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DROIT CONSTITUTIONNEL

France = « championne du monde » des régimes constitutionnels


Depuis 1789 : France a connu + de 15 constitutions et + de 15 régimes
DONC est ce qu’on est dans un régime de rupture
 OUI :
o La recherche d’un nouvel équilibre des pouvoirs
o Un régime dicté avant tout par une certaine forme de pragmatisme
 NON :
o Elle reste fidèle aux principes constit qui ont traversé tous les régimes

Il y a 4 grands principes :
 La forme unitaire de l’état : une République indivisible (ART 1 de la Constit 1958)
 Fondement sur la séparation des pouvoirs (Montesquieu)
 La protection des droits fondamentaux de la personne (DDHC ou Charte de
l’environnement)
 Une souveraineté qui appartient au peuple qui l’exerce par la voie de ses
représentants

Pourquoi la 5e Rép est née ?


Pourquoi la 4e Rép est morte alors que c’était un régime parlementaire, démocratique
Surtout car il n’y a pas de majorité parlementaire  donc ingouvernabilité

Raison interne de l’instabilité gouvernementale : il dure peu de temps

Histoire :
- Un fond de crises coloniale : bombardement de Sakiet Sidi Youssef en Tunisie le 8
février 1958
- Chute du gouvernement Félix Gaillard le 14 avril 1958 (nomination de Pierre Pflimlin
le 9 mai 1958 : peine à former un nouveau gouv)
- Les évènements

Charles de Gaulle = président du Conseil


- Il demande les pleins : réunion du pouvoir exécutif (pouvoir de gouverner) et
d’intervention dans le domaine législatif
- Il sollicite l’autorisation de l’Ass nationale de la 4e Rép l’autorisation de réviser la
Constit
Paradoxale CAR il est nommé et demande la révision pour changer de Rép et en faire
une 5e

Le 1 juin il demande à la 4e Rép de se saborder


Il l’obtient le lendemain (2 juin) avec le vote de confiance de l’Ass avec une majorité faible
Mais la conséq directe de ce vote = cessation de l’activité de l’Ass nationale le 3 juin
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2 commentaires :
- Ça ressemble à un coup d’état organisé et encadré par la Constit (vu l’analyse des
faits)
- La 4e rép est morte d’elle-même car n’a pas su se réformer et se réviser (paradowe :
c’est la 4e Rép qui donne naissance à la 5e Rép  normalement une Rép meurt et on
en fait une nouvelle

La constit de 1958 : comment est-elle construite et adoptée ?


- Le processus constituant = unique  il n’y a pas de modèle type
- En 1958 : le processus s’est fait dans une période tellement instable que la
construction est unique
Elle est :
- Pensée par des techniciens du droit
- Corrigée par des politiciens
- Fignolée par des hauts fonctionnaires
- Adoptée par le peuple français
On devait résoudre une crise et on l’a fait en rédigeant une nouvelle Constit

CDG veut concilier 2 aspects :


- Mettre en œuvre sa perception de l’orga des pouv publics et de l’État en général
(discours de Bailleux où il dit ce que serait pour lui la Constit idéale et le régime
politique qu’il veut mettre en place)
- Répondre à une situation concrète qui dépasse l’aspect constit (la Constit c’est un
moyen au service de la résolution de la crise algérienne)

Discours de Bailleux :
Il rejette le régime parlementaire
Le président = patron // 1er ministre = collaborateur

4 points :
- Restauration de l’autorité de l’État : sa capacité à faire appliquer les politiques
décidées
- Un chef d’état fort : élu légitimement par un collège élargi, c’est un arbitre des conflits
entre les pouvoirs, un garant de l’indépendance nationale, une autorité en cas de
crise ou circonstances exceptionnelles, il est l’élément fort de l’exécutif, il nomme le
1er ministre
- Réaffirmation d’un parlement bicaméral mais inégalitaire (chambre de décision et
réflexion) MAIS il donne un rôle prépondérant à l’Ass nationale
- Un encadrement du rôle des partis politiques : il les considère comme responsables
du dévoiement de la 4e Rép (il oppose les intérêts partisans à l’intérêt général que le
président incarne)
On retrouve ces idées dans le texte de la 5e Rép
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La mise en œuvre des idées : l’apport de Michel Debré (juriste en accord avec CDG)
Il a un rôle d’opérationnaliser les idées DONC quand on parle à l’architecte de la 5e Rép il faut
aussi le nommer
Il veut rationnaliser le régime mis en place par la Constit : réaliser des mécanismes qui
empêchent les blocages (texte à visée pragmatique avec perception opérationnelle qui évite
les considérations théoriques mais répond à une nécessité)

Les principes classiques liant le pouvoir constituant :


- Le suffrage universel comme seule source du pouvoir (principe de l’élection)
- La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire)
- La responsabilité du gouv (nommé)
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Leçon n°1 – Les origines de la Constitution de la Vème République

Introduction

La France : « Championne du monde » des régimes constitutionnels ? Depuis 1789, plus de


15 constitutions et plus de 15 régimes politiques...
La Vème République : une rupture dans le droit constitutionnel français ? Oui et Non !

 Oui : un régime politique inédit en France fondé sur la recherche d’efficacité


 Non : un régime politique qui s’inspire largement de principes permanents du droit
constitutionnel français
 Oui : Pour quelles raisons a-t-on qualifié le régime de la Vème République de
rupture ?
Deux raisons majeures :
o La recherche d’un nouvel équilibre des pouvoirs
o Un régime dicté avant tout par une certaine forme de pragmatisme
 Non : Pour quelles raisons la Vème République s’inscrit-elle dans la continuité de
notre histoire constitutionnelle ?
o Parce qu’elle demeure fidèle aux principes constitutionnels qui ont traversé
tous les régimes politiques français

Les principes de la continuité constitutionnelle française

 Quatre grands principes demeurent (jusqu’à aujourd’hui...)


o La forme unitaire de l’État : La France est une République indivisible (art. 1 de
la Constitution française)
o Le régime politique français est fondé sur la séparation des pouvoirs
(Montesquieu)
o La protection des droits fondamentaux de la personne : de la Déclaration des
droits de l’Homme de 1789 à la Charte de l’environnement de 2004
o Une souveraineté qui appartient au peuple qui l’exerce par la voie de ses
représentants.

Les origines de la Vème République

 Situation assez classique : une - ou plutôt des - crises politiques entrainent un


changement de Constitution
 Pourquoi la IVème République est-elle morte alors qu’il s’agissait d’un régime
ème
parlementaire, démocratique, né après la 2 Guerre mondiale et un symbole du
rejet des totalitarismes ?
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o Les raisons internes : incapacité de la Constitution de la IVème République à


mettre en place des institutions stables
o Les raisons externes : la principale est l’incapacité de la IVème République à
gérer les crises successives de décolonisation

Les faits

 Un fond de crise coloniale : Bombardement de Sakiet Sidi Youssef en Tunisie le 8


février 1958
 Chute du gouvernement Félix Gaillard le 14 avril 1958 : (nomination de Pierre Pflimlin
le 9 mai 1958 : peine à former un nouveau gouvernement)
 Les évènements du 13 mai 1958 : des émeutiers prennent d’assaut le gouvernement
général à Alger
 L’appel à « l’homme providentiel » Ch. De Gaulle perçu par les différentes parties
comme l’homme de la situation
 René Coty, Président de la République, fait appel à Ch. De Gaulle le29maipourdevenir
Président du Conseil
er
 Ch. de Gaulle accepte et demande l’investiture devant l’Assemblée nationale le 1
juin 1958

La demande de Ch. De Gaulle ... acceptée !

 Ch. de Gaulle, Président du Conseil :


o Demande les pleins pouvoirs (réunion du pouvoir exécutif (pouvoir de
gouverner) et d’intervention dans le domaine législatif)
o Sollicite l’autorisation de l’Assemblée nationale de réviser la Constitution
o Il obtient la confiance de l’Assemblée et donc ce qu’il demande le 2 juin 1958 :
329 voix contre 224, (confortable mais pas un raz-de-marée)
o L’Assemblée nationale cesse de siéger le 3 juin 1958
 Deux commentaires :
o Ceci ressemble fort à un coup d’État organisé et encadré par la Constitution
o La IVème République est morte de son incapacité à gérer les crises
gouvernementales successives et le changement de constitution va se
produire alors que la IVème République continue d’exister

Section 1. Le processus constituant de 1958 : la rédaction

 Un processus constituant toujours une aventure unique : Le processus de 1958 n’y


fait pas exception !
 Il s’agit d’une Constitution :
o Pensée par des techniciens du droit
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o Corrigée par des politiciens


o Fignolée par des hauts -fonctionnaires
o Adoptée par le peuple français
 Ch. De Gaulle cherche à concilier deux aspects :
o Mettre en œuvre sa perception de l’organisation des pouvoirs publics et de
l’État en général ;
o Répondre à une situation concrète qui dépasse le seul aspect constitutionnel
et juridique de son investiture

L’inspiration du Discours de Bayeux du 16 juin 1946

 Les principes en sont les suivants :


o L’autorité de l’État : il faut la restaurer (surtout dans la crise coloniale)
o Un chef d’État fort : le plus légitime possible, placé au-dessus de la mêlée des
partis ; un arbitre des conflits entre les pouvoirs ; un garant de l’indépendance
nationale ; une autorité en cas de crise ou de circonstances exceptionnelles...
Au sein de l’exécutif (du couple exécutif) il sera l’élément fort. Il nommera le
1er ministre
o Une réaffirmation d’un Parlement bicaméral inégalitaire : une chambre de
décision et une chambre de réflexion (pas vraiment le Sénat)
o Un encadrement du rôle des partis politiques : Ch. De Gaulle les considère
ème
comme responsables du dévoiement de la IV République (défenseurs des
intérêts partisans opposés à l’intérêt général)

La mise en œuvre des idées : l’apport de Michel Debré

 Ch. De Gaulle vas s’adjoindre un juriste qui deviendra son ministre de la Justice en la
personne de Michel Debré, un technicien du droit
 M. Debré : sur la même ligne de pensée et d’action que Ch. De Gaulle mais possède
une perception opérationnelle de ce que doit être la Constitution
 Va transformer les principes généraux voulus par Ch. de Gaulle en principes
opérationnels
o Parlera de « monarque républicain » en parlant du chef de l’État
o Souhaitera également « rationaliser » la Constitution
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§1 – le cahier des charges : la loi constitutionnelle du 3 juin 1958 : le texte

Le Gouvernement de la République établit un projet de loi constitutionnelle mettant en


œuvre les principes ci-après :

o 1° Seul le suffrage universel est la source du pouvoir. C’est du suffrage universel ou


des instances élues par lui que dérivent le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ;
o 2° Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés de
façon que le Gouvernement et le Parlement assument chacun pour sa part et sous sa
responsabilité la plénitude de leurs attributions ;
o 3° Le Gouvernement doit être responsable devant le Parlement ;
o 4° L’autorité judiciaire doit demeurer indépendante pour être à même d’assurer le
respect des libertés essentielles telles qu’elles sont définies par le préambule de la
Constitution de 1946 et par la Déclaration des droits de l’homme à laquelle il se
réfère ;
o 5° La Constitution doit permettre d’organiser les rapports de la République avec les
peuples qui lui sont associés

Les principes classiques liant le pouvoir constituant

1. Le suffrage universel comme seule source du pouvoir (Principe de l’élection)


2. La séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)
3. La responsabilité du gouvernement (nommé) devant le Parlement (élu)
4. L’indépendance de l’autorité judiciaire
5. L’organisation du processus de décolonisation (la Communauté et les peuples
associés)

 Double caractéristique :
1. Permanence de ces principes
2. Permettent des combinaisons multiples en termes de choix constitutionnels

§ 2 – La procédure d’élaboration de la Constitution de 1958

Texte de la deuxième partie de la loi constitutionnelle du 3 juin 1958 :

1. Pour établir le projet, le Gouvernement recueille l’avis d’un comité consultatif ou


siègent notamment des membres du Parlement désignés par les commissions
compétentes de l’Assemblée nationale et du Conseil de la République. Le nombre des
membres du comité consultatif désignés par chacune des commissions est au moins
égal au tiers du nombre des membres de ces commissions ; le nombre total des
membres du comité consultatif désignés par les commissions est égal aux deux tiers
des membres du comité.
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2. Le projet de loi arrêté en Conseil des ministres, après avis du Conseil d’État, est
soumis au référendum. La loi constitutionnelle portant révision de la Constitution est
promulguée par le Président de la République dans les huit jours de son adoption.

La procédure décrite permet de déceler trois étapes

1. L’initiation : gouvernement chargé d’établir un avant- projet de Constitution (texte


préparatoire pour le comité consultatif) - deux grandes caractéristiques :
o Doit être conforme aux exigences de la loi constitutionnelle du 3 juin 1958
o Rédigé par le gouvernement sous la houlette de Michel Debré, mais
également d’un groupe de travail (acteur clef dans l’architecture qui sera
proposée) composé de hauts-fonctionnaires
o
2. La négociation : le Comité consultatif constitutionnel : composé de 39 membres dont
26 parlementaires (16 l’Assemblée nationale et 10 (CR) Sénat) et 13 personnalités
qualifiées nommées par le gouvernement : adoucit certains aspects du projet mais
conserve l’équilibre que le gouvernement avait voulu

3. L’approbation : présentation du projet en Conseil d’État suivi d’une approbation
définitive en Conseil des ministres le 3 septembre 1958 ; campagne référendaire au
mois de septembre avant de se conclure par le vote le 29 septembre 1958

Section 2. L’adoption de la Constitution de 1958

 Projet de Constitution est approuvé le 29 septembre 1958 large majorité de près de


80% (79,25% - 17, 5 millions de Oui, 4,6 millions de non et 4 millions d’abstentions en
métropole)
 Constitution sera promulguée le 4 octobre 1958 (elle porte encore ce titre
aujoourd’hui)
 Entrera en vigueur progressivement notamment avec :
o L’élection du Chef de l’État (le Président) au suffrage universel indirect en
décembre 1958
o La nomination d’un nouveau gouvernement en janvier 1959 présidé par le
nouveau 1er ministre Michel Debré

Caractéristiques et commentaires

 Il faut souligner l’extrême rapidité d’adoption du texte (4 mois)


 Constitution n’a pas brillé par son caractère « ouvert et démocratique » ...mais ce
n’est pas ce que la population demandait
 Objectif : répondre à une situation de crise par une constitution de crise
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 Une constitution de circonstances, une constitution provisoire ?


o Partiellement vrai si l’on se place du point de vue du contenu de certains
articles de la Constitution
o Jeu politique de l’époque imposait une certaine prudence
o La Constitution de 1958 répond à la crise de la Constitution de 1946
o Caractéristique qui s’estompera avec les révisions successives qu’elle
connaîtra jusqu’à nos jours
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Leçon 2 : L’architecture de la Constitution de la Vème


République Présentation, modifications et évolutions

Introduction

 Singularité du droit constitutionnel français et de la Constitution de la Vème


République rend difficile sa compréhension par un juriste étranger ? Vrai et faux à la
fois !
o Première demi-vérité : la Constitution de 1958 est souvent décrite comme
l’œuvre de ses deux pères fondateurs – de Gaulle et Debré – comme si le
texte était leur œuvre
o Deuxième demi-vérité : la Constitution de 1958 prend le contrepied de la
Constitution de la IVème République qu’elle rejette comme un texte
inacceptable...
o Troisième demi-vérité : la Constitution de 1958 a été spécifiquement taillée
pour Ch. de Gaulle qui en a fait un instrument à sa mesure

Une autre facette de la Constitution de la Vème République...

