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DEUXIEME PARTIE

LES REGIMES POLITIQUES


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Introduction : les régimes politiques
Un régime politique est un ensemble de relations qui s’établissent entre institutions politiques en vue
de l’aménagement du pouvoir politique. Il existe divers types de régimes politiques au sein desquels
La distinction est généralement faite entre régime monarchique et régime républicain, régime à parti
unique et régime multipartite, régime parlementaire et régime présidentiel.
La classification ou la typologie découlant de la séparation des pouvoirs retiennent : le régime
parlementaire, le régime présidentiel, les régimes à confusion des pouvoirs (ou/et régimes mixtes) et
le régime d’assemblée.
Au sein de ces distinctions, les régime libéraux (I) s’opposent aux régimes autoritaires (II).

I- LES REGIMES LIBERAUX


Les régimes politiques libéraux sont ceux qui garantissent les droits fondamentaux et les libertés des
individus et s'efforcent de réaliser l’Etat de droit. La séparation des pouvoirs y est mise en œuvre à
travers les régimes parlementaires (A), les régimes présidentiels (B) et les régimes mixtes (C).
A- Les régimes parlementaires
le régime parlementaire est un régime de séparation souple des pouvoirs et celui aussi dans lequel la
gestion des affaires publiques est assurée par une collaboration entre l'exécutif et le législatif par
l'intermédiaire d'un gouvernement ou d'un cabinet ministériel responsable devant le parlement.
Historiquement, le régime parlementaire s'est développé au Royaume-Uni avant de devenir le régime
le plus répandu dans les États libéraux (par exemples : GB, Allemagne, Espagne, Italie, Japon,
Finlande, Norvège, Suède ...). Le système parlementaire anglais est l'exemple le plus ancien de
régime parlementaire. En France, la lllème, la IVème Républiques et la Vème République un régime
parlementaire sont parlementaires. on distingue deux régimes parlementaires : le régime
parlementaire dualiste et le régime parlementaire moniste.

1. Le régime parlementaire dualiste


Cinq (5) éléments caractérisent le régime parlementaire dualiste :
- le régime parlementaire est dit « dualiste » ou « orléaniste » : le gouvernement est responsable
devant le chef de l'État et devant le parlement ;
- l'exécutif est bicéphale : il est composé d'un chef de l'État irresponsable et d'un gouvernement
nommé par le chef de l'État mais responsable devant le parlement ;
- le gouvernement doit avoir une double confiance : celle du chef de l'État et celle du parlement ;
- le pouvoir législatif peut être monocaméral ou bicaméral
- le pouvoir législatif dispose du pouvoir d'adopter des lois et de contrôler l'action de l'exécutif.
Dans les États fédéraux, le parlement comporte deux chambres afin de correspondre à la nécessité
d'assurer la participation des États membres.
Dans les Etais unitaires, l'existence des deux chambres se justifie à l'origine pour représenter la
noblesse.
Mais, aujourd'hui, l'existence d'un parlement bicaméral fait suite à des exigences de technique
législative : le double examen. Les chambres n'ont pas le même pouvoir : la chambre basse à cause
du suffrage universel a souvent un pouvoir plus important que la chambre haute. C'est l'assemblée
nationale qui a le dernier mot en matière législative en France.
Les relations entre l'exécutif et le législatif sont caractérisées par un équilibre garanti par l'existence
des moyens d'action réciproque.
Les moyens d'action de l'exécutif sur le législatif sont :
- les droits d'entrées et de parole au parlement
- le droit d'initiative législative et budgétaire c'est à dire que le gouvernement peut être à l'origine
d'une loi ou du budget de l'État ;
- l'exécutif peut engager sa responsabilité devant le parlement avec la question de confiance ;
- le chef de l'exécutif peut dissoudre l'assemblée nationale élue au suffrage universel. La dissolution
est aussi un moyen de pression sur la chambre.

