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Dissertation fiche n8

Droit constitutionnel (Université Paris II Panthéon-Assas)

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Sujet : Les rapports entre le pouvoir exécutif et législatif en régime


parlementaire ?

« Il n’y a point encore de liberté si la puissance de juger n’est pas séparée de la


puissance législative et de l’exécutrice ». Montesquieu dans son ouvrage L’esprit
des lois, exprimait déjà la nécessité de la séparation des pouvoirs. En effet, l’Etat
français se basant sur ce principe fondamental en instaurant un régime
parlementaire à la séparation des pouvoirs souples.
Afin d’appréhender au mieux le sujet il est important de définir les deux termes
principaux de cette étude, soit la notion de régime parlementaire, de pouvoir
exécutif et législatif.
Selon Gérard Cornu, le régime parlementaire, est tout régime dans lequel l’organe
du pouvoir exécutif ou un organe partiel de ce pouvoir, le cabinet ou
gouvernement est politiquement responsable devant une ou plusieurs assemblées
représentatives qui peuvent provoquer sa démission.
Selon le même auteur dans son ouvrage du dictionnaire du vocabulaire juridique,
le pouvoir législatif, est une activité par laquelle sont faite les lois.
De même, le pouvoir exécutif est un organe ou un groupe d’organes chargé
d’exercer à titre principal cette fonction (dit aussi l’exécutif).
La genèse du régime parlementaire se retrouve en Angleterre en XVIIIe siècle en
réaction à l’absolutisme monarchique. En effet, le modèle de la royauté
d’Angleterre se compose comme ce que nous pouvons retrouver en France, une
chambre des communes, une chambre des Lords qui correspondent en outre au
parlement français avec le sénat et l’assemblée nationale et le roi chef de
l’exécutif. De même, le régime parlementaire étant basé sur la séparation des
pouvoirs, le régime français et britannique ont adopté une séparation dite
« souple ». Selon l’ouvrage de droit constitutionnel de Dalloz, une séparation dite
souple, implique avant tout une collaboration des pouvoirs législatif et exécutif
s’accompagnant de moyens d’action réciproque, permettant à chacun de remettre
en cause l’existence de l’autre. Effectivement, cette séparation relève plus de
l’idée d’une fusion des pouvoirs comme l’affirme Walter Bagehot, un journaliste
britannique du XIXe siècle qu’un conflit institutionnel. Cependant, une difficulté
s’intègre néanmoins dans ce système concernant la cohabitation des pouvoirs
législatif et exécutif.
Peut-on donc aujourd’hui considérer dans un régime parlementaire, que le
pouvoir exécutif et législatif se retrouvent dans un rapport cohabitationniste ?
Dans le cas du régime parlementaire français, un déséquilibre est notable entre
le pouvoir exécutif et législatif (I) du fait de la supériorité contestable du pouvoir
exécutif sur le pouvoir législatif entrainant des répercussions sur les fondements
parlementaires. Cependant, plusieurs dispositifs relevant de la rationalisation du
parlementarisme sont mis en place afin d’assurer la cohabitation et la fusion des
pouvoirs (II)

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I. Un déséquilibre conséquent entre le pouvoir législatif et


exécutif.
La supériorité du pouvoir exécutif face au pouvoir législatif (A) fonde le
déséquilibre notable entre ces pouvoirs institutionnalisé entrainant en second lieu
une fragilisation des fondements du régime parlementaire (B).
A. Une supériorité contestable entre le pouvoir exécutif et législatif.
Le régime parlementaire français, dans l’ambition de créer une cohabitation des
pouvoirs a instauré son régime sous une séparation des pouvoirs souple.
Cependant, une toute autre relation s’en révèle, basé sur le conflit du fait de la
supériorité du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif. Le pouvoir exécutif
représenté par le gouvernement a une grande importance du fait qu’il tient son
existence de la chambre basse, soit en outre qu’il vient de la volonté du peuple. Le
gouvernement s’impose donc comme la voix du peuple et se permet d’effectuer le
rôle et le devoir de certains autres pouvoirs.
En effet, malgré que le pouvoir exécutif ne soit pas à l’origine de la création des
lois, celui-ci va être plus à l’initiative de la proposition de textes ou de lois. Pour
parvenir à faire accepter sa proposition, le gouvernement va être à l’origine du
détournement de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution disposant de la question de
confiance. Adopté au départ, pour la mise en jeu de la responsabilité du
gouvernement devant l’Assemblée nationale sur un texte de loi, le gouvernement
va l’utiliser comme un moyen de pression pour l’adoption forcée du texte qu’il
propose. L’article 49 alinéa 3 se révèle effectivement comme un moyen de
pression, car si l’assemblée nationale refuse le texte elle engage la chute du
Gouvernement qui pourrait entrainer en second lieu sa dissolution. Son refus, se
retrouve porté de grandes conséquences que l’Assemblée National ne pourrait
prendre en charge. Nous retrouvons en effet l’explication de ce disfonctionnement
dans l’ouvrage Code constitutionnel et des droits fondamentaux commenté de
Michel Lascombe et Xavier Vandendriessche « C’est bien lorsqu’il veut qu’un texte
soit voté, alors que l’assemblée nationale n’y est pas très favorable, que le
gouvernement en fait usage ; il engage sa responsabilité sur ce texte, posant en
quelque sorte « la question de confiance sur le texte ». C’est un chantage à la
démission qui est fait à l’assemblée. Ou bien l’assemblée renverse le
gouvernement avec le risque que cela comporte pour elle en retour (dissolution),
ou bien elle admet le texte proposé ».
Le gouvernement, en plus de la disposition énoncée se voit depuis le projet de
réforme des constituants, Charles de Gaulle et Michel Debré, acquérir de nombreux
pouvoirs qualifiant sa supériorité en plus du fait que celui est représenté par le
Chef de l’Etat qui depuis le 28 octobre 1962 est élu par le suffrage universel direct,
représentant celui-ci comme l’expression directe de la volonté du peuple. Le
gouvernement, comme le dispose l’article 37, détient un pouvoir réglementaire qui
lui permet de prendre des décisions de portée générale comme par exemple des

