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COURS DE DROIT CONSTITUTIONNEL-

PLAN@

PREMIERE PARTIE: THEORIES GENERALES DU DROIT CONSTITUTIONNEL

L’Etat

I- Théorie générales de l’Etat

II- Les éléments constitutifs de l’Etat

III- Les formes juridiques de l’Etat (Etat simple, Etat composé)

Le pouvoir politique

I- La nation de souveraineté (souveraineté nationale, souveraineté populaire)

II- La division du pouvoir (théorie de la séparation du pouvoir 1, la division du pouvoir


horizontale/verticale)

Les régimes politiques

I-Régime de séparation de pouvoir, régime de confusion de pouvoir, régime mixte (régime sus
generis)

La constitution

I-Définition

II- Typologie (écrite, non-écrite, souple ou rigide)

III- Contrôle de constitutionnalité des lois

Lois

I-Modèle européen, modèle américain

Démocratie

I-Définition

II-Typologie

1
Séparation des pouvoirs : Principe qui tend à prévenir les abus du pouvoir en confiant l’exercice de celui-ci
non à un organe unique, mais à plusieurs organes, chargés chacun d’une fonction différente et en mesure de se
faire mutuellement contrepoids. Principe formulé par Locke et surtout par Montesquieu (Esprit des lois, livre
XI, chap.6), à qui l’ont fait remonter la distinction classique des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. La
séparation des pouvoirs peut être stricte (indépendance des pouvoirs caractéristique du régime présidentiel) ou
souple (Collaboration des pouvoirs caractéristique du régime parlementaire). En France, règle juridique de
valeur constitutionnelle) (Lexique des termes juridiques, Dalloz, 2017-2018,24e édition).
1
III-Les modes de suffrage

IV-Les modes de scrutin

La révision de la constitution

I-Pouvoir constituant

DEUXIEME PARTIE : LES INSTITUTIONS POLITQUES

I-Le parlement (bicamérisme, monocamérisme)

-Ses organes

-Ses fonctions

-Ses privilèges, les immunités parlementaires

- La protection du mandat parlementaire

I-Le pouvoir exécutif

-Le président de la république (pouvoir propre, pouvoir partagé)

-Le gouvernement

III-La cour constitutionnelle

IV-Droit constitutionnel comparé

L’ETAT

I-Elément constitutif de l’Etat

Etat : Institutionnalisation de la société politique en une personne morale de droit public, exerçant
une autorité sur un territoire et sur une population, titulaire de la souveraineté et bénéficiant d’une
reconnaissance internationale.

II-Les différentes théories de l’Etat

Théorie Théocratique de l’Etat, socialiste de l’Etat, Théorie libérale.

Théorie libérale de l’Etat

John Locke est le père de la Théorie libérale de l’Etat., il est aussi le premier à placer la base de la
séparation des trois pouvoirs contre l’arbitraire de l’Etat.

L’Etat peut agir en tout en fonction de ses intérêts, légiférer sur des objets faisant l’objet d’intérêt
général. 2) Le droit individuel : La liberté de l’Etat est limitée, car il ne peut pas légiférer sur les
droits de la personne. Il y a d’autres auteurs qui ont prôné la théorie libérale de l’Etat comme

2
Montesquieu (De l’Esprit des lois), Jean Baudin (Les six livres de la République) père de la
souveraineté, Benjamin Constant, Jean Jacques Rousseau(Le contrat social)

Théorie Théocratique de l’Etat

Dieu est la source du pouvoir. À l'origine de cette doctrine, on trouve Saint Paul : tout pouvoir
repose sur la volonté de Dieu mais ce sont les hommes qui adoptent la forme du gouvernement (ces
hommes sont inspirés par la providence). Le pouvoir est remis à la communauté par Dieu et celle-ci
donne ses pouvoirs à ses dirigeants. St Thomas d’Aquin prône également cette théorie.

Théorie socialiste de l’Etat

La théorie socialiste de l’Etat est surtout marquée par la conception marxisme 2, léninisme de l’Etat.
Mais il y a à côté de la conception marxisme, léninisme au sein de la théorie socialiste de l’Etat, on
retrouve la conception anarchisme tel pratiquement l’extrême de la théorie socialisme de l’Etat avec
particulièrement le français Marcel Poudon et le russe Bakounine. On considère ces auteurs comme
des auteurs anarchistes parce que contrairement aux penseurs libéraux qui croient que l’Etat est le
garant de l’intérêt général , ils avancent que l’Etat est loin d’être le garant de l’intérêt général, ce
n’est qu’un petit instrument entre les mains de la classe dominante ou encore la bourgeoisie et qui est
contre une autre classe. Pour Karl Marx, il existe deux classes : la bourgeoisie et le prolétariat qui
sont les opprimés.

Le pouvoir politique

I- La nation de souveraineté (souveraineté nationale, souveraineté populaire)

Souveraineté : c’est le caractère suprême du pouvoir étatique. 3 Sur le plan interne, l’Etat n’a pas de
concurrent i.e. il y a pas d’Etat dans l’Etat et sur le plan international, l’Etat n’a pas de supérieur
suivant le principe de l’égalité souveraine de l’Etat. Suivant Julien Laferrière : « la souveraineté est
un pouvoir de droit, originaire et suprême ».4 Il est originaire parce qu’il ne vient d’aucun autre
pouvoir.

C’est quoi un pouvoir de droit ?