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Les moyens d'action du législatif sur l’exécutif sont :
- motion de censure ;
- la question de confiance.
Par ces deux moyens, le parlement met en jeu la responsabilité du gouvernement.
2. Le régime parlementaire moniste
Le régime parlementaire moniste est celui dans lequel il y a un effacement progressif du rôle du chef
de l'État entraînant par-là la disparition du mécanisme de la double confiance. Le gouvernement
repose sur la seule confiance du parlement.
Le parlement tient l'existence du gouvernement sans craindre la dissolution.
(Le président de la République française Mac-Mahon a décidé, le 16 mai 1877, suite à une crise
politique, de ne plus utiliser son droit de dissolution. C'est donc un passage d'un régime parlementaire
dualiste à un régime parlementaire moniste.)
B- Les régimes présidentiels
Le régime présidentiel ou régime de séparation strictes des pouvoirs comprend cinq (5) éléments :
- l’exécutif est bicéphale et le parlement bicaméral ;
- l'exécutif et le législatif sont indépendants quant à l'origine de leurs mandats respectifs et ne
peuvent y mettre fin (par exemple : aux USA, le président et le congrès sont élus
séparément) ;
- Chaque organe détient la faculté de statuer et d'empêcher ;
- il n'y a pas de responsabilité politique de l'exécutif devant le législatif : le gouvernement ne
peut être renversé par le Parlement et le pouvoir exécutif ne peut dissoudre le Parlement ;
- le pouvoir exécutif et législatif sont élus séparément, et sont donc également légitimes.
On peut assister à des variantes du régime présidentiel qui tendent vers le présidentialisme où le
président a des pouvoirs forts (France).
C- Les régimes mixtes
Ces régimes sont ceux qui ne peuvent pas être rangés dans les régimes précédents du fait qu'il
combine les éléments du parlementarisme et du régime présidentiel, c'est à dire qu'on y trouve à la
fois des élections présidentielles au suffrage universel et la responsabilité politique du gouvernement.
On peut aussi indiquer que les démocraties actuelles deviennent une sorte de polyarchie dans ce sens
que chaque institution dispose dans tel ou tel domaine d'un pouvoir d'influence sur les autres
institutions.

II- LES REGIMES POLITIQUES AUTORITAIRES


Les régime politiques où les pouvoirs sont rassemblés entre les mains d'une même personne ou d'un
même corps est dit régimes autoritaires ou régimes de confusion des pouvoirs. Ces régimes réalisent
non pas application mais déviation de la théorie de séparation des pouvoirs. On y distingue les
régimes de la dictature de l’exécutif (A) et le gouvernement d’assemblée (B).
A- Les régimes de la dictature de l'exécutif
Dans les régimes de dictature de l’exécutif, un seul homme détient la totalité du pouvoir législatif et
exécutif il peut y avoir une dictature personnelle (lorsqu'il s'appuie d'une force armée et après un
coup d'État) et il légitime son pouvoir par l'accord du peuple (modèle bonapartiste ou césariste).
La dictature de l’exécutif caractérise également un régime totalitaire où l'État s'occupe de tous les
aspects de la vie sociale mais aussi de la vie privée, car c'est l'idéologie du régime qui commande. Le
droit est détourné et les règles s'appliquent de manière arbitraire.

B- Le gouvernement d'assemblée
Le gouvernement d'assemblée, c'est le régime où l'assemblée domine tous les autres pouvoirs et où
l'exécutif devient une autorité subordonnée. En fait le terme « assemblée » désigne un régime
parlementaire dans lequel les dispositifs destinés à assurer l'équilibre entre législatif et exécutif ne
fonctionnent plus, c'est une déviation du régime parlementaire.

L’étude des régimes politiques portera sur les points suivant :


- le régime politique de la Grande-Bretagne (TITRE 1) ;
- le régime politique des Etats unis d’Amérique (TITRE 2) ;

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- le régime politique de la France (TITRE 3) ;
- le régime politique de la Côte d’Ivoire (TITRE 4).

TITRE 1 : LE REGIME POLITIQUE DE LA GRANDE BRETAGNE

SOUS-TITRE 1 : L’HISTOIRE POLITIQUE OU LA FORMATION DU REGIME


DE LA GRANDE-BRETAGNE
L’histoire politique comprend la formation du régime politique (Chapitre 1) et la stabilisation du régime
parlementaire (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 : LA FORMATION DU REGIME POLITIQUE BRITANNIQUE


La Grande-Bretagne possède une Constitution à la fois coutumière et souple, qui est à l'origine du régime
parlementaire.
Au Moyen Âge, le régime féodal s'étendait sur toute l'Europe et la coutume féodale voulait
que les rois convoquent de temps à autre leurs vassaux pour leur demander conseil.
Au XIème siècle, l'Angleterre était une monarchie absolue, c'est-à-dire que le roi détenait à la
fois le pouvoir de faire les lois (pouvoir législatif) et celui de les exécuter (pouvoir exécutif).
Seulement, cette monarchie absolue allait peu à peu se tempérer grâce à la coutume féodale de la
réunion des vassaux.
Le roi réunissait les barons du royaume en une assemblée qu'on appelait le Grand Conseil et il
consultait ces barons sur l'exercice de son pouvoir législatif.
Au début, le roi ne réunissait cette assemblée que lorsqu’il le voulait bien. De plus,
l'assemblée n'avait qu'un pouvoir consultatif, c'est-à-dire que le roi pouvait ne pas suivre ses avis.
Mais le Grand Conseil allait prendre de plus en plus d'importance.
A la fin du XIIe siècle, il se réunissait périodiquement.

