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IV Le régime politique

Un régime politique correspond à un mode d’organisation et de gouvernement d’un


Etat.

Lorsqu’on analyse un régime politique on s’intéresse :

- Aux fondements du pouvoir : de qui émane l’autorité des gouvernants ? (principe de


légitimité) ;

- Au choix des gouvernants : comment ont-ils été sélectionnés ? (principe de


représentativité) ;

- A la répartition des pouvoirs : quels sont les rapports entre les trois pouvoirs ?
(indépendance) ;

- Au contrôle des gouvernants : quelles sont les limites imposées aux gouvernants ?

On peut dire que tout régime politique est un ensemble de réponses apportées à
chacune des questions que posent l’existence et l’organisation des gouvernants au sein
d’un groupe social. Comment sont choisis les gouvernants ? Quelle est la structure de
chacun d’eux ?

En principe, c’est la constitution qui prévoit l’organisation et le fonctionnement des


organes de l’Etat.

c- Classification historique des régimes politiques


Il sera question dans cette partie de traiter successivement la classification d’Aristote,
la classification de Montesquieu puis la classification de Jean-Jacques Rousseau.

1- Classification d’Aristote
Aristote établit une classification des régimes politiques des cités grecques de son
époque. Il avait étudié 158 constitutions. Il propose une typologie des régimes en croisant
deux critères :

- Le critère du nombre (qui gouverne ?) : dans la cité, le pouvoir peut être exercé soit
par un seul, soit par quelques-uns, soit par tous (ou par le plus grand nombre). Il y a donc
trois régimes (normaux) possibles.
- Le critère de la finalité (pour qui est exercé le gouvernement ? : est-ce en vue du bien
de tous, ou en vue du bien de soi-même ? (justice pour tous ou justice pour soi-même ?).

- Ce deuxième critère permet de parler de déviation ou de dégénérescence de régimes.

En croisant les deux critères, on obtient six régimes possibles. Trois régimes normaux
et trois régimes déviants ou anormaux selon que le gouvernement gouverne en vue de
l’intérêt général ou de son intérêt propre.

Pouvoir exercé La majorité/ la


-
Un seul Quelques-uns
La tyrannie est donc la déviation de la monarchie, puisqu’un seul gouverne dans son
intérêt ;

- L’oligarchie (la ploutocratie) est la déviation de l’aristocratie puisque quelques-uns


gouvernent dans l’intérêt des riches ;

- La démocratie est la déviation de la politeia (république) puisqu’elle vise l’intérêt des


gens modestes.

Pour Aristote les trois régimes droits (Monarchie, Aristocratie et République) sont
tous excellents parce qu’ils permettent à tous les citoyens égaux d’être alternativement
gouverneurs et gouvernés.

2- Classification de Montesquieu

Pour Montesquieu, trois formes de régimes sont possibles : le régime républicain, le


régime monarchique et le régime despotique.

i- régime républicain : régime dans lequel tout ou partie du peuple possède la


souveraine puissance. Ce gouvernement se subdivise en deux types. L’aristocratie
(gouvernement de quelques-uns) et démocratie (gouvernement de tous).
Aristocratie et démocratie ne s’opposent donc pas essentiellement, puisque ce ne sont
que deux espèces différentes d’un même genre de régime politique.

Dans une démocratie, le peuple est à la fois monarque et sujet. Il est monarque par ses
suffrages qui sont ses volontés. De ce fait, les lois qui établissent le droit de suffrage sont
fondamentales dans ce gouvernement.

Montesquieu détaille les différents modes de scrutin : par le hasard (le « sort ») ou par
le choix, secret ou publique. Le vote secret fut une des causes de la chute de Rome, car on
ne peut plus dans ce cas de figure éclairer le peuple en révélant publiquement pour qui
votent les gens éclairés.

Le principe de ce gouvernement est la vertu, c’est-à-dire le civisme qui signifie que


l’homme accorde plus d’importance à l’intérêt général et à la nation qu’à son propre
intérêt.

