Vous êtes sur la page 1sur 165

«  

Le besoin de paix n’est pas inconciliable avec


le besoin de justice et … du reste, la meilleure
paix, qui s’inscrit dans la durée, est celle qui ne
laisse jamais inassouvi le besoin de justice.  »

Extrait d’une lettre ouverte des syndicats


des magistrats du Burkina -
Ouagadougou, le 21 septembre 2015.
SOMMAIRE

Avant-propos ............................................................................................. i
Abréviations ............................................................................................... ii

JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF


Loi organique n° 032-2018/AN du 26 juillet 2018 portant
composition, organisation, attributions et fonctionnement
du Conseil d’Etat et procédure applicable devant lui ........................... 3
Loi n° 010-2016/AN du 26 avril 2016 portant création,
composition, organisation, attributions, fonctionnement
de la Cour administrative d’appel et procédure
applicable devant elle ......................................................................... 37
Loi n° 011-2016/AN du 26 avril 2016 portant création,
composition, attributions, fonctionnement des tribunaux
administratifs et procédure applicable devant eux.............................. 57

COMPETENCES & PROCEDURES DIVERSES


Loi n° 14-2001/AN du 03 juillet 2001 portant
code électoral, ensemble ses modificatifs ........................................... 81
Loi n° 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant
régime foncier rural .......................................................................... 103
Loi n° 34-2012/AN du 02 juillet 2012 portant
réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso .......................... 109
Loi n° 039-2016/AN du 2 décembre 2016 portant
règlementation générale de la commande publique.......................... 131
Loi n° 058-2017/AN du 20 décembre 2017 portant
code général des impôts du Burkina Faso ........................................ 143
AVANT-PROPOS

Le « Code de justice administrative » est une édition du ministère de


la Justice. Il vise à rendre plus accessibles et à vulgariser les textes
relatifs aux juridictions administratives (Conseil d’Etat, Cour d’appel
administrative et tribunaux administratifs).

Le présent ouvrage comprend deux parties :

La première partie du code est un recueil des lois relatives aux


différentes juridictions administratives du Burkina Faso, à savoir :

! la loi organique n° 032-2018/AN du 26 juillet 2018 portant


composition, organisation, attributions et fonctionnement du
Conseil d’Etat et procédure applicable devant lui ;
! la loi n° 010-2016/AN du 26 avril 2016 portant création,
composition, organisation, attributions, fonctionnement de la
Cour administrative d’appel et procédure applicable devant
elle.
! la loi n° 011-2016/AN du 26 avril 2016 portant création,
composition, attributions, fonctionnement des tribunaux
administratifs et procédure applicable devant eux.

La deuxième partie du code comprend des extraits des lois


régissant des matières relevant de la compétence des juridictions
administratives ainsi que des procédures applicables devant elles.

L’objectif de cette compilation d’extraits de lois est de permettre


aux praticiens du droit d’avoir plus facilement accès aux textes les
plus utilisés dans la gestion du contentieux administratif.

i
Il s’agit des textes suivants:

! Loi n° 14-2001/AN du 03 juillet 2001 portant code électoral,


ensemble ses modificatifs ;
! Loi n° 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier
rural ;
Loi   n°   34-­‐2012/AN   du   02   juillet   2012   portant   réorganisation  
agraire  et  foncière  au  Burkina  Faso  ;  
! Loi n° 039-2016/AN du 2 décembre 2016 portant
règlementation générale de la commande publique ;
! Loi n° 058-2017/AN du 20 décembre 2017 portant code
général des impôts du Burkina Faso.

Ouagadougou, le 22 février 2019

Le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux

Bessolé René BAGORO

ii
LISTE DES ABREVIATIONS

Al. : Alinéa
Arr. : Arrêt
Art. : Article
CAA : Cour administrative d’appel
CE : Conseil d’Etat
CEDH : Cour européenne des droits de l'homme
Infra : Ci-dessous
J.O.BF : Journal officiel du Burkina Faso
L. : Loi
n° : Numéro
Op. cit. : Précité
Ord. : Ordonnance
p. : Page
Parag. ou § : Paragraphe
Rec. : Recueil
ss. : et suivants
Supra : Ci-dessus
TA : Tribunal administratif
TC : Tribunal des conflits
V. : Voyez

iii
JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF
Conseil d’Etat  

BURKINA FASO IVE REPUBLIQUE


---------- ------------
UNITE - PROGRES - JUSTICE SEPTIEME LEGISLATURE
----------
ASSEMBLEE NATIONALE

LOI ORGANIQUE N° 032-2018/AN


PORTANT COMPOSITION, ORGANISATION,
ATTRIBUTIONS ET FONCTIONNEMENT DU CONSEIL
D’ETAT ET PROCEDURE APPLICABLE DEVANT LUI.1 2

L’ASSEMBLEE NATIONALE

Vu la Constitution ;
Vu la résolution n° 001-2015/AN du 30 décembre 2015 portant
validation du mandat des députés ;

a délibéré en sa séance du 26 juillet 2018


et adopté la loi organique dont la teneur suit :

TITRE I : DES DISPOSITIONS GENERALES

Article 1 :
La présente loi organique fixe les règles relatives à la composition, à
l'organisation, aux attributions, au fonctionnement du Conseil d'Etat
et à la procédure applicable devant lui.
                                                                                                                         
1 Loi promulguée par décret n° 2018-798/PRES du 20 septembre 2018, J.O.BF.
n° 40 du 04 octobre 2018, p. 2774).
2 Nota bene. Que ce soit pour cette loi ou pour les deux autres, les différentes notes

de bas de page ne font pas partie des versions officielles qui ont été publiées au
Journal officiel. Elles sont insérées dans le but uniquement d’éclairer le lecteur.
3
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 2 :
Le Conseil d'Etat est la juridiction supérieure de l'ordre
administratif.3

Article 3 :
Le Conseil d'Etat bénéficie de l'autonomie financière.
Les crédits nécessaires à son fonctionnement sont inscrits sous formé
de dotation dans la loi de finances.

TITRE II : DE LA COMPOSITION
ET DE L'ORGANISATION

CHAPITRE 1 : DE LA COMPOSITION

Article 4 :
Le Conseil d'Etat comprend des membres magistrats et des membres
non magistrats.
Le Conseil d'Etat se compose :
- d'un premier président ;
- de présidents de chambre ;
- de conseillers ;
- d'un commissaire du gouvernement ;4

                                                                                                                         
3 V. également les art. 124 à 128 de la Constitution du 2 juin 1991.
4 L'appellation « commissaire du gouvernement » fut introduite en 1849. Dans l'arr.
Esclatine du 29/07/1998, le CE décrit ainsi le rôle du commissaire du
gouvernement : il « a pour mission d'exposer les questions que présente à juger
chaque recours contentieux et de faire connaître, en formulant en toute
indépendance ses conclusions, son appréciation, qui doit être impartiale, sur les
circonstances de fait de l'espèce et les règles de droit applicables ainsi que son
opinion sur les solutions qu'appelle, suivant sa conscience, le litige soumis à la
juridiction à laquelle il appartient » ; il n'est pas une partie au litige et prononce
ses conclusions après la clôture de l'instruction, ces conclusions n'étant pas soumises
à une discussion contradictoire par les parties.
4
Conseil d’Etat  

- d'un premier commissaire du gouvernement adjoint ;


- de commissaires du gouvernement adjoints ;
- d'un secrétaire général ;
- d'un greffier en chef, chef de greffe ;
- de greffiers en chef ;
- de greffiers ;
- de secrétaires de greffes et parquets.

Article 5 :
Le premier président est nommé par décret simple du Président du
Faso, après avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature.5

                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Le 7 juin 2001, la Cour européenne des droits de l'homme, dans l'arr. Kress c/
France, juge que le rôle du commissaire du gouvernement est contraire au droit à
un procès équitable. Par conséquent son rôle même est une atteinte à l'art. 6-1 de
la Convention européenne des droits de l'homme. La France entreprit alors des
réformes. Ainsi, à compter de décembre 2005, le commissaire « assiste au
délibéré. Il n’y prend pas part. ». Puis, depuis le 1er/09/2006, au sein des TA et
des CAA : « la décision est délibérée hors la présence des parties et du
commissaire du gouvernement », tandis qu’au CE « sauf demande contraire d’une
partie, le commissaire du gouvernement assiste au délibéré. Il n’y prend pas
part. » Toujours pour clarifier son rôle, le commissaire au gouvernement prend le
nom de « rapporteur public » en 2009. Le but est donc d'éviter quelques
ambiguïtés ou quelques erreurs concernant la fonction. Enfin, à compter du
1er/02/2009, « les parties ou leurs mandataires peuvent présenter de brèves
observations orales après le prononcé des conclusions du rapporteur public »…
5 V. la loi organique n° 49-2015/CNT du 25 août 2015 portant organisation,
composition, attributions et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature
(promulguée par décret n° 2015-1231 du 29 octobre 2015, J.O.BF. Spécial n° 1
du 07 janvier 2016, p. 14).
V. notamment les dispositions suivantes :
« Art. 15 : Le Conseil supérieur de la magistrature fait des propositions sur les
nominations et les affectations des magistrats du siège de la Cour de cassation,
du Conseil d’Etat et de la Cour des comptes et sur celles des premiers présidents
des Cours d’appel.
Il donne son avis sur les propositions du ministre de la Justice, relatives aux
nominations des autres magistrats du siège. »
« Art. 43 : Lorsque le Conseil supérieur de la magistrature est appelé à faire des
propositions de nomination des magistrats du siège de la Cour de cassation, du
5
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 6 :
Les membres magistrats du Conseil d'Etat sont nommés
conformément au statut de la magistrature.6
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Conseil d’Etat, de la Cour des comptes et des premiers présidents des Cours
d’appel, le secrétaire permanent :
- recense et publie les postes vacants dans la magistrature ;
- recueille les candidatures pour les soumettre au Conseil supérieur de la
magistrature qui statue en formation plénière. »
V. également la Résolution n° 03-2017/CSM du 7 novembre 2017 portant
fixation des règles supplémentaires relatives à la nomination et à l’affectation des
magistrats (J.O.BF. du 18 janvier 2018, p. 119).
6 V. la loi organique n° 50-2015/CNT du 25 août 2015 portant statut de la
magistrature (promulguée par décret n° 2015-1230 du 29 octobre 2015, J.O.BF.
spécial n° 1 du 07 janvier 2016, p. 19). V. notamment les dispositions suivantes :
« Art. 10 : Le Conseil supérieur de la magistrature décide des nominations et des
affectations des magistrats du siège de la Cour de cassation, du Conseil d'Etat, de
la Cour des comptes et sur celles des premiers présidents des Cours d'appel.
Il donne son avis sur les propositions du ministre de la Justice, relatives aux
nominations des autres magistrats du siège.
Les magistrats du parquet sont nommés et affectés sur proposition du ministre de
la Justice.
Les magistrats de la Cour de cassation, du Conseil d'Etat et de la Cour des
comptes sont choisis parmi les magistrats du grade exceptionnel de la hiérarchie
judiciaire. »
« Art. 36 : La nomination à une fonction est prononcée de sorte qu'un magistrat ne
puisse avoir sous ses ordres un autre magistrat de grade supérieur ou plus ancien
que lui dans le même grade sauf pour les cas visés au premier tiret de l’article 37
ci-dessous en ce qui concerne les hautes Cours.
A égalité d’ancienneté dans le grade et l’échelon, priorité est accordée au plus
âgé. »
« Art. 37 : Pour les nominations aux postes de chefs de juridiction, il est tenu
compte des critères suivants :
- être à plus d’un an de l’admission à la retraite ;
- être en juridiction ou dans l’administration centrale du ministère de la Justice
depuis au moins deux ans ;
- avoir une note supérieure ou égale à 08/10 au cours des deux précédentes
années ;
- n’avoir pas de décisions ou d’actes juridictionnels non rédigés dans les délais
prévus ;
6
Conseil d’Etat  

Article 7 :
Le premier président, les présidents de chambre, le commissaire du
gouvernement et le premier commissaire du gouvernement adjoint
sont nommés parmi les magistrats de carrière.
Le commissaire du gouvernement a le même rang que le premier
président.
Toutefois, le premier président a la préséance.
Le premier commissaire du gouvernement adjoint a rang de président
de chambre.

Article 8 :
Outre les magistrats, les fonctionnaires en activité, titulaires au moins
de la maitrise en droit et ayant une expérience professionnelle d'au
moins quinze ans en matière juridique ou administrative peuvent être
nommés membres non magistrats aux fonctions de conseillers ou de
commissaires du gouvernement adjoints au Conseil d'Etat, pour un
mandat de cinq ans renouvelable une fois.

Article 9 :
Les membres non magistrats du Conseil d'Etat sont nommés par
décret simple du Président du Faso après avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature et après enquête de moralité.
Ils sont régis par la loi applicable à leur corps d'origine. Toutefois,
pendant la durée de leur mandat, et sauf pour ce qui concerne l'âge de
la retraite, ils ont les mêmes droits, avantages et obligations que les
magistrats de carrière.
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
- avoir des capacités managériales. »
« Art. 38 : Pour nécessité de service et suivant avis conforme et motivé du Conseil
supérieur de la magistrature, un magistrat peut être appelé à exercer des
fonctions classées dans un groupe inférieur à celui correspondant à son grade.
Dans ce cas, l'intéressé conserve tous les avantages attachés à son grade. »
V. également la note précédente se rapportant à l’art. 5 (supra) de la loi
organique relative au CE.
7
Juridictions de l’ordre administratif  

Avant d'entrer en fonction, ils prêtent devant le Conseil d'Etat le


serment prescrit aux magistrats.7 Ils sont installés en audience
solennelle de la juridiction au sein de laquelle ils sont nommés.

Article 10 :
L'exercice des fonctions de membre du Conseil d'Etat est
incompatible avec l'exercice de toute autre fonction publique,
politique, administrative et de toute autre activité privée,
professionnelle ou salariée, commerciale ou non.
Toutefois, des dérogations individuelles peuvent être accordées aux
membres, par décision du premier président du Conseil d'Etat, pour
dispenser des enseignements ou mener des recherches relevant de
leur compétence, ou pour exercer des fonctions ou activités qui ne
sont pas de nature à porter atteinte à la dignité du magistrat ou à son
indépendance.
Le magistrat membre du Conseil d'Etat peut, sans autorisation
préalable, se livrer à des travaux scientifiques, littéraires ou
artistiques.
Dans les mêmes conditions, il peut se livrer à des activités agro-
sylvo-pastorales à caractère non industriel.8

                                                                                                                         
7 Aux termes de l’art. 114 du statut de la magistrature, « tout magistrat, lors de sa
nomination à son premier poste et avant d'entrer en fonction, prête devant la
Cour d'appel du ressort de sa juridiction le serment suivant :
"Je jure et promets de bien et fidèlement remplir mes fonctions, de veiller au respect
des droits et libertés, de garder religieusement le secret des délibérations et de me
conduire en tout en digne et loyal magistrat" ».
8 V. les dispositions suivantes de la loi organique n° 050-2015/CNT du 25 aout

2015 portant statut de la magistrature :


« Art. 106 : L'exercice des fonctions de magistrat est incompatible avec l'exercice
de toute autre fonction publique et de toute autre activité professionnelle ou
salariée, commerciale ou non.
Toutefois, des dérogations individuelles peuvent être accordées aux magistrats,
par décision des chefs de cours, pour dispenser des enseignements ou mener des
recherches relevant de leur compétence, ou pour exercer des fonctions ou activités
qui ne sont pas de nature à porter atteinte à la dignité du magistrat ou à son
indépendance.
8
Conseil d’Etat  

Article 11 :
Avant d'entrer en fonction, le premier président du Conseil d'Etat
prête devant cette juridiction siégeant en audience solennelle, le
serment dont la teneur suit :
« Je jure de bien et fidèlement remplir ma fonction, de l'exercer en
toute indépendance dans le respect de la Constitution et des lois, de
garder le secret des délibérations, de ne prendre aucune position
publique, de ne donner aucune consultation à titre privé sur les
questions relevant de la compétence du Conseil et de me conduire en
tout comme un digne et loyal magistrat ».

Article 12 :
Le secrétaire général est nommé par décret simple du Président du
Faso sur proposition du premier président.
Il est choisi parmi les membres magistrats du Conseil d'Etat et a rang
de président de chambre.

Article 13 :
En cas d'empêchement du premier président, celui-ci est suppléé par
le président de chambre le plus ancien dans le grade le plus élevé. En
cas d'empêchement de ce dernier, il est remplacé par le président de
chambre le plus ancien.
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Le magistrat peut, sans autorisation préalable, se livrer à des travaux
scientifiques, littéraires ou artistiques.
Dans les mêmes conditions, il peut se livrer à des activités agro-sylvo-pastorales à
caractère non industriel. »
« Art. 108 : Sous réserve des dispositions de l'article 106, alinéa 2 ci-dessus, il est
interdit aux magistrats, même devant les juridictions autres que celles où ils
exercent leurs fonctions, de se charger du conseil et de la défense des parties
quelles qu'elles soient et sous quelque forme que ce soit. »
« Art. 111 : Il est interdit au magistrat quelle que soit sa position, d'être membre
d'une formation politique ou d'exercer des activités politiques.
Le magistrat désirant s’engager en politique doit, préalablement, rendre sa
démission. »
9
Juridictions de l’ordre administratif  

En cas d'empêchement du commissaire du gouvernement, celui-ci est


remplacé pour les actes de ses fonctions par le premier commissaire
du gouvernement adjoint. En cas d'empêchement de ce dernier, il est
remplacé par le commissaire du gouvernement adjoint le plus ancien.
L'ancienneté se règle par le grade, la date d'intégration dans le corps
et l'ordre de nomination au Conseil. A égalité d'ancienneté dans le
grade et l'échelon, de date d'intégration dans le corps et d'ordre de
nomination au Conseil, priorité est accordée au plus âgé.

Article 14 :
Le greffier en chef, chef de greffe, les greffiers en chef, les greffiers
et les secrétaires des greffes et parquets sont nommés conformément
à la loi portant statut du personnel du corps des greffiers.9

CHAPITRE 2 : DE L'ORGANISATION

Article 15 :
Le Conseil d'Etat comprend :
- un premier président ;
- des chambres du contentieux ;
- des chambres consultatives ;
- un commissariat du gouvernement ;
- un service de documentation et des études ;
- un greffe.
Chaque chambre comprend un président, des conseillers et un
greffier.
Il peut être créé, en cas de besoin, des sections au sein de chaque
chambre par ordonnance du premier président du Conseil d'Etat.
                                                                                                                         
9 V. la loi n° 54-2012/AN du 18 décembre 2012 portant statut du personnel du
corps des greffiers (promulguée par décret n° 2013-38 du 7 février 2013,
J.O.BF. du 20 juin 2013, p. 5390) ; ainsi que le décret n° 2014-793 du 16
septembre 2014 portant conditions générales d’application de la loi n° 54-
2012/AN du 18 décembre 2012 portant statut du personnel du corps des
greffiers (J.O.BF. du 20 novembre 2014, p. 8843).
10
Conseil d’Etat  

En matière contentieuse, le Conseil d'Etat peut se réunir en


assemblée plénière.

TITRE III : DES ATTRIBUTIONS


ET DU FONCTIONNEMENT

CHAPITRE 1 : DES ATTRIBUTIONS

Section 1 : Des attributions en matière contentieuse

Article 16 :
Le Conseil d'Etat connait en premier et dernier ressort, des recours en
annulation pour excès de pouvoir formés contre :
- les décrets ;
- les autres actes règlementaires dont le champ d'application
s'étend au-delà du ressort d'un seul tribunal administratif.
Il connait également en premier et dernier ressort des recours en
interprétation, en déclaration d'inexistence ou en appréciation de la
légalité des actes relevant de sa compétence.
Dans ces cas, ses décisions peuvent faire l'objet de pourvoi en
cassation devant les chambres réunies.

Article 17 :
Le Conseil d'Etat est seul compétent pour statuer sur les recours en
cassation dirigés contre les décisions rendues en dernier ressort par
les juridictions administratives et les juridictions administratives
spécialisées.10

                                                                                                                         
10 Certains litiges spécifiques relèvent, en première instance puis en appel, de
juridictions administratives spécialisées, notamment les sections disciplinaires des
autorités de régulation ou d’une manière générale des autorités administratives
indépendantes ; les sections disciplinaires des Conseils des universités ou de
certains ordres professionnels, etc. Leurs décisions peuvent ensuite être portées
devant le Conseil d'Etat, juge de cassation.
11
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 18 :
Le renvoi devant les chambres réunies peut être ordonné lorsque
l'affaire pose une question de principe, notamment s'il existe des
solutions divergentes, soit entre les juges du fond, soit entre ces
derniers et ceux du Conseil d'Etat.
Le renvoi est ordonné lorsqu'après cassation d'un premier arrêt ou
jugement, la décision rendue par la juridiction de renvoi est attaquée
par les mêmes moyens.
Les chambres réunies ne peuvent valablement siéger que sur renvoi
du premier président et en nombre impair d'au moins cinq juges.

Article 19 :
En matière d'élections locales, le Conseil d'Etat est :
- juge de cassation des décisions rendues en dernier ressort par
les Cours administratives d'appel ;
- juge de cassation des décisions rendues en premier et dernier
ressort par les tribunaux administratifs ;
- juge du contentieux de la proclamation des résultats
provisoires.
Le Conseil d'Etat proclame le résultat définitif de ces élections.

Section 2 : Des attributions en matière consultative

Article 20 :
Le Conseil d'Etat, soit en chambre, soit en assemblée plénière, donne
son avis sur les projets de lois, d'ordonnances et de décrets qui lui

                                                                                                                                                                                                                                                                                         
A titre d’exemple de juridiction administrative spécialisée, nous retiendrons le
Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à travers son Conseil de discipline. La
loi organique n° 49-2015/CNT du 25 août 2015 portant organisation,
composition, attributions et fonctionnement du CSM, en son art. 41 dispose que :
« La décision du conseil de discipline doit être motivée.
Elle est susceptible d'un recours contentieux devant le Conseil d'Etat. »
12
Conseil d’Etat  

sont soumis par le gouvernement et en général, sur toutes les


questions pour lesquelles son intervention est prévue par les
dispositions législatives ou règlementaires.
Il peut notamment être consulté par les ministres sur les difficultés
qui s'élèvent en matière administrative.
Le Conseil d'Etat peut, de sa propre initiative, attirer l'attention des
pouvoirs publics, sur des réformes d'ordre législatif, règlementaire,
administratif ou sur toute autre situation, qui lui paraissent conformes
à l'intérêt général.
L'assemblée plénière comprend outre le premier président, le
commissaire du gouvernement, les présidents de chambres, les
conseillers, les commissaires du gouvernement adjoints et un greffier
en chef.

CHAPITRE 2 : DU FONCTIONNEMENT

Article 21 :
Le premier président peut présider toute chambre lorsqu'il l'estime
nécessaire.

Article 22 :
Le Conseil d'Etat en formation contentieuse siège en nombre impair
d'au moins trois membres en présence du commissaire du
gouvernement et d'un greffier.
Les chambres réunies comprennent, sous la présidence du premier
président du Conseil d'Etat, les présidents de chambres et les
conseillers n'ayant pas connu de l'affaire.
En cas de besoin, les chambres réunies peuvent être complétées par
un conseiller ad hoc désigné par ordonnance du premier président
parmi les membres des juridictions administratives inférieures.

13
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 23 :
Le premier président du Conseil d'Etat est chargé de l'administration
et de la discipline en ce qui concerne les membres du siège, les
membres du greffe et le personnel des services administratifs
rattachés.
Il est l'ordonnateur du budget du Conseil d'Etat. A cet effet, il prépare
chaque année le projet de budget qui est discuté et adopté par le
bureau du Conseil d'Etat.

Article 24 :
Le commissaire du gouvernement est chargé de l'administration et de
la discipline des membres du commissariat du gouvernement et des
services qui lui sont rattachés.

Article 25 :
Le secrétaire général assiste le premier président dans
l'administration et la gestion du Conseil d'Etat. Il dirige, sous
l'autorité de ce dernier, les services administratifs et techniques.
Il assiste le premier président du Conseil d'Etat dans la coordination
des travaux de la juridiction.

Article 26 :
Le greffier en chef, chef de greffe du Conseil d'Etat, dirige le greffe.
Il en assure :
- la responsabilité et la gestion administrative ;
- la tenue des différents fichiers du greffe ;
- la perception des consignations d'amendes ;
- la certification des expéditions des arrêts dont il assure la
notification ;
- la délivrance et la certification des extraits et des copies des
arrêts de la juridiction.

14
Conseil d’Etat  

A cet effet, il est assisté de greffiers en chef, de greffiers, de


secrétaires des greffes et parquets, de documentalistes et
d'archivistes.

Article 27 :
Chaque chambre dispose d'un greffe. Le greffe de chambre établit le
rôle d'audiences, note les décisions prises, tient les registres et, de
façon générale, assiste le président dans l'organisation des travaux de
la chambre.

Article 28 :
L'organisation et le fonctionnement du secrétariat général, du greffe
et des greffes de chambre sont fixés par décision du premier
président.

Article 29 :
Le bureau du Conseil d'Etat est constitué par le premier président, les
présidents de chambre, le secrétaire général, le commissaire du
gouvernement et le premier commissaire du gouvernement adjoint.
Le bureau est consulté par le premier président sur l'organisation et
les activités du Conseil d'Etat.
Il veille à l'application des statuts des magistrats et des autres
personnels.
Il formule des avis sur toute question relative au fonctionnement des
services du Conseil d'Etat.
Il est assisté du greffier en chef, chef du greffe.

Article 30 :
L'assemblée générale des membres du Conseil d'Etat et du personnel
administratif se réunit deux fois au moins par an sur convocation du
premier président pour délibérer sur toutes questions intéressant le
fonctionnement du Conseil d'Etat.

15
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 31 :
Le premier président du Conseil d'Etat peut réunir tous les membres
magistrats et non magistrats du Conseil d'Etat toutes les fois qu'il
l'estime nécessaire.

Article 32 :
Le règlement intérieur du Conseil d'Etat est adopté par l'assemblée
générale du Conseil d'Etat sur proposition du bureau.

Article 33 :
Les décisions rendues par le Conseil d'Etat font l'objet d'une
publication dans les conditions fixées par le bureau du Conseil d'Etat.

Article 34 :
Le service de documentation a une mission d'aide à la décision en
apportant une assistance permanente aux formations du Conseil
d'Etat. Il a pour tâches de sélectionner et classer les arrêts les plus
importants du Conseil d'Etat, en vue de leur publication.

TITRE IV : DE LA PROCEDURE APPLICABLE

CHAPITRE 1 : DE LA PROCEDURE
APPLICABLE EN MATIERE CONTENTIEUSE

Section 1 : Des dispositions générales

Article 35 :
Sauf dispositions législatives particulières contraires, les dispositions
générales ci-dessous s'appliquent à tous les recours introduits devant
le Conseil d'Etat.

16
Conseil d’Etat  

Paragraphe 1 : Du dépôt et de la présentation des requêtes

Article 36 :
Les requêtes et en général toutes les productions des parties sont
déposées au greffe du Conseil d'Etat en autant d'exemplaires qu'il y a
de parties. Elles peuvent être adressées en franchise au cabinet du
premier président du Conseil d'Etat ou au greffier en chef, chef de
greffe.
Les requêtes sont inscrites à leur arrivée sur le registre d'ordre qui est
tenu par le greffier en chef, chef de greffe. Elles sont en outre
marquées, ainsi que les pièces qui y sont jointes, d'un timbre qui
indique la date d'arrivée.
Les requêtes ainsi que les actes de procédures, y compris les
décisions, sont dispensées de droit de timbre et du droit
d'enregistrement.
Le greffier en chef, chef de greffe délivre aux parties un certificat
constatant l'arrivée au greffe de la réclamation et des différents
mémoires.

