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séance 18

« Après l’expérience que nous fîmes, sous la IVème République, il était inévitable et sans doute indispensable que, dans
les débuts de la Vème, le Parlement se trouvât resserré dans un lacis de contraintes, d’autant plus étroit qu’il avait été
établi avant la réforme de 1962, qui assure au pouvoir présidentiel la force incomparable de l’investiture nationale
directe. Le cumul de ces deux dispositifs de sécurité ne pouvait manquer de se traduire par une certaine dénivellation de
l’autorité parlementaire ». Telle est la déclaration d’Edgar Faure 21 décembre 1997, président de l’Assemblée nationale.
A travers cette déclaration, le juriste français montre l’une des volonté majeures des constituants de 1958 : instaurer un
parlementarisme rationalisé. La Constitution du 4 octobre 1958 s’est ainsi construite autour de ce principe.
Néanmoins, cette intention ne s’est pas vraiment vue appliquée, et il on remarque presque l’effet inverse au fil des
décennies. Ce parlementarisme rationalisé s’est transformé peu à peu en une prédominance des fonctions du Président
de la République et du pouvoir exécutif. Ainsi, afin d’inverser cette tendance, on observe plus récemment le
phénomène de « Reparlementarisation » du régime. En effet, ces quarante dernières décennies ont observé de
nombreuses révisions constitutionnelles, avec la volonté d’habiliter le redressement des pouvoirs du Parlement.