Au début du XIIIe siècle, par la Grande Charte de 1215, le roi (Jean sans Terre) s'est engagé
à ne plus lever d'impôt sans le consentement du Conseil et a reconnu à ce dernier le droit de lui
présenter des pétitions.
Au milieu du XVIIème 1e siècle, la composition du Conseil s'est élargie. A côté des barons, le
roi a convoqué des représentants des bourgs et des comtés. L'assemblée s'est alors divisée en deux
chambres :
- le Grand Conseil proprement dit, qui réunissait les nobles;
- le Conseil des communes qui réunissait les roturiers.

Au Moyen Âge, le régime féodal s'étendait sur toute l'Europe et la coutume féodale
voulait que les rois convoquent de temps à autre leurs vassaux pour leur demander conseil
On voit déjà s'esquisser ce qui deviendra le Parlement anglais, avec la chambre des lords
et la chambre des communes. Mais pour devenir un Parlement au sens où nous l'entendons
aujourd'hui, le Conseil a dû conquérir le pouvoir législatif.
Il a conquis ce pouvoir très simplement.

La Charte de 1215 lui ayant donné le double pouvoir de faire des pétitions et de consentir à
l'impôt, il a utilisé le pouvoir financier pour faire pression sur le roi. Il élaborait des propositions
de loi par une discussion entre ses deux chambres, puis, il utilisait son droit de pétition pour
demander au roi d'adopter ces propositions. Si le monarque manifestait une réticence, le Conseil
le menaçait de ne pas donner son consentement à l'impôt.

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Au XVème siècle, les rois sont parvenus à restaurer la monarchie absolue.
Mais en 1628, le Parlement ayant rédigé une pétition des droits qui contenait une liste de
libertés, le roi (Charles 1er) a été obligé de l'adopter pour pouvoir prélever ses impôts. Le non-respect
de cette pétition par le monarque a provoqué une révolution en 1640, au cours de laquelle Charles
1er a été exécuté. Par la suite, les rois d'Angleterre ont montré beaucoup d'égards vis-à-vis du
Parlement.
En 1689, cent ans avant notre Révolution française, le roi (Guillaume Ill) a accepté un
nouveau texte élaboré par le Parlement, le Bill des droits, qui interdit au monarque de suspendre
l'exécution des lois ou de dispenser certains privilégiés de leur application. C'est ainsi qu'en
Angleterre, la confusion des pouvoirs législatif et exécutif entre les mains du roi a laissé place à
une séparation des pouvoirs :
- un Parlement élabore les lois et en contrôle l'exécution
- le roi ne fait qu'exécuter les lois sous la surveillance du Parlement.

Cette évolution a été possible parce que la féodalité n'a pas affaibli le pouvoir royal ; la
noblesse féodale et la bourgeoisie, qui devaient former le Parlement, ont été conduites à s'unir
contre le roi.

CHAPITRE 2 : LA STABILISATION DU REGIME PARLEMENTAIRE


Le Royaume-Uni est un État unitaire et une monarchie parlementaire au sein de laquelle
le monarque est le chef d'État et le Premier ministre est le chef du gouvernement responsable devant
la Chambre des communes.
Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement au nom de la reine. Le pouvoir législatif est exercé
par le Parlement qui comprend la reine, la Chambre des communes élue et la Chambre des lords non
élue. Les membres du gouvernement sont en même temps membres d'une des chambres du
Parlement et les plus importants d'entre eux forment le cabinet présidé par le Premier ministre.
Ce système de gouvernement, connu sous le nom de système de Westminster du nom du lieu où
siège le Parlement, est souvent considéré comme le principal modèle de système parlementaire. Il a
inspiré de nombreux pays, notamment ceux du Commonwealth.
La Constitution du Royaume-Uni a la particularité de ne pas être codifiée : elle comprend
des lois ordinaires et des conventions non écrites mais à valeur constitutionnelle.

Depuis les années 1990, le Royaume-Uni a engagé un processus de dévolution des pouvoirs dans
ses nations constitutives : un Parlement écossais, une Assemblée nationale du pays de Galles et
une Assemblée d'Irlande du Nord ont été créés.
Le Royaume-Uni est un État multipartite dans lequel il existe deux partis principaux qui alternent
généralement au pouvoir depuis 1920 : le Parti conservateur et le Parti travailliste. Les gouvernements
minoritaires ou de coalition sont rares, le scrutin uninominal majoritaire à un tour tendant à donner de
fortes majorités à l'un ou l'autre des principaux partis. Les élections générales ont lieu au maximum
tous les cinq ans. Depuis l’adoption du « Fixed-term Parliaments Act 2011 », les élections se déroulent
tous les cinq ans, le premier jeudi du mois de mai. Le Royaume-Uni a vécu ses premières élections
générales à date fixe en 2015.
La reine actuelle est Élisabeth II depuis 1952. Boris Johnson, du Parti conservateur, est Premier
ministre depuis le 24 juillet 2019.

