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MARREAU Lola Louis Berg

De la démocratie en Amérique –Volume I, 2ième partie, chapitres 1 à 8- Alexis de Tocqueville


I- Alexis de Tocqueville

 Né à Paris en 1805 et mort à Cannes en 1859, Tocqueville est issu d’une famille de très ancienne noblesse
puisqu’il est en fait de son vrai nom compte de Tocqueville.

 C’est un philosophe politique, un homme politique, un historien et un précurseur de la sociologie il a été


influencé par la pensée de Blaise Pascal.

 Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution Française, de la démocratie américaine et des démocraties
occidentales en général.

 Ses œuvres ont une influence sur le libéralisme et la pensée politique.

 Il a des opinions tranchées : anti-esclavagiste, libre-échangiste, il défend la liberté individuelle et l’égalité en


politique mais reste hanté par le déclin des valeurs aristocratiques et de la grandeur nationale.

 De la démocratie en Amérique (1835), L’Etat social et politique de la France avant et depuis 1789 (1836),
L’Ancien régime et la Révolution (1856)
II- L’œuvre
-publiée en deux livres, le premier en 1835 et le deuxième en 1840.
*premier tome est une analyse descriptive de la démocratie
*deuxième tome pousse à une réflexion sur les formes particulières de la démocratie en Amérique et sur l’influence de
cette démocratie sur la vie des peuples
-projet de l’œuvre : décrire et analyser le système politique américain en exposant ses dérives potentielles
« J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus que l'Amérique ; j'y ai cherché une image de la démocratie elle-même,
de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions ; j'ai voulu la connaître, ne fût-ce que pour
savoir du moins ce que nous devions espérer ou craindre d'elle. »
(De la démocratie en Amérique, I, introduction)

III- Le développement de l’œuvre


A) La gouvernance du peuple
On peut affirmer qu’aux États-Unis c’est le peuple qui gouverne car l’ensemble des institutions étatiques en
dépendent. A travers les élections régulières la démocratie règne en donnant le pouvoir à une majorité composée de
citoyens ordinaires intéressés et passionnés par la politique et le désir de rechercher le bien public. De plus il n’y a
aucun obstacle à l’expression des opinions, des préjugés et des passions du peuple.
B) La liberté de la presse aux États-Unis
La presse est un facteur puissant de la démocratie dans la mesure où elle modifie en profondeur les populations en
influant sur les opinions publiques et sur les mœurs. Tocqueville s’intéresse aux effets sur le monde politique de la
liberté de la presse.
On ne peut que difficilement restreindre la liberté de la presse car même si on voulait censurer et faire juger les
écrivains on ne participera en réalité qu’à la diffusion encore plus importante de leur message. « On peut arrêter le
corps mais pas l’âme » et interdire la liberté d’expression et de paroles restreindrai le pouvoir politique à un
despotisme. De plus l’indépendance de la presse et la garantie de la liberté des citoyens, la censure relèverai d’une
absurdité la plus totale dans une démocratie car cela reviendrai à interdire la capacité à choisir en les différentes
opinions.
 Souveraineté du peuple et liberté de la presse sont en corrélation et dépendent l’une de l’autre.
Aux États-Unis cependant la presse à moins de pouvoir qu’en France car elle est plus ancienne, que la vie politique est
moins tumultueuse et surtout qu’elle relève d’une décentralisation et d’une absence de grands courants d’opinion.
C’est la multiplication des acteurs et des écrits.
 Concentrer la presse c’est renforcer son pouvoir
C) Le gouvernement de la démocratie

 Le gouvernement de la démocratie
La démocratie américaine est soumise à ses propres craintes et à ses propres obstacles, contrairement à la démocratie
française qui est soumise à des luttes d’opinions sur la caractérisation même de ses valeurs. La démocratie américaine
s’établit donc librement et naturellement, ses mouvements suivent leur propre cours et on ne peut savoir où elle va
mener.

 Le vote universel
Tous les États des US ont admis le vote universel dans la mesure où il va permettre d’amener à la direction des
affaires publiques des hommes dignes et responsables. En revanche le vote produit des effets très différents d’un État
à un autre.

 Les choix du peuple et les instincts de la démocratie


Si en théorie le vote universel permet de mener des hommes responsables à la tête du pays on remarque dans les faits
que les hommes remarquables le dirigent rarement pour différentes raisons :

- On ne peut plus élever les lumières du peuple au-delà d’un certain niveau sans que les hommes se
consacrent pleinement à cette instruction impossible, la vie doit continuer.

