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prouver ? (II)
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I - La preuve judiciaire 3
Glossaire 27
La preuve judiciaire
La preuve judiciaire
I
Approche chronologique 5
Approche thématique 18
Bibliographie sommaire 25
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La preuve judiciaire
dimension : « Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par
tout mode de preuve et le juge décide d'après son intime conviction » (art. 427 du Code de
procédure pénale).
Le juge n'est donc pas entièrement libre. Il ne peut chercher les éléments de solution au problème
partout où il le croit utile comme le ferait le scientifique. Le groupe lui impose un certain nombre
d'impératifs qu'il ne peut enfreindre (les règles qui encadrent l'administration de la preuve). Cette
tendance a atteint son apogée avec le système des « preuves légales », notamment pratiqué dans
l'Europe médiévale. C'est – nous le verrons – un système par lequel le juge doit utiliser pour des cas
déterminés, tel mode de preuve, à l'exclusion des autres. Une hiérarchie entre moyens de preuve est
alors établie. On assortit même les preuves de coefficients numériques. Une preuve est donc le
résultat de l’addition de fractions de preuves ! Nous verrons aussi qu'aujourd'hui, l'administration
de la preuve est toujours encadrée plus ou moins selon les domaines.
Le juge doit juger le plus exactement possible. Il est obligé de juger sous peine de troubler l'ordre
public (déni de justice). Il ne peut donc rester sans opinion sur le litige dont il est saisi, même si au
fond de lui il n'a pas de conviction ou s'il lui semble que le droit est lacunaire.
Aujourd'hui, d'après l'article 434-7-1 du Code pénal, « le fait, par un magistrat, ou toute autre
personne siégeant dans une formation juridictionnelle ou toute autorité administrative, de dénier de
rendre la justice après en avoir été requis, et de persévérer dans son déni après avertissement ou
injonction de ses supérieurs est puni de 7 500 € d'amende et de l'interdiction de l'exercice des
fonctions publiques pour une durée de cinq à vingt ans ».
D'une manière générale, dans toutes les sociétés, la recherche de preuve doit s'effectuer dans un
délai suffisamment court, pour éviter autant que possible la disparition des preuves. La preuve
judiciaire diffère en cela de la preuve scientifique pour laquelle le temps n'est pas un facteur
fondamental. Le juge doit juger dans un délai relativement bref. C'est ce que rappelle aujourd'hui la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales : « toute personne a
droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par
un tribunal indépendant et impartial, établi par la loi [...] » (art. 6). Du coup, le juge ne tranche pas
toujours dans la sérénité, notamment à cause de la pression de l'opinion publique, « qui parfois
prend partie sur des critères émotionnels très subjectifs » (Borricand & SimonBorricand & Simon, p. 304).
Pour Henri Lévy-Bruhl, « il semble bien que ce caractère incertain, imparfait soit une faiblesse
congénitale de la preuve judiciaire » (p. 54Henri Lévy-Bruhl).
Le régime de la preuve est très lié aux manières de penser et aux croyances de la société où il s'est
développé. On pourrait donc penser qu'il y a autant de systèmes de preuve qu'il y a de sociétés
différentes. En fait non. Les modes de preuve judiciaire sont très peu nombreux. Mais
l'administration de la preuve varie beaucoup selon les valeurs qui fondent telle ou telle société à telle
ou telle époque. C'est ce que nous allons voir – dans les grandes lignes – en étudiant comment la
preuve judiciaire a évolué au cours du temps depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui.
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La preuve judiciaire
1. Approche chronologique
1.1. Antiquité
1.1.1. Avant Rome
Dès le début de la période historique (témoignages écrits les plus anciens), il est possible de
constater la diversité des modes de preuve. Les sources font en effet notamment référence au
témoignage ainsi qu'à la preuve écrite.
A Babylone, au XVIIIe siècle avant notre ère, le système des preuves est déjà développé. Il
s'appuie à la fois sur le témoignage, et sur le serment. A cela il faut ajouter l'écrit qui joue un
grand rôle, à en croire les innombrables tablettes cunéiformes que l'on a retrouvées.
Dans la Bible, le témoignage est très réglementé. Les partiesParties- p.28 § , leurs parents, les
*
femmes, les mineurs, les fous, les sourds, les muets, les aveugles, les esclaves... ne peuvent
témoigner. Les cas les plus graves nécessitent des preuves sûres, c'est la raison pour laquelle une
condamnation à mort ne peut être prononcée sur le fondement d'un seul témoignage (
DeutéronomeDeutéronome- p.27 § XIX, 15). En cas de doute, l'accusé prête serment devant Dieu et
*
un refus de sa part est considéré comme un aveu de culpabilité. A une époque où la collecte des
preuves est souvent difficile à réaliser et où le témoignage est un mode de preuve privilégié, on
va chercher à se garantir autant que possible des abus et dissuader ceux qui seraient tentés de
faire de faux témoignages. C'est ainsi que les faux témoins sont punis de la peine que l'on aurait
infligée à celui qu'ils ont accusés à tort.
Mais lorsque tous ces modes de preuve se révèlent inefficaces, faute de témoignages valables ou
d'écrits, on se tourne vers ce l'on a appelé les preuves surnaturelles ou ordalies. L'ordalie
est une épreuve physique passée par l'une des partie au procès (parfois les deux), le plus souvent
l'accusé. Au cours de cette épreuve, on attend de la divinité une manifestation indiquant la
culpabilité ou l'innocence de celui qui subit l'ordalie.