2
Ensemble des conceptions fondamentales élaborées par Marx et Engels (à partir de 1845-1846), centré sur la
critique de l'économie politique bourgeoise et l'étude scientifique du mode de production capitaliste (doctrine
économique), qui constitue le matérialisme dialectique et historique (doctrine philosophique et sociale) et le
socialisme scientifique (http://www.cnrtl.fr/definition/marxisme, consulté le 01 novembre 2018)
3
Lexique des termes juridiques, Dalloz, 2017-2018, 24e édition.
4
C’est d’abord un pouvoir de droit i.e. lorsque l’Etat exerce la souveraineté à la fois sur le plan interne et sur
le plan international, il exerce ce pouvoir suprême en vertu du droit, l’Etat ne va pas vraiment exerce ce
pouvoir parce que l’Etat n’est une abstraction, existe que par une fiction, il n’a pas de matérialité. Au nom de
l’Etat et pour le compte de l’Etat, il y a des hommes qui agissent, ce sont des représentants tantôt nos
représentants directs tantôt nos représentants indirects. Cela qui sont nos représentants directs jouissent d’une
légitimité directe obtenue par le suffrage universel et cela qui sont nos représentants indirects jouissent d’une
légitimité dite délégué par exemple le premier ministre, les ministres.
3
Dans pouvoir de droit, il y a deux concepts à apprendre : il y a un premier concept qu’on appelle Etat
de droit et un deuxième concept qu’on appelle Etat de police. Dans l’Etat de police, nos représentants
font ce que bon leur semble sans se soucier de ce que dit la loi ou encore le droit alors que l’Etat de
droit est le fait pour tout le monde dans la communauté d’être soumis au droit.

*Dans la personnalisation du pouvoir, le représentant du pouvoir est confondu avec l’Etat et dans
l’institutionnalisation du pouvoir, les gouvernants sont choisis par la volonté du peuple et sont
appeler à être remplacer car ils ne sont pas élus de façon permanente d’où le principe de la
continuité de l’Etat. Les gouvernants se distinguent de l’Etat.

III- Les formes juridiques de l’Etat (Etat simple, Etat composé)

ORGANISATION VERTICALE DU POUVOIR

L’organisation verticale du pouvoir permet de déboucher sur les formes juridiques de l’Etat :

1- Etat simple encore appelé Etat unitaire

C’est une forme juridique de l’Etat dans laquelle on constate l’existence d’un seul centre politique et
juridique c’est-à-dire l’unicité de l’organisation politique et juridique concrétisé par l’existence d’un
seul parlement, d’un seul parlement et d’un système juridictionnel unique dans les limites des
frontières de l’Etat. C’est simple par rapport à un autre modèle d’Etat qui est composé.

L’Etat unitaire connaît plusieurs aménagements sur le plan administratif. La mission de l’Etat est de
garantir l’intérêt général :

a) La centralisation

C’est un système d’administration reposant sur l’attribution du des pouvoirs de décision a des
autorités soumises médiatement ou immédiatement, au pouvoir hiérarchique du gouvernement en
d’autres mots c’est un système d’administration où l’Etat garde tous les pouvoirs de décision.

b) La déconcentration

C’est un système d’administration dans lequel l’Etat délègue des compétences à ces propres agents
locaux qui les exercent en son nom et pour son compte. Sur le plan juridiques, les décisions de
l’autorité déconcentré sont par conséquents imputable à l’Etat parce que l’autorité déconcentré
exerce la compétence qui lui a été déléguée par l’Etat et cette autorité là il l’exerce au nom et pour le
compte de l’Etat.5 En Haïti, la figure emblématique de l’autorité déconcentrée reste et demeure le
délégué départemental. Il existe deux types de déconcentration : la déconcentration technique et la
déconcentration territoriale (c’est le fait par l’Etat d’avoir des relais administratifs au niveau des
circonscriptions administratives pour agir en son nom et pour son compte)

c) La décentralisation

5
D’où la célèbre phrase d’Odilon Barrot : “Dans le cadre de la déconcentration, c’est le même Marteau qui
frappe, on a juste raccourcie le manche”
4
C’est un système d’administration par lequel l’Etat transfère des compétences à des autorités dotées
de la personnalité juridique (collectivité humaine, service) agissant en toute autonomie organique et
financière sous le contrôle des Etats certes mais en leur nom et pour leur compte. Il faut entendre par
transfert de compétences des habilitations administratives à faire tel ou tel chose. Par exemple
comme compétence, il y a la gestion de l’eau portable qui est de la compétence de l’Etat qui l’exerce
par la DINEPA alors l’Etat peut décider de transférer par un décret cette compétence à la commune.

* Le dédoublement fonctionnel : Tantôt l’individu agit pour son propre compte et tantôt il agit en
tant que représentant de l’Etat comme par exemple le maire de la commune.

* Le fait que le carnaval a été organisé dans un autre département, il s’agit d’une délocalisation et
non une décentralisation.

Il y a deux grandes formes de décentralisation :

1) Décentralisation territoriale

Elle concerne les collectivités territoriales 6 (Département, commune, sections communales), crée
bien avant la constitution de 1987 sous le nom de section rurale.

Structure administrative de la collectivité territoriale7

Collectivités territoriales Organes exécutifs Organes délibérants


Section communal CASEC ASEC
Commune Conseil municipal Assemblée municipale
Département Conseil départemental Assemblée départementale

Parmi les structures administratives de la collectivité territoriale, le conseil interdépartemental qui


assure la liaison entre les autorités politiques et les collectivités territoriales. Il regroupe l’ensemble
des départements. Chaque conseil départemental a droit à un représentant dans le conseil
interdépartemental.