Article 37 :
La requête doit à peine d'irrecevabilité :
- indiquer les noms, prénoms ou raison sociale et domicile des
parties ;
- contenir un exposé sommaire des faits, moyens et conclusions ;
- être accompagnée de la copie de la décision administrative
attaquée ou de l'expédition ou de l'attestation de la décision
juridictionnelle attaquée ou d'une pièce justifiant du dépôt de la
réclamation.

Article 38 :
Les requêtes présentées soit par les particuliers, soit par
l'administration doivent être accompagnées de copies certifiées des

17
Juridictions de l’ordre administratif  

pièces en autant d'exemplaires qu'il y a de parties en cause. Ces


copies ne sont pas assujetties au droit de timbre.

Article 39 :
Si l'une des formalités prévues aux articles 37 et 38 ci-dessus n'est
pas remplie ou est insuffisamment remplie, la requête est enregistrée
à sa date sur le registre d'ordre.
Toutefois, le président de chambre ou le conseiller rapporteur fait
mettre en demeure le requérant de compléter ou de préciser sa
requête dans un délai qu'il fixe et qui ne peut être inférieur à un mois.
La mise en demeure est faite en la forme administrative.

Paragraphe 2 : De l'instruction et
du délai de présentation des requêtes

Article 40 :
Le recours au Conseil d'Etat contre un arrêt contradictoire ou réputé
tel est recevable dans un délai de deux mois. Ce délai court à
compter du prononcé de l'arrêt contradictoire ou de la date de la
notification ou de la signification de la décision réputée
contradictoire.

Article 41 :
Dès qu'un président de chambre reçoit du premier président du
Conseil d'Etat une requête enregistrée au greffe, il désigne un
conseiller rapporteur.
Il peut ultérieurement pourvoir à son remplacement.

Article 42 :
Le conseiller rapporteur fait communiquer, par le greffe, la requête et
les pièces l'accompagnant, aux parties mises en cause. Celles-ci sont
en même temps mises en demeure de présenter leurs moyens de
défense dans le délai fixé par le conseiller rapporteur.
18
Conseil d’Etat  

Cette communication est faite en la forme administrative.

Article 43 :
Le conseiller rapporteur procède à toutes mesures d'instruction. La
participation des parties aux mesures d'instruction prescrites dans ces
conditions ne les prive pas du droit de proposer tous moyens et
exceptions qu'elles jugent utiles.
Lorsque les parties défenderesses ou mises en cause ont produit leurs
défenses ou lorsque le délai qui leur a été imparti a expiré, ou encore
lorsque les mesures d'instruction prescrites ont été exécutées, le
conseiller rapporteur établit un rapport et prend une ordonnance de
clôture mettant fin à l'instruction. Cette ordonnance, qui ne peut faire
l'objet d'aucun recours, est notifiée aux parties.
Le dossier est ensuite communiqué par voie hiérarchique au
commissaire du gouvernement pour ses conclusions écrites.

Article 44 :
Le commissaire du gouvernement ou l'un de ses adjoints qu'il
désigne, élabore des conclusions écrites contenant un exposé de la
procédure suivie, des faits et des prétentions des parties et dans
lesquelles il propose la solution juridique qu'il estime applicable à la
cause.
Le commissaire du gouvernement transmet le dossier avec ses
conclusions au premier président.11

Article 45 :
Dès réception du dossier, le premier président du Conseil d'Etat ou le
président de chambre le fait inscrire au rôle d'audience.
Les parties sont avisées de la date de l'audience par le greffier en
chef, chef de greffe par voie d'avertissement en la forme
administrative quinze jours au moins avant la date fixée. Elles sont
                                                                                                                         
11 Relativement au commissaire du gouvernement, v. la note n° 4 se rapportant à
l’art. 4 de la loi organique relative au Conseil d’Etat (supra).
19
Juridictions de l’ordre administratif  

également avisées qu'elles pourront y présenter, après la lecture du


rapport par le conseiller rapporteur, des observations orales qui, sauf
moyens d'ordre public, ne sauraient contenir des moyens nouveaux.

Paragraphe 3 : De la tenue des audiences

Article 46 :
Les audiences sont publiques à l'exception de celles au cours
desquelles sont examinées les requêtes relatives à l'impôt sur le
revenu et aux contributions directes.
Le Conseil d'Etat statue au vu du rapport et des conclusions écrites
du commissaire du gouvernement qui les développe oralement à
l'audience.
Le Conseil d'Etat peut ordonner soit d'office, soit à la demande des
parties, dans les formes qu'il prescrit, toutes mesures d'instruction
utiles.
Il y est alors procédé soit devant le Conseil d'Etat, soit par un
conseiller désigné à cet effet qui instruit dans les formes prescrites
par la décision ordonnant lesdites mesures.

Section 2 : Des incidents de procédure

Paragraphe 1 : Des demandes incidentes

Article 47 :
Les demandes incidentes sont constituées par la demande
additionnelle, la demande reconventionnelle et l'intervention.
Les demandes additionnelles et reconventionnelles ne sont pas
recevables lorsqu'elles sont formulées pour la première fois en
cassation sauf pour les matières qui lui sont déférées en premier et
dernier ressort.
En revanche, l'intervention reste admise.

20
Conseil d’Etat  

Article 48 :
Le Conseil d'Etat statue par un seul et même arrêt sur la demande
principale et la demande incidente.
Toutefois, si la demande incidente est de nature à retarder le
jugement sur la demande principale, le Conseil d'Etat statue sur la
demande principale, puis sur la demande incidente par un arrêt
distinct.

Article 49 :
La demande additionnelle est formée par le requérant pour modifier
ses prétentions antérieures.
La demande reconventionnelle est formée par le défendeur en
réplique à la demande principale pour obtenir un avantage distinct du
seul rejet de la prétention de son adversaire.
Les demandes additionnelles ou reconventionnelles sont formées par
écrit jusqu'à la clôture de l'instruction.
Elles ne sont recevables que si elles sont de la compétence du
Conseil d'Etat et si elles se rattachent aux prétentions originaires par
un lien suffisant.

Article 50 :
Constitue une intervention, la demande dont l'objet est de rendre un
tiers, partie à un procès engagé entre les parties initiales.
L'intervention est volontaire ou forcée. Elle est formée par requête
distincte jusqu'à la clôture de l'instruction.
Le Conseil d'Etat en est saisi à sa plus prochaine audience utile sans
convocation des parties ou du requérant et décide, soit que
l'intervention est irrecevable en tant que telle et considérée comme
une requête introductive d'une instance distincte, soit que
l'intervention est recevable.

21
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 51 :
L'intervention volontaire est le fait pour une personne qui, de sa
propre initiative, se joint à une instance qu'elle n'a pas introduite ou
qui n'est dirigée contre elle, soit pour obtenir la reconnaissance d'un
droit, soit pour s'assurer la conservation de droits qui pourraient être
compromis par le résultat de l'instance.

Article 52 :
L'intervention forcée est le fait pour les parties à un procès d'appeler
à la cause une personne qui ne figure pas à l'instance. Le Conseil
d'Etat peut inviter les parties à mettre en cause toute personne
intéressée au litige par voie de requête.

Article 53 :
La demande en intervention forcée peut être formée à l'encontre de
toute personne qui a qualité pour former tierce opposition et contre
laquelle une partie entend opposer la décision à intervenir.

Paragraphe 2 : De la question préjudicielle

Article 54 :
La question préjudicielle est une question de droit qui, soulevée par
les parties devant une juridiction, oblige celle-ci à surseoir à statuer
jusqu'à ce qu'elle soit tranchée par la juridiction compétente.
Lorsqu'une question préjudicielle est soulevée devant le Conseil
d'Etat, celui-ci doit surseoir à statuer et renvoyer la partie intéressée à
se pourvoir devant la juridiction compétente dans un délai qu'il fixe.
Si à l'expiration de ce délai, la partie ne fait pas diligence, le Conseil
d'Etat peut statuer en écartant la question préjudicielle.

22
Conseil d’Etat  

Paragraphe 3 : De l'inscription en faux

Article 55 :
Dans le cas de demande en inscription de faux contre une pièce
produite, le président de la formation de jugement, dans un délai qu'il
fixe, fait mettre en demeure la partie qui l'a produite, de déclarer si
elle entend s'en servir. Si la partie ne satisfait pas à cette mise en
demeure ou si elle déclare qu'elle n'entend pas se servir de cette
pièce, celle-ci est écartée.
Si la partie déclare qu'elle entend se servir de cette pièce, le Conseil
d'Etat sursoit à statuer sur l'instance principale jusqu'après le
jugement sur le faux par la juridiction compétente, ou prononce la
décision définitive si elle ne dépend pas de la pièce qualifiée de faux.
Lorsque le Conseil d'Etat sursoit à statuer, il met en demeure la partie
qui argue du faux dans un délai qu'il fixe, de justifier les diligences
effectuées auprès de la juridiction compétente en matière de faux.

Paragraphe 4 : Du décès d'une partie

Article 56 :
Lorsqu'il est déposé au greffe du Conseil d'Etat la preuve du décès
d'une partie, l'instance est suspendue pendant trois mois.
Le Conseil d'Etat avise les ayants droit qu'ils ont la possibilité de
reprendre l'instance dans le délai fixé.
A l'expiration de ce délai, si les ayants droit n'ont pas repris
l'instance, le Président désigne d'office un administrateur tuteur du de
cujus qui le représentera dans la procédure.
La décision à intervenir est rendue par défaut à l'égard des ayants
droit. Ceux-ci peuvent faire opposition dans le délai d'un mois de la
signification qui leur en a été faite par un huissier de justice à la
diligence des autres parties.
Est réputée par défaut à l'égard d'une partie, toute décision rendue
postérieurement au décès de cette partie.

23
Juridictions de l’ordre administratif  

Paragraphe 5 : Du désistement et
des autres modes d'extinction de l'instance

Article 57 :
L'instance peut s'éteindre par un désistement d'instance ou d'action.
Qu'il soit d'action ou d'instance, le désistement doit être explicite.
Lorsque le requérant n'indique pas la portée de son désistement, il
doit être invité à apporter les précisions nécessaires. Faute par lui d'y
satisfaire, il est réputé avoir fait un désistement d'instance.
Dans le plein contentieux, le désistement doit être accepté par le
défendeur. En matière de recours pour excès de pouvoir, une telle
acceptation n'est pas nécessaire.
Lorsque le désistement est reconnu parfait, le juge en donne acte au
requérant et déclare l'instance éteinte.

Article 58 :
L'instance s'éteint également :
- lorsque la décision contestée est validée par une loi ;
- lorsque le requérant a obtenu satisfaction auprès du défendeur,
en cours d'instance ;
- lorsque l'objet du litige a disparu.
L'extinction de l'instance dans ces hypothèses est aussi constatée par
une décision du Conseil d'Etat.

Section 3 : Des décisions du Conseil d'Etat

Article 59 :
Les décisions du Conseil d'Etat comportent obligatoirement :
- l'indication de la juridiction dont elles émanent ;
- les noms du président et des conseillers qui en ont délibéré ;
- le nom du commissaire du gouvernement :
- le nom du greffier ;

24
Conseil d’Etat  

- les noms, prénoms ou dénominations, professions et domiciles


des parties, et la mention de leur comparution ou de leur
défaut, avec en ce cas la constatation qu'elles ont été
régulièrement convoquées ;
- le cas échéant, les noms et prénoms des avocats ou de toute
personne ayant représenté ou assisté les parties ;
- l'objet de la demande et l'analyse sommaire des moyens
produits ;
- les motifs retenus à l'appui de la décision avec référence à la
règle juridique dont il est fait application ;
- le dispositif contenant la décision ;
- l'indication que la décision a été rendue en audience publique
sous réserve des règles particulières à certaines matières ;
- la date du prononcé et la signature du président et du greffier.

Article 60 :
L'expédition exécutoire des décisions délivrées par le greffe du
Conseil d'Etat porte la formule exécutoire suivante : « L'Etat du
Burkina Faso mande et ordonne à l'Agent judiciaire du trésor en ce
qui le concerne et à tous mandataires à ce requis en ce qui concerne
les voies de droit commun contre les parties privées, de pourvoir à
l'exécution de la présente décision ».
En cas d'inexécution d'une décision devenue exécutoire rendue par
une juridiction administrative contre l'Etat ou ses démembrements,
les personnes physiques en charge des diligences nécessaires pour
cette exécution peuvent voir leur responsabilité personnelle engagée
devant le Conseil d'Etat.
Les modalités de mise en œuvre de cette responsabilité sont
déterminées par voie règlementaire.12

                                                                                                                         
12 Le texte règlementaire n’a pas encore été pris. Mais en attendant de voir les
contours de la mise en œuvre de cette responsabilité, on peut se demander si
dans ces circonstances l’inaction de la personne physique n’est pas constitutive
d’une faute lourde de l’Etat dans l’exercice du pouvoir de tutelle, ouvrant droit à
25
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 61 :
Les décisions du Conseil d'Etat sont rendues soit contradictoirement,
soit par réputée contradictoire, soit par défaut.
Les décisions sont contradictoires à l'égard d'une partie :
- qui a conclu et qui, bien que régulièrement convoquée, n'a pas
comparu à l'audience ;
- qui a comparu alors qu'ayant reçu notification des actes de
procédure n'a pas conclu.
Elles sont réputées contradictoires à l'égard d'une partie qui n'a ni
conclu, ni comparu à l'audience alors qu'elle a reçu notification des
actes de procédure et qu'elle a été régulièrement convoquée.
Les décisions sont rendues par défaut à l'égard d'une partie qui n'a ni
reçu notification des actes de procédure, ni comparu à l'audience.
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
réparation ? V. CE, 29 mars 1946, Caisse départementale d’assurances sociales
de Meurthe-et-Moselle, requête numéro 41916, Rec., p. 100.
Cette disposition constitue cependant une grande innovation (sinon une
révolution), puisque le législateur n’a pas voulu restreindre le juge administratif
burkinabè à un rôle de « gendarme sans moyens ». A défaut de lui reconnaitre,
sous certaines conditions, un pouvoir d’injonction et d’astreinte en matière
administrative et d’engager ainsi la responsabilité de l’Etat ou de ses
démembrements (à l’instar du législateur français), le législateur burkinabè a
préféré plutôt engager, devant le CE, la responsabilité personnelle des
personnes physiques en charge des diligences nécessaires pour l'exécution d'une
décision devenue exécutoire rendue par une juridiction administrative contre l'Etat
ou ses démembrements.
En France, la loi du 16 juillet 1980 a constitué un progrès considérable, en
permettant le prononcé d’astreintes à l’encontre des personnes publiques en vue
de l’exécution des décisions juridictionnelles – et des seules décisions
juridictionnelles (CE, 1er févr. 1984, Sté de promotion et de réalisations
hospitalières, requête numéro 49583, Rec., p. 32) administratives (CE, 23 févr.
1990, Mme Martinat, requête numéro 109748, Rec., T., p. 933) rendues à leur
encontre. La loi du 8 février 1995 en a déconcentré, pour plus d’efficacité,
l’exercice. La liquidation de l’astreinte permet de maintenir un juste équilibre
entre tous les intérêts en présence. Sur le sujet, v. notamment Pascal CAILLE,
« Contentieux administratif - Troisième Partie - Titre I - Chapitre II : L'exécution
de la décision juridictionnelle » : Revue générale du droit on line, 2017, numéro
26699 ; www.revuegeneraledudroit.eu/?p=26699
26
Conseil d’Etat  

Section 4 : Des voies de recours

Article 62 :
Les voies de recours contre les décisions du Conseil d'Etat sont :
- l'opposition ;
- la tierce opposition ;
- le pourvoi en cassation ;
- le recours en révision ;
- le recours en rectification d'erreur matérielle ;
- le recours en interprétation.

Paragraphe 1 : De l'opposition

Article 63 :
Les décisions rendues par défaut sont susceptibles d'opposition.
L'opposition est formée dans le délai d'un mois à compter de la
notification par voie d'huissier de justice ou en la forme
administrative ou du jour où la partie contre qui défaut a été donné en
a eu connaissance.
L'opposition ne suspend pas l'exécution de la décision administrative
attaquée à moins qu'il n'en soit ordonné autrement.

Paragraphe 2 : De la tierce opposition

Article 64 :
Toute personne peut former tierce opposition à une décision du
Conseil d'Etat qui préjudicie à ses droits, dès lors que ni elle, ni ceux
qu'elle représente, n'ont été présents ou régulièrement appelés dans
l'instance ayant abouti à cette décision.
La tierce opposition doit être formée dans le délai d'un mois à
compter du jour où l'intéressé a eu connaissance de la décision.

27
Juridictions de l’ordre administratif  

Paragraphe 3 : Du pourvoi en cassation

Article 65 :
Seuls les jugements ou arrêts rendus en dernier ressort peuvent faire
l'objet d'un pourvoi en cassation.
Les jugements et les arrêts rendus en premier et dernier ressort ou en
dernier ressort, lorsqu'ils sont revêtus de formes prescrites par la loi
ne peuvent être cassés que pour violation de la loi.
Ils ne peuvent être annulés que dans le cas où une formalité
essentielle n'a pas été observée et seulement s'il est justifié que cette
inobservation nuit aux intérêts de la partie qui l'invoque.

Article 66 :
Les jugements et arrêts sont déclarés nuls, notamment lorsqu'ils ne
sont pas rendus par le nombre de juges prescrit ou qu'ils ont été
rendus par des juges qui n'ont pas pris part aux débats et au délibéré
de la cause ou lorsqu'ils ont été rendus sans que le commissaire du
gouvernement ait été entendu.

Article 67 :
Les décisions sont déclarées nulles si elles ne contiennent pas de
motifs ou si leurs motifs insuffisants ou contradictoires ne permettent
pas au Conseil d'Etat de connaitre si la loi a été respectée dans le
dispositif.
Il en est de même lorsqu'il a été omis ou refusé de se prononcer sur
un ou plusieurs chefs de demandes des parties.

Article 68 :
Le délai pour se pourvoir en cassation est de deux mois à compter du
prononcé des décisions contradictoires ou de la date de la notification
ou de la signification pour les décisions réputées contradictoires.
Contre les décisions rendues par défaut, le délai court du jour ou
l'opposition n'est plus recevable.
28
Conseil d’Etat  

Article 69 :
Le pourvoi est formé par ministère d'avocat.
La requête doit, à peine d'irrecevabilité :
- indiquer les noms et domiciles des parties ;
- contenir l'exposé sommaire des faits et moyens, l'énoncé des
dispositions légales qui ont été violées ainsi que les
conclusions formulées ;
- être accompagnée de l'expédition ou de l'attestation de la
décision juridictionnelle attaquée.

Article 70 :
Lorsqu'une décision déférée par voie de pourvoi en cassation est
annulée, l'affaire est renvoyée devant la juridiction dont émane la
décision annulée.
Si le Conseil d'Etat admet le pourvoi formé pour incompétence, il
renvoie l'affaire devant la juridiction compétente.
S'il prononce la cassation pour violation de la loi, il indique les
dispositions qui ont été violées et renvoie l'affaire soit devant la
même juridiction autrement composée, soit devant line autre
juridiction du même ordre.
Cependant, le Conseil d'Etat peut casser sans renvoi, lorsque la
cassation n'implique pas qu'il soit statué à nouveau au fond. Il peut
aussi, en cassant sans renvoi, mettre fin au litige lorsque les faits, tels
qu'ils ont été souverainement constatés et appréciés par les juges du
fond, lui permettent d'appliquer la règle de droit appropriée.
En cas de cassation en matière de contentieux électoral, le Conseil
d'Etat évoque et statue.

Article 71 :
Lorsqu'un recours en cassation est rejeté, la partie qui l'avait formé
ne peut plus se pourvoir en cassation dans la même affaire, sous
quelque prétexte et quelque moyen que ce soit.

29
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 72 :
Les dispositions des arrêts du Conseil d'Etat sont communiquées aux
juridictions dont les arrêts ou jugements ont été cassés.

Paragraphe 4 : Du recours en révision

Article 73 :
Le recours en révision contre un arrêt du Conseil d'Etat n'est
recevable que si :
- il a été rendu sur fausses pièces ;
- la partie intéressée a été condamnée faute de présenter une
pièce décisive qui était retenue par son adversaire.
Le recours en révision doit être présenté par ministère d'avocat
devant le Conseil d'Etat dans les trois mois qui suivent la découverte
du fait donnant ouverture à révision.
Lorsqu'il a été statué sur un premier recours en révision contre une
décision, un second recours contre la même décision n'est plus
recevable.

Paragraphe 5 :·Des recours en interprétation


et en rectification d'erreur matérielle

Article 74 :
Lorsqu'une décision du Conseil d'Etat paraît obscure, la partie
intéressée peut lui en demander l'interprétation.

Article 75 :
Lorsqu'une décision du Conseil d'Etat est entachée d'une erreur
matérielle, la partie intéressée peut lui en demander la rectification.

30
Conseil d’Etat  

Section 5 : Des frais et dépens

Article 76 :
Les frais nécessaires pour les actes d'instruction sont avancés soit par
le Trésor, soit par la partie privée qui les a requis au vu d'une
ordonnance de taxation du premier président du Conseil d'Etat.
Les modalités d'application de cette disposition sont précisées par
voie règlementaire.

Article 77 :
Les dépens sont mis à la charge de la partie perdante sauf si les
circonstances particulières de l'affaire justifient qu'ils soient mis à la
charge d'une autre partie ou partagés entre les parties.
La liquidation des dépens est faite par ordonnance du premier
président du Conseil d'Etat. Les parties et le cas échéant, les experts
intéressés, peuvent contester l'ordonnance de liquidation des dépens
devant le Conseil d'Etat siégeant en formation de jugement :
Le recours mentionné dans le précédent alinéa est exercé dans le
délai d'un mois à compter de la notification de l'ordonnance.
Le Conseil d'Etat, sur demande expresse et motivée, condamne la
partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante à payer à
l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et
non compris dans les dépens.
Il n'est pas lié par la convention entre le justiciable et son avocat. Il
tient compte de l'équité et de la situation économique de la partie
condamnée. Il peut, pour des raisons tirées des mêmes circonstances,
dire qu'il n'y a pas lieu à cette condamnation.
Dans tous les cas, il doit motiver sa décision.

Article 78 :
Les frais et dépens, lorsqu'ils sont mis à la charge de personnes
physiques ou morales de droit privé, sont recouvrés conformément
aux textes en vigueur.

31
Juridictions de l’ordre administratif  

CHAPITRE 2 : DE LA PROCEDURE
APPLICABLE EN MATIERE CONSULTATIVE

Article 79 :
Le Conseil d'Etat émet son avis soit en sa chambre consultative soit
en assemblée plénière.

Section 1 : Du dépôt et de la présentation des demandes d'avis

Article 80 :
Le Conseil d'Etat peut être saisi par le Secrétaire général du
gouvernement et du Conseil des ministres, des projets de lois,
d'ordonnances et de décrets.
A la demande du Conseil d'Etat, l'administration concernée doit
fournir toutes informations utiles. Elle peut désigner auprès de la
chambre consultative, des représentants.
Lorsqu'il est saisi par un ministre en matière de difficultés
administratives ou lorsqu'il est saisi conformément à des dispositions
législatives ou règlementaires, la procédure prévue à l'alinéa
précédent est applicable.

Article 81 :
Les demandes d'avis au Conseil d'Etat sont accompagnées des
rapports motivés en Conseil des ministres.

Section 2 : De l'instruction de la demande d'avis

Article 82 :
Le président de la chambre consultative désigne un ou plusieurs
rapporteurs en fonction de la complexité du dossier, dès réception de
la demande d'avis.

32
Conseil d’Etat  

Article 83 :
Le rapporteur peut procéder à l'audition des représentants des
administrations concernées.

Section 3 : De l'élaboration de l'avis

Article 84 :
Après l'instruction du dossier, le rapporteur prépare un projet d'avis.
En séance de la chambre, ce projet d'avis est présenté et discuté avec
les membres de la chambre et les représentants de l'administration
concernée. A l'issue des débats, un avis est adopté par les membres
de la chambre.

Article 85 :
En cas de nécessité, la délibération de la chambre consultative est
présentée à l'assemblée plénière qui l'adopte sous forme d'avis après
avoir recueilli les observations des représentants de l'administration
concernée.
L'avis est adopté à la majorité simple des voix dans un délai d'un
mois pour compter de la saisine du Conseil d'Etat sauf circonstances
exceptionnelles. En cas d'égalité, la voix du président est
prépondérante.

Article 86 :
Les séances de la chambre consultative et de l'assemblée plénière ne
sont pas ouvertes au public.
Les avis du Conseil d'Etat sont destinés au seul gouvernement et ne
sont rendus publics que si le gouvernement en décide ainsi.

33
Juridictions de l’ordre administratif  

CHAPITRE 3 : DE LA JURIDICTION DU PREMIER


PRESIDENT DU CONSEIL D'ETAT
EN MATIERE DE REFERE

Article 87 :
Le premier président du Conseil d'Etat ou tout juge qu'il délègue,
statue en premier et dernier ressort suivant la procédure de référé sur
les recours aux fins de suspension des décrets ou des actes
administratifs règlementaires dont le champ d'application s'étend au-
delà du ressort d'un seul tribunal administratif.
Le recours aux fins de suspension n'est recevable que s'il est justifié
l'existence d'une requête préalable tendant à l'annulation ou à la
réformation de l'acte dont la suspension est demandée.

Article 88 :
La suspension ne peut être ordonnée qu'à la double condition qu'il
soit justifié d'une urgence et de moyens propres à créer un doute
sérieux quant à la légalité de la décision administrative.
Elle ne peut être accordée lorsque la décision attaquée intéresse le
maintien de l'ordre, la sécurité, la tranquillité et la salubrité publics.

Article 89 :
Le premier président du Conseil d'Etat est saisi par voie de requête
déposée au greffe. Celle-ci doit être accompagnée d'une copie de la
décision administrative attaquée.
La procédure est contradictoire et écrite. Elle se déroule sans
conclusions du commissaire du gouvernement.
La décision est rendue dans un délai qui ne saurait excéder un mois.

Article 90 :
Les ordonnances rendues par le premier président du Conseil d'Etat
conformément aux articles ci-dessus sont insusceptibles de recours.

34
Conseil d’Etat  

Article 91 :
Les recours devant le premier président du Conseil d'Etat contre les
ordonnances rendues en dernier ressort par les présidents des
juridictions administratives inférieures sont formés par voie de
requête déposée au greffe du Conseil d'Etat.
La procédure est également écrite et contradictoire.
La décision est rendue dans un délai qui ne saurait excéder un mois.
Elle est insusceptible de recours.

TITRE V : DES DISPOSITIONS


TRANSITOIRES, DIVERSES ET FINALES

Article 92 :
En attendant la mise en place effective des Cours administratives
d'appel, le Conseil d'Etat continue d'exercer les compétences qui sont
dévolues à ces juridictions.

Article 93 :
Dès la mise en place des Cours administratives d'appel, les
procédures relevant de leur compétence et qui sont pendantes devant
le Conseil d'Etat, leur sont transférées.

Article 94 :
Des décrets pris en Conseil de ministres précisent en tant que de
besoin les modalités d'application de la présente loi.

Article 95 :
La présente loi organique abroge toutes dispositions antérieures
contraires. notamment celles de la loi organique n° 15-2000/AN du
23 mai 2000 portant composition, attributions, organisation et
fonctionnement du Conseil d'Etat et procédure applicable devant lui.

35
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 96 :
La présente loi organique sera exécutée comme loi de l'Etat.

Ainsi fait et délibéré en séance publique


à Ouagadougou, le 26 juillet 2018.