- Manque d’envie de voir les classes supérieures (qui elles seraient plus « cultivées ») au pouvoir (animosité
des classes inférieures).

- Les êtres « remarquables » veulent échapper à la vie politique, domaine pervertie dans lequel ils ne
peuvent rester eux-mêmes.

 Comment aller à l’encontre de ces instincts et tirer le gouvernement vers le haut  ?


*Quand un grand danger menace l’État, le peuple choisit avec bonheur les citoyens les plus propres à les sauver.
→ Face au danger l’homme peut soit être tiré vers le haut, soit tomber très bas.
Dans le premier cas c’est le génie et le grand caractère qui émerge.
*L’influence des lumières et des mœurs peut aussi influencer la démocratie dans le bon sens. Par exemple la
Nouvelle-Angleterre fait des meilleurs choix dans sa démocratie que les autres pays car l’éducation de cette région est
plus ancienne et le respect des supériorités intellectuelles est plus implantés. Plus le lien social est récent plus il est
faible et moins les gouvernements sont vertueux.

 Les lois électorales 


Le système électoral des États-Unis repose sur la rareté des élections. Ainsi le risque de bouleversement est faible et
les partis doivent saisir une chance qui passe très rarement (échec lors d’une élection → fin sans issue). De cette rareté
des élections découle cependant une instabilité des lois.

 La place des fonctionnaires


Les fonctionnaires publics aux États-Unis sont des citoyens comme les autres, ils n’ont pas de distinction
particulière parce que l’idée dominante est que les apparences ne sont pas indispensables à la bonne marche
politique, aucun vêtement n’entraîne le respect → pas de nécessité d’avoir des distinctions (≠France). En revanche
les fonctionnaires ont un salaire puisqu’ils s’engagent et rendent service.
Le traitement des fonctionnaires relève aussi de cette idée d’une absence de distinction. Les démocraties
économisent sur les traitements des fonctionnaires publics. Aux États-Unis les fonctionnaires d’un ordre
secondaires sont plus payés plus qu’ailleurs alors que les hauts fonctionnaires le sont moins. Cette différence
relève d’une décision populaire :
-les fonctionnaires secondaires sont au niveau du peuple ils méritent donc une « somme prodigieuse ».
-les hauts fonctionnaires ne méritent que des « sommes modiques » aux yeux de la société qui ne conçoit pas
les plaisirs du riche.
→ Le salaire diminue à mesure que le pouvoir est accru. Contrairement au système aristocratique, la démocratie
donne peu aux gouvernants et beaucoup aux gouvernés.

 L’arbitraire des magistrats


Sous un régime démocratique les fonctionnaires ont un cercle d’activité très large, on leur impose un but vers lequel
tendre mais aucunes indications concernant les moyens à employer n’est donnée. Le magistrat devient plus libre à
mesure que le temps de sa magistrature diminue.

 L’instabilité administrative
Les actes de la société laissent peu de traces car les hommes politiques ne sont que des citoyens qui, une fois leurs
mandats passés, retournent se fondre dans la masse. Les journaux sont donc les seuls monuments historiques de cette
démocratie dans laquelle on ne s’inquiète pas de connaître le passé, où il n’y a aucune collection ni aucun fichage de
documents.
 Démocratie de l’instant présent, mais on ne tire pas de leçons des erreurs passées.

 L’économie dans la démocratie


Qu’elle est l’influence de la démocratie sur les finances de l’état   ?
On observe dans une démocratie des dépenses publiques considérables dans la mesures où si c’est le peuple qui fait
les lois il va chercher à « s’avantager » → La démocratie n’a pas l’art d’être économe.
En revanche il est important de noter que la société est composée de 3 classes (riches/aisés/personnes ne possédant
que peu ou pas de propriété) et que chaque classe apporte à la société et à l’économie selon le rôle qu’elle détient dans
les institutions.
Exemple : Si les riches sont au sommet ils rapporteront moins car ils ne s’imposeront pas de taxes.
Comparaison avec les dépenses publiques françaises
Cette comparaison doit se faire en plusieurs étapes :
1) Apprendre la richesse des peuples.
2) Apprendre quelle position de cette richesse est consacrée aux dépenses de l’État.
→ En établissant le rapport dépense/revenu on peut faire une comparaison.
MAIS un problème se pose car les pays n’ont pas encore pris soin d’établir précisément tous les éléments et ces outils
de comparaison, on ne peut donc avoir aucune certitude, ni sur les impôts précis ni sur les statistiques qui ne sont
fondées sur aucunes données rigoureuse.
→ Si on regarde à première vu l’américain semble donner une plus faible part de son revenu à l’État que le Français
mais ce n’est qu’une comparaison hasardeuse.
 En réalité les pays sont si différents qu’il n’y a aucun parallèle à tracer entre eux (les conjonctures sont
différentes).