Le pouvoir appartient au peuple ou à une partie de celui-ci. Comme celui-ci va être


amené à statuer sur des lois qui vont l’affecter lui-même, il faut que ceux qui votent aient
assez de vertu. Montesquieu illustre cela de plusieurs exemples historiques dans l’Esprit
des Lois. Prenons le cas de l’Angleterre : C’est la corruption de ses dirigeants qui a fait
qu’elle n’a jamais pu se constituer en démocratie.

Par ailleurs, Athènes a vaincu les Perses et Sparte avec 20 000 hommes car ils étaient
vertueux. Elle a perdu avec 20 000 hommes contre Philippe. Qu’est-ce qui les a fait
perdre, alors qu’ils avaient les mêmes forces ? Le manque de vertu des citoyens.

Le principe de l’aristocratie est semblable, parce que de même, les nobles devront
décider de lois qui les affecteront eux-mêmes. Ils doivent eux aussi être vertueux, mais en
proportion moindre, ce que Montesquieu appelle modération.

ii- régime monarchique

Un seul gouverne et possède donc le pouvoir souverain et exerce ses fonctions avec
des lois fixes et établies. Le monarque ne dispose pas d’une toute puissance, qui se limite
et dépend de pouvoirs intermédiaires exercés par la noblesse, les magistrats et le clergé
restant ainsi dans le domaine de la haute société. Ainsi, la maxime fondamentale de la
monarchie est : point de monarque, point de noblesse ; point de noblesse, point de
monarque, mais on a un despote.

S’attaquer aux nobles est la meilleure manière pour le peuple de renverser une
monarchie, mais celle-ci sera remplacée par un despotisme. De même, si le pouvoir du
clergé est dangereux dans une république, il est utile dans une monarchie car il peut
arrêter la puissance arbitraire du monarque.

Mais qu’est alors le principe de la monarchie ? Il s’agit pour Montesquieu


de l’honneur, c’est-à-dire le préjugé de chaque personne et de chaque condition. Si celui-
ci est un préjugé, qui peut amener à regarder de haut telle personne qui ferait partie d’une
autre classe sociale, il peut inspirer les plus belles actions. Celui-ci est lié
indissolublement à l’esprit d’ambition qui est bénéfique dans une monarchie.

iii- régime despotique : un seul gouverne, mais sans règles préétablies. Il gouverne par
ses caprices et sa propre volonté.

Dans le despotisme, on remarque généralement le schéma suivant : celui qui a le


pouvoir, le délègue à un subordonné, un vizir, qui se charge de toutes les affaires du pays,
tandis que le premier se consacre aux plaisirs et mène une vie de volupté.

Le principe de ce gouvernement est la crainte. C’est par celle-ci que le prince se


maintient au pouvoir. Tandis qu’un gouvernement modéré peut relâcher quelque peu la
surveillance de ses sujets, puisqu’il se maintient par ses lois.

Montesquieu prend l’exemple dans l’Esprit des Lois de l’un des rois de Perse, qui fit
tuer les membres de son gouvernement car ils n’avaient pas fait verser de sang.

On trouve dans les états despotiques une obéissance extrême des sujets au despote. « Il
n’y a point […] d’accommodement, de termes, d’équivalents, de pourparlers, de
remontrances. L’homme est une créature qui obéit à une créature qui veut ».

En revanche, on ne peut pas obéir au prince, s’il décrète quelque chose de contraire à
la religion : « on tuera son père, si le prince l’ordonne ; mais on ne boira pas de vin,
s’il le veut et l’ordonne ».
3- Classification de J-J. Rousseau

J-J. Rousseau distingue trois formes de gouvernement basées sur celui qui exerce la
souveraineté. Pour Rousseau, chaque forme de gouvernement est la meilleure en certains
cas et la pire en d’autres.

- La démocratie : le gouvernement est entre les mains de tout le peuple ;

- L’aristocratie : le gouvernement est entre les mains d’une minorité ;

- La monarchie : le gouvernement est concentré entre les mains d’un magistrat unique
dont tous les autres tiennent leurs pouvoirs.

- Rousseau reprend à Aristote le thème de la dégénération des gouvernements, mais il


en donne une explication différente : il existe un vice inhérent au corps politique qui
conduit la volonté particulière des gouvernants à agir sans cesse contre leur sens de
l’intérêt collectif.

