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HGGSP – FICHE DE TRAVAIL 2 AXE 1

PENSER LA DEMOCRATIE : DEMOCRATIE DIRECTE


ET DEMOCRATIE REPRESENTATIVE

1. FICHES DE TRAVAIL A REALISER

1.1. Des notions générales à maîtriser


Ces notions sont des éléments clefs de votre cours. Vous devez apprendre à les manipuler, à les
illustrer d’exemples historiques mais également à les associer à des personnages importants.

• Démocratie directe
• Démocratie représentative
• Démocratie libérale
• Démocratie délégative
• Démocratie semi-directe
• Démocratie parlementaire
• Référendum
• Libéralisme
• Référendum d’initiative citoyenne
• République

Dans cet axe l’approche historique de la démocratie est au cœur du sujet mais il est intéressant
d’établir une différence claire entre république et démocratie. Le terme de République vient du
latin « res » la chose, « publica » publique qui signifie le bien public, la chose publique. Ainsi les
affaires de la cité et l’organisation de la vie en société sont donc l’affaire de tous les citoyens.
La démocratie est un régime politique dans lequel le peuple est à l’origine du pouvoir, le peuple
est souverain, « démos » le peuple, « kratos » le pouvoir. Dans leur sens étymologique, on
retrouve une certaine similitude entre Démocratie et République. Cependant ces notions ont une
histoire différente notamment en France.
Jusqu’à la Révolution française la France a vécu sous le régime de la monarchie. La période
révolutionnaire vient mettre un terme progressivement à la monarchie pour établir la République.
Elle désigne donc un mode d’organisation et d’exercice du pouvoir qui s’oppose à la monarchie
ou à la dictature par exemple. Les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires sont en général
séparés et indépendants, structurés autours d’institutions. Depuis 1789, la France a connu cinq
républiques, c’est-à-dire cinq régimes politiques différents mais qui avaient comme point de ne
pas accorder les pleins pouvoirs à un seul homme : séparation des pouvoirs, suffrage universel
sont autant de caractéristiques de la République française. La différence entre les cinq
Républiques concerne les attributions et les modes de désignation du pouvoir exécutif et du
pouvoir législatif. La République française est une démocratie car le peuple détient le pouvoir
en élisant ses représentants.

Une République n’est pas forcément une démocratie et inversement. Nous pouvons prendre
comme exemple le régime chinois. La République populaire de Chine est un fait un régime
autoritaire où le parti communiste règne en maître absolu sur le pays. Les libertés individuelles
ne sont pas respectées, la répression des opposants au régime est particulièrement dure et la
séparation des pouvoirs inexistante. Des élections ont pourtant lieu pour élire les 3000
représentants de l’assemblée populaire de la République chinoise mais les élus n’ont aucun
pouvoir, ils sont tous issus du parti communiste. Le président chinois est désigné par le parti, sans
aucune limite d’exercice de son mandat depuis 2012.

A l’inverse une démocratie n’est pas nécessairement une République. La Grande Bretagne
est une monarchie constitutionnelle mais la reine ne tient qu’un rôle honorifique. Le premier ministre
britannique gouverne avec un parlement élu au suffrage universel direct, les pouvoirs exécutifs,
législatifs et judiciaires sont clairement séparés. Bien qu’étant une monarchie, le Royaume-Uni est
donc une démocratie.

Ainsi République et monarchie ont un sens étymologique proche mais recouvrent une réalité
différente.

2. APPROFONDISSEMENTS
2.1 Montesquieu, la séparation des pouvoirs
La théorie de la séparation des pouvoirs fut d’abord élaborée par John LOCKE (1632-1704)
philosophe anglais puis reprise par MONTESQUIEU (1689-1755) penseur politique, philosophe
et écrivain des Lumières. La séparation des pouvoirs vise à séparer les différentes fonctions de
l’État, afin de limiter l’arbitraire et d’empêcher les abus liés à l’exercice de missions souveraines.
Montesquieu distingue 3 fonctions principales au sein des différents régimes politiques :

- La fonction d’édiction des règles générales constituant la fonction législative.


