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ORGANISATION

JUDICIAIRE (ORJ)
SECTION AGENT IMMOBILIER – 1ère ANNEE

Chargée de cours
Lisa-Sofia DIAS NUNES
lsdiasnunez@formateur.efp.be
Table des Matières

Chapitre 1er. Organisation judiciaire........................................................................................................ 3


Section 1. Introduction ........................................................................................................................ 3
Section 2. Les professions judiciaires .................................................................................................. 3
Section 3. Les juridictions européennes et belges .............................................................................. 7
Chapitre 2. Compétences et ressort...................................................................................................... 19
Section 1. Généralités........................................................................................................................ 19
Section 2. Compétence matérielle .................................................................................................... 19
Section 3. Compétence territoriale ................................................................................................... 24
Section 4 . Le ressort et l’appel ......................................................................................................... 25
Chapitre 3. Procédure civile (sociale et commerciale) .......................................................................... 27
Section 1. Les étapes d’une procédure judiciaire ............................................................................. 27
Section 2. Les voies de recours ordinaires et extraordinaires .......................................................... 46
Chapitre 4. Saisies et voies d’exécution ................................................................................................ 50
Section 1. Généralités sur le droit de l’exécution ............................................................................. 50
Section 2. Les saisies.......................................................................................................................... 51
Section 3. Les catégories de saisie (conservatoire et exécutoire) ..................................................... 55
Chapitre 5. Les modes alternatifs de règlement des conflits ................................................................ 58
Section 1. Généralités........................................................................................................................ 58
Section 2. La conciliation ................................................................................................................... 58
Section 3. L’arbitrage......................................................................................................................... 59
Section 4. La médiation (art. 1724 à 1737 CJ) ................................................................................... 60
Section 5. La tierce décision obligatoire............................................................................................ 61
Section 6. L’ombudsman ................................................................................................................... 61
Section 7. Commissions de litige professionnelles............................................................................ 62
Bibliographie.......................................................................................................................................... 63

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Chapitre 1er. Organisation judiciaire

Section 1. Introduction
Le pouvoir judiciaire est dévolu aux « Cours et Tribunaux », c'est-à-dire aux juges qui l'exercent
en toute indépendance par rapport aux deux autres pouvoirs (le pouvoir législatif et exécutif).
Les décisions rendues par les juges - qui sont tenus de rendre leurs jugements en appliquant la
loi - forment ce que 1'on appelle la jurisprudence qui, avec la loi et la doctrine, constituent les
trois principales sources du droit.

Section 2. Les professions judiciaires


Le Code judiciaire réglemente six professions essentielles pour le fonctionnement de la justice :
les magistrats, les greffiers, les avocats, les huissiers, les référendaires et les juristes de parquet.

1. Les magistrats
Dans le système juridique belge, il y a deux types de magistrats : les juges et les magistrats de
parquet (Procureurs du Roi, substituts, etc.) qui sont des magistrats de l’ordre judiciaire. Il y a
aussi des magistrats au sein de la Cour constitutionnelle ou des juridictions administratives
(Conseil d’Etat par exemple).
Est appelé juge celui qui rend un jugement, c’est-à-dire qu’il rend une décision sur un dossier
qui lui est soumis, et appartient à une juridiction, soit la justice de paix, les tribunaux de
police, tribunaux de première instance, tribunaux du travail, des tribunaux du commerce.
Devant les cours du travail et d'appel comme à la Cour de cassation, le magistrat est
appelé conseiller.
L’ensemble des juges et conseillers compose la magistrature assise appelée de cette façon car
les magistrats restent assis pendant le procès.
Pendant le procès au tribunal, un juge peut siéger seul ou avec deux autres juges. Dans ce dernier
cas, l'un d'eux est le président et les deux autres sont assesseurs.
Les membres du parquet (procureur général, procureur du Roi, substituts, etc.) sont les
magistrats poursuivent, au nom de l’Etat, les contrevenants à la loi et donc défendent la société
et veillent à l’application de la loi par les cours et tribunaux. Ils interviennent, également par
voie d’avis, dans d’autres matières que la matière pénale, en matière familiale (protection de
mineurs) et commerciale (faillite).
Le parquet est également appelé le ministère public ou encore la magistrature debout parce
qu'au procès, ils prononcent leur acte d'accusation en étant debout.
Le juge a pour tâche de résoudre des conflits. Il peut s'agir de conflits entre citoyens (litiges
civils) ou entre l'État et un citoyen, par exemple, lorsque ce citoyen a violé les lois pénales.

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Dans les deux cas, le juge est saisi d'un dossier. Dans un litige civil, les deux parties développent
leurs arguments. Dans une affaire pénale, le ministère public et les parties (prévenu, victime)
présentent tous les éléments qui permettent au juge de rendre un jugement.

2. Les greffiers
Le greffier est l’auxiliaire du juge. Tout comme le magistrat, il est un fonctionnaire public,
membre de l’ordre judiciaire.
Il existe un greffe auprès de chaque tribunal.
Le greffier exerce diverses missions :

• Assister le juge dans sa fonction (art. 170 et 173, al. 2 CJ) : il prépare l’audience,
élabore les dossiers de procédure, dresse les procès-verbaux de l’audience et rédige tous
les actes nécessaires à la procédure. Il agit en quelque sorte comme « secrétaire » du
juge. C’est une obligation pour lui et cette tâche doit s’appliquer partout où le magistrat
exerce ses fonctions.

Exemple : le greffier accompagne le magistrat lors d’une vue des lieux.

• Constater et rendre compte des actes du juge : le greffier est un témoin permanent
de l’activité du juge ; c’est une garantie pour le justiciable, car si le magistrat pouvait
travailler en secret, ce pourrait être la porte ouverte à toutes les dérives.

• Attester l’authenticité des actes du juge (art. 173, al.2, 4° CJ) : l’acte authentique
bénéficie d’une force probante1 particulière puisque la seule manière d’en démontrer la
fausseté consiste à introduire la procédure d’inscription de faux.
Les greffiers sont nommés par le Roi et sont soumis à l’autorité disciplinaire du Procureur du
Roi. Ils ne dépendent donc pas du président de la juridiction dans laquelle ils travaillent. Dans
l’exercice de leur fonction, ils agissent sous leur responsabilité, en toute indépendance par
rapport au juge qu’ils assistent.
Exemple : durant une audience, un greffier peut acter une déclaration d’une partie qui le
demande même si le juge s’y oppose.

3. Les avocats
Les avocats sont les auxiliaires des parties.

1La force probante est l’intensité avec laquelle un acte lie le juge et les parties au niveau de la preuve. Plus la force probante
est élevée, plus les possibilités de contester le contenu de l’acte seront limitées. Dans notre droit, ce sont les actes authentiques
qui présentent la force probante la plus élevée. Ex : actes dressés par un Notaire.

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Ils leur donnent les conseils juridiques adéquats et tentent, dans la mesure du possible, de
concilier les parties. Dans le cadre d’une procédure, ils représentent leur client en justice
(mandat de représentation, aussi appelé « mandat ad litem »2) et défendent leurs intérêts.
Ils bénéficient d’un quasi-monopole de représentation des justiciables devant les tribunaux :
mis à part quelques exceptions (membres de la famille devant certaines juridictions, délégués
syndicaux devant les juridictions du travail, fonctionnaires de l’administration fiscale qui
peuvent représenter cette administration dans les litiges contre les contribuables, parties qui
peuvent toujours agir par elles-mêmes ou pour une société commerciale ou ASBL s’ils en sont
les dirigeants), ils sont les seuls à pouvoir représenter valablement un justiciable devant un
tribunal.
Ils sont inscrits à un Ordre et sont soumis à une déontologie stricte destinée à assurer leur
indépendance par rapport à leur client. Ex : un avocat ne peut pas plaider pour un membre de
sa famille proche car il risque de ne pas pouvoir prendre assez de recul.
Ils sont soumis au secret professionnel.
Les avocats sont indépendants. Ils ne sont pas nommés par le pouvoir exécutif. Il s’agit d’une
profession dont le titre est protégé et qui est réservé aux titulaires d'un master en droit (disposant
d’un casier judiciaire vierge) lesquels sont tenus de suivre une formation en début de carrière
(stage dans le cadre duquel doivent être suivis des cours organisés par le barreau – cours
C.A.P.A.).

4. Les huissiers
L’huissier de justice est un auxiliaire de la justice, chargé de fonctions relatives à l’introduction
du procès, son instruction et l’exécution des titres exécutoires (judiciaires ou non judiciaires),
titulaire d’un master en droit.
Les huissiers sont, comme les notaires, des indépendants mais qui reçoivent l’autorisation
d’exercer leur mission par le biais d’une nomination par le Roi. L’huissier est à la fois un
officier ministériel et public – un office étant une charge conférée à vie par l’autorité publique :

• Un officier ministériel est titulaire d’un office rattaché à l’administration de la justice


(exemple : greffier, avocat à la Cour de cassation) ;
• Un officier public est titulaire d’un office non rattaché à l’administration de la justice
(exemple : le notaire).
L’huissier est un officier ministériel lorsqu’il effectue des tâches liées à une procédure
judiciaire : signification d’une citation, d’un jugement ; constat dressé à la demande du juge ;
saisie. Il agit comme officier public lorsqu’il effectue des constats sans lien spécifique avec une
procédure judiciaire.

2 Littéralement, pour le procès.

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Les huissiers confèrent l’authenticité aux actes qu’ils accomplissent généralement appelés
« exploits d’huissier ».
Leur compétence est limitée à l’arrondissement dans lequel ils sont nommés.
Leurs tâches se situent à divers niveaux :

• Introduction de la procédure : par la citation, ils convoquent le défendeur en justice


en utilisant une procédure qui respecte les droits de la défense ;

• Instruction des procès : la loi leur confère la tâche d’établir des constats à la demande
du juge (art. 516 et 584 CJ) ou des parties (art. 516). Exemple : constat d’adultère,
d’infiltrations dans un bien, de dégâts locatifs, tirage au sort, etc.

• Exécution des décisions de justice et autres titres exécutoires (actes notariés, etc.) :
ils sont chargés de signifier les décisions à la partie succombante, de saisir et de vendre
ses biens pour assurer le recouvrement des créances.
Les huissiers appartiennent à un ordre professionnel, la chambre des huissiers de justice et sont
soumis à une discipline.

5. Les référendaires et les juristes de parquet (art. 156ter CJ)


Les référendaires assistent les magistrats du siège des cours d’appel et des tribunaux de
première instance.
Les juristes de parquet assistent les magistrats du ministère public près les parquets des
tribunaux de première instance.
Ils sont nommés par le Roi et titulaires d’un master en droit.
Ils préparent le travail des magistrats d’un point de vue juridique, sous leur autorité et selon
leurs indications, à l’exclusion des tâches attribuées aux greffiers ou aux secrétaires (souvent
une étape intermédiaire avant la magistrature).
Leur nombre est déterminé en fonction des nécessités de service. Il est prévu que cette fonction
puisse être étendue aux cours du travail, tribunaux du travail, tribunaux de l’entreprise et
tribunaux de police.

6. Le personnel administratif des greffes et des parquets


Les tâches administratives des greffes et des parquets sont confiées, au greffe, à des employés
(art .177 CJ) et au parquet, à des secrétaires (art. 182 CJ).
Exemples de tâches : réception du public, classement des dossiers, tenue de la comptabilité,
photocopies, correspondances, assistance des greffiers dans la préparation des audiences,
gestion des suites de l’audience.

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7. Les mandataires de justice
Dans de nombreuses procédures, le juge est tenu de désigner une personne pour l’exercice d’une
mission particulière, accessoire à la procédure : il s’agit des « mandataires de justice » ou
« auxiliaires de justice ».
Les missions confiées sont très larges : administration d’un patrimoine (administrateur de
biens), assistance d’un justiciable en difficulté financière pour la restructuration de sa situation
(médiateur de dettes), liquidation d’un patrimoine (curateur, liquidateur judiciaire, notaire, etc).
Les personnes désignées peuvent appartenir aux professions judiciaires décrites ci-avant
(avocats, huissiers) ou venir de l’extérieur du monde judiciaire (notaires, experts, réviseurs
d’entreprises, etc.).

8. Les notaires
Les notaires ont également une mission de service public.
Ils sont titulaires d’un master en droit et nommés par le Roi.
Ils sont investis par la loi de certaines missions : vente forcée de biens immobiliers, rédaction
des actes authentiques : statuts de sociétés commerciales, de l'immeuble (copropriété), vente
volontaire de biens immobiliers, contrat de mariage, actes de divorce par consentement mutuel,
etc.

Section 3. Les juridictions européennes et belges


L’organigramme des juridictions repris ci-après détaille l’ensemble des juridictions
européennes et belges, les juridictions judiciaires faisant partie intégrante de ces dernières aux
côtés des juridictions constitutionnelles et des juridictions administratives.

7
Source : www.questions-justice.be
8
1. Juridictions européennes
Les juridictions européennes contrôlent si les Etats européens respectent les règles européennes.

• Cour européenne des droits de l’homme (CEDH)


La Cour contrôle et sanctionne l'application, par les Etats membres du Conseil de l’Europe (47
pays), des dispositions contenues dans la Convention européenne de Sauvegarde des Droits de
l'Homme et des Libertés Fondamentales ainsi que des protocoles la complétant.
Elle siège à Strasbourg et est composée de 47 juges.

• Cour de justice de l’Union européenne


La Cour de justice de l'Union européenne, anciennement Cour de justice des Communautés
européennes, est l'une des sept institutions de l'Union européenne.
Elle regroupe deux juridictions : la Cour de justice et le Tribunal.
Le siège de l'institution et de ses différentes juridictions est à Luxembourg.
Ces deux juridictions ont pour mission d’interpréter la législation européenne afin d’en
garantir l'application uniforme dans tous les pays de l'UE et statuer sur les différends
juridiques opposant les gouvernements des États membres et les institutions de l'UE.
Elle peut également, dans certaines circonstances, être saisie par des particuliers, des entreprises
ou des organisations souhaitant intenter une action contre une institution de l'UE lorsqu’ils
estiment qu'elle a porté atteinte à leurs droits.

2. Juridictions constitutionnelles
La Cour constitutionnelle, composée de 12 magistrats, juge du respect de la Constitution, des
lois, décrets ou ordonnances pris par chacun des différents parlements de la Belgique. Elle ne
s’occupe pas des actes administratifs.
Elle siège à Bruxelles et est saisie de recours en annulation et par voie de questions
préjudicielles.

3. Juridictions judiciaires
L’ordre judiciaire est l’ensemble structuré des cours et tribunaux, placés sous le contrôle de la
Cour de cassation.

Les juridictions judiciaires sont l’ensemble des juridictions civiles et pénales. Elles sont
différentes des juridictions administratives ou constitutionnelles.

Les juridictions civiles examinent des conflits entre personnes selon une procédure particulière,
la procédure civile.

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Les juridictions pénales jugent des personnes ayant commis des infractions pénales, soit les
personnes accusées d’avoir eu un comportement que la loi interdit parce qu’il est contraire à
des règles essentielles de la vie en société (vol, meurtre, refus de priorité sur la route, racisme,
etc.). Les personnes jugées coupables sont sanctionnées par une peine (prison, amende, etc.).

• Cour de cassation

La Cour de cassation, située à Bruxelles, est la plus haute juridiction de notre pays et fonctionne
avec cinq conseillers par chambre.

Elle est divisée en trois chambres : civile, pénale et sociale. Chaque chambre est divisée en deux
sections : l'une est francophone tandis que l'autre est néerlandophone.

Elle est essentiellement chargée de statuer sur les pourvois formés contre les décisions rendues
en dernier ressort par les juridictions de fond.

Elle ne peut examiner le fond de l'affaire mais uniquement vérifier si la décision attaquée est
conforme ou non à la loi en vigueur (il n'est pas toujours facile d'appliquer correctement la loi
à une situation donnée). En réalité, elle vérifie s’il y a eu ou non erreur dans la procédure et
dans l’application du droit. Elle ne rejuge donc pas une affaire une troisième fois.

La Cour de cassation peut rejeter le pourvoi (auquel cas la décision querellée reste valable) ou
casser le jugement ou l'arrêt si elle constate une erreur (auquel cas l'affaire est renvoyée devant
une autre juridiction de même niveau mais située dans un autre arrondissement).

Le ministère public est exercé par un procureur général assisté par un premier avocat général et
des avocats généraux.

• Cour du travail

Il y a une Cour du travail par ressort en Belgique, soit :

• Bruxelles
• Liège
• Gand
• Anvers
• Mons

La Cour du travail est composée d'un conseiller professionnel qui en assure la présidence et de
deux conseillers sociaux : l'un d'entre eux représente les travailleurs tandis que l'autre représente
les employeurs.

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Elle est compétente pour examiner les appels introduits contre les jugements prononcés par les
Tribunaux du travail du ressort dans les domaines de compétence suivants : litiges en matière
de sécurité sociale, harcèlement au travail, discrimination des travailleurs, etc.

Le ministère public est exercé par le procureur général assisté par un auditorat général composé
par des avocats généraux (parmi lesquels on trouve un premier avocat général) et des substituts
généraux.