Il compare ce processus du corps politique à celui du vieillissement du corps de


l’homme : le corps politique, aussi bien que le corps de l’homme, commence à mourir dès
sa naissance et porte en lui même les causes de sa destruction. Mais l’un et l’autre peuvent
avoir une constitution plus ou moins robuste et propre à le conserver plus ou moins
longtemps. La constitution de l’homme est l’ouvrage de la nature, celle de l’Etat est
l’ouvrage de l’art. Il ne dépend pas des hommes de prolonger leur vie, il dépend d’eux de
prolonger celle de l’Etat aussi bien qu’il est possible, en lui donnant la meilleure
constitution qu’il peut avoir. Le mieux constitué finira mais plus tard qu’un autre, si nul
accident imprévu n’amène sa perte avant le temps.

A noter en fin, que pour J-J. Rousseau, la démocratie est une simple utopie car :
Forme initiale Démocratie Aristocratie Monarchie
« Il n’a jamais existé de véritable démocratie et il n’en existera jamais. Il est conte
l’ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit nombre soit gouverné ».
B- Classification contemporaine des régimes politiques

La classification contemporaine des régimes politiques distingue trois types : les


régimes autoritaires, les régimes totalitaires et les régimes démocratiques.

1-les régimes autoritaires


Ces régimes se caractérisent par :

- Une tendance à l’oligarchie : les pouvoirs politiques et économiques sont concentrés dans un
petit nombre de mains ;

- Une démocratie d’apparence : le recrutement des dirigeants relève plus de la cooptation que
de la mise en concurrence électorale des candidats aux responsabilités publiques. Les
élections n’ont qu’une apparence démocratique. Elles visent à légitimer le système politique
aux yeux du monde et à l’intérieur de s’assurer de l’apathie des masses sans que leurs
résultats, connus à l’avance, n’aient une quelconque influence ;

- Les élections sont sous contrôle : le clientélisme du pouvoir politique se traduit par l’achat
de voix, la satisfaction des besoins des fidèles, le bourrage des urnes… ;

- La confusion des pouvoirs : le pouvoir exécutif contrôle le pouvoir législatif et le pouvoir


judiciaire ;

- L’absence d’Etat de droit : d’une par l’Etat ne respecte pas ses propres lois, ce qui crée un
sentiment d’impunité chez les dirigeants. D’autre part, les libertés individuelles sont de plus
en plus remises en cause avec le développement du contrôle policier : interdiction de
manifester, liberté d’expression entravée, contrôle administratif de la création d’associations,
etc. C’est dire que dans les régimes autoritaires il y a une tendance à l’abus d’autorité, quelle
que soit la forme des régimes autoritaires : le gouvernement fonctionne plus à la force qu’au
compromis, à l’injonction qu’à la persuasion, à la règle de fait que de droit.

2- les régimes totalitaires

Trouvant leur légitimation dans une idéologie, les régimes totalitaires cherchent à
anéantir dans la société toute différenciation culturelle ou spirituelle. Les membres de la
société qui s’opposent à cette idéologie sont marginalisés et même éliminés.

Les exemples sont nombreux :


- L’Allemagne de Hitler ;

- L’Italie de Mussolini ;

- L’URSS de Staline ;

- Le Cambodge des Khmers rouges,….

Ces régimes totalitaires se caractérisent par :

- Ils se créent autour du culte d’un chef qui est considéré comme exprimant la volonté
inconsciente du peuple, Il devient un prophète, lui seul sait ;

- Le monopole idéologique est une autre composante des systèmes totalitaires. Une seule idée
prévaut celle de la vérité. Tout le reste est erroné et doit donc disparaitre. L’obéissance
absolue est un devoir ;

- Le totalitarisme est basé sur le contrôle de tous les moyens de pouvoir. Ce système passe par
l’abolition de tout ce qui est de nature à remettre en cause le contrôle de la société :

- Elimination de l’opposition, affaiblissement des syndicats, développement d’un appareil de


propagande très puissant…

- Le système totalitaire doit contrôler les esprits et y faire régner la peur.

● - Seul un système policier établissant un régime de terreur permanente est capable de


réaliser cet objectif « c’est la pratique de dénonciation où chaque citoyen a peur de
son voisin ».