Ce phénomène se trouve ainsi étudié par Jean Gicquel, juriste français, né en 1937 professeur émérite de droit
public à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne. Aussi spécialiste du droit constitutionnel et ancien membre du Conseil
supérieur de la magistrature, Jean Gicquel fut déontologue de l'Assemblée nationale, chargé de l'examen de possibles
conflits d'intérêts des députés de juin 2011 à octobre 2012. Il est notamment l’auteur de “Un Parlement renforcé”
coécrit avec Dominique Rousseau et de “Droit constitutionnel et institutions politiques” coécrit avec Jean-Eric Gicquel. A
partir de 1976, le juriste devient cofondateur de la revue Pouvoirs, dont il tenait la chronique constitutionnelle française
avec Pierre Avril et Jean-Eric Gicquel, tous deux juristes français. C’est d’ailleurs dans la revue Pouvoirs, que ce dernier
publie en 2008, l’article “La reparlementarisation, une perspective d’évolution”. L’extrait sous étude est alors retrouvée
dans cet article, sous le sous-titre de "Le Parlement aspire à devenir un contrôleur avisé”.
Lorsque Jean Gicquel publie cet article en 2008, Nicolas Sarkozy est à la tête de l’Etat français. C’est à cette
période que ce dernier engage la réforme constitutionnelle de 2008. Nicolas Sarkozy avait en effet annoncé durant sa
campagne électorale vouloir rénover et adapter "aux nouvelles exigences des démocraties modernes" les institutions
de la Ve République. Cette réforme consacrée à la modernisation des institutions vise trois axes majeurs: donner plus
de pouvoirs au Parlement, encadrer certains pouvoirs du président de la République, accorder de nouveaux droits aux
citoyens. Cette révision est l'une des plus importantes et la vingt-quatrième de l'histoire de la Ve République. Cette
réforme de 1008 semble donc dénoter un certain désir de reparlementarisation. Néanmoins, ce phénomène ne semble
pas tout à fait nouveau. En effet les contraintes imposées au Parlement se sont déjà vues légèrement atténuées en
1995, notamment avec l’instauration de la “session” unique de neuf mois et la création de la « fenêtre
parlementaire ». On observe aussi cette tendance quand en 1972, la limitation drastique du nombre de commissions
permanentes avait été doublement réduite (par la création de « délégations » ou « offices parlementaires ”). Si ce
phénomène ne semble pas nouveau, il reste qu’il s’est instauré de manière minime lors des années précédentes.
Ainsi, Jean Gicquel s’attarde sur la place du Parlement sous la Vème République et sur les relations
institutionnelles qu’entretiennent le Parlement et le Gouvernement. Le Parlement correspond à une assemblée qui
regroupe des élus qui représentent les citoyens, votent les lois et contrôlent le Gouvernement. Sous la Vème République,
il est bicaméral, il comprend l’Assemblée Nationale et le Sénat. L’article 24 de la Constitution (modifiée par la réforme
constitutionnelle de 2008) dispose ainsi des prérogatives accordées au Parlement, lui permettant de voter la loi,
contrôler l’action du Gouvernement et évaluer les politiques publiques. Le gouvernement, lui, est un organe collégial
qui contient le Premier Ministre et les ministres. Sa mission essentielle est de déterminer et de conduire la politique de
la Nation, et c’est le Premier Ministre qui dirige l’action du Gouvernement. La Vème République, établie par la
Constitution du 4 octobre 1958, correspond aujourd’hui à un régime semi-présidentiel.
Jean Gicquel place la notion de reparlementarisation au cœur de son article. Ce concept est censé permettre un
rééquilibrage des pouvoirs en faveur du Parlement pour mettre fin à l’excès de pouvoir accordé à l’exécutif au
détriment des Assemblées. Jean Gicquel met alors en avant ce phénomène, le liant au pouvoir de contrôle du
Parlement. Pour l’auteur, c’est cette notion qui permet au Parlement, de reprendre peu à peu du pouvoir et de
s’affirmer face au gouvernement.
Il semble ainsi primordial de se pencher sur ce qu’a permis la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008.
Assurément, le constat du déséquilibre institutionnel de la Vème République ayant été effectué depuis longtemps,
celle-ci tenait la promesse d’un rééquilibrage des institutions, notamment au profit du Parlement. Cette réforme est
sans conteste la plus importante révision de la Constitution depuis 1962, plus de la moitié des articles de la Constitution
de 1958 ayant été modifiés. Il est donc primordial de se pencher sur ces effets, à travers la thèse de Jean Gicquel.
Il est ainsi nécessaire de s’attarder sur la thèse du juriste français : selon la thèse de Jean Gicquel, dans quelle
mesure la reparlementarisation de la Vème République permet au Parlement de redécouvrir son rôle de contrôleur de
l'exécutif?
Si dans un premier temps on observe une volonté de retrouver le pouvoir de contrôle du Parlement, dans un
second temps, on observe véritablement l’affirmation du pouvoir parlementaire à travers un contrôle diversifié.

1. La volonté de retrouver le pouvoir de contrôle du Parlement à travers un rééquilibrage des institutions

En premier lieu, Jean Gicquel met en exergue le statut prépondérant du gouvernement. En effet, sous la Vème
République le Gouvernement s’est vu prendre une place de souverain, cela conduisant à une volonté de
reparlementariser (a). En deuxième lieu, l’assouplissement du parlementarisme rationalisé, semble selon Jean Gicquel,
conduire à la redécouverte du pouvoir de contrôle du Parlement.

a) Un gouvernement souverain conduisant à une volonté de reparlementariser

“Faute de pouvoir rivaliser avec un gouvernement législateur”

- Jean Gicquel affirme dès le début de son texte le statut de législateur du gouvernement. En
effet, on observe une forte prise de pouvoir du gouvernement au dépens du Parlement à
travers la Constitution initiale de 1958 et en particulier, le gouvernement dispose d’une certaine
maîtrise de la procédure législative.
La Constitution du 4 octobre 1958 instaure un Parlementarisme rationalisé, l’élaboration de la
loi se voit alors partagée :

➔ Article 20 de la constitution de 1958: “Le Gouvernement détermine et conduit la


politique de la nation. Il dispose de l'administration et de la force armée …”. Ainsi, le
gouvernement va accomplir sa mission par le biais des lois.
➔ Article 39 de la Constitution de 1958 : même si le Parlement reste au cœur de la
procédure législative, ce dernier est très encadré par le Gouvernement : le Premier
ministre peut déposer des projets de loi sur le bureau de l’une ou l’autre assemblée.
➔ Article 48 alinéa 2 : le Gouvernement fixe la moitié de l’ordre du jour afin de faire
examiner ses projets de loi et les propositions de loi.