Il y a des traces d'ordalies chez les Grecs (précipitation dans le vide, d'après StrabonStrabon- p.28 §
*
) et les Romains, mais ces traces possibles font écho à des époques très anciennes. En fait, on
s'aperçoit que les preuves rationnelles ont pris le dessus dès la création de la cité. L’Europe
occidentale connaît alors la laïcisation de la justice, à partir de la philosophie grecque du VI e s
avant notre ère. Cette révolution entraîne l'utilisation de preuves rationnelles (qui s'adressent à
la raison). L'ordalie ne disparaît cependant pas pour toujours car avec la chute de l'Empire
romain d'Occident, les populations germaniques vont contribuer au développement de nouvelles
ordalies qui se répandent dans toute l'Europe. Mais voyons tout d'abord comment les Romains
envisagent la preuve.
Complément
Le recours à l'ordalie est mentionné dans le Code du roi Hammourabi de Babylone, vers 1750
avant notre ère. Dans cette région de Mésopotamie où coulent deux grands fleuves – le Tigre et
l'Euphrate – et de multiples canaux, l'eau revêt un caractère sacré. Il n'est donc pas étonnant que
l'épreuve ait lieu dans ces cours d'eau. D'après le Code, l'ordalie du fleuve est organisée pour des
accusations d'adultère ou de sorcellerie, deux cas pour lesquels l'infraction est difficile à prouver en
dehors du flagrant délit : « Si quelqu'un a imputé à un homme des manœuvres de sorcellerie, mais
sans pouvoir l'en convaincre, celui à qui les manœuvres de sorcellerie ont été imputées ira au
Fleuve-divin et il plongera dans le Fleuve. Si le Fleuve s'empare de lui, son accusateur emportera sa
maison. Mais si le Fleuve innocente cet homme et qu'il en sort sain et sauf, celui qui avait imputé des
manœuvres de sorcellerie sera tué, et celui qui a plongé dans le fleuve emportera la maison de son
accusateur » (Code d'Hammourabi §2). Un peu plus loin on peut lire que « si l'épouse d'un homme a
été montrée du doigt à cause d'un autre homme, sans toutefois qu'elle ait été surprise avec lui, pour
son mari, elle devra plonger dans le fleuve divin » (Code d'Hammourabi §132). On s'est alors posé la
question de savoir comment l'épreuve était organisée. Les archives royales de la ville de Mari
renferment une description de l'ordalie du fleuve, qui date du XVIII e siècle avant notre ère. On y
décrit une véritable cérémonie au cours de laquelle les faits qui doivent être prouvés sont énoncés
après un rituel particulier. C'est une épreuve particulièrement physique, qui consiste à parcourir une
certaine distance sous l'eau (« au cœur du dieu »). En cas d'échec – et donc de culpabilité – c'est la
noyade : « le Fleuve (le dieu) l'a épousée », dira-t-on d'une femme qui s'est noyée au cours de
l'épreuve.
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La preuve judiciaire
On retrouve le recours à l'ordalie en cas de suspicion de l'adultère de la femme, chez les Hébreux.
Même si l'on admet que cette épreuve devait être marginale, celle-ci est prévue dans la Bible (
NombresLivre des Nombres- p.28 § V, 12-31), où l'on peut lire que la femme que l'on accuse devra boire les
*
eaux d'amertume, un breuvage spécial préparé par le prêtre à l'issu d'une cérémonie. Le prêtre « fera
boire ces eaux à la femme. Et lorsqu'il les lui aura fait boire, s'il est vrai qu'elle s'est rendue impure
en trompant son mari, alors les eaux de malédiction, pénétrant en elle, lui seront amères : son ventre
enflera, son sexe se flétrira, et pour son peuple elle servira d'exemple dans les malédictions. Si au
contraire elle ne s'est pas rendu impure, et si elle est pure, elle restera indemne et elle aura des
enfants ». La culpabilité de la femme adultère est révélée par les effets terribles du breuvage,
provoqués par Dieu, qui rendent la coupable à jamais stérile.
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1.1.2. Rome
Malgré le changement constitué par l’effacement de l’élément religieux en matière judiciaire, on
cherche toujours à recueillir l’adhésion du groupe social, autant ou plus que la vérité. Avec le
droit moderne les preuves se perfectionnent. Les principales sont le témoignage et l’écrit.
Problème : le témoignage reste fragile (pressions) et l’écrit la cible des faussaires.
Complément
La procédure de l'époque classique laissa une place importante à la rhétorique car on faisait appel à
des jurys ou à des juges privés (choisis par les plaideurs ou avec leur concours), donc des particuliers
issus des hautes classes mais « dénués de connaissances juridiques ». La rhétorique gagna ainsi une
place importante en matière de preuve. Mais avec la professionnalisation des juges la jurisprudence
va gagner du terrain sur la rhétorique.
Dès le début du principat (Ier siècle av. J.C.), les empereurs et le Sénat vont légiférer sur des
questions de preuve, mais sans qu'une théorie générale en soit élaborée (les juristes romains
n'ont pas coordonné leurs solutions dans un système et n'ont pas énoncé de notions et de
définitions générales). Mais on considère malgré tout que « jusqu'à la fin du 1 er siècle de notre
ère, la notion de preuve [...] fut plutôt rhétorique que juridique » (PuglieseGiovanni Pugliese, p. 298).
Les règles commencèrent à se fixer lorsque les juristes étudièrent véritablement les questions
touchant à la charge de la preuve aux IIe et IIIe siècles de notre ère.