2) La décentralisation fonctionnelle ou par service

La décentralisation fonctionnelle renvoie aux établissements publics (organismes autonomes).


6
Les collectivités territoriales ne sont pas indépendants mais autonomes sur le plan financier et de gestion. Par
conséquents, les institutions indépendantes sont la CSC /CA, le conseil communal et le CEP
7
CASEC : Conseil d’administration de la section communale

ASEC : Assemblée des sections communales.

Fiscalité locale : ensemble des impôts et taxes prélevés au profit des collectivités territoriales. Ces principaux
impôts sont : CFGDCT (Contre au fond de gestion des collectivités territoriales), CFPB et la patente.
Permettant aux collectivités territoriales de réaliser leur autonomie financière.

5
*Dans le cadre de la déconcentration l’autorité déconcentrée est liée à l’autorité centrale (l’Etat)
par le pouvoir hiérarchique alors que dans le cadre de la décentralisation qu’elle soit fonctionnelle
ou territoriale, l’autorité décentralisée est liée à l’Etat par la tutelle administrative. 8

Les composants du pouvoir hiérarchique 9sont :

1) Le pouvoir d’instruction.
2) Le pouvoir de reformation (annulation ou correction).
3) Le pouvoir de substitution d’action.

Il faut noter que le président de la République ne peut passer des instructions aux maires de la
capitale parce qu’il n’est pas son supérieur hiérarchique, il n’y a pas de pouvoir hiérarchique qui lie
l’Etat aux autorités décentralisées.

*Les ministères sont les institutions centrales de l’Etat, elles font parties du pouvoir centrale de
l’Etat et le premier ministre est le chef du pouvoir central.

2- Les Etats composés

1) La Fédération

L’Etat fédéral10 est un Etat complexe à double étage. A l’étage supérieur, on retrouve le district
fédéral et à l’étage inférieur, on retrouve les entités fédérés. L’Etat fédéral exerce les missions
régaliennes de l’Etat. D’après le professeur Georges Scelle, la fédération est gouvernée par les 3
grands principes qui sont la superposition, la participation et l’autonomie.

La superposition suppose un Etat à double étage, partage de compétences entre les deux niveaux à
savoir l’Etat fédéral et l’Etat fédéré. Elle suppose la primauté du droit fédéral sur le droit des Etas

8
Tutelle administrative: 1) forme de pouvoir exercé par une personne morale de droit public appelée autorité
de tutelle sur une autre : collectivité publique, etablissement public ou un groupement d’intérêt public 2) Elle
se résume en contrôle de légalité exercé par l’Etat sur les entités décentralisées.
9
Ça veut dire que l’Etat dispose sur l’autorité déconcentrée un pouvoir d’instruction, de reformation et de
substitution d’action. Par exemple la DGI est un organe déconcentrée qui est placée sous la tutelle du
ministère de l’économie et des finances ainsi par le biais du pouvoir hiérarchique le ministre des finances peut
donner des instructions à la DGI.
10
Etat composé (par opposition à l’Etat unitaire), formé soit par association d’Etats antérieurement
indépendants, soit par dissociation d’un Etat antérieurement unitaire et obéissant à 3 principes :

Superposition : L’Etat fédéral au sens strict se superpose à une pluralité d’Etats fédérés, l’ensemble formant
l’Etat fédéral au sens large.

Participation : Les Etats fédérés participent à la révision de la constitution fédérale (ils ont ainsi la garantie de
leur statut), ainsi qu’à la législation fédérale, une des 2 assemblées représentent les Etats fédérés.

Autonomie : Les Etats fédérés disposent d’une constitution, ainsi qu’une large autonomie législative, dans des
domaines déterminés par la constitution fédérale. (Lexique des termes juridique)
6
fédérés (permet d’éviter des conflits de lois entre les Etats), le principe de l’applicabilité directe 11.
Elle suppose également deux niveaux d’organisation politique et juridique.

*Dans le cadre de la fédération, Les Etats fédérés délaissent leurs souveraineté au profit de la
fédération donc le seul Etat souverain est l’Etat fédéral.

*Les Etats fédérés sont indépendants entre eux en vertu du principe d’égalité des Etats.

*Confédération : Association d’Etats indépendants qui ont, par traité, délégué l’exercice de
certaines compétences (diplomatie, défense…) à des organes communs, sans constituer cependant
un nouvel Etat superposé aux Etats membres (différence fondamentale avec l’Etat fédéral).Les
Etats confédérés gardent leur souveraineté et leur indépendance.

Les régimes politiques

I-Régime de séparation de pouvoir, régime de confusion de pouvoir, régime mixte (régime sus
generis)

ORGANISATION VERTICALE DU POUVOIR

L’organisation horizontale du pouvoir permet de déboucher sur des régimes politiques et non sur les
formes juridiques de l’Etat. Dans l’organisation horizontale du pouvoir, il n’y a pas de pouvoir
supérieur à un autre, ils sont tous égaux et se trouvent sur la même ligne.

Par définition, un régime politique est un mode de gouvernement d’un Etat. Le régime politique
résulte de la combinaison de multiples éléments, les uns juridiques (cadre constitutionnel, qui forme
le régime politique au sens étroit de l’expression, et permet de distinguer notamment les régimes
parlementaire, présidentiel, semi-présidentiel ou d’assemblée), les autres extra-juridiques (système
de partis, personnalisation du pouvoir, idéologie, etc.)