- La majorité des textes, voire la totalité des textes étaient alors d’initiative gouvernementale.

- Ainsi, le Gouvernement a pris une place considérable dans le domaine de la loi, permettant à
Jean Gicquel de le qualifier de Gouvernement-législateur (à noter que l’expression
“gouvernement-législateur” : oxymore car suppose une confusion des pouvoirs). A travers cette
prise de pouvoir, les pouvoirs du Parlement se sont amoindris, l'empêchant de concurrencer le
Gouvernement.

- Le juriste français atteste alors l'impossibilité du Parlement de pouvoir rivaliser avec ce gouvernement.
Assurément, face à ce gouvernement qui empiète sur ses pouvoirs, le Parlement subit la perte des
moyens de bloquer l’action de l'exécutif.

“La Vème République n’ayant, à la vérité, que consacré la tendance qui s’esquissait sous la précédente”

- “La tendance qui s’esquissait sous la précédente" correspond à la nature du régime de la IVème
République. En effet, la IVème République était un régime parlementaire.
- Cette phrase, suivant celle qui explique que le Parlement ne soit pas en capacité de rivaliser avec un
gouvernement législateur, appuie le fait qu’une seule option semble possible afin de rééquilibrer les
institutions et leur pouvoir : la reparlementarisation.

- Jean Gicquel affirme ainsi que la Vème République consacre la tendance de la parlementarisation du
régime. En effet, s’il y a un point sur lequel les partis politiques de droite et de gauche s'accordent, c’est
réellement les carences du régime français et les réformes à mettre à place afin d’y remédier. Ceci est
notamment illustré par les propos de Jean-François Copé lors du débat du texte de la révision
constitutionnelle de 2008 devant le Congrès.

- On peut alors retrouver cette tendance parlementaire à travers la réforme constitutionnelle de 2008.
Effectivement, cette réforme, comme l’a exposé Nicolas Sarkozy, président de la République à l’époque,
avait comme l’un de ses axes majeurs, de redonner plus de pouvoirs au Parlement.La tendance de
reparlementarisation est donc une volonté générale et les réformes entreprises ont pour objectif de
retrouver un Parlement fort, quoique pas dominateur.

Finalement, dans un premier temps, Jean Gicquel affirme la limitation des pouvoirs du Parlement par la Constitution de
1958 afin de renforcer les capacités d’action du gouvernement. Il démontre ainsi que l’exécutif était devenu trop fort,
bloquant et empêchant toute rivalité du Parlement. La reparlementarisation est alors devenue la seule solution
convenable afin de rééquilibrer les institutions de la Vème République. Celle-ci se voit donc mise en place à travers la
réforme de 2008, instaurée par Nicolas Sarkozy.
Justement, cette dernière va permettre l’assouplissement du parlementarisme rationalisé introduit par la Constitution
et conduire à la redécouverte de la mission de contrôle du Parlement.

b) L’assouplissement du parlementarisme rationalisé engendrant la redécouverte de la mission


de contrôle du Parlement

“Le Parlement redécouvre sa mission de contrôleur de l’activité exécutive : sa seconde nature”

- Un des rôles essentiel du Parlement est “sa mission de contrôleur de l’activité exécutive”. En effet,
disposée par l’article 24 de la Constitution, cette notion de contrôle de l'exécutif correspond à
l'ensemble des procédures et moyens dont disposent les parlementaires pour analyser, surveiller, et
vérifier l'activité du gouvernement. Le Parlement agit alors au nom et dans l’intérêt du peuple. Il
s'assure que la politique et l’action du gouvernement sont efficaces et adaptées aux attentes des
citoyens. La finalité de ce contrôle est alors le bon fonctionnement des services publics et le bon usage
des dépenses publiques.