 Constitution 1958 s’est révélée une particulière souplesse et s’est adaptée en plus de
60 ans à toutes les formes d’exercice du pouvoir
o Elle a fait preuve d’une extrême longévité
o Elle a survécu à toutes les formes exercice du pouvoir
 Texte constitutionnel a lui-même évolué à de nombreuses reprises (24 fois)
 Capacité d’évolution et de respiration de la Constitution représente des explications
clé de la longévité de la Ve République

1. Les caractéristiques générales de la Constitution de 1958 Exposé d’ensemble

 Une constitution se compose toujours au minimum :


o D’un régime politique
o D’institutions (constitutionnelles)
o De relations entre ces institutions
 Vème République correspond à ce schéma :
o Composée (dans son texte principal) de 96 articles (pas très long) répartis en
16 titres
o Enrichie de plusieurs autres textes qui lui sont antérieurs ou postérieurs :
o La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen,
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o Le préambule de la Constitution de 1946


o La Charte de l’environnement de 2005 (adoptée en 2004 et
constitutionnalisée en 2005)

A. Les symboles de la Constitution de la Vème République

Article 2 de la Constitution de 1958 : La langue de la République est le français. L'emblème


national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est la "Marseillaise".
La devise de la République est "Liberté, Égalité, Fraternité". Son principe est : gouvernement
du peuple, par le peuple et pour le peuple

 Ces symboles sont :


o Le drapeau (bleu, blanc, rouge)
o L’hymne national (La marseillaise)
o La devise républicaine (Liberté, égalité, fraternité)
o La langue : le français
o
 Ils se constatent plus qu’ils ne s’expliquent !
 Participent également ce que l’on appelle l’identité constitutionnelle de la France.
 Restés assez longtemps en sommeil jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel y fasse
référence
o Ex. la fraternité : décision (2018-717/718 QPC) du 6 juillet 2018 M. Cédric H

B. Les principes républicains

 La France est une République et la Constitution de 1958 le réaffirme


 Les principes républicains renvoient à la même idée développée précédemment
d’identité constitutionnelle de la France mais correspondent à des notions plus
juridiques
 Ces principes sont au nombre de 7 :
o La souveraineté
o La démocratie
o L’égalité (que l’on retrouve ici en tant que principe)
o La laïcité
o Le caractère social de la République
o L’indivisibilité
o La décentralisation

1. La souveraineté
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 Principe de souveraineté signifie que « son titulaire bénéficie d’un pouvoir qui
l’emporte sur tous les autres »
 Souveraineté en droit signifie une liberté de choisir, de prendre des décisions sans
être soumis à un pouvoir supérieur ou une autorité supérieure pouvant l’en
empêcher
 Peut concerner différents champs ou branches du droit : souveraineté étatique,
souveraineté populaire...
 Constitution de 1958 fait appel à cette notion de souveraineté à plusieurs reprises
dans le texte :

Préambule de la Constitution de 1958 : Le Peuple français proclame solennellement son


attachement aux Droits de l'Homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils
sont définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la
Constitution de 1946

Article 3 : La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants
et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en
attribuer l'exercice

 Souvent évoquée dans les décisions du Conseil constitutionnel qui protège conditions
essentielles d’exercice de la souveraineté »
 Vise les services régaliens essentiels de l’État : la justice, la police, l’armée, la
monnaie, le contrôle des frontières...
 En pratique : ce principe a connu des aménagements
o Tendance s’est renforcée avec le développement de la construction
européenne
o Participation de la France à certaines organisations internationales
o Principe républicain fondamental dont l’interprétation s’est assouplie au fil
des nécessités (politiques nationales et internationales)

2. La démocratie

 Système constitutionnel français fait référence au caractère démocratique de la


République française
 Principe envisagée dans sa formulation initiale en tant que :
o Principe (article 2 - de la Constitution : le gouvernement du peuple, par le
peuple et pour le peuple...)
o Dans ses modalités de mise en œuvre (la démocratie du peuple qui l’exerce
par la voie du référendum ou de ses représentants)
 Principe implique l’impossibilité de changer de modèle politique
 Reste cependant assez flou dans ce qu’il implique comme limite constitutionnelle
 Dans le texte de la Constitution de 1958, la place du peuple est plus que limitée
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3. L’égalité

 Principe d’égalité peut être détecté à plusieurs reprises dans le texte constitutionnel
 Pendant de la liberté et de la fraternité, l’égalité semble davantage mise en avant
 Raisons historiques : Constitution proclame l’égalité de tous les citoyens sans
distinction d’origine, de race ou de religion
 Dispositions à relier avec le Préambule de la Constitution de 1946 faisant « référence
aux droits économiques et sociaux »
 Semble jouir une place particulière même si dans sa mise en œuvre, elle souffre de
nombreuses difficultés en termes d’aboutissement !

4. La laïcité

 Signifie que l’État reste neutre par rapport aux croyances (Art. 1 - La République est
laïque, elle respecte toutes les croyances)
 Constitution française estime que la religion est une affaire privée. L’État n’en
reconnait aucune mais il les protège toutes !
 Principe est un trait caractéristique de la Constitution de 1958 qui a intégré la laïcité
en tant que principe constitutionnel (mais le principe est ancré dans le système
juridique depuis la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’État)
 La France fait de la laïcité un principe républicain ce que nombre d’autres
constitutions républicaines ne font pas
 Principe éprouvé lorsque certaines personnes ont ostensiblement porté des signes
distinctifs religieux dans l’espace public
 Les institutions constitutionnelles ont admis des limitations au port ostentatoire
d’insignes religieux au nom du principe de laïcité

5. Le caractère « social » de la République

 Figure à l’article 1er de la Constitution : la France est une république sociale


 Signifie concrètement que le régime politique français doit protéger les droits sociaux
(notamment ceux inclus dans le Préambule de la Constitution de 1946)
 Destinés à obliger les autorités publiques constitutionnelles à développer un
programme social
 Ce principe oblige les autorités publiques à fournir des prestations et leur impose
donc des obligations positives

6. L’indivisibilité de la République
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 Principe d’indivisibilité vise en réalité trois aspects ou trois « types » d’indivisibilité :


o L’indivisibilité du territoire
o L’indivisibilité des règles juridiques qui s’appliquent
o L’indivisibilité du peuple français

L’indivisibilité du territoire

 L’indivisibilité du territoire se rattache à l’idée d’incessibilité du territoire


o Signifie qu’elle ne peut pas céder une partie de son territoire
o Examen même sommaire de l’histoire constitutionnelle de la Vème
République démontre que certaines revendications d’indépendance ont été
satisfaites par le passé
 Constituant de 1958 : bonne idée (article 53 de la Constitution) de prévoir une
disposition sur l’autodétermination : autorise à la suite d’un référendum à accepter la
sécession
 Entaille au principe d’invisibilité qui peut cependant se comprendre compte tenu du
passé colonial de la France. L’Algérie (1962) Les Comores (1976), demain peut-être la
Nouvelle-Calédonie (après les référendums de 1998, de 2018 et de 2020)

L’indivisibilité des règles juridiques

 Idée simple : partout sur le territoire français, les règles de droit sont les mêmes
 Affirmation globalement exacte si l’on considère nombre de lois et mêmes de
règlements mais le principe a subi des entorses et aménagements
 Principe de décentralisation (2003) : repose sur l’idée d’une règle adaptée aux
territoires et donc d’une possible différence d’application dans la règle de droit
 Existence et reconnaissance de territoires français ultra-marins (l’outre-mer) : ont
toujours bénéficié d’un régime dérogatoire justifié par sa situation spécifique

L’indivisibilité du peuple français

 Considéré comme un principe fondamental : la Constitution ne reconnait qu’un seul


peuple : le peuple français ! Unité nationale
 Conséquence du principe d’indivisibilité du peuple : la France refuse de reconnaitre
une mosaïque de peuples comme c’est le cas dans certains États
 Rejette toute idée de communautarisme
 Illustration : le juge constitutionnel (le Conseil constitutionnel) a refusé en 1991 de
consacrer dans une loi l’idée d’un peuple corse, composante du peuple français
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7. La décentralisation

 Dernier principe général caractéristique de la Constitution française : principe


nouvellement venu révision constitutionnelle de 2003
 Décentralisation a d’abord été administrative avant d’être constitutionnelle
 Fondement : nécessité d’adaptation des règles applicables, des objectifs à atteindre
qui tienne compte de la diversité des territoires et qui puissent donc faire l’objet
d’une adaptation
 Décentralisation : mode de fonctionnement ou d’administration autonome dans la
mise en œuvre des règles nationales mais non une forme de partage du pouvoir au
sein de l’État
 En pratique, certaines formes de décentralisation peuvent apparaître plus politiques
qu’administratives

C. Les caractéristiques de fonctionnement de la Vème République

 Texte constitutionnel façonne une architecture générale, son fonctionnement révèle


ensuite la véritable manière dont il fonctionne :
 Analyse des principales caractéristiques : place et rôle de chacun des trois pouvoirs :
o Exécutif
o Législatif
o Juridictionnel

1. Le pouvoir exécutif

 Président de la République : grand gagnant de ce cette redistribution des cartes


opérées par la Constitution de la Vème République - Ressort de la Constitution mais
surtout de la pratique
 Deux raisons :
o La désignation du Président de la République : en 1958, le Président est élu
par un collège de grands électeurs élargi. A partir de 1962, il sera élu au
suffrage universel direct, ce qui renforcera sa légitimité.
o Les pouvoirs octroyés au Président de la République sont renforcés et celui-ci
dispose d’un pouvoir propre, c’est-à-dire qu’il exerce seul et sans contreseing
o Premier ministre à la lecture de la Constitution dispose de pouvoirs
importants (« détermine et conduit la politique de la Nation »)
o Premier ministre reste dans le sillage du Président de la République sauf en
période de cohabitation
o Exécutif reste renforcé quelle que soit la situation

2. Le pouvoir législatif
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 Parlement ; statut modifié et perte de prééminence sous la Vème République


 Ne peut pas révoquer le Président de la République
 Prérogatives largement amenuisées comparées aux IIIème et IVème Républiques
o Perd le monopole d’élaboration de la loi qui est partagée avec le peuple
o Perd également le privilège du monopole d’intervention de la loi dans tous les
domaines
o Souveraineté de la loi également remise en cause par le développement du
contrôle de constitutionnalité des lois
o Procédure parlementaire également largement rationalisée au profit de
l’exécutif
o Disparition de l’investiture du gouvernement par l’Assemblée nationale
o Président de la République plus élu par le Parlement
 Rupture avec les régimes parlementaires précédents

3. L’autorité judiciaire

 Officiellement baptisée « autorité » et non « pouvoir » !


 Statut constitutionnel des juridictions : pas une révolution majeure
 Novation majeure : la création d’un « juge de la loi » : le Conseil constitutionnel
 Nouveauté n’apparaît guère au départ révolutionnaire : conditions de saisine limitées
à l’origine
 Conseil constitutionnel s’est vu également chargé de protéger les prérogatives du
Gouvernement (domaine du règlement)
 Développement progressif mais continu du contrôle juridictionnel des lois (révision
constitutionnelle de 2008 Question Prioritaire de Constitutionnalité)

2. L’évolution de la Vème République et des rapports de force de 1958 à aujourd’hui

 Deux raisons majeures par lesquelles un système évolue :


o Raison technique (juridique) : capacité de révision de la Constitution
o Raison politique, voire sociologique ou psychologique : la vie politique qui
fait fonctionner et évoluer ce système constitutionnel

A. La procédure de révision de la Constitution de 1958 Article 89

L'initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la


République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement.
Le projet ou la proposition de révision doit être examiné dans les conditions de délai fixées
au troisième alinéa de l'article 42 et voté par les deux assemblées en termes identiques. La
révision est définitive après avoir été approuvée par référendum. Toutefois, le projet de
révision n'est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le
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soumettre au Parlement convoqué en Congrès ; dans ce cas, le projet de révision n'est


approuvé que s'il réunit la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Le bureau
du Congrès est celui de l'Assemblée nationale. Aucune procédure de révision ne peut être
engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du territoire.
La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.

1. Analyse du texte de l’article 89 (procédure de révision de la Constitution)

a. L’initiative

 Initiative appartient concurremment au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif


 Le pouvoir législatif : Parlement peut prendre l’initiative de la révision :
o Tout parlementaire français peut initier une proposition de loi
constitutionnelle
o Simple en théorie, plus complexe en pratique ! À ce jour aucune n’a abouti...
 Le pouvoir exécutif : initiative appartient - dans le texte au Premier ministre - mais
doit être approuvée par le Président de la République
o Se concrétise par un projet de loi constitutionnelle (on emploie ici le terme
projet)
o Initiative peut parfois être déséquilibrée en faveur de l’une ou l’autre des
têtes de l’exécutif
o Il faut qu’il y ait accord des deux têtes de l’exécutif pour que le projet de loi
constitutionnelle puisse voir le jour
o Toutes les révisions constitutionnelles depuis 1958 sont le résultat d’une
initiative de l’exécutif

b. La procédure

 Comporte deux voies d’adoption définitive : une phase commune (la phase
d’élaboration et de discussion puis d’adoption par les deux chambres du Parlement)
et une phase spécifique (d’adoption définitive)
o Phase commune : quelle que soit l’origine du texte et son contenu, la phase
initiale d’adoption d’une révision constitutionnelle commence par une
discussion et une adoption du texte en termes identiques par chacune des
deux chambres (A.N et Sénat)

Choix de la phase finale :

o Voie normale d’adoption : un référendum (seul le Peuple dispose du pouvoir


constituant originaire et qu’il est le seul à pouvoir « défaire ce qu’il a fait »)
18

o Voie simplifiée : adoption finale présentée devant le Congrès (réunion de


l’Assemblée nationale et du Sénat) qui doit l’approuver par une majorité des
3/5

2. Remarques sur la procédure d’adoption simplifiée de l’article 89

 On qualifie ce pouvoir constituant de pouvoir constituant dérivé


 De nombreuses constitutions ont recours à un tel mécanisme. Pourquoi ? Plusieurs
raisons peuvent l’expliquer :
o Raisons techniques : toutes les révisions ne sont pas d’égale importance.
Certaines sont d’ordre fondamental, d’autres d’ordre technique
o Raisons politiques : au-delà même de la modification du texte, la révision de
la Constitution fait partie de sa (sur)vie démocratique. Un équilibre peut être
atteint à un moment de l’existence de la Constitution et ne plus l’être
plusieurs décennies plus tard
 Constitution de 1958 : les révisions constitutionnelles successives (une seule a été
adoptée par référendum suivant les modalités prescrites par l’article 89) ont modifié
la physionomie initiale du régime mais n’ont pas radicalement bouleversé son
équilibre

c. Les limites imposées par l’article 89

 Deux derniers alinéas de l’article 89 posent les « clauses d’éternité » (= dispositions


qu’il est interdit de réviser)
o Une révision en atteinte à l’intégrité du territoire (indivisibilité)
o Une révision en atteinte à la forme républicaine du gouvernement
 Limite de ces clauses : n’a pas empêché les anciennes colonies françaises de devenir
des États libres et indépendants