- La fonction d’exécution des règles relevant de la fonction exécutive.
- La fonction de règlement des litiges constituant la fonction juridictionnelle ou judiciaire.

Partant du constat que, dans le régime de la monarchie absolue, ces trois fonctions sont le plus
souvent confondues et détenues par une seule et même personne, la théorie de séparation des
pouvoirs plaide pour que chacune d’entre elles soit exercée par des organes distincts,
indépendants les uns des autres, tant par leur mode de désignation que par leur fonctionnement.
Chacun de ces organes devient ainsi l’un des trois pouvoirs : le pouvoir législatif est exercé par
des assemblées représentatives, le pouvoir exécutif est détenu par le chef de l’État et les
membres du Gouvernement, le pouvoir judiciaire, enfin, revient aux juridictions.

L’objectif assigné par Montesquieu à cette théorie est d’aboutir à l’équilibre des différents
pouvoirs : "Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir."

2.2 Les États-Unis, un modèle de démocratie ?


Les États-Unis aiment à se voir et être vus comme la plus grande démocratie au monde et se
proposent régulièrement d’exporter leur modèle politique et la démocratie. Pourtant le mot
« démocratie » n’est pas mentionné dans la constitution américaine rédigée en 1787, toujours en
vigueur aujourd’hui et seulement complétée par 26 amendements depuis son entrée en
application. Le modèle démocratique américain a longtemps été perçu comme un exemple à
suivre, Alexis de Tocqueville (cf Axe 2 Jalon 1) fut un des observateurs les plus critiques sur le
fonctionnement de la démocratie américaine lorsqu’il publie en « de la démocratie en
Amérique » en 1834. En 1865, Georges Clémenceau dans « Lettres d’Amérique », publiées dans
le journal « Le temps », observe comment « un peuple qui s’est rendu libre peut conserver sa
liberté ». Ce modèle repose sur 3 piliers fondamentaux :

- La liberté, valeur intangible symbolisée notamment par la statue de la liberté offerte par la
France I lift my lamp beside the golden door ( Je tiens ma lampe levée près de la porte d’or).
- L’égalité, tous les citoyens sont égaux devant la loi, il n’y a pas de privilèges hérités du droit
du sang, l’aristocratie n’existe pas. Au même titre que la liberté, l’égalité est un principe
intangible.
- L’unité, que l’on retrouve exprimée dans la devise latine américaine « E pluribus unum » (un
à partir de plusieurs) ou bien dans sa version anglaise « united we stand, divided we fall »
( unis nous sommes debout, divisés nous tombons).

Ces trois piliers se trouvent résumés dans le serment d’allégeance au drapeau prononcé par de
nombreux élèves des écoles américaines, la main posée sur le cœur : I pledge allegiance to the
flag of the United States and the Republic it stands for : one country under God, with justice and
liberty for all (Je jure allégeance au drapeau des États-Unis et à la République qu’il représente :
un seul pays, sous l’autorité de Dieu, avec la justice et la liberté pour tous). Le drapeau est donc
un sacré symbole et un symbole sacré.

Les États-Unis d’Amérique forment un État fédéral, une fédération de 50 États autonomes et
autogouvernés. Le Président des États-Unis, que l’on présente comme l’homme le plus puissant du
monde, ne peut en rien interférer dans la gouvernance des États membres de l’Union. Par
exemple il ne peut gracier un condamné à mort, il ne dispose pas du droit de grâce. Disons pour
simplifier qu’il représente à l’étranger la nation la plus puissante du monde. Il promulgue les lois,
à condition que le Congrès les ait votées, lève les impôts, gère la Défense, la politique étrangère,
pouvoirs régaliens certes, mais assez éloignés du quotidien des citoyens américains.