36
Cour administrative d’appel  

BURKINA FASO IVE REPUBLIQUE


---------- ------------
UNITE - PROGRES - JUSTICE SEPTIEME LEGISLATURE
----------
ASSEMBLEE NATIONALE

LOI N° 010-2016/AN PORTANT CREATION,


COMPOSITION, ORGANISATION, ATTRIBUTIONS,
FONCTIONNEMENT DE LA COUR ADMINISTRATIVE
D’APPEL ET PROCEDURE APPLICABLE DEVANT ELLE.13

L’ASSEMBLEE NATIONALE

Vu la Constitution ;
Vu la résolution n° 001-2015/AN du 30 décembre 2015 portant
validation du mandat des députés ;

a délibéré en sa séance du 26 avril 2016


et adopté la loi dont la teneur suit :

CHAPITRE 1 : DE LA CREATION,
DE LA COMPOSITION ET DE L’ORGANISATION

Article 1 :
Il est créé au siège de chaque Cour d’appel de l’ordre judiciaire, une
Cour administrative d’appel.
Son ressort territorial est celui de la Cour d’appel de l’ordre
judiciaire.

                                                                                                                         
13 Loi promulguée par décret n° 2016-372/PRES du 19 mai 2016, J.O.BF. n° 06 du
09 février 2017, p. 270).
37
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 2 :
La Cour administrative d’appel est la juridiction de second degré de
l’ordre administratif.

Article 3 :
La Cour administrative d’appel se compose :
- d’un président ;
- d’un vice-président, président de chambre ;
- de présidents de chambre ;
- de conseillers ;
- d’un commissaire du gouvernement ;
- d’un premier commissaire du gouvernement adjoint ;
- de commissaires du gouvernement adjoints ;
- d’un greffier en chef, chef de greffe ;
- de greffiers en chef ;
- de greffiers ;
- de secrétaires des greffes et parquets.

Article 4 :
Le président, le vice-président, les présidents de chambres, les
conseillers, le commissaire du gouvernement, le premier
commissaire du gouvernement adjoint et les commissaires du
gouvernement adjoints sont nommés conformément au statut de la
magistrature.

Article 5 :
Le président et le commissaire du gouvernement de la Cour
administrative d’appel sont nommés parmi les magistrats du grade
exceptionnel de la hiérarchie judiciaire.
Le greffier en chef, chef de greffe, les greffiers en chef, les greffiers
et les secrétaires des greffes et parquets sont nommés conformément
à la loi portant statut du personnel du corps des greffiers.

38
Cour administrative d’appel  

Article 6 :
Outre les magistrats, peuvent être nommés aux fonctions de
commissaires du gouvernement adjoints à la Cour administrative
d’appel, les fonctionnaires en activité, titulaires au moins de la
maîtrise en droit et ayant une expérience professionnelle d’au moins
dix ans et désignés en raison de leur compétence ou de leur
expérience en matière juridique ou administrative, pour un mandat de
cinq ans renouvelable une fois.

Article 7 :
Les membres non magistrats de la Cour administrative d’appel sont
nommés par décret simple du Président du Faso sur avis conforme du
Conseil supérieur de la magistrature et après enquête de moralité.
Ils restent régis par la loi applicable à leur corps d’origine. Toutefois,
pendant la durée de leur mandat, et sauf pour ce qui concerne l’âge
de la retraite, ils jouissent des mêmes droits et avantages que les
magistrats de carrière. Subséquemment, ils sont soumis aux mêmes
obligations et à la même procédure disciplinaire que les magistrats.
Avant d’entrer en fonction, ils prêtent devant la Cour administrative
d’appel le serment prescrit aux magistrats. Ils sont installés en
audience solennelle de la juridiction au sein de laquelle ils sont
nommés.

Article 8 :
Les suppléances et les intérims du président, des présidents de
chambres et du commissaire du gouvernement sont réglés
conformément au statut de la magistrature.

Article 9 :
La Cour administrative d’appel comprend :
- des chambres du contentieux ;
- un commissariat du gouvernement ;
- un greffe.
39
Juridictions de l’ordre administratif  

Chaque chambre comprend un président, des conseillers et un


greffier.

CHAPITRE 2 : DES ATTRIBUTIONS


ET DU FONCTIONNEMENT

Article 10 :
La Cour administrative d’appel connaît des recours contre les
jugements rendus en premier ressort par les tribunaux administratifs.

Article 11 :
La Cour administrative d’appel siège en nombre impair à trois
membres au moins en présence du commissaire du gouvernement et
d’un greffier.

Article 12 :
Le président de la Cour administrative d’appel est chargé de
l’administration et de la discipline en ce qui concerne les magistrats
du siège conformément au statut de la magistrature, les membres du
greffe et les services rattachés.
Le président de la Cour administrative d’appel peut présider toute
chambre lorsqu’il l’estime nécessaire.
Le commissaire du gouvernement est chargé de l’administration et de
la discipline des membres du commissariat du gouvernement et des
services qui lui sont rattachés.

CHAPITRE 3 : DE LA PROCEDURE

Section 1 : Du dépôt et de la présentation des requêtes

Article 13 :
La Cour administrative d’appel est saisie par voie de requête à fin
d’appel écrite déposée au greffe de la Cour. Elle peut être adressée en
40
Cour administrative d’appel  

franchise au président de la Cour ou au greffier en chef, chef de


greffe.
Les requêtes et en général, toutes les productions des parties sont
inscrites à leur arrivée sur le registre d’ordre qui est tenu par le
greffier en chef, chef de greffe ; elles sont en outre marquées ainsi
que les pièces qui y sont jointes d’un timbre indiquant la date
d’arrivée.
Les requêtes doivent être produites en autant d’exemplaires qu’il y a
de parties en cause. Les copies ne sont pas assujetties au droit de
timbre.

Article 14 :
Le greffier en chef délivre aux parties un certificat constatant
l’arrivée au greffe de la requête aux fins d’appel et des différents
mémoires.

Article 15 :
La requête aux fins d’appel doit, à peine d’irrecevabilité :
- indiquer les noms, prénoms ou raison sociale et domicile des
parties ;
- contenir un exposé sommaire des faits, moyens et conclusions ;
- être accompagnée de l’expédition ou de l’attestation de la
décision juridictionnelle attaquée.

Article 16 :
Les requêtes aux fins d’appel présentées soit par les particuliers, soit
par l’administration doivent être accompagnées de copies certifiées
des pièces en autant d’exemplaires qu’il y a de parties.
Ces copies ne sont pas assujetties au droit de timbre.

41
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 17 :
Si une des formalités prévues aux articles 15 et 16 ci-dessus n’est pas
remplie ou est insuffisamment remplie, la requête aux fins d’appel
est enregistrée à sa date sur le registre d’ordre.
Toutefois, le président de chambre ou le conseiller rapporteur fait
mettre en demeure le requérant de compléter ou de préciser sa
requête dans un délai qu’il fixe et qui ne peut être inférieur à un
mois.
La mise en demeure est faite en la forme administrative.

Section 2 : Du délai de présentation


et d’instruction des requêtes

Article 18 :
Le recours à la Cour administrative d’appel contre un jugement
contradictoire ou réputé tel n’est recevable que dans un délai de deux
mois. Ce délai court à compter du prononcé du jugement
contradictoire ou de la date de la notification ou de la signification de
la décision réputée contradictoire.

Article 19 :
Dès qu’un président de chambre reçoit du président de la Cour une
requête enregistrée au greffe, il désigne un conseiller rapporteur.
Il peut ultérieurement pourvoir à son remplacement.

Article 20 :
Le conseiller rapporteur fait communiquer aux parties mises en
cause, par le greffier, la requête et les pièces l’accompagnant aux
parties mises en cause. Celles-ci sont en même temps mises en
demeure de présenter leurs moyens de défense dans le délai fixé par
le conseiller rapporteur.
Cette communication est faite en la forme administrative.

42
Cour administrative d’appel  

Article 21 :
Le conseiller rapporteur procède à toutes mesures d’instruction.
La participation des parties aux mesures d’instruction prescrites dans
ces conditions ne les prive pas du droit de proposer tous moyens et
exceptions qu’elles jugent utiles.

Article 22 :
Lorsque les parties défenderesses ou mises en cause ont produit leurs
défenses ou lorsque le délai qui leur a été imparti a expiré, ou encore
lorsque les mesures d’instruction prescrites ont été exécutées, le
conseiller rapporteur établit un rapport et prend une ordonnance de
clôture mettant fin à l’instruction.
Cette ordonnance est notifiée aux parties et ne peut faire l’objet
d’aucun recours.
Le dossier est ensuite communiqué par la voie hiérarchique au
commissaire du gouvernement pour ses conclusions écrites.

Article 23 :
Le commissaire du gouvernement ou l’un de ses adjoints qu’il
désigne, élabore des conclusions écrites contenant un exposé de la
procédure suivie, des faits et des prétentions des parties et dans
lesquelles il propose la solution juridique qu’il estime applicable à la
cause.
Le commissaire du gouvernement transmet le dossier contenant ses
conclusions au président de la Cour pour inscription au rôle
d’audience.14

Article 24 :
Dès réception du dossier, le président de la Cour administrative
d’appel ou le président de chambre le fait inscrire au rôle d’audience.
                                                                                                                         
14 Relativement au commissaire du gouvernement, v. la note n° 4 se rapportant à
l’art. 4 de la loi organique relative au Conseil d’Etat (supra).
43
Juridictions de l’ordre administratif  

Les parties sont avisées de la date de l’audience par le greffier en


chef, par voie d’avertissement en la forme administrative au moins
quinze jours avant la date fixée.
Elles sont également avisées qu’elles pourront y présenter des
observations orales qui, sauf moyen d’ordre public, ne sauraient
contenir des moyens nouveaux.

Section 3 : De la tenue des audiences

Article 25 :
Les audiences de la Cour administrative d’appel sont publiques, sauf
en matière de contestation relative à l’impôt sur le revenu et les
contributions directes.
La Cour peut ordonner soit d’office, soit à la demande des parties,
toutes mesures d’instruction utiles.
Il y est alors procédé soit devant la Cour, soit par un conseiller
désigné à cet effet qui instruit dans les formes prescrites par la
décision ordonnant lesdites mesures.
Le conseiller désigné fait son rapport ; les parties présentent leurs
observations orales.
La Cour statue au vu du rapport du conseiller désigné et des
conclusions écrites du commissaire du gouvernement qui les
développe oralement à l’audience.

Section 4 : Des incidents de procédure

Paragraphe 1 : Des demandes incidentes

Article 26 :
Les demandes incidentes sont constituées par la demande
additionnelle, la demande reconventionnelle et l’intervention.
Les demandes additionnelles et reconventionnelles ne sont pas
recevables lorsqu’elles sont formulées pour la première fois en barre
d’appel.
44
Cour administrative d’appel  

En revanche, l’intervention reste admise même pour la première fois


en barre d’appel.

Article 27 :
La Cour administrative d’appel statue par un seul et même arrêt sur
la demande principale et l’intervention.
Toutefois, si l’intervention est de nature à retarder le jugement sur la
demande principale, la Cour administrative d’appel statue sur la
demande principale, puis sur l’intervention par un arrêt distinct.

Article 28 :
Constitue une intervention, la demande dont l’objet est de rendre un
tiers, partie à un procès engagé entre les parties initiales.
L’intervention est volontaire ou forcée. Elle est formée par requête
distincte jusqu’à la clôture de l’instruction.
La Cour administrative d’appel en est saisie à sa plus prochaine
audience utile sans convocation des parties ou du requérant et décide,
soit que l’intervention est irrecevable, soit qu’elle est recevable.

Article 29 :
L’intervention volontaire est le fait pour une personne qui, de sa
propre initiative, se joint à une instance qu’elle n’a pas introduite ou
qui n’est pas dirigée contre elle, soit pour obtenir la reconnaissance
d’un droit, soit pour s’assurer la conservation de droits qui pourraient
être compromis par le résultat de l’instance.

Article 30 :
L’intervention forcée est le fait pour les parties à un procès d’appeler
à la cause une personne qui ne figure pas à l’instance.
La Cour administrative d’appel peut inviter les parties à mettre en
cause toute personne intéressée au litige par voie de requête.

45
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 31 :
La demande en intervention forcée peut être formée à l’encontre de
toute personne qui a qualité pour former tierce opposition et contre
laquelle une partie entend voir déclarer commune la décision à
intervenir.

Paragraphe 2 : De la question préjudicielle

Article 32 :
La question préjudicielle est une question de droit qui, soulevée par
les parties devant une juridiction, oblige celle-ci à surseoir à statuer
jusqu’à ce qu’elle soit tranchée par la juridiction compétente.
Lorsqu’une question préjudicielle est soulevée devant la Cour
administrative d’appel, celle-ci doit surseoir à statuer et renvoyer la
partie intéressée à se pourvoir devant la juridiction compétente dans
un délai qu’elle fixe. Si à l’expiration de ce délai, la partie ne fait pas
diligence, la Cour peut statuer en écartant la question préjudicielle.

Paragraphe 3 : De l’inscription en faux

Article 33 :
Dans le cas de demande en inscription de faux contre une pièce
produite, le président de la Cour administrative d’appel, dans un
délai qu’il fixe, fait mettre en demeure la partie qui l’a produite, de
déclarer si elle entend s’en servir. Si la partie ne satisfait pas à cette
mise en demeure ou si elle déclare qu’elle n’entend pas se servir de
cette pièce, celle-ci est écartée.
Si la partie déclare qu’elle entend se servir de cette pièce, la Cour
administrative d’appel sursoit à statuer sur l’instance principale
jusqu’après le jugement sur le faux par la juridiction compétente, ou
prononce la décision définitive si elle ne dépend pas de la pièce
qualifiée de faux.
Lorsque la Cour administrative d’appel sursoit à statuer, elle met en

46
Cour administrative d’appel  

demeure la partie qui argue du faux dans un délai qu’il fixe, de


justifier les diligences effectuées auprès de la juridiction compétente
en matière de faux.

Paragraphe 4 : Du décès d’une partie

Article 34 :
Lorsqu’il est déposé au greffe de la Cour administrative d’appel la
preuve du décès d’une partie, l’instance est suspendue pendant trois
mois.
La Cour administrative d’appel avise les ayants droit qu’ils ont la
possibilité de reprendre l’instance dans le délai fixé.
A l’expiration de ce délai, si les ayants droit n’ont pas repris
l’instance, le président désigne d’office un administrateur tuteur du
de cujus qui le représentera dans la procédure.
La décision à intervenir est rendue par défaut à l’égard des ayants
droit. Ceux-ci peuvent faire opposition dans le délai d’un mois de la
signification qui leur en a été faite par un huissier de justice à la
diligence des autres parties.
Est réputée par défaut à l’égard d’une partie, toute décision rendue
postérieurement au décès de cette partie.

Paragraphe 5 : Du désistement et
d’autres modes d’extinction de l’instance

Article 35 :
L’instance peut s’éteindre par un désistement d’instance ou d’action.
Qu’il soit d’action ou d’instance, le désistement doit être explicite.
Lorsque l’appelant n’indique pas la portée de son désistement, il doit
être invité à apporter les précisions nécessaires. Faute par lui d’y
satisfaire, il est réputé avoir fait un désistement d’instance.
Dans le plein contentieux, le désistement doit être accepté par
l’intimé. En matière de recours pour excès de pouvoir, une telle
acceptation n’est pas nécessaire.
47
Juridictions de l’ordre administratif  

Lorsque le désistement est reconnu parfait, la Cour en donne acte à


l’appelant et déclare l’instance éteinte.

Article 36 :
L’instance s’éteint également lorsque :
- la décision contestée est validée par une loi ;
- l’appelant a obtenu satisfaction auprès de l’intimé, en cours
d’instance ;
- l’objet du litige a disparu.
L’extinction de l’instance dans ces hypothèses est aussi constatée par
une décision de la Cour administrative d’appel.

Section 5 : Des décisions de la Cour administrative d’appel

Article 37 :
Les décisions de la Cour administrative d’appel comportent
obligatoirement :
- l’indication de la juridiction dont elles émanent ;
- les noms du président et des conseillers qui en ont délibéré ;
- le nom du représentant du commissariat du gouvernement ;
- le nom du greffier ;
- les noms, prénoms ou dénominations, professions et domiciles
des parties, et la mention de leur comparution ou de leur
défaut, avec en ce cas la constatation qu’elles ont été
régulièrement convoquées ;
- le cas échéant, les noms et prénoms des avocats ou de toute
personne ayant représenté ou assisté les parties ;
- l’objet de la demande et l’analyse sommaire des moyens
produits ;
- les motifs retenus à l’appui de la décision avec référence à la
règle juridique dont il est fait application ;
- le dispositif contenant la décision ;
- l’indication que la décision a été rendue en audience publique
sous réserve des règles particulières à certaines matières ;
48
Cour administrative d’appel  

- la date du prononcé et la signature du président et du greffier.

Article 38 :
L’expédition exécutoire des décisions délivrées par le greffe de la
Cour porte la formule exécutoire suivante : « L’Etat du Burkina Faso
mande et ordonne à l’Agent judiciaire du Trésor en ce qui le
concerne et à tous mandataires à ce requis en ce qui concerne les
voies de droit commun contre les parties privées, de pourvoir à
l’exécution de la présente décision ».
En cas d’inexécution d’une décision devenue exécutoire, rendue par
une juridiction administrative contre l’Etat ou ses démembrements,
les personnes physiques en charge des diligences nécessaires pour
cette exécution peuvent voir leur responsabilité personnelle engagée
devant le Conseil d’Etat.
Les modalités de mise en œuvre de cette responsabilité sont
déterminées par voie réglementaire.15

Article 39 :
Les décisions de la Cour administrative d’appel sont rendues soit par
défaut, soit contradictoirement, soit par réputé contradictoire.
Les décisions sont contradictoires à l’égard d’une partie :
- qui a conclu et a comparu à l’audience ;
- qui a conclu et qui, bien que régulièrement convoquée, n’a pas
comparu à l’audience ;
- qui a comparu alors qu’ayant reçu notification des actes de
procédure n’a pas conclu.
Elles sont réputées contradictoires à l’égard d’une partie qui n’a ni
conclu ni comparu à l’audience alors qu’elle a reçu notification des
actes de procédure et qu’elle a été régulièrement convoquée.
Les décisions sont rendues par défaut à l’égard d’une partie qui n’a
ni reçu notification des actes de procédure ni comparu à l’audience
                                                                                                                         
15 V. la note n° 12 se rapportant à l’art. 60 de la loi organique relative au Conseil
d’Etat (supra).
49
Juridictions de l’ordre administratif  

ainsi que dans le cas prévu à l’article 34 de la présente loi.

Section 6 : Des voies de recours

Article 40 :
Les voies de recours contre les décisions de la Cour administrative
d’appel sont :
- l’opposition ;
- la tierce opposition ;
- le pourvoi en cassation ;
- le recours en révision ;
- le recours en rectification d’erreur matérielle ;
- le recours en interprétation.

Paragraphe 1 : De l’opposition

Article 41 :
Les décisions rendues par défaut sont susceptibles d’opposition.
L’opposition est formée dans le délai d’un mois à compter de la
notification par voie d’huissier de justice ou en la forme
administrative ou du jour où la partie contre qui défaut a été donné en
a eu connaissance.
L’opposition ne suspend pas l’exécution de la décision
administrative attaquée à moins qu’il n’en soit ordonné autrement.

Paragraphe 2 : De la tierce opposition

Article 42 :
Toute personne peut former tierce opposition à une décision de la
Cour qui préjudicie à ses droits, dès lors que ni elle, ni ceux qu’elle
représente, n’ont été présents ou régulièrement appelés dans
l’instance ayant abouti à cette décision.
La tierce opposition doit être formée dans le délai d’un mois à

50
Cour administrative d’appel  

compter du jour où l’intéressé a eu connaissance de la décision.

Paragraphe 3 : Du pourvoi en cassation

Article 43 :
Les arrêts rendus contradictoirement ou par réputé contradictoire
peuvent faire l’objet d'un pourvoi en cassation devant le Conseil
d’Etat.
Le délai pour se pourvoir en cassation est de deux mois à compter du
prononcé des décisions contradictoires ou de la date de la notification
ou de la signification pour les arrêts réputés contradictoires.
Contre les décisions rendues par défaut, le délai court du jour où
l'opposition n’est plus recevable.

Paragraphe 4 : Du recours en révision

Article 44 :
Le recours en révision contre un arrêt de la Cour n’est recevable que
si :
- il a été rendu sur fausses pièces ;
- la partie intéressée a été condamnée faute de présenter une
pièce décisive qui était retenue par son adversaire.
Le recours en révision doit être présenté par ministère d’avocat
devant la Cour administrative d’appel qui a rendu la décision en
cause, dans les trois mois qui suivent la découverte du fait donnant
ouverture à révision.
Lorsqu’il aura été statué sur un premier recours en révision contre
une décision, un second recours contre la même décision n’est plus
recevable.

51
Juridictions de l’ordre administratif  

Paragraphe 5 : Du recours en interprétation


et en rectification d’erreur matérielle

Article 45 :
Lorsqu’une décision de la Cour administrative d’appel paraît
obscure, la partie intéressée peut lui en demander l’interprétation.

Article 46 :
Lorsqu’une décision de la Cour administrative d’appel est entachée
d’une erreur matérielle, la partie intéressée peut lui en demander la
rectification.

Section 7 : Des frais et dépens

Article 47 :
Les frais nécessaires pour les actes d’instruction sont, avancés soit
par le trésor, soit par la partie privée qui les a requis au vu d’une
ordonnance de taxation du président de la Cour. Les modalités
d’application de cette disposition sont précisées par voie
règlementaire.

Article 48 :
Les dépens sont mis à la charge de la partie perdante sauf si les
circonstances particulières de l’affaire justifient qu’ils soient mis à la
charge d’une autre partie ou partagés entre les parties.
La liquidation des dépens est faite par ordonnance du président de la
Cour administrative d’appel.
Les parties, ainsi que, le cas échéant, les experts intéressés, peuvent
contester l’ordonnance de liquidation des dépens devant la Cour
administrative d’appel siégeant en formation de jugement.
Le recours mentionné dans le précédent alinéa est exercé dans le
délai d’un mois à compter de la notification de l’ordonnance.
Le juge administratif, sur demande expresse et motivée, condamne la
52
Cour administrative d’appel  

partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante à payer à


l’autre partie la somme qu’il détermine, au titre des frais exposés et
non compris dans les dépens.
Il n’est pas lié par la convention entre le justiciable et son avocat. Il
tient compte de l’équité et de la situation économique de la partie
condamnée. Il peut, pour des raisons tirées des mêmes circonstances,
dire qu’il n’y a pas lieu à cette condamnation.
Dans tous les cas, il doit motiver sa décision.

Article 49 :
Les frais et dépens, lorsqu’ils sont mis à la charge de personnes
physique ou morale de droit privé sont recouvrés conformément aux
textes en vigueur.

CHAPITRE 4 : DE LA JURIDICTION DU PRESIDENT


DE LA COUR ADMINISTRATIVE D’APPEL

Article 50 :
Sauf exception prévue par la loi, le président de la Cour
administrative d’appel, ou tout juge qu’il délègue, statue sur les
recours contre les ordonnances rendues par le président du tribunal
administratif siégeant en matière de référé.

Article 51 :
Le président de la Cour administrative d’appel est saisi par voie de
requête déposée au greffe. Celle-ci doit être accompagnée de
l’expédition ou d’une attestation de l’ordonnance attaquée.
La procédure est contradictoire et écrite. Elle se déroule sans
conclusions du commissaire du gouvernement.
La décision est rendue dans un délai qui ne saurait excéder un mois.

53
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 52 :
Les ordonnances de référé rendues par le président de la Cour
administrative d’appel sont susceptibles de pourvoi en cassation
devant le Conseil d’Etat dans un délai de quinze jours à compter de
leur prononcé ou de leur notification.

CHAPITRE 5 : DES DISPOSITIONS


TRANSITOIRES ET FINALES

Article 53 :
En attendant la mise en place effective des Cours administratives
d’appel, le Conseil d’Etat continue d’exercer les compétences
dévolues à ces juridictions.
Les procédures pendantes devant le Conseil d’Etat relevant de la
compétence des Cours administratives d’appel leur seront transférées
dès leur mise en place effective.

Article 54 :
En attendant la mise en place effective de l’ensemble des Cours
administratives d’appel, une Cour administrative d’appel peut
couvrir le ressort de plus d’une Cour d’appel de l’ordre judiciaire.

Article 55 :
Des décrets pris en Conseil des ministres précisent en tant que de
besoin les modalités d’application de la présente loi.

54
Cour administrative d’appel  

Article 56 :
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

Ainsi fait et délibéré en séance publique


à Ouagadougou, le 26 avril 2016

55
Tribunaux administratifs  

BURKINA FASO IVE REPUBLIQUE


---------- ------------
UNITE - PROGRES - JUSTICE SEPTIEME LEGISLATURE
----------
ASSEMBLEE NATIONALE

LOI N° 011-2016/AN
PORTANT CREATION, COMPOSITION, ATTRIBUTIONS,
FONCTIONNEMENT DES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS
ET PROCEDURE APPLICABLE DEVANT EUX.16

L’ASSEMBLEE NATIONALE

Vu la Constitution ;
Vu la résolution n° 001-2015/AN du 30 décembre 2015, portant
validation du mandat des députés ;

a délibéré en sa séance du 26 avril 2016


et adopté la loi dont la teneur suit :

CHAPITRE 1 : DE LA CREATION
ET DE LA COMPOSITION

Article 1 :
Il est créé au chef-lieu de chaque province, un tribunal administratif.
Son ressort territorial est la province.

                                                                                                                         
16 Loi promulguée par décret n° 2016-373/PRES du 19 mai 2016, J.O.BF. n° 06
du 09 février 2017, p. 276).
57
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 2 :
Le tribunal administratif est la juridiction de premier degré de l’ordre
administratif.

Article 3 :
Le tribunal administratif se compose :
- d’un président ;
- d’un vice-président ;
- de juges ;
- d’un commissaire du gouvernement ;
- d’un premier commissaire du gouvernement adjoint ;
- de commissaires du gouvernement adjoints ;
- d’un greffier en chef, chef de greffe ;
- de greffiers en chef ;
- de greffiers ;
- de secrétaires des greffes et parquets.

Article 4 :
Le président, le vice-président, les juges, le commissaire du
gouvernement, le premier commissaire du gouvernement adjoint et
les commissaires du gouvernement adjoints sont nommés
conformément au statut de la magistrature.
Le président, le vice-président, les juges, le commissaire du
gouvernement et le premier commissaire du gouvernement adjoint
sont nommés parmi les magistrats de carrière.
Les commissaires du gouvernement adjoints peuvent être nommés
parmi les fonctionnaires en activité, titulaires au moins de la maîtrise
en droit et ayant une expérience professionnelle d’au moins huit ans
en matière juridique ou administrative pour un mandat de cinq ans
renouvelable une fois.

58
Tribunaux administratifs  

Article 5 :
Les membres non magistrats du tribunal administratif sont nommés
par décret simple du Président du Faso sur avis conforme du Conseil
supérieur de la magistrature et après enquête de moralité.
Ils restent régis par la loi applicable à leur corps d’origine. Toutefois,
pendant la durée de leur mandat, et sauf pour ce qui concerne l’âge
de la retraite, ils jouissent des mêmes droits et avantages que les
magistrats de carrière. Subséquemment, ils sont soumis aux mêmes
obligations et à la même procédure disciplinaire que les magistrats.
Avant d’entrer en fonction, ils prêtent devant la Cour administrative
d’appel le serment prescrit aux magistrats. Ils sont installés en
audience solennelle de la juridiction au sein de laquelle ils sont
nommés.

Article 6 :
Le greffier en chef, chef de greffe, les greffiers en chef, les greffiers
et les secrétaires des greffes et parquets sont nommés conformément
à la loi portant statut du personnel du corps des greffiers.

CHAPITRE 2 : DES ATTRIBUTIONS


ET DU FONCTIONNEMENT

Article 7 :
Le tribunal administratif est juge de droit commun du contentieux
administratif. Sauf dans les cas déterminés par la loi, il statue en
premier ressort à charge d’appel devant la Cour administrative
d’appel.