En se fondant notamment sur la classification de Quintilien, on peut distinguer les preuves
suivantes : le témoin (testis), le serment (iusiurandum), l'aveu (confessio), les écrits (tabulae),
les rumeurs publiques (rumores), les précédents (praeiudicia). Quelques mots sur certains
d'entre eux.
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La preuve judiciaire
i Le témoignage
Les témoins sont le plus souvent volontaires et viennent éclairer le juge sur les faits, mais
surtout manifester leur solidarité pour l'une ou l'autre des parties au procès. Ils déposent
oralement ou par écrit (hors procès). Le témoignage par écrit a tendance à se développer à
partir du Ier siècle avant notre ère. Les témoins peuvent aussi être cités par l'accusateur. La loi
les oblige alors à comparaître et à faire leur déposition. En revanche le droit romain dispense
certaines personnes de témoigner en raison de leur proximité avec l'accusé, en raison par
exemple d'un lien de parenté ou d'autorité (patron-client), mais cette règle peut être contournée
en se présentant comme témoin volontaire. Le lien de parenté n'est donc pas cause d'incapacité
à témoigner.
Le droit romain va cependant progressivement aborder cette question de l'incapacité à
témoigner. La loi va par exemple interdire de témoigner en justice à ceux qui ont été condamnés
pour certains crimes ou bien encore aux mineurs (impubères). Mais les femmes et les étrangers (
peregrini) peuvent témoigner en justice. La déposition des témoins s'accompagnait d'un serment
(dont on trouve aussi mention dans les témoignages écrits).
Procédure. Les témoins déposent à l'oral après les plaidoiries des avocats et lorsqu'un écrit
avait été rédigé, il est lu devant le juge qui dans tous les cas apprécient librement l'importance
qu'il faut donner à chaque témoignage (principe de la libre appréciation des preuves).
L'empereur Hadrien (117-138) demandera seulement au juge de ne pas s'appuyer sur un seul
type de preuve. On peut ajouter que pour certains auteurs, le témoignage écrit, pour être
efficace, doit être confirmé par la déposition de témoins présents à l'audience (supériorité du
témoignage oral).
iii L'aveu
Par l’aveu (confessio), l’accusé reconnaît sa culpabilité, conformément à l’accusation portée
contre lui. Le juge, qui dispose d’une liberté d’appréciation n’est cependant pas lié par l’aveu et
peut rendre un jugement qui ne le prend pas en compte.
iv Les écrits
Cicéron (qui classe les écrits parmi les preuves) et Quintilien utilisent le mot latin tabulae pour
désigner les preuves écrites. Dans les affaires civiles, on pouvait ainsi produire toute une série de
titres probatoires, qui allaient être de plus en plus protégés contre les falsifications par
l’apposition de cachets.
A l’époque classique, les preuves ne sont pas obtenues à l’initiative du juge, qui se contente des
preuves apportées par les parties. C’est cependant lui qui va apprécier ces mêmes preuves pour
juger selon son intime conviction. Les choses vont changer dans les derniers siècles de l’Empire
romain d’Occident.
b) Antiquité tardive
A l’époque de l’Antiquité tardive (après 284 de notre èreAntiquité tardive- p.27 § ), la législation de
*
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La preuve judiciaire
force probante des témoins et des écrits dans l'un de ses titres. Au VI e siècle, « la compilation
de Justinien, au DigesteDigeste- p.27 § et au CodeCode- p.27 § , rassemble en trois titres 62 passages de
* *
des royaumes barbares, le droit romain est simplifié ou disparaît devant les coutumes. Dans le
même temps, la religion chrétienne s’implante peu à peu en Gaule.
Prenons l'exemple du procès pénal pour illustrer les changements qui se sont produits en
matière de preuve judiciaire. Avec le recul de la culture latine, l'écrit se raréfie et n'est que de
peu d'utilité en matière pénale. Il reste alors deux principaux modes de preuves qui se fondent
sur la religion : le serment et l'ordalie.
a) Le serment
Le serment est prêté par l’accusé mais aussi par les témoins qui déposent devant le juge. Ce
faisant, ils s’engagent devant Dieu à dire la vérité sur les faits de la cause et prennent le risque
d’une sanction divine au cas où ils prêteraient un « faux serment ». Dans ce contexte bien des
tourments consécutifs à un serment (perte de la vue, perte de la parole…) ont été interprétés
par les contemporains comme la punition de Dieu à la suite d’un parjure. Lorsque l’accusé prête
serment c’est pour se disculper (se purgare), il prête alors ce que l’on appelle un « serment
purgatoire ». Mais il ne le prête pas seul. Il s’entoure en effet de ses proches (parents et amis)
qui vont prêter serment eux aussi, et garantir la sincérité de l’accusé. On les appelle des
cojureurs, qui ne sont donc pas des témoins.
b) Les cojureurs
Les cojureurs sont des personnes qui collaborent à un serment prêté en justice, généralement à
celui de l'accusé. Il est fait appel à eux car on considère que le seul serment de l'accusé ne suffit
pas. Plus l'affaire est grave et plus le droit exige un nombre de cojureurs important. Ils peuvent
être choisis dans la famille, les amis ou plus largement dans le groupe social. On applique le
principe de la solidarité familiale au sens large, qui conduit les membres du groupe à prêter
serment comme ils se seraient engagés dans la vengeance si la justice n'avait pas été saisie. Les
cojureurs ne prêtent pas serment à propos de faits dont ils auraient été témoins : ce ne sont pas
des témoins visuels ou auditifs. Ils répètent vraisemblablement le serment prêté par l'accusé
lui-même (« je jure qu'un tel n'a pas commis tel délit ») et n'apportent aucun argument de fait
nouveau, mais témoignent plutôt du crédit que l'on peut accorder à l'accusé. En cas de parjure,
ils encourent les mêmes risques que l'accusé qui se serait parjuré.