*Quand l’initiative d’un texte de loi vient de l’exécutif 12, on l’appelle projet de loi et quand c’est
celle du pouvoir législatif, on l’appelle proposition de loi.

Parmi les régimes politiques, on distingue les regimes dits de séparation de pouvoir et les régimes
de confusion de pouvoir.

11
Ce qui est applicable à New York ne l’est pas forcément au Texas. Cependant seul le congrès fédéral peut
décider d’abroger cette règle qui était applicable au Texas et non à New York. Le fait qu’il soit applicable au
Texas et non à New York ne pose pas problème.
12
Droit d’objection: C’est le mécanisme d’empêchement que possède l’exécutif en vue d’empêcher une loi
d’être publiée quand il ne collabore pas avec le législatif. En Haïti, la constitution de 1987 confère à tout
Président de la République le droit de produire des objections à une loi votée par le parlement. L’article 121
de cette constitution fixe le principe des objections en ses termes : « Toute loi votée par le Corps législatif st
immédiatement adressée au Président de la République qui, avant de la promulguer, a le droit d’y faire des
objections en tout ou en partie. » L’article 122 prévoit le délai pour l’exercice du droit d’objection : « Le droit
d’objection doit être exercé dans un délai de huit jours francs à partir de la réception de la loi par le président
de la République. »
7
1. Régime de séparation de pouvoir

Les régimes de séparation de pouvoir sont des régimes protecteurs de liberté fondamentale. Ce sont
des régimes libéraux. Les principaux régimes de séparations de pouvoir sont :

1.1 Le régime présidentiel13

*Le système politique américain est le prototype du régime présidentiel.

*Le mandat est l’ensemble des compétences, la mandature c’est la durée.

Ce régime est caractérisé par la prééminence du chef de l’Etat donc ce dernier en est l’épicentre i.e.
dans ce modèle de régime le président dispose de beaucoup de pouvoir et par conséquent il lui est
exigé une forte légitimité14 démocratique. D’où les éléments caractéristiques du régime présidentiel :

a) Election du chef de l’Etat au suffrage universel direct15.


b) Séparation stricte des pouvoirs (Les deux pouvoirs sont contrôlés dans l’exercice de leur
fonction)
c) Les deux pouvoirs politiques sont assurés de demeurer en fonction jusqu’à la fin de leur
mandature.
d) Monocéphalisme exécutif i.e. un pouvoir exécutif avec une seule tête. Le président joue à la
fois le rôle de chef d’Etat et de Chef de gouvernement.

1.2 Le régime parlementaire16

13
Régime politique, apparu avec la constitution des Etats Unis en 1787, dans lequel l’équilibre des pouvoirs
est obtenu par leur séparation (à la fois organique et fonctionnelle) : Le pouvoir exécutif est détenu en totalité
par un président élu par le peuple et irresponsable devant le parlement qui, de son cote ne peut être dissous par
le parlement. (Lexique des termes juridiques, Dalloz, 2017-2018, 24e édition).
14
En politique la légitimité rime avec le pouvoir.

En démocratie, la légitimité n’a d’autre source que le peuple, le pouvoir vient du peuple.

15
*Aux Etats Unis, le président est élu au suffrage universel quasi direct.
16
C’est un régime politique fondé sur une séparation souple des pouvoirs, contrairement au régime
présidentiel où la séparation est stricte. Dans le régime parlementaire, le gouvernement qui incarne du
parlement devant lequel il est politiquement responsable. Les membres du gouvernement ne sont pas élus,
mais issus de la majorité parlementaire à laquelle ils doivent leur pouvoir. Le pouvoir de renversement peut
être réciproque lorsque l’exécutif (le chef de l’Etat) dispose de la faculté de révoquer le Parlement (pouvoir
de dissolution), ce qui incite les deux pouvoirs à élaborer. Si le gouvernement n’est responsable que devant le
parlement alors le régime présidentiel est qualifié de moniste. Exemples : Angleterre, Japon, Inde, Canada…

Si le gouvernement est responsable à la fois devant le parlement et devant le Chef de l’Etat, le régime
parlementaire est dit dualiste. Le chef de l’Etat, s’il est élu au suffrage universel, joue un rôle politique
important. Exemples : France, Russie. (Toupie.org consulte 02/02/18)
8
Les principaux éléments caractéristiques du régime parlementaire sont :

a) Bicéphalisme exécutif (un président17 chef de l’Etat et un premier ministre chef du


gouvernement)
b) Election du chef de l’Etat au second degré (Par exemple l’élection De Jocelerme Privert à la
présidence de la République qui jouit d’une légitimité déléguée). Le président n’a pas la
prééminence, et n’exige pas la légitimité mais la légalité.
c) Séparation souple des pouvoirs. (Il existe beaucoup de mécanisme de collaboration et
d’empêchement entre les deux pouvoirs politiques)
d) Le principe de la responsabilité politique 18 du gouvernement devant le parlement 19. C’est une
obligation pour le gouvernement, en régime parlementaire, de jouir de la confiance du
Parlement qui, en la lui refusant, le contraint à démissionner.
e) Le droit de dissolution des assemblées parlementaires par le chef de l’Etat.

*On dit vote de censure ou non confiance.

*Le gouvernement est composé du premier ministre, des ministres et du secrétaire d’Etat.

*Le gouvernement tient son investiture du parlement.