- Jean Gicquel décrit cette mission comme la seconde nature du Parlement. En effet, dans un premier
temps le Parlement détient le pouvoir législatif. De ce fait, dans un second temps, la Parlement bénéficie
de la mission la première se trouvant alors être le pouvoir législatif.

- Ainsi, la redécouverte de la mission de contrôle du Parlement s’instaure au travers de la réforme


constitutionnelle de 2008. Celle-ci a pour vocation de redéfinir les rôles respectifs du pouvoir exécutif et
du pouvoir législatif, notamment dans la fabrication de la loi mais aussi de renforcer la mission générale
de surveillance de l’action gouvernementale du Parlement, notamment par de nouvelles et plus
étendues prérogatives.
- La réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 a premièrement clarifié le rôle du Parlement, qui
auparavant n'était pas écrit. Désormais, le rôle de contrôle du gouvernement lui est désormais reconnu
explicitement.

“Un exemple récent l’atteste. L’idée avancée, en janvier 2008, de la notation des ministres par le premier d’entre
eux…”
- Ici, Jean Gicquel fait référence à l’évaluation demandée par François Fillon, Premier ministre de Nicolas
Sarkozy en 2008. Le chef du gouvernement voulait effectivement, rendre un bulletin individuel des
actions de chacun des ministres, ce avec une grille d’évaluation. Ce système d’évaluation, a pour objectif
de “noter les politiques pour, le cas échéant, redresser la situation quand une action, un engagement
n'est pas tenu" expliqua lui même, François Fillon.

- Ce pouvoir fait donc penser à un auto-contrôle du Gouvernement, permettant une plus grande
indépendance du Gouvernement par rapport au Parlement.

“... a été considérée, à bon droit, comme une provocation, une atteinte inacceptable à la prérogative parlementaire.”

- En effet, comme on l’a vu précédemment, la notion d’auto-contrôle renforce l’indépendance du


Gouvernement mais surtout, se montre être une attaque directe au pouvoir de contrôle du Parlement.

- La mission de contrôle du Gouvernement étant sa “seconde nature”, c’est ce qui permet au Parlement
d’exercer pleinement ses fonctions et de trouver sa place au sein des institutions. Ainsi, le
Gouvernement étant dorénavant capable de se contrôler seul, le Parlement perd de ses pouvoirs.

- Finalement, Jean Gicquel déclare qu’ “un exemple récent atteste” la redécouverte de la mission de
contrôle du Parlement. En effet, cette évaluation a été critiquée comme étant une atteinte à la
prérogative parlementaire. Ainsi, le fait que cette évaluation ait été considérée comme une atteinte aux
pouvoirs du Parlement montre que ce dernier s’était imposé et avait repris le contrôle de ses missions.

In fine, Jean Gicquel décrit dans un premier temps le phénomène d’un gouvernement devenu prépondérant sous la
Vème République, les pouvoirs du Parlement limités par la Constitution de 1958. Néanmoins, il démontre tout de même
la volonté unanime du rééquilibrage des pouvoirs publics en faveur du Parlement. Effectivement, il apparaît que le
Parlement redécouvre sa mission de contrôle et que les prises de pouvoirs du Gouvernement sont maintenant perçues
comme des atteintes à ceux du Parlement.

Aussi, Jean Gicquel concentre la notion de parlementarisation du régime autour de la notion de contrôle. En effet,
“seconde nature” du Parlement, ce pouvoir permet au Parlement de pouvoir renverser le Parlement. Il s’avère alors
important dans le processus de reparlementarisation.