B. Réflexions sur les révisions de la Constitution de 1958 au regard de l’article 89

1.. Considérations générales

 Certaines constitutions étrangères ont introduit l’obligation d’obtenir des majorités


renforcées pour modifier certaines clauses de la Constitution
o Exemple : articles protégeant les droits et libertés fondamentaux pourraient
nécessiter une majorité renforcée en raison de l’importance que revêtent ces
dispositions
 Majorité renforcée (majorité qualifiée 2/3, 3⁄4)
 Système français actuel de l’article 89 est relativement souple (3/5 cela fait 60% et
pour tout type de révision)
19

 Si un pouvoir fort venait à être élu disposant à lui seul d’une majorité de ce type,
n’importe quelle révision pourrait être envisagée tout en respectant la procédure de
révision (v. la situation en Hongrie par exemple)
 Système français souple mais pas exempt de dangers

2. Cas particulier : le recours à l’article 11 de la Constitution de 1958 pour réviser la


Constitution

 Situation particulière à l’origine de l’emploi d’une procédure inédite de révision sous


la Vème République :
 Article 89 constitue la procédure imaginée en 1958 pour réviser la Constitution. Elle
est claire et reste assez classique
 En revanche à deux reprises, en 1962 et 1969, Ch. De Gaulle s’est servi de l’article 11
de la Constitution de 1958 pour faire approuver par référendum et directement par
le corps électoral des réformes constitutionnelles

 Premier recours à l’article 11 de la Constitution = réviser la Constitution sur la
modification du mode de suffrage pour l’élection du Président de la République (du
suffrage universel indirect au suffrage universel direct)
 Second recours à l’article 11 de la Constitution = sur la réforme de la régionalisation
- transformation du rôle du Sénat

1. Le contenu de l’article 11 (à l’époque)

Article 11 (version 1958-1995)

Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des


sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut
soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics,
comportant approbation d'un accord de Communauté ou tendant à autoriser la ratification
d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le
fonctionnement des institutions. Lorsque le référendum a conclu à l'adoption du projet, le
Président de la République le promulgue dans le délai prévu à l'article précédent.

Analyse

 Lecture rapide du texte : différence majeure entre le texte de l’article 89 et celui de


l’article 11 repose sur l’absence d’accord préalable du Parlement lorsque le
Président de la République veut organiser un référendum sur le fondement de
l’article 11 de la Constitution
 Lecture plus analytique du texte de l’article 11 de l’époque révèle plusieurs
caractéristiques :
o L’article 11 vise à faire adopter un texte par référendum (projet de loi)
20

o Il concerne des matières déterminées :


- L’approbation d’un accord de communauté (disparu)

- La ratification d’un traité qui aurait des incidences sur le fonctionnement des
institutions sans être contraire à la Constitution,

- L’organisation des pouvoirs publics

o Il peut intervenir sur proposition du gouvernement ou sur proposition


conjointe des deux assemblées

Commentaires

 Pour certains juristes : l’article 89 est vu comme la procédure de stabilité et


d’équilibre car elle subordonne toute révision à l’accord du Parlement et du gouv
alors que l’article 11 trahit tout ça car il permet à l’exécutif de faire réviser la
Constit en dépit de l’hostilité des Chambres
 Référendum de l’article 11 ne précise pas sa valeur normative: référendum
constitutionnel ou référendum législatif ? Texte ne le dit pas. Possibilité toutefois
déduire de la structure de la Constitution que l’article 89 (référendum constituant),
référendum article 11 (référendum législatif). Interprétation non-retenue par les
révisions constitutionnelles proposées en 1962 et 1969 sur le fondement de l’article
11
 Le référendum ne pouvait à l’époque porter que sur un nombre limité de matières
dont l’organisation des pouvoirs publics. Il existait donc une certaine logique dans le
choix de cette procédure pour justifier le recours au référendum mais pas
d’indication d’un référendum constitutionnel
 Procédure de l’article 11 permet aux Assemblées de proposer un référendum au
Président de la République mais Président de la République n’a nullement besoin du
Parlement pour imposer un référendum. Il reste maître de cette procédure dès lors
que le Gouvernement (et notamment le Premier ministre) sont issus de la même
majorité.

b. La pratique du recours à l’article 11 pour réviser la Constitution

 Recours à l’article 11 de la Constitution pour réviser la Constitution opéré deux fois :


en 1962 et en 1969. Le premier fût un succès, le second un échec (démission du
Président de la République)

Le référendum de 1962 : la révision du mode d’élection du Président de la République

 Référendum de 1962 concernait le changement du mode de suffrage pour l’élection


du Président de la République
21

 Origines officielles de cette réforme concernait la position du Chef de l’État :


o Plus de légitimité, plus de stabilité pour le président
o Baisser le monopole parlementaire qui l’emporte toujours sur un président
trop faible

DONC idée de CDG : modifier la Constitution pour la maintenir

 Appréciation non partagée par le Parlement


 Voie normale de révision (de l’article 89) : n’aurait pas pu recueillir le vote des deux
Assemblées sur ce texte en termes identiques. Gouvernement censuré le 4 octobre
et dissolution de l’Ass. Nationale le 9 octobre 1962 ; le référendum est organisé le 28
octobre 1962
 On a alors parlé de « forfaiture », de coup d’État déguisé CAR ce référendum n'est
prévu que pour adopter des lois et pas pour réviser la Constitution. De l'avis de la
quasi-totalité des juristes, c'est une violation de la Constitution.

Le Référendum de 1969

 Contexte complètement différent : texte de la révision concerne la régionalisation


(cela deviendra plus tard la décentralisation). Ensemble de la révision est complexe
 Surtout le référendum se veut être sans le dire un plébiscite
 Chef de l’État met sa position dans la balance...
 La situation politique est différente ; la crise de mai 1968 est dans toutes les
mémoires.... Le référendum se solde par la victoire du « Non »
 Le chef de l’État démissionne

Analyse et commentaire

 Rien dans le texte de la Constitution n’interdit de faire du référendum de l’article 11


un référendum constitutionnel (et constituant !)
 En revanche, la lecture combinée de toutes les dispositions de la Constitution aurait
dû logiquement conduire à conclure que les référendums de l’article 11 ne pouvaient
être que législatifs. Position Conseil d’État qui, statuant en tant que juge administratif
(juge des actes pris par le gouvernement), a considéré que les référendums de
l’article 89 étaient constituants et ceux de l’article 11 législatifs Conseil d’État 30
octobre 1998 SARRAN)
 Saisi à plusieurs reprises, le Conseil constitutionnel (constitutionnel en 1962, législatif
en 1992) s’est déclaré incompétent pour statuer sur les textes adoptés par
référendum (quelle que soit leur nature). Estime que ce mode d’adoption exprime la
souveraineté du peuple et qu’il n’a pas reçu compétence pour se prononcer sur des
textes adoptés selon cette procédure.
 En conclusion, si l’on peut juridiquement faire une distinction entre les deux types de
référendums qui imposerait de choisir une voie ou l’autre – art. 89 ou art. 11 - (et
même pourquoi pas les contrôler en imposant une procédure particulière),
politiquement cela reste extrêmement difficile car ils restent l’expression de la
souveraineté populaire.
22

C. L’évolution de la vie politique française sous la Vème République

 Présenter les grandes lignes de la vie politique française à travers ses différentes
étapes et ses incidences sur l’évolution de la Constitution de la Vème République

1. La disparition de la Communauté

 Prévue initialement dans le Titre 13 de la Constitution (tous les articles abrogés SAUF
articles 76 et 77)
 Faisait de la France un État composé (on pourrait dire de type « fédéral ») avec les
anciens territoires colonisés devenus indépendants
 Dédié à répondre à cette attente d’une décolonisation douce
 Cessera d’exister en 1961 mais ne disparaitra de la Constitution qu’avec la révision de
1995
 Révision constitutionnelle de 2008 ajoutera en revanche un titre 14 consacrée à la
francophonie (ART 87 : défense de la langue française) et aux accords d’association
(ART 88 : accords avec d’autres États pour faire développer leurs civilisations)

2. Les conséquences de l’élection du président au suffrage universel direct

 Étape importante dans la vie politique française sous la Vème République


 Mode d’élection ne change pas les pouvoirs du Président de la République mais elle
lui donne sa légitimité populaire
 Bouleverse en réalité l’équilibre de la Vème République
 A partir de cette date que la Constitution de 1958 prend son véritable visage et
établit les grands équilibres

3. L’élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel

 Révision constitutionnelle de 1974 : apparue à l’époque comme une révision


technique (il s’agissait de permettre à 60 députés ou 60 sénateurs de saisir le Conseil
constitutionnel après le vote d’une loi pour que ledit Conseil contrôle la
constitutionnalité de la loi) - Auparavant seules quatre autorités pouvaient le faire !
 Droits de l’opposition : permettait à l’opposition politique de saisir une juridiction
pour faire contrôler une loi nouvelle (non encore en vigueur) au regard des exigences
de la Constitution
 Développement d’une jurisprudence constitutionnelle (les grandes décisions du
Conseil constitutionnel) qui n’a cessé de s’affirmer
 Parachevée par une autre en 2008 qui instituera un contrôle de constitutionnalité qui
pourra être déclenché lors d’un procès lorsqu’un droit ou une liberté garantie par la
Constitution auront été méconnus (QPC)
23

4. Le développement de la construction européenne

 Construction européenne a commencé avant même la Vème République


 Il a fallu attendre la révision de 1992 pour voir apparaître dans le texte
constitutionnel une référence à l’Union européenne
 Titre 15 qui aujourd’hui porte le titre « De l’union européenne » : intègre la
construction européenne dans la Constitution française
 ART 88 – 1 : « La République participe à l’Union européenne »
 Participation à la construction de l’Union européenne est une exigence
constitutionnelle qui permet des limitations ou des transferts de compétence qui
relèvent de la souveraineté nationale

5. La transformation de la vie politique française par la reconnaissance des partis politiques


et le développement du fait majoritaire

 Vie politique française : nombreuses élections, nombreux soubresauts : Constitution


de 1958 a toujours permis à la Constitution de fonctionner quels que soient les
titulaires des charges électives
 Pourquoi ce phénomène ? et pourquoi les partis politiques, considérés comme les
responsables de la débâcle de la IVème République, ont-ils pu s’intégrer dans ce
paysage de la Vème République et en être des artisans de sa longévité ?
 Constitutionnalisation de la vie politique par la consécration du rôle des partis
politiques à l’article 4 de la Constitution : « Les partis et groupements politiques
concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité
librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la
démocratie »
 Cette reconnaissance interdit leur suppression et les oblige à respecter les principes
de la démocratie et de la souveraineté nationale

Le Fait majoritaire

 Déf : l’existence de majorités stables qui ont permis dans tous les cas de figure de
gouverner.
 Constitution de 1958 : une des hantises de ses créateurs reposait sur la division et les
querelles partisanes des partis politiques et des représentants élus
 Élément qui va favoriser la stabilité du régime constitutionnel : mode de scrutin qui
ne figure même pas dans la Constitution
 Élections en France vont être dominées par le mode de scrutin majoritaire
uninominal à deux tours
 Phénomène s’est amplifié à partir de 1962 et le changement du mode de suffrage
pour l’élection du Président de la République
24

L’évolution du fait majoritaire

 Évolution au fil des consultations électorales et des législatures : a fonctionné de


1958 à 1986
 Décalage initial entre la durée du mandat présidentiel (7 ans) et la durée d’une
législature (5 ans) a donné naissance à partir de 1986 à un fait majoritaire imparfait
(que l’on a appelé la cohabitation)
 Même dans cette situation de cohabitation : fait majoritaire demeure car c’est de
l’Assemblée nationale élue que procède le Gouvernement et à sa tête le Premier
ministre
 Présidents de la République confrontés à cette situation n’ont pas cherché à imposer
leur choix mais ont déduit des résultats électoraux le choix qui s’imposait par le
résultat des urnes

Pourquoi le fait majoritaire est apparu et a perduré (sous différentes formes) sous la Vème
République ?

 Le mode de scrutin n’est pas l’unique raison : s’est doublé d’une bipolarisation de la
vie politique française (Droite/Gauche) par le jeu des partis politiques et des
alliances pré- électorales. Ce sont ensuite les électeurs qui décident quelle majorité
ils veulent envoyer à l’Assemblée nationale
 Les partis politiques : ont su jouer leur rôle de fédérateurs d’idées et de programme
mais également su s’intégrer dans le jeu des institutions de la Vème République et se
positionner sur l’échiquier politique
 La Constitution de 1958 ainsi que les révisions constitutionnelles successives n’ont
pas entravé ce fait majoritaire et ont au contraire permis l’adaptation des institutions
aux nouvelles configurations politiques
25

Leçon 3 : Le mandat du Président de la République


Introduction

 Première des deux têtes de l’exécutif, le Président de la République est élu au


suffrage universel direct depuis la révision constitutionnelle de 1962
 Depuis 1965, l’élection du président de la République a rythmé la vie politique
française au point d’être l’élection dans laquelle la participation est la plus élevée
 Mandat du Président de la République :
o Évolution importante : évolution de l’exercice de la fonction ; différents
titulaires de la charge
o Réduction de sa durée de 7 à 5 ans
 Objectif de la leçon : comprendre en quoi il représente un élément crucial de
l’exercice du pouvoir sous la Vème République

1. La désignation du Président de la République

L’évolution (Rappel)

 Toujours été sous la 5e République élu au suffrage universel mais le mode de suffrage
a évolué
 Aujourd’hui élu au suffrage universel direct
 Système initial prévoyait un collège de grands électeurs d’à peu près 80.000
personnes (utilisé une seule fois en 1958)

Raisons :

Rejet d’une élection faite par les parlementaires (comme sous les 3 e et 4e Rép) :

o Affirmation de la séparation des pouvoirs


o Restauration de l’exécutif par une diminution du poids du Parlement
o Une légitimité personnelle perçue comme déjà établie par son rôle dans la
guerre (appel du 18 juin 1940)

Rejet d’une élection populaire (comme sous la Seconde Rép) :

o L’existence de la Communauté : refus d’être colonisé par ses propres colonies

 Révision constitutionnelle de 1962 : le Président de la République est élu au suffrage


universel direct au scrutin majoritaire uninominal à deux tours
o Évènement qui marque une République nouvelle et signe le début du
présidentialisme
 Règles relatives à l’élection qui ont évolué au fil des élections présidentielles
26