Complément
Le droit et le juge fixent précisément le nombre de cojureurs nécessaire. Par exemple le droit
germanique (loi salique) réclame 12 cojureurs pour les crimes ordinaires et 25 pour les crimes graves.
Mais pour des affaires relatives à l’aristocratie les cojureurs pouvaient être bien plus nombreux
comme le relate Grégoire de ToursGrégoire de Tours- p.27 § à propos de l’adultère reproché à la reine
*
franque Frédégonde. Accusée par son mari le roi Chilpéric, elle vint prêter serment accompagnée de
300 cojureurs de haut rang (Grégoire de Tours, Histoire des Francs VIII, 9).
Un accusé qui n'aurait réuni suffisamment de cojureurs n'aurait donc pas l'appui de son groupe
et perdrait sa cause. D'après Lévy-Bruhl, « tout se passe ici comme si l'objet de la preuve
n'était pas le délit lui-même, mais la personne du suspect, dont on se demande s'il bénéficie ou
non du crédit social ». « On peut rapprocher nos témoins de moralité des cojureurs germaniques
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La preuve judiciaire
Complément
Certaines lois barbares punissent le parjure de lourdes amendes (15 sous d'or, Loi salique ; 300 sous
d'or, Loi des BurgondesLoi des Burgondes- p.28 § ). CharlemagneCharlemagne- p.27 § ira même jusqu'à réclamer
* *
l'amputation de la main droite (celle qui a touché la Bible ou les reliques) pour les faux témoins et
les parjures. Lorsque l'on avait affaire à des affirmations contradictoires sous serment, le recours à
l'ordalie devenait nécessaire.
c) Ordalies
Les ordalies sont des épreuves physiques subies par l'une des parties (ordalie unilatérale) ou par
les deux (ordalies bilatérales). Elles sont destinées à révéler la véracité du serment de celui qui
passe l'épreuve.L'ordalie unilatérale est une épreuve nécessitant le recours à des éléments
primordiaux comme l'eau ou le feu afin de révéler la pureté de celui qui y est soumis (le
« patient ») et donc la véracité de son serment. Les ordalies semblent se généraliser au VIII e
siècle et sont encadrées par une Église qui montre en même temps des signes de réticence à leur
égard. On constate que l'épreuve s'entoure alors d'un véritable rituel. « Avant l'épreuve le
‘patient' était dépouillé de ses vêtements et revêtu d'habits religieux, cela afin d'éliminer les
talismans et autres protections magiques. On célèbre ensuite une messe solennelle, au cours de
laquelle sont bénis les divers instruments de l'épreuve ; celle-ci a lieu à la fin de la messe, en
présence d'une nombreuse assistance qui chante des psaumes et des litanies » (
J.-M. CarbasseJean-Marie Carbasse, p. 95)
Les différentes ordalies :
L'ordalie de l'eau bouillante. L'accusé plongeait la main dans un chaudron d'eau
bouillante pour en ramasser un objet mis au fond (pierre ou anneau). Au bout de trois
jours le juge allait examiner l'allure de la blessure qui avait été préalablement enveloppée
dans un sac de cuir scellé. C'est probablement l'épreuve la plus fréquente.
L'ordalie du fer rouge. L'accusé saisissait un fer rougi au feu, qu'il maintenait pendant
qu'il effectuait neuf pas. La main était examinée de la même manière que dans l'épreuve
précédente.
L'ordalie de l'eau froide. L'accusé était plongé dans l'eau, pieds et poings liés. L'eau
pure (préalablement bénie) rejetait le parjure (qui flottait) et accueillait celui qui avait
dit la vérité (il coulait), ce qui devait être fréquent.
L'ordalie de la croix. C'est une ordalie bilatérale, c'est-à-dire qui fait participer les
deux parties au procès. Beaucoup moins violente que les premières, elle s'adresse
vraisemblablement aux clercs qui doivent rester debout les bras tendus (en croix) le plus
longtemps possible. Le premier qui baisse les bras est considéré comme celui qui n'a pas
le soutien divin et est désigné parjure. Cette ordalie finira par être interdite en 818-819,
car manquant au respect dû à la passion du Christ.
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La preuve judiciaire
d) Le duel judiciaire
C'est une ordalie bilatérale. Les parties combattent elles-mêmes ou se font représenter par un
« champion ». Dieu permettra à celui qui a dit vrai de l'emporter. Si son adversaire trouve la
mort, le duel aura à la fois prouvé sa culpabilité et infligé la peine. Mais s'il survit l'accusé
reconnu coupable sera condamné. S'il existe antérieurement, le duel judiciaire semble se
développer à partir du IXe siècle.
Complément
Dès cette époque l’Église condamne cette pratique de manière récurrente, ce qui ne l'empêche
cependant pas de se développer aux Xe-XIIe siècles. En l'absence de témoignages efficaces, le duel est
la preuve utilisée chez les chevaliers, qui répugnent à subir les autres ordalies (réservées aux rustres).
Le duel est le mode de preuve noble, celui des hommes en armes. On rejoue la guerre devant le juge,
et cela jusqu'à la fin du Moyen Age, et au-delà par le duel (en principe interdit) qui suit souvent une
accusation de mensonge.
