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INTRODUCTION 

:
Si les affaires simples et peu importantes peuvent être portées à l’audience à la
suite d’une enquête sommaire, dont on peut laisser les soins à la police
judiciaire, les affaires délicates ne peuvent venir utilement devant la juridiction
de jugement qu’après que la lumière ait été suffisamment faite sur les
circonstances de l’infraction et sur la personnalité du délinquant. Grâce à
l’instruction préparatoire (dite encore l’information judiciaire ou
l’information), la juridiction de jugement pourra se prononcer dans les
meilleures conditions tant sur la culpabilité que sur la peine. Elle a donc pour
but la recherche des preuves par un organisme juridictionnel, en vue
d’examiner s’il existe des charges suffisantes contre une personne pour
ordonner sa mise en jugement. Elle est obligatoire dans les affaires criminelles,
les infractions commises sur les mineurs et facultatives en matière de délit et
contravention (article 141 Code de Procédure Pénale).
D’où par définition, l’instruction préparatoire est la phase de la procédure
pénale pendant laquelle, le juge d’instruction met en œuvre les moyens pour
réunir tous les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité (expertises ;
perquisition ; audition ; confrontation), afin que le tribunal ou la cour puisse
juger en connaissance de cause. Son rôle est de recueillir tous les éléments en
faveur et à l’encontre de la mise en examen, c’est-à-dire à charge ou à
décharge.
Historiquement, le système d’instruction préparatoire en usage dans notre
pays provient des racines même de l’histoire de l’Europe occidentale, de la
France en particulier. Si sa forme actuelle découle directement du Code
d’instruction criminelle de 1808, ni celui-ci ni d’ailleurs l’ordonnance de 1670
qui l’a précédé n’en ont véritablement fixé les contours : par de là les textes, les
bases essentielles du système précèdent d’une coutume séculaire.
Compte tenu de la vastitude du présent thème, nous aborderons
essentiellement la généralité sur l’instruction préparatoire, en passant sous
silence la notion de contrôle sur la régularité de l’instruction.
L’étude de ce présent thème revêt un intérêt crucial, qui se présente
doublement, notamment : théoriquement, elle nous permet d’approfondir nos
connaissances juridiques en la matière, et pratiquement, de mettre en exergue
ces théories sur la vie juridique de notre société.
De ce pas, dans le souci d’apporter notre contribution à ce débat juridique
intéressant, il nous est inhérent de chercher à savoir : Qu’entendons-nous par
instruction préparatoire ?
A l’analyse de la problématique en toile, nous examinerons successivement de
la notion de l’instruction préparatoire (I) et de la saisine au dessaisissement (II).

I/ DE LA NOTION DE L’INSTRUCTION PREPARATOIRE :