A. La période électorale

 Elle est régie par l’ART 7 de la Constit :


o L’élection doit avoir lieu 20 jours au moins et 35 jours au plus avant la fin du
mandat en cours
 BUT :
o Assurer la continuité de la fonction
o Éviter la vacance de la fonction : temps assez court entre l’élection et la prise
de fonctions
 ART 6 prévoit que le mandat est renouvelable (= président sortant peut être candidat
à sa propre succession)
o Ex : 1965 (réélection de De Gaulle)
o Ex : 1988 (réélection de Mitterrand après le mandat de 1981)
 Cas exceptionnels (loi constit du 18 juin 1976) : décès, démission, empêchement
définitif :
o Délai reste le même : entre 20 et 35 jours
o Déclaration de vacances : prononcée par le Conseil constitutionnel
 Date de l’élection fixée par le Gouvernement

B. Les candidatures

1. La présentation des candidatures

 Tout citoyen français peut être candidat à l’élection présidentielle


 Condition : recueillir 500 parrainages ou patronages d’élus nationaux ou locaux (à
l’exception des simples conseillers municipaux) : 41000 présentateurs possibles
 Parrainages doivent émaner de tout le territoire : au moins 30 départements et ne
peuvent recueillir plus de 10% d’un même département (soit 50 signatures)
 But du système de parrainage : éviter les candidatures fantaisistes ou peu
représentatives
 Révision constitutionnelle de 1976 : chiffre augmenté de initialement 100 à 500
signatures
 Système peu dissuasif : n’a pas permis de réduire le nombre de candidats (16 en
2002, 12 en 2007, 10 en 2012, 11 en 2017) ; système critiqué pour son inégalitarisme
 Nom des parrains-présentateurs : publié au Journal Officiel. Chaque parrain ne peut
présenter qu’une seule candidature

2. Les formes et les délais

 Pas d’acte formel de candidature


27

 Déclaration de candidature : doit parvenir au Conseil constitutionnel au moins 37


jours avant la date fixée pour le 1er tour du scrutin
 Conseil constitutionnel vérifie la régularité de l’ensemble de la procédure :
o Consentement des candidats
o Sincérité des signatures
o Liste des candidats
 Gouvernement : publie la liste des candidats ayant satisfait aux exigences au moins
33 jours avant la date du 1er tour de scrutin
 Chaque candidat doit déposer un état chiffré de son patrimoine auprès de la Haute
autorité pour la transparence de la vie publique (publié au Journal officiel)

Deux cas de figure particuliers : le décès et l’empêchement

 Éventualité : un candidat déclaré à l’élection ou qui en a la ferme intention décède


avant la date de l’élection ou en soit empêché (accident)
 2 cas de figure :
o Report de l’élection est possible si ce décès intervient dans les 8 jours
précédant la date de clôture des candidatures pour un candidat déclaré au
moins un mois avant : Le Conseil constitutionnel en décide (dépend du poids
de la représentation du candidat)
o Report de l’élection est obligatoire si le décès d’un candidat – quel qu’il soit
– intervient après la date de clôture des candidatures

Un phénomène nouveau ? Les (élections) primaires

 Principe relatif : déconnexion entre les partis et les candidatures à l’élection


présidentielle
 Dernières élections présidentielles (2012, 2017) ont vu se développer un nouveau
phénomène, importé d’autres Etats (USA) : les primaires
 Consiste à désigner le candidat d’un parti à l’élection présidentielle bien avant la
date de l’élection sur le principe d’une consultation électorale
 Primaires : nouveau phénomène fondé sur la désignation des candidats non plus en
interne mais par l’ensemble des sympathisants (ou non !) du parti en question
 But : identifier un candidat parmi les prétendants en appelant tout électeur qui le
désire (et à partir des listes électorales) à venir manifester son choix
 Procédure : pose des questions constitutionnelles sur le déroulement de l’élection
(les fichiers utilisés sont les fichiers électoraux et le coût de la consultation pose la
question de son intégration dans les comptes de campagne)
 Commission nationale des comptes de campagne avait estimé en 2012 que ce type
de consultation était possible
28

3. Le mode de scrutin

 Scrutin uninominal à 2 tours : seuls les deux candidats arrivés en tête du premier tour
participent au second tour de l’élection
 A lieu deux semaines après le 1er tour
 Mécanisme : permet de conférer au vainqueur de l’élection une majorité absolue
des suffrages
 Renforce la légitimité de l’élu en absence de la prise en compte du vote blanc ou nul
– véritable débat actuel
 Si l’un des deux candidats décède dans l’intervalle entre les deux tours, l’élection doit
être entièrement reconduite

C. La campagne électorale

 Campagne électorale se divise en deux :


o Une campagne officieuse : peut commencer jusqu’à un an avant la date du
scrutin
o Une campagne officielle assez courte où les candidats sont placés sur un pied
d’égalité
- 15 jours pour le 1er tour
- 8 jours pour le 2e tour
o Juridiquement encadrée et contrôlée par la Commission nationale de contrôle
(de la campagne)
 3 aspects :
o Financier
o Radio-TV
o Sondages

Le Financement des campagnes

 Lois successives : renforcement de la transparence et de l’égalité entre les candidats


même s’il continue de subsister des différences
 Système français : financement public de la vie politique mais dons privés autorisés
(entreprises ne peuvent pas financer ; dons max. 4600 €)
 Plafond de dépenses : 16,85 millions € pour chaque candidat et 22,5 millions € pour
les candidats au second tour
 Chaque candidat doit tenir compte de campagne dans les 12 mois qui précèdent
l’élection
 Si un candidat recueille plus de 5% des voix reçoit un remboursement de la part de
l’État de 47,5% de ses dépenses et de 4,75% s’il recueille moins de 5% des voix
 Commission nationale des comptes de campagne : approuve les comptes (paiement
des dépenses) ou les rejettent (pas de remboursement) – Contrôle possible du
Conseil constitutionnel (v. Élection de 2012)
29

La campagne radio-télévisée

 Encadrée compte tenu de l’impact qu’elle possède sur les électeurs.


 Placée sous l’égide et contrôlée par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) qui
applique les dispositions de la loi organique du 25 avril 2016
 Deux périodes à distinguer :
o Celle qui précède la campagne officielle marquée par le régime de l’équité
(représentativité des partis et des candidats)
o Celle qui s’applique durant la campagne officielle où s’applique le régime de la
stricte égalité entre les candidats
 Ne doit pas occulter la multiplicité actuelle des médias (médias privés) et le
développement d’autre moyens de communication

Les sondages

 Sont autorisés mais réglementés par différentes lois


 Loi du 19 février 2002 interdit la publication de sondages relatifs à l’élection
présidentielle à partir de minuit la veille du scrutin
 Règle ne vaut que sur le territoire national

D. Les résultats

 Principe : est déclarée « élue « la personne qui remporte la majorité absolue des
suffrages exprimés
 Conseil constitutionnel :
o Proclame les résultats de l’élection présidentielle
o Examine les contestations (contentieux) qui pourraient en découler.
 Les recours peuvent être formulés par un candidat, un électeur ou un préfet

2. Les élections présidentielles sus la Vème République : une brève histoire...

A. L’élection des 5 et 19 décembre 1965

 Première élection qui vit une opposition réelle au Général de Gaulle


 Ce fût aussi la première campagne audiovisuelle à laquelle Ch. de Gaulle ne participa
qu’au second tour.
 Au premier tour, il fût mis en ballotage face à F. Mitterrand et à J. Lecanuet.
30

 Il se ressaisit (médiatiquement) entre les deux tours et fût élu avec 55,20 % des voix

er
B. L’élection présidentielle de 1 et 15 juin 1969

 Fait suite à la démission du Général de Gaulle


 Georges Pompidou, ancien Premier ministre de Ch. DE Gaulle l’emporte au second
tour face au centriste Alain Poher avec 58,21 % des voix.
 La gauche est absente au second tour. Cette élection s’inscrit dans la poursuite de la
politique Gaulliste.

C. L’élection des 5 et 19 mai 1974

 Fait suite au décès de G. Pompidou


 Première élection dans laquelle s’opposent les prétendants à droite avec Jacques
Chaban- Delmas qui représente l’héritage du gaullisme et V. Giscard d’Estaing qui
représente la droite réformatrice.
 Une partie des gaullistes emmenée par Jacques Chirac a rallié le courant réformateur
de V. Giscard d’Estaing.
 La gauche s’est unie derrière F. Mitterrand.
 V. Giscard d’Estaing arrive en tête devant J. Chaban- Delmas et est élu face à F.
Mitterrand au second tour avec une courte majorité (50,80 % des voix).
 Le débat télévisé entre les deux candidats fait entrer l’élection présidentielle dans
l’ère de la modernité.
 La Gauche est battue mais sa stratégie d’union a été payante.
 La droite reste au pouvoir mais se compose de deux grands courants. Le centre
disparait.

D. L’élection des 26 avril et 10 mai 1981

 Tournant majeur dans la mesure où pour la première fois sous la Vème République se
produit une alternance.
 La gauche arrive au pouvoir.
 F. Mitterrand est élu président de la République contre le président sortant Valery
Giscard d’Estaing avec 51,75% des voix.
 C’est un changement politique plus que constitutionnel mais avec cette élection
présidentielle la Vème République montre son adaptabilité.
 L’élection tient à la fois à la stratégie d’union voulue par le candidat socialiste et au
mauvais report des voix des gaullistes sur le président sortant.
 Les élections législatives confirmeront le scrutin présidentiel.
31

E. L’élection des 24 avril et 8 mai 1988

 Les candidats sont connus mais le cadre est différent.


 F. Mitterrand sort de deux années de cohabitation et se présente en rassembleur, en
arbitre de la nation sans idéologie.
 Il est élu face à Jacques Chirac au second tour par 54% des voix.
 Le candidat du Front National, Jean-Marie Le Pen fait une forte percée et s’adjuge un
score de 14,39 %

F. L’élection des 23 avril et 7 mai 1995

 Se déroule après une deuxième cohabitation


 L’élection présidentielle voit s’opposer une primaire à droite au premier tour entre E
Balladur et J. Chirac et un second tour entre L. Jospin représentant la gauche et J.
Chirac.
 Ce dernier l’emporte avec 52,64% des voix contre Lionel Jospin (47,36 %)

G. L’élection des 21 avril et 5 mai 2002

 Se déroule après une troisième cohabitation (inversée) et une dispersion des


candidatures au premier tour.
 Cette multiplication des candidatures élimine le Premier ministre sortant au 1er tour
qui est devancé par le représentant du Front National (Jean-Marie Le Pen).
 Véritable coup de tonnerre dans le cercle politique des partis traditionnels. Cela
radicalise le débat.
 Jacques Chirac qui sort d’une cohabitation de 5 ans est réélu avec 82,21 % des voix
alors qu’il n’avait obtenu que 19,88% des voix au premier tour.
 Cette élection sonne le déclin des partis traditionnels et l’apparition de nouveaux
acteurs.
 Cette élection restera l’une des plus marquantes du point de vue de l’analyse
constitutionnelle : met en évidence à la fois le besoin d’élire une personne mais
également la montée de la méfiance à l’égard des partis politiques traditionnels.
 Cette tendance se confirmera dans les élections présidentielles ultérieures

H. L’élection des 22 avril et 6 mai 2007

 Se déroule avec la mémoire de celle de 2002.


 J. Chirac qui vient d’effectuer son second mandat (le premier de 5 ans) ne se
représente pas : on retombe dans une élection présidentielle plus classique
 Premier tour fait émerger deux candidats : un de droite (N. Sarkozy, 31,08%) et une
de gauche (S. Royal, 25,87%).
32

 Le représentant du FN, J-M Le Pen est en baisse (10,44 %) et le centre fait un score
honorable avec F. Bayrou (18, 57 %)
 N. Sarkozy est élu au second tour avec 53,06% des voix. La participation a été forte

I. L’élection des 22 avril et 6 mai 2012

 Conduit à la défaite du Président sortant : N. Sarkozy qui s’était représenté, contre F.


Hollande sorti vainqueur des (élections) primaires socialistes.
 On retrouve une forte poussée des partis extrêmes (le Front national avec Marine Le
Pen et le Front de Gauche avec Jean-Luc Mélenchon).
 Le second tour voit F. Hollande l’emporter avec 51,63% des voix contre 48,37 % à N.
Sarkozy.
 Sur le plan politique, l’élection se joue moins « programme contre programme » que
« pour ou contre le président sortant ».
 La sanction du Président sortant débouche sur l’élection d’un Président issu de la
gauche mais qui souhaite incarner une politique sociale-démocrate beaucoup plus
que de rupture avec le précédent quinquennat.
 Cette élection sera également le terrain d’affrontement de choix culturels et sociaux
différents révélant des clivages (mariage pour tous, PMA...)
 Elle se conclura par une renonciation du président sortant à se représenter...

J. L’élection des 23 avril et 7 mai 2017

 Marque un bouleversement important car défie la logique des précédentes élections


 Se caractérise par un éclatement des candidatures entre celles des représentants des
partis traditionnels et celles des candidats hors partis
 Également marquée par un recours des partis traditionnels aux (élections) «
primaires » soit en utilisant le système (amélioré) mis en place par le Parti socialiste
en 2012, soit en ayant recours aux nouvelles technologies (Internet – EELV)
 Second tour oppose deux candidats qui ne sont pas issus d’élections primaires : la
candidate du Front national, Marine Le Pen et le candidat d’un mouvement qui n’a
pas encore de parti, Emmanuel Macron, qui a fondé un mouvement (En Marche !)
 Emmanuel Macron est élu au second tour 66,06% des voix contre 33,94% mais avec
une forte abstention (25 %) et un nombre important de votes blancs ou nuls (9%)

K. L’élection des 10 et 24 avril 2022

 Autre élection atypique mais qui se déroule dans un cadre davantage connu : le
président sortant se représente et doit faire face à une opposition sur la droite et la
gauche de l’échiquier politique
33

 Le mécanisme des primaires est en fort déclin (EELV maintient une primaire ouverte,
les autres optent pour un choix interne au parti)
 Le président de la République sortant arrive en tête avec 27,85% des suffrages
exprimés alors que les deuxième (Marine Le Pen 23,15%) et troisième (J-L.
Mélenchon 21,95%) sont très proches. Les autres candidats sont largement distancés
(partis traditionnels PS, LR ou le journaliste E. Zemmour)
 Emmanuel Macron est réélu avec 58,55% contre Marine Le Pen avec 41,45% des
suffrages exprimés. L’abstention est plus forte sans être exceptionnelle (28,01%)
 C’est la première fois qu’un président sortant est réélu depuis la réduction du
mandat à 5 ans
 La difficulté viendra cependant des élections législatives consécutives de juin 2022
qui ne confieront qu’une majorité relative au Président

3. Le statut du Président de la République

A. L’exercice du mandat

1. La durée du mandat

 Mandat du président de la République est aujourd’hui en France de 5 ans après avoir