Duel judiciaire
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Duel judiciaire
Le duel judiciaire n'est généralement pas considéré comme une ordalie, pourtant il a les
caractéristiques d'une ordalie bilatérale. Lors du combat, l'accusé a besoin des puissances sacrées
pour surmonter l'épreuve. S'il existe des combats qui peuvent apparaître comme des duels
judiciaires dans l'Antiquité, c'est surtout au Moyen Age que le duel est pratiqué, devant les
cours féodales. Dans un champ clos, le duel est réglementé. Souvent il se termine par la mort de
l'un des combattants. « Le duel individuel peut et doit éviter de véritables batailles » (
Lévy-Bruhl, p. 84Henri Lévy-Bruhl). Le duel fut combattu par l’Église (et même davantage que
l'ordalie).
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La preuve judiciaire
Dans ce système, l'aveu (confessio) est considéré comme la preuve la plus efficace (mais doit
être étayé par des indices). Cet aveu pouvait avoir été fait directement au juge où bien déduit
de la fuite du suspect. Sans aveu, le juge devait se tourner vers les témoins. A partir du XIII e
siècle le droit romain va inspirer une théorie du témoignage. Le témoin est celui qui a lui-même
vu ou entendu les faits reprochés à l'accusé, ce qui exclut les ouï-dire. Les juristes vont aussi
dresser la liste de ceux qui ne peuvent témoigner : ceux qui n'en sont pas dignes en raison de
leur activité ou d'une condamnation (les infâmes), les étrangers ou les femmes de mauvaise vie.
Enfin on attend du témoin qu'il prête serment de dire la vérité avant de déposer.
innocent, ce qui a comme conséquence que c'est l'accusation qui a la charge de la preuve. Dans
ce contexte l'enquête est menée par le juge qui recherche les preuves. Des preuves qui doivent
être fiables, « plus claires que le jour à midi », écrivent les juristes en se fondant sur le Code de
Justinien. Ces « docteurs », enseignants en droit, vont élaborer une doctrine, que l'on a appelé
la théorie des preuves légales, que l'on a aussi préféré appeler « preuves objectives ». L'idée est
d'éviter la subjectivité du juge qui doit mettre de côté toute impression personnelle : « Le juge
doit former son jugement non sur une connaissance privée, mais sur ce qui a été allégué ou
prouvé au cours de l'instance ». On va donc simplement examiner au procès si les preuves
exigées par la doctrine sont réunies. Toujours selon la doctrine, seule les « preuves complètes »
entraînaient une condamnation ; sans elles, le doute profitait à l'accusé : "dans le doute, pour
l'accusé" (in dubio, pro reo) (Carbasse, p. 194-195Jean-Marie Carbasse).
Ces preuves complètes sont l'aveu explicite ou implicite (fuite) étayé d'indices et le témoignage
d'au moins deux témoins concordants. La déposition d'un seul témoin ne correspond qu'à une
demi-preuve.
Complément
Le droit de cette époque a adopté très tôt ces principes en Italie et en Provence (2 e moitié du XIIe
siècle) ; ils arrivent dans la moitié Nord de la France au milieu du XIII e et sont répandus dans tout le
royaume au XIVe siècle.
En pratique les juges se sont heurtés au difficile problème d'avoir à obtenir une "preuve pleine" – la
seule recevable pour condamner – alors que par un certain nombre d'indices ils avaient la conviction
de la culpabilité de l'accusé. Dans ces cas-là le droit romain les incitait à recourir à la torture : une
torture judiciaire – « la question » – qui allait être réglementée.
A partir du XVIe siècle cependant, le juge se réserve le droit de prononcer une peine (certes inférieure
à la normale, mais parfois lourde) lorsqu'il n'a pas de preuve pleine et que l'accusé a résisté à la
torture. Ce faisant, le juge récupère une certaine liberté d'appréciation, liberté qui va encore
s'accroître lorsqu'il parviendra à punir sur de simples indices, auxquels on attribue une valeur :
demi-preuve, quart de preuve, huitième de preuve. Un tel système engendrait des dérives que des
auteurs du XVIIIe siècle comme VoltaireVoltaire- p.28 § ou BeccariaBeccaria- p.27 § ne manquèrent pas de
* *
vivement critiquer. Si donc l'intime conviction du juge s'impose peu à peu, la preuve pleine et donc la
torture perdent de leur justification.
Notons, pour terminer, qu'en matière civileDroit civil- p.27 § , la preuve écrite va prendre de
*
plus en plus d'importance, selon l'adage « lettres passent témoins » (c'est-à-dire l'écrit est
supérieur au témoignage oral). Le roi de France finira par imposer un écrit « devant notaire et
témoins » pour les contrats excédant une valeur de 100 livres, par l'Ordonnance de Moulins
(1566), de manière à éviter toute contestation ultérieure. On retrouvera plus tard une règle de
cette nature dans le Code civil (article 1341).
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La preuve judiciaire
b) La loyauté
Pour être recevable la preuve doit répondre à certaines conditions en vertu du principe de
loyauté. C'est d'abord la loyauté du juge, qui ne doit pas obtenir d'aveux en ayant recours à des
procédés déloyaux. Mais c'est aussi la loyauté des officiers de police judiciaires. Le recours à la
force publique, lorsqu'il est nécessaire doit être proportionné. La garde à vue est réglementée de
manière à ne pas provoquer l'aveu par fatigue ou lassitude ou par privation de nourriture. La
police ne peut décider de procéder à des écoutes téléphoniques (initiative réservée au magistrat).