En France, seule l’assemblée nationale peut renverser le gouvernement, de même que le chef de
l’Etat dispose aussi le pouvoir de dissolution sur l’assemblée nationale alors ça crée l’arbitrage
populaire et l’équilibre institutionnel (c’est ce qu’on appelle le check and balance) 20 et cet équilibre
crée la dissuasion qui implique l’instabilité gouvernementale et tout cela renvoie à l’arbitrage
populaire.

*Quand le peuple devient arbitre, il tranche entre les conflits des pouvoirs politiques.

*Le régime parlementaire a pour prototype, le régime parlementaire anglais.

*En Haïti, le pouvoir est présidentiel.

17
En Haïti, le Président de la République est à la fois chef de l’Etat, chef du pouvoir exécutif et des forces
armées.
18
La responsabilité politique est une obligation pour le titulaire d’un mandat politique de répondre de son
exercice (actes, parole, écrits) devant celui ou ceux de qui il le tient. (Lexique des termes juridiques, Dalloz,
2017-2018, 24e édition)
19
Selon le professeur Pierre Pactet, cette caractéristique suffit à elle seule de parler de régime parlementaire.
20
Check and balances : système de contrepoids inspirant la constitution des Etas Unis(1787), qui complète la
séparation des pouvoirs en donnant à chaque institution des moyens d’action sur une autre. Le législatif
peut « empêcher »-donc destituer-le Président ou un ministre. Il peut surmonter un veto. Le Senat peut refuser
de confirmer une nomination proposée par l’exécutif. À l’inverse, le Président peut opposer son veto législatif
.Il propose les nominations(les juges fédéraux sont par exemple proposées par le Président, puis confirmés par
le Senat). Ils exercent le contrôle judiciaire sur les actes du législatif et de l’exécutif. (Lexique des sciences
politiques, Dalloz, 2014).
9
* Tout projet de loi doit être voté article par article.

Les variant du régime parlementaire

1) Régime parlementaire moniste

Un régime parlementaire est dit moniste si le gouvernement est seulement responsable par devant le
parlement.

2) ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ dualiste

Un régime parlementaire est dualiste si le gouvernement est responsable politiquement par devant
deux entités : Le parlement et le chef de l’Etat. En régime parlementaire dualiste, le parlement et le
chef de l’Etat peuvent renverser le gouvernement.

3) ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ rationalisé

En régime parlementaire rationnalisé, parmi les moyens dont disposent le gouvernement pour
contourner l’obstruction parlementaire il y a le vote bloqué et le referendum législatif. 21

Un régime parlementaire est dit rationnalisé lorsque le gouvernement dispose d’un ensemble de
moyens ou de mécanismes juridiques lui permettant d’agir en contournant à la fois l’obstruction
parlementaire22 et la paresse parlementaire.

4) ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ ‘’ primo-ministérialisme

C’est une variante du régime parlementaire dans laquelle le premier ministre, élu de façon indirecte à
l’occasion des élections législatives en tant que chef du parti arrivé en tête des suffrages, dirige
effectivement le gouvernement et la politique du pays. Le Royaume Unis, l’Allemagne, l’Espagne
ont des systèmes politiques primo-ministérialismes.

*En Haïti on est dans le régime de la dictature parlementaire.

*Pour le professeur Patrick Pierre Louis, on est dans un régime parlementaire déséquilibré. Parce
qu’on ne respecte pas le cadre théorique.

21
Ça existe en France, le gouvernement dépose un projet de loi par devant le parlement, si ce dernier ne vote
pas le gouvernement peut procéder au referendum législatif i.e. le déposer par devant le peuple, une fois cette
loi votée par le peuple, elle devient inattaquable i.e. elle n’est susceptible d’aucun contrôle de
constitutionnalité.
22
Obstruction parlementaire: Manœuvre par laquelle des parlementaires usent de tous les moyens à leur
disposition pour retarder l’adoption d’une loi voire, si possible y faire obstacle. Le parlement francais est une
machine à prendre des décisions. Comme toute machine, elle a une limite de capacité .Dans ces conditions,
quiconque parvient à saturer la machine bloque son fonctionnement. Les moyens pour ce faire ne manquaient
pas, qui allaient de la multiplication des prises de parole à celles des provocations, génératrices des perte de
temps , mais le plus efficace , en même temps que le plus fruste, était celui qui consistait à déposer des
milliers, voire des dizaines de milliers , d’amendements(Lexique des sciences politiques, Dalloz,2014)
10
Pour le professeur Destin Jean, on est dans un régime parlementaire d’assemblée assouplie.

*Pour le professeur Monferrier Dorval, le régime politique haïtien est un régime parlementaire
dénaturé

1.3 Le régime présidentialiste démocratique

Le régime présidentialiste démocratique est un régime dans lequel le président de la République a


encore plus de pouvoir qu’en régime présidentiel mais ces derniers sont politiquement et
juridiquement encadrés.

1.4 Les régimes mixtes

Les régimes mixtes sont caractérisés par la présence de certaine caractéristique régime parlementaire
et certaine caractéristique du régime présidentielle. Par exemple le régime haïtien et le régime
français. Le régime mixte peut être de deux sortes : 1) soit semi présidentiel 2) soit semi
parlementaire.

La marque des régimes mixtes, c’est de partager tantôt des caractéristiques du régime présidentiel
tantôt certain du régime parlementaire. C’est ce qui crée la mixité.

Quand le régime mixte se rapproche beaucoup plus du régime parlementaire, on parle de régime
semi-parlementaire et quand il se rapproche beaucoup plus du régime présidentiel, on parle de
régime semi-présidentiel23.