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décrets d’application générale. En effet, selon le dictionnaire du vocabulaire


juridique de 2019, le pouvoir réglementaire est une aptitude à prendre, par décret,
des mesures de portée générale et impersonnelle. Le gouvernement peut
également se voir déléguer le pouvoir législatif comme le montre la pratique des
ordonnances disposé à l’article 38 de la Constitution. De plus, le gouvernement
possède le pouvoir du référendum disposé à l’article 11, il peut donc directement
passé par la voix du peuple pour adopter un projet de loi. Selon le dictionnaire du
vocabulaire juridique de 2019, le referendum est une procédure d’adoption par le
collège électoral d’un projet de loi ou d’un projet ou une proposition de révision de
la Constitution.
Cependant, cette supériorité notable entraine à la fois une fragilisation du
fondement de l’Etat français soit la séparation des pouvoirs et l’organisation du
système du régime parlementaire.

B. Une distinction menant à des répercussions sur le fondement du régime


parlementaire.
L’inégalité constaté entre le pouvoir d’action de ces deux pouvoirs, mène à une
instabilité du régime parlementaire français. Cependant, cette instabilité n’est pas
représentative de la Ve République seulement, celle-ci provient également des
deux dernières Républiques instaurées, tel que la III e République durant le régime
de Vichy qui a fait tendre l’Etat français au parlementarisme pur ou encore la IV e
République décréditée sur la question de l’Algérie qui a transformé l’Etat français
en un régime d’assemblée. A la suite de ces deux Républiques fortement remisent
en cause par le peuple français, une restructuration a dû être mise en place quant
à la formation de l’Etat français sous la Ve République. Les deux constituants
énoncés précédemment, ont donc souhaité dans ce projet de réforme de faire de
l’Etat un état puissant que ce soit dans sa mise en forme soit ses institutions, ou
de son indépendance aux yeux des autres pays, avec le souhait de la supériorité
de sa Constitution face aux traités internationaux.
Cependant, en renforçant le pouvoir du domaine exécutif, l’Etat français mène
son régime à tendre vers le régime présidentiel. Selon Rémy Cabrillac, un régime
présidentiel est une classification doctrinale attribué au régime politique américain
en raison de l’absence de moyen d’irrévocabilité réciproque entre le président et le
Congrès. Effectivement, le régime américain est entièrement basé sur la stabilité
et la force du chef de l’exécutif, soit le président. Contrairement au régime français
le régime américain se base sur une séparation rigide des pouvoirs. D’après,
l’ouvrage de droit constitutionnel de Dalloz, « Cette séparation dites rigide se
caractérise par les éléments suivants. Le législateur a l’initiative des lois et les
votes, l’exécutif s’occupe de leur exécution et le pouvoir juridictionnel juge, en
interprétant, le cas échéant, la Constitution. » En opposition avec le régime
parlementaire mise en place en France, le régime présidentiel américain ne prévoit
pas de fusion des pouvoirs.
Du fait de la non distinction précise de l’ensemble des pouvoirs présent dans un
Etat, le régime parlementaire français, tend à la confusion du système de son
régime et mène à l’instabilité de celui-ci. Pour pallier à cette fragilisation du régime