59
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 8 :
Le tribunal administratif connait en outre des recours en
interprétation ou en appréciation de la légalité des actes
administratifs dont le contentieux relève de sa compétence.17

Article 9 :
Le tribunal administratif compétent pour connaître d’une demande
principale, l’est également pour connaître de toute demande
accessoire, incidente ou reconventionnelle ressortissant à la
compétence des tribunaux administratifs.
Il est également compétent pour connaître des exceptions de la
compétence de la juridiction administrative.

Article 10 :
Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement, le tribunal
administratif territorialement compétent est celui dans le ressort
duquel le recourant a son domicile.
Toutefois, le tribunal territorialement compétent est celui du domicile
de l’auteur de l’acte dans les cas suivants :
- en matière foncière ;
- si le recourant réside hors du Burkina Faso.

                                                                                                                         
17 TC, 17 octobre 2011, SCEA du Chéneau c/INAPORC et Cherel c/ CNIEL. En vertu
du principe de séparation des autorités administratives et judiciaires posé par
l'article 13 de la loi des 16-24 août 1790 et par le décret du 16 fructidor an III,
sous réserve des matières réservées par nature à l'autorité judiciaire et sauf
dispositions législatives contraires, il n'appartient qu'à la juridiction administrative
de connaître des recours tendant à l'annulation ou à la réformation des décisions
prises par l'administration dans l'exercice de ses prérogatives de puissance
publique. De même, le juge administratif est en principe seul compétent pour
statuer, le cas échéant par voie de question préjudicielle, sur toute contestation
de la légalité de telles décisions, soulevée à l'occasion d'un litige relevant à titre
principal de l'autorité judiciaire.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?idTexte=CETATEXT0000251
47591
60
Tribunaux administratifs  

Article 11 :
La compétence territoriale des tribunaux administratifs est d’ordre
public. Les règles de compétence lient les tribunaux administratifs
qui doivent opposer même d’office leur incompétence.

CHAPITRE 3 : DE LA PROCEDURE

Section 1 : Du dépôt et de la présentation des requêtes

Article 12 :
Le tribunal administratif est saisi par voie de requête écrite déposée
au greffe du tribunal.
Les requêtes et en général, toutes les productions des parties sont
inscrites à leur arrivée sur le registre d’ordre qui est tenu par le
greffier en chef, chef de greffe ; elles sont en outre marquées ainsi
que les pièces qui y sont jointes d’un timbre indiquant la date
d’arrivée.
Les requêtes doivent être produites en autant d’exemplaires qu’il y a
de parties en cause. Les copies ne sont pas assujetties au droit de
timbre.
Le recours contre une décision administrative n’a pas d’effet
suspensif s’il n’en est autrement ordonné sur demande expresse
d’une partie conformément aux dispositions du chapitre 4 de la
présente loi.

Article 13 :
Le greffier en chef délivre aux parties un certificat constatant
l’arrivée au greffe de la réclamation et des différents mémoires.

Article 14 :
La requête doit, à peine d’irrecevabilité :
- indiquer les noms, prénoms ou raison sociale et domicile des
parties ;
61
Juridictions de l’ordre administratif  

- contenir un exposé sommaire des faits, moyens et conclusions ;


- être accompagnée de la copie de la décision administrative
attaquée et éventuellement de l’extrait d’une décision
juridictionnelle ou d’une pièce justifiant du dépôt de la
réclamation.

Article 15 :
Les requêtes présentées soit par les particuliers, soit par
l’administration doivent être accompagnées de copies certifiées des
pièces dont le nombre est égal à celui des parties en cause.
Ces copies ne sont pas assujetties au droit de timbre.

Section 2 : Du délai de présentation


et de l’instruction des requêtes

Article 16 :
Après l’enregistrement au greffe, le dossier est immédiatement
transmis par voie administrative au président du tribunal
administratif qui fixe dans les huit jours de sa réception, le délai
accordé aux parties pour fournir leur défense. Notification leur est
faite par le greffier en chef en la forme administrative.
Si une des formalités prévues aux articles 14 et 15 ci-dessus n’est pas
remplie ou est insuffisamment remplie, la requête est enregistrée à sa
date sur le registre d’ordre.
Toutefois, le président du tribunal fait mettre en demeure le requérant
de compléter ou de préciser sa requête dans un délai qu’il fixe et qui
ne peut être inférieur à un mois. La mise en demeure est faite en la
forme administrative.

Article 17 :
Lorsque les parties défenderesses ou mises en cause ont produit leurs
défenses ou lorsque le délai qui leur a été imparti a expiré ou encore
lorsque les mesures d’instruction prescrites ont été exécutées, le

62
Tribunaux administratifs  

président prend une ordonnance de clôture mettant fin à l’instruction.


Cette ordonnance est notifiée aux parties et ne peut faire l’objet
d’aucun recours.
Le dossier est ensuite communiqué au commissaire du gouvernement
pour ses conclusions écrites.

Article 18 :
Le commissaire du gouvernement transmet le dossier contenant ses
conclusions au président du tribunal administratif pour inscription au
rôle d’audience.
Les parties sont avisées de la date de l’audience par le greffier en
chef, par voie d’avertissement en la forme administrative quinze
jours au moins avant la date fixée. Elles sont également avisées
qu’elles pourront y présenter des observations orales qui, sauf moyen
d’ordre public, ne sauraient contenir des moyens nouveaux.

Article 19 :
Le recours au tribunal administratif contre la décision d’une autorité
administrative est recevable dans un délai de deux mois. Ce délai
court à partir de la date de la notification ou de la signification, ou de
la date de la publication de la décision attaquée.
L’acte de notification ou de signification doit contenir la mention du
délai de recours. A défaut, l’administration ne peut se prévaloir de la
forclusion.
Dans les affaires contentieuses qui ne peuvent être introduites que
sous forme de requête contre une décision administrative, lorsqu’un
délai de deux mois s’est écoulé depuis la demande sans qu’aucune
décision administrative ne soit intervenue, les parties intéressées
doivent la considérer comme rejetée ; elles peuvent dès lors saisir le
tribunal administratif dans les deux mois qui suivent l’expiration du
délai de deux mois.
Le recours gracieux ou hiérarchique contre une décision explicite de
rejet suspend, s’il ne s’est écoulé, le délai du recours contentieux,
mais ne peut avoir cet effet qu’une fois.
63
Juridictions de l’ordre administratif  

En outre, après le recours gracieux, les recours hiérarchiques


introduits auprès des autorités supérieures successives suspendent les
délais du recours contentieux au bénéfice du recourant.

Section 3 : De la tenue des audiences

Article 20 :
Les audiences du tribunal administratif sont publiques, sauf en
matière de contestation relative à l’impôt sur le revenu et les
contributions directes.
Lorsqu’il le juge nécessaire, le tribunal peut ordonner toutes mesures
complémentaires d’instruction et y procéder dans les formes
prescrites par la décision qui les ordonne.
Le tribunal statue au vu des conclusions écrites du commissaire du
gouvernement qui les développe oralement à l’audience.
Le tribunal administratif est une juridiction collégiale. En formation
de jugement, il siège en nombre impair d’au moins trois juges.

Section 4 : Des incidents de procédure

Paragraphe 1 : Des demandes incidentes

Article 21 :
Les demandes incidentes sont constituées par la demande
additionnelle, la demande reconventionnelle et l’intervention.

Article 22 :
Le tribunal administratif statue par un seul et même jugement sur la
demande principale et la demande incidente.
Toutefois, si la demande incidente est de nature à retarder le
jugement sur la demande principale, le tribunal statue sur la demande
principale, puis sur la demande incidente par un jugement distinct.

64
Tribunaux administratifs  

Article 23 :
La demande additionnelle est formée par le requérant pour modifier
ses prétentions antérieures.
La demande reconventionnelle est formée par le défendeur en
réplique à la demande principale pour obtenir un avantage distinct du
seul rejet de la prétention de son adversaire.
Les demandes additionnelles ou reconventionnelles sont formées par
écrit jusqu’à la clôture de l’instruction.
Elles ne sont recevables que si elles sont de la compétence du
tribunal administratif et si elles se rattachent aux prétentions
originaires par un lien suffisant.

Article 24 :
Constitue une intervention, la demande dont l’objet est de rendre un
tiers, partie à un procès engagé entre les parties initiales.
L’intervention est volontaire ou forcée. Elle est formée par requête
distincte jusqu’à la clôture de l’instruction.
Le tribunal administratif en est saisi à sa plus prochaine audience
utile sans convocation des parties ou du requérant et décide, soit que
l’intervention est irrecevable en tant que telle et considérée comme
une requête introductive d’une instance distincte, soit que
l’intervention est recevable.

Article 25 :
L’intervention volontaire est le fait pour une personne qui, de sa
propre initiative, se joint à une instance qu’elle n’a pas introduite ou
qui n’est pas dirigée contre elle, soit pour obtenir la reconnaissance
d’un droit, soit pour s’assurer la conservation de droits qui pourraient
être compromis par le résultat de l’instance.

65
Juridictions de l’ordre administratif  

Article 26 :
L’intervention forcée est le fait pour les parties à un procès d’appeler
à la cause une personne qui ne figure pas à l’instance. Le tribunal
peut inviter les parties à mettre en cause toute personne intéressée au
litige par voie de requête.

Article 27 :
La demande en intervention forcée peut être formée à l’encontre de
toute personne qui a qualité pour former tierce opposition et contre
laquelle une partie entend voir déclarer commune la décision à
intervenir.

Paragraphe 2 : De la question préjudicielle

Article 28 :
La question préjudicielle est une question de droit qui, soulevée
devant une juridiction, oblige celle-ci à surseoir à statuer jusqu’ à ce
qu’elle soit tranchée par la juridiction compétente ; elle est soulevée
par les parties.
Lorsqu’une question préjudicielle est soulevée devant le tribunal
administratif, celui-ci doit surseoir à statuer et renvoyer la partie
intéressée à se pourvoir devant la juridiction compétente dans un
délai qu’il fixe. Si à l’expiration du délai fixé, la partie ne fait pas
diligence, le tribunal peut statuer en écartant la question préjudicielle.

Paragraphe 3 : De l’inscription en faux

Article 29 :
Dans le cas de demande en inscription de faux contre une pièce
produite, le président du tribunal, dans un délai qu’il fixe, fait mettre
en demeure la partie qui l’a produite, de déclarer si elle entend s’en
servir. Si la partie ne satisfait pas à cette mise en demeure ou si elle
déclare qu’elle n’entend pas se servir de cette pièce, celle-ci est
66
Tribunaux administratifs  

écartée.
Si la partie déclare qu’elle entend se servir de cette pièce, le tribunal
sursoit à statuer sur l’instance principale jusqu’après le jugement sur
le faux par la juridiction compétente, ou prononce la décision
définitive si elle ne dépend pas de la pièce qualifiée de faux.
Lorsque le tribunal sursoit à statuer, il met en demeure la partie qui
argue du faux dans un délai qu’il fixe, de justifier les diligences
effectuées auprès de la juridiction compétente en matière de faux.

Paragraphe 4 : Du décès d’une partie

Article 30 :
Lorsqu’il est déposé au greffe du tribunal la preuve du décès d’une
partie, l’instance est suspendue pendant trois mois.
Le tribunal avise les ayants droit qu’ils ont la possibilité de reprendre
l’instance dans le délai fixé.
A l’expiration de ce délai, si les ayants droit n’ont pas repris
l’instance, le président désigne d’office un administrateur tuteur du
de cujus qui le représentera dans la procédure.
La décision à intervenir est rendue par défaut à l’égard des ayants
droit. Ceux-ci peuvent faire opposition dans le délai d’un mois de la
signification qui leur en a été faite par un huissier de justice à la
diligence des autres parties.
Est réputée par défaut à l’égard d’une partie, toute décision rendue
postérieurement au décès de cette partie.

Paragraphe 5 : Du désistement et
d’autres modes d’extinction de l’instance

Article 31 :
L’instance peut s’éteindre par un désistement d’instance ou d’action.
Qu’il soit d’action ou d’instance, le désistement doit être explicite.

67
Juridictions de l’ordre administratif  

Lorsque le requérant n’indique pas la portée de son désistement, il


doit être invité à apporter les précisions nécessaires. Faute par lui d’y
satisfaire, il est réputé avoir fait un désistement d’instance.
Dans le plein contentieux, le désistement doit être accepté par le
défendeur. En matière de recours pour excès de pouvoir, une telle
acceptation n’est pas nécessaire.
Lorsque le désistement est reconnu parfait, le juge en donne acte au
requérant et déclare l’instance éteinte.

Article 32 :
L’instance s’éteint également lorsque :
- la décision contestée est validée par une loi ;
- le requérant a obtenu satisfaction auprès du défendeur, en cours
d’instance ;
- l’objet du litige a disparu.
L’extinction de l’instance dans ces hypothèses est aussi constatée par
une décision du tribunal administratif.

Section 5 : Des décisions du tribunal

Article 33 : Les décisions du tribunal administratif comportent


obligatoirement :
- l’indication de la juridiction dont elles émanent ;
- les noms du juge ou des juges qui en ont délibéré ;
- le nom du représentant du commissariat du gouvernement ;
- le nom du greffier ;
- les noms, prénoms ou dénominations, professions et domiciles
des parties, et la mention de leur comparution ou de leur
défaut, avec en ce cas la constatation qu’elles ont été
régulièrement convoquées ;
- le cas échéant, les noms et prénoms des avocats ou de toute
personne ayant représenté ou assisté les parties ;
- l’objet de la demande et l’analyse sommaire des moyens
produits ;
68
Tribunaux administratifs  

- les motifs retenus à l’appui de la décision avec référence à la


règle juridique dont il est fait application ;
- le dispositif contenant la décision ;
- l’indication que la décision a été rendue en audience publique
sous réserve des règles particulières à certaines matières ;
- la date du prononcé et la signature du président et du greffier.

Article 34 :
L’expédition exécutoire des décisions délivrées par le greffe du
tribunal administratif porte la formule exécutoire suivante : « L’Etat
du Burkina Faso mande et ordonne à l’Agent judiciaire du Trésor en
ce qui le concerne et à tous mandataires à ce requis en ce qui
concerne les voies de droit commun contre les parties privées, de
pourvoir à l’exécution de la présente décision ».
En cas d’inexécution d’une décision devenue exécutoire, rendue par
une juridiction administrative contre l’Etat ou ses démembrements,
les personnes physiques en charge des diligences nécessaires pour
cette exécution peuvent voir leur responsabilité personnelle engagée
devant le Conseil d’Etat.
Les modalités de mise en œuvre de cette responsabilité sont
déterminées par voie règlementaire.18

Article 35 :
Les décisions du tribunal administratif sont rendues soit par défaut,
soit contradictoirement, soit par réputée contradictoire.
Les décisions sont contradictoires à l’égard d’une partie :
- qui a conclu et qui, bien que régulièrement convoquée, n’a pas
comparu à l’audience ;
- qui a comparu alors qu’ayant reçu notification des actes de
procédure n’a pas conclu.

                                                                                                                         
18 V. la note n° 12 se rapportant à l’art. 60 de la loi organique relative au Conseil
d’Etat (supra).
69
Juridictions de l’ordre administratif  

Elles sont réputées contradictoires à l’égard d’une partie qui n’a ni


conclu ni comparu à l’audience alors qu’elle a reçu notification des
actes de procédure et qu’elle a été régulièrement convoquée.
Les décisions sont rendues par défaut à l’égard d’une partie qui n’a
ni reçu notification des actes de procédure ni comparu à l’audience
ainsi que dans le cas prévu à l’article 30 de la présente loi.

Section 6 : Des voies de recours

Article 36 :
Les voies de recours contre les décisions du tribunal administratif
sont : l’appel, l’opposition, la tierce opposition, le pourvoi en
cassation, le recours en révision, le recours en rectification d’erreur
matérielle et le recours en interprétation.

Paragraphe 1 : De l’appel

Article 37 :
Les décisions rendues en premier ressort, contradictoirement ou
réputées telles sont susceptibles d’appel.
Sauf dispositions particulières, l’appel est formé selon le cas, soit au
greffe de la Cour administrative d’appel compétente, soit au greffe
du Conseil d’Etat dans le délai de deux mois à compter du prononcé
de la décision rendue contradictoirement ou de la signification de la
décision rendue par réputée contradictoire.
L’appel ne suspend pas l’exécution de la décision administrative
attaquée à moins qu’il n’en soit ordonné autrement.

Paragraphe 2 : De l’opposition

Article 38 :
Les décisions rendues par défaut sont susceptibles d’opposition.
L’opposition doit être formée dans le délai d’un mois à compter de la

70
Tribunaux administratifs  

notification par voie d’huissier de justice ou en la forme


administrative ou du jour où la partie contre qui défaut a été donné en
a eu connaissance. L’opposition ne suspend pas l’exécution de la
décision administrative attaquée à moins qu’il n’en soit ordonné
autrement.

Paragraphe 3 : De la tierce opposition

Article 39 :
Toute personne peut former tierce opposition à une décision du
tribunal administratif qui préjudicie à ses droits, dès lors que ni elle
ni ceux qu’elle représente n’ont été présents ou régulièrement
appelés dans l’instance ayant abouti à cette décision.
La tierce opposition doit être formée dans le délai d’un mois à
compter du jour où l’intéressé a eu connaissance de la décision.

Paragraphe 4 : Du pourvoi en cassation

Article 40 :
Les décisions rendues en premier et dernier ressort par le tribunal
administratif sont susceptibles de pourvoi en cassation devant le
Conseil d’Etat.

Article 41 :
Le délai pour se pourvoir en cassation est de deux mois à compter du
prononcé des décisions contradictoires ou à compter de la
signification pour les décisions réputées contradictoires.
Contre les décisions rendues par défaut, ce délai court du jour où
l’opposition n’est plus recevable.

71
Juridictions de l’ordre administratif  

Paragraphe 5 : Du recours en révision

Article 42 :
Le recours en révision contre une décision du tribunal administratif
n’est recevable que si :
- elle a été rendue sur fausses pièces ;
- la partie intéressée a été condamnée faute de présenter une
pièce décisive qui était retenue par son adversaire.
Le recours en révision doit être présenté devant le tribunal
administratif qui a rendu la décision en cause par ministère d’avocat,
dans les trois mois qui suivent la découverte du fait donnant
ouverture à révision.
Lorsqu’il aura été statué sur un premier recours en révision contre
une décision contradictoire, un second recours contre la même
décision n’est plus recevable.

Paragraphe 6 : Du recours en interprétation


et en rectification d’erreur matérielle

Article 43 :
Lorsqu’une décision du tribunal administratif paraît obscure, la partie
intéressée peut lui en demander l’interprétation.

Article 44 :
Lorsqu’une décision du tribunal administratif est entachée d’une
erreur matérielle, la partie intéressée peut lui en demander la
rectification.

Section 7 : Des frais et dépens

Article 45 :
Les frais nécessaires pour les actes d’instruction sont avancés soit par
le trésor, soit par la partie privée qui les a requis au vu d’une
72
Tribunaux administratifs  

ordonnance de taxation du président du tribunal. Les modalités


d’application de cette disposition seront précisées par voie
règlementaire.

Article 46 :
Les dépens sont mis à la charge de la partie perdante sauf si les
circonstances particulières de l’affaire justifient qu’ils soient mis à la
charge d’une autre partie ou partagés entre les parties.
La liquidation des dépens est faite par ordonnance du président du
tribunal administratif.
Les parties, ainsi que, le cas échéant, les experts intéressés, peuvent
contester l’ordonnance de liquidation des dépens devant le tribunal
administratif siégeant en formation de jugement.
Le recours mentionné dans l’alinéa ci-dessus est exercé dans le délai
d’un mois à compter de la notification de l’ordonnance.
Le tribunal administratif, sur demande expresse et motivée,
condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante à
payer à l’autre partie la somme qu’il détermine, au titre des frais
exposés et non compris dans les dépens.
Il n’est pas lié par la convention entre le justiciable et son avocat. Il
tient compte de l’équité et de la situation économique de la partie
condamnée. Il peut, pour des raisons tirées des mêmes circonstances,
dire qu’il n’y a pas lieu à cette condamnation.
Dans tous les cas, il doit motiver sa décision.

Article 47 :
Les frais et dépens, lorsqu’ils sont mis à la charge de personnes
physique ou morale de droit privé sont recouvrés conformément aux
textes en vigueur.

73
Juridictions de l’ordre administratif  

CHAPITRE 4 : DE LA JURIDICTION
DU PRESIDENT DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF19

Article 48 :
Le président du tribunal administratif, ou tout juge qu’il délègue,
statue suivant la procédure de référé dans les hypothèses et
conditions définies au présent chapitre par des mesures qui
présentent un caractère provisoire.

Article 49 :
Lorsqu’une décision administrative, même de rejet, dont le
contentieux relève de la compétence du tribunal administratif, fait
l’objet d’une requête en annulation ou en reformation, le président du
tribunal ou le juge délégué peut ordonner la suspension de
l’exécution de cette décision lorsque l’urgence le justifie et qu’il
existe un doute sérieux quant à la légalité de ladite décision.

Article 50 :
La suspension de l’exécution ne peut être accordée lorsque la
décision attaquée intéresse le maintien de l’ordre, la sécurité, la
tranquillité, la salubrité publics.
Lorsque la suspension est prononcée, il est statué sur la requête en
annulation ou en reformation de la décision dans les meilleurs délais.

                                                                                                                         
19 Les référés administratifs institués dans le présent chapitre à travers la création
de la juridiction du président du tribunal administratif constituent une des
réformes introduites par la loi. Ils visent à protéger davantage le citoyen à
travers la garantie d’un accès au juge dans la procédure administrative
contentieuse. Ces référés sont notamment le référé-suspension (art. 49), le référé
sauvegarde d’un droit d’une liberté fondamentale (art. 51), le référé mesures
utiles ou référé-conservatoire (art. 52), le référé-provision (art. 53), le référé
constat et le référé instruction (art. 54).
74
Tribunaux administratifs  

Article 51 :
En cas d’urgence, le président du tribunal peut ordonner toutes
mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à
laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de
droit privé chargé de la gestion d’un service public aurait porté une
atteinte grave et manifestement illégale dans l’exercice d’un de ses
pouvoirs.

Article 52 :
Le président du tribunal ou le magistrat délégué peut également, en
cas d’urgence et même en l’absence de décision administrative
préalable, ordonner toutes mesures utiles destinées à sauvegarder les
droits des parties sans que celles-ci ne fassent obstacle à l’exécution
d’une décision administrative.

Article 53 :
Le président du tribunal ou le magistrat délégué peut, sans qu’il ne
soit besoin de justifier de l’urgence, accorder une provision au
créancier dans tous les cas où l’obligation n’est pas sérieusement
contestable. Cette provision ne saurait excéder le tiers de la créance.

Article 54 :
Il peut dans les mêmes conditions :
- commettre un expert pour constater les faits susceptibles d’être
la cause d’un litige devant une juridiction ;
- ordonner une expertise ou toute mesure d’instruction.

Article 55 :
Dans toutes les hypothèses visées au chapitre 4 de la présente loi, le
président du tribunal est saisi par voie de requête. La procédure est
contradictoire et écrite. Elle se déroule sans conclusions du
commissaire du gouvernement.

75
Juridictions de l’ordre administratif  

L’ordonnance est rendue dans un délai qui ne saurait excéder un


mois.20

Article 56 :
Les ordonnances de référé rendues par le président du tribunal
administratif sont susceptibles d’appel devant la juridiction du
premier président de la Cour administrative d’appel dans un délai de
quinze jours à compter de leur prononcé ou de leur notification.

CHAPITRE 5 : DES DISPOSITIONS


TRANSITOIRES ET FINALES

Article 57 :
A titre transitoire, le tribunal administratif siège à juge unique
lorsque le nombre de juges affectés dans la juridiction ne permet pas
de constituer une formation collégiale.
En cas de nécessité, le président du tribunal administratif peut par
ordonnance motivée, permettre de siéger à juge unique à condition
que le nombre de juges effectivement présents ne permette pas de
constituer une formation collégiale.

Article 58 :
En attendant la mise en place effective des tribunaux administratifs
dans les chefs-lieux de province, les tribunaux administratifs existant
à l’entrée en vigueur de la présente loi conservent les compétences
qui leur sont dévolues.

                                                                                                                         
20 Il s’agit là d’une obligation de diligence dans le traitement des dossiers de
référés. En outre, l’art. 33 du code de déontologie des magistrats (résolution
n° 02-2017/CSM du 07 juillet 2017) prévoit que tout retard injustifié dans le
traitement des dossiers ou dans la rédaction des décisions de justice constitue une
faute professionnelle.
76
Tribunaux administratifs  

Article 59 :
Des décrets pris en Conseil des ministres précisent en tant que de
besoin les modalités d’application de la présente loi.

Article 60 :
La présente loi abroge toutes dispositions antérieures contraires,
notamment la loi n° 21/95/ADP du 16 mai 1995, portant création,
organisation et fonctionnement des tribunaux administratifs.

Article 61 :
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

Ainsi fait et délibéré en séance publique


à Ouagadougou, le 26 avril 2016

Le Secrétaire de séance

77
COMPETENCES ET PROCEDURES DIVERSES
Elections  

Loi n° 14-2001/AN du 03 juillet 2001 portant code électoral


(promulguée par décret n° 2001-386 du 02 août 2001, J.O.BF. n°
2 spécial du 16 août 2001), ensemble ses modificatifs.21

(Extraits)

TITRE I : DISPOSITIONS COMMUNES

Article 1 :
[Loi n° 19-2013/AN du 21 mai 2013 - Art. 1. Le présent code
s'applique aux opérations électorales relatives au référendum, aux
élections du Président du Faso, des députés à l'Assemblée nationale,
des sénateurs représentant les collectivités territoriales, des
conseillers régionaux et des conseillers municipaux.]

[…]

                                                                                                                         
21 La loi n° 14-2001/AN du 03 juillet 2001 portant code électoral a été modifiée :
par la loi n° 02-2002/AN du 23 janvier 2002 (promulguée par décret n° 2002-
030 du 05 février 2002, J.O.BF. du 7 février 2002, p. 209) ; par la loi n° 13-
2004/AN du 27 avril 2004 (promulguée par décret n° 2004-211 du 27 mai
2004, J.O.BF. du 27 mai 2004, p. 691) ; par la loi n° 24-2005/AN du 25 mai
2005 (promulguée par décret n° 2005-355 du 29 juin 2005, J.O.BF. n° 27 du 7
juillet 2005, p. 910) ; par la loi n° 02-2006/AN du 27 février 2006
(promulguée par décret n° 2006-094 du 7 mars 2006, J.O.BF. spécial n° 1 du
09 mars 2006, p. 4) ; par la loi n° 19-2009/AN du 7 mai 2009 (promulguée
par le décret n° 2009-395 du 03 juin 2009, J.O.BF. du 16 juillet 2009, p.
4462) ; par la loi n° 03-2010/AN du 25 janvier 2010 (promulguée par le
décret n° 2010-066 du 23 février 2010, J.O.BF. du 18 mars 2010, p. 5903) ;
par la loi n° 33-2010/AN du 21 octobre 2010 (promulguée par le décret
n° 2010-668 du 21 octobre 2010) ; par la loi n° 06-2012/AN du 5 avril 2012
(promulguée par le décret n° 2012-386 du 14 mai 2012, J.O.BF. du 26 juillet
2012, p. 3352) ; par la loi n° 19-2013/AN du 21 mai 2013 (promulguée par le
décret n° 2013-476 du 10 juin 2013) ; par la loi n° 05-2015/CNT du 07 avril
2015 (promulguée par le décret n° 2015-427/PRES-TRANS du 09 avril 2015,
J.O.BF. spécial n°01 du 09 avril 2015) ; et par la loi n° 35-2018/AN du 30
juillet 2018 (promulguée par le décret n° 2018-751 du 7 septembre 2018).
81
Compétences & procédures diverses  

CHAPITRE IV : DES LISTES ELECTORALES

Section 2 : De l’établissement et de
la révision des listes électorales

Article 55 :
[Loi n° 06-2012/AN du 5 avril 2012 - Art. 1. Les électeurs qui font
l'objet d'une radiation d'office de la part de la Commission électorale
ou ceux dont l'inscription est contestée sont convoqués par le
Président de la Commission électorale communale indépendante
(CECI) ou de la Commission électorale indépendante
d'arrondissement (CEIA).
Notification écrite leur est faite de la décision de la Commission
électorale compétente.
Tout électeur inscrit sur la liste électorale peut réclamer l'inscription
ou la radiation d'un électeur omis ou indûment inscrit, dans les cinq
jours qui suivent la publication de la liste électorale.]