Dans cette partie, il est question d’évoquer les caractères généraux de
l’instruction préparatoire (A) puis les juridictions d’instruction (B).
A- Des caractères généraux de l’instruction préparatoire :
L’instruction préparatoire a principalement trois (3) caractères généraux dont :
 Le caractère écrit : tous les actes de l’instruction et les décisions
auxquelles elle donne lieu sont réunis dans un dossier.
 Le caractère secret : le public n’y a pas accès ; les témoins ne sont pas au
courant de leurs dépositions respectives. Les décisions même qui sont
rendues par les juridictions d’instruction ne le sont pas publiquement,
mais en chambre de conseil. Cependant, l’inculpé et la partie civile
peuvent être au courant du déroulement de la procédure par
l’intermédiaire de leur conseil à qui le dossier est confié à certains
moments.
 Le caractère non contradictoire : sauf devant la chambre de contrôle de
l’instruction où les mémoires déposées par l’une des parties doivent être
communiquées aux autres.
Maintenant, place à la seconde moitié de cette première partie.
B- Des juridictions d’instruction :
Il existe deux juridictions dites d’instruction de droit commun, c’est-à-dire
chargées non seulement d’enquêter, mais aussi de juger les incidents qui se
présentent au cours de l’instruction préparatoire. Ce sont le juge d’instruction
au premier degré et la chambre de contrôle de l’instruction au second degré.
Ces juridictions examinent les affaires graves ou complexes et interviennent en
matière criminelle et en matière correctionnelle. En matière
contraventionnelle, l’instruction n’a lieu en principe que sur réquisition du
Procureur de la République. Retenons cependant que l’instruction est
obligatoire sur les infractions commises sur les mineurs.
 Le juge d’instruction : c’est un juge du tribunal de Première Instance,
Magistrat du siège, chargé par décret de l’instruction. Il peut être
révoqué en tant que juge d’instruction, mais il demeure inamovible en
tant que magistrat du siège. Il instruit seul le dossier même s’il est assisté
d’un greffier. Il peut arriver que plusieurs juges d’instruction soient saisis
d’une même affaire, dans ce cas c’est le juge chargé de l’information qui
coordonne le déroulement de celle-ci. Il est saisi en principe par le
Procureur de la République à travers un réquisitoire introductif
d’instance, mais exceptionnellement la victime peut aussi le saisir en cas
d’inertie constatée du Ministère public à partir d’une plainte avec
constitution de partie civile. Il est saisi in rem, c’est-à-dire il n’est tenu
que des faits contenus dans le dossier qui lui est présenté, et non in
personem. Le juge d’instruction est chargé de prendre des décisions au
cours de la phase de l’instruction préparatoire, à l’occasion des incidents
contentieux qui peuvent se produire. Il doit également prendre parti sur
la suffisance des charges à la clôture de l’information. En vertu de
l’article 147 du CPP qui dispose en son alinéa 1 : « Le juge d’instruction
procède, conformément à la loi, à tous les actes d’information qu’il
juge utiles à la manifestation de la vérité. Il instruit à charge et à
décharge. », il constitue ainsi une juridiction d’instruction, celle du
premier degré. Le juge d’instruction, pour exercer son pouvoir
juridictionnel, doit solliciter les réquisitions du Ministère public, les
parties peuvent le saisir de demandes écrites, appuyées de mémoires ou
notes contenant leurs argumentations. Mais il n’y a pas de débat devant
lui et le juge ne statue pas publiquement. Les actes d’instruction sont
accomplis par le juge d’instruction lui-même ou par ses auxiliaires. En
vérité, les pouvoirs d’instruction sont exercés par le juge d’instruction
(constatation matérielle ; audition de témoin ; mise en examen ;
interrogatoires…) ou par ses auxiliaires que sont les officiers de police
judiciaire ; les agents de police judiciaire ainsi que les experts qui
constituent les bras armés du juge d’instruction. Il peut adresser une
commission rogatoire lorsqu’il s’agit de procéder à des actes
d’instruction dans les ressorts éloignés, qui consiste à demander à son
collègue dans le ressort duquel il doit faire ces actes doivent avoir lieu,
celui-ci va alors procéder en son nom et à sa place. Il peut aussi utiliser
les commissions rogatoires pour faire certains actes d’instruction dans
son ressort même, notamment dans les cas où il se heurte à une
impossibilité matérielle (perquisitions à faire simultanément en plusieurs
endroits). La commission rogatoire est alors adressée à officier de police
judiciaire (OPJ), ce qui est d’ailleurs rappelé par l’alinéa 3 de l’article 147
qui dispose : « Si le juge d’instruction est dans l’impossibilité de
procéder lui-même à tous les actes d’instruction, il peut donner
commission rogatoire aux officiers de police judiciaire afin de leur faire
exécuter tous les actes d’information nécessaires dans les conditions et
sous les réserves prévues aux articles 253 et 254. ».
 La chambre de contrôle de l’instruction : c’est une formation de la cour
d’appel comprenant un président ; deux conseillers ; un représentant du
Ministère public et un greffier. Ce qui fait l’objet des dispositions de
l’article 297 du Code de Procédure pénale en son aliéna 1 : « La cour
d’appel comprend au moins une chambre de contrôle de l’instruction
composée d’un président et de deux conseillers. ». Elle est la juridiction
d’instruction du second degré, en ce sens que c’est elle qui statue sur les
appels formés contre les ordonnances rendue par les juges d’instruction.
Elle est aussi appelée la chambre d’accusation. Elle peut en dehors de
l’instruction, intervenir à plusieurs titres dans l’administration de la
justice pénale telle que les questions d’extradition ; de réhabilitation et
de contrôle du bon fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort
de la Cour d’appel. D’ailleurs, en ce qui concerne cette dernière
attribution, il est reconnu à la chambre chargée de l’instruction par
l’article 327 du Code de Procédure pénale qui dispose en son alinéa 1 :
« Lorsqu’un délai de 4 mois s’est écoulé depuis la date du dernier acte
d’instruction nécessaire à la manifestation de la vérité, le président de
la chambre de contrôle de l’instruction peut, par requête, saisir cette
juridiction. », le droit alors d’évoquer elle-même le dossier et de
l’instruire ou de le renvoyer au juge d’instruction déjà saisi ou à tel autre
juge afin de poursuivre l’information (alinéa 2 du même article). Il faut
aussi souligner les nullités d’information prévues à l’article 276 : « Il y’a
nullité lorsque la méconnaissance d’une formalité substantielle prévue
par une disposition du présent code ou toute autre disposition de
procédure pénale a porté atteinte aux intérêts de la partie qu’elle
concerne. », ainsi la chambre sera saisie aux fins d’annulation d’un acte
du juge ou d’une pièce de la procédure, soit par le Procureur de la
République, soit par les parties voire même le juge (ce qui est l’esprit des
dispositions de l’article 275).
De ce pas, nous allons procéder à l’analyse de la seconde partie qui porte sur le
processus de l’instruction.

