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Recouvrement des créances impayées : Comment s’y prendre ?

Dysfonctionnements de la gestion, fragilisation de la trésorerie, risque de faillite, les conséquences d’un


mauvais recouvrement des créances impayées peuvent mettre en péril la vie d’une entreprise. Le client qui
est la ressource principale de la richesse d’une entreprise pourrait être à l’origine de sa perte.

Comment recouvrer ses créances impayées ?

Le recouvrement des créances est une activité réglementée dont l’objet est l’utilisation de tous les moyens
amiables et judiciaires en vue d’obtenir le paiement d’une créance impayée.

Le règlement amiable est le moyen idéel de recouvrement. Durant cette phase, la relance téléphonique,
ainsi qu’une visite du débiteur à domicile sont vivement recommandées.

Si les deux démarches s’avèrent infructueuses, il faut donc passer à l’étape supérieure, sans pour autant
recourir aux tribunaux. Il s’agit de l’envoi d’une lettre de relance, qui ne doit pas laisser de doute chez le
débiteur qu’il est en situation irrégulière vis-à-vis de l’entreprise créancière, c’est-à-dire qu’il a un impayé
à régler.

Au cas où ces démarches sont restées vaines, il convient de ne plus hésiter à envoyer une mise en demeure
en bonne et due forme.Cette procédure vise à rappeler au débiteur éventuellement la caution, ses
engagements, ses carences et la sanction prévue par la loi et la convention le cas échéant, tout en lui
accordant un délai pour lui permettre d’honorer ses engagements.

Pour les créanciers détenteurs de titre exécutoire, le Code de Procédure Civile et Administrative (CPC&A)
prévoit la signification d’une sommation de payer qui est obligatoire en application de l’article 612 qui
dispose que toute exécution forcée doit être précédée de la signification au poursuivi avec un
commandement d’avoir à se libérer de l’obligation contenu dans le titre exécutoire dans un délai de 15
jours.

Après avoir effectué ses formalités obligatoires, l’exécution sur l’ensemble des biens du débiteur peut être
entamée. Des procédés d’exécution forcée peuvent être engagés qui consistent pour le créancier de faire
placer sous la main de la justice les biens de son débiteur, en vue de les faire vendre par la suite et se faire
payer sur le prix.

Ce qu’en pensent les spécialistes

Les spécialistes estiment que plus le client est relancé tôt, plus les démarches auprès se sont avérés
fructueuses. L’expérience du terrain a démontré que les clients rebelles dès qu’ils sont saisis par les
services juridiques des entreprises ou les avocats, les huissiers de justices, réagissent souvent positivement
et se présentent pour régulariser leurs impayés.

L’Algérie est à la traîne

Dans le dernier rapport Doing Business, l’Algérie a été classée à la 71 eme place en matière de règlement
d’insolvabilité en 2018. Ce rapport se base sur plusieurs critères dont la durée de recouvrement des
créances au sein des tribunaux. Pour notre pays, les procédures de recouvrement sont relativement longues.
Il faut en moyenne une année et trois mois alors qu’au Japon cette procédure ne dépasse pas 6 mois.

Selon le même document, le ratio du taux de recouvrement est de 50.08 cents/dollar. Les Japonais sont la
référence ultime avec 93.44 %. Pour ce qui est des frais de justice, prélèvements dus à l’Etat, frais
engagés pour payer les administrateurs judiciaires, les experts et juristes indépendants relèvent que ces
dépenses correspondent, en Algérie à 7% de la valeur du patrimoine du débiteur. Alors qu’au Japon, les
frais procéduraux ne dépassent pas les 4,2% de la valeur du bien.
Par recouvrement, on entend la perception des sommes dues, mais également toutes les opérations tendant
à obtenir ces sommes, même sans résultats. Sa préoccupation finale est de garantir la créance jusqu’à
allier le judiciaire et l’amiable. .

Le Recouvrement amiable

Il est recommandé de toujours privilégier la solution amiable.

Si le règlement d’une facture n’a pas été effectué au terme du délai de paiement défini dans les conditions
générales de vente, le créancier, via son service commercial ou comptable, est en mesure de contacter le
débiteur afin de le sensibiliser. Le retard de paiement peut procéder du simple oubli ou d’une erreur
administrative.

La relance téléphonique:

Le créancier usera en premier lieu de procédés courtois pour aboutir au paiement de sa créance, via le
rappel téléphonique notamment, et dans le but de réaliser un recouvrement efficace, il est recommandé de
placer les premières relances téléphoniques avant même la date d’échéance de la créance, comme rappel
courtois afin de pousser le client à préparer le paiement à temps.

Toutefois, la relance téléphonique est coûteuse en temps et en argent. Elle est déconseillée lorsqu’il s’agit
d’un recouvrement de masse surtout dans le cas où la tache du recouvrement des créances n’est pas
spécialisée chez un service dédié mais confiée comme tache additionnelle à des départements comme le
service comptable ou financier, voir le service commercial. De plus en plus d’entreprises s’orientent vers
l’externalisation de cette tâche avec des agences de recouvrement spécialisées dans la relance à temps.

Le seconde étape consiste à passer vers la relance « face à face ». Le but c’est de créer une communication
directe avec son débiteur.

Il sera question au préalable de bien préparer la rencontre, d’établir les questions à lui poser pour l’amener
à prendre l’engagement ferme de vous octroyer ce qui vous est dû dans les meilleurs délais. L’objectif c’est
d’être convaincant et de décider astucieusement le débiteur à s’acquitter de sa dette. Si l’appel ou la visite
client sont infructueuses, une procédure de recouvrement est alors enclenchée. Ce travail peut être confié
à une Société de Recouvrement spécialisée, mais il est tout-à-fait possible de le gérer en interne à condition
d’y consacrer suffisamment de temps.

