Vous êtes sur la page 1sur 5

LE POUVOIR :

L’Etat est toujours organisé en fonction de ce qu’en attendent de lui ceux qui le
créent. Le pouvoir constituant originaire va en effet traduire dans la
Constitution un certain projet politique et social.
Or, si l’on se penche sur l’histoire constitutionnelle, elle fait apparaître quatre
phases depuis la fin du XVIIIe siècle :
- la 1ère débute à la fin du XVIIIe siècle et court sur la plus grande partie du
XIXe s. : elle voit la volonté de la bourgeoisie libérale de tenir le peuple à l’écart
de la réalité du pouvoir et de neutraliser l’Etat. Cela va passer par le principe de
la représentation du peuple.
- la 2ème phase correspond à la fin du XIXe s - début XXe s. et voit l’avènement
du peuple à la vie politique grâce à la généralisation du droit de suffrage et à la
création des partis de masse. Elle va se traduire par une montée en puissance
des Parlements instruments de la volonté du peuple.
- la 3ème phase s’ouvre au lendemain de la crise économique de 1929 et de la
guerre mondiale qu’elle a engendrée. Dans ce contexte, un basculement
s’opère, le peuple ne demande plus à l’Etat que de maintenir le niveau de vie
général. C’est alors l’exécutif, maître d’œuvre de la croissance, qui va prendre
le pas sur les autres pouvoirs.
- la dernière correspond à aujourd’hui et voit une revendication d’une plus
grande participation du peuple (cf la crise des gilets jaunes et la demande d’un
référendum d’initiative populaire).

Les formes d’organisation du pouvoir :


Toute l’histoire du constitutionnalisme peut se résumer en une quête de
solutions les meilleures possibles pour permettre l’exercice du pouvoir tout en
évitant l’abus de pouvoir de la part des gouvernants et en garantissant la
liberté.
Une solution va être trouvée sous la forme d’un principe : celui de la
séparation des pouvoirs. Ce principe s’enracine dans l’histoire de la
Constitution anglaise, mais c’est Montesquieu qui en a proposé une
systématisation qui a par conséquent marqué les esprits.
La séparation des pouvoirs selon John Locke (1632-1704) :
Au lendemain de la Révolution de 1688, John Locke qui avait été contraint à
l’exil sous le règne de Jacques II, va rédiger son Traité sur le Gouvernement civil
(1690) dans le but de légitimer la Révolution qui vient d’avoir lieu. Il va aussi
devenir le premier théoricien moderne de la séparation des pouvoirs.
Selon lui, il existe dans l’Etat trois pouvoirs :
-le pouvoir législatif
-le pouvoir exécutif
-le pouvoir fédératif qui est celui de conduire les relations internationales.

La lecture de Montesquieu :
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».
La théorie de Montesquieu repose sur deux éléments principaux :
-la distinction des fonctions législative et exécutive
Dans ce chapitre, Montesquieu va distinguer 3 types de pouvoirs :
- la puissance législative
- la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens
- la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil

-L’interdiction du cumul ou la règle négative


Le principe est simple : il ne faut pas remettre à un même individu ou à un
même groupe d’individus tous les pouvoirs.
Ce que Montesquieu évoque en réalité c’est la balance des pouvoirs, c’est-à-
dire la collaboration de plusieurs organes à chacune des fonctions.
La lecture dénaturée de la thèse de Montesquieu :
Les juristes « modernes » vont donner un autre sens à la théorie de
Montesquieu, et ce en grande partie car la lecture proposée par Montesquieu
était incompatible avec le développement de la démocratie représentative. En
effet, il apparaissait impossible que le pouvoir législatif, appartenant aux
représentants du peuple, soit partagé avec des éléments non-démocratiques.

La règle de la spécialisation :
-L’Etat exerce trois fonctions (faire la loi, l’exécuter et trancher les litiges). Il y
aura donc trois autorités ou organes de l’Etat et chacun sera spécialisé dans
l’exercice d’une des fonctions. Cette spécialisation implique que chacune des
autorités devra exercer une seule fonction, et celle-ci toute entière. Elle ne
pourra en aucun cas s’immiscer dans l’exercice des autres fonctions.

La règle de l’indépendance :
Si un des pouvoirs pouvait exercer des pressions sur le titulaire de l’autre, les
pouvoirs ne resteraient pas longtemps spécialisés. Par exemple, si le pouvoir
exécutif pouvait nommer et révoquer les titulaires du pouvoir législatif, ce
serait lui qui en fait exercerait le pouvoir législatif.
Il va donc falloir que les autorités soient mutuellement indépendantes, pour
éviter toute pression.
Ainsi a-t-on érigé la séparation des pouvoirs en une véritable indépendance de
pouvoirs les uns vis-à-vis des autres. Mais ce n’est pas ce que disait
Montesquieu.

La concentration des pouvoirs au profit de l’exécutif : la dictature de


l’exécutif
La dictature peut être le fait d’un homme, d’un groupe ou d’un parti politique.
La dictature peut présenter différents degrés, allant d’un régime simplement
autoritaire, jusqu’à un régime véritablement totalitaire.
2 exemples :
- la France a connu, avec le régime de Vichy, un régime totalitaire s’inscrivant
dans la lignée des dictatures de l’entre-deux-guerres que sont le fascisme et le
national-socialisme. Ces régimes reposaient sur l’emprise d’un chef
charismatique et d’une idéologie.
- L’URSS est un autre exemple de dictature de l’exécutif exercée par un parti
politique (le PCUS).

Le régime présidentiel ou la séparation rigide des pouvoirs :


Le régime présidentiel désigne la qualification doctrinale attribuée au régime
politique des Etats-Unis.
Les caractéristiques :
Il se caractérise par l’absence de moyens de pression réciproques entre
l’organe exécutif et les organes législatifs.
- L’exécutif n’est pas bicéphale mais monocéphale : il est composé d’une seule
personne – le Président. Il n’y a donc pas de Gouvernement au sens d’organe
collégial assurant l’exercice du pouvoir exécutif. Mais il y a bien sûr des
ministres secrétaires d’Etat qui assiste le Président, mais ils ne répondent de
leurs actes que devant le seul Président.
- Pourquoi parle-t-on d’une séparation stricte des pouvoirs ? parce que
l’exécutif n’est pas responsable devant le Congrès et parce que le Président ne
peut pas dissoudre le Congrès.
On a appelé ce régime présidentiel car on considère généralement que dans un
tel système, l’organe le plus important est le Président, même si le Parlement
n’est pas pour autant abaissé, puisqu’il dispose de l’intégralité de son pouvoir
législatif.
-à partir de cette notion de régime présidentiel, qui ne se trouve réalisée
pratiquement qu’aux Etats-Unis, on a parfois donné naissance à 2 autres
régimes :
-celui de régime présidentialiste : cela renvoie à des régimes qui sont pour la
plupart dans des pays en voie de développement, plus ou moins inspirés du
système américain, mais dans lesquels le Président dispose en droit ou en fait
de pouvoirs plus importants encore qu’aux Etats-Unis et joue un rôle
prépondérant dans le système, avec une réduction des pouvoirs du Parlement.
(Ex : en Afrique ou en Amérique latine)
-celui de régime semi-présidentiel (terme issu de la typologie de Maurice
Duverger) : des régimes dans lesquels le Président est élu au suffrage universel,
mais où il existe aussi un ministère responsable ; comme dans les régimes
parlementaires;(Ex : la France de la Ve République )

Vous aimerez peut-être aussi