2. Les Régimes de confusion de pouvoir

Les régimes de confusion du pouvoir sont des régimes liberticides. C’est un régime dans lequel les
pouvoirs ne sont pas séparés. Les régimes de confusion du pouvoir sont : le régime d’assemblée et le
régime présidentialiste autoritaire.

2.1 Le régime d’assemblée

Les assemblées parlementaires sont toutes puissantes. On a comme l’impression que les assemblées
parlementaires confisquent tous le pouvoir politique en d’autre termes c’est un régime dans lequel la
quasi-totalité des pouvoirs sont concentrés au parlement. Le régime d’assemblée est un régime dans
lequel l’assemblée parlementaire domine le gouvernement. Dans le régime d’assemblée, le
gouvernement est tout entier dépendant des choix de l’assemblée et peut être à tout moment être
révoqué par les parlementaires. En ce sens le régime d’assemblée est une déviation du régime
parlementaire.
23
Régime semi présidentiel: C’est un régime associant des caractéristiques du régime parlementaire, auquel il
emprunte l’existence d’un gouvernement et d’un premier ministre responsables devant le parlement, et du
régime présidentiel, auquel il emprunte l’élection du président au suffrage universel. Cette notion, forgée par
Maurice Duverger, décrit le type de pouvoir en vigueur dans nombre de pays européens : Autriche, Bulgarie,
Croatie, Finlande, Irlande, Islande, Pologne, Portugal, Roumanie, Serbie. Mais cette définition s’applique
aussi à la France qui pratique pourtant, sauf cohabitation, un système présidentialiste. (Lexiques des sciences
politiques, Dalloz, 2014)
11
2.2 Le régime présidentialiste autoritaire

Dans ces régimes, le président dispose de beaucoup de pouvoir et ces pouvoirs ne sont pas
suffisamment politiquement et juridiquement encadrés. Par exemple la Russie et la Chine.

2. Les régimes sus-generis

Ce sont des régimes qui en raison de leur particularité ne peuvent pas être classés parmi les régimes
que nous étudions.

LA CONSTITUTION

A-L’ encadrement juridique du pouvoir

L’une des premières vocations de la constitution, c’est d’encadrer juridiquement le pouvoir.

1- La notion de Constitution : La Constitution c’est la norme juridique fondamentale servant de


référence à toutes les autres normes de l’ordre juridique interne et fixant les rapports et les limites
entre Pouvoirs et Libertés au sein de la communauté politique.

2-Le bloc de constitutionnalité24 : Ensemble des normes à valeur constitutionnelle.

Le contenu du bloc de constitutionnalité

1- Le dispositif de la constitution
2- Le préambule (C’est dans le dispositif de la constitution qu’on retrouve la philosophie
politique du régime).
3- La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948. (Elle a
une valeur morale et philosophique, ce n’est pas contraignante mais le fait que le préambule
lui fait référence, ça devient contraignante parce qu’elle fait partie du bloc de
constitutionnalité, ça a plus qu’une valeur morale et philosophique, elle a une valeur
juridique)
4- L’Acte d’indépendance de 1804. (Ce n’est pas un simple acte, c’est aussi une déclaration de
droits. Dans l’acte d’indépendance d’Haïti, la liberté est consacrée)
5- La coutume constitutionnelle. (En Haïti, il n y a pas vraiment une coutume constitutionnelle)

Il n’existe pas encore en Haïti une jurisprudence constitutionnelle suffisamment riche et bien assise.
(Parce qu’on n’a pas toujours eu une cour constitutionnelle).

Une constitution fixe les modalités d’intervention du peuple, les relations entre les pouvoirs publics
(nationaux et locaux) .Parmi les modalités d’intervention du peuple, il y a les élections et le
referendum25. Elle fixe aussi les droit et libertés fondamentaux de l’homme et du citoyen qui limitent

24
Bloc de constitutionnalité: Notion inventée par le juriste français Louis Favoreu pour designer l’ensemble
des règles, des principes et des objectifs de valeur constitutionnelle qui s’imposent par le contrôle de
constitutionnalité (Lexique des sciences, Dalloz, 2014)
25
Le referendum n’est interdit nulle part, il n’y a que le referendum constituant qui est interdit.
12
ou orientent l’action politique. Les droits de l’homme constituent les seuls limitent à l’intervention, à
l’action étatique.

On distingue deux types de définition de la constitution. La définition « formelle » vise tous les
règles de rang constitutionnel (celles qui figurent dans le texte et celle qui sont considérées comme
telles par le juge constitutionnel), et qui doivent être respectés par les normes de rang inférieur. La
définition « matérielle » concerne, elle, les règles qui importent pour l’attribution ou l’exercice du
pouvoir.

La constitution est le code des pouvoirs publics et la charte des libertés i.e. si vous voulez savoir tous
les droits auxquels vous avez droit et comment est dévolu le pouvoir politique dans la cité alors il
faut se référer à la constitution.

Le Parlement haïtien, dans sa fonction législative, est lié à l’ensemble du bloc de constitutionnalité
c’est-à-dire le parlement peut adopter une loi contraire à la DUDH, à une phrase du préambule alors
si le parlement se passe du bloc de constitutionnalité, cette loi sera inconstitutionnelle parce que la
loi se doit étendre d’une valeur juridique inferieure à la constitution, d’être conforme à la
constitution.