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SOUS-TITRE 2 : LE REGIME POLITIQUE ACTUEL OU LA STABILISATION DU REGIME
DE LA GRANDE-BRETAGNE
Le régime politique actuel de la Grande Bretagne repose sur des institutions politiques (Chapitre 1), qui
participent au fonctionnement du régime (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 : LES INSTITUTIONS POLITIQUES


Les institutions politiques sont : le pouvoir exécutif (Section 1) et le pouvoir législatif (Section 2).

Section 1 : Le pouvoir exécutif


Le pouvoir exécutif, institution ancienne et prédominante dans la vie politique britannique, est
bicéphale : il comprend la Couronne (Paragraphe 1) et le Gouvernement (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La Couronne
La couronne est le siège du pouvoir politique dans la monarchie britannique : elle est détenue par le
monarque, reine ou le roi, qui en reçoit la dévolution (A) et les attributions (B).
A- La dévolution
Dans la monarchie constitutionnelle anglaise, puis britannique, la dévolution du pouvoir monarchique
est héréditaire. La transmission se fait dans l'ordre de primogéniture et sans exclusion des femmes.
Cependant, une règle coutumière voulait qu'à degré de parenté égal, les femmes passent après les
hommes et que l'héritier ne puisse pas épouser une personne de religion catholique. A l'initiative du
Premier ministre David Cameron, il a été mis fin à ces discriminations.
B- Les attributions
Le monarque est investi de plusieurs attributions, en autres :
- il nomme le Premier ministre mais en réalité, il est obligé de désigner le leader du parti majoritaire à
la Chambre des communes ;
- il a le droit de dissolution de la Chambre des communes mais en réalité, ce droit est exercé par le
Premier ministre ;
- il a le droit de sanctionner ou de ne pas sanctionner les lois votées par le Parlement mais en réalité,
il est obligé de les accepter car son droit de veto est tombé en désuétude.

Toutefois, à l'époque actuelle, le monarque n'a donc plus aucune attribution politique réelle. Il règne
mais ne gouverne pas. Il ne fait que symboliser l'unité et la continuité de la nation. Le Trésor verse
chaque année une somme destinée à entretenir la famille royale.

Paragraphe 2 : Le gouvernement
Le gouvernement a un statut (A), une composition (B) et des attributions (C).
A- Le statut du gouvernement
Le pouvoir exécutif de la reine est exercé par le Gouvernement de Sa Majesté (Her Majesty's
Government, HMG).
Le monarque nomme le Premier ministre sur la base d'une convention constitutionnelle stricte :
le Premier ministre doit être un membre de la Chambre des Communes susceptible de pouvoir
former un gouvernement avec le soutien de cette dernière. En pratique, il s'agit généralement du
leader du parti majoritaire. Le Premier ministre choisit ensuite les autres ministres qui composent
son gouvernement, par convention, tous sont membres d'une des deux chambres du Parlement.
Le gouvernement est responsable devant le Parlement : l'adoption d'une motion de censure par
la Chambre des Communes entraîne la démission du Premier ministre ou la dissolution du
Parlement. Dans la pratique, les membres du Parlement issus des principaux partis politiques
sont strictement contrôlés par les whips qui s'assurent de la conformité de leur vote avec la ligne

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du parti. Si le gouvernement dispose d'une large majorité à la Chambre des Communes, les
risques de perdre des votes sont très faibles.
Le gouvernement est généralement composé d'une centaine de membres, mais seule la
vingtaine de ministres les plus importants forment le Cabinet, qui est un organe de décision
collective. Celui-ci est présidé par le Premier ministre, qui sélectionne les membres du
gouvernement et du Cabinet. De fait, le Premier ministre est le chef du pouvoir exécutif du
Royaume-Uni car il exerce au nom du monarque les pouvoirs relevant de la prérogative royale.
Le Cabinet comprend, en plus du Premier ministre, les Secrétaires d'État, c'est-à-dire les
ministres responsables d'un département exécutif (ministère). Les plus importants sont
généralement :

 le chancelier de l'Échiquier, chargé des finances


 le secrétaire d'État des Affaires étrangères et du Commonwealth
 le secrétaire d'État à l'Intérieur
 le lord chancelier, secrétaire d'État à la Justice
 le secrétaire d'État à la Défense
Le Cabinet se réunit généralement une fois par semaine lorsque le Parlement est en session.