• Cour d’appel

Il y a cinq ressorts en Belgique :

• Bruxelles
• Liège
• Gand
• Anvers
• Mons

Chaque ressort comprend :

• une Cour d'appel


• une Cour du travail

Chaque Cour d'appel est divisée en trois sections :

1. les chambres civiles sont compétentes pour examiner les appels interjetés contre les
jugements prononcés par les Tribunaux de première instance et les Tribunaux de
l’entreprise du ressort (ainsi que pour trancher certains litiges qui leur ont été
spécialement attribués, en matière fiscale, par exemple).
2. les chambres pénales sont compétentes pour analyser les appels formés contre les
jugements prononcés par les Tribunaux correctionnels du ressort (rappelons au passage
que l'une de ces chambres est la chambre des mises en accusation qui apparaît comme
la juridiction d'appel de la chambre du conseil).
3. les chambres de la famille et de la jeunesse statuent sur les appels interjetés contre les
décisions prises par les Tribunaux de la famille et de la jeunesse du ressort.

Chaque chambre est composée d’un ou de trois magistrats appelés conseillers qui ont pour tâche
d’examiner l’affaire une deuxième fois au fond.

Le ministère public est assuré par le procureur général assisté par des avocats généraux (parmi
lesquels on trouve un premier avocat général) et par des substituts.

Toutes les parties peuvent interjeter appel, sauf dans les cas où un recours n’est pas possible.

• Cour d’assises

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Il y a une Cour d'assises dans le chef-lieu des différentes provinces ainsi que dans
l’arrondissement administratif de Bruxelles-capitale. Il y a donc 11 cours d’assises en Belgique,
à savoir Anvers, Arlon, Bruges, Bruxelles, Gand, Liège, Louvain, Mons, Namur, Nivelles et
Tongres.

Elle est composée d'un président (membre de la Cour d'appel) et de deux assesseurs (membres
du Tribunal de première instance), assistés par douze jurés tirés au sort.

Elle ne siège pas en permanence mais elle est constituée chaque fois qu’un accusé est renvoyé
devant elle.

La Cour d'assises est compétente pour :

• les crimes
• les délits politiques
• les délits de presse.

Le ministère public est exercé par le procureur général de la Cour d’appel ou par un magistrat
du parquet général.

La décision du jury est définitive : aucun appel n'est possible !

• Tribunal du travail

Les tribunaux du travail sont établis dans chaque ressort d’une cour d’appel de sorte qu’ils sont
au nombre de neuf : Anvers, Gand, Louvain, Bruxelles néerlandophone, Bruxelles
francophone, Eupen, Liège, Brabant Wallon et Hainaut.

Les chambres du Tribunal du travail sont composées d'un magistrat professionnel qui en assure
la présidence et de deux juges sociaux dont l'un représente les travailleurs et l'autre les
employeurs.

Il est compétent pour les litiges portant sur :

• les contrats de travail


• la réglementation du travail
• la sécurité sociale (chômage, accidents du travail, assurance maladie-invalidité,
maladies professionnelles, allocations familiales, etc.)
• les allocations aux handicapés
• les élections sociales ...

Le ministère public est assuré par un auditorat du travail en la personne de l'auditeur du travail
(assisté par des premiers substituts et des substituts).

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L'auditorat donne son avis dans toutes les affaires portées devant le Tribunal du travail. Il est
également chargé de rechercher et poursuivre les infractions au droit pénal social devant le
Tribunal de police ou le Tribunal correctionnel.

• Tribunal de l’entreprise

Les tribunaux de l’entreprise sont établis dans chaque ressort d’une cour d’appel de sorte qu’ils
sont au nombre de neuf : Anvers, Gand, Louvain, Bruxelles néerlandophone, Bruxelles
francophone, Eupen, Liège, Brabant Wallon et Hainaut.

Les chambres du Tribunal de l’entreprise sont composées d'un magistrat professionnel qui
assure la présidence et de deux juges consulaires non-professionnels (entrepreneurs,
administrateurs de société, réviseurs d’entreprise, comptables, etc.).

Il est compétent pour :

- les litiges entre entreprises


- les litiges dont le défendeur est une entreprise
- les matières qui lui sont spécialement attribuées par le législateur (ex : les faillites)

Dans certains cas (par exemple : faillite), le ministère public intervient par l’intermédiaire du
procureur du Roi ou de ses substituts.

• Tribunal de première instance

Il y a un tribunal de première instance dans chaque arrondissement judiciaire de sorte qu’ils


sont au nombre de douze : Flandre occidentale, Flandre orientale, Anvers, Limbourg, Brabant
wallon, Hainaut, Namur, Liège, Luxembourg, Louvain, Eupen et Bruxelles néerlandophone /
Bruxelles francophone.

Chaque tribunal est composé des sections suivantes :

o Tribunal civil

Celui-ci s’occupe de tous ces litiges et problèmes privés - qui ne sont pas de la compétence
du juge de paix, du tribunal de l'entreprise, du tribunal de police ou du tribunal du travail - et
notamment des problèmes d’argent supérieurs à 5.000 euros. Il s’agit donc de la juridiction de
droit commun.

Elle constitue également la juridiction d’appel de tous les jugements prononcés par les justices
de paix.

Puisqu’il s’agit de litiges civils, le Procureur du Roi n’est pas présent aux audiences.

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Certains magistrats y exercent par ailleurs des compétences particulières :
Le Juge des référés (c'est-à-dire le Président du Tribunal ou son délégué) est compétent pour
trancher de manière provisoire les affaires urgentes.
Le Juge des saisies contrôle la régularité des mesures tendant à obtenir l'exécution forcée d'une
décision de justice ou d'une obligation contenue dans un acte notarié ainsi que pour statuer sur
les saisies conservatoires.
o Tribunal de la famille et de la jeunesse

Depuis la réforme entrée en vigueur le 1er septembre 2014, il est composé de trois chambres :

- Les chambres de la famille : compétentes pour tous les litiges de nature familiale tels
que la séparation, le divorce, la liquidation-partage, l’autorité parentale, l’hébergement
des enfants mineurs, le droit aux relations personnelles avec les enfants mineurs, les
successions/donations/testaments, l’adoption, la filiation, etc.

- Les chambres de la jeunesse : compétentes pour prendre toutes les mesures utiles
(affaires civiles et pénales) pour protéger les mineurs en danger et les mineurs
délinquants.

- Les chambres de règlement amiable : un juge formé à la médiation tente d’aider les
familles à résoudre leurs conflits par un accord, à défaut de quoi le dossier sera traité
par la chambre de la famille.

o Tribunal correctionnel

Il est compétent pour les délits et les crimes correctionnalisés. Il connait également de l’appel
des jugements prononcés au pénal par le Tribunal de police.

Le Tribunal correctionnel est assisté par le Ministère Public en la personne du Procureur du Roi
(assisté le cas échéant de ses substituts).

Les crimes les plus graves (meurtre, assassinat) ou les affaires délicates (mœurs, viols) sont
traités par trois juges.
Certaines chambres ou certains magistrats sont chargés de missions spéciales :
Le Juge d'instruction est chargé de mener l'instruction des affaires (il recherche les
infractions, rassemble et examine les preuves à charge et à décharge et pose le cas échéant des
actes entravant la liberté des personnes qu'il place sous mandat d'arrêt).
La Chambre du conseil est chargée de contrôler la légalité et l'opportunité des mandats d'arrêts
et statuer sur les mérites de l’instruction une fois terminée (appel devant la Chambre des mises
en accusations de la Cour d’appel).

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o Tribunal de l’application des peines (TAP)

Il existe un TAP dans le ressort de chaque cour d’appel (Anvers, Bruxelles, Gand, Mons et
Liège). Il arrive que le Tribunal siège en prison, pour des raisons de sécurité et d’organisation,
quand il s’agit d’un détenu.

Cette juridiction est compétente pour prendre les décisions relatives à l’exécution des peines
privatives de liberté (surveillance électronique, libération conditionnelle, détention limitée, etc.)
en veillant à concilier les intérêts de la société, des détenus et des victimes dans l’optique d’une
réinsertion sociale des condamnés tout en tenant compte des risques de récidive.

A cet effet, le TAP est présidé par un magistrat professionnel assisté de deux assesseurs dont
l’un est spécialisé en matière d’exécution des peines et l’autre en réinsertion sociale. Le Parquet
siège également à l’audience.

Il existe également au sein du TAP une chambre de protection sociale chargée d’appliquer la
loi sur l’internement à savoir prendre les décisions applicables ayant commis un crime ou un
délit alors qu’elles étaient atteintes d’un trouble mental les ayant rendues incapable de
discernement.

Les décisions rendues par le TAP ne sont susceptibles d’aucun appel, sauf à se pourvoir en
cassation si les règles de droit n’ont pas été respectées ou correctement appliquées.

• Justice de paix

Il existe une justice de paix par canton judiciaire, soit 162 à l’heure actuelle.

Le juge de paix est un magistrat de « proximité » qui travaille seul, accompagné d’un greffier
et traite seulement d’affaires civiles. Le Ministère public n’est donc pas représenté à l’audience.

Il est compétent pour statuer sur :


- les demandes portant sur un montant inférieur à la somme de 5.000,00 €
(recouvrement de factures notamment) ;
- les demandes qui lui sont spécialement attribuées par la loi :
o les baux (bail de résidence principale, bail commercial, etc.)
o les troubles de voisinage
o la copropriété
o les servitudes (droit de passage sur un terrain, etc.)
o les crédits à la consommation
o la mitoyenneté (problèmes de haie par exemple)
o les expropriations pour cause d’utilité publique

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o scellés et désignation de séquestres
o la protection des malades mentaux
o administration provisoire
o etc.

Ses jugements sont appelables sauf lorsque le litige porte sur une somme d’argent égale ou
inférieure à 2.000,00 €.

• Tribunal de police

Il existe un tribunal de police dans chacun des 12 arrondissements judiciaires étant entendu que
dans certains de ceux-ci, il y a plusieurs divisions afin d’assurer une proximité avec les
justiciables. Il existe dès lors 15 tribunaux de police.

Il est compétent pour les contraventions, les délits contraventionnalisés et l’ensemble des litiges
en matière de roulage (infractions au code de la route), non seulement sur le plan pénal mais
aussi sur le plan civil.

Le Tribunal de police est assisté par le ministère public en la personne du Procureur du Roi
(lequel est assisté de ses premiers substituts et substituts), sauf lorsqu'il statue sur un litige
purement civil (exemple : la réparation du dommage résultant d'un accident de roulage).
Les jugements sont susceptibles d'appel devant le Tribunal correctionnel (au pénal) ou devant
le Tribunal civil (au civil si l'enjeu est supérieur à 2.000,00 €).

4. Juridictions administratives
Ces juridictions sont saisies de recours introduits contre les décisions des administrations
publique (commune, province, région, gouvernement, etc.). Elles vérifient que les actes de
l’administration respectent bien la loi.

• Conseil d’état
Le Conseil d’État, qui est la plus haute juridiction administrative belge (siège à Bruxelles), est
composé de chambres comprenant trois conseillers. Il est présidé par un premier président
assisté par un président.
Cette juridiction est assistée par :
• un auditorat composé de l'auditeur général, de l'auditeur général adjoint, de premiers
auditeurs, d'auditeurs et d'auditeurs adjoints : il est chargé de l'instruction des
affaires (il doit communiquer un rapport écrit aux parties) et il donne son avis à
l'audience (lequel a une importance considérable)

16
• un bureau de coordination constitué d'un premier référendaire assisté de
référendaires et de référendaires adjoints : il est chargé de tenir à jour la base de
données du Conseil d'Etat (législation et jurisprudence).

Le Conseil d’Etat possède deux sections.


La section législative : donne des avis à propos des projets de loi au gouvernement et au
parlement fédéraux d’une part et à propos des projets de décret et d’ordonnance aux
gouvernements et aux parlements des régions et communautés, d’autre part. Elle doit également
donner son avis sur les projets d’arrêtés adoptés par les gouvernements de l’État fédéral des
communautés et des régions. Ces arrêtés permettront de mettre en pratique les lois, les décrets
et les ordonnances.
Elle vérifie si ceux-ci sont corrects par rapport à la Constitution et aux traités internationaux.
Ces avis ne sont pas contraignants de sorte que les gouvernements et les parlements ne sont pas
obligés d’en tenir compte mais éclairent le législateur sur les lacunes ou les contradictions
éventuelles du texte soumis.
La section du contentieux administratif a quatre compétences d’arrêt :
- Le contentieux d’annulation : toute personne intéressée peut solliciter de la section
d'administration l'annulation d'un acte réglementaire à portée générale (ex : un arrêté
royal contenant des normes de droit) ou individuelle (ex : refus de délivrance d’un
permis de bâtir, une nomination en tant que fonctionnaire, recours scolaire, etc.) pourvu
que l'acte attaqué soit affecté de l'un des vices suivants :
• illégalité de l'acte
• excès ou détournement de pouvoir de l'autorité administrative
• incompétence de l'autorité administrative
• violation des formalités substantielles ou prescrites à peine de nullité

Cette section ne s’occupe que des actes des administrations fédérale, régionale ou
communautaire et non des lois, décrets ou ordonnances votés par un parlement.
Exemples : un agent d’une administration estime qu’il devait être nommé à un poste
qu’il n’a pas obtenu ou un permis de bâtir est refusé à un couple qui pense que la loi lui
permettait de l’obtenir. Ces personnes directement concernées par un refus de
l’administration peuvent s’adresser au Conseil d’État qui étudiera la décision contestée.
S’il constate qu’elle est illégale, il l’annulera.
En urgence, le Conseil d’État peut décider de suspendre une décision de l’administration
si elle semble illégale. Par exemple, il pourrait suspendre une décision du bourgmestre
de détruire d’un bâtiment jugé insalubre.

17
Le délai de recours est de 60 jours à compter de l’acte attaqué et s’introduit par requête.
Il constitue le dernier recours après épuisement des recours internes.
Ses arrêts sont rendus après avis de l’auditeur du CE. Ils ont autorité obligatoire (autorité
de chose jugée) à l’égard de tous.
- Le contentieux de l’indemnité : le Conseil d'État peut décider de l'indemnité à accorder
à une personne lésée par une autorité administrative, par l’acte annulé, si le dommage
subi par cette personne est grave, s'il ne résulte pas d'une faute de l'administration et s'il
est exceptionnel.

Si la personne préjudiciée ne forme pas une telle demande, elle devra pour obtenir une
indemnité, introduire une citation devant les juridictions de l’ordre judiciaire.

- Le contentieux de pleine juridiction : le Conseil d'État est parfois compétent pour


examiner le fond de certains litiges (et non simplement la légalité d'un acte) et substituer
le cas échéant sa propre décision à celle qui fait l'objet du recours (ex : les élections
communales, les élections des C.P.A.S., etc.).

- Le contentieux de la cassation : si aucune autre juridiction n'est légalement compétente


pour statuer sur le recours introduit par une partie, le Conseil d'État peut annuler les
décisions prises en dernier ressort par certaines juridictions administratives de premier
degré. On appelle ces recours des recours « en cassation » parce que, comme la Cour de
cassation pour les décisions judiciaires (par exemple celles des cours d’appel), le
Conseil d’État peut « casser » ces décisions, c’est-à-dire les annuler mais uniquement
lorsqu’une erreur de droit a été commise par la juridiction

Ainsi, le Conseil d’État peut intervenir comme une Cour de cassation pour le Conseil
du contentieux des étrangers. Par exemple, un étranger qui estime que le Conseil du
contentieux des étrangers a mal appliqué la loi peut faire un recours devant le Conseil
d’État qui pourrait casser le jugement.

• Juridictions administratives de premier degré


En dessous du Conseil d’État, il existe de nombreuses juridictions administratives du premier
degré. Chacune d’entre elles concerne un domaine bien précis et possède ses compétences
particulières.
Une des plus importantes juridictions du premier degré est le Conseil du contentieux des
étrangers.

18
Chapitre 2. Compétences et ressort

Section 1. Généralités
La compétence est le pouvoir du juge de connaître d'une demande portée devant lui.
La compétence d'attribution ou matérielle est le pouvoir de juridiction déterminé en raison
de l'objet, de la valeur et, le cas échéant, de l'urgence de la demande ou de la qualité des parties.

La compétence territoriale est le pouvoir de juridiction appartenant au juge dans une


circonscription, selon les règles déterminées par la loi.

Lorsqu’une partie décide d’introduire une action en justice, elle doit décider devant quel juge
elle va citer son adversaire. Elle devra d’une part déterminer le tribunal matériellement
compétent (tribunal de première instance, tribunal de l’entreprise, tribunal du travail, juge de
paix, etc.). Elle devra d’autre part déterminer la juridiction territorialement compétente.
Les incidents de compétence sont réglés suivant les articles 639 et 640 CJ tandis que les
incidents de répartition entre les divisions, les sections, les chambres ou les juges d’un même
tribunal ou d’un même arrondissement sont quant à eux tranchés par l’article 88§2 CJ.

Section 2. Compétence matérielle


En ce qui concerne la compétence matérielle, elle sera déterminée en vertu des critères suivants
:
- la nature du litige,
- la valeur de la demande,
- la qualité des parties,
- éventuellement l’urgence.