 Les vices du gouvernement dans la démocratie


Le principal vice est la corruption. Si dans un régime aristocratique ce sont les hommes riches qui, en quête de
pouvoir, cherchent à corrompre ; en démocratie ce sont les hommes pauvres qui doivent faire fortune et qui sont donc
très touchés par la corruption. Ce vice entraîne la perversion du peuple dans sa morale.

 Les efforts de la démocratie


En cas de crise nationale on observe au début un enthousiasme important à défendre la patrie, mais ce sentiment
s’estompe pour laisser place à l’égoïsme. Les États-Unis se basent sur un engagement volontaire de la part des
individus puisque la conscription n’existe pas.
→ Les hommes s’exposent aux dangers et aux privations par enthousiasme et acceptent leur sort par raisonnement. Le
problème c’est que le peuple manque de raisonnement, d’où la naissance de l’égoïsme qui est en fait la plus grande
faiblesse des républiques démocratiques puisque l’effort continu est difficile.

 Le pouvoir de la démocratie sur elle même


Les lois sont faites par le peuple pour le peuple, mais la démocratie a du mal à imposer ce qui est bon pour le pays et à
faire oublier les «caprices, les lubies passagères des citoyens ». En revanche une fois appliquées, les lois sont très
respectées par les américains et l’avantage de la démocratie c’est qu’elle ne périt pas de ses erreurs si elle est assez
ancienne pour avoir un certain degré de civilisation. Toutes les erreurs sont réparables, la démocratie a de grande
chance de se tromper mais elle a aussi de grande chance de revenir à la lumière.

 Démocratie et affaires extérieures


Les États-Unis pratiquent l’isolationnisme et revendiquent que les intérêts européens sont différents des leurs et
qu’afin d’être aussi libre que possible ils ne souhaitent pas contracter d’alliance. Les politiques de Washington et de
Jefferson simplifient la politique extérieure américaine qui consiste plus à s’abstenir qu’à faire.
D) Les avantages réels pour la société américaine
Les vices de la démocratie sont faciles à voir, ses qualités elles ne sont visibles qu’à la longue.

 Les lois sont souvent incomplètes mais les républiques américaines sont prospères car les lois tendent au bien
du plus grand nombre. Les lois peuvent être imparfaites mais elles ne seront jamais contraires à la majorité.

 L’avantage des américains est de pouvoir faire des fautes réparables. Les démocraties se trompent souvent
mais l’État prospère car les gouvernés sont éclairés et attentifs, ils peuvent donc empêcher les gouvernant de
s’éloigner de l’intérêt général. De plus la possession du pouvoir aux États-Unis est courte.

 La démocratie sert au bien-être du plus grand nombre car l’intérêt des représentants politiques se confond
avec celui des citoyens. Sous une démocratie la mauvaise action reste isolée et c’est la bienveillance qui
règne, il n’y a pas d’allure exclusive ou dangereuse.

 Dans l’esprit public américain on observe un amour instinctif de la patrie, un goût des coutumes, le respect
des aïeux ainsi qu’un engouement religieux ce qui contribue à sauver le pays en cas de crise. En revanche
c’est un patriotisme d’instinct, irréfléchi qui relève parfois de la cupidité.
Le patriotisme réfléchi serait moins fort mais plus durable.

 Aux États-Unis la notion de droit à une valeur très forte, se soumettre aux droits c’est s’élever. Il n’y a pas de
prolétaires et chacun reconnaît le droit de propriété. Les droits politiques sont également très importants
(soumission aux magistrats) et les hommes apprennent à se servir des droits.

 Ainsi comme le peuple est très consulté, les lois acquièrent encore plus d’autorité. La popularité d’un
gouvernement mène à la puissance d’une législation. Aux États-Unis chacun trouve un intérêt personnel à ce
que tous obéissent aux lois et un contrat social est passé. Toutes les classes montrent une grande confiance et
un amour inconditionnel à l’encontre des législations.