B- La composition
Le gouvernement britannique est composé du conseil privé, qui ne se confond pas avec le cabinet.
1. Le Conseil privé
- le Conseil privé du roi, bien qu'il n'ait aucun pouvoir, existe toujours. Il est composé de nobles, de
dignitaires religieux, d'anciens ministres et même, des ministres en exercice. Son rôle le plus typique
est de proclamer l'avènement d'un nouveau monarque à la suite du décès ou de l'abdication du
précédent.
2. Le Cabinet
- le gouvernement ne se confond pas avec le cabinet. Le gouvernement est l'ensemble le plus
vaste ; il regroupe une centaine de personnes. Ses membres sont tous pris parmi les parlementaires.
C'est ce qui explique son importance numérique : il sera d'autant plus stable qu'une grande partie des
députés qui le soutiennent seront amenés à en faire partie. Le cabinet est l'organe directeur du
gouvernement. Il ne comprend qu'une trentaine de ministres ; les plus importants (le ministre des
affaires constitutionnelles, le ministre des finances ou Chancelier de l'échiquier ...).

C- Les attributions
Les attributions du gouvernement, et surtout de son organe directeur, le cabinet, sont très larges : il
détermine les orientations de la politique intérieure et internationale, contrôle l'administration et peut
dissoudre la Chambre des communes.
C'est le Premier ministre qui dispose de tous ces pouvoirs, car il nomme l'ensemble des ministres,
choisit leur affectation et la change si elle ne lui convient pas.

Section 2 : Le pouvoir législatif


Le pouvoir législatif est confié à un Parlement bicaméral comprenant : la chambre des lords (Paragraphe 1) et
la Chambre des communes (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La Chambre des lords


La Chambre des lords (House of Lords) a longtemps été composée majoritairement de membres
héréditaires nobles, de pairs à vie et de membres du clergé anglican (les Lords Spiritual). Depuis
l'adoption du House of Lords Act de 1999, la Chambre ne compte plus que deux types de membres :
les Lords Temporal et les Lords Spiritual.
À l'origine, elle était entièrement héréditaire et avait l'essentiel du pouvoir législatif.

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Mais avec l'avènement de la démocratie, sa composition (A) s'est transformée et ses attributions (B)
ont été fortement réduites.

A- La composition
Pendant longtemps, la chambre a été composée de quatre catégories de lords : les lords héréditaires,
les lords judiciaires, les lords viagers et les lords spirituels :
- les lords héréditaires sont environ au nombre de 800. Ils sont créés par le monarque et portent
des titres de noblesse. La transmission du titre se fait dans l'ordre de primogéniture. Mais en 1999, le
House of lords act a supprimé le droit, pour les lords héréditaires, de siéger à la chambre ; seuls 92
d'entre eux, élus par leurs pairs, continueront à siéger jusqu'à ce qu'une réforme transforme
définitivement la chambre haute ;
- les lords judiciaires étaient au nombre de 12. C'étaient de hauts magistrats nommés à vie pour
exercer les fonctions juridictionnelles de la chambre. Mais en
2005, le constitutional reform act a programmé la suppression de ces fonctions et, en 2009, a été
mise en place une Cour suprême indépendante de la chambre ;
- les lords viagers sont au nombre de 535. Ils existent depuis 1958. Ce sont des hommes et des
femmes nommées par le monarque en raison de leurs compétences ou de leur notoriété ;
- les lords spirituels sont au nombre de 26. Ce sont des dignitaires de l'Église anglicane nommés à
vie.
Le projet de réforme présenté en 2007 par le gouvernement Blair prévoyait qu'une moitié des lords
viagers resterait nommée alors que l'autre serait élue. Mais le 7 mars
2007, à la suite de scandales impliquant des proches du Premier ministre (attribution de titres de lords
à des personnes finançant le parti travailliste), la chambre des communes s'est prononcée à une large
majorité pour une chambre des lords entièrement élue (à l'exception des lords spirituels). Le poids de
la coutume pourrait toutefois faire obstacle à cette position de la chambre basse...
B- Les attributions
La Chambre des Lords a deux types d’attributions : des attributions judiciaires et des attributions
législatives.
1. Les attributions judiciaires
Les attributions judiciaires n'étaient exercées que par les 12 juges nommés à cet effet. La chambre
était une sorte de « super cour d’appel » en matière civile et pénale. Elle ne se saisissait que des
affaires les plus importantes et ne rendait qu'une trentaine de décisions par an. Mais en 2005, le
constitutional reform act a prévu la suppression de ces fonctions juridictionnelles et la création d'une
Cour suprême indépendante de la chambre des lords qui a été mise en place en 2009 ; cette
juridiction comprend 12 juges nommés par la reine après avis du Premier ministre.
2. Les attributions législatives
Les attributions législatives ont subi une grande évolution.
Depuis l'origine jusqu'au milieu du XIX e siècle, la Chambre des lords élaborait les lois alors que la
Chambre des communes avait un pouvoir minime. Pendant la seconde moitié du XIX e siècle, les deux
chambres avaient des pouvoirs égaux ; l'adoption d'une loi nécessitait leur accord. Mais en 1911, le
Parliament act n'a conféré aux lords qu'un veto suspensif, réduit de 2 à 1 an en 1949 ; ils ne peuvent
plus que retarder l'adoption d'une loi votée par les communes.