Elle est en règle d’ordre public de sorte que l’on ne peut y déroger sous réserve de l’exception
prévue à l’article 568 CJ en ce qui concerne le tribunal de première instance.

1. Aperçu des attributions suivant la nature du litige, la qualité des parties et l’urgence
Avant tout, il convient de vérifier si le type de litige ne tombe pas sous l'application d'une
compétence spéciale ou exclusive, attribuée par la loi à un juge, quel que soit le montant de la
demande.
A. Tribunal de première instance
Le tribunal de 1ère instance est compétent à défaut de tout autre (art. 569 à 572 du Code
judiciaire).

19
En vertu de l’art. 568 CJ, le tribunal de première instance, qui est la juridiction ordinaire,
bénéficie d’une prorogation de compétence. Cela signifie qu’elle est d’une part compétente
pour statuer sur tous les litiges qui ne relèvent pas (en vertu d’une disposition légale spécifique)
de la compétence spéciale d’un autre juge. D’autre part, le tribunal de première instance est
matériellement compétent en toute matière tant que la partie défenderesse ne soulève pas un
déclinatoire de compétences en faveur d’une juridiction d’exception (tribunal du travail,
tribunal de commerce, juge de paix).

Il convient de ne pas confondre la prorogation de compétence du tribunal de première instance


avec la plénitude de juridiction du président du tribunal de première instance siégeant en référé.
En effet, le président du tribunal de première instance siégeant en référé est compétent en toutes
matières sauf celles qui ne relèvent pas de la compétence des cours et tribunaux de l’ordre
judiciaire. Aucun déclinatoire de compétences ne peut donc être soulevé devant le président du
tribunal de première instance siégeant en référé.

Le Tribunal de 1ère instance est également compétent pour juger de l’appel des jugements du
juge de paix et du tribunal de police (taux du ressort : 2.000 € depuis le 1er septembre 2018).

Les compétences spéciales qui lui sont dévolues sont détaillées à l’article 569 CJ (état des
personnes, exequatur, etc.).

B. Tribunal de la famille
Le détail des compétences dévolues au Tribunal de la famille figure à l’article 572bis CJ.
Ce dernier siège également en tant que juridiction d’appel suivant l’article 577 du CJ (tutelle
mineurs, protection des malades mentaux) :
« Le tribunal de première instance connaît de l'appel des jugements rendus en premier ressort
par le juge de paix (et, dans les cas prévus à l'article 601bis, par le tribunal de police).
Par dérogation à l'alinéa 1er, les appels des décisions rendues en premier ressort par le juge
de paix dans les cas prévus aux articles 594, 2°, 3°, 6°, 8°, 9°, 15° à 16° /2 et 19°, et 596 à 597,
seront traités, au sein du tribunal de première instance, par le tribunal de la famille. »

C. Tribunal de l’entreprise
Le détail des compétences dévolues au Tribunal de l’entreprise figure aux articles 573 à 576
CJ.

L’article 573, 1er alinéa, CJ dispose :

« Le tribunal de l’entreprise connaît en premier ressort des contestations entre entreprises


visées à l’article I.1, 1°, du Code de droit économique, qui ne relèvent pas de la compétence
spéciale d’autres juridictions et qui, en ce qui concerne les personnes physiques, ont trait à un
acte qui n’est manifestement pas étranger à l’entreprise.

20
La demande dirigée contre une entreprise peut également être portée, aux conditions visées à
l’alinéa 1er, devant le tribunal de l’entreprise, même si le demandeur n’est pas une entreprise.
Est, à cet égard, nulle, toute clause attributive de compétence antérieure à la naissance du litige
».

L’article I.1 du Code de droit économique (modifié par la loi du 15 avril 2018 sur la réforme
des entreprises) dispose :

« Art. I.1. Sauf disposition contraire, pour l’application du présent Code, on entend par :

1° entreprise : chacune des organisations suivantes :


(a) toute personne physique qui exerce une activité professionnelle à titre
indépendant;
(b) toute personne morale;
(c) toute autre organisation sans personnalité juridique.
Nonobstant ce qui précède, ne sont pas des entreprises, sauf s’il en est disposé autrement dans
les livres ci-dessous ou d’autres dispositions légales prévoyant une telle application :

(a) toute organisation sans personnalité juridique qui ne poursuit pas de but
de distribution et qui ne procède effectivement pas à une distribution à ses
membres ou à des personnes qui exercent une influence décisive sur la
politique de l’organisation;
(b) toute personne morale de droit public qui ne propose pas de biens ou
services sur un marché;
(c) l ’Etat fédéral, les régions, les communautés, les provinces, les zones de
secours, les prézones, l’Agglomération bruxelloise, les communes, les zones
pluricommunales, les organes territoriaux intracommunaux, la Commission
communautaire française, la Commission communautaire flamande, la
Commission communautaire commune et les centres publics d’action sociale
».

Le Tribunal de l’entreprise est donc le juge naturel des litiges entre entreprises, concernant un
acte accompli en lien avec l’entreprise (art. 573 CJ), quels que soient les montants en jeu. Le
critère essentiel de compétence est celui de l’acte accompli dans un but économique, ce qui a
pour conséquence que, notamment, une asbl pourra se trouver attraite devant le tribunal de
commerce si elle développe durablement des activités à but économique.

Notons que depuis 2018, le tribunal de l’entreprise ne connaît plus des appels du juge de paix
(uniquement tribunal de 1ère instance).

21
D. Juge de paix
Le juge de paix a une compétence générale pour les litiges d’une valeur inférieure à 5.000 €
(depuis le 1er septembre 2018) – voir article 590 CJ. Il n’est cependant pas compétent pour les
contentieux qui relèvent des compétences spéciales du tribunal du travail et de l’entreprise.
Il dispose également de compétences spéciales prévues aux articles 591 et 593 à 601 CJ :

• bail ;
• servitude ;
• crédit à la consommation ;
• protection des incapables majeurs et des malades mentaux ;
• les demandes relatives au recouvrement de créances des fournisseurs d’électricité, de
gaz, de chauffage, d’eau, de consommation, … à l’encontre d’une personne physique
qui n’est pas une entreprise (article 591, 25° du Code judiciaire) ;
• copropriété forcée des immeubles bâtis, etc.

E. Section civile du tribunal de police


Voyez article 601bis du Code judiciaire : réparation d’un préjudice résultant d’un accident de
la circulation ou un accident ferroviaire. La notion d’accident de la circulation est entendue très
largement. (Cass., 6 février 2009 : « Est un accident de la circulation au sens de l’article 601bis
du Code judiciaire, tout accident de la circulation routière dans lequel sont impliqués des
moyens de transport, des piétons ou les animaux visés dans le règlement général sur la police
de la circulation routière et qui est relatif aux risques de la circulation routière, la seule
circonstance qu’il y a un contact entre un véhicule stationné sur la voie publique et la victime,
ne suffit pas pour qu’il soit question d’un accident de la circulation » ). Il doit donc s’agir d’un
accident dans lequel des moyens de transport, des piétons ou des animaux au sens du règlement
général sur la police de la circulation routière sont impliqués et qui est en relation avec les
risques de la circulation.

Il s’agit d’une compétence exclusive (Cass. 27 février 1997). Elle s’étend à l’action récursoire
exercée contre son assuré par l’assureur qui a indemnisé la victime (Cass. 19 avril 2002).

Le tribunal de police connaît également des recours contre les sanctions administratives
communales et celles infligées dans la sécurité lors des matchs de football. (art. 601ter).

F. Tribunal du travail
La compétence du Tribunal du travail est reprise aux articles 578 à 583 CJ.

22
G. Présidents des tribunaux
La compétence des présidents des tribunaux est reprise aux articles 584 à 587 CJ. L’article 584
vise la compétence du Président statuant en référé (urgence).

2. Détermination de la valeur du litige


En principe, la compétence s’apprécie au moment de l’introduction de la demande et on tient
compte, pour déterminer le montant de la demande, des intérêts (moratoires ou selon les cas
compensatoires) échus au moment de la demande, à l’exclusion des intérêts judiciaires et des
dépens (voy. 557 CJ).

Si une demande comporte plusieurs chefs on les cumule (article 558 CJ). Pour le cumul des
demandes reconventionnelles et incidentes : voyez articles 620 et 621 CJ.

Pour ce qui concerne le ressort (vérifier si le jugement est appelable du point de vue du
montant), il faut tenir compte de la demande réclamée dans les dernières conclusions (pour les
intérêts – voyez Cass., 19 février 2004).

Dans certains cas, il convient de vérifier la valeur de la demande afin de déterminer le juge
compétent. Ainsi, sauf compétence exclusive et particulière (voir art. 569 à 571, 574 et 578 à
583 et 591 et s. du Code judiciaire) :

- Demande dont le montant n’excède pas 5.000,00 € : juge de paix ;


- Demande dont le montant excède 5.000,00 € : tribunal de 1ère instance.

Quand la valeur de la demande est indéterminée, il faut s’en référer ay mécanisme spécial de
l’article 592 du Code judiciaire : elle peut être portée, au choix du demandeur, devant le tribunal
de première instance (ou le tribunal de l’entreprise) ou devant le juge de paix. Le tribunal
renvoie la cause au juge de paix, mais uniquement si le défendeur le requiert (il ne peut pas le
faire d’office – c’est un cas de prorogation de compétence), lorsque la valeur de la demande
peut manifestement être tenue pour équivalente à un montant qui n’excède pas la compétence
du juge de paix. Inversement, le juge de paix renvoie la cause au tribunal de première instance
( au tribunal de l’entreprise), mais ici aussi si le défendeur le requiert, lorsque la valeur de la
demande excède manifestement le montant de sa compétence.

Donc il faut (1) que le défendeur décline la compétence et (2) que la demande excède ou soit
inférieure manifestement à 5000€ (un lit Ikea d’occasion ou une Ferrari neuve – mais si on parle
d’un meuble acheté 10.000€ trois ans plus tôt, on ne renverra pas, parce que la valeur actuelle
n’est pas évidente).

23
Section 3. Compétence territoriale
1. En principe : règles supplétives
Contrairement à la compétence matérielle, la compétence territoriale est, en règle, d’ordre privé
ce qui signifie que les parties peuvent, par convention, déterminer le juge compétent (par
exemple : « seuls des tribunaux de Bruxelles sont compétents » ; « tout paiement doit être fait
à notre siège social »).

Attention : il faut que la convention soit valablement conclue et qu’elle respecte les règles de
fond sinon elle peut être déclarée non écrite ou nulle par des lois particulières. En particulier, il
faut vérifier que les parties aient bien adhéré à la clause d’attribution de compétence territoriale
(problème en particulier des renvois à des conditions générales).

S’il n’y a pas de convention, la compétence sera déterminée en fonction des critères visés aux
articles 624 et suivants du Code judiciaire. Ainsi, hormis les cas où la loi détermine
expressément le juge territorialement compétent pour connaître de la demande, celle-ci peut,
aux choix du demandeur, être portée :

1° devant le juge du domicile du défendeur ou d'un des défendeurs ;


2° devant le juge du lieu dans lequel les obligations en litige ou l'une d'elles sont nées ou dans
lequel elles sont, ont été ou doivent être exécutées;
3° devant le juge du domicile élu pour l'exécution de l'acte;
4° devant le juge du lieu où l'huissier de justice a parlé à la personne du défendeur si celui-ci
ni, le cas échéant, aucun des défendeurs n'a domicile en Belgique ou à l'étranger.

Ces critères déterminent la compétence territoriale supplétive. En revanche, lorsque la


compétence territoriale est impérative ou d’ordre public, il convient de se référer aux règles
énoncées aux articles 626 à 633 CJ.

2. Exceptions : règles impératives


Il existe des règles impératives. On ne peut pas y déroger par convention avant la naissance du
litige (article 630 al. 1er CJ).
En revanche, si l’affaire est introduite devant un juge incompétent territorialement, le
déclinatoire devra être soulevé in limine litis c’est-à-dire avant tout autre moyen (article 854
CJ) et il faudra désigner le juge compétent (article 855 CJ). Sinon, l’incident ne peut plus être
soulevé (et donc le juge ne peut décliner sa compétence d’office, sauf en cas de défaut – article
630 al. 2.)
Les principaux cas de règles impératives se trouvent dans les longs articles 627 à 629bis CJ(bail,
droit du travail, tribunal de la famille et de la jeunesse - domicile de l’enfant etc.) et dans des
lois particulières.

24
3. Rares règles d’ordre public
Il existe également quelques rares cas de compétence territoriale d’ordre public : faillite,
impôts, saisie, etc.– voyez articles 631 et suivants ; voyez également l’article 629bis §1er pour
le tribunal de la famille.

Section 4 . Le ressort et l’appel

1. Le ressort
Les Cours et Tribunaux sont appelés à intervenir selon le degré de leur juridiction (le « ressort
»).
Les jugements qui statuent sur une demande portant sur un montant inférieur au taux de ressort
ne sont pas susceptibles d’appel.

L’article 617 du Code judiciaire dispose :

« Les jugements du tribunal de Ière instance et du tribunal de l’entreprise qui statuent sur une
demande dont le montant ne dépasse pas 2.500 € sont rendus en dernier ressort. Cette règle
s’applique également aux jugements du juge de paix et, dans les contestations visées à l’article
601 bis, à ceux du tribunal de police, lorsqu’il est statué sur une demande dont le montant ne
dépasse pas 2.000 €.

Les jugements rendus par le tribunal du travail sont toujours susceptibles d’appel.

Les jugements rendus par le tribunal de 1ère instance dans des contestations relatives à
l’application d’une loi d’impôts sont toujours susceptibles d’appel (…) ».

Pour déterminer le taux du ressort, l’article 618 du Code judiciaire renvoie aux règles énoncées
aux articles 557 à 562 qui déterminent les règles à prendre en considération pour la compétence
lorsque celle-ci est fonction du montant de la demande.
Toutefois, l’article 618 al. 2 précise :
« Si la demande a été modifiée en cours d’instance, le ressort est déterminé par la somme
demandée dans les dernières conclusions ».
Bien entendu on tient compte du montant de la dernière demande et non pas de la condamnation
prononcée par le premier juge. Il ne faut pas tenir compte des intérêts échus depuis
l’introduction de la demande.
Lorsque l’enjeu de la demande est indéterminé, le jugement est toujours appelable et ce, même
lorsqu’une somme provisionnelle est sollicitée à titre de dommages et intérêts mais également
une mesure d’instruction en vue de l’évaluation du dommage 91.

En cas de demande reconventionnelle et en intervention, voy. articles 620 et 621 du Code


judiciaire tels que modifiés par la loi du 10 février 1999.
25
N.B. : Lorsqu’on parle du ressort d’une cour d’appel, on désigne par-là l’étendue de la
compétence territoriale d’une cour d’appel (ex. : le ressort de la cour d’appel de Bruxelles
s’étend aux arrondissements judiciaires de Bruxelles, Nivelles et Leuven).

2. L’appel
Sauf si les jugements sont rendus en dernier ressort :

- art. 577 du Code judiciaire : le tribunal de première instance connaît seul de l'appel des
jugements rendus en premier ressort par le juge de paix ; le tribunal de l’entreprise n’est
plus compétent pour connaître de l’appel d’une décision rendue par un juge de paix, ce
qui s’explique par le fait que la compétence du tribunal de l’entreprise n’est pas
influencée par la valeur du litige. ;

- art. 602 du Code judiciaire : la cour d'appel connaît de l'appel des décisions rendues en
premier ressort par le tribunal de première instance et par le tribunal de l’entreprise et
des décisions rendues en premier ressort par les présidents du tribunal de première
instance et du tribunal de l’entreprise ;

- art. 607 du Code judiciaire : la cour du travail connaît de l'appel des décisions rendues
par les tribunaux du travail et par les présidents des tribunaux du travail ;

- lorsqu’une affaire d’une valeur supérieure à 2.000,00 € et inférieure à 2.500,00 € peut


être introduite, au choix, devant le juge de paix ou devant le tribunal de l’entrepris, la
décision du juge de paix pourra faire l’objet d’un appel devant le tribunal de première
instance tandis que la décision du tribunal de commerce sera définitive. Dans ce cas,
devant le tribunal de l’entreprise, les parties perdent un degré de juridiction.

26
Chapitre 3. Procédure civile (sociale et commerciale)

Section 1. Les étapes d’une procédure judiciaire


1. Les démarches préalables au procès

A. Les négociations
Elles peuvent se dérouler en tout temps, même en parallèle avec les procédures en cours.
Elles interviennent :
- Entre avocats, en présence des parties ou hors la présence des parties ou encore avec
une partie en personne qui n’a pas consulté d’avocat :
o Par correspondance
o Au cours d’une réunion – préparation, déroulement (prévoir une marge de
manœuvres, possibilité de se retirer avec son client),
- Du juge ou de l’expert (procès-verbal de conciliation - cfr infra).
Les informations échangées par les parties en cours de négociation ne bénéficient pas de la
confidentialité. Ce point est très important à garder à l’esprit car les informations recueillies
pourraient être utilisées dans le cadre d’une procédure au détriment d’une partie.
Seuls les échanges entre avocats sont couverts par la confidentialité. Il est impératif de s’assurer
de l’accord des parties sur la confidentialité de leurs échanges dans le cadre de leur négociation.