Article 56 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le recours contre les
décisions de la commission électorale compétente est porté devant le
président de la Commission électorale indépendante immédiatement
supérieure dans les cinq jours. Il est formé sur simple déclaration et
l’autorité électorale saisie statue dans les sept jours.
La décision de l’autorité électorale saisie peut faire l’objet d’un
recours devant le tribunal administratif du ressort dans les cinq
jours.]22

                                                                                                                         
22 Il est de doctrine et de jurisprudence constante que la saisine d’une juridiction
incompétente proroge le délai de recours contentieux. Cette prorogation est en
effet conservatrice de délai. Le délai interrompu reprendra son cours pour toute
sa durée, pour compter du jour de la décision d’incompétence. En l’espèce, le
tribunal administratif, saisi d’une requête en annulation d’une décision de refus
de la CENI de réceptionner des dossiers de candidature, s’était déclaré
incompétent sur le fondement de l’art. 12 de la loi organique n° 15-2000/AN du
82
Elections  

Article 56 bis :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le tribunal
administratif, saisi d’un recours contre une décision d’une autorité
électorale, statue dans un délai n’excédant pas dix jours, sans frais ni
forme de procédure et sur simple avertissement donné trois jours à
l’avance à toutes les parties intéressées.
Toutefois, si la demande portée devant lui implique la solution
préjudicielle d’une question d’état, il renvoie préalablement les
parties à se pourvoir devant la juridiction compétente et fixe un délai
n’excédant pas soixante douze heures dans lequel la partie qui a
soulevé la question préjudicielle devra justifier ses diligences. En cas
d’annulation des opérations de la commission, les recours sont radiés
d’office.]

Article 57 :
La décision du tribunal est rendue en dernier ressort. Elle peut être
déférée en cassation conformément aux textes en vigueur.

[…]

Section 3 : De l’inscription en dehors des périodes de révision

Article 63 :
[Loi n° 06-2012/AN du 5 avril 2012 - Art. 1. Le président de la
commission électorale compétente, directement saisi, a compétence
pour statuer quinze jours au moins avant le jour du scrutin sur les
réclamations des personnes qui prétendent avoir été omises sur les
listes électorales par suite d'une erreur purement matérielle ou avoir
été radiées de ces listes sans observation des formalités prescrites par
l'article 55 ci-dessus. Ces demandes d'inscription tardives sont
accompagnées de justifications nécessaires.]
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
23 mai 2000 portant composition, organisation, attributions, fonctionnement du
Conseil d’Etat et procédure applicable.
83
Compétences & procédures diverses  

Article 64 :
[Loi 19-2009/AN du 7 mai 2009 - Art. 1. Les décisions du bureau de
la commission électorale compétente peuvent faire l’objet d’un
recours conformément aux dispositions des articles 55 et 56 ci-
dessus.]

[…]

CHAPITRE V : DE LA CAMPAGNE ELECTORALE

Article 71 bis :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le Conseil supérieur
de la communication fixe le nombre, la durée et les horaires des
émissions.
Il peut, en sus du temps d’émission dont dispose chaque candidat,
parti politique ou regroupement de partis politiques, organiser des
débats contradictoires dans les organes de presse d’Etat, à la
condition que de telles émissions permettent à chacun des candidats,
partis politiques ou regroupements de partis politiques d’intervenir].

Article 71 ter :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le Conseil supérieur
de la communication veille à ce que le principe d’égalité entre les
candidats soit respecté dans les programmes d’information des
organes de la presse d’Etat, en ce qui concerne la reproduction et les
commentaires des déclarations, écrits, activités des candidats et la
présentation de leur personne].

Article 71 quater :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. En cas de reprise ou
d’organisation d’élections partielles, les dispositions des articles 71
bis et 71 ter s’appliquent.

84
Elections  

Le recours contre les actes du Conseil supérieur de la communication


est exercé devant le Conseil d’Etat dans les quarante-huit heures pour
compter de la date de prise de la décision.
Le Conseil d’Etat statue dans les soixante-douze heures suivant sa
saisine.]

CHAPITRE VI : DES OPERATIONS DE VOTE

[…]

Article 81 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Les membres des
bureaux de vote régulièrement inscrits sur une liste électorale et dont
les noms ne figurent pas au tableau complémentaire, les agents de
sécurité affectés aux bureaux de vote ainsi que les électeurs définis à
l’article 82 ci-dessous, sont autorisés à voter dans les bureaux où ils
siègent, sur présentation de leur carte d’électeur.
La liste des électeurs admis au vote par dérogation dans les bureaux
de vote doit être annexée à la liste électorale et au procès-verbal du
bureau de vote où ils ont été nommés ou affectés de façon à être
retranchés de la liste électorale de leurs bureaux de vote pour le
décompte des électeurs inscrits par le Conseil constitutionnel ou le
Conseil d’Etat.
Cette liste doit comporter les mentions ci-après : les noms et
prénoms, date et lieu de naissance, le numéro sur la liste électorale
d’origine ainsi que l’indication du lieu et du bureau de vote.]

Article 82 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Dans les mêmes
conditions, les délégués du Conseil constitutionnel, du Conseil
d’Etat, les membres de la CENI et son personnel en mission, les
délégués des médias régulièrement accrédités ainsi que les
observateurs agréés, régulièrement inscrits sur une liste électorale

85
Compétences & procédures diverses  

sont autorisés à voter dans un des bureaux de vote où ils exercent


leurs missions.]

[…]

CHAPITRE VII : DU RECENSEMENT DES VOTES


ET DE LA PROCLAMATION DES RESULTATS

Article 97 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Il peut être mis en
place par la CENI des centres déconcentrés de compilation des
résultats.
Les procès-verbaux des opérations électorales de chaque bureau de
vote sont établis en quatre exemplaires, signés à l’identique par les
membres du bureau de vote. Chaque exemplaire est placé dans une
enveloppe sécurisée portant l’adresse de son destinataire par le
président du bureau de vote.
Un exemplaire est destiné au président du Conseil constitutionnel
pour les élections nationales ou au président du Conseil d’Etat pour
les élections municipales.
A cet exemplaire sont annexés :
- les bulletins annulés par le bureau ;
- une feuille de dépouillement dûment arrêtée ;
- la feuille de résultat ;
- éventuellement, les observations du bureau concernant le
déroulement du scrutin.
En cas d’erreur, de rature ou de toute autre imperfection affectant
l’exploitation d’un procès-verbal, la juridiction de contrôle peut
requérir de la CENI la communication de l’exemplaire du procès-
verbal correspondant pour établir sa conviction.
Un exemplaire est destiné à la Commission électorale communale
indépendante (CECI) ou à la Commission électorale indépendante
d’arrondissement (CEIA) et à l’étranger, à la Commission électorale
indépendante d’ambassade (CEIAM) ou à la Commission électorale

86
Elections  

indépendante de consulat (CEIC). Cet exemplaire est mis à la


disposition du centre déconcentré de compilation des résultats pour
exploitation.
A cet exemplaire sont annexées :
- la feuille de dépouillement dûment établie ;
- la feuille de résultat.
Un exemplaire est destiné à la Commission électorale provinciale
indépendante (CEPI).
A cet exemplaire sont annexées :
- la feuille de dépouillement dûment établie ;
- la feuille de résultat.
Un exemplaire est destiné à la Commission électorale nationale
indépendante (CENI).
A cet exemplaire sont annexées :
- la feuille de dépouillement dûment établie ;
- la feuille de résultat.]

Article 97 bis :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Les procès-verbaux
sont acheminés sous pli fermé et scellé portant l’adresse de chacun
des destinataires, par les voies les plus sûres, au siège de la
Commission communale ou d’arrondissement, à l’ambassade ou au
consulat général sous la responsabilité des présidents des bureaux de
vote.
La CENI prend les dispositions pour l’acheminement sécurisé à
partir des CECI et des CEIA, des plis destinés aux CEPI, à la CENI,
au Conseil d’Etat ou au Conseil constitutionnel, et à partir des
ambassades et consulats généraux, à la CENI et au Conseil
constitutionnel.
Les procès-verbaux peuvent être consultés au siège de la CENI par
les candidats ou leurs représentants. Les requêtes sont adressées à cet
effet au président de la CENI qui organise la consultation en
s’assurant que cette activité n’entrave pas la continuité de l’exercice
de la mission de l’institution.

87
Compétences & procédures diverses  

La Commission électorale indépendante d’ambassade (CEIAM) ou la


Commission électorale indépendante de consulat (CEIC) organise au
sein de chaque ambassade et consulat général, la centralisation des
votes et la compilation des résultats].

Article 98 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. La Commission
électorale nationale indépendante (CENI) est chargée de la
centralisation des résultats des votes au niveau national. Elle organise
la centralisation de tous les votes à l’échelle nationale à son siège, à
partir des données sécurisées des procès-verbaux, transmises par voie
électronique et de télétransmission ou transportées par des moyens
logistiques réquisitionnés par la CENI.
Elle assure la proclamation des résultats provisoires dans les sept
jours à compter de la date de clôture des opérations électorales. En
cas de nécessité, elle peut demander au Conseil constitutionnel ou au
Conseil d’Etat selon l’élection une prolongation qui ne saurait
excéder trois jours.
Tous les recours relatifs aux contestations éventuelles des résultats
provisoires sont reçus par le Conseil constitutionnel ou le Conseil
d’Etat dans les sept jours suivant la proclamation des résultats
provisoires.
Le Conseil constitutionnel ou le Conseil d’Etat statue et proclame les
résultats définitifs dans les quinze jours qui suivent l’expiration du
délai imparti pour les recours.]

Article 99 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Au vu des résultats de
tous les procès-verbaux des bureaux de vote, le Conseil
constitutionnel ou le Conseil d’Etat effectue le recensement général
des votes à son siège. Il en est dressé procès-verbal.
Après proclamation des résultats définitifs, les présidents des CECI,
des CEIA et des CEPI transmettent les documents électoraux aux
préfets et hauts commissaires pour archivage.

88
Elections  

Les présidents des CEIAM et des CEIC transmettent leurs documents


électoraux à l’ambassade ou au consulat général pour archivage.]

Article 100 :
[Loi n° 06-2012/AN du 5 avril 2012 - Art. 1. Si aucune contestation
relative à la régularité des opérations électorales n'a été enregistrée
par le Conseil constitutionnel ou le Conseil d'Etat dans les délais
prescrits à l'article 98, le Conseil constitutionnel proclame les
résultats définitifs des scrutins référendaires, de l'élection
présidentielle et des élections législatives et le Conseil d'Etat les
résultats définitifs des élections locales.]

[…]

TITRE III : DISPOSITIONS RELATIVES


A L'ELECTION DES MEMBRES DU PARLEMENT
(Loi n° 19-2013/AN du 21 mai 2013 - Art. 1.)

CHAPITRE IV : DE LA DECLARATION DE CANDIDATURE

Article 181 :
[Loi n° 19-2009/AN du 7 mai 2009 - Art. 1. Est interdite la réception
de la candidature d’une personne inéligible.
S’il apparaît qu’une déclaration de candidature a été déposée en
faveur d’une personne inéligible, le président de la Commission
électorale nationale indépendante (CENI) doit surseoir à la réception
de la candidature et saisir le tribunal administratif qui statue dans les
trois jours.]

Article 182 :
Au plus tard, trente jours avant le scrutin, le président de la
Commission électorale nationale indépendante (CENI) arrête et
publie les déclarations de candidatures reçues, modifiées
éventuellement compte tenu des dépôts au Secrétariat général de la

89
Compétences & procédures diverses  

Commission électorale nationale indépendante (CENI) par le


mandataire de la liste, du reçu de la caution prévue par l’article 185.

Article 183 :
[Loi n° 19-2009/AN du 7 mai 2009 - Art. 1. En cas de contestation
d’un acte du président de la Commission électorale nationale
indépendante (CENI), fait en application des articles 181 et 182, les
mandataires des listes de candidats, peuvent dans les soixante-douze
heures de la publication, se pourvoir devant le tribunal administratif,
qui doit statuer dans les trois jours qui suivent sa saisine.]

[…]

TITRE IV : DISPOSITIONS RELATIVES A


L'ELECTION DES CONSEILLERS REGIONAUX
(Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1.)

CHAPITRE II : DES CONDITIONS D’ELIGIBILITE,


D’INCAPACITE ET DES INCOMPATIBILITES
(Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1.)

Article 212 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Tout conseiller régional
qui, pour toute cause survenue postérieurement à son élection, se
trouve dans l’un des cas d’exclusion prévus par la présente loi, est
immédiatement démis de son mandat par arrêté du Ministre chargé
de l’Administration du territoire.
Il peut faire recours devant la juridiction administrative, dans les
quinze jours suivant la notification.]

[…]

90
Elections  

CHAPITRE VI : DU CONTENTIEUX
DES ELECTIONS REGIONALES23
(Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1.)

Article 231 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Le recours contre
l’éligibilité d’un candidat peut être formé devant le tribunal
administratif par tout citoyen dans les soixante douze heures suivant
la publication de la liste des candidats.]

Article 232 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Le recours contre la
régularité du scrutin peut être formé devant le tribunal administratif
par tout conseiller dans les soixante-douze heures suivant la clôture
du scrutin.]

Article 233 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Le recours contre la
régularité du dépouillement peut être formé devant le tribunal
administratif par tout conseiller dans les soixante-douze heures
suivant l’affichage des résultats.]

Article 234 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Le tribunal administratif
statue dans les huit jours de sa saisine.

                                                                                                                         
23 La procédure contentieuse administrative est essentiellement écrite et surtout
contradictoire. Même des délais abrégés comme ceux qui prévalent en matière
électorale ne peuvent autoriser le juge à méconnaître ces principes. Dès lors que
le tribunal a violé le principe du contradictoire, sa décision mérite d’être infirmée.
Voir CE, Ch. du contentieux, arrêt n°16/2005-2006 du 13 mai 2006, aff.
BOUDA A., N’Do A. X. et UNIR/MS c/ CEIA de Sig-Noghin. Relativement au
principe du respect des droits de la défense par le juge administratif, voir aussi
CS. Ch. Adm., arrêt n° 002/1999-2000 du 19 septembre 2000, aff. CNDP c/
MATS et CDP ; CS. Ch. Adm., arrêt n° 003/2000 du 23 septembre 2000, aff.
CNDP c/ MATS.
91
Compétences & procédures diverses  

La décision du tribunal administratif peut faire l’objet d’un recours


devant le Conseil d’Etat dans les soixante douze heures. Le Conseil
d’Etat statue dans un délai n’excédant pas huit jours.]

Article 235 :
[Loi n° 24-2005/AN du 25 mai 2005 - Art. 1. Lorsque de graves
irrégularités sont constatées et susceptibles d’affecter le résultat du
scrutin, la juridiction administrative compétente prononce
l’annulation de l’élection.
Un nouveau scrutin est alors décidé par arrêté du Ministre chargé de
l’Administration du territoire. Le scrutin a lieu dans les deux mois
qui suivent la décision de la juridiction compétente.]

TITRE V : DISPOSITIONS RELATIVES


A L’ELECTION DES CONSEILLERS MUNICIPAUX

CHAPITRE II : DES CONDITIONS D’ELIGIBILITE


D’INCAPACITE ET DES INCOMPATIBILITES

[…]

Article 245 :
[Loi n° 19-2009/AN du 7 mai 2009 - Art. 1. Pour toute cause
d’incompatibilité survenue postérieurement à son élection, tout
conseiller municipal se trouvant dans l’un des cas d’exclusion prévus
par la présente loi, est immédiatement démis de ses fonctions par
arrêté du Ministère chargé de l’Administration du territoire. Le
recours contre l’arrêté est formé devant la juridiction administrative
dans les quinze jours suivant la notification.
Le conseiller municipal dont l’inéligibilité se révèle après la
proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours ou qui,
pendant son mandat, se trouve dans l’un des cas d’inéligibilité prévus
par le code électoral est déchu de plein droit de la qualité de membre
du conseil municipal.

92
Elections  

La déchéance est constatée par le Conseil d’Etat, à la requête du


Ministre chargé des Collectivités territoriales. En outre, en cas de
condamnation définitive postérieure à l’élection, la déchéance est
constatée dans les mêmes formes à la requête du ministère public.]

[…]

CHAPITRE V : DU RECENSEMENT DES VOTES


ET DE LA PROCLAMATION DES RESULTATS

Article 251 :
[Loi n° 19-2009/AN du 7 mai 2009 - Art. 1. Pour ce qui concerne le
référendum, les élections présidentielle et législative, le Conseil
constitutionnel, au vu des résultats et de tous les procès-verbaux des
bureaux de vote, effectue le recensement général des votes à son
siège, en dresse procès-verbal et proclame les résultats
conformément aux dispositions des articles 98 à 100 de la présente
loi.
Pour ce qui concerne les élections municipales, le Conseil d’Etat, au
vu des résultats et de tous les procès-verbaux des bureaux de vote,
effectue le recensement général des votes à son siège, en dresse
procès-verbal et proclame les résultats conformément aux
dispositions des articles 98 à 100 de la présente loi.]

[…]

93
Compétences & procédures diverses  

CHAPITRE VII : DU CONTENTIEUX


DES ELECTIONS MUNICIPALES24
                                                                                                                         
24 Dans sa décision n° 2006-001/CC/EM du 02/02/2006 portant annulation de
l'arrêté n° 2005-055/CENI/SG du 13 décembre 2005 portant reprise des
activités des démembrements de la CENI, le CC relève que : « la Constitution du
02 juin 1991 opère bien un partage de compétence en matière de contentieux
des élections locales entre le Conseil constitutionnel et les juridictions
administratives… Le code électoral apporte une clarification dans ce partage de
compétence, en réservant spécialement aux juridictions administratives la
connaissance des recours contre l'éligibilité d'un candidat (art. 259), des recours
contre la régularité du scrutin (art. 260) et des recours contre la régularité du
dépouillement (art. 261), tout en laissant par interprétation déductive
compétence au Conseil constitutionnel pour connaître de tous les actes
préparatoires qui ne rentrent pas dans les champs d'application de ces art. 259,
260 et 261….
L'arrêté n° 2005-055/CENI/SG du 13 décembre 2005 du Président de la CENI
ne peut être interprété et classé comme un acte contre l'éligibilité d'un candidat,
contre la régularité du scrutin ou contre la régularité du dépouillement, mais
plutôt comme un acte faisant partie des actes préparatoires des élections locales
(municipales) du 12 mars 2006, actes préparatoires dont la connaissance est
laissée au Conseil constitutionnel ». Suite à cette décision n° 2006-001/CC/EM,
le domaine de compétence du CC s’est étendu aux élections locales. Le CC s’est
reconnu compétent pour connaître de tous les actes préparatoires qui ne rentrent
pas dans qui ne rentrent pas dans les champs d'application de ces art. 259, 260
et 261…. L'arrêté n° 2005-055/CENI/SG du 13 décembre 2005 du Président
de la CENI ne peut être interprété et classé comme un acte contre l'éligibilité d'un
candidat, contre la régularité du scrutin ou contre la régularité du dépouillement,
mais plutôt comme un acte faisant partie des actes préparatoires des élections
locales (municipales) du 12 mars 2006, actes préparatoires dont la connaissance
est laissée au Conseil constitutionnel ».
Suite à cette décision n° 2006-001/CC/EM, le domaine de compétence du CC
s’est étendu aux élections locales. Le CC s’est reconnu compétent pour connaître
de tous les actes préparatoires qui ne rentrent pas dans les champs des art. 259,
260 et 261 du code électoral.
Le refus du président de la CEIA de Bogodogo de recevoir le dossier de
candidatures d'un parti ne peut être interprété et classé comme un acte contre
l'éligibilité d'un candidat, contre la régularité du scrutin ou contre la régularité du
dépouillement. Mais plutôt comme un acte faisant partie des actes préparatoires
des élections municipales, actes préparatoires dont la connaissance est laissée au
Conseil constitutionnel. Voir CC. Décision n° 2006-002/CC/EM du 02/02/2006
déclarant illégal le refus de la CEIA de Bogodogo de recevoir le dossier de
candidatures d'un parti.
94
Elections  

Article 259 :
Le recours contre l’éligibilité25 d’un candidat peut être formé devant
le tribunal administratif par tout citoyen26 dans les soixante-douze
heures suivant la publication de la liste des candidats.27
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Voir également CS. Ch. Adm., arrêt n° 01/2001 du 09 janvier 2001, aff.
SANOU A. c/ MOUKORO I., préfet de Bobo-Dioulasso et KOUSSOUBE B. C. ; et
CS. Ch. réunies., arrêt du 25 janvier 2001, aff. KOUSSOUBE B. C. c/ SANOU A.
Ces deux arrêts « consacrent définitivement la règle selon laquelle en cas de
silence de la loi électorale, c’est la procédure de droit commun qui s’applique au
contentieux des élections locales ». Cf. OUEDRAOGO V., Le contentieux du
processus des élections locales, Collection Précis de droit burkinabè, octobre
2008, pp. 133 à 152.
25 « Le recours contre l’éligibilité d’un candidat ne peut être examiné au fond que

s’il existe effectivement une candidature déclarée ». Voir CS. Ch. Adm., arrêt n°
36/95 du 20 janvier 1995, aff. ZABA N. R. c/ MAT.
26 Bien que le requérant ait invoqué les dispositions de cet article, le CE a estimé

qu’« il se devait d’introduire son action à titre personnel et non en utilisant le sigle
du parti dont il n’a pas reçu mandat. Il s’ensuit que son action est ambivalente et
écarte du même coup le droit reconnu à tout citoyen par l’art. 259 du code
électoral ». Voir CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 02/2005-2006 du 13 février
2006, aff. UPR représenté par TRAORE A. c/ CECI de Bobo-Dioulasso et
OUATTARA B. La loi attribue aux partis régulièrement constitués la capacité
d’ester en justice, et il est de notoriété que cette capacité est exercée par leurs
représentants légaux, en l’occurrence leurs dirigeants. A défaut du dirigeant,
cette capacité est dévolue à un représentant régulièrement mandaté. L’absence
de preuve de l’existence de ce mandat entraîne par conséquent l’irrecevabilité
de la requête d’appel.
Voir CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 03/2005-2006 du 13 février 2006, aff.
TRAORE A. et UPR c/ CECI de Bobo-Dioulasso et SANOU T. En application du
code électoral, le parti politique ou regroupement de formations politiques a
éminemment qualité, capacité et intérêt dans une instance en validité ou en
contestation de déclaration de candidature présentée et investie par lui ou par
un parti adverse dans une circonscription électorale. L’intérêt à agir du parti ou
regroupement de partis ne peut être écarté que s’il ne prend pas part à la
compétition électorale. Voir CS. Ch. Adm., arrêt n° 002/1999-2000 du 19
septembre 2000, aff. CNDP c/ MATS et CDP.
27 Le recours contre l’éligibilité d’un candidat doit introduit dans le délai après la

publication des listes de candidature sous peine de forclusion. Cette irrecevabilité


interdit d’examiner le fond de l’affaire. Voir Trib. Adm. de Ouahigouya,
jugement n° 02 du 06 octobre 2000, CDP Gourcy c/ UDF et CECI Gourcy ; Trib.
95
Compétences & procédures diverses  

Article 260 :
Le recours contre la régularité du scrutin28 peut être formé devant le
tribunal administratif par tout citoyen29 dans les soixante-douze
heures suivant la clôture du scrutin.30
                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Adm. de Ouahigouya, jugement n° 03 du 06 octobre 2000, ULD de Ouahigouya
c/ CDP et CECI de Ouahigouya. Ainsi, de jurisprudence constante, un recours
déposé au-delà des 72 heures doit être déclaré irrecevable pour forclusion,
même pour quelques heures. Voir Trib. Adm. Bobo, Jug. n° 029/12 du 31
octobre 2012, aff. OUATTARA Domba c/ CEIA 6e de Bobo, le FFS, la CFD/B et
le PAREN. Voir aussi Trib. Adm., Jug. n° 031/2012 du 02 novembre 2012, aff.
TRAORE S. Y. c/ CEIA, 7ème arr. de Bobo.
28 La preuve de la fraude doit être rapportée par celui qui l’allègue. La tentative

de fraude, même avérée, ne constitue pas un motif d’annulation du scrutin. Voir


Trib. Adm. de Dédougou, jugement n° 01 du 05 octobre 2000, ADF/RDA c/ CECI
& CDP.
29 Une interprétation littérale de cet article aboutissant à exclure les partis

politiques des personnes ayant qualité pour agir en contestation de la régularité


du scrutin est contraire à l’esprit de la loi électorale. Voir CE, Ch. du contentieux,
arrêt n° 14/20052006 du 13 mai 2006, aff. ADF/RDA du Houet c/ CEI des
arrondissements de Konsa, Dafra et Do et la CEDI de Péni. Voir aussi CE, Ch. du
contentieux, arrêt n° 15/20052006 du 13 mai 2006, aff. ADF/RDA du Houet c/
CEDI de Péni.
30 Le Conseil d’Etat ne saurait, sans violation flagrante des dispositions des art. 256

et 260 du code électoral, se déclarer compétent pour connaître d’un recours porté
directement (en premier ressort) contre la régularité du scrutin en matière
d’élection du maire, des adjoints au maire et des conseillers régionaux. Voir CE,
Ch. du contentieux, arrêt n° 23/2005-2006 du 17 juillet 2006, aff.
OUEDRAOGO P. et ADF/RDA de Rouko c/ SAWADOGO M. et CDP de Rouko.
Les recours contre la régularité du scrutin et contre la régularité du dépouillement
peuvent être formés devant le tribunal administratif par tout citoyen, dans les
soixante douze heures suivant la clôture du scrutin (art.260 et s.). L’alinéa 2 de
l’article 262 précise que la décision du tribunal administratif peut faire l’objet
d’appel devant le Conseil d’Etat dans les soixante douze heures. Aussi, un recours
introduit directement devant le Conseil d’Etat constitue une violation des
dispositions du code électoral et doit être rejeté pour défaut de compétence du
Conseil d’Etat. C.E., Arrêt n° 015/12-13du 08 décembre 2012, Aff. Faso
Autrement représenté par SAWADOGO Oumar -ODT représentée par TOUGMA
A. Karim -UNIR/PS- représentée par TIENDREBEOGO Ablassé-UPC représentée
par KISSOU Moussa -RDS représenté par ZABRE T. Ibrahim ET -ADF/RDA
représentée par OUEDRAOGO Oumarou B. c/ CENI. Voir aussi Arrêt n°
96
Elections  

Article 261 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le recours contre la
régularité du dépouillement peut être formé devant le tribunal
administratif31 par tout citoyen, dans les soixante-douze heures à
compter du lendemain du scrutin à sept heures].32

Article 262 :
[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Le tribunal
administratif statue dans les huit jours de sa saisine.