Paragraphe 2 : La Chambre des communes


La Chambre des Communes (House of Commons) est la chambre basse du Parlement. Elle est
composée de 650 députés (appelés Members of Parliament ou MPs) élus au suffrage universel
direct selon le scrutin uninominal majoritaire à un tour : le Royaume-Uni est divisé en autant
de circonscriptions qu'il y a de députés et chaque circonscription élit un député. Le mandat de la
Chambre est de cinq ans maximum. Auparavant, le Premier ministre avait la faculté de demander à la
reine une dissolution à n'importe quel moment mais cette prérogative a été abolie en 2011.
Le Marquis de Salisbury est le dernier Premier ministre à siéger à la Chambre des lords en 1903.
Depuis, tous les Premiers ministres sont des membres de la Chambre des Communes. Le chef du
premier parti autre que les partis formant le Gouvernement est le Leader de l'Opposition.

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La Chambre des Communes est la chambre devant laquelle le Gouvernement est responsable. Au
début de chaque session, la Chambre peut exprimer sa confiance par le vote sur le discours du Trône.
La Chambre des communes a une composition, un fonctionnement et des attributions.
A- La composition
Depuis les élections de 2010, elle comprend 650 députés élus pour cinq ans au suffrage universel et
au scrutin uninominal majoritaire à un tour.
En principe, ce mode de scrutin clarifie la vie politique en conservant le bipartisme et en assurant à
l'un des deux partis une majorité stable. Toutefois, lorsqu'exceptionnellement, un troisième parti
réalise un score électoral important, aucun des deux partis principaux ne dispose de la majorité et le
fonctionnement du régime s'en trouve perturbé. Ce cas de figure s'est produit en
1974 et en 2010.

B- Le fonctionnement
Deux (2) parmi plusieurs particularités sont à relever dans le fonctionnement de la Chambre des
Communes :
- alors que la plupart des locaux parlementaires sont des hémicycles, le local des communes est
rectangulaire : majorité et opposition se font face ;
-le président de la Chambre porte le titre de speaker, parce qu'à l'origine, il était le porte-parole de la
Chambre auprès du roi. Cette institution remonte au Moyen Âge.
De nos jours, le speaker est toujours coiffé d'une perruque et vêtu d'une robe. Son impartialité est
très grande car il est élu par l'ensemble des députés à la suite d'un accord entre les deux partis ;
- par tradition, le discours du trône, prononcé par le monarque, ouvre chaque année la session
parlementaire. Il est rédigé par le Premier ministre et définit le programme du gouvernement.

C- Les attributions
La Chambre des communes a théoriquement beaucoup de pouvoirs. Elle peut modifier la Constitution
par un simple vote puisque cette Constitution est souple. Un vieil adage anglais dit que « le Parlement
peut tout faire sauf transformer un homme en femme » !
Ses attributions principales sont l'élaboration des lois et le contrôle du gouvernement :

Pour l’élaboration des lois


Les députés ont le droit d'initiative mais le gouvernement aussi. Comme ce dernier est soutenu par
une majorité sans faille, ce sont ses projets qui prévalent.

Les députés peuvent proposer des amendements, mais le speaker peut, en toute impartialité, (sauter
» les amendements les plus complexes afin de faire progresser la discussion par larges bonds. C'est le
procédé dit du « kangourou ».

Pour le contrôle du gouvernement


Les questions orales sont le moyen privilégié. Ce procédé est apparu dès le début du XVIII e siècle en
Grande-Bretagne et tous les parlements du monde l'ont adopté par la suite. Théoriquement, le
contrôle peut déboucher sur le vote d'une motion de censure qui oblige le gouvernement à
démissionner, mais en réalité, cela arrive

Le pouvoir du Parlement, dont l'étendue vient de l'absence d'une Constitution rigide, a trouvé une
limite avec le Human Rights act de 1998, qui a incorporé au droit britannique
La convention européenne des droits de l'homme en précisant que la législation nationale doit la
respecter. Les citoyens peuvent ainsi obtenir des juridictions la censure des lois portant atteinte à
leurs droits fondamentaux.