 L’activité du corps politique entraîne une agitation et un certain tumulte dans les sociétés. Se mêler des
affaires du gouvernement devient alors un réel plaisir pour l’américain, si ce dernier ne devait s’occuper que
de ses propres affaires la moitié de son existence lui serait ravie. Par cette immersion dans la sphère politique
le cercle de réflexion des citoyens s’agrandit et l’esprit humain acquiert une certaine hauteur.
E) La toute-puissance de la majorité

 C’est dans l’essence même de la démocratie que l’empire de la majorité est absolu et cette force artificielle est
encore augmentée par les constitutions (la législature est soumise aux idées populaires et les électeurs tracent
eux même le plan de conduite des députés).

 Plus il y a d’homme plus il y a de sagesse et de lumière, le droit de gouverner de la majorité parait donc
parfaitement légitime. De plus l’intérêt du plus grand nombre est supérieur à ceux du petit
→ La majorité a une puissance de fait et une puissance d’opinion.
 Mais l’influence de la majorité pousse à changer vite de législature pour continuer de plaire à cette majorité
qui détourne vite les yeux… Ces changements brusques créent de fortes instabilités.

 Le risque de la toute-puissance de la majorité entraîne aussi un risque de tyrannie. La justice met en place les
bornes du droit de chacun mais si un homme peut abuser de sa toute-puissance alors une majorité le peut
aussi. En Amérique il existe peu de garanties contre cette tyrannie et si un citoyen est victime d’une injustice
que peut-il faire ? L’ensemble législatif est lié et esclave de la majorité…
→ Toute cette législation favorise le despotisme légal et s’il n’y a pas de tyrannie actuellement c’est un danger
indéniable.

 La toute-puissance de la majorité favorise également l’arbitraire des magistrats car la loi les laisse libres dans
le cercle qu’elle trace autour d’eux.

 La majorité influe aussi sur la pensée collective. Dès que la majorité prononce une décision, tout le peuple
s’aligne et malheur à celui dont l’avis diverge. Personne n’est tenté d’aller à l’encontre de la majorité tant sa
force matérielle et orale est grande. On observe aux États-Unis une extrême dépendance d’esprit et pas de
véritable liberté de discussion.

 La majorité a également un effet sur le caractère national. Elle se fait sentir sur les mœurs en faisant
disparaître les grands hommes dans la mesure où tous les esprits sont formés sur le même modèle.
 La majorité est donc dans un sens le plus grand danger des républiques américaines, car en irritant les
minorités elle peut mener à la révolution…
F) Qu’est ce qui tempère la tyrannie de la majorité  ?

 L’absence de centralisation administrative empêche la majorité d’avoir les instruments nécessaires à la


tyrannie. Le despotisme reste localisé et les gouvernements sont très puissants mais seulement sur une sphère
restreinte.

 L’esprit légiste permet de contrebalancer la démocratie puisque l’autorité donnée aux légistes est une barrière
contre les écarts de la démocratie. Les légistes en ayant fait des études très poussées ont développé un goût de
l’ordre et forment une classe aristocratique et intellectuelle privilégiée de la société. Le peuple leur fait donc
confiance pour modérer et arrêter les passions déraisonnables.

 Le jury peut également être considéré comme un contrepoids à la toute-puissance de la majorité puisque c’est
lui qui juge les criminels. Placer le peuple sur un siège politique le prépare à être libre et fait sentir que chacun
est redevable de la société et doit assumer ses responsabilités. Cela augmente les lumières naturelles du peuple
et lui apprend à régner.
IV- Citations importantes
* « La philosophie est une discipline, un genre culturel, qui s’efforce de déterminer un style, un mode de
démonstration » p73
* « Presque tous les grands crimes collectifs ont été perpétrés au nom du progrès » p97
* « L’état ne peut jamais demander à quelqu’un de n’être pas soi-même » Hobbes p122
* « Ne rien admettre pour vrai que je ne le connusse évidemment être tel » Descartes, Discours de la méthode
* « Pour Kant l’absolu n’est pas de l’ordre du savoir mais de la conduite, c’est ce qu’il appelle la « pratique » » p143
* «  Un homme ne put accomplir sa liberté que s’il vit dans un monde d’homme libres comme lui et qui comme lui
appliquent les préceptes de la raison pratique » Hegel
* « Si les hommes sont méchants, cruels, les uns avec les autres, c’est qu’ils sont malheureux. S’ils sont malheureux
c’est qu’ils sont dénués de satisfaction matérielles et intellectuelles légitimes »
* « Il n’y a pas de loi selon laquelle se développer serait forcément s’élever, s’accroître, se fortifier »

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