2. Un pouvoir parlementaire qui s’affirme à travers un contrôle diversifié

La notion de contrôle étant au cœur du texte de Jean Gicquel, ce dernier s’est vu complètement rénové selon le juriste
français. Afin d’affirmer le pouvoir parlementaire et de desserrer l'emprise du parlementarisme rationalisé, Jean
Gicquel observe tout d’abord un élargissement du domaine du contrôle du Parlement (a). Ce dernier démontre
finalement l’affirmation du Parlement à travers la compétence confirmée pour l’évaluation des politiques publiques.
a) L'élargissement du domaine du contrôle du Parlement
“Contrôle? Une notion classique, qui n’en est pas moins polysémique.”

- Jean Gicquel s’attarde dans un second temps sur la notion de contrôle, redécouverte par le Parlement.
Ici, le juriste français commence par mettre en exergue l'ambiguïté dont la notion de contrôle peut être
sujette. En effet, la notion de contrôle, selon les juristes ou les politiques, peut prendre différentes
définitions. Ceci rend son application plus compliquée, cette dernière ne fera ainsi jamais l’unanimité.

“Ce réactif de la démocratie, selon la vision classique d’Alain, s’oppose à la législation.”

- Dans un premier temps, il définit la notion de contrôle comme un “réactif de la démocratie”.


Effectivement, le pouvoir de contrôle du Parlement est une fonction essentielle permettant la garantie
de la démocratie et l’équilibre des pouvoirs. Aussi, la mission de contrôle du Parlement assure la
permanence de la démocratie. On voit alors ici une prise de conscience de l’importance de ce pouvoir,
celui-ci s’affirmant.
- “La vision classique d’Alain” correspond à la vision d’Emile Auguste Chartier, philosophe du 20ème
siècle. Selon ce dernier, le peuple doit pouvoir contrôler la République.

- Cette notion de contrôle, quoique pouvant être interprétée de différentes manières, se montre
indispensable à la démocratie.

“En écho à l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, selon lequel la société a le droit
de demander compte à tout agent public de son administration, le gouvernement est appelé naturellement à
répondre de ses actes devant la représentation nationale.”

- L’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 expose le principe de la


responsabilité du gouvernement.
Ainsi, il fonde la légitimité de l’ensemble des contrôles financiers publics : contrôles juridictionnels,
contrôle politique, apurement administratif des comptes …
- Cet article est donc la base juridique de tout l’édifice des contrôles portant sur les finances publiques

“De ce point de vue, le contrôle lato sensu, on le sait, recouvre des procédures variées englobant la mise en jeu de la
responsabilité du gouvernement, les diverses activités informatives et le vote de résolution communautaire.”

- Jean Gicquel affirme ici la diversité des domaines du contrôle du Gouvernement par le Parlement. En
effet, comme le juriste l’exprime, la mission de contrôle prend des formes multiples, ce qui permet au
Parlement d’étendre ses capacités.

➔ “La mise en jeu de la responsabilité du gouvernement” : engagement de la responsabilité du


Gouvernement sur son programme ou sur une déclaration de politique générale (article 49
alinéa 1) nommé « question de confiance », dépôt d’une motion de censure à l’initiative des
députés (article 49 alinéa 2), engagement de la responsabilité du Gouvernement sur le vote
d’un texte (article 49 alinéa 3).

➔ “Les diverses activités informatives” : les procédures d’information sont les questions écrites,
publiées, avec les réponses au Journal officiel, les questions orales sans débat pour interroger
un ministre, les questions orales avec débat, les questions au Gouvernement, télévisées, sur
l’actualité.

➔ “Le vote de résolution communautaire”: ce vote, aussi prévu par la réforme du 23 juillet 2008,
la Constitution prévoit que « les assemblées parlementaires peuvent voter des résolutions dans
les conditions fixées par la loi organique » (article 34-1 alinéa 1). Une résolution est un acte par
lequel l’Assemblée émet un avis sur une question déterminée.