Prévoyez des dates à l’avance pour l’envoi d’une première lettre de relance, puis d’une mise en demeure si
rien n’évolue dans le sens souhaité.

La lettre de relance:

La lettre de relance doit être rédigée de manière courtoise mais de sorte à faire remarquer au client que
l’impayé n’a toujours pas été honoré. Elle peut être envoyée par courrier simple et ne constitue pas un
préalable obligatoire à une future action de recouvrement. Le créancier peut proposer une voie amiable
pour sortir de cette situation, par exemple un échéancier de remboursement,

Les relances Mixtes

Pour optimiser la relance amiable et encaisser plus rapidement tout en gardant intacte la relation
commerciale, on pourrait opter pour des relances mixtes. Sauf que la Relance varie suivant les différents
profils du Débiteur.
 Payeur négligent : Il prend souvent quelques jours, attend d’être relancé, a égaré la facture, vous
répond que le chèque est « à la signature », il faut le relancer très commercialement, mais rapidement, avec
un suivi plutôt serré sur la transmission et la réception de la facture, et sur les délais de paiement.
 Mauvais payeur : qui a les moyens de vous payer, il veut juste l’employer à son profit : il veut
payer le plus tard possible voire jamais si vous lui en laissez l’occasion. Usez d’au moins deux types de
relances (relance mixte) à l’instar des rappels téléphoniques et correspondances fermes pour qu’il ressente
la pression d’honorer à ses engagements. Recourir sans tarder au contentieux.
 Insolvable : il ne peut pas vous payer, du moins pour le moment si ses difficultés de trésorerie ne
sont que passagères. Faire usage de pression s’il s’agit d’une petite somme ; mixer les relances pour obtenir
rapidement un paiement partiel et tenter de mettre en place un échelonnement.
 Payeur administratif : il paie toujours très lentement, en raison de la complexité de ses circuits ou
d’une exagération de paperasse : comprendre ses circuits et nouer de bonnes relations avec les personnes
chargées de l’ordonnancement pour parvenir de manière astucieuse à mieux aligner votre paiement.

La phase pré-contentieuse

L’expérience à démontré que les clients récalcitrant dès qu’ils sont saisi par les services juridiques des
Entreprises ou les avocats, se présentent pour régulariser leur situation d’impayée. La pratique prouve
qu’en matière de recouvrement la rigueur est bien plus payante que le laxisme.

Un client qui a quelques difficultés de trésorerie, paiera les créanciers qui se montrent déterminés et
inflexibles sur le respect des échéances. La procédure doit être rigoureuse pour la phase pré-contentieuse de
recouvrement. La relance doit être segmentée en plusieurs étapes chaque fois plus ferme. Il est important
d’être cohérent et progressif. durant cette phase pré contentieuse, des prorogations de paiement pourront
être mises en place selon un échéancier bien déterminé. Un règlement amiable plutôt que d’en découdre
devant les Tribunaux Quoi qu’il en soit: L’accord d’un moratoire ne se fera pas sans contrepartie, et des
garanties de paiement seront exigées, Pour plus de sécurité, le principe devra être formalisé par écrit,
accepté et signé par le client.

La prorogation de paiement ne pourra être acceptable que sur une courte durée, Des pénalités de retard
devront être facturées au client, Une clause de déchéance du terme doit être insérée dans l’accord. Au cas
ou cette démarche reste infructueuse, ne pas hésiter à l’envoi d’une mise en demeure.

La lettre de Mise en Demeure:

Cette lettre constitue une sommation de payer et peut également servir de date de départ au calcul des
intérêts de retard sur le montant impayé en cas de procédure. Elle vise à rappeler au débiteur et
éventuellement la caution, ses engagements, sa carence et la sanction prévue par la convention tout en lui
accordant un délai pour lui permettre d’honorer ses obligations.

Caractéristiques de la mise en demeure:

C’est une relance officielle et la dernière avant le déclenchement d’une action judiciaire. Elle doit
comporter une description de la créance, son objet, la date, les frais et accessoires et la date d’échéance; le
délai accordé pour le règlement de et/ou des impayés; la date d’établissement, cachet et signature de
l’Entreprise et la menace de recourir à des procédures judiciaires. Pour lui donner un caractère plus formel,
cette lettre peut également être présentée par un huissier de justice. Le CPC&A en son article 612 et
suivant, dispose que toute exécution forcée doit être précédée de la signification au poursuivi avec un
commandement d’avoir à se libérer de l’obligation contenu dans le titre exécutoire dans un délai de 15
Jours.
L’exécution sur les biens:

Elle constitue le moyen le plus usuel et elle est justifiée par des textes fondamentaux. L’exécution sur les
biens est la conséquence du principe selon lequel le patrimoine du débiteur constitue un gage générale pour
ses créanciers.

L’exécution forcée:

L’exécution forcée n’est admise par la loi que sous certaines conditions:

 Justifier d’un titre lui permettant de requérir les moyens d’exécution,


 Se référer à l’autorité judiciaire car il ne peut exécuter lui-même
 Devra solliciter l’autorité administrative si, l’exécution forcée nécessite le concours de la force
publique.

Les procédures de recouvrement judiciaire:

L’injonction de payer:

C’est une procédure simplifiée et dérogatoire du droit commun en application des dispositions des articles
«306 à 309 du CPC& & A. Elle permet au créancier le recouvrement de ses créances par l’obtention du
président du tribunal d’une ordonnance. Elle a le mérite d’être relativement rapide et de pouvoir être
utilisée quel que soit le montant de la créance à recouvrer.

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