De même, dans le cadre d’une conciliation organisée par le Tribunal (article 731 à 734 du Code
judiciaire), si la confidentialité des échanges paraît aller de soi, elle n’est pas prévue
formellement par le Code judiciaire. Il faut donc veiller à s’assurer de l’accord des parties sur
cette question essentielle.

La finalisation d’un accord négocié peut se faire de multiples manières :

- par un échange de correspondance, qui perd son caractère confidentiel, ou par une
convention ;
- négociations en cours de procès : conciliation devant le juge ou devant l’expert - procès-
verbal de conciliation, jugement d’accord ou jugement de désistement (cf. infra).

B. La mise en demeure
La manière dont la mise en demeure sera rédigée aura un impact majeur sur la résolution du
litige, tant en ce qui concerne les effets juridiques liés à la mise en demeure (cf. infra) qu’en ce
qui concerne le comportement des parties au litige.

Hormis les cas particuliers exposés ensuite, la mise en demeure ne nécessite pas de forme ou
de mention particulière. Elle peut donc être courte ou longue, documentée par des pièces et des
propositions de solution.

27
Il faut tout de même veiller à être précis dans sa rédaction, dans la langue employée (loi emploi
langues en matière judiciaire), l’adapter suivant que l’adversaire a un avocat ou non et suivant
le statut des parties (entreprise ou consommateur).
Elle constitue le point de départ des intérêts moratoires (le cas échéant, calculer les intérêts
conventionnels) et peut être adressée par recommandé et/ou par courrier ordinaire. Ces intérêts
ainsi que les pénalités pourront être réduits par la juge sur base des articles 1153 et 1231 du
Code civil)
La mise en demeure est une étape indispensable et préalable à toute initiative procédurale – qui
fait l’objet d’une attention particulière des magistrats – dans la mesure où elle peut déboucher
sur une éventuelle négociation.
B.1. Loi du 20 décembre 2002 relative au recouvrement amiable des dettes du
consommateur applicable aux avocats, aux officiers ministériels et mandataires de
justice
Le recouvrement amiable (c’est-à-dire toute forme de recouvrement à l’exclusion du
recouvrement « en vertu d’un titre exécutoire ») de créances contre un consommateur (càd,
toute personne physique ayant acquis un bien ou bénéficié d’un service totalement ou
majoritairement à titre privé), est soumis à des dispositions légales impératives.

Cette loi est de première importance car le non-respect de celle-ci est sanctionné pénalement
(article 15 § 1er (Les sanctions civiles prévues par la loi ne sont pas applicables aux avocats 1).
Elle est donc de nature à engager la responsabilité de l’avocat. La loi fixe des obligations
formelles strictes :

• Nécessité d’une mise en demeure écrite préalable

Tout recouvrement amiable d’une dette à charge d’un particulier doit commencer par une mise
en demeure écrite, adressée au «consommateur» (article 6, § 1er).
Le mode de communication n’est pas défini par la loi. L’usage du recommandé n’est donc pas
obligatoire (mais hautement souhaitable). La communication écrite peut donc se faire par
courrier, fax ou email (article 2281 du Code civil).

• Mentions obligatoires

L’article 3 impose de faire figurer les mentions suivantes dans les mises en demeure aux
consommateurs :

- l’identité, l’adresse, le numéro de téléphone et la qualité du créancier originaire


- la description claire de l’obligation qui a donné naissance à la dette
- la justification des montants réclamés au débiteur en ce compris les dommages-intérêts
et les intérêts moratoires réclamés
- la mention d’un délai qui doit être au minimum de quinze jours entre l’envoi de la mise
en demeure et l’exercice «d’autres mesures de recouvrement»

28
- l’insertion dans un alinéa distinct de son courrier en caractère gras et dans un autre type
de caractère la mention «Cette lettre concerne un recouvrement amiable et non un
recouvrement judiciaire (assignation au tribunal ou saisie)».
Son non-respect rend la mise en demeure nulle. Une telle nullité peut avoir un impact important
sur l’ensemble de la procédure.

• Le délai d’attente de 15 jours

Un délai de 15 jours doit être respecté entre l’envoi de la mise en demeure et la mise en œuvre
d’autres moyens de recouvrement dont notamment l’introduction d’une procédure. Toutefois,
rien n’interdit d’entreprendre des mesures conservatoires de la créance (saisie si les conditions
sont réunies).

B.2. L’interruption de la prescription par la mise en demeure par lettre d’avocat (article
2244§2 du Code civil)
L’article 2244, §2 du Code civil prévoit que la mise en demeure envoyée par l’avocat du
créancier, « par l’huissier de justice désigné à cette fin par le créancier ou par la personne
pouvant ester en justice au nom du créancier en vertu de l’article 728, § 3, du Code judiciaire
», interrompt la prescription et fait courir un nouveau délai de prescription de maximum un an,
sans toutefois que la prescription puisse être acquise avant l’échéance du délai de prescription
initial.

L’interruption de la prescription intervient au moment de l’envoi de la mise en demeure par


envoi recommandé avec accusé de réception (date du cachet de la poste).

Cet effet interruptif concerne les mises en demeure adressées à des débiteurs résidant ou
domiciliés en Belgique. Ce mode d’interruption de prescription ne vaut qu’une seule fois. Il ne
porte pas atteinte autres modes d’interruption de la prescription.

Pour bénéficier de cet effet interruptif, la mise en demeure doit respecter des conditions
formelles : être faite obligatoirement par envoi recommandé avec accusé de réception et
envoyée à une adresse vérifiée au préalable (consultation du registre des personnes physiques
via AVOCATS.BE, consultation du fichier de la Banque Carrefour des Entreprises) et reprendre
des mentions particulières prévues par la disposition légale.

B.3. Loi du 2 août 2002 concernant la lutte contre les retards de paiement dans les
transactions commerciales
Cette loi ne s’applique qu’entre entreprises.
L’intérêt de retard est dû de plein droit et sans lettre de mise en demeure, dès le lendemain de
l’échéance de la dette.
Cet intérêt est fixé tous les six mois par arrêté royal. Il est actuellement de 8 %.

29
2. Les différentes manières d’introduire un procès.

A. Généralités
En vertu de l’article 700, § 1er du Code judiciaire, en principe, la cause est introduite par
citation. Il s’agit du mode général d’introduction de l’instance applicable en toute matière sauf
si la loi impose, de manière spécifique, la requête contradictoire.

En cas d’erreur, la sanction est la nullité. Le défendeur à l’action devra prouver l’existence d’un
grief pour que la nullité soit prononcée.

Si le défendeur comparaît, on n’aperçoit pas quel grief il pourrait invoquer parce qu’il a été
convoqué par une requête plutôt que par une citation : dans ce cas, la nullité ne pourra jamais
être prononcée et la procédure sera régulière.

De plus, l’article 861, alinéa 2, du Code judiciaire dispose :

« Lorsqu’il constate que le grief établi peut être réparé, le juge subordonne, aux frais de
l’auteur de l’acte irrégulier, le rejet de l’exception de nullité à l’accomplissement de mesures
dont il détermine le contenu et le délai au-delà duquel la nullité sera acquise ».
Dès lors, s’il y a le moindre souci, le juge peut ordonner au demandeur qui aurait recouru à la
requête d’utiliser la citation dans un délai déterminé.

On ajoute qu’en vertu de l’article 700, alinéa 2 du Code judiciaire, les actes de procédure
déclarés nuls en contravention à l’aliéna 1er interrompent néanmoins la prescription ainsi que
les délais de procédure impartis à peine de déchéance ; de plus, l’article 2247 du Code civil
prévoit de manière plus générale qu’un acte introductif d’instance déclaré nul que ce soit en
raison de sa nature ou en raison de son contenu interrompt dans tous les cas la prescription.

B. La citation

B.1. Définition
La citation est un exploit d’huissier (art. 43 et s. CJ), qui est signifié à la partie adverse, qui est
ainsi informée de ce qu’un tiers réclame sa condamnation en justice.

La citation se divise en deux actes originaux :

- Le premier, appelé « l’original » de l’exploit, sera remis par l’huissier, après


signification au défendeur, au greffe, au moment de l’inscription de la cause au rôle.
Ceci va parfaire l’introduction de la cause.
- Le second, appelé « copie » de l’exploit, sera laissé pour information au cité.

Les avantages du procédé sont les suivants :

30
- L’intervention de l’huissier offre plus de garanties qu’un envoi postal quant à
l’information effective du destinataire ;
- La qualité d’officier ministériel de l’huissier garantit l’authenticité de l’acte qu’il
accomplit ;
- La signification et la convocation sont simultanées, ce qui évite tout problème quant à
la date à laquelle le destinataire a pu en prendre connaissance.
Toutefois, il s’agit du mode introductif d’instance le plus cher.
B.2. Contenu
Le contenu de la citation est spécifié par l’article 43 du Code Judiciaire qui régit toute forme de
signification et l’article 702 du Code Judiciaire qui se rapporte spécifiquement à la citation. Dès
lors, les mentions devant y figurer sont les suivantes :

« L’exploit de signification doit être signé par l’huissier de justice instrumentant et contenir l’indication:

1° Des jour, mois et an et du lieu de la signification ;


2° Des nom, prénom, domicile et, le cas échéant, adresse judiciaire électronique ou adresse d’élection de domicile
électronique, qualité et inscription à la Banque-Carrefour des entreprises de la personne à la requête de qui
l’exploit est signifié ;
3° Des nom, prénom, domicile ou, à défaut de domicile, résidence et, le cas échéant, adresse judiciaire
électronique ou adresse d’élection de domicile électronique et qualité du destinataire de l’exploit ;
4° Des nom, prénom et, le cas échéant, qualité de la personne à qui la copie a été remise ou du dépôt de la copie
dans le cas prévu à l’article 38, § 1er, ou du dépôt de l’exploit à la poste, dans les cas prévus à l’article 40 ;
5° Des nom et prénom de l’huissier de justice et indication de l’adresse de son étude ;
6° Du coût détaillé de l’acte.
La personne à qui la copie est remise vise l’original. Si elle refuse de signer, l’huissier relate ce refus dans l’exploit
» (article 43 CJ).
La notion de domicile est définie à l’article 32tertio du Code judiciaire. Il s’agit de : « Le lieu
où la personne est inscrite à titre principal sur les registres de la population ». Il faut distinguer
le domicile de la résidence définie par la même disposition (article 32, 4°) : « Tout autre
établissement tel le lieu où la personne a un bureau ou exploite un commerce ou une industrie
». En vertu de l’article 39 du Code judiciaire, lorsque le destinataire a élu domicile chez un
mandataire, la signification et la notification peuvent être faites à ce domicile.
A peine de nullité, l’exploit de citation contient, en outre les mentions prévues à l’article 702
du Code Judiciaire :

1° Les nom, prénoms et domicile du demandeur et, le cas échéant, son numéro de registre national ou numéro
d’entreprise ;
2° Les nom, prénoms et domicile ou, à défaut de domicile résidence du cité ;
3° L’objet et l’exposé sommaire des moyens de la demande ;
4° L’indication du juge qui est saisi de celle-ci ;
5° L’indication des lieu, jour et heure de l’audience.

31
L’objet de la demande est ce qui est réclamé par le demandeur. C’est le résultat économique,
social ou moral qui est recherché et que l’on demande au juge de consacrer dans sa décision.

Il est très important pour un plaideur de déterminer avec précision l’objet de sa demande : en
vertu du principe dispositif consacré notamment par l’article 1138 du Code judiciaire le juge ne
peut statuer sur des choses non demandées.

B.3. Signification
La signification est la remise de la copie d’un acte par exploit d’huissier. L’huissier de justice
se rend chez le justiciable, lui montre l’orignal d’un acte de procédure et lui en remet une copie
(art. 32 CJ). A ne pas confondre avec la notification, qui est l’envoi d’un acte de procédure par
le greffe sous pli judiciaire confié à la poste (voir infra).

La signification peut être utilisée également à d’autres stades de la procédure, par exemple pour
porter officiellement un jugement à la connaissance de la partie succombante.
L’article 47 CJ réglemente les périodiques durant lesquelles une signification ne peut avoir
lieu :
« Aucune signification ne peut être faite :

1° Dans un lieu non-ouvert au public, avant 6 heures du matin et après 9 heures du soir ;
2° Le samedi, le dimanche ou un jour férié légal si ce n’est en cas d’urgence et en vertu de la permission du juge
(...) ».

Il existe différents modes de signification des citations :


- à personne (art. 33 et 34 du Code judiciaire) : l’acte est remis en mains propres du
destinataire de sorte qu’il s’agit du mode idéal,
- au domicile ou à la résidence (art. 35 du Code judiciaire) : l’acte est remis, sous
enveloppe fermée, à un parent, un allié, un préposé, etc., ce qui offre moins de garanties,
- avec visa (art. 38 du Code judiciaire) : si l’huissier ne rencontre personne, il dépose une
copie de l’exploit dans la boite aux lettres et adresse, au plus tard le 1er jour ouvrable
suivant, un courrier recommandé indiquant les date, jour et heure auxquels une copie
conforme de l’exploit peut être retiré.
- au Parquet (art. 40 du Code judiciaire) : lorsque le destinataire n’a ni domicile ni
résidence connus en Belgique ou à l’étranger,
- signification transfrontalière (art 40 du Code judiciaire) : à défaut de règlement ou de
convention internationale, la citation est envoyée à l’étranger par la poste.

La date de la citation sera celle de la signification à la condition que la citation soit ensuite
valablement mise au rôle. Ainsi, la citation interrompt la prescription à dater de la signification,
sous la condition qu’elle soit ensuite valablement inscrite au rôle. La mise au rôle valable est
donc une formalité essentielle. Le rôle de l'huissier est double : signifier et mettre au rôle.

32
L’article 716 du Code judiciaire dispose que les causes sont inscrites au rôle général a plus tard
la veille du jour de l’audience pour laquelle la citation a été donnée. En vertu de l’article 717,
si la cause n’a pas été inscrite au rôle général pour l’audience indiquée dans la citation, la
procédure est suspendue d’office.

B.3. Délai de citation


Le délai de citation est le délai qui doit séparer la citation de l’introduction de la cause devant
le Tribunal ; il s’agit d’un délai d’attente pour permettre au défendeur d’organiser sa défense.
Le délai est de huit jours (707 CJ) mais peut toutefois être de deux jours en référé (1035 CJ) et
devant le Juge des saisies (1395, al. 2 CJ). En outre, en cas d’urgence, il peut être abrégé par la
juridiction qui devra connaître de la cause (708 CJ).
Lorsque la citation est délivrée à l’étranger, le délai est prolongé (709 CJ). L’article 55 CJ
précise le délai à respecter :
- 15 jours si la partie résidence au Royaume-Uni ou dans un pays limitrophe à celui-ci ;
- 30 jours si la partie résidence dans un autre pays d’Europe ;
- 80 jours lorsqu’elle réside dans une autre partie du monde.
Le non-respect du délai est une cause de nullité absolue de l’acte.
Les délais se calculent suivant les règles figurant aux articles 52 et 53 CJ (jours calendriers –
report au jour ouvrable).

C. La requête conjointe (anciennement appelé procès-verbal de comparution volontaire)


Les parties peuvent se présenter volontairement devant toute juridiction de premier degré pour
autant que la matière rentre dans sa compétence d’attribution.
La requête conjointe peut être utilisée en toute matière même d’ordre public (divorce, filiation,
etc.) ainsi que pour introduire certaines voies de recours (opposition). Elle contient l'exposé
sommaire de la contestation et les prétentions respectives des parties.

C’est un procédé sûr et très peu coûteux : comme les deux parties comparaissent spontanément
à l’audience, l’efficacité de la convocation du défendeur est garantie. En outre, il permet
l’économie des frais d’huissier (seuls sont acquittés les droits de mise au rôle).

Cela suppose toutefois que le défendeur accepte le mécanisme : ce n’est pas toujours le cas car
il peut avoir l’impression de reconnaître le fondement de la demande introduite.

Elle est régie par l’article 706 du Code judiciaire lequel dispose que :

« Devant le tribunal de première instance, le tribunal du travail, le tribunal de commerce, le juge de paix et le
tribunal de police, la demande peut être introduite par une requête conjointe des parties, signée et datée par elles
à peine de nullité.

33
La requête est déposée ou adressée au greffe par lettre recommandée.
Le dépôt de la requête au greffe ou l’envoi recommandé vaut signification.
La requête est inscrite au rôle.
Si les parties ou l’une d’elles le demandent dans la requête, ou si le juge l’estime nécessaire, ce dernier fixe une
audience dans les quinze jours du dépôt de la requête. Les parties et, le cas échéant, leur conseil sont alors
convoquées par le greffier à comparaître à l’audience fixée par le juge par simple lettre ».

D. La requête contradictoire ou bilatérale (art. 1034bis à sexies CJ)

D.1. Définition
La requête est un acte de procédure qui est rédigé par une partie et déposée au greffe. Le greffe
se charge ensuite de notifier la requête à la partie adverse après avoir fixé une date pour
l’audience d’introduction.
La date de la requête est celle de son dépôt au greffe et non celle de sa notification à la partie
adverse. Le requérant n’est pas responsable des éventuels errements du greffe à cet égard.
Lorsqu’il fixe la cause, le greffe doit veiller à ce que le délai de comparution (délai de citation)
soit respecté, en tenant compte du temps nécessaire à la notification de l’acte.