De leur côté, la sonorisation de certains lieux et l'interception de correspondances
(enregistrements), les photos et les vidéos ne sont autorisés que pour lutter contre la
délinquance organisée, en vertu notamment de la protection de la vie privée et du domicile. De
plus, si les policiers peuvent utiliser des procédés pour faire apparaître la preuve d'une infraction
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La preuve judiciaire
(infraction qui aurait de toute façon été commise sans qu'ils interviennent), ils ne peuvent
provoquer une personne à commettre une infraction. La provocation à la preuve est légale, la
provocation à l'infraction ne l'est pas. Enfin, dernier exemple de limite à la liberté de la preuve
en matière pénale, la police ne peut infiltrer que la délinquance et la criminalité organisée (ex. le
trafic de stupéfiants). Et c'est le procureur de la République ou le juge d'instruction qui doit en
donner l'autorisation.
En revanche, les particuliers (personnes privées) ne sont pas contraints à ces limites en matière
de preuve. C'est ainsi que la justice accueille des écoutes téléphoniques, vidéos et autres
enregistrements (ex. « testing » devant les boites de nuit organisé par SOS Racisme). Les juges
reçoivent aussi des documents obtenus illégalement par des particuliers, comme des documents
volés à l'employeur. Ces preuves déloyales sont appréciées par le juge, qui pourra parfois y
opposer le secret professionnel.
En tout état de cause il formera librement sa conviction à partir des preuves qui lui ont été
fournies : c'est l'intime conviction du juge (art. 353 et 427 Code de procédure pénale).
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La preuve judiciaire
et sa maîtresse ou une femme et son amant, s'il n'y a eu ni fraude ni violence pour les obtenir.
On constate donc une liberté certaine.
La loyauté de la preuve. C'est un principe déjà évoqué en droit pénal et qui s'applique aussi en
droit civil. La Cour de cassation a considéré par exemple (2004) que « l'enregistrement d'une
conversation téléphonique privée, effectué à l'insu de l'auteur des propos invoqués, est un
procédé déloyal rendant irrecevable en justice la preuve ainsi obtenue ». Le principe de légalité
est appliqué plus strictement qu'en droit pénal (voir ci-dessus).
En matière civile le juge joue le rôle d'arbitre entre les parties. Un arbitre qui se doit
d'intervenir dans certains cas, notamment lorsque l'insuffisance des preuves ne lui permet pas de
juger. Il peut alors « ordonner toute mesure d'instruction légalement admissibles » (art. 10 du
Code de procédure civile). Il peut ainsi demander une enquête, ou l'intervention d'un expert. Il
peut encore demander à une partie de produire un élément de preuve (à la demande de l'autre
partie) ou bien demander ou ordonner la production de tous documents détenus par des tiers (à
la demande de l'une des parties) (art. 11 Code de procédure civile).
Dans la partie qui suit, il est proposé d'approfondir trois thèmes évoqués dans « l'approche
chronologique ». Cette « approche thématique » mettra en en évidence le lien entre les modes
de preuve leur contexte social.
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La preuve judiciaire
2. Approche thématique
Pendant des siècles la religion a pénétré l'activité judiciaire à des degrés divers, et c'est seulement il
y a une centaine d'année, que les dernières traces de ce phénomène se sont estompées. Sous l'Ancien
Régime (avant la Révolution française) en effet, les juges sont « convaincus que Dieu, comme il l'a
expressément promis, est présent au milieu d'eux lorsqu'ils s'assemblent pour juger : Dieu les voit,
Dieu les écoute, Dieu les jugent en même temps qu'ils jugent » (
Marie-France Renoux-ZagaméMarie-France Renoux-Zagamé). Dans ce contexte, il paraît important de
développer ici deux thèmes liés à la présence divine au procès : l'ordalie et le serment.
Après la Révolution française, puis à l'arrivée des Républicains au pouvoir (après 1879), la justice a
fini par se débarrasser des derniers signes de l'influence religieuse. Par exemple, la circulaire Vallé du
1er avril 1904 demande de faire disparaître des prétoires, tous les signes religieux ostentatoires. Un
peu plus tard, en application de la loi du 9 décembre 1905 (séparation des Églises et de l’État), on
enlève ou on dissimule les œuvres religieuses et les crucifix des Palais de justice (
Jean-Pierre RoyerJean-Pierre Royer). Ce début du XXe siècle correspond à la période à laquelle les juges
commencent à se tourner vers la science pour étayer leurs convictions. Le phénomène va prendre
une ampleur sans précédent à partir de la fin du XXe siècle. C'est la raison pour laquelle il en sera
question pour clore cette partie sur la preuve judiciaire.
2.1. L'ordalie
2.1.1. Définitions
Définition : Définitions
« L'ordalie est une épreuve physique imposée soit à l'une des parties au procès, soit aux deux
parties, dont l'issue, censée être imposée par la Divinité, désignera au juge le coupable ou l'innocent
s'il s'agit d'un procès pénal, ou, s'il s'agit d'un procès civil, la partie titulaire d'un droit » (
LainguiAndré Laingui). On note que l'ordalie est plutôt utilisée en matière criminelle.