                                                                                                                                                                                                                                                                                         
034/2012/2013du 19 décembre 2012, Aff. SINGBEOGO Passeba c/CENI-
UPC. Tout recours contre la régularité du scrutin doit, sous peine de forclusion, être
introduit dans le délai légal. Voir Trib. Adm. de Fada N’Gourma, jugement n°
001/2000 du 11 octobre 2000, PPDS c/ CECI Diapaga ; Trib. Adm. de Gaoua,
jugement n° 001/2000 du 11 octobre 2000, PAI, CPS et ADF/RDA c/ CDP et
CECI Diébougou ; Trib. Adm. de Ouagadougou, jugement n° 007/2000 du 11
octobre 2000, SAWADOGO M., ILBOUDO S. et SEDGO E. c/ CECI
Ouagadougou, et CS. Ch. Adm., arrêt n° 014/2000 du 19 octobre 2000 (arrêt
confirmatif).
31 Nul n’est censé ignorer la loi. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Le

fait de plaider la méconnaissance de la procédure de saisine du tribunal


administratif ne saurait prospérer. Le siège de la CECI ne saurait être confondu
au greffe du tribunal ou en être un démembrement. Voir Trib. Adm. de Bobo-
Dioulasso, jugement n° 11 du 09 octobre 2000, PAREN c/ CECI & CDP ; et Trib.
Adm. de Bobo-Dioulasso, jugement n° 12 du 09 octobre 2000, ADF/RDA c/ CECI
& CDP.
32 Le code électoral a prévu deux recours distincts : celui contre la régularité du

scrutin consacré par l’art. 260, et celui contre la régularité du dépouillement


consacré par l’art. 261. Le scrutin est l’opération de vote qui se déroule entre 6
heures et 18 heures, et le dépouillement l’opération de décompte des voix dès la
clôture du scrutin aux fins de répartition des sièges. Il serait donc contraire à la
logique juridique de contester la régularité du dépouillement en invoquant des
griefs propres au scrutin. Voir CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 17/2005-2006 du
13 mai 2006, aff. DIALLO A. (UPR) c/ CEIA de Konsa. Voir aussi CE, Ch. du
contentieux, arrêt n° 20/2005-2006 du 13 mai 2006, aff. SANOGO S. et UPR
c/ CEIA de Konsa.
97
Compétences & procédures diverses  

La décision du tribunal administratif peut faire l’objet d’un recours


devant le Conseil d’Etat dans les soixante-douze heures.33 Le Conseil
d’Etat statue dans un délai n’excédant pas huit jours.]

Article 262 bis :


[Loi n° 05-2015/CNT du 7 avril 2015 - Art. 1. Tout candidat au
scrutin dispose d’un délai de sept jours à compter de la proclamation
des résultats provisoires pour contester lesdits résultats.34
                                                                                                                         
33 Pour avoir la qualité d’appelant, il faut avoir été partie au procès devant le
premier juge. La seule voie de recours dont cette formation politique aurait pu se
prévaloir dans ces conditions, si elle existait, serait la tierce opposition. N’ayant
donc pas été partie au procès en première instance, elle ne saurait avoir qualité
pour interjeter appel contre le jugement ainsi rendu. Voir CE, Ch. du contentieux,
arrêt n° 07/2005-2006 du 13 février 2006, aff. UNIR/MS c/ Coordonnateur
régional du PDP/PS de Bobo-Dioulasso et CEDI de Padéma. Lorsque l’objet du
recours n’est pas identique à celui présenté devant le premier juge, il y a alors
une demande nouvelle en appel qui ne saurait être reçue en vertu du principe de
l’immutabilité du litige. Ce principe interdit de modifier l’objet de la demande
initiale en appel. Voir CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 17/2005-2006 du 13 mai
2006, aff. DIALLO A. (UPR) c/ CEIA de Konsa. Lorsqu’une décision d’annulation
du scrutin dans des bureaux de vote a été prononcée, cette décision produit des
effets à l’égard de tous et il n’y a pas lieu de statuer à nouveau sur le même chef
de demande opposant l’appelant au même défendeur… Voir CE, Ch. du
contentieux, arrêt n° 18/2005-2006 du 13 mai 2006, aff. PITROIPA O. B. et
ADF/RDA de Konsa c/ CEIA de Konsa. Tout candidat aux élections municipales
dispose d’un délai de 72 heures pour recourir contre la proclamation des
résultats provisoires desdites élections (art.262). Ce droit de recours appartient à
tout candidat dans sa circonscription électorale. Pour contester les résultats de
toute la commune il faut être le président d’un parti ou disposer d’un mandat d’un
président d’un parti, sous peine de voir sa requête déclarée irrecevable. C.E.,
Arrêt n° 17 / 2012-2013 du 18 décembre 2012, Aff. OUEDRAOGO Ibrahima
c/Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)- CDP.
34 Le recours contre la proclamation des résultats provisoires appartient à tout

candidat. Cette notion de tout candidat emporte que celui-ci conteste les résultats
de la circonscription électorale dans laquelle il est candidat. Ce droit doit être
exercé par le candidat lui-même ou par procuration, sous peine de voir la
requête déclarée irrecevable pour défaut de qualité de son auteur matériel.
C.E., Arrêt n° 26/ 2012-2013 du 18/12/12, Aff. BARRO Assane c/Commission
Electorale Nationale Indépendante(CENI) – CDP. Voir aussi C.E. Arrêt n°31 /
2012-013 du 19 décembre 2012, Aff. OUATTARA Adama c/ CENI.
98
Elections  

Le Conseil d’Etat statue sur requête dans les huit jours qui suivent
son dépôt. Son arrêt emporte proclamation définitive ou annulation
de l’élection.
En cas d’annulation, il est procédé à un nouveau scrutin dans les
soixante jours qui suivent cette annulation.]

Article 263 :
[Loi n° 13-2004/AN du 27 avril 2004 - Art. 1. Lorsque des
irrégularités graves susceptibles d’affecter le résultat du scrutin sont
constatées, la juridiction administrative compétente prononce
l’annulation de l’élection.35 Un nouveau scrutin est alors décidé par
                                                                                                                         
35 Relativement au contentieux du scrutin et du dépouillement, voir notamment : -
Trib. Adm. de Dori, jugement n° 001/200 du 29 septembre 2000, CFD et PAI du
Yagha c/ MATS et CDP du Yagha. Dans la mesure où une même personne a fait
acte de candidature dans deux secteurs différents sous deux identités différentes
et a été élue dans chacun de ces secteurs comme conseiller municipal, il y a
irrégularités dont la gravité entraîne l’annulation du scrutin. Voir cependant
l’arrêt en appel n° 05/2000 du 11 octobre 2000. Dans cet arrêt infirmatif, la
Chambre administrative de la Cour suprême a estimé que des erreurs matérielles
commises tant sur les nom et prénom que sur la date de naissance lors de la
transcription sur la liste de candidature sont imputables au MATS. Elles ne
sauraient être opposées au parti qui en a été victime, et qui malgré ces erreurs a
remporté les élections dans lesdits secteurs. Ce sont des irrégularités qui ne sont
pas de nature a affecter la sincérité des résultats du scrutin dans lesdits
secteurs… ; - l’absence dans un bureau de vote de bulletins d’un parti prenant
part aux élections, de même que l’inscription et le vote dans un bureau de vote
de plusieurs personnes inscrites sur plusieurs listes électorales distinctes sont de
graves irrégularités qui justifient l’annulation du scrutin dans ce bureau. Voir Trib.
Adm. de Ouagadougou, jugement n° 006/2000 du 11 octobre 2000, ADF/RDA,
CPS, MTP, PAI, PLB, PNP, ULD et les Verts du Burkina c/ CECI Ouagadougou ;
Trib. Adm. de Ouagadougou, jugement n° 009/2000 du 11 octobre 2000,
TIEMTORE J., OUEDRAOGO P. E. et TRAORE L. c/ CECI Ouagadougou - CE, Ch.
du contentieux, arrêt n° 12/2005-2006 du 10 mai 2006, aff. OUEDRAOGO A.
c/ CEDI de Tikaré, OUEDRAOGO G. A. et autres. Annulation des résultats des
élections municipales dans 10 bureaux de vote où 50 personnes munis de
déclaration de perte de carte d’électeur ont voté ; - CE, Ch. du contentieux, arrêt
n° 13/2005-2006 du 10 mai 2006, aff. MAHAMANE A. et CDP Markoye c/
CEDI de Markoye et CFD ; - CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 14/2005-2006 du
13 mai 2006, aff. ADF/RDA du Houet c/ CEI des arrondissements de Konsa,
Dafra et Do et la CEDI de Péni. La preuve des irrégularités dénoncées doit être
99
Compétences & procédures diverses  

                                                                                                                                                                                                                                                                                         
régulièrement faite par leur mention dans les procès-verbaux. Le juge électoral
ne saurait se contenter de simples affirmations, alors qu’il faudrait des
irrégularités dont la gravité ou l’ampleur soit de nature à fausser les résultats du
scrutin. Voir aussi CS. Ch. Adm., arrêt n° 006/2000 du 13 octobre 2000, aff.
président de la CECI de Pouytenga c/ ADF/RDA ; CS. Ch. Adm., arrêt n°
007/2000 du 13 octobre 2000, aff. CDP Koupéla c/ CENI, ADF/RDA, PAREN et
FR ; - CE, Ch. du contentieux, arrêt n° 16/2005-2006 du 13 mai 2006, aff.
BOUDA A., N’Do A. X. et UNIR/MS c/ CEIA de Sig-Noghin ; - CE, Ch. du
contentieux, arrêt n° 18/2005-2006 du 13 mai 2006, aff. PITROIPA O. B. et
ADF/RDA de Konsa c/ CEIA de Konsa. La preuve des allégations d’irrégularités
doit permettre d’établir de manière irréfutable l’existence d’irrégularités avérées
de nature à entacher les résultats d’ensemble ; - Un chef de village qui a passé
la journée électorale à proximité du bureau de vote et a pris en charge la
restauration des membres du bureau et des délégués des partis en compétition
ne saurait constituer une irrégularité de nature à entacher la régularité du scrutin.
Voir Trib. Adm. de Bobo-Dioulasso, jugement n° 32/06 du 03 mai 2006,
SANOGO B. et UPR c/ CEDI de Bobo-Dioulasso. Voir aussi l’arrêt confirmatif CE,
Ch. du contentieux, arrêt n° 19/2005-2006 du 13 mai 2006. Voir également la
note se rapportant à l’art. 81 ci-dessus. L’annulation des résultats d’un bureau de
vote ou du scrutin suppose que les irrégularités soient graves, de nature à porter
atteinte à la sincérité du vote. L’appréciation de ces irrégularités repose sur des
éléments tangibles et vérifiables. L’absence momentanée de l’agent de sécurité
sur le site, des menaces dont les requérants auraient fait l’objet, le refus
momentané du président du bureau de vote de laisser des délégués s’assoir à
côté de l’assesseur pour suivre le déroulement du vote, la présence de deux
encres de couleur différente ne constituent pas des motifs suffisants d’annulation,
lorsque que l’on sait que les délégués de bien d’autres partis politiques ont suivi
les opérations de vote dans ce bureau de vote et disent n’avoir remarqué aucune
irrégularité tenant notamment au paraphe des bulletins de vote, à l’émargement
sur la liste électorale et que le problème de la présence de l’encre bleue ne s’est
posé qu’en cours de dépouillement. Lorsque de surcroît, dans ledit bureau de
vote, il y a eu concordance entre le nombre de bulletins trouvés dans l’urne et le
nombre d’émargement figurant sur la liste électorale et sur la feuille de
dépouillement, il ne ressort aucune preuve de bourrages d’urne. Il y a donc lieu
de rejeter le recours en annulation. Trib. Adm., jugement n°041/2012 du 14
décembre 2012, aff. SANON A., KONE H. c/ CEIA 1er arr. de Bobo, CDP. La
jurisprudence du Conseil d’Etat impose que la preuve des irrégularités dénoncées
soit mentionnée au procès verbal des opérations électorales (CE arrêt
n° 14/2006 du 13 mai 2006, Aff. ADF/RDA contre CEIA de Konsa, Dafra, Do et
CECI de Péni). Voir Arrêt n° 42 / 20122013 du 21 décembre 2012, Aff. CECI
de Séguénéga c/SAVADOGO Boureima.
100
Elections  

décret n° pris en Conseil des Ministres ; il a lieu dans les deux mois
qui suivent la décision de la juridiction compétente.]

Article 264 :
Le tribunal administratif se prononce dans les soixante-douze heures
sur le recours contre l’éligibilité du remplaçant.

[…]

Article 267 :
La présente loi qui abroge toutes dispositions antérieures contraires
sera exécutée comme loi de l’Etat.

101
Foncier  

Loi n° 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier rural


(promulguée par décret n° 2009-500 du 13 juillet 2009, Spécial
J.O.BF. n° 04 du 06 août 2009, p. 2)

(Extraits)

TITRE I : DES DISPOSITIONS GENERALES

CHAPITRE I : DE L’OBJET, DU CHAMP


D’APPLICATION ET DES DEFINITIONS

Section 1 : De l’objet et du champ d’application

Article 1. La présente loi détermine le régime domanial et foncier


applicable aux terres rurales ainsi que les principes de sécurisation
foncière de l’ensemble des acteurs du foncier rural.
Elle vise à :
- assurer un accès équitable aux terres rurales pour l’ensemble
des acteurs ruraux, personnes physiques et morales de droit
public et de droit privé ;
- promouvoir les investissements, accroître la productivité dans
le secteur agro-sylvo-pastoral et favoriser la réduction de la
pauvreté en milieu rural ;
- favoriser la gestion rationnelle et durable des ressources
naturelles ;
- contribuer à la préservation et à la consolidation de la paix
sociale.

Article 2. La présente loi s’applique aux terres rurales, entendues


comme celles situées à l’intérieur des limites administratives des
communes rurales et destinées aux activités de production et de
conservation.

103
Compétences & procédures diverses  

Sont également soumises à la présente loi, les terres des villages


rattachés aux communes urbaines.

Article 3. La présente loi ne s’applique pas aux terres destinées à


l’habitation, au commerce et aux activités connexes telles que
déterminées par le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme
et par les plans d’occupation des sols.
Nonobstant les dispositions de l’article 2 ci-dessus, les forêts
protégées et classées, les aires fauniques, les espaces pastoraux, les
ressources minières et en eaux demeurent soumis aux dispositions
des législations spéciales y relatives, notamment le code forestier, le
code minier, le code de l’environnement, la loi d’orientation relative
au pastoralisme et la loi d’orientation relative à la gestion de l’eau.

Article 4. La terre rurale constitue un patrimoine de la Nation. A ce


titre, l’Etat en tant que garant de l’intérêt général :
- assure la gestion rationnelle et durable des terres rurales ;
- lutte contre la spéculation foncière en milieu rural et favorise la
mise en valeur effective des terres rurales pour le bien-être des
populations ;
- veille à l’exploitation durable des terres rurales dans le respect
des intérêts des générations futures ;
- organise la reconnaissance juridique effective des droits
fonciers locaux légitimes des populations rurales ;
- assure la garantie des droits de propriété et de jouissance
régulièrement établis sur les terres rurales ;
- veille de manière générale à la protection des intérêts nationaux
et à la préservation du patrimoine foncier national en milieu
rural.

Article 5. Les terres rurales sont réparties dans les catégories ci-
après :
- le domaine foncier rural de l’Etat ;
- le domaine foncier rural des collectivités territoriales ;

104
Foncier  

- le patrimoine foncier rural des particuliers.

Section 2 : Des définitions

Article 6. Au sens de la présente loi, on entend par :


- sécurisation foncière : l’ensemble des processus, mesures et
actions de toutes natures visant à protéger les propriétaires, les
possesseurs et utilisateurs de terres rurales contre toute contestation,
trouble de jouissance de leur droit ou contre tout risque d’éviction ;
- acteurs du foncier rural : l’ensemble des personnes ou groupes de
personnes physiques ou morales, de droit privé ou de droit public,
titulaires de droits sur les terres rurales, soit à titre de propriétaires,
de titulaires de droit de jouissance, de possesseurs fonciers, soit
encore à titre de simples usagers de la terre rurale ;
- chartes foncières locales : des conventions foncières locales
inspirées des coutumes, usages ou pratiques fonciers locaux, élaborés
au niveau local et visant dans le cadre de l’application de la présente
loi, à prendre en considération la diversité des contextes écologiques,
économiques, sociaux et culturels en milieu rural ;
- espaces locaux de ressources naturelles d’utilisation commune :
des espaces ruraux tels que les forêts villageoises, les bois sacrés, les
mares, les espaces de terroir affectés à la pâture, les pistes à bétail,
qui, selon les usages fonciers locaux, n’appartiennent pas en propre à
des personnes ou familles déterminées et, dont l’utilisation est,
conformément aux us et coutumes locaux, ouverte à l’ensemble des
acteurs ruraux locaux ;
- possession foncière rurale : le pouvoir de fait légitimement exercé
sur une terre rurale en référence aux us et coutumes foncières
locaux ;
- droits d’usages fonciers ruraux : les droits d’exploitation des
terres rurales, consentis à temps et à titre personnel par un possesseur
foncier rural à une autre personne ou groupe de personnes ;
- prêt de terre rurale : l’accord par lequel une personne autorise une
autre à occuper et exploiter une terre rurale dont il est possesseur ou

105
Compétences & procédures diverses  

propriétaire, à des fins domestiques et à titre personnel pendant une


durée déterminée ou non, à charge pour l’emprunteur de libérer les
lieux lorsque le prêteur manifestera l’intention de rependre sa terre ;
- location de terre rurale ou bail à ferme : la convention par
laquelle le possesseur ou propriétaire foncier accorde la jouissance de
sa terre au preneur en vue de la réalisation d’activités agro-sylvo-
pastorales, pour une durée déterminée et, moyennant le paiement
d’un loyer périodique ;
- terres en déshérence : les terres appartenant à une personne
décédée sans laisser d’héritier.

[…]

TITRE V : DU CONTENTIEUX FONCIER


EN MILIEU RURAL

CHAPITRE II : DE LA COMPETENCE
JURIDICTIONNELLE, DES INFRACTIONS
ET DES SANCTIONS

Section 1 : De la compétence des juridictions

Article 98. Le tribunal de grande instance a compétence exclusive


pour connaître des litiges fonciers opposant des individus, groupes
d’individus ou personnes morales de droit privé en ce qui concerne
l’existence, la nature ou la consistance des droits fonciers en milieu
rural.

Article 99. Dans le cadre de l’instruction d’un litige foncier, le


tribunal de grande instance peut à titre de renseignement, consulter
les commissions foncières villageoises, les services fonciers ruraux,
les autorités coutumières ainsi que les représentants des chambres
régionales d’agriculture. Il peut également se faire communiquer
sans se déplacer les registres fonciers locaux.

106
Foncier  

Article 100. Les juridictions administratives sont compétentes pour


connaître des litiges fonciers opposant l’administration et les
personnes ou groupes de personnes de droit privé, en ce qui concerne
les attributions, les adjudications et les cessions de terres rurales
faites par l’administration, l’établissement et la délivrance des actes
administratifs y afférents. Les juridictions administratives sont
également compétentes pour juger de la validité des chartes foncières
locales.

Article 101. Tout jugement concernant une terre rurale non


immatriculée, emporte obligation pour la partie qui a gagné le
procès, de faire procéder à l’immatriculation de la terre concernée,
conformément à la décision.

[…]

Article 112. La présente loi qui abroge toutes dispositions


antérieures contraires sera exécutée comme loi de l’Etat.

107
Foncier  

Loi n° 34-2012/AN du 02 juillet 2012 portant réorganisation


agraire et foncière au Burkina Faso (promulguée par le décret
n° 2012-716 du 6 septembre 2012, J.O.BF. du 4 octobre 2012, p.
3804)
(Extraits)

TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

CHAPITRE 1 : OBJET ET CHAMP D’APPLICATION

Article 1 :
La présente loi détermine d’une part, le statut des terres du domaine
foncier national, les principes généraux qui régissent l'aménagement
et le développement durable du territoire, la gestion des ressources
foncières et des autres ressources naturelles ainsi que la
réglementation des droits réels immobiliers et d’autre part, les
orientations d’une politique agraire.

Article 2 :
La présente loi s’applique au domaine foncier national.

CHAPITRE 2 : PRINCIPES ET DEFINITIONS DES TERMES

Article 3 :
- L’aménagement et le développement durable du territoire, la
gestion des ressources foncières et des autres ressources
naturelles ainsi que la réglementation des droits réels
immobiliers sont régis par les principes généraux ci-après :
- Principe d’agrégation
- Principe d’anticipation
- Principe d’efficacité économique
- Principe d’équilibre entre le développement urbain et le
développement rural

109
Compétences & procédures diverses  

- Principe d’équité
- Principe de bonne gouvernance
- Principe de cohésion économique et sociale
- Principe de développement durable
- Principe de fonctionnalité
- Principe de genre
- Principe de modernité et d’authenticité
- Principe de partenariat
- Principe de précaution
- Principe de prévention
- Principe de protection de la vocation des terres
- Principe de responsabilisation effective des populations
- Principe de respect des droits humains
- Principe de solidarité nationale
- Principe de subsidiarité
- Principe de transversalité
- Principe d’imputabilité
- Principe d’information et de participation
- Principe d’innovation
- Principe d’unité nationale

Article 4 : Au sens de la présente loi, on entend par :


- Adjudication : la vente d’un bien meuble ou immeuble au plus
offrant ;
- Agraire : ce qui est relatif à l’agriculture, aux terres agro-
sylvo-pastorales ;
- Aménagement et développement durable du territoire : la
politique de planification spatiale qui consiste en une meilleure
répartition des populations et des activités en tenant compte des
potentialités du milieu naturel, des contraintes techniques,
socio-économiques et environnementales du territoire ;
- Aménagement rural : l’ensemble d’opérations de
transformation physique et / ou du statut juridique d’un espace
pour des activités rurales.

110
Foncier  

- C’est l’application de la politique d’aménagement du territoire


en milieu rural ;
- Aménagement urbain : l’organisation globale de l’espace
occupé par une agglomération et destinée à satisfaire
notamment les besoins d’habitation, de commerce, d’industrie,
des services, de circulation, de loisirs, des populations
intéressées en mettant en place les équipements nécessaires à la
vie dans une ville ;
- Biens immeubles en déshérence : les biens appartenant à une
personne décédée sans laisser d’héritier ;
- Biens immeubles ou biens immobiliers : les biens qui ne
peuvent être déplacés tels que les bâtiments mais aussi leurs
accessoires tels, les tuyaux d'amenée d'eau enfouis dans le sol,
les terres ou terrains nus, les produits du sol dès lors qu'ils n'en
sont pas séparés et également les animaux qui sont affectés à
l'exploitation d'une propriété. Sont aussi juridiquement des
biens immeubles certains droits comme l’usufruit, les
servitudes, les hypothèques et les actions judiciaires qui
tendent à la revendication de la propriété immobilière.
- Cession : la transmission entre vifs, du cédant au cessionnaire
d’un droit réel ou personnel, à titre gratuit ou onéreux ;
- Cession forcée des droits réels immobiliers : la mutation
involontaire des droits réels immobiliers résultant soit d’une
procédure initiée par un créancier du cédant soit d’une
procédure initiée par les pouvoirs publics dans un but d’intérêt
général ;
- Cession provisoire : droit de jouissance temporaire accordé à
une personne physique ou à une personne morale de droit
privé, sur une terre du domaine privé immobilier non affecté de
l’Etat ou de la collectivité territoriale ;
- Changement de destination de terrain : la modification,
l’amélioration ou la mise en valeur d’un terrain, qui le détourne
de sa destination initiale ;

111
Compétences & procédures diverses  

- Classement : la procédure qui permet de changer le statut


juridique de droit commun d'un fonds de terre pour le
soumettre à un régime juridique plus précis et parfois plus
restrictif ;
- Collectivité territoriale : la subdivision du territoire dotée de
la personnalité juridique et de l'autonomie financière ;
- Concession : l’acte impliquant un transfert du droit de
jouissance ;
- Conservation de la biodiversité : la préservation de la
diversité biologique, c’est-à-dire la conservation de tous les
éléments vivants et la dynamique de leur interaction dans
l’espace national ;
- Conservation des eaux et des sols : l’ensemble des techniques
correctives locales destinées à améliorer l'exploitation des
terres et leur productivité ;
- Contrat : convention faisant naître une ou plusieurs
obligations ou bien créant ou transférant un droit réel ;
- Contrôle : l’ensemble des opérations relatives à la vérification
de la mise en œuvre effective des dispositions de la présente
loi ;
- Convention : accord de volonté destiné à produire un effet de
droit quelconque ;
- Copropriété : la propriété d'un immeuble bâti ou groupe
d'immeubles bâtis, répartie entre plusieurs personnes, par lots
comprenant chacun une partie privative et une quote-part des
parties communes ;
- Curatelle : le régime de protection de certains majeurs
incapables, conformément au Code des personnes et de la
famille ;
- Déclassement : la procédure qui a pour but ou comme effet de
soustraire un fonds de terre appartenant au domaine classé pour
le soumettre à nouveau au statut de droit commun. C’est
également l’action ou la procédure par laquelle l’autorité en
charge d’un terrain relevant du domaine public décide, par une

112
Foncier  

procédure appropriée, de placer ce terrain dans son domaine


privé ;
- Dépendances du domaine public ou du domaine privé : les
parties des biens immeubles construits ou non,
complémentaires à un ensemble de biens immeubles du
domaine public ou du domaine privé ;
- Directive territoriale d’aménagement : l’instrument
stratégique de planification à long terme élaboré à l’initiative
de l’Etat, ou à celle d’une collectivité territoriale, pour couvrir
certains territoires stratégiques où existent des problèmes de
mise en cohérence, de localisation des grands équipements de
transport, collectifs et où s’exercent de fortes pressions
démographiques, foncières ou écologiques ;
- Domaine foncier national : l’ensemble des terres et des biens
immeubles ou assimilés, situés dans les limites du territoire du
Burkina Faso ainsi que de ceux situés à l’étranger et sur
lesquels l’Etat exerce sa souveraineté ;
- Domaine public artificiel : les aménagements et les ouvrages
de toute nature réalisés dans un but d’intérêt général ou
d’utilité publique ainsi que les terres qui les supportent,
déterminés par la loi ou ayant fait l’objet d’une procédure de
classement ou d’incorporation ;
- Domaine public naturel : les sites naturels déterminés par la
loi ;
- Droit de préemption : le droit contractuel accordé à certaines
personnes privées ou publiques, d’acquérir un bien par priorité
à toute autre personne, lorsque le propriétaire manifeste sa
volonté de le vendre ;
- Droit de superficie : le fait de posséder des constructions,
ouvrages ou plantations sur un fonds appartenant à autrui ou
d'être autorisé à en établir ;
- Droit réel immobilier : le droit qui porte directement sur un
bien immeuble et qui procure à son titulaire tout ou partie de
l’utilité économique de ce bien ;

113
Compétences & procédures diverses  

- Expropriation pour cause d’utilité publique : la procédure


par laquelle l’Etat ou la collectivité territoriale peut, dans un
but d’utilité publique et sous réserve d’une juste et préalable
indemnisation, contraindre toute personne à lui céder la
propriété d’un immeuble ou d’un droit réel immobilier ;
- Foncier : c’est tout ce qui a trait ou se rattache à un fonds de
terre ou à un bien-fonds ;
- Gestion du domaine foncier national : les règles de
constitution, de cession, d’occupation, d’exploitation, de
protection et d’aliénation des biens du domaine foncier national
ainsi que les institutions chargées de leur mise en œuvre ;
- Immatriculation : la désignation d’un terrain par un numéro
du livre foncier à la suite d'une opération de bornage et après
purge des droits révélés ;
- Immeuble par destination : le meuble réputé immeuble par la
loi du fait qu’elle est, par la volonté du propriétaire d’un
immeuble, soit attaché à perpétuelle demeure, soit affecté au
service et à l’exploitation de celui-ci ;
- Nation : communauté humaine, vivant sur un territoire
commun, conscient de son unité historique, culturelle,
linguistique, économique et constituant une entité politique.
- Patrimoine : les biens qu’une personne morale ou physique
possède ;
- Patrimoine foncier : l’ensemble des droits légalement
reconnus qu’une personne peut faire valoir sur le sol pour en
tirer une contrepartie monétaire ;
- Personne morale : la construction juridique à laquelle la loi
confère des droits et des obligations semblables à ceux des
personnes physiques tels que le nom, le domicile, la nationalité,
le droit d'acquérir, d'administrer et de céder un patrimoine ;
- Personne physique : l’être humain doté, en tant que tel, de la
personnalité juridique ;
- Plan d’aménagement : l’instrument de planification qui fixe
les choix et les orientations des schémas d’aménagement, la

