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La Démocratie

(B. Gloor et D. Rouyet, L’Etat c’est nous !, LEP, 1989)

On a toujours cherché à caractériser les divers régimes politiques en vigueur dans le monde.
Jusqu'à une époque récente, la distinction essentielle se faisait entre monarchie, où le pouvoir,
généralement héréditaire, est assumé par un seul individu, et république, où le pouvoir, non
héréditaire, est assumé par un groupe plus ou moins nombreux d'individus.
Au XXe siècle s'est imposée de plus en plus la référence à un seul régime politique, la
démocratie, littéralement le pouvoir du peuple. Tous les Etats ou presque s'en réclament
aujourd'hui.

I. Les caractéristiques

Formellement, on peut définir la démocratie par deux éléments:

- la séparation des pouvoirs,

- le suffrage universel.

L'ambiguïté d'une telle définition réside dans le fait qu'elle prend en compte seulement des
grands principes théoriques, qui peuvent en réalité masquer des situations fort différentes. En effet,
il n'y a véritablement séparation des pouvoirs que si l'indépendance de chacun des pouvoirs existe
réellement. Et le suffrage universel n'a de sens que si le peuple peut choisir librement ceux qui
gouvernent l'Etat. Il est donc nécessaire de préciser d'autres critères pour distinguer les régimes
démocratiques et les régimes autoritaires, en se demandant avant tout quelle place l'individu
occupe dans la vie politique, quelle information il peut se procurer, quel contrôle il peut exercer
sur les gouvernants. En bref, il s'agit de faire apparaître la réalité du pouvoir plutôt que son
apparence formelle.
Il existe de nombreuses différences entre les démocraties en ce qui concerne le
fonctionnement de leurs institutions. Néanmoins, les mêmes traits fondamentaux se retrouvent
partout :
- Des élections libres. Elles sont la garantie du renouvellement régulier du gouvernement et du
parlement. C'est le peuple souverain qui choisit, entre plusieurs candidats, les dirigeants politiques
du pays.
- Le pluralisme. Il existe plusieurs partis politiques qui cherchent librement à obtenir les voix des
électeurs. Chacun peut exprimer ses idées, manifester ouvertement son opposition et critiquer les
élus.
- L'indépendance des pouvoirs les uns par rapport aux autres (législatif, exécutif et judiciaire).

La base économique des démocraties libérales est le capitalisme, fondé sur la propriété
privée des moyens de production et la libre entreprise. Chacun peut bâtir sa propre affaire,
agricole, industrielle ou commerciale, et tenter de se faire une place sur le marché.
Dans les pays à niveau de vie élevé, l'association de l'économie capitaliste et de la
démocratie politique fonctionne de manière généralement satisfaisante. A défaut d'un véritable
partage des richesses, la distribution des biens touche d'assez larges couches de la population pour
assurer la stabilité sociale et politique.
Il en va tout autrement dans les pays du tiers monde où les difficultés économiques et
l'inégalité dans la répartition des richesses sont souvent à l'origine de luttes politiques débouchant
sur un régime autoritaire.
II. Les formes de démocraties

Il existe trois formes principales de démocraties libérales :


- La démocratie représentative, dans laquelle les citoyens élisent leurs représentants au
parlement, et éventuellement le gouvernement. Pendant la durée du mandat des élus, les citoyens
ne peuvent plus intervenir directement dans la vie politique. C'est le type de gouvernement de la
plupart des démocraties actuelles.
- La démocratie directe, où toutes les décisions sont prises par l'assemblée générale des citoyens.
Il n'y a pas de pouvoir législatif à proprement parler, ou plutôt c'est l'ensemble des citoyens qui le
détient. Cette forme de démocratie n'est possible que dans de très petites communautés, où les
problèmes sont assez simples pour pouvoir être résolus directement. Actuellement, elle n'existe
plus en Suisse que dans de petites communes et dans les cantons à Landsgemeinde.
- La démocratie semi-directe, dans laquelle les citoyens élisent leurs représentants, comme dans
la démocratie représentative, mais gardent le droit d'intervenir dans les décisions prises par ceux-
ci. C'est la forme choisie par la Suisse, où le peuple a un droit de regard sur le travail de ses
représentants par le biais de l'initiative et du référendum.

En plus des droits politiques reconnus aux citoyens, la démocratie garantit un certain
nombre de libertés individuelles. Elle suppose aussi, de la part de chacun, la reconnaissance de
devoirs envers la communauté.
Parce qu'elle repose sur la participation de tous, la démocratie est fragile. Elle est menacée à
la fois par ceux qui, exerçant le pouvoir, ont parfois de la peine à se souvenir qu'il ne leur
appartient pas en propre, et par le désintérêt des citoyens pour des problèmes dont ils perçoivent
mal l'importance.

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