été de 7 ans (résultat d’une survivance historique) jusqu’en 2000
 Durée du mandat à 7 ans a fait l’objet à plusieurs reprises de remise en question pour
un abaissement à 5 ans
o Premières tentatives : aux années 1970
o Concrétisation au début de l’année 2000 lorsque l’ancien Président V. Giscard
d’Estaing proposa cette réforme qui fût soutenue par le Premier ministre de
l’époque L. Jospin et acceptée par le Président J. Chirac
 Projet de révision fût adopté par les deux chambres et soumis au référendum (le seul
de l’article 89) le 24 septembre 2000
o DONC : Révision constitutionnelle de 2000 a donc conduit à une réduction
du mandat de 7 à 5 ans
 Révision de 2008 que la réforme fût complétée par une limitation du nombre de
mandats à deux
 3 arguments avancés
o Rendre le Président plus souvent responsable devant ses électeurs
o Éviter le renouvellement des cohabitations
o Renforcer le caractère présidentialiste du régime au détriment du Parlement
et du gouvernement

2. La suppléance

 Phénomène assez rare


34

 Déf : en cas de vacance ou d’empêchement du président de la République 


situation où on désigne une personne qui incarnera le dirigeant temporairement
(ART 7 alinéa 4)
 La suppléance est exercée par le président du Sénat qui possède pour rôle principal
d’organiser les élections présidentielles dans un délai de vingt à trente-cinq jours.
 Le suppléant exerce l’intégralité des pouvoirs présidentiels à l’exception de trois
pouvoirs :
o Ne peut dissoudre l’assemblée nationale ;
o Ne peut pas organiser de référendum ;
o Ne peut pas réviser la Constitution
 Peut en revanche mettre en œuvre l’article 16 de la Constitution

Définition des termes :

 Vacance : situation dans laquelle il n’y a plus de président : décès, démission,


destitution par la Haute Cour constatée par le Conseil constitutionnel
 Empêchement : situation dans laquelle le Gouvernement demande au Conseil
constitutionnel de constater que le Président n’est plus en mesure d’exercer ses
fonctions. (Situation assez exceptionnelle)

3. L’organisation de la présidence

 Divisée en trois services qui assistent le Président dans sa tâche.


o Le secrétariat général de la présidence de la République : assure les liens
entre la Présidence et les services et administrations de l’État (dirigé par le
Secrétaire général de l’Élysée)
o Le cabinet de la présidence qui règle la liaison avec le pays et les français ainsi
que la marche des services internes de l’Élysée (dirigé par un directeur de
cabinet).
o La maison militaire : État-major particulier du chef de l’État (dirigé par un
chef d’État- major, officier général)

B. la responsabilité du président

Un symbole et un paradoxe :

Article 67

IMMUNITÉ DE FOND :
Alinéa 1 : Le Président de la République n'est pas responsable des actes accomplis en cette
qualité

Analyse : irresponsabilité totale du président. Il y a la règle du contreseing ministériel (ART


19)
35

Quelques exemples :

- Conseil Constit décline sa compétence concernant une intervention du chef de l’État


dans la campagne législative
- 1984 : refus de Giscard d’Estaing d’être auditionné par une commission
parlementaire d’enquête (DONC même après le mandat)
- 1994 : rejet de la création d’une commission d’enquête par l’Ass nationale
concernant les relations financières de la famille Mitterrand

IMMUNITÉ DE FORME :
Alinéa 2 : Il ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité
administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action,
d'un acte d'information, d'instruction ou de poursuite. Tout délai de prescription ou de
forclusion est suspendu.

Analyse : inviolabilité du président. Il est dispensé de tout acte de procédure

Exemples :

- 2007 : refus de Chirac de témoigner dans l’affaire Clearstream (concernant des


personnalités politiques)

ATTENTION : le président peut engager une action en justice en tant que citoyen ordinaire

Exemple : 2008 : Sarkozy et la condamnation de la compagnie aérienne Ryanair qui a utilisé


sa photo et celle de sa femme à des fins publicitaires

B. La responsabilité exceptionnelle du président


Chirac : « le président de la Rép n’est pas un citoyen comme les autres »

MAIS il n’est pas au-dessus de la loi  il reste un justiciable singulier

Conséquences de la révision de 2007

 Le Président de la République ne peut pas être convoqué ou traduit devant une


juridiction durant l’exercice de son mandat pour quel qu’acte que ce soit. Cela
constituerait une atteinte à la séparation des pouvoirs. Cela ne signifie pas qu’il ne
doit pas répondre de ses actes mais non durant le cours de son mandat
36

 Le Président de la République ne peut être tenu (pénalement) responsable des actes


qu’il a pris ou commis en cette qualité durant l’exercice de son mandat. Cela signifie
qu’il ne peut pas être poursuivi pour un acte relevant de la fonction présidentielle à
l’issue de son mandat. Il bénéficie d’une immunité totale
 A l’expiration de son mandat (1 mois après), l’ancien Président de la République
redevient un simple citoyen et doit pouvoir répondre des actes non liés à sa fonction
qui pourraient lui être reprochés

1. La responsabilité politique du président de la République


 Rappel : le Président de la République ne peut pas être renversé par le Parlement et
encore moins par le Gouvernement

Responsabilité devant le peuple souverain

 3 cas de figure :
o Lorsque le Président soumet un texte à référendum
o Lorsque le Président dissout l’Assemblée nationale à la recherche d’une
majorité
o Lorsque le Président à l’échéance de son mandat se soumet à la réélection

2. La responsabilité pénale du Président de la République

a) Possibilité de destitution = mécanisme de responsabilité pénale prévue


par la révision constit de 2007

Article 68

Le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs
manifestement incompatibles avec l'exercice de son mandat. La destitution est prononcée
par le Parlement constitué en Haute Cour. (= assemblée parlementaire et non juridiction)

 En cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice


de sa fonction : La révision constitutionnelle de février 2007 a substitué la « haute
trahison » aux « manquements graves aux devoirs du Président manifestement
incompatibles avec l’exercice de sa fonction »

BUT : préserver la continuité de l’État


37

b) Responsabilité sur le plan international

En cas de commission de crimes internationaux (crimes de guerre, crimes contre


l’humanité, crime de génocide ou crime d’agression envers un autre État) : cette deuxième
exception a été rendue nécessaire par l’adhésion de la France au Statut de la Cour pénale
internationale

En France, seuls deux chefs d’État ont été jugés selon des procédures différentes pour des
actes commis dans l’exercice de leurs fonctions.

- Le roi Louis 16 qui fût guillotiné et jugé par l’Assemblée


- Philippe Pétain qui fût jugé par une Haute Cour de Justice.
38

Leçon n° 4. Les compétences du président de la République

Que fait le président ? De quels moyens dispose-t-il ?

Introduction :
3 idées :

 Le président de la République exerce des fonctions qui sont fixées par la Constitution :
article 5 de la Constitution définit la conception de la fonction présidentielle sous la
Vème République
 Pour exercer ces fonctions, il dispose de pouvoirs (moyens) qui lui permettent
d’assumer les missions qui lui ont été confiées en relation avec 1) le gouvernement
(seconde tête de l’exécutif) 2) Le Parlement 3) dans une certaine mesure avec le
pouvoir juridictionnel
 Comme souvent, la pratique de la Constitution donne cependant lieu à une lecture et
à un fonctionnement différent de ce qui avait été initialement prévu

1. La fonction présidentielle
L’article 5 de la Constitution

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage,


le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le
garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.

Trois fonctions sont ainsi évoquées : il est 1) un gardien 2) un arbitre 3) un garant

A. L’article 5 : une innovation constitutionnelle ?

 Définition des fonctions présidentielles : encadrement de la mission confiée à la tête


de l’exécutif
 Caractère large (et relativement indéfini) des missions confiées au Chef de l’État
 Article 5 doit être lu en combinaison avec les articles 20 et 21 de la Constitution
(détermine les fonctions du gouvernement) pour comprendre le fonctionnement de
l’exécutif
 Analyse des différentes fonctions confiées au Président de la République doit être
confrontée à la pratique de la Vème République et notamment aux périodes de
concordance entre le Président et une majorité qui le soutient (majorité présidentielle à
l’AN) et les périodes de cohabitation
39

a. Le Président Gardien


 Texte : Le Président de la République veille au respect de la Constitution
 Le président se voit attribuer le rôle de gardien de la Constitution :

o Il protège la Constitution des attaques dont elle pourrait faire l’objet


o Il interprète la Constitution pour lui donner un sens lorsque l’une de ses
dispositions est mise en œuvre
o Il prend des initiatives pour empêcher qu’il n’y soit porté atteinte

 Pouvoir sans contre-pouvoir : il ne peut y avoir de contrôle de l’exercice de ce rôle


 Concrétisation :

o Peut refuser de convoquer une session extraordinaire du Parlement (De Gaulle


1960)
o Peut refuser de promulguer une loi contraire à la Constitution et demander une
nouvelle délibération (article 10)
o Peut saisir le Conseil constitutionnel (article 61)
o Pouvoir peut être étendu à d’autres actions (refus de promulgation d’une
ordonnance de l’article 38)

 Interprétation extensive du rôle de gardien de la Constitution (texte mais également «


intérêt social du pays »)

b. Le Président arbitre

 Texte : Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics
ainsi que la continuité de l'État
 Arbitrer : faire des choix, modérer, départager
 Fonction d’arbitrage du Président de la République : présente dans de nombreux
articles de la Constitution : révision de la Constitution (art.89); pouvoir de nomination
er
du 1 ministre (art.8, al.1) mise en œuvre de l’article 16,pouvoir de dissolution de
l’Assemblée nationale, garantie de l’indépendance du pouvoir juridictionnel
 Fonction doit être reliée au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et de
continuité de l’État

c. Le président Garant

 Texte : « il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du


respect des traités »
 Triple dimension : intérieure et extérieure, relations internationales

1. Protecteur du territoire
2. Garant de la parole donnée par la France et à la France
40

3. Protecteur de l’indépendance du territoire

 Mise en œuvre : article 16 sur les pouvoirs en temps de crise grave, chef des armées et
de l’emploi de la force nucléaire.
 S’étend à toute atteinte contre le territoire (crise grave) : État d’urgence en novembre
2015 : prise de décision et protection
 Représentation de l’État dans les crises graves

B. Les pratiques de la fonction présidentielle

 Article 5 fixe un cadre : lecture différente selon :

o Les titulaires de la fonction


o La cohérence entre le titulaire de la fonction et la majorité parlementaire

 Structure fondamentale de la fonction n’a pas été remise en cause par les titulaires de
la fonction (variations reposent davantage sur la personnalité et de la conception que le
Président de la République se fait de son rôle)
 Évolution de la fonction tient également à l’évolution du rapport des électeurs au
Président ainsi qu’à son style
 Situations de cohabitation ont en revanche davantage affectées la nature du régime
politique (présidentiel, parlementaire) qu’elles n’ont remis en cause l’édifice
constitutionnelle et la fonction présidentielle

a. La personnalité individuelle des présidents

 Pas une étude psychologique mais davantage une lecture personnalisée de la fonction
présidentielle : a oscillé entre un présidentialisme fort avec l’idée d’un chef à la tête de
l’État et un rôle davantage de guide qui définit et oriente les directions mais laisse
l’exécution aux autres organes de l’État (à commencer par le gouvernement)
ère
1 situation : la primauté présidentielle assumée : Ch. de Gaulle ; G. Pompidou ; F.
Mitterrand (1), N. Sarkozy, E. Macron (1)
ème
2 situation : la primauté présidentielle désirée : V. Giscard d’Estaing ; F. Mitterrand
(2) ; E. Macron (2)
ème
3 situation : la primauté présidentielle mesurée : J. Chirac, F. Hollande

 Une analyse au regard de l’article 5 de la Constitution

b. Les rapports avec le Parlement : hypothèse de cohérence des majorités


41

 Hypothèse où la majorité parlementaire soutient sans réserve le Président : Ch. De


Gaulle, G. Pompidou, F. Mitterrand (1), N. Sarkozy, E. Macron (1) : la
présidentialisation du régime
 Hypothèse où la majorité parlementaire soutient le président mais n’est que relative :
F. Mitterrand (2), E. Macron (2)
 Hypothèse où la majorité parlementaire s’autonomise par rapport au Président : V.
Giscard d’Estaing, F. Hollande, E. Macron (1) ?
 L’analyse des rapports entre le Président et la majorité parlementaire comme indice de
lecture du caractère présidentiel ou parlementaire du pouvoir

c. Les rapports avec le Parlement : hypothèse de cohabitation

 Situation imprévue dans le texte de la Constitution de 1958 mais qui s’est produite à 3
reprises : 1986, 1993 (F. Mitterrand) 1997 (J. Chirac)
 Transformation du fonctionnement du régime : d’un régime présidentiel à un régime
parlementaire

er
Des rapports évolutifs entre le Président et le Parlement via le 1 ministre
 Une fonction présidentielle préservée dans ses attributions constitutionnelles mais
politiquement diminuée
 Un président de la République « représentant de l’opposition » ?
 Les risques réduits de cohabitation après l’alignement du mandat présidentiel sur le
mandat des membres de l’Assemblée nationale (sauf en cas de dissolution de celle-ci)

2. Les attributions du Président de la République


 L’article 19 de la Constitution :

Pouvoirs propres et pouvoirs partagés

Texte : Les actes du Président de la République autres que ceux prévus aux articles 8 (1er
alinéa), 11, 12, 16, 18, 54, 56 et 61 sont contresignés par le Premier ministre et, le cas
échéant, par les ministres responsables

 Article 19 définit les pouvoirs du Président de la République :

o Pouvoirs propres : articles 8 (1er alinéa), 11, 12, 16, 18, 54, 56 et 61
o Pouvoirs partagés : tous les autres...

 Les attributions du Président de la République sont :

1. Nombreuses et détaillées
2. En contradiction avec l’irresponsabilité du chef de l’État
3. Définissent un véritable « rôle du Chef de l’État »
42

A. Les pouvoirs propres : liste constitutionnelle

 Les renvois aux articles visés par l’article 19 sont :


er
o La nomination du 1 Ministre (art.8)
o Le droit de message au Parlement et le droit de prendre la parole devant le Congrès
(art.18)
o La nomination de membres du Conseil constitutionnel (3) et de son président
(art.56)
o La saisine du Conseil constitutionnel (art.54 & 61)
o La décision de recourir à l’article 16 (circonstances exceptionnelles) et de prendre
les mesures dans le cadre de cet article
o Le droit de dissolution de l’Assemblée nationale (art.12)
o La décision de recourir au référendum (art. 11 & 89)

 Ces pouvoirs sont parfois accompagnés d’un avis préalable mais le Président de la
République n’est pas lié par cet avis

Conséquences de la reconnaissance des pouvoirs propres

 La portée des pouvoirs propres façonne le rôle du Président de la République


 Doivent être appréciés en fonction du contexte politique certains sont relatifs ; d’autres
confèrent au Président un réel pouvoir
 Ils doivent être compris au regard des circonstances de leur mise en œuvre :
er
nomination du1 ministre, référendum, droit de message, dissolution...