L’expression « requête contradictoire » est incorrecte dès lors qu’une requête (introductive
d’instance) est toujours un acte rédigé et déposé unilatéralement par une partie (ou par plusieurs
parties) demanderesse(s). Ce terme est utilisé pour signifier qu’il s’agit d’une requête
introduisant une procédure contradictoire, par distinction avec la requête dite « unilatérale »,
introduisant une procédure unilatérale (non contradictoire – voir infra).
D.2. Contenu
Voy. articles 1034 bis et suivants du Code judiciaire, voy. également les dispositions spéciales
pour certains types de requête.
On peut renvoyer, mutatis mutandis, à ce qui a été dit ci-dessus à propos de la citation.
Il y a lieu d’ajouter à la requête soit un certificat de domicile, soit un extrait du registre national
des personnes physiques (article 1034 quater CJ) qui ne peut être antérieur à plus de 15 jours
au dépôt de la requête.
D.3.Cas d’application
La requête contradictoire est un mode introductif d’instance simplifié. Elle ne peut être utilisée
que lorsqu’un texte le prévoit. Toutefois, même dans ce cas, l’usage de la citation n’est pas
exclu.
Attention, le fait que la cause puisse être introduite par requête n’implique pas que l’opposition
au jugement par défaut puisse également être introduite par requête à moins qu’un texte spécial
prévoie également l’introduction de l’opposition par requête.

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• Article 704 du Code judiciaire : devant le tribunal du travail, les demandes peuvent être
introduites par requête contradictoire (704, § 1er) ; l’opposition peut également être
introduite par requête (704, § 4) ;
• Article 1253 ter/4, § 2 : les procédures urgentes en matière de contentieux familial ;
• Divorce pour cause de désunion irrémédiable : article 1254 du Code judiciaire (sauf
l’hypothèse où la demande est introduite sur le fondement de l’article 229, § 1er du
Code civil) ;
• Divorce par consentement mutuel : article 1288 bis du Code judiciaire ;
• Baux : article 1344 bis du Code judiciaire
• Article 1385dexies du Code judiciaire : matière fiscale ;
• Action en cessation.

D.4.Délai de comparution
Le délai de citation est applicable (huitaine) : article 710 alinéa 2 du Code judiciaire. Pour ce
qui concerne le calcul du délai.
D.5.Procédure
La requête accompagnée de son annexe est envoyée en autant d’exemplaires qu’il y a de parties
en cause par lettre recommandée au greffier de la juridiction ou déposée au greffe (article 1034
quinquies CJ).
Les parties sont convoquées par le greffier sous pli judiciaire à comparaître à l’audience fixée
par le juge. Une copie de la requête est jointe à la convocation (article 1034 sexies CJ).
La date à laquelle l’affaire est introduite est la date d’inscription de la requête au rôle (voyez
supra en matière de citation : la date à prendre en considération est la date à laquelle la citation
est signifiée par l’huissier avant même l’inscription au rôle.

E. La requête unilatérale

E.1. Définition
Il s’agit d’une requête introduisant une procédure unilatérale, c’est-à-dire une procédure où soit
il n’y a pas d’adversaire (procédure de type gracieuse prévue par la loi), soit il y a bien un
adversaire mais celui-ci n’est pas appelé à se défendre à ce stade de la procédure.
E.2. Cas d’application
La procédure de type gracieuse relève en général de la compétence de pleine juridiction du
président du tribunal de première instance.
Exemples :
• désignation d'un curateur à succession vacante,
• homologation diverse,
• autorisation de vendre un immeuble de gré à gré dans certaines circonstances.

35
Les principaux cas d’application de la requête unilatérale prévus par la loi sont :

• Les saisies conservatoires (article 1422 pour la saisie mobilière ; article 1430 pour la
saisie immobilière ; article 1447 pour la saisie-arrêt conservatoire, etc...) ;
• Le constat d’adultère (article 1016 bis) ;
• Assistance judiciaire : article 673 et 675 (requête même verbale) ;
• Abréviation des délais : article 708 et 1036 du Code judiciaire ;
• Requête introductive d’une procédure de règlement collectif de dettes (article 1675/2 du
Code judiciaire) ;
• En cas d’absolue nécessité, la demande de recours à la contrainte pour l’exécution d’une
décision en matière d’hébergement d’enfants peut être introduite par requête unilatérale
(article 387 ter, § 3 du Code civil).

Le recours à la requête unilatérale peut également justifier la saisine du juge des référés en cas
d’absolue nécessité (art. 584, alinéa 3 du Code judiciaire) sans convoquer la partie adverse. Il
ressort de la jurisprudence de la Cour de cassation qu’il peut y avoir absolue nécessité dans trois
hypothèses :

- en cas d’extrême urgence, c’est-à-dire lorsque le seul fait de devoir attendre le délai
normal d’une procédure de référé rendrait la mesure sollicitée sans effet. Ainsi, lorsqu’il
y a extrême urgence au point de ne pouvoir permettre la citation d’heure à heure (ex. :
départ d’un mineur en avion). Toutefois, lorsque le demandeur dispose de tous les
éléments pour qu’une procédure contradictoire puisse être organisée utilement, au
besoin en sollicitant l’abréviation de délais de citation, et qu’il ne démontre nullement
qu’une application immédiate et soudaine de la mesure sollicitée soit la seule de nature
à garantir sa pleine efficacité, sa demande doit être rejetée.

- lorsqu’il est matériellement impossible de façon précise certaine et exhaustive


d’identifier la partie adverse à charge de laquelle les mesures obtenues doivent être
exécutées ce qui rend toute procédure contradictoire inefficace voire impossible ;

- lorsque la partie demanderesse doit se ménager un effet de surprise pour donner une
quelconque efficacité à la mesure qu’elle sollicite. (ex. : constat d’huissier même dans
d’autres hypothèses que l’adultère).

Le grand avantage de la procédure sur requête unilatérale est qu’elle permet d’obtenir une
décision du juge des référés sans débat contradictoire, décision qui sera en outre de plein droit
exécutoire. C’est d’une redoutable efficacité.

L’inconvénient majeur est qu’il s’agit d’une procédure qui viole de front le principe du
contradictoire et qui ne pourra en conséquence être utilisée qu’avec extrêmement de précautions
et de réserve. Il appartiendra au juge des référés de se montrer particulièrement vigilant quant
à la réunion des conditions nécessaires pour pouvoir rendre une telle décision.

36
E.3. Contenu
Voy. l’article 1026 du Code judiciaire.

On attire spécialement l’attention sur l’obligation de la signature d’un avocat (article 1026, 5°).
Il n’est cependant pas toujours obligatoire, en vertu de certains textes spéciaux (par exemple en
matière de constat d’adultère).

E.4. Instruction de la demande


La procédure est écrite mais le juge peut convoquer le requérant ou la partie intervenante pour
leur demander des explications (article 1028 du Code judiciaire).
La décision est rendue en chambre de conseil et notifiée par le greffier à la partie requérante
(ainsi que le cas échéant aux parties intervenantes).
La notification fait courir le délai d’appel pour le requérant (article 1031).
La partie contre laquelle une ordonnance rendue sur requête unilatérale est exécutée peut
introduire un recours. Il s’agit de la tierce opposition. Ce recours doit être introduit dans le mois
de la signification de l’ordonnance (art. 1033 et 1034 du Code judiciaire (Attention, il s’agit
d’une règle dérogatoire au droit commun de la tierce opposition qui, en principe, doit être
introduite dans les trois mois de la signification de la décision contre laquelle le tiers introduit
son recours)).

F. Autres modes introductifs d’instance


F.1. Dépôt du dossier au greffe
Il s’agit d’un mode assez particulier : lorsqu’une procédure est diligentée par un officier
ministériel (notaire ou huissier), celui-ci peut saisir le juge de difficultés affectant cette
procédure par simple dépôt du dossier au greffe du tribunal.
Exemple : le notaire chargé d’inventaire (art. 1184 CJ) ou d’un partage (art. 1219), l’huissier
chargé d’une saisie (art. 1408,§3 CJ, pour les contestations relatives à l’application des biens
saisissables visés à l’article 1408, 1582,al.5, 1636 et 1646 CJ).
F.2. Saisine permanente
Dans certains cas, le jugement ne met pas fin au contentieux : le juge peut alors être ressaisi
pour adapter les mesures qu’il a ordonnées. La cause reste inscrite ai rôle et un simple courrier
adressé au juge suffit pour qu’elle soit ramenée à l’audience.
Exemples : en matière d’expertise, le juge qui a désigné l’expert peut être ressaisi à tout moment
pour trancher toutes les difficultés qui peuvent émailler l’expertise (lenteurs de l’expert,
obstruction de la part d’une des parties, etc – voyez l’art. 973,§2 CJ). En matière familiale, le
tribunal de la famille reste saisi, sans limitation de temps, dans le cadre des mesures urgentes
et peut donc être ressaisi en cas d’élément nouveau (art. 1253ter/7 CJ).

37
3. L’audience d’introduction

A. La comparution des parties


L’affaire, une fois introduite, est appelée à l’audience prévue par l’acte de citation ou fixée par
le juge, en cas de requête ou de comparution volontaire. Toutes les procédures contradictoires
débutent dès lors par une audience d’introduction.
Pour les procédures de droit commun, introduites au fond, l’audience d’introduction est en
principe fixée devant la chambre d’introduction du tribunal (par opposition aux chambres de
plaidoiries où les causes seront fixées pour être plaidées). Dans les procédures en référé, comme
en référé et en saisie, les introductions et les plaidoiries se font devant la même chambre (idem,
par la force des choses, en justice de paix).
Relevons que lors de l’introduction de la cause et ultérieurement, les parties sont tenues de
comparaître soit en personne, soit par avocat.
L’avocat comparaît lui-même ou se fait substituer par un « confrère obligeant » à l’audience
d’introduction. Si la cause n’est pas retenue à l’audience d’introduction, il n’est généralement
pas nécessaire d’être personnellement présent à l’audience.
L’article 728 CJ précise cependant que devant le juge de paix, le tribunal de l’entreprise et les
juridictions du travail, les parties peuvent aussi être représentées par d’autres personnes que
l’avocat (conjoint, cohabitant légal, ou par un parent ou un allié porteur d’une procuration écrite
et agréée spécialement par le juge (728 § 2) ; devant les juridictions du travail : voy. 728 § 3
(délégués syndicaux, etc.).
Dans certains cas la présence des parties est obligatoire : voy. par exemple pour le tribunal de
la famille article 1253ter/2.
Les personnes physiques peuvent comparaître elles-mêmes mais dans certains cas le juge peut
leur imposer de faire choix d’un conseil (article 758 du Code judiciaire).
Dans certains cas la loi impose la présence d’un avocat (cassation en matière civile, procédure
sur requête unilatérale, …).
Les personnes morales doivent comparaître en justice par l’intermédiaire de leurs organes
légaux ou statutaires (article 703 du Code judiciaire).

B. Scénarios possibles à l’audience d’introduction


Le traitement de la cause dépend du caractère succinct ou non des débats que la cause appelle.
Les causent qui n’appellent que des débats succincts peuvent être traités dès l’audience
d’introduction, soit être remises à brève échéance, toujours devant la chambre d’introduction.
Il en va ainsi même en cas de défaut.

38
Les causent qui appellent un échange de conclusions doivent faire l’objet d’une mise en état et
ne peuvent pas être traitées à l’audience d’introduction sauf pour fixer le calendrier d’échange
des conclusions et obtenir une date de fixation pour plaidoiries.
Ceci amène à 4 scénarios :

• A cette audience d’introduction ou à une audience rapprochée dans le cadre des débats
succincts, si la partie citée n’est point présente ou représentée, il peut être pris jugement
par défaut contre elle (art. 802 et 803 CJ).

• L’article 729 autorise les avocats (et eux seuls) lorsque la cause n’est pas de nature à
être plaidée à l’audience d’introduction, à remplacer la comparution prévue à l’article
728 CJ par une déclaration écrite de postulation. Lorsqu’elles sont faites conjointement,
ces déclarations écrites de postulation sont l’occasion, pour les parties, de solliciter le
renvoi de l’affaire au rôle général pour échapper à la mise en état judiciaire (art. 747, §
2, al. 2, C. jud.). Si tel n’est pas le cas, l’art. 729 du Code judiciaire invite les avocats,
dans la mesure du possible, à expliciter leur position concernant la mise en état judiciaire
(nombre et cadence des échéances : voy. infra « circuit long »).

• Lorsque l’affaire peut faire l’objet de débats succincts, elle peut être retenue, pour y être
plaidée, à l’audience d’introduction : c’est l’objet du point suivant « 4 » (art. 735, C.
jud.).

• L’audience d’introduction peut, enfin, être l’occasion pour les parties de formaliser leur
accord sur les délais de conclusions, dans le cadre d’une « mise en état conventionnelle
judiciarisée » (art. 747, § 1er, C. jud. : voy. infra « circuit long »).

4. Circuit court : mise en état des affaires en débats succincts


Les débats succincts relèvent du « circuit court », de la procédure abrégée, comparativement au
« circuit long », à la procédure ordinaire, qui nécessite une mise en état conventionnelle ou
judiciaire, sans préjudice, à certaines conditions, du renvoi au rôle ou de la remise à date fixe.
Les parties doivent être attentives à arrêter dès « l’amont » leur choix procédural.
L’article 735 vise notamment l’hypothèse du débat succinct proprement dit et du débat succinct
assimilé.

A. Les débats succincts proprement dit (art. 735, §1er CJ)


Aux termes de l’article 735, § 1er, « à l’égard de toute partie comparante, les causes qui n’appellent
que des débats succincts sont retenues à l’audience d’introduction ou remises pour être plaidées à une
date rapprochée, pour autant que la demande motivée en a été faite dans l’acte introductif d’instance
ou par la partie défenderesse ».

39
Ce texte, parfois sous-utilisé, favorise le traitement en temps réel des causes non complexes
susceptibles d’être brièvement plaidées à l’audience d’introduction (ou à une audience
ultérieure mais rapprochée de l’audience d’introduction – art. 804 CJ) sur la seule base de l’acte
introductif (pour autant que les pièces du dossier aient été communiquées concomitamment à
celui-ci), sans que des conclusions écrites soient requises et qu’elles ne nécessitent un long
délibéré.
La notion de « débats succincts » n’est pas définie et fait donc l’objet d’une appréciation par le
magistrat mais renvoie à des causes dans lesquelles, soit il n’y a pas de réelle contestation, soit
une contestation à ce point simple qu’elle peut être tranchée sans violer les droits de la défense
des parties.
Il va de soi que c’est le juge qui, en accord ou non avec les parties, retient l’affaire à l’audience
d’introduction, ou la renvoie à une date fixe rapprochée », compte tenu notamment du nombre
d’affaires introduites ou du respect des droits de la défense. En pratique, l’admission des débats
succincts dépend d’une juridiction à l’autre, d’une chambre à l’autre, d’un magistrat à l’autre...
L’article 735, § 1er du Code judiciaire prévoit que le bénéfice des débats succincts doit être
demandé, de manière motivée, par le demandeur (dans l’acte introductif d’instance) ou par le
défendeur.
L’article 735, §6, précise que les décisions relatives à la procédure en débats succincts ne sont
susceptibles d’aucun recours. L’absence de recours ne porte que sur la décision qui décide s’il
y a lieu ou non d’appliquer l’article 735 et, non sur la décision rendue au fond à la suite de
débats succincts, qui reste appelable.

B. Les débats succincts assimilés


Aux débats succincts octroyés sur demande motivée (voy. supra), le Code judiciaire assimile
d’autres hypothèses dans lesquelles la procédure des débats succincts s’appliquera de plein
droit.
Deux hypothèses sont à distinguer ici :
1. En théorie, le juge doit, sans autre vérification, accorder aux parties le bénéfice des
débats succincts si celles-ci lui en font la demande conjointe (art. 735, § 2, al. 1er, CJ).
2. Dans les cinq cas limitativement énumérés par l’art. 735, § 2, al. 2, CJ, l’affaire sera
d’office traitée en débats succincts sauf accord des parties pour traiter leur affaire dans le cadre
du « circuit long ».
Les cas énumérés ci-après visent des causes qui, indépendamment de leur éventuelle
complexité, présentent un certain degré d’urgence justifiant une procédure de type accélérée.
• recouvrement des créances incontestées : il suffit que la créance soit non sérieusement
contestable.
• les demandes visées à l’art. 19, al. 3, CJ : mesures avant dire droit sollicitées ab initio
lors de l’audience d’introduction ou en cours de procédure dans le cadre d’une saisine
permanente.

40
• les changements de langue régis par l’art. 4 de la loi du 15 juin 1935 sur l’emploi des
langues en matière judiciaire,
• le règlement des conflits sur la compétence (voy. supra, le renvoi à l’art. 639, CJ),
• les demandes de délais de grâce (art. 1333 et 1334 CJ renvoyant à 1244 CC).