114
Foncier  

configuration exacte de l’utilisation du sol, afin de permettre


une intervention physique directe sur l’espace concerné, la
réalisation des opérations d’aménagement ;
- Plan d’occupation des sols : le document de planification qui
fixe, dans le cadre des orientations du schéma directeur
d’aménagement et d’urbanisme, les règles générales et les
servitudes d’utilisation du sol qui peuvent comporter jusqu’à
l’interdiction de construire ;
- Plan de réinstallation (PR) : plan détaillé qui décrit et définit
tout le processus de réinstallation d'une population à la suite
d'un déplacement forcé. Il est basé sur les enquêtes sociales ; le
plan technique détaille les mesures à entreprendre quant à la
compensation, la réinstallation et la réhabilitation économique
dans le cadre d’une opération d’expropriation ;
- Préemption (droit de) : droit reconnu dans certains cas à
l’administration, notamment l’Etat et les collectivités
territoriales d’acquérir la propriété d’un bien immeuble, lors de
son aliénation par préférence à tout autre acheteur ;
- Principe d’agrégation : la cohabitation entre acteurs, leur
participation et leur adhésion à la mise en œuvre de la présente
loi ;
- Principe d’anticipation : la définition des enjeux à venir pour
faire prendre des mesures adéquates pour y répondre
aujourd’hui ;
- Principe d’efficacité économique : la prise en compte des
questions économiques en s’assurant que les moyens mis en
œuvre permettent effectivement d’atteindre les objectifs fixés ;
- Principe d’équilibre entre le développement urbain et le
développement rural : la maîtrise de l’extension des villes, la
préservation et la protection des terres rurales, à travers la
recherche d’un équilibre entre le développement urbain et le
développement rural ;
- Principe d’équité : le traitement juste, raisonnable de tous les
citoyens, notamment de la même manière s’ils sont dans des

115
Compétences & procédures diverses  

situations identiques, selon le principe de l’égalité de droits,


mais également en accordant des droits spécifiques aux
groupes sociaux dont la situation est désavantageuse ;
- Principe d’imputabilité : l’obligation pour chaque acteur
d’assumer la responsabilité de ses actions et d’en rendre
compte ;
- Principe d’information et de participation : la mise en
œuvre de la démarche participative et d’information des
populations en matière d’aménagement du territoire et de
gestion foncière ;
- Principe d’innovation : l’obligation d’être plus inventif et plus
créatif en recherchant des démarches ad hoc, des modalités et
des instruments spécifiques, générateurs de gains plus élevés ;
- Principe d’unité nationale : le droit pour tout citoyen, partout
où il se trouve sur le territoire national, de se sentir appartenir
au pays et à être considéré comme tel ;
- Principe de bonne gouvernance : la gestion transparente dans
le respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption,
la promotion de la démocratie et le développement participatif
et durable ;
- Principe de cohésion économique et sociale : la
collaboration, la coopération, le partenariat, la complémentarité
et le partage d’expérience entre territoires ;
- Principe de développement durable : la réponse aux besoins
actuels des populations sans compromettre les possibilités pour
les générations futures de répondre à leurs propres besoins ;
- Principe de fonctionnalité : le respect des buts essentiels, des
fonctions, des finalités de l’aménagement du territoire à savoir
le développement harmonieux et équilibré du territoire ;
- Principe de genre : l’analyse du genre sous l’angle des
inégalités et des disparités entre hommes et femmes en
examinant les différentes catégories sociales dans le but d’une
plus grande justice sociale et d’un développement équitable ;

116
Foncier  

- Principe de modernité et d’authenticité : l’intégration en


matière d’aménagement du territoire des questions de
modernité et d’authenticité, notamment les valeurs
socioculturelles des populations concernées. Il s’agit d’associer
les avancées du progrès technique et scientifique à la culture et
aux caractéristiques du milieu ;
- Principe de partenariat : la recherche des complémentarités ;
des synergies avec les acteurs du foncier ;
- Principe de précaution : la prise de mesures pour prévenir les
risques lorsque la science et les connaissances techniques ne
sont pas à même de fournir des certitudes ;
- Principe de prévention : l’identification à l’avance des
difficultés et la prise de mesures pour les maîtriser ;
- Principe de protection de la vocation des terres : le respect
dans leur utilisation de la destination des terres telle que
déterminée par les schémas d’aménagement ;
- Principe de respect des droits humains : le respect des droits
universels inhérents à la personne humaine, inaliénables, sacrés
et opposables en toute circonstance à tous ;
- Principe de responsabilisation effective des populations :
l’attribution de tâches aux populations concernées dont elles
doivent répondre de la mise en œuvre ;
- Principe de solidarité nationale : l’obligation pour la
communauté nationale de venir en aide aux régions et aux
personnes en difficulté, de lutter contre les exclusions,
d’apporter une attention particulière aux groupes défavorisés.
Ce principe implique la lutte contre les inégalités régionales, la
garantie de l’égalité des chances aux citoyens en assurant leur
égal accès aux services sociaux de base ;
- Principe de subsidiarité : l’attribution de responsabilités au
niveau le plus compétent, le plus pertinent ;
- Principe de transversalité : la prise en compte des valeurs et
des intérêts liés aux différentes politiques publiques, aux

117
Compétences & procédures diverses  

acteurs tant publics que privés, aux différentes échelles


spatiales ;
- Promotion immobilière : l’acte de réaliser ou de faire réaliser
des opérations d’urbanisme et d’aménagement définies par le
code de l’urbanisme et de la construction au Burkina Faso,
d’édifier, d’améliorer, de réhabiliter ou d’étendre des
constructions sur des terrains aménagés ;
- Publicité foncière : l'inscription, d’une part, sur les livres
fonciers, à un compte particulier ouvert pour chaque immeuble,
de tous les droits réels qui s'y rapportent ainsi que des
modifications de ces mêmes droits, et la communication,
d’autre part, à tout requérant des renseignements consignés ou
des documents conservés ;
- Régime foncier : l’ensemble des règles définissant les droits
d’accès, d’exploitation et de contrôle de la terre et les
ressources renouvelables ;
- Réorganisation agraire et foncière : la restructuration de
l’espace agraire notamment les terres agricoles au moyen de
l’aménagement et la redéfinition des droits d’accès,
d’exploitation et de contrôle de la terre ;
- Saisie immobilière : la procédure par laquelle un créancier
poursuit la vente par expropriation forcée des immeubles
appartenant à son débiteur défaillant ou de ceux affectés au
paiement de sa créance ;
- Schéma d’aménagement et de développement durable du
territoire : l’instrument de planification spatiale à long terme
en matière d’aménagement du territoire. Il permet une gestion
rationnelle et durable du patrimoine foncier d’un territoire et
une coordination des activités économiques en fonction des
ressources naturelles ;
- Schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement :
l’instrument de planification spatiale à moyen et long termes
qui donne une vision prospective des aires métropolitaines du

118
Foncier  

point de vue de l'aménagement et du développement durable du


territoire ;
- Schéma directeur d’aménagement de la commune : la
catégorie de schéma directeur d’aménagement et de
développement durable du territoire qui organise l’utilisation
de l’espace de la commune et l’implantation des
infrastructures ;
- Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme : la
catégorie de schéma directeur d’aménagement et de
développement durable du territoire, instrument de
planification spatiale à moyen et long termes en matière
d’urbanisme, qui fixe les orientations du développement des
agglomérations urbaines ;
- Schéma directeur d’aménagement et de développement
durable du territoire : l’instrument de planification spatiale
et/ou sectorielle à moyen et long termes ;
- Schéma directeur de zone : la catégorie de schéma directeur
d’aménagement pour les espaces autres qu’institutionnels ;
- Schéma directeur sectoriel : la catégorie de schéma directeur
d’aménagement et de développement durable du territoire qui
assure la cohérence des politiques et stratégies sectorielles avec
le schéma d’aménagement d’un espace donné ;
- Schéma national d’aménagement et de développement
durable du territoire : l’instrument de planification spatiale à
long terme à l’échelle nationale en matière d’aménagement et
de développement durable du territoire ;
- Schéma provincial d’aménagement et de développement
durable du territoire : l’instrument de planification spatiale à
long terme en matière d’aménagement du territoire à l’échelle
provinciale qui traduit les orientations du schéma régional
d’aménagement et de développement durable du territoire à
l’échelle de la province ;
- Schéma régional d’aménagement et de développement
durable du territoire : l’instrument de planification à long

119
Compétences & procédures diverses  

terme en matière d’aménagement du territoire qui précise les


orientations générales du schéma national d’aménagement et
de développement durable du territoire notamment celles de
développement durable et les principes d’aménagement à
l’échelle de la région ;
- Sûreté réelle : la garantie accordée au créancier pour le
recouvrement de sa créance et qui est assise sur un bien
immeuble ou meuble ;
- Usufruit : le droit qui résulte d'un contrat par lequel le
propriétaire autorise l'usage et consent les fruits d'un bien
immobilier à son contractant, personne physique ou personne
morale de droit public ou de droit privé, à charge pour elle d'en
conserver la substance ;
- Zones à vocation : les espaces délimités par les schémas
d’aménagement ayant une destination fixée en fonction des
aptitudes ou des activités dominantes de ladite zone.

[…]

TITRE IV : GESTION DU DOMAINE FONCIER NATIONAL

CHAPITRE 2 : GESTION DU DOMAINE FONCIER


DES COLLECTIVITES TERRITORIALES

Section 2 : Domaine privé immobilier


des collectivités territoriales

Paragraphe 3 : Modes de protection du domaine privé


immobilier des collectivités territoriales

Article 171 :
Les structures chargées de la cession provisoire ou définitive des
terres à usage d’habitation ou à usage autre que d’habitation, aux

120
Foncier  

personnes physiques ou morales, le font conformément au plan


d'aménagement et aux textes en vigueur.
Elles disposent de tous les pouvoirs pour connaître de toutes
questions liées à leurs missions, excepté celles relevant de la
compétence des juridictions.

[…]

TITRE V : REGLEMENTATION
DES DROITS REELS IMMOBILIERS

CHAPITRE 4 : TRANSACTIONS ET MUTATIONS


DES DROITS REELS IMMOBILIERS

Section 1 : Mutation volontaire des droits réels immobiliers

Section 2 : Mutation involontaire ou mutation forcée


des droits réels immobiliers

Paragraphe 3 : Cession involontaire des droits réels


immobiliers pour cause d’utilité publique

A - Expropriation pour cause d’utilité publique

Article 300 :
L’expropriation pour cause d’utilité publique est une forme de
cession involontaire des droits réels immobiliers permettant aux
pouvoirs publics, dans le respect des droits des détenteurs des droits
réels immobiliers, de mobiliser les ressources foncières pour les
besoins d’opérations d’aménagement du territoire, reconnus d’utilité
publique.

121
Compétences & procédures diverses  

Article 301 :
La procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique comporte
les étapes suivantes :
- la déclaration d’intention de réaliser un projet d’utilité
publique ;
- l’enquête d’utilité publique ;
- la déclaration d’utilité publique ;
- l’enquête parcellaire ;
- la déclaration de cessibilité ;
- la négociation de cessibilité.

Article 302 :
L’autorité expropriante fait une déclaration d’intention de réaliser un
projet d’utilité publique avec indication de son objet, de son but, de
son emprise, de sa durée, de ses avantages et de son coût.
Cette déclaration est diffusée pendant un mois par les canaux
officiels de communication et par tout moyen approprié à l’intention
des populations concernées par le projet.
En outre, la déclaration mentionne l’ouverture prochaine d’une
enquête d’utilité publique ; elle doit être affichée à la mairie et en
tout lieu public approprié, sous forme d’avis au public, huit jours
avant le début de l’enquête et pendant toute sa durée.

Article 303 :
Un mois après la déclaration d’intention, il est procédé à l’ouverture
de l’enquête d’utilité publique dans les conditions fixées par décret
pris en Conseil des ministres ou par arrêté du président du conseil de
collectivité territoriale après délibération dudit conseil.

Article 304 :
Pendant la durée de l'enquête, les habitants de la localité concernée
peuvent consulter le dossier d'expropriation qui leur permettra le cas
échéant de contester, soit le principe de l'opération, soit son
importance financière ou encore le lieu de réalisation.

122
Foncier  

Les observations peuvent être portées sur le registre d'enquête ou être


envoyées sous forme de note au président de la commission
d’enquête ad hoc.

Article 305 :
L'enquête d’utilité publique est obligatoire et préalable à la
déclaration d'utilité publique.

Article 306 :
Lorsque l’enquête d’utilité publique est concluante, elle est
sanctionnée par une déclaration d’utilité publique.

Article 307 :
L’utilité publique est déclarée par décret pris en Conseil des
ministres ou par arrêté du président du conseil de la collectivité
territoriale après délibération dudit conseil.
La déclaration d’utilité publique fixe le délai pendant lequel
l’expropriation devra être réalisée. Ce délai ne peut être supérieur à
trois ans.

Article 308 :
L’expropriant est représenté, dans tous les cas, par le service chargé
des domaines ou par le service foncier de la collectivité territoriale
qui a pour mission de suivre la procédure d’expropriation.

Article 309 :
La déclaration d'utilité publique a pour effet de permettre à
l'expropriant de donner suite à son projet et ne prive pas le
propriétaire de l'usage ou de la disposition de son bien. Les effets de
la déclaration d’utilité publique peuvent être prorogés, pour une
durée au plus égale à deux ans, par décret pris en Conseil des
ministres ou par arrêté du président du conseil de la collectivité
territoriale, après délibération dudit conseil.

123
Compétences & procédures diverses  

Article 310 :
La déclaration d’utilité publique peut faire l'objet d'un recours soit
amiable, soit contentieux.

Article 311 :
Le recours amiable consiste à demander à l'administration de
rapporter sa décision :
- lorsque le recours est porté devant l’autorité qui a pris l’acte de
déclaration d’utilité publique, il est dit gracieux ;
- lorsque le recours est porté devant l’autorité supérieure, il est
dit hiérarchique.
Le recours amiable doit obligatoirement être exercé dans le délai du
recours contentieux.

Article 312 :
Le recours contentieux pour excès de pouvoir est exercé devant la
juridiction administrative compétente afin de faire annuler l'acte de
déclaration d'utilité publique. Ce recours doit être exercé au plus tard
dans les deux mois de la publication de l'acte de déclaration d'utilité
publique.

Article 313 :
Le recours exercé contre la déclaration d'utilité publique n'est pas
suspensif de la procédure d'expropriation tant que l'acte de
déclaration d'utilité publique n'a pas été annulé.

Article 314 :
L’annulation de la déclaration d'utilité publique entraîne
automatiquement l'annulation du jugement d'expropriation
uniquement au profit de l'exproprié qui aura formé un recours.

Article 315 :
L’expropriation ne s’applique qu’aux biens et droits réels
immobiliers.

124
Foncier  

Un arrêté conjoint du ministre chargé des domaines et des ministres


directement concernés pris après une enquête parcellaire, désigne les
immeubles et droits réels immobiliers auxquels l’expropriation est
applicable.
Les modalités de l’enquête parcellaire sont précisées par décret pris
en Conseil des ministres.

Article 316 :
Aucune modification de nature à augmenter leur valeur ne peut être
apportée aux immeubles et droits réels visés dans ledit acte, à partir
de l’inscription de l’acte de cessibilité sur les registres de la publicité
foncière.
Lesdits immeubles et charges réelles immobilières ne peuvent, à
partir de la même date être, ni aliénés, ni grevés de droits sous peine
de nullité de la convention.

Article 317 :
L’acte de cessibilité est notifié par l’expropriant aux propriétaires
d’immeubles et aux titulaires des droits réels visés dans ledit acte ou
à leurs représentants.
Les propriétaires et titulaires de droits réels immobiliers intéressés
sont tenus, dans un délai de quinze jours francs à compter de cette
notification, de faire connaître ledit acte aux titulaires des droits
personnels ou réels de toute nature faute de quoi ils restent seuls
chargés envers ces derniers des droits que ceux-ci pourraient
réclamer.

Article 318 :
L’expropriant alloue, dans un délai maximum de six mois après
l’expiration du délai de la notification, une indemnité dont le montant
est notifié aux expropriés pour couvrir l’intégralité du préjudice
direct, matériel et certain, causé par l’expropriation conformément
aux textes en vigueur.

125
Compétences & procédures diverses  

En cas de désaccord, il est procédé obligatoirement à une tentative de


conciliation.
Les intéressés sont invités par l’expropriant à comparaître en
personne ou par mandataire devant une commission de conciliation
dont la composition est fixée par arrêté du ministre concerné ou du
président du conseil de la collectivité territoriale, dans le but de
s’entendre à l’amiable sur le montant des indemnités.
La commission constate ou cherche à réaliser l’accord des parties sur
le montant des indemnités à calculer d’après les bases spécifiées à
l’article 324 ci-dessous.
Un procès-verbal constatant l’accord ou le désaccord est dressé et
signé par le président et par chacun des membres de la commission et
les parties.

Article 319 :
A défaut d’accord amiable, l’expropriation est prononcée et les
indemnités sont fixées par le juge de l’expropriation du lieu de
situation de l’immeuble.

Article 320 :
L’expropriant peut, moyennant paiement ou consignation des
indemnités provisoires fixées par jugement d’expropriation, prendre
possession de l’immeuble immédiatement après accord du juge de
l’expropriation.

Article 321 :
Lorsque les indemnités définitives sont supérieures aux indemnités
provisoires, le complément doit être payé à peine d’intérêts
moratoires dans les deux mois suivant la décision en dernier ressort.
Cette décision prescrit le versement aux intéressés de tout ou partie
de la somme consignée.

126
Foncier  

Article 322 :
Sous la condition résolutoire du paiement de l’indemnité définitive
dans le délai prévu à l’article 321 ci-dessus, la cession amiable ou le
jugement d’expropriation éteint à sa date, tous les droits réels ou
personnels relatifs à l’immeuble.

Article 323 :
L’indemnité d’expropriation est établie sur les bases et les règles
suivantes :
- l’indemnité est fixée d’après la consistance des biens à la date
du procès- verbal de constat ou d’évaluation des
investissements. Toutefois, les améliorations de toute nature
qui auraient été apportées aux biens antérieurement audit
procès-verbal ne donnent lieu à aucune indemnité si, en raison
de l’époque, elles ont été réalisées dans le but d’obtenir une
indemnité plus élevée ;
- l'indemnité d'expropriation est fixée en tenant compte dans
chaque cas du préjudice matériel et moral :
• de l'état de la valeur actuelle des biens ;
• de la plus-value ou de la moins-value qui résulte, pour la
partie, desdits biens non expropriés, de l'exécution de
l'ouvrage projeté.
L'indemnité d'expropriation ne doit porter que sur le dommage actuel
et certain directement causé par l'expropriation. Elle ne peut s'étendre
à un dommage incertain, éventuel ou indirect.
L’expropriation peut donner lieu à une réparation en nature.

Article 324 :
Lorsqu’il est nécessaire de procéder à la réalisation immédiate d’un
projet, un décret pris en Conseil des ministres ou un arrêté du
président du conseil de la collectivité territoriale après enquête et
avis favorable d’une commission d’enquête ad hoc, déclare
l’opération projetée d’utilité publique urgente, désigne les immeubles

127
Compétences & procédures diverses  

nécessaires à sa réalisation et autorise l’expropriant à prendre


possession de ces immeubles.

Article 325 :
La prise de possession ne peut être effectuée qu’après :
- notification du décret ou de l’arrêté précité aux propriétaires et
titulaires de droits réels qui sont tenus de le faire connaître aux
titulaires de droits sur leur immeuble ou droit immobilier sous
huitaine ;
- établissement d’un état des lieux par l’expropriant, en présence
du receveur des domaines et contradictoirement avec les
propriétaires et titulaires de droits réels intéressés dûment
convoqués ou, si ceux-ci ne se présentent pas ou ne se font pas
représenter, avec le curateur aux successions et biens vacants ;
- paiement aux ayants-droit ou consignation à leur profit, d’une
provision représentant l’indemnité éventuelle d’expropriation
et correspondant à l’estimation arrêtée par la commission ad
hoc.

Article 326 :
La cession amiable des biens concernés est passée par acte
administratif entre les ayants-droit et le service chargé des domaines
de l’Etat ou des collectivités territoriales.
Si un accord n’a pu être conclu, l’expropriant est tenu, dans le mois
qui suit la prise de possession, de poursuivre la procédure
d’expropriation par l’assignation des intéressés à comparaître devant
le juge de l’expropriation.
Le juge de l’expropriation attribue, le cas échéant, une indemnité
spéciale aux titulaires de droits frappés par l’expropriation qui
justifient d’un préjudice lié à la rapidité de la procédure.

128
Foncier  

B - Retrait des terrains objet de titres de jouissance pour cause


d’utilité publique

Article 327 :
Le retrait pour cause d’utilité publique des terrains faisant l’objet de
titres de jouissance délivrés conformément aux textes en vigueur est
prononcé dans les formes et conditions prévues par les articles 320 et
321 ci-dessus.

Article 328 :
L’acte déclaratif d’utilité publique, pris conformément aux règles
applicables en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique,
désigne les terrains occupés en vertu d’un titre administratif englobé
dans l’ouvrage ou l’opération projetée.
L’acte déclaratif d’utilité publique arrête, si l’importance de
l’opération le justifie, un programme de réinstallation provisoire ou
définitive de la population dont la réalisation du projet doit entraîner
le déplacement.
L’acte est notifié aux titulaires de titres de jouissance intéressés ou à
leurs ayants-droit ou à leurs représentants par l’autorité qui procède
au retrait.
Dans un délai d’un mois à compter de la date de cette notification,
l’autorité qui procède au retrait dresse contradictoirement avec les
intéressés ou leurs ayants-droit ou leurs représentants dûment
convoqués ou, en leur absence, d’office, l’évaluation des
investissements et fait procéder, d’après les bases spécifiées à
l’article 329 ci-dessous, à l’estimation des indemnités à verser aux
intéressés par la commission créée à cet effet. La commission dresse
un procès-verbal de ces opérations.

Article 329 :
L’indemnité de retrait est établie en tenant compte du préjudice
matériel et moral. Elle ne comprend pas la valeur marchande des

129
Compétences & procédures diverses  

matériaux récupérables ni celles des cultures non pérennes lorsqu’il


est laissé la possibilité à l’intéressé (e) de faire la récolte.
Les dispositions de l’article 325 ci-dessus lui sont applicables.
L’indemnité peut, en exécution d’un programme ou d’un projet, être
affectée à la réinstallation de son bénéficiaire.
Les créanciers ne peuvent s’opposer à l’emploi des indemnités aux
fins prévues par ce programme.

Article 330 :
Un arrêté du ministre en charge des domaines ou du président du
conseil de collectivité prononce le retrait des titres de jouissance, fixe
le montant des indemnités de retrait, en ordonne le paiement ou la
consignation, fixe la date à laquelle les occupants doivent libérer les
terrains, autorise, à compter de cette date, la prise de possession
desdits terrains francs et quittes de toutes dettes et charges.
En cas de désaccord entre les parties sur le montant des indemnités et
en l’absence d’une conciliation, le juge administratif est compétent
pour connaître du contentieux.

Article 331 :
Il peut être procédé à l’expulsion des détenteurs et occupants, passé
le délai fixé par l’arrêté visé à l’article 330 ci-dessus.

[…]

Article 358 :
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

130
Commande publique  

Loi n° 039-2016/AN du 2 décembre 2016 portant règlementation


générale de la commande publique (promulguée par décret
n° 2016-1154 du 20 décembre 2016).

(Extraits)

TITRE I : DES DISPOSITIONS GENERALES

CHAPITRE 1 : DE L’OBJET ET DES DEFINITIONS

Section 1 : De l’objet

Article 1 : La présente loi fixe les règles régissant la passation,


l’exécution, le contrôle et la régulation des marchés publics et des
délégations de service public passés par les autorités contractantes et
les autorités délégantes définies aux tirets 3 et 4 de l’article 2 ci-
dessous.
Les dispositions de la présente loi fixent également les règles
relatives au contrôle et au règlement non juridictionnel des différends
résultant de la commande publique.