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CHAPITRE 2 : LE FONCTIONNEMENT DU RÉGIME
Le fonctionnement du régime repose sur la prédominance du bipartisme (Section 1) et sur le
processus de démocratisation et de décentralisation des conséquences (Section 2) qui s’y attachent.
Section 1 : La prédominance du bipartisme
A la manifestation du bipartisme (Paragraphe 1) s’attachent certaines conséquences (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La manifestation du bipartisme


Les Anglais parlent du « two party system ». L'origine du bipartisme est sociologique. L'antagonisme
a d'abord été de nature religieuse (A), ensuite il a pu reposer sur une organisation particulièrement
importante avec des altérations (B).
A- Le bipartisme : un antagonisme de nature religieuse
Traditionnellement, les anglais Il opposaient les Tories (partisans de l'Église anglicane et défenseurs
de l'absolutisme royal contre le Parlement) et les whigs (dont les positions étaient inverses).
L'opposition est ensuite devenue purement politique. Les tories, qui étaient majoritairement
aristocrates, sont devenus les conservateurs. Les whigs, qui étaient majoritairement marchands, sont
devenus les libéraux.
Mais un troisième parti, né en 1906, a définitivement remplacé le parti libéral en 1924 : le Labour ou
parti travailliste. Le parti libéral, appelé parti libéral-démocrate depuis 1988, subsiste quand même
avec quelques députés aux Communes. Le nouveau bipartisme se résume donc à l'antagonisme entre
conservateurs et travaillistes, c'est-à-dire entre la droite et la gauche.

B- Le bipartisme : une organisation importante marquée par des altérations


L'organisation des deux partis est particulièrement importante. Au parti conservateur, le leader est élu
par le groupe parlementaire ; au parti travailliste, il est élu par un collège composé des députés et des
militants. Ce sont les partis qui choisissent les candidats aux élections législatives. Ce sont eux,
ensuite, qui encadrent les élus. Certains parlementaires sont chargés, par leur parti, de rappeler à
l'ordre les députés de base et d'assurer la discipline de vote ; on les surnomme les whips (fouets).

Le bipartisme subit parfois quelques altérations lorsque le parti libéral recueille un nombre de
suffrages important aux législatives. Le mode de scrutin ne permet pas pour autant de conférer à ce
troisième parti un grand nombre de sièges aux Communes, mais il prive l'un des deux principaux
partis de majorité.
La chambre élue en février 1974 a ainsi été dissoute quelques mois plus tard car les travaillistes n'y
détenaient pas une majorité suffisante. Les élections d'octobre 1974 se sont soldées par des résultats
assez comparables, obligeant le Labour à s'allier avec les Libéraux. Événement rare au Royaume Uni,
ce gouvernement « Lib-Lab. » a été renversé par une motion de censure en 1979, à l'initiative du
leader conservateur Margaret Thatcher.
Les législatives de mai 2010 se sont également soldées par un « Parlement suspendu », c'est-à-dire
dans lequel aucun des deux grands partis n'a de majorité absolue. Le Premier ministre travailliste,
Gordon Brown, a démissionné car les conservateurs l'ont emporté. Mais pour disposer d'une majorité,
ces derniers ont dû s'allier au troisième parti : le leader conservateur, David Cameron, a formé un vrai
gouvernement de coalition avec comme vice Premier ministre son homologue libéral-démocrate, Nick
Clegg, ainsi que des ministres des deux partis. Cela n'était pas arrivé depuis le gouvernement d'union
nationale associant des conservateurs et des travaillistes entre 1940 et 1945 sous l'autorité de
Winston Churchill.
Mais pour s'assurer du soutien libéral-démocrate, David Cameron a dû promettre un référendum sur le
mode de scrutin. Cette consultation, qui a eu lieu en mai 2011, permettait d'opter entre le scrutin
majoritaire à un tour et un mode de scrutin alternatif intégrant une dose de proportionnelle. En
décidant à 68 % de conserver leur mode de scrutin traditionnel, les Britanniques ont montré leur
attachement au bipartisme. Aux législatives de mai 2015, le scrutin majoritaire à un tour a retrouvé

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son efficacité en restaurant le bipartisme. Les conservateurs de David Cameron ont obtenu à eux
seuls la majorité des sièges aux communes, reléguant les travaillistes à l'opposition. Le Parti pour
l'indépendance du Royaume-Uni, xénophobe et anti-européen, arrive en troisième position avec 13 %
des suffrages mais le mode de scrutin ne lui confère qu'un député.
Paragraphe 2 : Les conséquences du bipartisme
Les conséquences du bipartisme peuvent être perceptibles au niveau de l’union de l’exécutif et de
Chambre des communes (A) et au niveau du recours possible au droit de dissolution (B).