II/ DE LA SAISINE AU DESSAISISSEMENT DE LA JURIDICTION D’INSTRUCTION  :


Dans cette partie, nous examinerons la saisine (I) puis le dessaisissement (II).
A- De la saisine :
La juridiction d’instruction, aux termes de l’article 142 du CPP est saisie par
réquisitoire émanant du Procureur de la République appelé le réquisitoire
introductif d’instance, ou par une plainte avec constitution de partie civile de la
victime. Une fois saisie, elle ne peut être dessaisie que par une ordonnance
qu’elle rendra elle-même.
En effet, il est saisi des faits portés au réquisitoire introductif ou réquisitoire
pris après communication de la plainte avec constitution de partie civile, il y a à
partir de ce moment, interruption de la prescription de l’action publique. Le
réquisitoire peut être introductif, définitif ou supplétif. Dès lors qu’il est saisi, le
juge d’instruction doit avant tout examiner sa compétence pour connaître de
l’affaire. Il instruit sur les faits pour lesquels il est saisi et peut en conséquence,
mettre en examen les personnes visées par l’acte qui l’a saisi, mais aussi toute
personne paraissant avoir pris part aux faits en question comme auteurs,
coauteurs ou complices.
Il y a aussi que le juge d’instruction saisi d’une plainte avec constitution de
partie civile contre personne dénommée peut, sur réquisition du Ministère
public, ouvrir simplement une information contre X. En sus, le juge
d’instruction, n’est pas tenu par la qualification que le Procureur de la
République avait provisoirement donnée aux faits. Il peut formuler une
qualification différente, juridiquement mieux adaptée, applicable aux faits.
Nous allons de ce pas, aborder la seconde moitié de cette deuxième partie.
B- Du dessaisissement :
Comme l’on a affirmé tantôt, le juge d’instruction une fois saisi, n’est dessaisi
que par une ordonnance qu’il a rendue lui-même. Ainsi, il peut être dessaisi
par :
 L’ordonnance d’incompétence : le juge d’instruction qui constate son
incompétence (matérielle ou territoriale), déclare celle-ci par une
ordonnance motivée et renvoie le Ministère public ou la partie lésée à
mieux se pourvoir.
 L’ordonnance de dessaisissement au profit d’une autre juridiction
également compétente : lorsqu’il se trouve compétent, mais qu’il
constate qu’un juge d’instruction d’un autre ressort également
compétent de son côté (antérieurement ou postérieurement à sa propre
saisine), le juge d’instruction peut prendre une ordonnance de
dessaisissement ordonnant le transfert du dossier s’il constate qu’elle est
de nature à servir les intérêts de la justice et la manifestation de la
vérité.
 L’ordonnance de clôture ou de règlement  : c’est le procédé normal du
juge d’instruction. A la fin de l’information, le juge d’instruction est
appelé à prendre sur la suite à donner aux poursuites soit à travers une
décision de non-lieu encore appelée ordonnance de non-lieu (cessation
de poursuites), soit par une décision de renvoi aux fins d’être jugé devant
la juridiction compétente (ordonnance de renvoi devant le tribunal
criminel ou celui correctionnel). L’ordonnance de clôture qui doit être
motivée, dessaisit le juge d’instruction.
 Le dessaisissement d’office : c’est le cas lorsque la cour suprême règle
deux juges ou renvoie la connaissance de la poursuite à un autre juge
d’instruction dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, le
juge d’instruction primitivement saisi se trouve automatiquement et
définitivement dessaisi de l’affaire. Il en est de même lorsque, sur
requête du procureur de la République ou du juge d’instruction, le
Président de la Chambre d’accusation a décidé de confier une affaire
économique et financière au juge d’instruction de la juridiction
spécialisée.
 La requête en dessaisissement du juge d’instruction  : seul le Procureur
de la République agissant spontanément, soit à la demande d’une des
parties, peut présenter une requête motivée en dessaisissement au
Président du tribunal. L’ordonnance de celui-ci ne fait l’objet d’aucun
recours. Le Président du tribunal peut soit régler la requête, soit dessaisir
le juge d’instruction au profit d’un de ses collègues instructeurs du même
siège.
 L’annulation de la procédure par la chambre de contrôle de
l’instruction : le juge d’instruction peut se trouver dessaisi par décision
de la chambre de contrôle d’instruction lorsque celle-ci a été amenée à
annuler tout ou partie de la procédure suivie. Elle peut en effet, en pareil
cas, soit renvoyer le dossier de la procédure à un autre juge d’instruction
afin de poursuivre l’information, soit évoquer l’affaire et confier
l’instruction à l’un de ses membres.
 Le remplacement du juge d’instruction : il ne faut pas confondre le
dessaisissement juridique du juge d’instruction avec son remplacement
temporaire ou définitif. Il n’est pas nécessaire que l’information ait été
conduite d’un bout à l’autre par le même juge d’instruction : lorsqu’un
juge d’instruction est nommé à un autre poste, le Président du tribunal
procède à son remplacement dans les mêmes conditions que sa
désignation.
 Les magistrats instructeurs adjoints au juge d’instruction  : il est possible
d’adjoindre au juge d’instruction qui conduit l’information un ou
plusieurs magistrats qui l’aideront dans sa tâche. Le juge d’instruction
chargé de l’information coordonne celle-ci. Il a seul qualité pour prendre
l’ordonnance de clôture.

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