Le conseil constitutionnel est le gardien du contrat social(le contrat passé entre les citoyens et l’Etat)

3-L’établissement de la Constitution

Une Constitution, même rigide, a une vie. Elle nait, évolue et meurt. Tout cela est fonction du degré
de bouillonnement de la vie politique.

Cas dans lesquels on établit une nouvelle constitution

1) Révolution politique (Par exemple la révolution de 1804, le cas de Cuba)


2) Création d’un nouvel Etat (comme le Soudan du Sud récemment)
3) Insurrection populaire (Cas de 1986)

*Législateur : C’est celui qui écrit, qui élabore la loi.

*Constitutionaliste : C’est un spécialiste en droit constitutionnel.

*Pouvoir constituant : Le constituant, c’est celui qui écrit la constitution.

Il y a pouvoir constituant originaire26 et pouvoir constituant dérivé. Le pouvoir constituant originaire,


c’est l’entité revêtue de l’autorité pour adopter la constitution. En l’occurrence le souverain, c’est le
peuple tandis que le pouvoir constituant dérivé encore appelé le pouvoir constituant institué, c’est
l’instance revêtu de la compétence de réviser la constitution. C’est en quelque sorte le pouvoir de
révision. En Haïti, le pouvoir constituant institué ou dérivé, c’est le parlement réuni en assemblée
nationale.

4-Révision de la constitution

26
On dit peuple, souverain, le pouvoir constituant originaire.
13
Amendement : Proposition de modification d’un texte de loi au cours de sa discussion
parlementaire.

Lorsqu’on modifie la constitution, le terme technique c’est une révision. La révision constitutionnelle
est réalisée par le pouvoir constituant dérivé, encore appelé pouvoir constituant institué. En Haïti,
c’est le Parlement réuni en Assemblée Nationale qui détient cette compétence.

II- Typologie (écrite, non-écrite, souple ou rigide, verrouillée)

Constitution souple : C’est une constitution qui n’obéit pas à une procédure spéciale pour son
adoption et sa modification ; c’est aussi quand la constitution ne prévoit pas elle-même sa propre
procédure de révision en d’autre mot si elle peut être révisée dans des conditions identiques à ou
proches de la procédure législative ordinaire.

Constitution rigide : C’est une constitution qui impose son propre mécanisme de révision, sa propre
procédure de révision. Celle-ci est plus exigeante que la procédure législative ordinaire. En ce sens
que la majorité et le quorum exigé sont plus importants.

Constitution verrouillée : Une constitution est dite verrouillée quand on ne parvient que très
difficilement à le réviser effectivement.

B. La protection de la Constitution: Le contrôle juridictionnel du pouvoir

1. La suprématie de la Constitution dans l’ordonnancement juridique

Pourquoi a-t-on besoin de protéger la constitution ?

La protection de la constitution permet le contrôle juridictionnel du pouvoir. On la protège d’une


seule façon par l’institution d’un contrôle de constitutionnalité des lois et on garantit la suprématie de
la constitution par le contrôle juridictionnel des pouvoirs c’est-à-dire il ’y a une juridiction qui prend
le nom de conseil constitutionnel qui contrôle l’exercice du pouvoir. En contrôlant la
constitutionnalité d’une loi, le conseil constitutionnel en tant que juridiction ne fait que contrôler le
pouvoir.

La constitution est considérée comme la norme fondamentale parce qu’elle est celle adoptée par le
souverain, en l’occurrence le peuple. Puisque le peuple est souverain, sa norme, en aucune façon, ne
saurait avoir le même rang (la même valeur) que ses commis.

*A rechercher : La théorie pure du droit de Hans Kelsen.

*Hans Kelsen est un juriste qui s’est distingué pendant son siècle, on le surnomme le juriste du 20 e
siècle, il arrive à constituer le constitutionnalisme qui se définit par opposition au légicentrisme.

*Rousseau : « la loi est l’expression de la volonté générale ». C’est-à-dire quand les parlementaires
s’expriment à travers une loi, c’est aussi le peuple qui s’exprime, la manifestation du peuple,
l’expression du peuple. Cette célèbre phrase de Rousseau résume le légicentrisme

*A rechercher : L’arrêt de Merbery. C’est un arrêt fondateur du constitutionnalisme.


14
*La loi n’est l’expression de la volonté générale que dans le respect de la constitution.

Le contrôle de constitutionnalité garantit la suprématie de la constitution. Il consiste à vérifier la


conformité de la loi à la constitution27. Ce contrôle a pris naissance aux Etats Unis.

*Aux Etats Unis, c’est la cour suprême qui assure le contrôle de constitutionnalité des lois.

Règlement autonome et règlement d’application

Règlement autonome : Les règlements autonomes sont directement subordonnés à la Constitution et


non à la loi. Ce sont des règlements adoptés dans les matières règlementaires relevant du règlement,
parce qu’en France il existe un domaine de la loi et un domaine règlementaire, alors qu’en Haïti le
domaine de la loi est illimité.

Domaine de la loi

Art. 111 de la Constitution d’Haïti : « Le Pouvoir Législatif fait des lois sur tous les objets d’intérêt
public. ». Le domaine de la loi est illimité en Haïti parce que l’article 111 de la Constitution dit que
le Parlement peut légiférer sur tout. Tandis qu’en France, ce n’est pas le cas ; le Parlement peut
légiférer sur toutes les matières législatives (les matières de la loi ou du domaine de la loi), et le
gouvernement peut édicter des règlements dans le domaine règlementaire. C’est-à-dire qu’il y a les
domaines de la loi et les domaines du règlement.