A- L’influence du bipartisme sur l’union de l’exécutif et de la Chambre des


Communes
Le schéma classique du parlementarisme peut faire penser que le régime anglais est un régime où les
pouvoirs sont séparés mais égaux, grâce à leurs moyens d'action réciproques (renversement du
gouvernement/dissolution de la Chambre). Toutefois, la pratique politique britannique révèle que le
bipartisme, lorsqu'il ne subit pas d'altération, modifie complètement ce schéma.
Ainsi, la séparation des pouvoirs n'est qu'une illusion. Il y a union entre l'exécutif et la Chambre des
communes car l'un des partis est assuré d'avoir la majorité aux communes et son leader est
forcément nommé Premier ministre. En élisant leurs députés, les Britanniques élisent indirectement
leur Premier ministre.
Comme les partis sont très disciplinés, la majorité qui soutient le Premier ministre est très stable. Il n'y
a aucun risque qu'une motion de censure soit votée.

B- L’influence du bipartisme sur le recours au droit de dissolution


Le droit de dissolution est utilisé souvent, mais il ne sert plus de riposte comme dans le schéma
classique. Lorsque le Premier ministre se rend compte que les sondages lui sont favorables, il dissout
l'assemblée afin de gagner les élections suivantes.
L'équilibre du régime parlementaire est donc remis en cause, mais cela ne risque pas de dégénérer en
dictature car l'opposition dispose d'une situation privilégiée.
La Chambre des communes lui sert de tribune et le gouvernement joue le jeu de la démocratie
parlementaire. Il n'annonce jamais ses décisions dans les médias sans les avoir d'abord exposées à la
Chambre. L'opposition dialogue avec lui d'égal à égal. Le parti qui est dans l'opposition constitue un
véritable gouvernement virtuel - le shadow cabinet (gouvernement fantôme) - susceptible d'assurer le
pouvoir sans difficulté en cas d'alternance. Lors des débats aux communes, les ministres fantômes
répondent aux ministres en exercice et le leader de l'opposition répond au Premier ministre. Ce leader
est reconnu officiellement. Il porte le titre de « leader de l'opposition de Sa Majesté ». Il est rémunéré
par l'État au même titre que le Premier ministre et il est consulté par ce dernier sur les problèmes
importants.

Section 2 : le processus de démocratisation et de décentralisation


La démocratisation du régime britannique impose aujourd’hui une restructuration des entités en présence et de
l’organisation politique quant à la restructuration politique (Paragraphe 1) et quant aux accords entre les
différentes composantes du Royaume uni (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La restructuration des entités en présence


Le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord était un État unitaire faiblement décentralisé mais il
se rapproche maintenant, à certains égards, de l'État régional, depuis le processus de « dévolution des pouvoirs
», c'est-à-dire de décentralisation entrepris à la fin du xx e siècle.
En 1997, des référendums locaux, organisés par le gouvernement travailliste de Tony Blair, ont fait bénéficier
l'Écosse et le Pays de Galles d'une décentralisation spécifique. L'Écosse a été dotée d'un Parlement pouvant
légiférer dans tous les domaines non réservés au Parlement du Royaume et possédant certaines compétences
fiscales. Le Pays de Galles a été doté d'une assemblée beaucoup plus modeste, dénuée de pouvoir législatif et
fiscal. Lors d'un référendum en septembre 2014, les Écossais ont refusé Indépendance à 55 %. Mais aux
législatives britanniques de mai 2015, le parti nationaliste écossais (SNP) a remporté la quasi-totalité des sièges
représentant l'Écosse à la Chambre des communes. Si le Royaume-Uni décidait de sortir de l'Union européenne,

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les Écossais, majoritairement pro-européens, demanderaient à être de nouveau consultés et choisiraient
probablement leur indépendance.

Paragraphe 2 : Les accords entre les composantes du Royaume uni


En 1998, un accord de paix a été conclu en Irlande du Nord (Ulster), mettant fin à trente ans de guerre civile
entre les unionistes, partisans du maintien de cette province dans le Royaume-Uni, et les catholiques, partisans
de son rattachement à la République d'Irlande. Cet accord, ratifié par référendum, prévoit que l'avenir de
l'Ulster sera conforme au vote de la majorité de sa population.
La province bénéficie d'une certaine autonomie. Elle est gérée par un Parlement local élu à la proportionnelle et
par un gouvernement représentant toutes les tendances.
Un conseil Nord-Sud, composé de ministres de l'Ulster et de la République d'Irlande, peut faire des propositions
aux deux Parlements pour améliorer la coopération entre les deux parties de l'île. Cela va dans le sens des
républicains.
Un conseil irlando-britannique, composé de représentants des deux États et des entités autonomes d'Ulster,
d'Écosse et du Pays de Galles, a un pouvoir consultatif. Cela va dans le sens des unionistes.

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