Le Congrès (pouvoir législatif) est un parlement bicaméral (2 chambres) composé du Sénat et de


la chambre des représentants. Le Sénat compte cent sénateurs, deux par État. Dans un souci
d’équité la constitution prévoit que chacun des États ait le même nombre de représentants. Aux
deux extrêmes de population le Wyoming (580000 habitants) et la Californie (39 millions) ont
la même représentation. En revanche, la Chambre des Représentants compte 435 élus en fonction
de la population de l’Etat, avec un minimum de 1 pour le Wyoming et un maximum de 52 pour
la Californie. Leur mandat est de deux ans.

Il est très rare qu’à la fois le Sénat, la Chambre des Représentants et le Président soient du même
parti. Cette fréquente cohabitation entrave sérieusement les projets législatifs, tels que le vote
d’une couverture sociale pour la santé, violemment combattue par les Républicains.

Deux grands partis se partagent la vie politique, le parti Démocrate et le parti Républicain. Les
Démocrates, symbolisés par l’âne, se revendiquent libéraux. Le terme libéral aux États-Unis est
synonyme de social-démocratie. Le parti conservateur, symbolisé par l’éléphant, est beaucoup
plus conservateur, partisan de la loi et l’ordre (law and order). Les autres partis politiques
américains n’ont que très peu de place dans cette bipolarisation partisane. On peut donner
comme exemple le « libertarian party » (parti libertarien), le « reform party » (parti de la
réforme) et même un parti écologiste « green party of the United States » (parti vert des États-
Unis).

La démocratie américaine n’est pas exempte de critiques. Les mandats restent trop courts, les
représentants sont élus pour 2 ans, à l’échelon local les maires pour 1 ou 2 ans et le président
pour 4 ans. Ce dernier préside réellement 2 ou 3 ans avant de préparer sa réélection la
quatrième année. Seuls les sénateurs, élus pour 6 ans, peuvent suivre réellement leurs actions. La
brièveté des mandats donne l’impression de campagnes électorales permanentes.

Un quatrième pouvoir pourrait être au cœur de la démocratie américaine, celui de l’argent. Nul
ne peut être élu, à quelque niveau que ce soit, s’il ne dispose pas de fonds. L’État ne rembourse
pas les frais de campagnes et celles-ci sont financées par de riches mécènes ou groupes de
pression (lobbies).

3. DES RESSOURCES POUR ALLER PLUS LOIN


3.1. Des conseils de lecture
• L’assemblée des femmes, Aristophane, 392 av. JC. L’auteur imagine les femmes prenant
le pouvoir et tourne la démocratie de son temps en dérision.

• Le bachelier, Jules Vallès, 1881. Le récit romanesque de l’engagement républicain d’un


jeune homme sous le second empire.

• « Athènes. Citoyenneté et démocratie au Vème siècle avant JC. » La documentation


photographique, n°8111, mai-juin 2016, la documentation française.

3.2. Des sites documentaires


• L’Institut Benjamin Constant, centre universitaire de recherche rattaché à l’université de
Lausanne qui propose sur son site des extraits des œuvres et écrits de Benjamin Constant.
https://www.unil.ch/ibc/home.html

• Le site québécois « Par ici la démocratie » qui résume en une page synthétique les
origines de la démocratie d’Athènes à aujourd’hui.
http://www.paricilademocratie.com/approfondir/pouvoirs-et-democratie/1434-origines-de-
la-democratie-d-athenes-a-aujourd-hui

3.3 Des émissions de radios et podcast en ligne


• France culture, « les chemins de la philosophie » a consacré une série de 4 émissions sur
« la démocratie peut-elle tenir ses promesses ? »
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/la-
democratie-peut-elle-tenir-ses-promesses-14-les

• Un podcast de l’émission « la fabrique de l’Histoire » sur France Inter sur le thème de la


démocratie à Athènes au Vème siècle.
https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-14-
novembre-2012

• Sur le site Lumni, un dossier consacré à la démocratie « qu’est-ce que la démocratie ? »


https://www.lumni.fr/dossier/qu-est-ce-que-la-democratie

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