De son côté, Henri Lévy-Bruhl définit l'ordalie en ces termes : « en présence d'une difficulté qui
émeut le groupe social, notamment lorsque deux ou plusieurs membres de ce groupe se trouvent en
conflit, une procédure est organisée, dont le but est de permettre aux forces supérieures d'intervenir
et de faire connaître leur avis souverain. [...] La solution est fournie par des puissances dont l'autorité
n'est contestée par personne » (p. 42-43Henri Lévy-Bruhl). Il continue en considérant l'ordalie comme une
« épreuve à laquelle on soumet un individu que l'on soupçonne de quelque méfait, et qui est
aménagée de telle sorte que l'intervention supposée de la puissance sacrée produise automatiquement
la solution du litige » (p. 43Henri Lévy-Bruhl). Enfin, il ajoute que « le mécanisme de cette procédure
consiste en ceci : l'individu au sujet duquel se pose une question – le plus souvent il s'agira de savoir
s'il est coupable ou innocent – est placé, peut-on dire, dans un état d'équilibre imparfait. Il est
soumis à une épreuve qui, en apparence, n'a aucun rapport avec le problème qu'il s'agit de résoudre,
et dont l'issue entraînera cependant sa solution d'une manière absolue et indiscutable. L'innocence ou
la culpabilité sera dès lors établie »(p. 59-60Henri Lévy-Bruhl).
Le terme "ordalie" (vieil anglais ordal) est apparenté à l'allemand Urteil, jugement ; il remonte au
latin médiéval ordalium. Mais le plus souvent les textes anciens emploient des périphrases pour
désigner l'épreuve, comme « aller au chaudron », « aller au fleuve », « la vérité de Dieu », « la vérité
du chaudron »...
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- dans la Grèce antique, le condamné qui est précipité dans le vide en réchappe ;
- au Moyen Âge, la corde du pendu qui cède sous son poids.
Dans ce contexte, il paraît naturel de solliciter une divinité sur la question de la culpabilité ou
de l'innocence d'un accusé afin de mettre un terme à une situation bloquée faute de ce que nous
appelons aujourd'hui des preuves rationnelles.
a) Dans l'antiquité :
Ordalie du fleuve en Mésopotamie ;
Poison (« eaux amères ») chez les Hébreux.
La précipitation du haut d'un rocher. On en trouve seulement des traces dans les légendes
grecques et romaines avec le saut de Leucade (Grèce) et la roche Tarpéienne (Rome). Si la
précipitation est une peine à l'époque historique, c'est à l'origine une ordalie.
b) Au Moyen Âge :
Ordalie de l'eau où l'accusé est plongé dans une eau profonde ;
Ordalie de l'eau bouillante, où le suspect plonge la main dans un récipient d'eau
bouillante pour y retirer un objet ;
Ordalie du fer rouge saisi à main nue ;
Ordalie de la Croix ;
Ordalie du « pain et du fromage » (risque d'étouffement) ;
Ordalie du cadavre ;
Duel judiciaire.
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La justice de l'empereur Otton III (980–1002) : L'épreuve du feu (par Dirk Bouts, vers
1471-1473, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles).
c) En Afrique aujourd'hui :
L'ordalie la plus fréquente est l'épreuve du poison ; ce n'est pas une mise à mort car on
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accusé est « déjà plus que suspect » car désigné comme coupable par la rumeur publique et
souvent par le porte-parole des puissances surnaturelles : le sorcier. Il est donc « présumé
coupable ». C'est donc à lui d'opérer le renversement qui conduira les puissances surnaturelles à
l'innocenter. L'accusé a donc la charge de se disculper. En l'absence d'accusé le groupe peut se
tourner vers des procédés de divination, qui conduiront à trouver une victime « expiatoire » (
p. 39 & p. 77Henri Lévy-Bruhl).
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Quatrième temps du rituel et épilogue. L'accusé perd l'épreuve. Les partie retournent dans
la plaine où l'on enregistre officiellement le résultat de l'ordalie ainsi que les aveux de l'accusé.
https://webtv.parisnanterre.fr/permalink/v125613b5205dou5nil5/
2.2. Le serment
Le serment est une « affirmation ou promesse solennelle faite en invoquant un être ou un objet
sacré, une valeur morale reconnue, comme gage de sa bonne foi » (Robert). Celui qui prête
serment est appelé le « jureur » (il jure de la justesse de son affirmation). Pendant longtemps, la
promesse ou l'affirmation du jureur a été assortie d'une formule (formule de malédiction)
prévoyant des sanctions au cas où il n'aurait pas dit la vérité. C'est la raison pour laquelle on a
pu considérer que le serment était alors « une auto-malédiction conditionnelle, exposant le
jureur aux pires malheurs s'il manque à sa parole » ( Lévy-Bruhl, p. 43 & p. 85Henri Lévy-Bruhl). Par
exemple : « Je jure que telle chose s'est produite. Si je mens j'encourrai tel ou tel châtiment ».
Mais l'efficacité de cette auto-malédiction est conditionnée par un contexte particulièrement
favorable au surnaturel : celui des sociétés dans lesquelles on croit à des forces supérieures
auxquelles on confie le soin de juger. Celui qui prête serment invoque directement les puissances
surnaturelles. Chez les chrétiens il peut s'agir de Dieu ou des saints. Dans d'autres sociétés on
peut invoquer le soleil ; mais l'élément sacré peut être localisé dans certains endroits ou dans
certains objets (terre, eau, feu, ciel, animaux sacrifiés...).
