne plus être tenu de ses obligations
vis-à-vis de son (ses) créancier (s) du fait qu’il s’est écoulé un laps de temps déterminé depuis la dernière
réclamation par ce(s) dernier(s) de leur(s) droit(s))
12 Procédures de recouvrement des créances
civiles (suite)
 Si, par voie forcée, le créancier est tenu à certaines formalités sous peine d’irrecevabilité de son action
c’est-à-dire de ne pas voir aboutir son action;
 Lesdites formalités sont les suivantes:
 Mise en demeure préalable du débiteur par sommation soit judiciaire (c’est-à-dire signifiée par un huissier de
justice) soit courtoise (c’est-à-dire signifiée par le créancier lui-même ou son conseil [avocat ou défenseur
judiciaire]);
 La saisine des Cours et Tribunaux compétents pour faire constater juridiquement et contradictoirement sa
créance (vérifier son existence en droit et son caractère recouvrable) et obtenir du juge une décision définitive
exécutoire permettant son recouvrement forcée;
 Signification d’un commandement préalable à l’exécution du jugement ou de l’arrêt suivi d’un itératif-
commandement;
 Exécution forcée du jugement soit par saisie-vente des biens meubles ou immeubles du débiteur soit par avis à
tiers détenteur (saisie-attribution) soit par déguerpissement des lieux soit par destruction de tout acte à l’origine
du trouble de jouissance soit par tout autre voie de droit imaginable;
 Si, en raison de certaines circonstances, le respect de la procédure ci-haut peut rendre difficilement recouvrable
la créance du débiteur, il existe une possibilité pour le créancier d’opérer, sur autorisation du Tribunal
compétent, une saisie-conservatoire sur les biens du débiteur sous réserve de la validation de cette saisie par le
Tribunal dans le délai fixé par l’ordonnance ayant autorisé cette saisie-conservatoire aux fins de vendre
publiquement le bien saisi;
13 Procédures de recouvrement des créances
commerciales
 A l’instar d’une créance civile, une créance commerciale se recouvre soit volontairement soit de manière
forcée;
 Pour le recouvrement volontaire, ce qui a été dit pour le recouvrement amiable des créances civiles est ici
valable.
 Pour le recouvrement forcée en revanche, le droit OHADA a institué une procédure simplifiée dont les
caractéristiques suivent:
 Saisine non contradictoire du Tribunal compétent pour obtenir signification au débiteur d’une injonction judiciaire
(de payer ou de délivrer ou restituer une chose) pour les créances estimées certaine, liquide et exigible par le juge ou
celles résultant soit d’une cause contractuelle ou de l’émission ou acceptation d’un effet de commerce (lettre de
change, billet à ordre, warrant, …) ou d’un chèque dont la provision s’est révélée inexistante ou insuffisante;
 Possibilité de saisie-conservatoire avant la mise en œuvre des mesures d’exécution proprement dites;
 Si non-exécution volontaire ou non-opposition dans les délais par le débiteur, l’injonction est revêtue d’une formule
exécutoire à la requête du créancier et devient apte à recevoir les mesures d’exécution (saisie-vente des biens
meubles corporels, saisie-attribution des créances, saisie et cession des rémunérations, saisie-appréhension et saisie-
revendication des biens meubles corporels, saisie des droits d’associés et de valeurs mobilières, saisie immobilière);
 Saisine et exécution de droit commun pour les créances commerciales jugées par le Tribunal comme non conformes
aux conditions éligibles à la procédure simplifiée d’injonction;
14 Procédures de recouvrement des créances
fiscales
 Une créance fiscale est établie soit par une déclaration libre de l’assujetti soit par un redressement
contradictoire ou d’office d’une situation fiscale d’un assujetti effectué par l’Administration Fiscale;
 Son recouvrement ne peut être que soit amiable soit forcé;
 Dans l’amiable, le recouvrement s’opère soit par paiement pur et simple de la créance dans les délais
soit par le dégrèvement ou la prescription;
 Dans l’hypothèse d’un recouvrement forcé, ces créances sont recouvrées soit par voie d’une mise en
demeure soit d’une mise en recouvrement suivi des contraintes fiscales donnant lieu à signification
d’un commandement à payer préalable à l’exécution des mesures de poursuite,
 Exécution des mesures de poursuite (saisies-ventes, avis à tiers détenteurs et fermeture provisoire
d’établissement par apposition des scellés) au choix de ceux qui les mettent en œuvre;
 Possibilité d’une saisie conservatoire à la requête du Receveur mais sous autorisation du Directeur
compétent de l’Administration Fiscale et validation de celui-ci dans les deux (2) mois de ladite saisie
15 Ressemblances et dissemblances entre les trois
(3) procédures de recouvrement
 Comme l’on peut le remarquer, les trois procédures ci-haut évoquées comportent des
ressemblances et de différences.
 Quant aux ressemblances, il y a lieu de noter sommairement et sans prétention à
l’exhaustivité :
 Admission de deux (2) modes de recouvrement (amiable et forcé)
 Imposition d’un préalable d’une mise en demeure (sommation, injonction, avis de mise en
recouvrement) avant exécution de toute mesure d’exécution forcée
 Nécessité d’une décision exécutoire comme soubassement à toute mesure de recouvrement forcé
 Le paiement, la remise de créance ou la prescription comme issues probables communes
 Possibilité d’une saisie conservatoire dans certaines circonstances pour préserver les droits du
créancier
16 Ressemblances et dissemblances entre les trois
(3) procédures de recouvrement (suite)
 Quant aux dissemblances, il y a également lieu de noter sans également prétention à
l’exhaustivité :
 Certaines solutions spécifiques propres à chaque procédure telle la compensation qui a cours en
procédures civile et commerciale mais non admise en procédure fiscale
 Caractère public et contradictoire de la procédure en matière civile alors que celles commerciales
et fiscales sont principalement inquisitoriales et non publiques
 Intervention incontournable des Cours et Tribunaux dans les procédures de recouvrement forcées
des créances civiles et commerciales alors que pour les créances fiscales l’Administration Fiscale
en est dispensée en vertu des principes du privilège du préalable et d’exécution d’office de ses
décisions
 Admission, même après paiement, d’un recours particulier et exceptionnel en matière fiscale (le
recours en dégrèvement) qui n’existe pas en matière civile ou commerciale où il est de principe
que le paiement vaut acceptation de la dette;
17 Conclusion

 Au regard de ce qui précède, il est clair que l’Administration Fiscale dispose des
prérogatives exorbitantes en matière de recouvrement des créances fiscales;
 Elle n’a donc pas de prétexte pour ne pas renflouer les caisses de l’Etat;
 Pour cela, elle n’a d’autres bras que ses agents parmi lesquels les inspecteurs, receveurs et
huissiers fiscaux ici présents jouent un rôle clé;
 Raison pour laquelle la moindre défaillance est sanctionnée sévèrement;
 D’où l’importance des présentes assises;
 A chacun de les capitaliser pour ne pas subir la rigueur de l’adage « à un ignorant possible
pardon, mais à celui qui connaît point d’excuses »;
 Merci pour votre attention.

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