Finalement, le Parlement étend son pouvoir de contrôle du Gouvernement grâce à son élargissement de domaine.
Plusieurs procédures permettent ainsi au pouvoir de contrôle de fortifier et au Parlement de s’imposer face au
Gouvernement (sans le dominer pour autant). En effet, on peut reprendre Michel Ameller (membre du Conseil
constitutionnel de 1995 à 2004) qui, en 1964, estimait que “c’est à l’étendue de leurs moyens de contrôle que se
mesure aujourd’hui la force des assemblées parlementaires”.
En plus de cette diversification des procédures de contrôle, la réforme constitutionnelle de 2008 a aussi permis de
confirmer la compétence du Parlement quant à l’évaluation des politiques publiques.

b) Une compétence confirmée pour l’évaluation des politiques publiques

“À cet égard, le contrôle s’est ramifié, à la mesure de son caractère diversifié ; bref, sa finalité tend moins à mettre en
cause la responsabilité du gouvernement, par la perte de son pouvoir, qu’à influencer sa politique.”
- Jean Gicquel met en exergue les subdivisions qu’a connu le pouvoir de contrôle du Parlement grâce à la
réforme de 2008. Celui-ci est donc devenu plus étendu et le Parlement en a la totale jouissance.

- Aussi, Jean Gicquel démontre ici l’évolution du contrôle, celui-ci devenant plutôt une influence sur la
politique du Gouvernement, grâce à l’évaluation des politiques publiques. Cette mission voit alors son
but évoluer. En effet, le contrôle du Gouvernement devient alors plutôt un outil permettant de remettre
en cause la politique du Gouvernement, en modulant les textes et évaluant les politiques publiques.
Ainsi, le Parlement ne vote plus uniquement un texte mais l’évalue et le remet en cause.

“Il s’ensuit la translation d’un contrôle passéiste à un contrôle futuriste, ordonné autour de l’évaluation des politiques
publiques, en vue de satisfaire l’efficacité du travail parlementaire”

- Jean Gicquel évoque ici la translation d’un contrôle passéiste à un contrôle futuriste. En effet, la notion
de contrôle du Parlement se voit renforcée, le cœur de ce contrôle évoluant. Désormais, selon l’article
24 de la Constitution, le Parlement « évalue » les politiques publiques.

- La réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 a premièrement clarifié le rôle du Parlement, qui


auparavant n'était pas écrit. En effet, cette fonction d’évaluation des politiques publiques
n’était pas réellement désignée dans la Constitution. Ce rôle était mentionné d'une manière
dispersée, comme dans les lois de finances (article 47), les lois de financement de la Sécurité
sociale (article 47-1) ou dans l’article relatif à la fixation de l’ordre du jour (article. 48).
Désormais, un rôle de contrôle du gouvernement et d'évaluation des politiques publiques lui est
reconnu explicitement.

- Cette confirmation de l’évaluation des politiques publiques est plus qu’une reconnaissance d’une
mission traditionnelle de tout parlement, il s’agit alors ici d’une invitation à l’action. Ainsi, Jean Gicquel
met en avant l’évolution que permet la prérogative d'évaluation des politiques publiques du
Gouvernement par le Parlement, les pouvoirs du Parlement se renouvelant.

- On peut tout de même remarquer que les chambres parlementaires n’ont pas attendu 2008
avant de reconnaître ce pouvoir d’évaluation des politiques publiques. Depuis la fin des années
1990, la commission des finances de l’Assemblée nationale avait créé une mission d’évaluation
et de contrôle. Néanmoins, cet article de la Constitution, revu par la réforme, fournit désormais
un socle juridique devant servir au développement futur de cette mission par le Parlement.

- Ainsi, à travers la révision de juillet 2008, le phénomène de reparlementarisation a permis de redorer le


blason du Parlement. Néanmoins, si ce dernier ne semble plus aussi soumis qu’auparavant, il est
important de constater que celui ne devient pas un souverain. Cette reparlementarisation n’a pas pour
autant, limité la prééminence de l’exécutif mais a permis un véritable rééquilibrage des institutions.

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