Ce mécanisme ne fonctionne donc que s'il repose sur un système de croyance universellement
répandu, étroitement lié au sacré. Le sacré est d'ailleurs souvent matérialisé lors du serment, par
un objet avec lequel le jureur prend contact, par exemple un livre sacré (Bible, Coran) ou des
reliques (fragment du corps d'un saint dont le culte a été autorisé par l’Église). D'après
Lévy-Bruhl, « l'essentiel est qu'une communication soit établie entre le jureur et le divin
(contact direct avec une chose). On a appelé « serment corporel » le serment prêté en touchant
les Évangiles ou les reliques d'un saint (les vies de saints montrent les effets mortels du
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Illustration du XVe siècle montrant les 12 jurés d'une Cour royale anglaise (Banc du roi à
Westminster) prêtant serment sur la Bible (sur la gauche de l'image)
Dans bien des cas il arrive que deux serments s'opposent, ce qui ne facilite pas la tâche du juge.
Au Moyen Age, ce blocage est alors réglé par le recours à l'ordalie.
Le serment n'est pas un acte anodin. C'est un acte solennel. Il consiste à prononcer une formule
rituelle qui n'est pas élaborée par le jureur lui même, mais qui a été établie par la coutume.
C'est ce qui donne à la formule toute sa force et qui ne permet pas de s'en écarter. Si la formule
est courte, elle peut être apprise par cœur, mais si elle est longue elle sera soufflée au jureur.
Aujourd'hui, le président des États-Unis prête serment sur la Bible lors de son investiture. Il
répète une formule après un personnage officiel. Mais attention, nous ne sommes pas ici dans le
cadre judiciaire. La scène peut cependant donner une idée de ce type de "récitation". Voir la
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vidéo ci-dessous.
https://webtv.parisnanterre.fr/permalink/v125613b4886cmwptt7c/
Quels sont les effets du serment ? Le serment a une réelle force en raison du caractère
sacré qui le caractérise. Mais le juge est le seul qualifié pour rendre une sentence à l'issue des
serments. En cas de parjure, il faut s'attendre à ce que les différents malheurs énumérés dans les
formules de serment se produisent. Cependant, on constate qu'en général ils ne se produisent
pas sur le champ. C'est ainsi qu'un malheur de la vie, même tardif pourra être attribué par son
auteur (qui se sait coupable) ou par les tiers, à un parjure. Dans une société très empreinte de
surnaturel, l'innocent pourra voir dans ses malheurs, la marque d'une culpabilité à son insu (la
même chose peut se produire pour l'ordalie).
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fonctions. Chacun des jurés appelé individuellement par le président, répond en levant la main :
‘Je le jure' ». C'est une formule qui constitue un tout indivisible dont l'observation est prescrite
à peine de nullité (Cour de Cassation, 27 août 1914). Toujours en matière pénale, le témoin est
appelé à prêter serment, d'après l'article 103 du Code de procédure pénale : « les témoins
prêtent serment de dire toute la vérité, rien que la vérité ».
3. Bibliographie sommaire
Ambroise-Castérot, Coralie, La procédure pénale, Paris, 2009.
Borricand, Jacques & Simon, Anne-Marie, Droit pénal et procédure pénale, Paris, 2012.
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Ressources annexes
Glossaire
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Date de la déposition du dernier empereur romain d'Occident
Antiquité tardive
Période de l'Antiquité qui débute avec l'empereur Dioclétien (284-305).
Beccaria
Cesare Beccaria (1738-1794) : juriste, philosophe, économiste et homme de lettres italien rattaché
au courant des Lumières.
Charlemagne
Charlemagne : roi des Francs à partir de 768, couronné empereur à Rome le 25 décembre 800.
Cicéron
Philosophe romain, homme d'État (106-43 av. J.C.)
Code
Code de Justinien (529) : recueil de constitutions impériales (leges).
Code Théodosien
Le Code de Théodose ou Code théodosien est une compilation officielle de décisions impériales
(constitutions) promulguée par l'empereur Théodose II (438).
Défendeur
Personne contre laquelle un procès est engagé par le demandeur (demandeur : personne qui prend
l'initiative d'un procès).
Deutéronome
Cinquième livre du Pentateuque (Bible)
Digeste
Digeste : compilation décidée par l'empereur Justinien (530), des consultations des jurisconsultes
de la République ou de l'Empire.
Droit civil
Droit civil : ensemble des règles de droit privé normalement applicables. Il constitue le droit
commun par rapport aux règles correspondant à des milieux spéciaux et qui se sont constituées en
disciplines propres (droit commercial, droit rural, droit social...).
Droit privé
Ensemble des règles régissant les rapports entre particuliers.
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours ( +594), évêque de Tours, historien de l'Église et des Francs.
Inquisitoire
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Glossaire
Procédure inquisitoire : c'est une procédure qui apparaît au moment où le pouvoir est capable de
mettre en place des magistrats professionnels, qui ont une rôle central dans la conduite du procès.
La procédure était alors écrite, secrète et non contradictoire. Aujourd'hui on parle de procédure
inquisitoire lorsque le juge exerce un rôle prépondérant dans la conduite du procès et dans la
recherche des preuves (ex. : instruction du procès pénal).
Livre des Nombres
Quatrième Livre du Pentateuque, qui raconte l'histoire des Hébreux à partir du départ du Mont
Sinaï jusqu'au partage de la Terre promise.
Loi des Burgondes
Loi des Burgondes : premier recueil de loi d'un roi germanique en Gaule (début du VIe siècle).
Parties
Personnes engagées dans un procès
Quintilien
Rhéteur et pédagogue du Ier siècle après J.-C.
Strabon
Géographe grec (64 av. JC - v. 20 apr. J.-C.)
Tacite
Historien et sénateur romain (58-120 ap. J.-C.)
Voltaire
Voltaire : écrivain et philosophe français (1694-1778).
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