5. Circuit long

A. Communication des pièces


Les parties se communiquent les pièces avant leur emploi dans les conditions prévues aux
articles 736 et suivants du Code judiciaire.
La communication a lieu par le dépôt des pièces au greffe, où les parties les consulteront sans
déplacement. La communication des pièces inventoriées peut également être faite à l'amiable.
Pour toute communication de pièces par dépôt au greffe, un inventaire est déposé au greffe.
(art. 737).
L’article 740 du Code judiciaire prévoit que tous mémoires, notes ou pièces non communiqués
au plus tard en même temps que les conclusions ou, dans le cas de l’article 735 (supra), avant
la clôture des débats, sont écartés d’office des débats.
B. Les délais pour conclure

B.1. Mise en état purement conventionnelle-amiable (art. 747,§1er CJ)


Dans cette hypothèse, les parties ont, lors de l’audience d’introduction, conjointement sollicité
le renvoi au rôle (ou la remise justifiée) de la cause (v. supra l’art. 729, CJ.). Elles s’entendent
ensuite – explicitement ou implicitement – sur les délais impartis pour conclure.

Une fois leurs dernières conclusions (et donc leurs conclusions de synthèse) prises et déposées,
elles sollicitent conjointement la fixation de l’affaire à l’audience conformément à l’article 750
du Code judiciaire.

Le calendrier conventionnellement arrêté pour l’échange des conclusions n’étant pas


judiciairement contraignant, il pourrait être contractuellement contraignant (article 1134 du
Code civil) si les parties ont, de manière certaine, exprimé leur volonté de conférer un effet
obligatoire à leur accord sur l’échange des conclusions.

Sous la réserve éventuelle d’une telle sanction, en cas de blocage de la mise en état
conventionnelle avant la demande de fixation conjointe (article 750), la partie la plus diligente
peut réintégrer le processus de la mise en état judiciaire conformément à l’article 747, § 2, alinéa
5.

41
B.2. Mise en état conventionnelle judiciarisée (art. 747§1er et §2, alinéas 3 et 6
combinés)
Lors de l’audience d’introduction (supra) ou à l’occasion de n’importe quelle audience à
laquelle l’affaire aurait été ultérieurement remise (art. 747, § 2, al. 2), les parties font acter par
le juge un calendrier convenu entre elles.
Le juge leur confirme les délais arrêtés entre elles et fixe une date d’audience à la date la plus
rapprochée, conformément à l’art. 747, § 2, a. 3. L’ordonnance est notifiée aux parties et, le cas
échéant, à leurs avocats sous pli simple (sous pli judiciaire aux parties éventuellement
défaillantes).
Les conclusions envoyées à la partie adverse ou déposées au greffe après l’expiration d’un délai
fixé de la sorte subiront la sanction prévue pour la mise en état judiciaire, à savoir l’écartement
d’office des débats.
B.3. Mise en état judiciaire (art. 747§2 CJ)
Il s’agit du mode de droit commun, automatiquement applicable si les parties ne sollicitent pas
conjointement le renvoi au rôle ou la remise lors de l’audience d’introduction (art. 747, § 2, al.
2 et mise en état consensuelle : supra) ou si elles n’ont pas recours, à ces mêmes moments, à
une mise en état conventionnelle judiciarisée (art. 747, §1er, supra). Ce mode s’appliquera
également en cas d’échec de la mise en état purement conventionnelle (v. supra le commentaire
de l’art. 747, § 2, al. 5).
Dans un délai d’un mois à compter de l’audience d’introduction, susceptible d’abréviation en
cas de nécessité ou d’accord, les parties doivent adresser au juge leurs observations sur la mise
en état (cadence et nombre des conclusions, durée des plaidoiries, etc …).
Au plus tard six semaines après l’audience d’introduction, le juge arrête le calendrier de
procédure étant entendu que les délais sont fixés « en fonction de la date de l’audience de
plaidoirie qui a lieu au plus tard dans les trois mois de la communication des dernières
conclusions » (technique de la mise en état « à rebours ») et notifie aux parties l’ordonnance
qui n’est susceptible d’aucun recours.
Il va de soi que les conclusions déposées au greffe ou envoyées à la partie adverse après
l’expiration des délais fixés par le juge sont écartées d’office des débats.
C. L’échange des conclusions

C.1. Notion
Les conclusions constituent les actes de procédure par lesquels les parties formulent leurs
moyens et défenses, leurs exceptions ou fins de non-recevoir, ainsi que les demandes incidentes
(additionnelles (art. 808), nouvelles (art. 807), reconventionnelles (art. 809), voire en
intervention (entre parties : art. 813)).
Elles sont à rédiger par les parties elles-mêmes ou par leur avocat ou encore par les mandataires
habilités à représenter les parties en justice dans les cas prévus à l’article 728 du Code judiciaire.

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C’est au regard des conclusions que se mesure l’obligation de motivation pesant sur le juge (art.
149, Const. et art. 744 juncto 780, al. 1er, 3°, C. Jud.).
Les conclusions doivent être déposées au greffe concomitamment à leur communication à la
partie adverse.
C.2. Contenu et mentions
Aux termes de l’article 744, al. 1er, C. jud., « les conclusions contiennent également,
successivement et expressément : 1° l’exposé des faits pertinents pour la solution du litige; 2°
les prétentions du concluant ; 3° les moyens invoqués à l’appui de la demande ou de la défense,
le cas échéant en numérotant les différents moyens et en indiquant leur caractère principal ou
subsidiaire ; 4° la demande quant au dispositif du jugement, le cas échéant en indiquant le
caractère principal ou subsidiaire de ses différentes branches ».
Elles doivent contenir également l’indication du numéro de rôle général de la cause (art. 743),
ainsi que les nom, prénom et domicile (ou adresse électronique) des parties.
Ces conclusions doivent être signées par les parties ou par leur conseil (idem). Les articles 737
et 742 prévoient d’autre part l’annexion d’un inventaire des pièces aux conclusions.
La règle oblige les parties à établir des conclusions de synthèse, les dernières conclusions d’une
partie étant présumées constituer ses conclusions de synthèse auxquelles, seules, le juge doit
répondre (art. 748bis juncto art. 780, al. 1er, 3°, CJ).

6. L’audience de plaidoirie

A. L’organisation de l’audience
Selon les tribunaux, les affaires sont fixées soit à heure fixe, soit à l’heure du début d’audience.
L’audience commence en principe par un appel du rôle.
Les affaires ensuite sont prises selon un ordre aléatoire selon les usages des cours et tribunaux
(soit selon l’ordre du rôle, soit selon les affaires prêtes à être plaidées, soit en vertu de l’une ou
l’autre priorité, etc.).
Le demandeur se place à gauche face au juge, le défendeur à droite. Le demandeur plaide en
premier, ensuite le défendeur, les parties peuvent répliquer pour ajouter quelque chose qui n’a
pas encore été dit et non à répéter ce qui a déjà été dit.
Les plaideurs doivent veiller à respecter le temps de parole qu’ils avaient annoncé.
B. Les débats
Les débats sont contradictoires et sont, en principe, oraux (art. 757) et publics (art. 148 de la
Constitution - sauf le huis-clos applicable notamment lors d’audience en « chambre du
conseil »).

43
Il y a lieu cependant de relever que le Code judiciaire a instauré la possibilité, encore trop peu
usitée en pratique, d’une procédure écrite dans les cas et aux conditions prévus par l’article 755
CJ.
L’article 756ter CJ autorise le juge, avec l’accord des parties, à remplacer les classiques
plaidoiries par un débat (un dialogue) interactif au cours duquel il a la possibilité de les orienter
sur des questions pertinentes et de nature à l’éclairer.
Pour favoriser la préparation constructive de l’audience de plaidoiries (et le cas échéant du
débat interactif), l’article 756 prévoit que, sous la réserve d’aménagements spécifiques, les
dossiers de pièces devront être déposés au greffe quinze jours au moins avant l’audience. Ce
texte ne s’applique qu’aux mises en état du circuit « long ». Il n’est pas assorti de sanction. Il
ne vise que les pièces puisque, par hypothèse, les conclusions ont déjà été déposées au greffe.
Suivant l’article 756bis CJ, la partie qui n’a pas conclu ou dont les conclusions ont été écartées
est autorisée à plaider à l’audience sous réserve toutefois de ce que sa plaidoirie ne vaut pas
conclusions, ce qui implique que le juge n’a aucune obligation de répondre aux moyens et
arguments soulevés uniquement oralement.

7. Clôture des débats, prise en délibéré et réouverture des débats


Une fois les débats clos, la cause est prise en délibéré.
Une réouverture des débats peut avoir lieu, soit à l’initiative des parties (découverte d’un
élément nouveau et capital pendant la prise en délibéré), soit d’office par le magistrat qui est
amené à soulever une exception non évoquée par les parties (art. 772 à 775 CJ), auquel cas le
débat est rouvert se tient par écrit, une audience n’étant fixée qu’en cas de nécessité.

8. Le jugement

A. Prononcé
L’article 770 CJ précise que le magistrat fixe le jour du prononcé du jugement, qui doit avoir
lieu dans le mois de la clôture des débats ou de la prise en délibéré après l’avis du ministère
public et les éventuelles répliques des parties à cet avis.
Selon ses usages, le tribunal communique soit une date pour le prononcé de son jugement, soit
un délai plus ou moins précis (dans le mois). Lorsqu’il donne une date fixe, il n’est pas rare que
la date du prononcé soit ensuite reportée à une voire plusieurs dates ultérieures.
En pratique, ce délai d’un mois n’est pas toujours respecté. Si le délai de délibéré dépasse les
six mois, les parties peuvent demander le dessaisissement de la juridiction à la Cour de cassation
ce qui implique que l’affaire, refixée devant une autre chambre, devra être replaidée.

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Sauf cas exceptionnels, les jugements et arrêts en matière civile - au contraire de ce qui se fait
en matière pénale – ne sont plus prononcés oralement en audience publique car cela ne présente
aucun intérêt pratique.
Les jugements sont envoyés, en copie libre (copie simple délivrée à titre gratuit), par le greffe
par courrier postal dans les jours suivant le prononcé.
S’il faut exécuter le jugement, l’expédition du jugement (copie officielle de celui-ci revêtu de
la formule exécutoire) sera levée par l’avocat ou l’huissier au greffe.
L’original du jugement (appelé la minute) reste au greffe.
B. Types de jugement

B.1. Jugement avant-dire droit


C’est un jugement qui ne tranche aucune contestation mais qui ordonne une mesure préalable
destinée à instruire la demande ou à aménager provisoirement la situation des parties (art. 19
al. 2 CJ).
Exemples :
- production de documents (art. 877 à 882 du Code judiciaire)
- réouverture des débats (voir supra)
- comparution personnelle des parties (art. 992 à 1004 du Code judiciaire)
- enquêtes (art. 915 à 961 du code judiciaire)
- expertise (art. 962 à 991 du Code judiciaire).

B.2. Jugement définitif


C’est le jugement par lequel la juridiction vide sa saisine en ce qu’il tranche une contestation
en droit sur un point litigieux et ne peut plus revenir par la suite sur sa décision.
Il ne s’agit donc pas nécessairement d’un jugement sur le fond de l’affaire. Un jugement qui
règle une exception de procédure (ex : qui rejette une exception de nullité de l’acte introductif
d’instance) est un jugement définitif.
B.3. Jugement mixte
Il s’agit d’un jugement qui contient à la fois des décisions avant-dire droit et d’autres définitives.

C. Interprétation et rectification du jugement


Le jugement peut faire l’objet d’une interprétation s’il est ambigu ou obscur une fois que le
délai de recours est expiré et que le jugement est devenu définitif (art. 793 CJ).
La rectification du jugement est également possible lorsqu’il contient une erreur matérielle ou
de calcul (art. 794 CJ). Ceci n’est possible que si la décision n’a pas été entreprise.

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Ces demandes d’interprétation et de rectification sont portées devant le juge qui a rendu la
décision (ar. 799 CJ).
D. Mise en œuvre du jugement
Suivant la teneur du jugement rendu, deux scénarios sont possibles :
1. Décision favorable :

- Envoi de la copie du jugement au client,


- Courrier à l’adversaire pour qu’il prenne position (acte d’acquiescement de son
client) en menaçant de faire signifier rapidement le jugement,
- Transmission du décompte des montants à payer suivant la décision si la partie
adverse s’incline,
- Anticiper en levant éventuellement l’expédition du jugement au greffe.

2. Décision défavorable

- Envoi de la copie du jugement avec un commentaire explicatif et des précisions


quant aux chances éventuelles d’un recours (le conseiller, envisager les frais se
rapportant à l’introduction d’un recours et la durée de la procédure),
- Écrire à l’adversaire pour le féliciter, le faire patienter quant à une éventuelle
exécution ou lui annoncer un éventuel recours ou un acquiescement en
demandant, auquel cas, un décompte de la dette,
- Éventuellement entamer des négociations, formuler des propositions de
règlement.

Section 2. Les voies de recours ordinaires et extraordinaires

1. L’opposition (art. 1047 à 1049 CJ) – voie de rétractation

Il s’agit du recours ouvert, à la partie défaillante, contre le jugement rendu par défaut et qui
n’est pas susceptible d’appel. Attention toutefois au fait qu’en application de l’article 804, al.2
CJ, si une partie a remis des conclusions ou si le dossier a fait l’objet d’une mise en état en
application de l’article 747 CJ, la procédure est à son égard contradictoire de sorte que seul
l’appel sera possible.
L’opposition est également exclue par la loi dans certaines hypothèses :
- le jugement qui autorise ou ordonne des enquêtes n’est pas susceptible d’opposition
(article 919 du Code judiciaire) ;
- en matière d’octroi de délais de grâce (article 1336 du Code judiciaire) ;
- en matière de saisie-exécution immobilière : voy. articles 1580 bis, 1580 ter, 1624 alinéa
1er CJ;

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- en matière de règlement collectif de dettes : article 1675/16, §4 CJ.
Par l’effet de l’opposition, l’affaire revient devant le tribunal qui a statué la première fois.
L’opposition est formée par exploit d'huissier ou, en cas d'accord des parties, par comparution
volontaire. Elle doit toujours être motivée (griefs contre la décision attaquée).
L’opposition doit être introduite, à peine de déchéance, dans le mois de la signification du
jugement rendu par défaut (art. 1048 du Code judiciaire), à moins que le défaillant ne soit pas
domicilié en Belgique, auquel cas le délai est prorogé conformément à l'article 55 du Code
judiciaire.
Si la partie opposante se laisse juger une seconde fois par défaut, elle n'est plus admise à former
une nouvelle opposition (art. 1049 du Code judiciaire).
En vertu de l’article 1397 CJ, l’opposition formée contre le jugement définitif en suspend
l’exécution (de même que l’appel des jugements rendus par défaut) à moins que le juge n’ait
accordé l’exécution provisoire de sa décision ou que la loi revête cette décision de la force
exécutoire.

2. L’appel (art. 1050 à 1072bis CJ) – voie de réformation

A. Notion et conditions
L'appel principal est une voie de recours ordinaire de réformation ouverte à toute partie qui
s'estime lésée (griefs) par une décision, qui tend à faire réformer ou annuler cette décision par
une juridiction d'un degré supérieur. C'est la conséquence normale de la « règle » du double
degré de juridiction.
La partie qui interjette appel est nommé « appelant » tandis que la partie contre laquelle le
recours est formé est appelé « intimé ».
Voie de recours de réformation, l'appel ouvre une nouvelle instance distincte de celle qui a
conduit la juridiction du premier degré à se prononcer une première fois.
L'appel ne peut être valablement formé que par une partie en cause devant le premier juge.
L'appelant doit avoir - outre cette qualité de partie - intérêt à former le recours (celui qui a
obtenu satisfaction devant le premier juge est sans intérêt à critiquer la décision rendue).
La partie intimée peut, quant à elle, introduire un appel incident aux fins de contester les
éléments du dispositif du jugement dont appel qui ne peuvent être remis en cause par le seul
appel principal. Il permet ainsi, en contournant l’effet relatif de l’appel, de reconstituer
complètement le litige au second degré de juridiction.
L’intimé peut attaquer toutes les dispositions du jugement entrepris qui lui font griefs même
celles qui n’ont pas elles-mêmes fait l’objet de l’appel principal.

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B. Décisions susceptibles d’appel
Sauf si la loi en dispose autrement, l’appel est ouvert contre tout jugement dès son prononcé,
même s’il s’agit d’une décision d’avant dire droit ou prononcée par défaut.
En revanche, ne sont pas appelables notamment :
- Les jugements auxquels il a été acquiescé ;
- Les jugements d’accord (art. 1043 du Code judiciaire) ;
- Les décisions rendues en dernier ressort (art. 617 du Code judiciaire) ;
- Les mesures d’ordre (exemples : remise, renvoi au rôle, etc) ;
- Les ordonnances fixant les délais pour conclure ;
- Certains jugements avant dire droit (jugements ordonnant une comparution personnelle
des parties, la production de documents, une descente sur les lieux, une décision de
réouverture des débats ordonnée d’office par le juge).