B. Les pouvoirs partagés

 Visés à l’article 19 de façon négative : tous ceux qui ne sont pas visés expressément

o Imposent le contreseing du 1er ministre (représentant le gouvernement) est


obligatoire : décisions assumées par l’ensemble du pouvoir exécutif
o Compétences traditionnelles du chef du gouvernement dans un régime
parlementaire
o En cas de cohérence de majorité, le Président garde un rôle prépondérant
(même à l’égard de ces pouvoirs)
o En cas de cohabitation de majorités, les deux têtes de l’exécutif possèdent des
moyens de contrôle réciproques

3. La mise en œuvre des attributions du Président de la République


 Analyse des attributions dans leur environnement et leur pratique
43

A. La conduite des relations internationales (Art. 5, 14)

 Compétence traditionnelle de personnification et de représentation de l’État à


l’étranger et à l’extérieur
o Nomme les ambassadeurs de France et accrédite ceux de l’étranger
o Négocie, signe et ratifie les accords internationaux (traités et conventions
internationales) : fonction de signature et de ratification officielles
o Définit les orientations de la politique extérieure

er
En période de cohabitation, les rôles du Président et du 1 ministre peuvent se
confronter sur les relations extérieures : le Président garde ici la primauté dans ce
domaine

B. Le chef des forces armées (Art. 15)

 Autre compétence régalienne : le Président est le chef des armées – responsabilité


importante

1. Nomme les officiers généraux et préside les comités et Conseils supérieurs de


la défense nationale
2. Est informé des options stratégiques de défense, des risques et des besoins des
forces armées (matériels)
3. Contrôle les affectations des postes supérieurs
4. Peut engager seul une opération militaire à l’étranger mais doit en référer au
Parlement dans le délai de 4 mois (art. 35 C 1958)
5. Dispose de la « force de frappe » : décide de l’engagement de la force
nucléaire française (compétence exclusive donnée par décret)

C. La concentration des pouvoirs en cas de circonstances exceptionnelles (Article 16)

Texte : Lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité de


son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont menacés d'une manière
grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est
interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances,
après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du
Conseil constitutionnel. Il en informe la Nation par un message.

 Compétence spécifique permettant une concentration temporaire des pouvoirs


(exécutif et législatifs) en cas de circonstances exceptionnelles
 Malgré de nombreux commentaires n’est pas une disposition exceptionnelle en droit
constitutionnel comparé
 Pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave : texte modifié par la révision
constitutionnelle de 2008
44

Conditions du recours à l’article 16

 Texte prévoit la réunion de conditions précises fixées dans le texte :

1. Menace grave et immédiate sur soit :

o Les institutions de la République,


o L’indépendance de la Nation
o L’intégrité de son territoire ou
o L’exécution de ses engagements internationaux

ET

2. Interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels


3. Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances (Pouvoir
propre)
4. Après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi
que du Conseil constitutionnel
5. Information de la Nation par un message
6. Caractère souple de l’interprétation de ces conditions ?

Mise en œuvre des mesures relevant de l’article 16

 Président de la République : toutes sortes de mesures sans précision (exécutive,


législative, judiciaire ?)
 Ne peuvent modifier la Constitution
 Ne peut conduire à la dissolution de l’Assemblée nationale (siège de plein droit); Une
motion de censure ne peut être dirigée contre le gouvernement
 Parlement :

o Peut convoquer la Haute Cour


o Peut légiférer pour toutes les autres matières que celles englobées dans l’article
16 (Pratique de 1961)

 Conseil constitutionnel :

o Contrôle les conditions de mise en application au-delà du délai de 30 jours (sur


demande parlementaire) automatiquement au-delà de 60 jours (révision de
2008)
o Rend des avis sur les décisions prises par le Président au titre de l’article 16 (ne
lie pas le Président de la République)

Pratique de l’article 16
45

 Beaucoup de bruit pour peu de choses ?

o Mis en œuvre une seule fois en avril 1961 (du 23 avril au 30 septembre) durant
la crise algérienne : 26 décisions prises
o Contrôle juridictionnel des actes pris sur le fondement de l’article 16 : actes
règlementaires (qui relèvent normalement de l’exécutif) Conseil d’État 2 mars
1962 Rubin de Servens ; actes pris dans le domaine législatif (Question
prioritaire de constitutionnalité – n’existait pas en 1961

Article 16 est une soupape de sécurité : politiquement, il faudrait aujourd’hui de réelles


circonstances exceptionnelles pour qu’il puisse être mis en œuvre : multiplication des
contrôles ; contexte politique doit réunir les conditions (ex. : attentats du 13 novembre 2015
en France : insuffisants pour une mise en œuvre de l’article 16) – Une autre législation a été
utilisée : la législation sur l’État d’urgence

Mériterait une révision pour intégrer un régime global de l’urgence

D. Les référendums

 Le Président de la République peut initier un référendum sur le fondement de l’article


11 ou de l’article 89 (v. leçons précédentes)

E. Attributions à l’égard du gouvernement

 Le pouvoir de nomination du Premier ministre : choix important discrétionnaire en


période de concordance des majorités ; plus limité en période de cohabitation (toujours
cependant un choix)
 La présidence du Conseil des ministres :

o Pouvoir réel et non-honorifique (normalement confié au chef du gouvernement


dans les régimes parlementaires)
er
o Convocation du Conseil et fixation (avec le 1 ministre) de l’ordre du jour (liste
des questions traitées) – Président peut retarder une question (cohabitation)
o Suivi de l’action gouvernementale
o Rôle de suivi (de rectification éventuelle) mais accord donné en amont

 La signature des décrets et des ordonnances (actes pris après autorisation du parlement
dans le domaine législatif) : en période de concordance des majorités (suprématie
présidentielle) en période de cohabitation (risque de divergence et de refus de
signature)
 La nomination des hauts fonctionnaires, des membres des autorités administratives
indépendantes et des « établissements publics » : postes à discrétion et postes
techniques
46

F. Les attributions à l’égard du Parlement

 Le président et la fonction législative :

1. En amont, oriente et observe l’élaboration des projets de loi


2. Peut orienter la procédure législative (prise de position, référendum)
3. Saisit éventuellement le Conseil constitutionnel
4. Promulgue la loi (Décret de promulgation)

 Le pouvoir de dissolution de l’Assemblée nationale : pouvoir propre discrétionnaire


(article 12) :

5. Dissolution politique (conflit avec le Parlement, de confort)


6. Dissolution post-électorale (Présidentielles)
7. La pratique de la dissolution (5 en 60 ans : 1 en 1962, en mai 1968, 2 après les
présidentielles (81-88) une de confort (97)

 Le droit de message (art. 18) : double voie : communication d’un texte lu aux
Assemblées ; convocation du Congrès (Ass. Nat. + Sénat) pour intervenir devant les
er
parlementaires : court-circuite le 1 ministre et le gouvernement (révision 2008)
 La demande de deuxième délibération de la loi (article 10) : pouvoir propre ; utilisé
lorsque le texte a été invalidé par le Conseil constitutionnel
 La réunion du Congrès (référendum)
 L’ouverture et la clôture de sessions extraordinaires du Parlement

G. Attributions dans le domaine de la justice

 Le Président de la République dispose du droit de Grâce à titre individuel :

o Prérogative régalienne traditionnelle


o Permet de dispenser une personne condamnée de l’exécution de tout ou partie
de sa peine ou de commuer la peine
o Soumis au contreseing mais est en réalité discrétionnaire
o Ouvert à toute personne ; pas de contrôle juridictionnel des décisions d’octroi
de grâce
o Survivance du « pouvoir du Prince »

 Le Président de la République garant de l’indépendance du pouvoir juridictionnel


(autorité judiciaire) :

o Est assisté par le Conseil supérieur de la magistrature


o N’est plus le Président du Conseil supérieur de la Magistrature mais nomme
deux membres
47

Leçon 5 : Le gouvernement
Introduction
 Deuxième tête de l’exécutif : le Gouvernement (Premier ministre et équipe
gouvernementale)
 Moins dominant que le Président de la République mais conserve un rôle important
malgré la prééminence présidentielle (hormis en période de cohabitation)
 Rôle de décision ou rôle d’exécution ?
 4 questions d’inégal volume :
o Formation et fin des fonctions du gouvernement
48

o Statut des membres


o Fonctionnement du gouvernement
o Pouvoirs du gouvernement

1. La formation et la fin des fonctions du gouvernement


A. La nomination du Premier ministre


er
Pouvoir propre du Président (article 8 al.1 ) – rappel
 Président : Pouvoir discrétionnaire dans les textes de nommer qui il veut (pas
nécessairement un parlementaire)
 Pouvoir de choisir une personne représentative qui sache se faire accepter par le
Président et la majorité parlementaire (pas toujours le cas)
 Choix plus réduit et même contraint en période de cohabitation (choix de la personne
qui est la plus représentative de la majorité parlementaire)
 Liberté de choix dans les textes mais plus circonscrite politiquement
 Question : d’où le Premier ministre tire-t-il sa légitimité ? : du Président de la
République ? Ou de la majorité parlementaire ? Ou des deux

B. La nomination des membres du gouvernement

 Nommés par le Président de la République sur présentation du Premier ministre


 Juridiquement, la composition du gouvernement revient au Premier ministre ;
 Politiquement, elle est aussi (et parfois surtout !) l’œuvre du Président de la
République
 Relations entre le Président et le Gouvernement dépendent du lien qui s’établit entre le
président et le gouvernement et notamment du Premier ministre
 La nomination du Gouvernement n’impose aucune approbation (investiture) de la part
du Parlement. Le Gouvernement existe dès sa nomination
 L’article 49.1 de la Constitution prévoit que le 1er ministre engage devant l’Assemblée
nationale la responsabilité du gouvernement sur son programme ou une déclaration de
politique générale mais rien ne le contraint dans le temps
 En pratique, les gouvernements nouvellement nommés n’ont pas à demander un vote
de confiance au Parlement

C. La fin des fonctions des membres du gouvernement

 Aux termes de la Constitution : le Gouvernement ne peut être démis par le Président


de la République. Il ne peut être que renversé par le Parlement ou démissionner
 Pratique différente : Président de la République peut demander à son Premier ministre
et au gouvernement de démissionner (pratique courante) sauf cohabitation
49

1. La plupart des 1ers ministres et gouvernement ont été démissionné par le


Président de la République
2. En cas de cohabitation, le Président de la République perd ce pouvoir
 La démission d’un Premier ministre ne signifie pas son exclusion : il peut être
renommé
 Le gouvernement peut également faire l’objet de remaniements internes décidés par le
er
PrésidentdelaRépubliqueetle1 ministre
 Il est également de tradition que le gouvernement présente sa démission au lendemain
d’élections législatives ou présidentielles

2. Le statut des membres du gouvernement


A. La composition du gouvernement

 Pas de définition constitutionnelle du Gouvernement


 Le Président de la République fait-il partie du gouvernement (présidence du Conseil
des ministres) ?
 Tendance à considérer que le gouvernement est composé :
er
1. Du 1 ministre (chef du gouvernement)
2. Des ministres (d’État, délégué)
3. Des secrétaires d’État (autonomes ou rattachés)
 Remarques :
o Les ministres d’État : situés hiérarchiquement au-dessus dans le gouvernement
mais sans prérogatives particulières
o Les ministres délégués : rattachés à un ministère ou au Premier ministre
o Les secrétaires d’État (rattachés ou autonomes)

B. Les incompatibilités

 Fonctions ministérielles incompatibles avec :


1. Des fonctions professionnelles relevant du secteur privé : pas de cumul avec
une autre activité quelle qu’elle soit, y compris libérale, associative ou
syndicale (exception de fait : direction d’un parti politique)
2. Des fonctions publiques : pas d’activités publiques autres (sauf enseignement
supérieur) mise en détachement ou mise en congé. Pour les fonctions publiques
électives (possibilité de cumul en droit des fonctions de ministre et de maire,
en pratique, tendance à la désuétude de cette pratique)
3. Un mandat parlementaire :
o Article 23 de la Constitution : prohibition du cumul : raisons multiples
(course au portefeuille, consécration exclusive à la tâche
gouvernementale, maintien à l’écart des pressions, solidarité
gouvernementale)
o Modalités (ord. Du 17 novembre 1958) : démission dans le délai d’un
mois (remplacement par le suppléant) ; depuis la révision de 2008,
50

l’ancien ministre peut retrouver son siège sans passer par une réélection
préalable

C. La responsabilité civile et pénale

 Obligations préalables : déclaration préalable de conflits d’intérêts (déclaration de


patrimoine et charte déontologique sous F. Hollande)
 Position du problème : ministres peuvent-ils être exposés à la justice ordinaire ?
Respect de la séparation des pouvoirs v. responsabilité personnelle
 Questions : ministres doivent-ils être soumis aux règles de droit commun pour les
actes commis durant l’exercice de leurs fonctions ?
1. Sur le plan civil (actes dommageables) : justice ordinaire ;
2. Sur le plan pénal, distinctions entre les actes commis dans le cadre de la
fonction et hors du cadre de la fonction

La responsabilité pénale des membres du gouvernement pour des actes commis en dehors de
leurs fonctions

 Actes dont les membres du gouvernement se sont personnellement rendus


responsables mais sans lien avec l’exercice de la fonction ministérielle :
o Soit pour des propos jugés diffamatoires ou discriminatoires (E. Guigou, B.
Hortefeux)
o Soit à titre purement privé (J. Cahuzac : fraude fiscale ; G. Tron : agression
sexuelle)
o Soit à titre d’autres fonctions publiques (en tant que maire par exemple A.
Carignon (Grenoble) : actes détachables de la fonction ministérielle)
 Compétence des juridictions pénales ordinaires
 Tradition : un membre du gouvernement mis en examen doit démissionner (alors qu’il
bénéficie encore de la présomption d’innocence)

La responsabilité pénale des membres du gouvernement pour des actes commis dans leurs
fonctions : La Cour de justice de la République

 Cour de Justice de la République (Attention ! : Différent de la Haute Cour !) : créée


par la révision constitutionnelle du 19/7/1993 pour répondre à l’irresponsabilité de fait
des ministres
 Composition de la Cour : 12 parlementaires (6 députés + 6 sénateurs élus après chaque
renouvellement) + 3 magistrats de la Cour de cassation (dont le président)
 Fonction : juger les ministres pour les actes criminels ou délictueux commis dans
l’exercice de leurs fonctions (qualification « dans ou hors fonctions » relève des
juridictions ordinaires)
 Fonctionnement de la Cour de Justice de la République
51

 Saisine de la Cour de justice de la République : toute personne peut saisir la


Commission des requêtes (7 membres : 3 Cour de cassation, 2 Conseil d’État, 2 Cour
des comptes) qui décide ou non de transmettre au Procureur Général de la Cour de
cassation (peut aussi initier le processus)
 Instruction : commission d’instruction : 3 conseillers à la Cour de cassation
(instruisent et auditionnent) : décide de l’abandon des poursuites ou du renvoi
 Jugement : conformément au code pénal, jugement peut faire l’objet d’un recours
devant la Cour de cassation
 Analyse :
o Système complexe avec verrous et filtres + recours devant la C. Cass.
o Ne nécessité plus l’intervention des Assemblées
o Pas de « partie civile » devant la CJR
 Affaires : sang contaminé ; affaire arbitrage Tapie ; affaire des frégates de Karachi
(rétro- commisions)
 Critiques : système imparfait ; Projet de suppression de la CJR par une révision
constitutionnelle

3. Le fonctionnement du Gouvernement
A. Le Conseil des ministres

 Organe de décision du Gouvernement : seule formation ayant le pouvoir de décision


 Réunion le mercredi matin à l’Élysée sous la présidence du Président de la République
 Ordre du jour déterminé : le Conseil des ministres entérine les décisions plus qu’il ne
les discute
 Expression collective de la solidarité gouvernementale : acceptation collective des
décisions prises : pas de position personnelle
 Ministre peut être contraint de démissionner si non-acceptation de la décision prise en
Conseil des ministres

B. Les Conseils interministériels

 Réunissent les ministres concernés sous l’autorité du Président de la République (+


hauts fonctionnaires)
 Conseils permanents et conseils périodiques
 Élaboration et véritable discussion des projets mais doivent être adoptés et signés en
Conseils des ministres
 A ne pas confondre avec les comités interministériels réunis sous l’autorité du Premier
ministre et qui sont davantage des réunions techniques d’élaboration des décisions
dans lesquelles sont discutées et mis en forme les projets (membres des cabinets des
ministres siègent dans ces comités)
52

4. Les pouvoirs du gouvernement


Article 20 de la Constitution de 1958
Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. Il dispose de l'administration
et de la force armée. Il est responsable devant le Parlement dans les conditions et suivant les
procédures prévues aux articles 49 et 50.