3- les régimes démocratiques

Les principes des régimes démocratiques sont : la souveraineté populaire, la


séparation des pouvoirs et le respect des libertés fondamentales.

a- la souveraineté populaire
Elle suppose que les citoyens puissent participer aux prises de décisions politiques,
directement ou indirectement, et qu’ils puissent contrôler ceux qui prennent ces décisions.

Dans une démocratie, l’ensemble des citoyens détient le pouvoir souverain et exprime
sa volonté par le vote, selon le principe « un homme, une voix ». C’est le fondement
théorique principal de la démocratie.
Notion de citoyenneté

La citoyenneté est le fait pour une personne d’être reconnue comme membre d’une
société et d’avoir le droit de participer à sa vie politique. Elle suppose trois attributs :

- Avoir la nationalité ;

- Jouir de ses droits civiques et politiques ;

- Participer à la vie politique.

La souveraineté populaire suppose donc :

i/ la citoyenneté ;

ii/ l’égalité des citoyens devant la loi. Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ça n’a
pas été toujours le cas :

- Dans l’Antiquité, les droits civils étaient réservés aux maitres – En France, de 1789 à 1848
le suffrage est censitaire, c.à.d. que le droit de vote est réservé aux citoyens qui payent un
minimum d’impôt (le Cens), et jusqu’en 1945 le vote est réservé aux hommes car la femme
est considérée comme mineure.

Iii/ le pluralisme politique : l’offre politique doit être diversifiée de manière à ce que les
électeurs aient de vrais choix politiques à faire.

Iv/ la règle de la majorité qui est appliquée dans toutes les démocraties. Mais cette règle est
elle démocratique ?

v/ la reconnaissance de l’opposition : droit à l’information, participation aux commissions


d’enquêtes parlementaires..

vi/ la régularité des élections : les élections doivent avoir lieu de façon régulière et permettre à
l’opposition d’accéder au pouvoir (alternance).

b- la séparation des pouvoirs

Montesquieu distingue au sein de l’Etat trois pouvoirs : législatif, exécutif et


judiciaire. La séparation des pouvoirs est un principe de répartition des différentes fonctions
de l’Etat qui sont confiées à différentes composantes de ce dernier.
- Le pouvoir législatif est confié au Parlement. Il vote les lois sur proposition du
gouvernement (projet de loi) ou des parlementaires (proposition de loi).

- Le pouvoir exécutif est confié au gouvernement à la tête duquel se trouve le chef d’Etat ou
le chef de gouvernement. Il est en charge de l’exécution des lois et dispose de domaines
distincts de ceux du parlement (l’armée, la police, la diplomatie, l’administration…).

- Le pouvoir judiciaire est confié au juge. Ce pouvoir a pour rôle de contrôler l’application de
la loi et de sanctionner son non respect.

Cette séparation des pouvoirs doit respecter deux règles :

- La règle de la spécialisation : les trois pouvoirs ont des domaines qui leur sont propres et
chaque organe ne doit pas empiéter sur le domaine de l’autre.

- La règle d’indépendance des pouvoirs : les trois pouvoirs se situent au même niveau. Un
organe ne peut commander aux deux autres.

c- les libertés fondamentales

Elles regroupent à la fois les droits de l’Homme, les libertés publiques et les droits
intangibles.

Les droits de l’Homme sont un concept selon lequel tout être humain possède des
droits universels et inaliénables. Ils sont généralement reconnus par la loi, par des normes de
valeurs constitutionnelles ou par des conventions internationales afin que leur respect soit
assuré.

1ère génération : les droits civils et politiques.

2ème génération : les droits sociaux culturels.

3ème génération : les droits de solidarité

4ème génération : les droits bioéthiques.

Les libertés publiques sont l’ensemble des droits et des libertés individuelles et
collectives garantis par les textes législatifs et donc l’Etat. Les libertés ne sont dites publiques
que si l’Etat intervient pour les reconnaitre et les aménager.
Les droits intangibles sont considérés comme le noyau dur des droits fondamentaux.
Ils sont si importants que les Etats ne peuvent y déroger même en cas de conflits armés. Il y a
Quatre droits intangibles : droit à la vie, droit à ne pas être torturé, droit à ne pas être tenu en
esclavage et droit de non rétroactivité de la loi pénale.

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