C. Délai
Le délai pour former appel est d’un mois à dater de la signification de la décision contre laquelle
le recours doit être introduit (article 1051, CJ en ce qui concerne l’appel).
En principe, ce délai commence à courir le lendemain de la signification et peut être augmenté
en application de l’article 55 CJ lorsqu’une des parties « à qui le jugement est signifié ou à la
requête de laquelle il a été signifié » n’a en Belgique ni domicile, ni résidence, ni domicile élu.
Les délais pour former recours ordinaire sont encore prorogés dans l’hypothèse particulière où
ils prennent cours et expirent pendant les vacances judiciaires (article 50, al. 2), dans ce cas, le
délai est prorogé jusqu’au 15ème jour de l’année judiciaire nouvelle soit, en principe, le 15
septembre.
D. Forme
En vertu de l’article 1056 CJ, l’appel est formé :
- Par acte d’huissier de justice signifié à partie : l’appel est considéré comme introduit à
la date de la signification de l’exploit (1056,1°) ;

- L’appel est le plus généralement formé par requête déposée au greffe de la juridiction
d’appel (1056, 2°) : l’appel est considéré comme introduit à la date de dépôt de la
requête au greffe. L’intimé est convoqué par pli judiciaire notifié par le greffe;

- L’appel peut également est formé par lettre recommandée à la poste mais uniquement
en matière de sécurité sociale (voy. article 1056, 3°). Dans ce cas, l’appel est
valablement formé si la lettre recommandée est expédiée le dernier jour du délai ;

- Enfin, l’appel peut être introduit par conclusions à l’égard de toute partie présente ou
représentée à la cause (1056, 4°). Cette forme est surtout utilisée en matière d’appel
incident (1054 du Code judiciaire : voy. infra) mais peut l’être aussi pour l’appel

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principal. Dans ce cas, toutefois, les conclusions devront être déposées dans le délai de
recours.

E. Effet suspensif ou non


En règle, l’appel introduit contre une décision contradictoire n’a plus d’effet suspensif sauf
motivation expresse et spéciale par le premier juge, dans sa décision, que l’appel de celle-ci
aura un effet suspensif sur son exécution.
En vertu de l’article 1397 alinéa 2 CJ, l’appel formé par une partie défaillante contre les
jugements définitifs prononcés par défaut en suspendent l’exécution, sauf les exceptions
prévues par la loi ou sauf si le juge, d’office ou à la demande d’une des parties, en décide
autrement moyennant une décision spécialement motivée.
Relevons toutefois que l’article 1414 CJ donne au créancier la possibilité de faire une saisie
conservatoire sans autorisation du juge des saisies en dépit de l’effet suspensif.

3. La tierce opposition (art. 1122 à 1131 CJ) – voie de rétractation


C’est la voie de recours extraordinaire qui peut être exercée par toute personne qui n'a pas été
appelée ou qui n'est pas intervenue à la cause contre une décision qui préjudicie à ses droits.
Elle est formée par citation à toutes les parties et portée devant le juge qui a rendu la décision
attaquée.
Lorsque le jugement a été signifié au tiers, la tierce opposition doit être formée par celui-ci dans
les trois mois de la signification (art. 1129 du Code judiciaire), sauf exceptions particulières
pour lesquelles le délai est réduit à un mois.
Si la juridiction fait droit à la tierce opposition, il annule la décision attaquée à l'égard du tiers
seulement et exceptionnellement à l'égard des autres parties dans la mesure où l'exécution de la
décision attaquée serait incompatible avec l'exécution de la décision d'annulation (art. 1130 CJ).

4. Le pourvoi en cassation (art. 1073 à 1121 CJ)


Il s’agit d’une voie de recours extraordinaire.
Le délai est de trois mois à partir de la signification de la décision attaquée (sauf prorogation
conformément à l'art. 55 CJ si le demandeur n'a pas de domicile en Belgique).
Le pourvoi n'a pas de caractère suspensif.
La procédure est menée par un avocat à la Cour de cassation, qui donne, au préalable, un avis
sur les chances du pourvoi.

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Chapitre 4. Saisies et voies d’exécution

Section 1. Généralités sur le droit de l’exécution

1. Le droit à l’exécution effective


L’article 6, §1er de la Convention européenne des droits de l’homme garantit à chacun le droit
à ce qu’un tribunal connaisse de toute contestation relative à ses droits et obligations de
caractère civil.
Toutefois, ce droit serait illusoire si l’ordre juridique interne d’un état contractant permettait
qu’une décision judiciaire définitive et obligatoire reste inopérante au détriment d’une partie.
Ainsi, cette disposition garantit également le droit à une exécution concrète et effective de toute
décision de justice en tant que corollaire au droit à un procès.
Le droit de l’exécution repose sur l’utilisation de la contrainte de sorte qu’étant liée à la
souveraineté de l’état, elle n’a vocation qu’à déployer ses effets sur le territoire de celui-ci sous
réserve toutefois des possibilités d’exécution dans l’espace européen ou international (cf.
notamment règlement européen n°1215/2012 sur l’exécution des décisions en matière civile et
commerciale).

2. Le contenu du droit de l’exécution


Les jugements, à l’instar des actes juridiques, contiennent des droits et des obligations qui
s’imposent aux parties étant entendu que ces obligations sont faites pour être exécutées.
L’exécution des jugements comme des celle des actes juridiques est en principe volontaire et
spontanée : elle repose sur la bonne foi du débiteur qui se conforme à l’injonction qui lui est
adressée. Mais si le débiteur ne s’exécute pas spontanément, il y a lieu à exécution forcée.

A. L’exécution forcée en nature


L’exécution forcée a lieu en principe par nature par l’accomplissement de la prestation à
laquelle le débiteur s’est engagé (par un acte juridique) ou à laquelle il a été condamné (par
jugement), en particulier donc pour les obligations de donner, de faire ou de ne pas faire.
L’exécution en nature directe de la part du débiteur reste exceptionnelle car le recours à la
contrainte physique ne trouve à se justifier que si elle s’impose par les circonstances ou la nature
des choses (ex : expulsion d’un occupant sans titre ni droit, d’un locataire dont le bail est résolu ;
hébergement et reprise d’enfant). En dehors de ces hypothèses, l’exécution forcée en nature a
lieu de manière indirecte aux frais du débiteur (ex : enlèvement d’un meuble corporel, remise
en état d’un immeuble dégradé).

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L’exécution forcée en nature est peu réglementée (sous réserve des art. 1142 à 1144 Code civil.,
de l'article 1385 bis concernant l'astreinte et de l'expulsion en matière de bail à loyer portant sur
un bien servant de domicile ou à défaut de résidence à un locataire).

B. L’exécution forcée par voie de saisies


Les obligations relatives au paiement d’une somme d’argent (principal, intérêts et frais) relèvent
du droit des saisies qui ne s’apparentent pas aux moyens d’exécution en nature, directe ou
indirecte, qui viennent d’être cités. Les saisies sont un moyen de coercition procédant de
l’appréhension, par un créancier, d’un élément du patrimoine de son débiteur en vue d’obtenir
le paiement d’une somme d’argent (articles 7 et 8 de la loi hypothécaire).
Doivent être mis à exécution non seulement les jugements mais également tout acte juridique
qui constituent également des titres exécutoires tels qu’un acte notarié (ex : acte de crédit
hypothécaire) ou une contrainte administrative (ex : contrainte fiscale).

Section 2. Les saisies

1. Dispositions légales
Le siège de la matière, d’ordre public, est contenu aux articles 1386 à 1675/19 du Code
judiciaire. Les articles 1386 à 1675 parlent des saisies conservatoires et voies d’exécution et les
articles 1675/2 à 19 sont relatifs aux règlements collectifs de dette.
On ajoutera simplement à ces articles de la sixième partie du code judiciaire, la loi du 31 janvier
2009 relative à la continuité des entreprises ainsi que la partie relative à l’astreinte (art. 1385
bis et s. du CJ).

2. Notion
La saisie est une procédure, au départ individuelle, à vocation collective tendant au paiement
d'une somme d'argent.
La saisie réalise une situation de concours (en cas de pluralité de créanciers) à l’instar d’autres
procédures telles que le règlement collectif de dettes, la faillite, la liquidation des sociétés, etc.)
En d’autres termes, la saisie est une manière de faire exécuter, par la force, un titre exécutoire
qui peut consister en un titre judiciaire au sens large, en un acte notarié ou en un acte de la
puissance publique (acte administratif exécutoire).
La saisie est toujours effectuée par l'intermédiaire d'un huissier de justice. Elle consiste à saisir
les biens d'une personne qui doit de l'argent à une autre personne pour ensuite les vendre en
vente publique et rembourser le créancier avec l'argent de la vente.

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3. Conditions
Pour effectuer la saisie des revenus, des meubles ou d’un immeuble, le créancier doit avoir
un titre exécutoire et l’avoir signifié au débiteur.
Dans le cas d’une saisie conservatoire, le titre en vertu duquel elle doit être pratiquée consiste
soit dans une décision de justice soit dans une autorisation du juge des saisies rendue sur requête
unilatérale.
De plus, la créance doit être :
- Certaine, c’est à dire pas sérieusement contestable ;
- Exigible, c’est à dire que le créancier peut en exiger le paiement ;
- Liquide, c’est à dire que l'on peut chiffrer (ou estimer provisoirement).
Exemple : un contrat de bail prévoit que le locataire doit régler son loyer pour le 10 de chaque
mois. En décembre, le locataire n’a toujours pas payé le loyer du mois de novembre. Dans le
chef du bailleur propriétaire, la créance de loyer est certaine (le locataire ne peut pas
contester, il n’a pas de raison de ne pas payer), liquide (le prix du loyer) et exigible (depuis le
10 novembre, le locataire est en retard).

4. Types de saisie
La saisie est soit conservatoire, soit exécutoire. Par ailleurs, il existe trois types de saisie :
mobilière, immobilière et saisie-arrêt.
La saisie conservatoire est réalisée à titre préventif par le créancier, dans le but de sauvegarder
les éléments du patrimoine du débiteur (les biens saisis) au cas où celui-ci ne pourrait pas
rembourser sa dette. Les biens saisis, frappés d’indisponibilité, peuvent être conservés 3 ans
maximum.

Le but de la saisie conservatoire est de s’assurer que le débiteur ne va pas tenter de faire
disparaître des éléments de son patrimoine, pour se rendre insolvable. Il s’agit donc d’empêcher
le débiteur de disposer de ses biens au détriment de ses créanciers.

L’autre type de saisie possible est la saisie exécutoire (appelée également saisie-exécution).
Celle-ci permet au créancier de se faire payer sur les biens saisis ou sur le produit de la vente
de ceux-ci et entraine dès lors l’expropriation des biens du saisi.
Elle nécessite normalement une décision de justice, mais peut aussi avoir lieu sans jugement si
l’huissier de justice obtient un autre titre exécutoire, comme un acte notarié ou une contrainte
fiscale. Dans ce cas, l’huissier de justice a le droit de s’emparer directement de vos biens
meubles ou immeubles.
Généralement, le créancier impayé a tendance à pratiquer directement la saisie-exécution plutôt
que de demander une saisie conservatoire.

52
5. Les biens saisissables

A. Le principe de la saisissabilité des biens


La saisissabilité des biens du débiteur est la règle suivant l’article 7 de la loi hypothécaire qui
précise que « Quiconque est obligé personnellement est tenu de remplir ses engagements sur
tous ses biens mobiliers ou immobiliers, présents ou à venir », sous réserve d’exceptions
strictes.
Ainsi, à moins qu’il ne le soit par nature ou qu’il ne soit attaché exclusivement à la personne
du saisi, un bien n’est insaisissable que s’il est déclaré comme tel par la loi.

B. Le libre choix du créancier


Le créancier a le libre choix des mesures de saisies et peut donc les cumuler au besoin.
Il ne doit pas respecter un ordre déterminé mais son libre choix est limité non seulement par les
règles de l’insaisissabilité mais aussi par celles de l’abus de droit.
Un abus de droit peut exister dès que la disproportion entre la créance et la valeur du bien saisi
est flagrante et que le créancier aurait pu saisir d’autres biens ou s’abstenir de saisir compte
tenu du montant de la créance, de l’information préalable du débiteur, des frais exposés par
rapport au moment de la créance, etc.

C. Les exceptions au principe de la saisissabilité de tous les biens


Il existe quelques biens dits "insaisissables", c’est-à-dire des biens que l’huissier de justice ne
peut pas confisquer, même avec un titre exécutoire.

• Insaisissabilité de certains meubles corporels (art. 1408 CJ)


L’article 1408 CJ interdit la saisie de certains meubles corporels nécessaires à la subsistance du
débiteur (personne physique) et de sa famille ainsi qu’à l’exercice de sa profession (jusqu’à la
valeur de 2.500,00 €).
Cette liste de biens comprend majoritairement les éléments suivants : les lits nécessaires au saisi
et à sa famille, les vêtements et les linges indispensables (ainsi qu’un meuble pour les ranger),
une machine à laver le linge, un fer à repasser, les appareils nécessaires au chauffage de
l’habitation, les tables et chaises nécessaires aux repas en famille, la vaisselle et les ustensiles
de ménage indispensables, un appareil pour préparer les repas chauds, un appareil pour
conserver les aliments, un appareil d’éclairage par chambre, certains produits nécessaires au
lavage corporel et des locaux, certains outils de jardin, les objets appartenant aux enfants à
charge du saisi, les objets nécessaires aux membres handicapés de la famille.
Les huissiers ne peuvent pas non plus saisir les animaux de compagnie, les objets servant à
exercer un culte, les livres et autres objets nécessaires à la poursuite des études ou à la formation
professionnelle du saisi ou de ses enfants à charge.

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Ils ne peuvent pas non plus saisir certains biens indispensables à la profession du saisi jusqu’à
un certain montant, les aliments et combustibles nécessaires à la famille du saisi pendant un
mois, ainsi que (pour les fermes) certains animaux.

• Insaisissabilité de certains biens meubles incorporels (art. 1409 et 1409bis CJ)


Les sommes payées en contrepartie de prestations de travail (revenus) ou les sommes découlant
d’indemnités sociales (allocations sociales) ne peuvent être saisis que suivant des seuils fixés
par la loi qui varient suivant que le saisi a ou non des enfants à charge car il existe un minimum
insaisissable protégé par la loi.
En 2020, ces seuils sont fixés comme suit (source chambre nationale des huissiers de justice :
https://www.huissiersdejustice.be) :

Attention toutefois au fait que le créancier d’aliments peut saisir l’intégralité des revenus de
son débiteur (art. 1412, al. 1 CJ).

• Immeubles
Il n’y a pas de restriction directe à la saisie des immeubles excepté en ce qui concerne la
résidence principale d’une personne physique indépendante qui peut, sous les conditions
suivantes, devenir insaisissable (loi du 25 avril 2007, M.B., 8 mai 2007 telle que modifiée par
deux lois du 15 janvier 2014) :
- Personne physique indépendante (une entreprise) : celle qui exerce en Belgique, à titre
principal à titre complémentaire ou après l’âge de la pension, une activité
professionnelle en raison de laquelle elle n'est pas engagée dans les liens d'un contrat de
louage ou d'un statut.

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- Résidence principale : lieu où le travailleur indépendant vit habituellement même si cet
immeuble est affecté à un usage mixte, un dispatching de la saisissabilité-insaisissabilité
pouvant alors être établi.

- Acte authentique valant déclaration d'insaisissabilité de l'immeuble, avec l'accord du


conjoint, à dresser par un notaire et à transcrire au bureau de la conservation des
hypothèques.
L’insaisissabilité est opposable aux créances qui naissent postérieurement à la transcription et
à l’occasion de l’exercice de l’activité professionnelle indépendante. Sont visées (1) les dettes
contractuelles à l’égard des fournisseurs, (2) les dettes à l’égard des établissements de crédits
(3) les dettes sociales et fiscales pour autant qu’elles se rapportent à l’activité professionnelle
(Cotisation sociales d’indépendant, ONSS, TVA) (art. 77 de la loi).
En revanche, l’insaisissabilité ne sera pas opposable aux dettes (1) qui n’ont aucun lien avec
l’activité professionnelle, (2) aux dettes fiscales mixtes, à savoir par exemple l’impôt des
personnes physiques qui est calculé sur les revenus professionnels, les revenus mobiliers, les
revenus immobiliers et les revenus divers, (3) à l’égard de dettes résultant d’une condamnation
pénale en lien avec l’activité professionnelle et enfin (4) en cas de faute grave ayant causé la
faillite.
En cas de vente de l’immeuble, le prix obtenu demeure insaisissable à l'égard des créanciers s’il
est réinvesti dans un autre bien immobilier (résidence principale) dans un délai d’un an.

• Immunités pour les états étrangers (art. 1412ter CJ)


L’article 1412ter CJ institue une immunité d’exécution à l’égard des biens culturels étrangers
exposés publiquement en Belgique,

• Personnes morales de droit public (art. 1412bis CJ)

Une immunité de même type est consacrée par l’article 1412bis CJ en ce qui concerne les biens
appartenant aux autorités belges (l’Etat, les Régions, les Communautés, les provinces, les
communes, les organismes d’intérêt public et généralement toutes les personnes morales de
droit public), sous réserve toutefois d’exceptions à cette insaisissabilité.