A. Le rôle du Premier ministre

1. Les relations entre le Président de la République et le Premier ministre

 La Constitution : des rapports ambigus et ambivalents :


o Le texte de la Constitution : les articles 20 et 21 de la Constitution
o Le texte de la Constitution : le rôle du Président de la République au sein du
er
Conseil des ministres et le respect de l’ordre protocolaire (PR : 1 ; 1 min. : 2)
 La Pratique : l’allégeance du Premier ministre « hors période de cohabitation »

er
L’absence d’utilisation des moyens constitutionnels qui auraient permis au 1 ministre
de s’affirmer (refus de démission et absence de contreseing)

L’évolution de la fonction de Premier ministre

 Une évolution liée aux titulaires des fonctions de Président de la République et de


Premier ministre
 Un rôle de subordination dans les périodes de concordance des majorités
présidentielles et parlementaires :
o La responsabilité directe devant le président de la République
o L’amoindrissement du lien de responsabilité entre le Parlement et le
gouvernement (le pouvoir de censurer le Premier ministre et le gouvernement)
o Le rôle de fusible de l’exécutif exercé par le Premier ministre
 La mise en œuvre de la politique du Président de la République : organiser et
superviser l’exécution des choix présidentiels
 Une éclipse des rapports de subordination : les périodes de cohabitation : un regain
d’indépendance à l’égard du Président de la République mais sans que celle-ci soit
totale
 Un « collaborateur » : vers une vice-présidentialisation ? 2. Les pouvoirs à l’égard du
gouvernement

Article 21 de la Constitution
Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la Défense
nationale. Il assure l'exécution des lois. Sous réserve des dispositions de l'article 13, il exerce
le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.
Il peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres.
Il supplée, le cas échéant, le Président de la République dans la présidence des conseils et
53

comités prévus à l'article 15.


Il peut, à titre exceptionnel, le suppléer pour la présidence d'un Conseil des ministres en vertu
d'une délégation expresse et pour un ordre du jour déterminé.

Relations avec le Gouvernement

 Dispose du « Secrétariat général du gouvernement » pour mener à bien sa mission


 Ne constitue pas en droit le supérieur hiérarchique des ministres
 Possède une primauté dans la réalité sur l’ensemble du gouvernement :

1. Intervient au moment de la formation du gouvernement


2. Arbitre les litiges entre les ministres et fixe les choix budgétaires
3. Engage seul la responsabilité du gouvernement
4. Peut présider le Conseil des ministres en l’absence du Président
5. Titulaire de principe du pouvoir réglementaire
6. Chef de l’administration (nomme aux emplois civils et militaires)
7. Dispose du pouvoir de contreseing (avec les ministres intéressés)

3. Les pouvoirs à l’égard du Parlement

 Rôle politique : est le chef de la majorité parlementaire (distincte de la majorité


présidentielle)

1. Doit maintenir la cohésion entre la majorité parlementaire et la responsabilité


de l’exécutif
2. Difficultés pour certains Premiers ministres de se faire reconnaître par leur
majorité
3. Etablissement de liens parfois directs entre le Président de la République et le
Parlement (Ass. Nationale)

 Rôle technique du Premier ministre :

4. Participe à la procédure législative en signant les projets de lois et en les


défendant
5. Peut saisir le Conseil constitutionnel d’un texte voté
6. Peut demander au Président la convocation des sessions extraordinaires

4. Pouvoirs à l’égard des citoyens


54

 Article 21 de la Constitution : dispose du pouvoir réglementaire


 Pouvoir réglementaire : pouvoir de prendre des mesures d’exécution : se manifeste par
le pouvoir de prendre des Décrets
 Se divise en deux :

1. Un pouvoir réglementaire d’exécution ou d’application de la loi (pour préciser


les conditions d’application d’une loi)
2. Un pouvoir réglementaire autonome (résiduel) permettant au Premier ministre
de prendre des décrets dans les domaines où une loi n’est pas exigée

 Responsable de la défense nationale : (sous l’autorité du Président de la République)


 Responsable de la direction générale de la défense et de la direction militaire de la
défense
 Responsabilité « dérivée » sous l’autorité du Président de la République

B. Les pouvoirs du gouvernement

1. Les pouvoirs classiques

 Article 20 : Le gouvernement conduit et détermine la politique de la Nation


 Les moyens d’exercice du pouvoir :
1. Les délibérations prises en Conseil de ministres : expression de la politique
gouvernementale : prépare les projets de loi et décide des priorités
o Exercice collectif du pouvoir : mise en œuvre concrète des choix
politiques
o Opère un choix quant aux procédures en cas de circonstances
particulières
o Exerce le pouvoir réglementaire sur les actes principaux
o Autorisation d’engager la responsabilité du gouvernement devant
l’Assemblée nationale
o Proposition au Président d’engager un référendum
 Exercice collégial du pouvoir gouvernemental
 Dispose de l’Administration et de la force armée pour faire exécuter sa politique
 Peut formuler des déclarations devant les Assemblées (art. 50-1 C. 1958)

La pratique des pouvoirs reconnus au gouvernement

 Le président de la République reste le chef de l’exécutif hors période de cohabitation


 Lecture différente de l’article 20 : le Président détermine et le Gouvernement conduit
la politique de la Nation
 Évolution du centre du pouvoir exécutif a affecté sensiblement le texte de la
Constitution et sa mise en œuvre
55

 Pas vraiment de domaine réservé (opposé à domaine ordinaire) hormis les pouvoirs
propres de l’article 19
 Chaque Président a défini les limites de ses propres domaines
 Le contenu de l’article 20 redevient opérationnel en période de cohabitation
 Remettre le texte en accord avec la réalité ? Réviser les articles 5 et 20 de la
Constitution...
 Solution tentante qui aurait pu être remise en cause dans le cadre de la révision
constitutionnelle de 2008.
 Solution néanmoins dangereuse si se reproduit une nouvelle période de cohabitation
 Subsistance de la distorsion entre le texte et la réalité

2. Les pouvoirs exceptionnels

 Nécessité d’adapter l’action gouvernementale aux situations évolutives et à l’urgence.


 Pas d’équivalent pour le Gouvernement de pouvoirs de l’article 16 (heureusement !)
mais possibilité de recourir à des législations d’exception
 Distinguer les pouvoirs exceptionnels en raison
1. Des circonstances
2. Des besoins de l’action gouvernementale
o Pour les circonstances graves (crises, attentats) le gouvernement
dispose de deux pouvoirs d’urgence : l’état de siège (rare et complexe,
jamais utilisé sous la Ve Rép.) et l’état d’urgence (attentats de 2015)
o Pour les besoins de l’action gouvernementale (art. 38)

Les ordonnances de l’article 38

Le Gouvernement peut, pour l'exécution de son programme, demander au Parlement


l'autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des mesures qui sont
normalement du domaine de la loi.
Les ordonnances sont prises en Conseil des ministres après avis du Conseil d'Etat. Elles
entrent en vigueur dès leur publication mais deviennent caduques si le projet de loi de
ratification n'est pas déposé devant le Parlement avant la date fixée par la loi d'habilitation.
Elles ne peuvent être ratifiées que de manière expresse.

A l'expiration du délai mentionné au premier alinéa du présent article, les ordonnances ne


peuvent plus être modifiées que par la loi dans les matières qui sont du domaine législatif.

Les pouvoirs octroyés au gouvernement dans le cadre de l’article 38 de la Constitution

 Il s’agit de déléguer temporairement et dans des matières déterminées des


compétences qui relèvent normalement du domaine de la loi : pour des raisons de
rapidité ou politique, le parlement accepte de se dessaisir de sa compétence pour
faciliter l’action gouvernementale
 Seul le domaine de la loi ordinaire est concerné pas celui de la loi organique
56

 Cette pratique est ancienne et prenait le nom de décret-loi : le mot « ordonnance »


désigne un acte du pouvoir exécutif pris dans le domaine législatif (il s’agit d’une
dérogation aux règles normales de compétences) ; Il conserve la valeur que les actes
de l’autorité possèdent normalement
 Malgré les restrictions, il existe une tendance à viser les ordonnances pour des raisons
de commodité sans qu’il n’y ait urgence ou besoin d’agir rapidement

La procédure des ordonnances de l’article 38

 La chronologie du recours aux ordonnances de l’article 38 est la suivante :


 Il faut d’abord une loi d’habilitation qui contient automatiquement au moins
trois éléments :
1. Un premier délai d’habilitation pour le gouvernement à prendre des
ordonnances (délai variable d’un mois à trois ans) : elles ne pourront être prises
que dans ce délai
2. Un second délai fixant la date limite du dépôt des projets de loi de ratification
3. Une liste précise des matières pour lesquelles le gouvernement demande
l’habilitation à agir par voie d’ordonnance dans le domaine législatif : ce ou
ces domaines doivent être précis et s’inscrire dans la réalisation du programme
du gouvernement
 La loi d’habilitation (comme celle de ratification) peut donner lieu à un contrôle
de constitutionnalité de la part du Conseil constitutionnel

La valeur des ordonnances de l’article 38

 Situation un peu compliquée si l’on ne prend pas garde de déterminer la nature de


l’organe qui adopte ou ratifie l’ordonnance
 Principes :
1. L’ordonnance est prise par le gouvernement en Conseil des ministres (Le
Président de la République la signe cf. cohabitation) : elle possède une valeur
réglementaire et est directement applicable dès sa publication
2. A l’issue de la période du délai limite de dépôt du projet de loi de ratification :
o L’ordonnance devient caduque si elle n’a pas fait l’objet d’un tel projet
o Elle possédait une valeur réglementaire si le projet avait été déposé
(peu importe qu’il soit voté ou non). Le Conseil constitutionnel a
cependant reconnu dans sa décision n° 2020-843 QPC, qu’une
ordonnance non ratifiée acquiert rétroactivement valeur législative à
compter de la fin du délai d’habilitation. Elle ne peut plus être modifiée
que par le législateur
o Si le projet de loi a été déposé et l’ordonnance est expressément
adoptée, elle acquière valeur législative rétroactivement : elle ne peut
être modifiée que par la loi
57

Destin des ordonnances de l’article 38

 Moyen commode pour mettre un programme en vigueur rapidement et efficacement


 Tendance des gouvernements à utiliser fonctionnellement les ordonnances : éviter des
débats parlementaires longs
 Une loi peut toujours mettre fin à une autorisation d’agir par ordonnance avant la fin
de l’habilitation
 En revanche, seul le gouvernement habilité bénéficie de cette prérogative : non
transmissible en cas de démission et de dissolution

C. Les pouvoirs des ministres

 Pouvoirs spécifiques et résiduels


 Ministres ne disposent de pouvoirs que dans le cadre des attributions qui sont les leurs
 Possèdent un pouvoir réglementaire d’organisation de leurs services (CE 1936 Jamart)
 Prennent des mesures relatives :

1. Aux nominations au sein de leurs services (cabinet)


2. Aux pouvoirs qui leur sont confiées dans les sphères de compétence qui sont
les leurs (contreseing) : on parle alors de responsabilité ministérielle
3. Au budget de leur ministère et à sa mise en œuvre dans le respect des
engagements pris
58

Leçon 6 :Le Parlement bicaméral


L’organisation et le fonctionnement du Parlement en France
Introduction
  Deuxième pouvoir : le Parlement représente le pouvoir législatif
  « Législatif » : qui fait la loi ! (La légalité est définie comme la conformité à la
loi !)
  Le parlement est considéré dans les régimes parlementaires comme le lieu de
définition

de la politique de la nation

  Crise du parlementarisme : malgré la transformation du régime opérée par la Vème

République, Parlement est considéré comme un organe qui subit plus qu’il ne décide

  Révisions constitutionnelles successives ont tenté de remédier à cette situation en


rééquilibrant les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif mais les

intentions n’ont pas été couronnées de succès

1. L’organisation du Parlement
  Assemblée nationale (chambre basse) et Sénat (chambre haute)
  Caractéristiques générales
  Parlementarisme français : bicaméral et inégalitaire
  Assemblée nationale dispose de davantage de pouvoirs que le Sénat
  Sénat bénéficie de protections spécifiques :
o  Pas de dissolution
o  Peut Bloquer une révision constitutionnelle
59

o  Accord nécessaire pour l’adoption de loi organique le concernant (+art.88-


3)
o  Connaîtdesprojetsdeloiayantpourobjetprincipall’organisationdescollectivités

territoriales

o  Président du Sénat assure la suppléance du Président de la république


  Sénat : légitimité moindre mais partenaire incontournable (v. De Gaulle, Opposition
avec l’assemblée et le pouvoir exécutif

§ 1 – Les règles communes aux assemblées parlementaires

A. Le Statut des parlementaires

 Ve République conforme à la tradition parlementaire française

o  Reconnaissance de privilèges mais avec une portée limitée


o  Souci de servir l’intérêt général
o  Parlementaires doivent être protégés contre les entraves à l’exercice de leurs

fonctions mais également contre eux-mêmes

 Quatre points relatifs au statut :  La suppléance

 Les incompatibilités et le problème du cumul  Les immunités


 L’indemnité parlementaire

1. La suppléance

  Déjà évoquée auparavant (fonction ministérielle)


  Principe : chaque candidat à l’une des assemblées se présente avec un suppléant qui
est

élu en même temps que le candidat (ticket)

  Suppléant remplace le parlementaire élu en cas de décès, mission de plus de six


mois, ou

exercice d’une fonction ministérielle (retrouve son siège à l’issue de la fonction

ministérielle)

  Particularité : en cas de démission parlementaire, nouvelle élection partielle


organisée

2. Les incompatibilités parlementaires

  Incompatibilité : impossibilité d’exercer une fonction en raison de la nature de


celle-ci
60

  Incompatibilité parlementaire n’empêche pas de se présenter à une élection, mais


oblige

le candidat élu à choisir entre le mandat parlementaire et la fonction incompatible