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parlementaire, plusieurs dispositifs sont donc mis en place par la Constitution afin
de garantir la séparation des pouvoirs.
II. Des dispositifs parlementaires pour amener la cohabitation des
pouvoirs.
Un pouvoir parlementaire a été établi afin de rétablir l’équité, la motion de
censure (A) ainsi que différents autres procédés tenant du rééquilibrage
institutionnel permettant la cohabitation des pouvoirs plus qu’un conflit (B).
A. Un pouvoir parlementaire pour rétablir l’équité : la motion de censure.
Un pouvoir parlementaire a été remis au pouvoir législatif afin d’effectuer un
contre balancier de cette supériorité exécutive. La motion de censure est selon
Rémy Cabrillac un vote de défiance, provoqué ou spontané, de l’Assemblée des
députés qui entraine la démission du gouvernement. La motion de censure,
considéré comme l’Ultima ratio pour le pouvoir législatif est disposé à l’article 49
alinéa 2 de la constitution de 1958, « L'Assemblée nationale met en cause la
responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une telle
motion n'est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des
membres de l'Assemblée nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit
heures après son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de
censure qui ne peut être adoptée qu'à la majorité des membres composant
l'Assemblée. Sauf dans le cas prévu à l'alinéa ci-dessous, un député ne peut être
signataire de plus de trois motions de censure au cours d'une même session
ordinaire et de plus d'une au cours d'une même session extraordinaire. » et à
l’article 50 « Lorsque l'Assemblée nationale adopte une motion de censure ou
lorsqu'elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du
Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la
démission du Gouvernement. »
La Constitution, donne donc un droit de regard au parlement sur le domaine
politique, engageant alors la notion de responsabilité politique. La responsabilité
politique, selon Rémy Cabrillac est une obligation pour un organe politique de
démissionner en cas d’échec électoral, de perte de confiance populaire ou
parlementaire ou de faute politique. Du fait de la dualité du régime parlementaire
français, la responsabilité politique s’exerce auprès de deux institutions, le chef de
l’Etat et le parlement. La responsabilité politique du gouvernement est énoncée à
l’article 20 de la Constitution,
« Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.
Il dispose de l'administration et de la force armée.
Il est responsable devant le Parlement dans les conditions et suivant les
procédures prévues aux articles 49 et 50. »
La responsabilité politique, est une disposition parlementaire appliqué depuis de
nombreuses années. En effet, le duc Richelieu nommé président du Conseil, va
être le premier sous le règne de Louis XVIII à être contraint de donner sa démission
pour cause, qu’il n’est pas la majorité des députés. C’est donc en 1818, que les
premiers rapports entre les chambres et les ministres vont apparaitre. Nous
retrouvons ce fait historique dans l’ouvrage de droit constitutionnel de Dalloz.

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La motion de censure, est une disposition parlementaire, également utiliser


dans d’autres pays européens. En effet, le pays fondateur du parlementarisme,
possède une procédure similaire. Appelé en Angleterre, Impeachment, cette
disposition permet aux parlementaires de « contrôler » les ministres. La première
utilisation de cette procédure engagea la démission du ministre Walpole en 1742.
Cependant, la seconde application de ce dispositif en 1782, fut à l’image de l’unité
politique en tant que tel, car en effet, cette fois ci c’est l’ensemble du cabinet
dirigé par Lord North qui démissionna.
En plus, du pouvoir établit par la motion de censure en faveur du parlement, soit
du pouvoir législatif, de nombreux autres procédés permettent au pouvoir législatif
comme au pouvoir exécutif de remettre en question l’existence de l’autre pouvoir.
B. De nombreux autres procédés de rééquilibrage institutionnels.
Effectivement, la motion de censure n’est pas la seule disposition mise en place
pour le domaine législatif. Dans son article 49, la Constitution énumère différents
autres dispositifs dans ses alinéas, tel que dans son premier alinéa, la question de
confiance, « Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres,
engage devant l'Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement sur son
programme ou éventuellement sur une déclaration de politique générale. » La
question de confiance, n’est pas utiliser par l’ensemble des gouvernements lors de
leur investiture par le Président de la République. Soit par volonté de montrer
seulement leur légitimité donnée par l’investiture du Président soit pour le fait qu’il
n’aurait eu la confiance de l’Assemblée Nationale ne souhaitant donc pas de
répercussions. Malgré cela la procédure disposé à l’article 49 alinéa 1 a été utilisé
38 fois au cours de ces dernières années, depuis 1958.
Dans son alinéa 3, l’article 49 énonce l’engagement de la responsabilité du
gouvernement sur le vote d’un texte, « Le Premier ministre peut, après
délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement
devant l'Assemblée nationale sur le vote d'un projet de loi de finances ou de
financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme
adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui
suivent, est votée dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. Le Premier
ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une
proposition de loi par session. ». Cette procédure, est considéré comme une
adoption de force d’un texte du fait que le gouvernement mise son investiture sur
l’adoption d’un texte. Si le parlement refuse, il renverse alors le gouvernement.
Cette disposition, est le plus généralement utilisé par un gouvernement n’ayant
que très peu la confiance de l’Assemblée Nationale. Nous avons pu voir l’utilisation
de cette procédure dans le gouvernment de Raymond Barre (1976 – 1981) ou
encore de Michel Rocard (1988 -1991). Néanmoins, depuis la révision
constitutionnelle du 23 juillet 2008, l’utilisation de cette procédure a été limitée
avec un nombre d’engagement de responsabilité par session.
Ces différents dispositifs, relève en réalité du rationalisme parlementarisé mise
en place en premier temps par la constitution allemande de Weimar en 1919. Le
rationalisme parlementarisé désignant l'ensemble de moyens mis en œuvre pour
assurer la stabilité et l'efficacité gouvernementales, a été mise en place en France
afin de retrouver un régime parlementaire stable et équilibré.

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