Section 3. Les catégories de saisie (conservatoire et exécutoire)

1. La saisie mobilière
La saisie mobilière entraine la vente des effets mobiliers du débiteur : voiture, meubles,
ordinateur et autres appareils numériques, télévision, bijoux, produits de luxe… L’huissier peut
presque tout emporter (sous réserve de ce qui a été dit ci-avant).
Lors d’une saisie mobilière, l’huissier a le droit d’entrer dans toutes les pièces de la maison, y
compris la chambre, pour autant qu’il respecte certains horaires. Il ne peut se présenter à votre

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domicile entre 21h00 et 6h00 du matin et il n’a pas le droit de venir le dimanche et les jours
fériés.
Les étapes de cette saisie sont les suivantes (pour mémoire) :
- Signification d’un commandement de payer au débiteur (+ avis cf art. 1390 § 1 C.J.) ;
- La saisie peut être pratiquée 24 heures après le commandement ;
- La vente des meubles a lieu un mois au plus tôt après la saisie et doit être annoncée trois
jours ouvrables avant la vente par un placard.
- À tout moment, le débiteur peut proposer un plan de remboursement ou une vente
amiable de ses biens pour éviter la vente publique (art. 1526bis CJ)
- La procédure de saisie se clôture par la répartition du produit de la vente entre les
créanciers suivant leurs privilèges éventuels.

2. La saisie immobilière
La saisie immobilière entraine la vente du ou des biens immobiliers du débiteur : appartement,
maison, parcelle de terrain, etc.
Les étapes de cette saisie sont les suivantes (pour mémoire) :
- Signification d’un commandement de payer immobilier à péril de saisie : le
commandement informe le débiteur qu'il peut transmettre au juge toute offre d'achat de
gré à de son immeuble dans les 8 jours de la signification de l'exploit de saisie pour
éviter la vente publique ;
- Transcription du commandement, par le créancier, au bureau sécurité juridique de la
situation du bien ;
- 15 jours au moins et 6 mois au plus après le commandement, l'huissier procède à la
saisie immobilière : l'exploit contient l'indication de la faculté offerte au débiteur de
transmettre au juge, à peine d'irrecevabilité, dans les 8 jours qui suivent la signification
de l'exploit de saisie, toute offre d'achat gré à gré de son immeuble.
- L’exploit de saisie est transcrit dans les 15 jours au bureau sécurité juridique ;
- Dans le mois de la transcription, le créancier demande par requête au juge des saisies,
la nomination d'un notaire, aux fins de procéder à l'adjudication ou à la vente de gré à
gré des biens saisis et aux opérations d'ordre.
- Le notaire établit le cahier des charges qui contient les conditions et détails relatifs à la
vente. Les créanciers sont sommés de prendre connaissance de ce cahier des charges et
de saisir le juge e cas de contestation.
- Le notaire procède à la vente publique.

3. La saisie-arrêt
Il s’agit d’une saisie pratiquée par le créancier sur les sommes ou effets mobiliers appartenant
au débiteur et qui se trouvent chez un tiers. Cette saisie exige dès lors la réunion de trois
personnes : le créancier saisissant, le débiteur saisi et le tiers saisi qui doit être le débiteur du
saisi.

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Ainsi, l’huissier de justice a le droit de faire une saisie sur votre salaire, en collaboration avec
votre employeur, ainsi que sur vos allocations de chômage, sur vos indemnités pour incapacité
de travail et sur votre pension, en collaboration avec l’organisme chargé du paiement de ces
allocations. L’huissier peut également saisir, en collaboration avec la banque, les sommes
détenues sur un compte bancaire.
Les étapes de cette saisie sont les suivantes (pour mémoire) :
- Exploit de saisie-arrêt exécution signifié au tiers saisi qui ne peut plus se dessaisir des
sommes et effets arrêtés (l'indisponibilité créée est totale) ; qui doit faire une déclaration
des sommes et effets dont il est débiteur envers le saisi ;
- Dénonciation de la saisie au débiteur saisi (et possibilité d'opposition de la part du
saisi) ;
- Dessaisissement du tiers saisi une fois que les fonds ont été libérés en faveur du
créancier saisissant.

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Chapitre 5. Les modes alternatifs de règlement des conflits

Section 1. Généralités
Il est possible de régler un différend ou un litige en dehors du tribunal en ayant recours aux
modes alternatifs de règlement des conflits (MARC).
Le législateur s’efforce d’ailleurs de les privilégier de plus en plus, la volonté gouvernementale
étant de réduire au maximum les contentieux portés devant des tribunaux aujourd’hui
surchargés.
Par la récente réforme introduite par la loi du 18 juin 2018 (M.B. 2 juillet 2018), le législateur
a entendu favoriser le recours à la médiation, ce qui se traduit notamment par de nouvelles
obligations d’informations et de promotions des modes alternatifs de résolution des conflits
imposées aux différents acteurs de la justice (avocats – art. 444 CJ ; juge – art. 730/1, §1er et 2
CJ et art. 1734, §1er, al. 2 CJ et huissiers – art. 519, §4 CJ).
Il existe différentes manières de régler un conflit :

• Cours et tribunaux de l’ordre judiciaire


• Arbitrage (avec ou sans amiable composition)
• Tierce décision obligatoire
• Expertise technique
• Conciliation judiciaire
• Ombudsman (p.ex. ombudsman des assurances, médiateur de l’énergie, etc.)
• Médiation
• Droit collaboratif
• Conciliation
• Facilitation
• Avis neutre (non binding opinion)
• Négociation
• Médiation-Arbitrage (« Med-Arb »)
• Arbitrage-Med (« Arb-Med »)
Dans le cadre de ce cours, notre examen se limitera à la conciliation, l’arbitrage, la médiation,
la tierce décision obligatoire et l’ombudsman.

Section 2. La conciliation

• Devant les tribunaux (art. 731 CJ)


Tous les litiges susceptibles de transaction peuvent être soumis aux magistrats à des fins de
conciliation au premier degré de juridiction, en règle préalablement à la phase contentieuse. Ce
MARC est particulièrement d’application devant le Juge de paix (dans ses matières de
compétences et en particulier en matière locative, en copropriété, conflits de voisinage et litiges
dont l’enjeu est inférieur à 5.000,00 €, le Tribunal de la famille (chambre de règlement amiable),
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le Tribunal du travail (conciliation obligatoire pour les contestations visées à l’art. 578 CJ liées
au contrat de travail au sens large) et depuis peu, le Tribunal de l’entreprise (qui s’est également
doté d’une chambre de règlement amiable).
En sa qualité de conciliateur, le Juge essayera de rapprocher les points de vue des parties afin
qu’une solution (qu’il peut proposer) soit acceptée par les deux parties.
En cas d’absence (ou de non représentation) d’une partie, la conciliation ne peut avoir lieu et il
est dressé un procès-verbal de non conciliation. En cas d’accord, le procès-verbal est établi par
le juge et revêtu de la formule exécutoire.

• Menée par les experts (art. 977 CJ)


La conciliation menée par les experts sur base d’un mandat judiciaire est toujours incluse dans
leur mission, selon l’article 977 du Code judiciaire. Toutefois, aucune précision n’est donnée
par cette disposition légale sur la manière de mener cette conciliation ni sur la confidentialité
de cette réunion et des négociations éventuelles qui en découleraient.
En pratique, il arrive souvent que l’expert convoque les parties et leur conseil en vue de tenter
de les concilier dès la première réunion ou une fois ses premières conclusions techniques
établies. Généralement, au cours de cette tentative de conciliation, l’expert formule une
proposition de répartition des responsabilités qui mène à des négociations sur positions entre
parties.
Cette démarche ne conduit pas nécessairement à un accord car si les parties ne parviennent pas
à faire des concessions réciproques, l’expert se contentera de valider ses constatations (pouvant
être favorables à l’une ou l’autre des parties) dans son rapport.
Lorsque les parties se concilient dans ce cadre, un accord amiable est rédigé (appelé constat de
conciliation), soit lors de la réunion de conciliation par l’expert avec le concours des avocats
soit ultérieurement, à l’initiative des avocats.
En cas d’échec de la conciliation, un délai est habituellement laissé aux parties pour émettre
une ultime note de faits directoires (notes ou observations concernant l’expertise) avant le dépôt
des conclusions de l’expert. S’il a été convenu que la proposition de conciliation avait un
caractère confidentiel, les notes de faits directoires ne pourront s’y référer.

Section 3. L’arbitrage
L’arbitrage est un MARC, reconnu par le Code judiciaire (art. 1676 à 1723), par lequel les
parties conviennent de soustraire un litige, un différend, à la décision des cours et tribunaux de
l'ordre judiciaire, pour le soumettre de manière contraignante à la juridiction d'un ou plusieurs
arbitres (spécifiquement compétents dans un domaine particulier ou technique) qui devront
trancher en fait et en droit.
Le recours à l’arbitrage n’est donc possible que moyennant le consentement de toutes les parties
concernées et pour autant que le litige soit arbitrable (art. 1676, §1er CJ), ce qui n’est pas le cas
des différends liés à l’état des personnes et de nature fiscale.

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L’accord des parties de recourir à l’arbitrage peut être consacré dans un contrat, des conditions
générales (sous réserve des clauses arbitrales conclues avant la naissance du litige et réputées
nulles de plein droit – litige de copropriété art 577-4, §4 CC ; litige relevant du tribunal du
travail art. 1676§5 CJ ; litige de baux d’habitation bruxelloise art 233, §2 Code bruxellois du
logement) ou intervenir après la naissance du conflit.
En revanche, il existe des hypothèses dans lesquelles la loi impose elle-même le recours à
l’arbitrage : la procédure spéciale d'arbitrage en cas de contestation du revenu cadastral (art.
502 CIR).
L’arbitrage est un processus qui laisse une large place à l’autonomie de la volonté. Ainsi, les
parties sont libres de faire appel à un ou plusieurs arbitres qui doivent être indépendants et
impartials, d’organiser la procédure arbitrale comme elles l’entendent et donc choisir la langue
de la procédure, les moyens de preuve admissibles, le droit applicable, etc. A défaut, elles
doivent respecter les règles imposées par le Tribunal arbitral ou les règles de procédure édictées
par un centre d’arbitrage.
La décision rendue par le Tribunal arbitral est une sentence arbitrale qui est contraignante pour
les parties et a donc les mêmes effets qu’une décision d’un tribunal (art. 1713 § 9 C.J.).
Soit la sentence arbitrale est exécutée volontairement et aucun problème ne se pose. Soit il y a
lieu de recourir à l'exécution forcée et dans ce cas, il faut au préalable obtenir l'exequatur de la
sentence arbitrale en demandant au Tribunal de première instance de revêtir la sentence de la
force exécutoire.
La sentence arbitrale est rendue en dernier ressort et n’est pas susceptible de faire l’objet d’un
appel sauf si les parties l’ont prévu dans la convention d’arbitrage. En revanche, elle est toujours
susceptible d’un recours en annulation, uniquement pour les motifs limitativement visés par
l’article 1717, §3 CJ, devant le Tribunal de première instance du ressort de la Cour d’appel du
lieu d’arbitrage.
On cite à titre d’avantages de l’arbitrage la rapidité, la spécialité, la confidentialité et à titre
d’inconvénients le coût, l’absence de recours, les possibilités réduites d’annulation de la
sentence.

Section 4. La médiation (art. 1724 à 1737 CJ)


Il s’agit d’un processus volontaire et confidentiel de résolution des conflits, dont le cadre est
défini par le CJ, mené par un tiers neutre indépendant et impartial qui tente de conduire les
parties à découvrir elle-même une solution satisfaisante à leur différend et à rétablir le dialogue
entre elles. En effet, le médiateur n’a aucun pouvoir de décision.
La médiation peut être judiciaire (ordonnée par un juge au cours d’une procédure uniquement
après avoir recueilli l’accord des parties) ou extra-judiciaire (les parties décident volontairement
et sans l’intervention d’un juge d’avoir recours à un médiateur agréé).
Si les parties parviennent à un accord (médiation volontaire ou judiciaire), celui-ci est rédigé
par le médiateur et/ou le(s) conseil(s) des parties. Si les parties n’aboutissent pas à un accord,

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les parties sont libres d’entamer toute procédure qu’elles souhaitent et ne pourront révéler ce
qui s’est dit dans le cadre de la médiation, le médiateur étant par ailleurs soumis au secret
professionnel.
Seuls les accords conclus devant un médiateur agréé peuvent être homologués par le juge. Par
l’homologation, l’accord des parties a la même force qu’un jugement et pourra donc être
exécuté.
Les avantages du processus sont la confidentialité, l’autonomie des parties dans la recherche
d’une solution créative, constructive et sur mesure leur permettant de sortir de leur conflit et
donc d’être exécutée volontairement ainsi que la maitrise du coût et du temps de la médiation.

Section 5. La tierce décision obligatoire


La tierce décision obligatoire est un processus consensuel par lequel les parties mandatent un
tiers, qui n’est ni arbitre ni juge, afin qu’il se prononce sur un ou plusieurs points litigieux par
le biais d’une décision qui tiendra lieu de loi entre les parties à l’instar d’un contrat (article 1134
du Code civil).
Ce concept n’est défini ni dans la Code judiciaire ni dans le Code civil et présente dès lors un
haut degré de liberté et d’autonomie.
L’idée qui préside ce mode contractuel et non juridictionnel de résolution des conflits réside
dans la volonté de d’apporter une solution définitive à tout ou partie du différend qui les oppose
en confiant à un tiers la mission de les départager sur un point technique et factuel précis.
Il convient de ne pas confondre la tierce décision obligatoire (avis contraignant qui lie les parties
de manière définitive) avec le recours à l’éclairage d’un expert dans le cadre d’une expertise
amiable non obligatoire, qui ne vaudra que comme simple avis non contraignant.
La tierce décision obligatoire se distingue de l’arbitrage en ce qu’elle ne porte, en général, que
sur des questions techniques et factuelles tandis que l’arbitrage concerne des litiges purement
juridiques. En outre, l’arbitre désigné est souvent un juriste spécialisé tandis que le tiers
décideur est un technicien.
La tierce décision obligatoire connait de nombreuses applications pratiques : la fixation
irrévocable par un tiers du montant du dommage ou du taux d’invalidité de la victime d’un
accident, la constatation et l’estimation de dégâts locatifs à l’expiration d’un bail, la fixation
d’une indemnité d’indisponibilité des lieux en matière de bail (chômage locatif), la fixation de
la valeur vénale d’un immeuble à partager, l’évaluation de la valeur locative d’un immeuble,
d’une indemnité d’éviction en matière de bail commercial, etc.

Section 6. L’ombudsman
Le mot « ombudsman » vient du suédois et signifie « médiateur, défenseur, protecteur ».

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De nombreuses entreprises de droit public ou privé d’une certaine importance, en application
de la loi ou de façon spontanée mettent en place ce service en leur sein ou confie sa gestion a
une entité indépendante.
En pratique, il s’agit d’un guichet destiné à recevoir les doléances et réclamations des
utilisateurs, une sorte de « bureau des réclamations ».
Le site www.ombudsman.be qui regroupe les services de différents ombudsmans sur une seule
plateforme (médiateur fédéral, médiateur télécom, médiateur de l’énergie…) clame
l’indépendance et l’objectivité du service mais ne peut la garantir puisque l’ombudsman
(service gratuit) est souvent rémunéré par la partie à l’encontre de laquelle la plainte est
déposée.
Ces services ne permettent en outre aucun choix de la personne qui traitera le dossier de plainte
déposé.
Il est encore à noter que l’ombudsman peut formuler des recommandations non contraignantes.

Section 7. Commissions de litige professionnelles


Il existe également, auprès de divers ordres et organisations professionnelles, des commissions
de litige qui visent à régler les conflits en recourant à des modes alternatifs de règlement des
conflits (conciliation, arbitrage, etc).
Exemples : commission de conciliation construction ; commission de litiges voyages, etc.

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Bibliographie

Ouvrages
BOULARBAH, H., GEORGES, F., DE LEVAL, G. et al, Droit judiciaire. Tome 2 : Manuel
de procédure civile, 1ère éd., 2015.
De LEVAL, G., Eléments de procédure civile, Bruxelles, Larcier, 2ème éd., 2005.
MOUGENOT, D., Principes de droit judiciaire privé, Rép. Not., Bruxelles, Larcier, 2ème éd.,
2020.

Notes de cours et articles


L’avocat et les modes alternatifs de résolution des conflits, disponible sur www.avocats.be.
Lydian, Tierce décision obligatoire, disponible sur www.
https://www.lydian.be/fr/actualite/fact-sheet-tierce-decision-obligatoire.
Recueil d’actes de procédure de Marie-Amélie DELVAUX (FUNDP – 2009-2010).
Syllabus du cours de principes de droit judiciaire privé de Dominique MOUGENOT (FUNDP
– 2009-2010).
Syllabus CAPA de procédure civile de l’ordre français du Barreau de Bruxelles (2014-2015).
Syllabus de cours de saisies et voies d’exécution de Jean-Louis VAN BOXSTAEL (UCL –
2014-2015).
Syllabus du cours de droit judiciaire de Jean-François van DROOGHENBROECK (UCL –
2016-2017).
Syllabus CAPA de procédure civile de l’OBFG (juin 2020).
Syllabus CAPA de modes alternatifs de résolution des conflits de l’OBFG (juin 2020).

Sites internet
www.questions-justice.be
www.tribunaux-rechtbanken.be/fr
www.ombudsman.be
www.huissiersdejustice.be
www.avocats.be

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