  Justification des incompatibilités :

 Volonté d’assurer l’indépendance du représentant de la Nation  Cumul de fonction


menaçant sa disponibilité
 Pressions, tentations, compromissions

  Deux types d’incompatibilité parlementaire :


 Les incompatibilités avec une activité publique  Les incompatibilités avec une
activité privée

Les incompatibilités avec une activité publique

 Peuvent être classées en deux catégories :


 Les incompatibilités liées au cumul des mandats

o  Cumul horizontal des mandats prohibé (mandat national et mandat national)


: – interdiction mandat de député et mandat de sénateur ; mandat parlementaire
et présidents de la république ; mandat de député européen
o  Cumul vertical des mandats (mandat national et mandat local) : ne sont pas
interdits mais limités : parlementaires ne peuvent pas détenir plus de deux
mandats, un mandat national et un mandat local (exception pour communes de
moins de 1000 hab.)
o  Interdiction du cumul des mandats de parlementaire et de dirigeant d’un
exécutif local (L.O du 14 février 2014, article L.O. 141-1 du code électoral)

 Les incompatibilités et lié aux fonctions publiques non électives :

o  Incompatibilité avec l’exercice d’activités dans la fonction publique


o  Incompatibilité avec le statut le fonctionnaire international, de dirigeant

d’une entreprise publique

o  Incompatibilité avec exercice d’une fonction ministérielle (rappel)

Justification des incompatibilités avec une activité publique

  Parlementaires doivent se consacrer entièrement aux affaires de la nation


  Gestion difficile de l’emploi du temps entre l’exercice d’un mandat national et un
mandat local : tiraillements entre les intérêts, difficulté de déplacements et de présence
dans deux endroits éloignés géographiquement ; conflits d’intérêts potentiels entre
l’intérêt national

et les intérêts locaux


61

  Conséquence : ne facilite pas le renouvellement du personnel politique

Les incompatibilités avec une activité privée

  Principe inversé : les activités privées sont autorisées sauf exception


  Justification : la politique n’est pas une profession et elle éloigne des réalités. L’élu
doit

conserver un lien étroit avec le monde réel

  Critique du monde politique : maintenir le lien avec la société civile en permettant


aux

élus de conserver un contact avec le monde réel

  Ne doit cependant pas conduire à des excès : limite imposée pour certaines
professions

exposées à des conflits d’intérêts :


 Profession d’avocat
 Activité ayant des liens avec les finances des personnes publiques  Présidence
d’autorités administratives indépendantes

  Obligation pour les parlementaires de faire une déclaration de leur patrimoine au


début et à la fin de leur mandat
  Obligation de déclarer toutes formes de conflits d’intérêts
  Création au sein des assemblées du poste de déontologue 3. Les immunités

  But : assurer l’indépendance du parlementaire des pressions menaces et arrestations


qui pourraient compromettre le libre exercice de son mandat
  Double aspect :
o  L’irresponsabilité :
  Pas de poursuites pour les actes intervenus dans l’exercice des
fonctions des mandats parlementaires (propos, opinions, vote)
  Irresponsabilité absolue couvrant les poursuites civiles et pénales
  Limites :

 Couvre exclusivement les actes commis dans l’exercice des fonctions


au sein des assemblées parlementaires (pas en dehors)

 Ne couvre pas les comportements violents (voie de fait) commis à


l’intérieur de l’assemblée

o  L’inviolabilité : protection du parlementaire à l’égard aux actes commis en


dehors des fonctions
  Protège le parlementaire des pressions ou de poursuites destinées à
le déstabiliser
  Concerne les crimes et délits et non les poursuites civiles
62

  Révision constitutionnelle du 4/8/1995 a réformé et unifié le régime


de l’inviolabilité (a rendu plus simple les poursuites et restreint le
privilège

des parlementaires)

4. L’indemnité parlementaire

Trois sources de revenus :

  Parlementaires touchent un traitement baptisée indemnité parlementaire : calculée


sur le

traitement moyen des hauts fonctionnaires (7239 € brut/mois imposable) décomposée


ainsi (source 2020):

 Indemnité parlementaire de base : 5 623,23 €  Indemnité de résidence : 168,70 €


 Indemnité de fonction : 1 447,98 €

  Parlementaires touchent également une indemnité pour frais de mandat (5373 €)


dont ils doivent justifier l’utilisation
  Parlementaire bénéficient d’un crédit mensuel pour la rémunération deux
collaborateurs (assistant parlementaire) (10581 €)

B. Le contentieux des élections parlementaires

  Tradition parlementaire française : faire juger par les Assemblées elles-mêmes les
contestations relatives aux élections (vérification automatique de tous les mandats) :
souveraineté nationale et séparation des pouvoirs
  Rupture Vème République : Conseil constitutionnel juge des réclamations
électorales sur requête (10 jours pour déposer une demande d’annulation par électeur
ou candidat)
  Candidat continue de siéger jusqu’à la décision du conseil constitutionnel
  Le Conseil constitutionnel peut annuler ou réformer les résultats de l’élection
  Procédure contradictoire
  Publication d’un rapport sur le contentieux après chaque élection, contenant

d’éventuelles propositions (modification des circonscriptions électorales)

§2. L’élection des députés

  Assemblée nationale composée de 577 députés (555 Métropole, 22 outre-mer)


  Renouvelée en bloc tous les cinq ans : période appelée « législature » - actuellement
e
16

législature

  Projet de révision constitutionnelle de 1018 : réduction drastique du nombre de


députés
63

de 30 %

  Loi électorale déterminant le mode de désignation des députés : loi ordinaire


(incidence

sur le fonctionnement de la démocratie)

A. Les candidatures

 Conditions requises pour être candidat à l’Assemblée nationale :  Être électeur (18
ans)

 Pas nécessaire de résider dans la circonscription de présentation  Inéligibilités :

o  Personnelles : condamnation pénale spécifique, minorité, nationalité


o  Spécifiques : lié aux fonctions exercées antérieurement (ex. Préfet,
recteur...) –

temporaire. Fonctions électives exclues de l’inéligibilité  Désignation d’un


suppléant

 Financement de la campagne encadré :

o  Plafond de dépenses (40 000 €) -50 % remboursés si plus de 5% des voix au

premier tour

o  Pas de financement par les personnes morales (sauf parti politique)


o  Sanctions en cas de non-respect : possible annulation de l’élection

B. Le scrutin

  Organisé dans les 60 jours précédant la fin de la législature – un dimanche, une


semaine d’intervalle entre les 2 tours
  Mode de scrutin : scrutin majoritaire uninominal à deux tours
o  Pour être élu au premier tour : obtenir la majorité absolue des suffrages
exprimés

(50% + 1 voix) et représenter 25% des électeurs inscrits

o  Pourêtreéluausecondtour:obtenirlamajoritérelative.Seulslescandidatsayant

obtenu 12,5 % des voix des électeurs inscrits au premier tour peuvent se
présenter

ou second tour

  Système qui a favorisé les grands partis et la bipolarisation de la vie politique


française -
64

Situation qui n’est plus aussi nette aujourd’hui - évolution possible ?

§ 3. L’élection des sénateurs

  Sénat : assure la représentation du territoire À travers les collectivités territoriales


  Composé de 348 sénateurs (13 outre-mer ; 12 représentants des français établis hors
de

France)

  Révision constitutionnelle de 2008 : pas plus de 348 sénateurs ; projet de révision

constitutionnelle de 1018 : réduction de 30 % également (non-abouti)

  Élus pour six ans


  Sénat renouvelé par moitié tous les trois ans
  Conditions d’éligibilité : avoir 24 ans au moins
  Système électoral pour l’élection des sénateurs
  Sénateurs élus au scrutin indirect
  Circonscription : Département
  Collège électoral : députés, conseillers régionaux, conseillers départementaux,
délégués

des conseils municipaux (95,5 % du collège électoral)

  Deux modes de scrutin différents :


o  Départements élisant moins de trois sénateurs : scrutin majoritaire
uninominal ou de liste ; deux tours : majorité relative au deuxième tour
o  Département élisant trois sénateurs ou plus : scrutin à la représentation
proportionnelle de listes ; candidats doivent tous se regrouper autour d’une
liste complète
o  Vote obligatoire
  Grandes disparités dans le nombre de personnes représentées par siège de sénateur

2. La vie du Parlement §1. Les sessions parlementaires


  Pouvoir législatif ne siège pas en permanence contrairement à l’idéal démocratique
de la révolution française
  Organisation de sessions permettant d’effectuer le travail parlementaire
  Permet de mesurer le rapport de force entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif :

sessions courtes= force de l’exécutif ; sessions longues = force du pouvoir législatif

  Sous la Ve République, trois types de session :


65

 Les sessions ordinaires


 La session extraordinaire  Les sessions de plein droit

A. Les sessions ordinaires

  Révision constitutionnelle du 4 août 1995 : a instauré une session unique ordinaire


du premier jour ouvrable d’octobre au dernier jour ouvrable de juin (remplacement des
deux sessions annuelles ordinaires)
  Objectif : renforcer le contrôle parlementaire ; idée de rationalisation du travail
parlementaire
  Résultats assez décevants : pas de modification des comportements antérieurs
  Nombre de jours de séance : 120 jours par session ordinaire
  Premierministreetmajoritéparlementairepeuventcependantdéciderd’ajouterdesjours

de séance

  Réforme assez décevante

B. Les sessions extraordinaires (article 29 de la constitution)

  Peut être convoquée en dehors de la période de session ordinaire sur un ordre du


jour déterminé
  Deux de types de session extraordinaire :
o  Session extraordinaire convoquée à l’initiative du 1er ministre : absence de
la

limitation de la durée ; peut être convoquée à tout moment

o  Session extraordinaire convoquée à l’initiative de l’Assemblée nationale :


prise à

la majorité de ses membres ; ne peut excéder 12 jours sur un ordre du jour

déterminé

  Convocation de la session extraordinaire réalisé par décret du Président de la


république

sur demande du 1er ministre ou de l’Assemblée nationale : le Président dispose d’un


pouvoir d’appréciation (refus de De Gaulle en 1960 ; communiqué de Mitterrand
1988)

C. Les sessions de plein droit

  Prévu par la constitution de 1958 dans trois hypothèses :


1. Mise en vigueur de l’article 16
2. Élection d’une nouvelle assemblée après dissolution (deuxième jeudi suivant
son
66

élection)

3. Lecture hors session d’un message de président (session spéciale)


  Six sessions de plein droit tenues depuis 1958
§ 2. L’organisation interne du travail parlementaire
  Les Règlements des assemblées :

o  Texte important adopté sous forme de résolution par chaque assemblée


o  Possèdent une valeur permanente dépassant le cadre des législatures mais
peut

être modifié ou amendé

o  Doit être conforme à la constitution et à la loi (dépassé parfois en pratique)

  Le Contrôle de constitutionnalité exercé par le Conseil constitutionnel à l’égard des


Règlements des assemblées (article 61 C 58) :

o  Contrôle automatique réalisé avant la mise en application du règlement ou


de sa modification
o  Nombreuses décisions de non-conformité à la constitution des règlements de
l’Assemblée nationale et du Sénat

Les organes du travail parlementaire : la présidence des assemblées

 Structures administratives des assemblées leur permettant d’accomplir leur


tâche :  La présidence des assemblées

 Chaque assemblée élit son président lors de chaque renouvellement

1. Rôle à l’égard de chaque assemblée :

 Présidence des débats (avec concours des Vice-présidents)  Donne


la parole et la reprends lors des débats
 Dispose de la police de l’assemblée
 Rôle organisationnel très important en pratique

 Obligation d’impartialité mais non de neutralité

2. Rôle propre étranger au fonctionnement de la chambre :


  Peut saisir le Conseil constitutionnel
  Nommé chacun trois membres du Conseil constitutionnel
  Obligatoirementconsultésurlamiseenapplicationdel’article16,

la tenue du jour supplémentaire de séance, l’exercice du droit de


dissolution

Les organes du travail parlementaire : le bureau


67

  Chaque assemblée est dirigée par un bureau


  Présidée par le président de la chambre
  Membres du bureau élus au scrutin majoritaire pour un an (22 Assemblée nationale,
16

Sénat)

  Exerce des attributions collectives : se prononce sur l’arrestation d’un


parlementaire,

tranche sur la recevabilité financière d’un amendement...

  Membre du bureau possèdent des attributions spécialisées :

 Vice-présidents (6) : assistent le Président dans la présidence des séances 


Questeurs (3) : gèrent les services administratifs et financiers
 Secrétaires (12) : rédaction des PV et constatent les votes

Les groupes parlementaires

  Représentation des partis politiques au sein des assemblées parlementaires


  Nombre de membres pour constituer un groupe : 15 (AN) 10 (Sénat)
  Siègent ensemble dans chaque assemblée
  Disposent de moyens spécifiques (locaux, facilités administratives)
  Parlementairesnesontpasobligésdeserattacheràungroupe(non-inscrits)maispeuvent
aussi s’apparenter à un groupe
  Révision constitutionnelle de 2008 a accordé un « bonus » aux groupes
parlementaires faisant partie de la majorité (composition du bureau...)

La conférence des présidents

  Participe à l’organisation du travail et joue un rôle de liaison avec le gouvernement


  Composition au sein de chaque chambre :
1. Président
2. Vice-Président
3. Présidents des commissions permanentes
4. Présidents de groupes parlementaires
5. Président de la délégation pour l’UE (Union européenne)
6. Rapporteur général de la Commission des finances
7. Ministre des relations avec le Parlement
  Rôle : fixation de l’ordre du jour (tel que décidé par chaque assemblée) et de
l’organisation des débats

Les séances des assemblées

  Assemblées siègent 3 jours par semaine : mardi, mercredi, jeudi (séances de nuit)
  Quorum : uniquement sur demande et lorsqu’est exigé la majorité absolue du
nombre
68

de députés (et non des présents)

  La fixation de l’ordre du jour : Révision constitutionnelle de 2008 :

 Chaque assemblée fixe son ordre du jour suivant les principes suivants :

1. Ordre du jour prioritaire : deux semaines sur quatre (par mois) : projets de loi
(+ projets urgents : LF, LFSS, Etats de crise, déclaration de guerre),

projets transmis par l’autre assemblée

2. Une semaine sur 4 est réservée au contrôle de l’action du gouvernement

et à l’évaluation des politiques publiques

3. Un jour par mois est réservé à un ordre du jour fixé par les groupes

parlementaires minoritaires

 Rééquilibrage partiel qui n’a pas fondamentalement modifié la position du

gouvernement

Les débats

 Conférence des présidents fixe le temps global pour la discussion générale

 Examen du texte : article par article puis vote général


 Vote personnel au terme de l’article 27 de la Constitution de 1958

 Principes de vote : main levée, assis-debout, vote électronique, vote public à la tribune

 Dérives du vote électronique : méconnaissance de la Constitution


 Président de chaque assemblée dispose d’un pouvoir disciplinaire lorsque le règlement a

été méconnu (allant du rappel au règlement jusqu’à l’exclusion)

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