Article 2 : Aux fins de la présente loi, on entend par :


- appel d’offres : la procédure d’appel à la concurrence par
laquelle l’autorité contractante choisit l’offre conforme évaluée
la moins disante et dont le soumissionnaire satisfait aux critères
de qualification ;
- attributaire : le soumissionnaire dont l’offre a été retenue avant
l’approbation du marché public ;
- autorité contractante : la personne morale de droit public ou de
droit privé définie aux articles 3 et 4, signataire d’un marché
public, tel que défini au tiret 19 du présent article ;

131
Compétences & procédures diverses  

- autorité délégante : l’autorité contractante ci-dessus définie au


tiret 3 du présent article, cocontractante d’une délégation de
service public ;
- candidat : la personne physique ou morale qui manifeste un
intérêt à participer ou qui est retenue par une autorité
contractante pour participer à une procédure de passation de
marché ou de délégation de service public ;
- commande publique : toutes les formes d'acquisition de biens, de
services ou de prestations au profit des collectivités publiques,
notamment le marché public, la délégation de service public et le
partenariat public-privé ;
- conflit d’intérêt : situation dans laquelle une personne commise
par l’autorité contractante, un candidat, un soumissionnaire, un
attributaire ou un titulaire se trouve avec des intérêts personnels
qui sont en concurrence avec la mission qui lui est confiée,
l’intérêt de son administration ou de sa société, et qui peuvent le
mettre en difficulté pour accomplir sa tâche avec neutralité ou
impartialité ;
- corruption :
le fait pour tout agent public qui, à l’occasion de la
préparation, de la négociation, de la conclusion ou de
l’exécution d’une commande publique, d’un contrat ou d’un
avenant conclu au nom de l’Etat ou des collectivités
territoriales, des établissements publics d’Etat ou des sociétés
d’Etat, de percevoir ou de tenter de percevoir, directement ou
indirectement, à son profit ou au profit d’un tiers, une
rémunération ou un avantage de quelque nature que ce soit de
la part d’un contractant privé ;
le fait pour tout agent public de recourir abusivement à la
procédure d’entente directe dans une commande publique
conclue au nom de l’Etat ou des collectivités territoriales, des
établissements publics d’Etat ou des sociétés d’Etat ;
le fait pour toute personne physique ou morale d’accorder ou
de proposer une rémunération ou un avantage quelconque par

132
Commande publique  

lui-même ou par personne interposée à un agent public en vue


de l’obtention d’une commande publique ;
- délégataire : la personne morale de droit privé ou de droit public
signataire d’une convention de délégation de service public ou
de maîtrise d’ouvrage ;
- délégation de service public : le contrat administratif écrit par
lequel une des personnes morales de droit public ou de droit
privé définies respectivement aux articles 3 et 4 de la présente
loi confie la gestion d’un service public relevant de sa
compétence à un délégataire dont la rémunération est liée ou
substantiellement assurée par les résultats de l’exploitation du
service ;
- fractionnement : la pratique qui consiste à morceler une
acquisition ou une prestation en plusieurs marchés en vue de la
soustraire aux règles qui lui sont normalement applicables ;
- maître d’œuvre : la personne physique ou morale de droit public
ou de droit privé chargée par le maître d’ouvrage public ou le
maître d’ouvrage délégué, des attributions attachées aux aspects
architectural et technique de la réalisation d’un ouvrage de
bâtiment ou d’infrastructure aux termes d’un contrat de maîtrise
d’œuvre. La maîtrise d’œuvre inclut des fonctions de conception
et d’assistance au maître d'ouvrage public et/ou au maître
d'ouvrage délégué dans la passation, la direction de l'exécution
des contrats de travaux, dans l'ordonnancement, le pilotage et la
coordination du chantier, dans les opérations de réception et
pendant la période de garantie de parfait achèvement ;
- maître d’ouvrage : la personne morale de droit public ou de droit
privé qui est le propriétaire final de l’ouvrage ou de
l’équipement technique, objet du marché ;
- maître d’ouvrage délégué : la personne morale de droit public ou
de droit privé qui est le représentant du maître d’ouvrage dans
l’exécution de ses missions et qui reçoit, à cet effet, mandat dans
le cadre d’une convention de maîtrise d’ouvrage déléguée ;

133
Compétences & procédures diverses  

- manœuvres frauduleuses : le fait pour une personne, d’agir ou de


s’abstenir d’agir, ou de dénaturer des faits, d’induire
délibérément en erreur ou de chercher à induire en erreur une
partie, afin d’en tirer un avantage financier ou autre, ou de se
soustraire à une obligation, ou d’influencer l’attribution ou
l’exécution d’une commande publique de manière préjudiciable
à l’autorité contractante ;
- manœuvres collusoires : le fait pour deux ou plusieurs personnes
de s’entendre afin d’atteindre un objectif illicite, notamment en
influençant indûment les actions d’autres parties ;
- manœuvres coercitives : le fait pour une personne de nuire ou
porter préjudice, ou menacer de nuire ou de porter préjudice
directement ou indirectement à une partie ou à ses biens en vue
d’influencer indûment les actions de ladite partie ;
- manœuvres obstructives :
le fait de détruire, falsifier, altérer ou dissimuler délibérément
des éléments de preuve sur lesquels se fonde une enquête ou
de faire des fausses déclarations aux enquêteurs sur des
accusations liées à des faits de corruption, de fraude, de
coercition ou de collusion et/ou menacer, harceler ou
intimider une personne dans le but de l’empêcher de révéler
des informations relatives à cette enquête ou de l’empêcher de
poursuivre ladite enquête, ou ;
le fait d’entraver délibérément l’exercice par l’autorité
contractante de son droit d’examen et de vérification ;
- marché public : le contrat administratif écrit conclu à titre
onéreux par une autorité contractante définie aux articles 3 et 4
de la présente loi avec des entités privées ou publiques pour
répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou
de services ;
- organisme de droit public : l’organisme créé pour satisfaire
spécifiquement des besoins d'intérêt général ayant un caractère
autre qu'industriel ou commercial, doté de la personnalité
juridique, et dont soit l'activité est financée majoritairement par

134
Commande publique  

l’Etat, les collectivités territoriales ou d'autres organismes de


droit public, soit la gestion est soumise à un contrôle par ces
derniers, soit l'organe d'administration, de direction ou de
surveillance est composé de membres dont plus de la moitié sont
désignés par l’Etat, les collectivités territoriales ou d'autres
organismes de droit public ;
- partenaire privé : le titulaire de contrat approuvé pour exécuter
un projet de partenariat public-privé ;
- partenariat public-privé : forme de collaboration qui associe
l'autorité publique et une personne physique ou morale de droit
privé dans le but de fournir des biens ou des services au public,
en optimisant les performances respectives des secteurs public et
privé afin de réaliser dans les meilleurs délais et conditions, des
projets à vocation sociale ou de développement d'infrastructures
et de services publics, dans le respect des principes d’équité, de
transparence, de partage de risques et de viabilité à long terme ;
- principe d’économie et d’efficacité : le fait d’instaurer un
environnement concurrentiel, d’adopter des procédures
rationnelles permettant d’obtenir de meilleures prestations au
regard du rapport qualité-prix et du délai ;
- principe d’égalité de traitement des candidats : l’absence de
discrimination dans la procédure de passation des marchés et des
délégations de service public ;
- principe de la reconnaissance mutuelle : le fait pour tout Etat
membre de l’Union économique et monétaire ouest africaine de
reconnaître et d’accepter les documents délivrés par les
administrations des autres Etats membres dans le cadre des
marchés publics et des délégations de service public ;
- principe de la liberté d’accès : le fait de donner à tous les
candidats la possibilité de concourir dans les procédures de
passation des marchés publics et des délégations de service
public, sous réserve de remplir les conditions d’accès et de ne
pas se trouver dans une situation d’exclusion prévue par la
réglementation ;

135
Compétences & procédures diverses  

- principe de la transparence des procédures : le fait d’assurer la


traçabilité à travers la modernité des procédures et la mise à
disposition de l’information destinée aux candidats en amont et
en aval de la procédure de passation. La transparence signifie
aussi que le processus de passation doit être accessible,
compréhensible et prévisible ;
- soumissionnaire : la personne physique ou morale qui participe à
un appel à concurrence en soumettant un acte d’engagement et
les éléments constitutifs de son offre ;
- titulaire : la personne physique ou morale, attributaire, dont le
marché a été approuvé.

CHAPITRE 2 : DU CHAMP D’APPLICATION

Article 3 : Les dispositions de la présente loi s’appliquent aux


marchés publics et délégations de service public conclus par :
- les ministères et institutions ;
- les autorités administratives indépendantes ;
- le parlement ;
- les missions diplomatiques et consulaires ;
- les collectivités territoriales ;
- les établissements publics ;
- les agences d’exécution et les personnes morales ayant la qualité
d’organisme de droit public ou assimilés ;
- les sociétés d’Etat ;
- les sociétés à participation financière publique majoritaire ;
- les associations formées par une ou plusieurs de ces personnes
morales de droit public.

Article 4 : Les dispositions de la présente loi s’appliquent


également :
- aux marchés publics et délégations de service public passés par
les personnes morales de droit privé agissant pour le compte de
l’Etat, d’une collectivité territoriale, d’un établissement public,

136
Commande publique  

d’une société d’Etat, d’une société à participation financière


publique majoritaire, d’un organisme de droit public ou d’une
association formée par une ou plusieurs de ces personnes
morales de droit public ;
- aux marchés publics et délégations de service public passés par
des personnes de droit privé, ou des sociétés d’économie mixte,
lorsque ces marchés bénéficient du concours financier et/ou de la
garantie de l’Etat ou d’une des personnes morales de droit public
mentionnées à l’article 3 ci-dessus ;
- aux marchés publics passés dans le cadre d’une coordination ou
d’un groupement de commandes, ou passés par une centrale
d’achat qui acquiert des fournitures et/ou des services destinés à
des autorités contractantes, ou conclut des accords-cadres de
travaux, de fournitures ou de services destinés à des autorités
contractantes ;
- aux marchés publics et délégations de service public qu’une
entité bénéficiant de droits spéciaux ou exclusifs d'exercer une
activité de service public passe avec des tiers dans le cadre de
cette activité et que l'acte par lequel ce droit est octroyé prévoit
que l'entité concernée respecte les dispositions de la présente loi.

Article 5 : La présente loi s’applique aux marchés publics et


délégations de service public passés par les autorités contractantes et
les autorités délégantes quelle que soit leur source de financement
dans la mesure où elles ne sont pas contraires aux accords de
financement.
Toutefois, pour la passation des commandes publiques financées sur
ressources extérieures, il n’est pas exercé une revue a priori du
ministère en charge du budget sur le processus de passation desdites
commandes publiques lorsque le bailleur de fonds concerné prévoit
une revue a priori.

Article 6 : La présente loi ne s’applique pas aux marchés de travaux,


de fournitures et de services et aux délégations de service public,

137
Compétences & procédures diverses  

lorsqu’ils concernent des besoins de défense et de sécurité nationales


exigeant le secret ou pour lesquels la protection des intérêts
essentiels de l’Etat est incompatible avec des mesures de publicité.
Un décret pris en Conseil des ministres précise la nature et les
modalités d’acquisition des biens et services concernés par cette
exclusion.

[…]

TITRE IV : DU REGLEMENT DES DIFFERENDS


RELATIFS A LA COMMANDE PUBLIQUE

Article 37 : Les différends, litiges et réclamations élevés par une


partie à l'encontre d'une autre découlant de la passation, de
l'exécution, du paiement, de l'interprétation des marchés publics, des
délégations de service public et des partenariats public-privé ou de
l’interprétation des dispositions législatives ou règlementaires font
l’objet d’un règlement non juridictionnel et, à défaut, devant les
juridictions.

CHAPITRE 1 : DU REGLEMENT NON JURIDICTIONNEL

Section 1 : Du recours devant l’autorité contractante

Article 38 : Les candidats, soumissionnaires et attributaires, peuvent


introduire un recours préalable devant l’autorité contractante contre
les dossiers d’appel à concurrence et les décisions prises à l’occasion
des procédures d’appel à concurrence leur faisant grief.

138
Commande publique  

Section 2 : Du recours devant l’instance


de recours non juridictionnel

Article 39 : Les candidats, les soumissionnaires, les attributaires, les


titulaires, les délégataires et partenaires privés peuvent saisir
l’instance de recours non juridictionnel.

Article 40 : Lorsque l’instance de recours non juridictionnel


intervient dans la phase de passation des marchés publics, des
délégations de service public et de partenariats public-privé, elle rend
des décisions exécutoires.
Lorsqu’elle intervient dans la phase d’exécution, l’instance de
recours non juridictionnel constate la conciliation ou la non
conciliation des parties et établit un procès-verbal de conciliation
partielle ou totale qui a force exécutoire entre les parties ou un
procès-verbal de non conciliation.

Article 41 : Sous réserve du respect des délais prévus à l’article 26


de la présente loi, l’instance de recours non juridictionnel peut
s’autosaisir et statuer sur les irrégularités et les fautes constatées, sur
le fondement des informations recueillies dans l’exercice de sa
mission, ou de toute information communiquée par des autorités
contractantes, des candidats, des soumissionnaires des attributaires,
des titulaires, des délégataires, des partenaires privés ou des tiers.

Article 42 : Sous réserve du respect de la confidentialité des


informations liées aux personnes, au secret professionnel et au secret
de fabrication ou de commerce protégé par le droit de la propriété
intellectuelle, les décisions rendues par l’instance de recours non
juridictionnel sont publiées.

139
Compétences & procédures diverses  

CHAPITRE 2 : DU REGLEMENT JURIDICTIONNEL

Article 43 : A défaut d’un règlement satisfaisant devant l’instance de


recours non juridictionnel, la partie la plus diligente peut saisir soit,
la juridiction administrative compétente, soit un tribunal arbitral.

Section 1 : Du recours devant la juridiction administrative

Article 44 : Les décisions rendues par l’instance de recours non


juridictionnel sont susceptibles de recours devant la juridiction
administrative dans un délai de quinze jours à compter de la date de
notification sous peine de forclusion.
Les parties à un litige dans la phase d’exécution du marché public ou
de la délégation de service public ayant fait l’objet d’un procès-
verbal de non conciliation ou de conciliation partielle ont également
quinze jours pour saisir le tribunal administratif de l’entier litige ou
des points n’ayant pas fait l’objet de conciliation suivant les cas.
Le tribunal administratif statue dans un délai de trente jours à
compter de sa saisine.

Article 45 : Les décisions rendues par le tribunal administratif


statuant en premier ressort peuvent faire l’objet d’appel devant la
juridiction administrative compétente dans un délai de cinq jours.
La juridiction d’appel statue dans un délai de trente jours.
Les décisions rendues par la juridiction d’appel peuvent faire l’objet
de pourvoi en cassation dans un délai de cinq jours. La juridiction de
cassation statue dans un délai de trente jours.

Section 2 : Du recours devant les juridictions arbitrales

Article 46 : Nonobstant les dispositions susmentionnées, en cas de


litige entre les parties contractantes survenant soit au cours de
l’exécution soit après achèvement des prestations prévues au contrat,
ou portant sur l’interprétation et l’application des dispositions

140
Commande publique  

matérielles du contrat relatif à une commande publique, celles-ci ont


la faculté de soumettre leur différend à l’arbitrage.

[…]

Article 64 : La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

141
Impôts  

Loi n° 058-2017/AN du 20 décembre 2017 portant code général


des impôts du Burkina Faso (promulguée par décret n° 2017-
1259 du 29 décembre 2017).

(Extraits)

LIVRE V : PROCEDURES FISCALES

TITRE I : CONTROLE DE L’IMPOT

CHAPITRE 6 : DROIT DE COMMUNICATION

Section 3 : Renseignements communiqués


sans demande préalable

Article 609 :
Dans toute instance devant les tribunaux, le ministère public peut
donner communication des dossiers à l’administration fiscale.
L’autorité judiciaire doit donner connaissance à l’administration
fiscale de toute indication qu’elle peut recueillir de nature à faire
présumer une fraude commise en matière fiscale ou une manœuvre
quelconque ayant pour objet ou ayant eu pour résultat, de frauder ou
de compromettre un impôt, qu’il s’agisse d’une instance civile ou
commerciale ou d’une information criminelle ou correctionnelle
même terminée par un non-lieu.
Dans la quinzaine qui suit le prononcé de toute décision rendue par
les juridictions civiles, consulaires, administratives ou du travail, les
pièces restent déposées au greffe à la disposition des services des
impôts.

[…]

143
Compétences & procédures diverses  

TITRE II : CONTENTIEUX DE L’IMPOT

CHAPITRE 1 : JURIDICTION GRACIEUSE

Section 1 : Domaine de la juridiction gracieuse

Article 636 :
La juridiction gracieuse connaît des demandes tendant à obtenir la
bienveillance de l’administration, en cas d’indigence ou de gêne
mettant les contribuables dans l’impossibilité de se libérer envers le
Trésor public, la remise ou modération du principal de leur dette
fiscale. Elle statue également sur les demandes tendant à la remise ou
à la modération de majorations d’impôts ou d’amendes fiscales.
En matière d’impôts indirects, la juridiction gracieuse ne connaît que
des demandes tendant à obtenir la remise ou la modération des
pénalités et amendes.

Article 637 :
Sous réserve des conventions internationales relatives aux doubles
impositions, aucune autorité publique, ni le service, ni ses préposés
ne peuvent accorder de remise, modération ou transaction des droits
d’enregistrement, ni en suspendre ou faire suspendre le
recouvrement, sans en devenir personnellement responsable.

Article 638 :
Tous marchés, accords ou contrats passés par les administrations
publiques et prévoyant l’exonération d’impôts, droits et taxes établis
par la législation fiscale, sont nuls et de nul effet en ce qui concerne
ces exonérations, lorsqu’elles ne sont pas conformes à la loi ou à une
convention bilatérale ou multilatérale régulièrement conclue et
signée par le ministre chargé des Finances.

144
Impôts  

Article 639 :
Des remises ou modérations d’amendes fiscales ou de majorations
d’impôts peuvent être accordées sur la demande du contribuable
lorsque ces pénalités et les impositions auxquelles elles se rapportent
ne sont plus susceptibles de faire l’objet d’un recours contentieux.
Les contribuables qui demandent à titre gracieux une remise ou une
modération d’impôt doivent apporter à l’Administration fiscale toute
justification des circonstances qui les mettent dans l’impossibilité de
régler en tout ou en partie leur dette fiscale. L’administration fiscale
doit répondre à la demande du contribuable dans un délai de six (6)
mois.
En cas de rejet partiel ou total de la demande ou en l’absence de
réponse dans le délai de six mois, le contribuable peut saisir le
ministre chargé des Finances dans un délai de trente (30) jours.
Le caractère définitif des remises ou modérations accordées peut être
subordonné à la réalisation de conditions mises à la charge du
demandeur.
Les décisions prises dans le cadre d’une demande de remises ou
modérations ne sont susceptibles d’aucun recours contentieux.

[…]

CHAPITRE 2 : JURIDICTION CONTENTIEUSE

Section 1 : Domaine de la juridiction contentieuse

Article 649 :
Les réclamations relatives aux impôts, droits, taxes, pénalités et
amendes prévus par le présent code sont du ressort de la juridiction
contentieuse lorsqu’elles tendent à obtenir, soit la réparation
d’erreurs commises dans l’assiette ou le calcul des impositions, soit
le bénéfice d’un droit résultant d’une disposition législative ou
réglementaire.

145
Compétences & procédures diverses  

Section 2 : Procédure préalable auprès de l’administration

Sous-section 1 : Délais de réclamation

Article 650 :
Les réclamations sont adressées au directeur général des impôts. Les
réclamations font obligatoirement l’objet d’un récépissé délivré au
requérant.

Article 651 :
Pour être recevables, les réclamations doivent être introduites, à
peine de forclusion, dans les trois (3) mois qui suivent :
• la notification soit d’un avis d’imposition, soit d’un avis de
mise en recouvrement ;
• le versement de l’impôt contesté, lorsque cet impôt n’a pas
donné lieu à l’établissement d’un avis d’imposition, ou d’un
avis de mise en recouvrement ;
• la réalisation des événements qui motivent les réclamations.

Sous-section 2 : Forme et contenu des réclamations

Article 652 :
1) Les réclamations doivent être individuelles. Toutefois, les
membres des sociétés de personnes qui contestent les impôts à la
charge de la société peuvent former une réclamation collective.
2) A peine d’irrecevabilité, toute réclamation doit :
• mentionner le ou les impôts et taxes contestés ;
• être accompagnée soit de l’avis d’imposition, soit d’une copie
de l’avis de mise en recouvrement ou d’une quittance dans le
cas d’impôt ne donnant pas lieu à l’établissement d’un avis
d’imposition ou d’un avis de mise en recouvrement ;
• contenir l’exposé sommaire des moyens et les conclusions du
requérant ;
• être datée et porter la signature de son auteur ;

146
Impôts  

• être timbrée au tarif prévu à l’article 525.


3) Toute personne qui introduit ou soutient une réclamation pour
autrui doit justifier d’un mandat régulier. Toutefois, la
production d’un mandat n’est pas exigée des avocats
régulièrement inscrits au barreau, des personnes qui tiennent de
leur fonction ou de leur qualité le droit d’agir au nom du
contribuable. Il en est de même si le signataire a été mis
personnellement en demeure d’acquitter les cotisations visées
dans la réclamation. Le mandat doit, à peine de nullité, être
rédigé sous forme écrite et dument enregistré avant l’exécution
de l’acte qu’il autorise.

Sous-section 3 : Instruction des réclamations

Article 653 :
Les réclamations sont instruites par le service des impôts qui a établi
les impositions contestées en relation avec le service en charge du
contentieux.

Article 654 :
Le directeur général des impôts ou son délégué statue sur les
réclamations dans le délai de trois (3) mois suivant la date de leur
réception. L’absence de réponse dans ce délai vaut décision implicite
de rejet.
Lorsqu’elle ne fait pas droit intégralement ou en partie à la
réclamation, la décision indique les motifs sur lesquels elle est
fondée.
Les décisions sont notifiées aux contribuables.

Section 3 : Procédure devant les tribunaux

Article 655 :
En matière de taxes domaniales, d’impôts directs, d’impôts indirects
ou de taxes assimilées, les décisions rendues par l’administration sur

147
Compétences & procédures diverses  

les réclamations contentieuses et qui ne donnent pas entière


satisfaction aux intéressés ainsi que les décisions implicites de rejet
prévues dans l’article 654 relèvent de la compétence du tribunal
administratif du ressort du service des impôts de rattachement du
contribuable.
Les jugements des tribunaux administratifs peuvent être attaqués en
appel et en cassation.
En matière de droits d’enregistrement, de droits de timbre, de taxes
de publicité foncière, le tribunal compétent est le tribunal de grande
instance du ressort du service des impôts chargé du recouvrement.
Les jugements des tribunaux de grande instance peuvent être attaqués
en appel et en cassation.

Sous-section 1 : Procédure en matière d’impôts directs,


de taxe sur la valeur ajoutée ou de taxes assimilées

Article 656 :
1) L’action contre les décisions rendues par le directeur général des
impôts sur les réclamations contentieuses qui ne donnent pas
satisfaction aux intéressés doit, à peine de forclusion, être
intentée dans le délai de deux (2) mois qui suit le jour de la
réception de l’avis portant notification de la décision.
2) L’action contre les décisions implicites de rejet du directeur
général des impôts sur les réclamations contentieuses doit, à
peine de forclusion, être intentée dans le délai de deux (2) mois.
3) Les demandes sont adressées au président du tribunal
administratif.

Article 657 :
1) Il ne peut être introduit que des requêtes écrites dûment signées
par leur auteur.
Lesdites requêtes sont soumises au droit de timbre prévu à
l’article 525.

148
Impôts  

Lorsque les requêtes sont introduites par un mandataire, les


dispositions du paragraphe 3 de l’article 652 sont applicables.
2) Toute requête doit contenir explicitement l’exposé sommaire des
faits et moyens, les conclusions, les nom(s), prénom(s) ou raison
sociale et domicile du requérant et être accompagnée, lorsqu’elle
fait suite à une décision du directeur général des impôts, de la
notification de la décision contestée.
3) Le requérant ne peut contester des cotisations différentes de
celles qu’il a visées dans sa réclamation au directeur général des
impôts. Mais dans la limite du dégrèvement primitivement
sollicité, il peut faire valoir toutes conclusions nouvelles à
condition de les formuler explicitement dans sa demande
introductive d’instance.
4) A l’exception du défaut de signature de la réclamation initiale,
les vices de forme prévus au point 2 de l’article 652, peuvent,
lorsqu’ils ont motivé le rejet d’une réclamation par le directeur
général des impôts, être utilement couverts dans la demande au
tribunal.

Article 658 :
Le tribunal statue, dans les trois (3) mois de sa saisine, dans les
formes prévues par les règles fixant la procédure suivie devant cette
juridiction.
Le délai accordé à l’administration pour déposer son mémoire en
défense est de quarante-cinq (45) jours à compter de la date de
réception du mémoire introductif d’instance transmis par le greffier.

Sous-section 2 : Procédure en matière de droits


d’enregistrement, de timbre et de droit
et taxe de publicité foncière

Article 659 :
Le redevable qui conteste le bien-fondé de la décision du directeur
général des impôts suite à sa réclamation, ou la décision implicite de

149
Compétences & procédures diverses  

rejet, peut saisir le tribunal de grande instance dans le ressort duquel


se trouve le service des impôts où les droits sont dus, dans les deux
(2) mois de la réception de la décision contestée.
L’assignation doit contenir élection de domicile dans la localité où
siège la juridiction.

Article 660 :
L’instruction se fait par simples mémoires notifiés amiablement ou
signifiés aux parties.
Les parties signifiées ne sont pas tenues d’employer le ministère des
avocats. Il n’y a d’autres frais à supporter, pour la partie qui
succombe, que ceux du droit de timbre des significations éventuelles.
Les tribunaux accordent, soit aux parties, soit aux préposés du
service qui suivent les instances, le délai qu’ils leur demandent pour
produire leur défense ; il ne peut néanmoins être inférieur à quarante-
cinq (45) jours.
Les jugements sont rendus par le juge, en audience publique et sur
les conclusions du représentant du ministère public.

Article 661 :
Dans toute instance engagée à la suite de la contestation d’un titre de
perception décerné par le service des impôts, le redevable a le droit
de présenter, par lui-même ou par le ministère d’un avocat, des
explications orales. La même faculté appartient à l’administration.

[…]

150
Impôts  

TITRE III : RECOUVREMENT DE L’IMPOT

CHAPITRE 4 : DISPOSITIONS COMMUNES


AUX IMPOTS DIRECTS ET INDIRECTS

Section 2 : Sursis à paiement

Article 731 :
La réclamation adressée au directeur général des impôts, de même
que le recours au tribunal administratif ne suspendent pas l’exécution
de l’ordre de recouvrement.
Toutefois, en cas de réclamation adressée au directeur général des
impôts, jusqu’à l’expiration du délai de recours au tribunal
administratif et, si cette juridiction est saisie, jusqu’à l’intervention
de sa décision, le contribuable peut, selon le cas, par simple
déclaration faite au directeur général des impôts ou au greffe du
tribunal administratif, demander à ceux-ci d’ordonner la suspension
des poursuites exercées par les comptables publics, à condition de
constituer des garanties propres à assurer le recouvrement de l’impôt
contesté et de régler l’impôt non contesté. Ces garanties doivent être
constituées par des cautions solidaires, nantissements, hypothèques
conventionnelles, dépôt de titres et valeurs. A défaut, toute autre
garantie est laissée à l’appréciation du comptable.
L’impôt dont le versement a été ajourné à la suite d’une demande de
sursis de paiement est majoré d’un intérêt moratoire liquidé au taux
de 1 % par mois ou fraction de mois de retard.
Lorsque le tribunal est saisi, le président statue par ordonnance, les
parties entendues. Il fixe la durée de la suspension s’il croit devoir
l’ordonner. La suspension ordonnée ne peut en aucun cas produire
effet au-delà du délai de huit (8) jours qui suit la décision du tribunal.
Le montant des garanties présenté doit être tant au niveau du
directeur général des impôts que devant le tribunal administratif au
moins égal à 25 % des droits et des pénalités encourues.

151
Compétences & procédures diverses  

Article 732 :
A défaut de constitution de garanties ou si les garanties offertes sont
estimées insuffisantes, le receveur des impôts peut prendre des
mesures conservatoires pour les impôts contestés jusqu’à la saisie
inclusivement. Mais la vente ne peut être effectuée jusqu’à ce qu’une
décision définitive ait été prise sur la réclamation soit par
l’administration, soit par le tribunal compétent.

Article 733 :
Si le sursis à paiement est refusé, le contribuable peut saisir le juge
des référés dans les dix (10) jours de la notification qui lui a été
adressée si le recouvrement des sommes contestées ou si la mise en
œuvre des mesures conservatoires par le receveur des services des
impôts comportent des conséquences difficilement réparables où
mettent en péril la poursuite de ses activités.
Pour saisir valablement le juge des référés, le contribuable doit
présenter au receveur des services des impôts, une caution bancaire
couvrant 10 % des droits et des pénalités contestés.
Pendant la durée de la procédure de référé, le receveur des services
des impôts ne peut exercer sur les biens du contribuable que des
mesures conservatoires. Le juge des référés se prononce sur le bien-
fondé de la demande de sursis et assortit éventuellement sa décision
d’une constitution de garanties complémentaires à celles initialement
offertes.

Article 734 :
Les dispositions prévues dans la présente section ne s’appliquent pas
aux oppositions établies dans le cadre d’une procédure de taxation
d’office.

152
Impôts  

Section 3 : Demandes en revendication de saisies

Article 735 :
1) Lorsque dans le cas de saisie de meubles et autres effets
mobiliers pour le paiement des contributions et amendes, il est
formé une demande en revendication d’objets saisis, cette
demande appuyée de toutes justifications utiles, doit être
soumise au directeur général des Impôts.
2) Le directeur général des impôts statue dans le mois du dépôt du
récépissé de la demande.
3) A défaut de décision dans le délai d’un (1) mois, comme dans le
cas où la décision ne lui donne pas satisfaction, le revendiquant
peut assigner le saisissant devant le tribunal compétent.
L’assignation lancée avant l’expiration du délai d’un (1) mois
précité ou avant la notification de la décision du directeur
général des impôts est irrecevable.
4) Le tribunal statue exclusivement sur les justifications soumises
au directeur général des impôts et les requérants ne sont admis ni
à lui soumettre des pièces justificatives autres que celles qu’ils
ont déjà produites à l’appui de leurs mémoires, ni à invoquer
dans leurs conclusions des circonstances de fait autres que celles
qui y sont exposées.

[…]

Section 5 : Responsabilité des dirigeants de personnes morales

Article 737 :
Lorsque le recouvrement des impositions de toute nature et des
pénalités fiscales dues par une société, un groupement ou toute autre
personne morale a été rendu impossible par des manœuvres
frauduleuses ou l’inobservation répétée des obligations fiscales, le ou
les dirigeants peuvent être rendus solidairement responsables du

153
Compétences & procédures diverses  

paiement de ces impositions et pénalités par décision du directeur


général des impôts sur proposition du comptable compétent.
Cette disposition est applicable à toute personne exerçant, en droit ou
en fait, directement ou indirectement, la direction effective de la
société, de la personne morale ou du groupement.
La décision du directeur général des impôts dûment motivée est
notifiée à l’intéressé.
Les recours qui peuvent être exercés contre la décision du directeur
général des impôts ne font pas obstacle à la mise en œuvre des
mesures conservatoires.

[…]

Article 821 :
La présente loi entre en vigueur à compter du 1er janvier 2018 et sera
exécutée comme loi de l’État.

154

Vous aimerez peut-être aussi