En France lorsque le gouvernement édicte des règlements dans le domaine règlementaire, on dit que
ce sont des règlements autonomes, c’est-à-dire qui découlent de la Constitution car c’est la
Constitution qui lui octroie le privilège de pouvoir édicter des règlements dans ces domaines. Donc
c’est pour ça on dit que ces règlements sont directement subordonnés à la Constitution.

Le gouvernement français peut aussi adopter un autre type de règlement qui est le règlement en
application de la loi. Pour chaque règlement adopter en application de la loi, on dit qu’il s‘agit d’un
règlement d’application. Ni une Constitution ni une loi n’a pas vocation à entrer dans les détails, on
parle des détails au niveau des règlements d’application. Les règlements d’application sont
directement subordonnés à la loi parce qu’ils visent l’application des lois.

En Haïti, ayant uniquement des règlements d’application, puisque le contrôle de constitutionnalité est
effectué pour les lois, il n’est donc pas nécessaire de le faire pour les règlements puisque ce sont des
règlements d’application visant l’application de lois ayant déjà subies un contrôle de
constitutionnalité, tel que l’exige l’article 190 bis d la Constitution révisé de mai 2011, c’est donc
une perte de temps. De même que le contrôle de constitutionnalité des actes administratifs ne vont
qu’encombrer le Conseil Constitutionnel.

Les Majorités
27
L’inconstitutionnalité est le caractère d’un texte, d’une disposition du droit positif qui n’est pas conforme à
la constitution d’un Etat ou qui lui est incompatible.

L’exception d’inconstitutionnalité est la possibilité qu’à un justiciable, à l’occasion d’un procès devant une
quelconque juridiction, d’invoquer qu’une disposition légale est non-conforme à la constitution.
15
La majorité est dite simple ou relative quand la majeure partie des parlementaires présents sont
d’accord pour faire une chose.

La majorité est absolue quand au moins plus que la moitié des membres présents est requise. Par
exemple, s’il y a 100 parlementaires dans la salle, il nous faut au moins 51 parlementaires à être
d’accord pour aller dans un même sens.

La majorité est dite qualifiée ou renforcée quand c’est la majorité des 2/3 ou 3/5. À ce moment on
est à la majorité qualifiée, ce n’est pas la majorité qualifiée des parlementaires, c’est 2/3 ou 3/5 à la
fois parmi les Sénateurs et 2/3 ou 3/5 à la fois parmi les Députés, siégeant en Assemblée Nationale.

Une majorité est homogène lorsqu’elle est issue d’un seul parti politique. Quand la majorité n’est
pas homogène elle est dite de coalition ou majorité composite.

Session / Séance / Législature / Législation

Législature : Une Législature correspond à la durée du mandat ou la mandature des Députés. Une
législature en Haïti u dure quatre (4) ans. Là maintenant en 2018 on est à la cinquantième législature.

Législation : Une législation c’est l’ensemble des lois d’un pays.

Séance : Ce sont les réunions de l’Assemblée Parlementaire.

Session : Il y a deux sessions ordinaires annuelles dans une législature, il y a donc huit sessions
ordinaires (en total) dans une législature. Au côté de ces sessions ordinaires, il peut y exister des
sessions extraordinaires. C’est la Constitution qui décide de la durée des sessions ordinaires : Il y a
la première session ordinaire annuelle qui commence à partir du deuxième lundi du mois de janvier
et qui prend fin le deuxième lundi du mois de mai. L’autre session ordinaire annuelle commence à
partir du deuxième lundi du mois de juin, et qui prend fin le deuxième lundi du mois de septembre.
Entre temps, le Parlement est en vacances du deuxième lundi du mois de septembre jusqu’au
deuxième lundi du mois de janvier. Toutefois, le Parlement en entier n’est pas vraiment en vacances
puisque le Sénat siège en permanence. C’est donc la Chambre des Députés qui est en vacances.

Différence entre quorum et majorité

Le quorum renvoie à la présence, tandis que la majorité renvoie au vote. Si la session exige un
quorum de 2/3, on doit vérifier si les 2/3 des députés et les 2/3 des sénateurs sont présent avant même
que la séance ait commencé ; si le quorum n’est pas atteint, la séance n’aura pas lieu pour faute de
quorum. Tandis que, dès qu’on parle de majorité on passe au vote, à savoir, combien de cela qui sont
présent ont voté.

Le quorum renvoie à la présence, tandis que la majorité renvoie au vote. Si la session exige un
quorum de 2/3, on doit vérifier si les 2/3 des députés et les 2/3 des sénateurs sont présent avant même
que la séance ait commencé ; si le quorum n’est pas atteint, la séance n’aura pas lieu pour faute de
quorum. Tandis que, dès qu’on parle de majorité on passe au vote, à savoir, combien de cela qui sont
présent ont voté.

16
-------------------17 décembre 2018

Les Institutions Politiques

Il y a trois grands pouvoirs dans l’État, et de ces trois grands pouvoirs il y a deux pouvoirs politiques
(Pouvoir Exécutif et Pouvoir Législatif) et un pouvoir apolitique (Pouvoir Judiciaire).

Le Pouvoir Exécutif (Constitution Haïtienne)

Le Pouvoir Exécutif est composé du Président de la République (Chef de l’État) et du


Gouvernement (Le Premier Ministre, les Ministres et les Secrétaires d’État). C’est le Pouvoir qui fait
exécuter les lois. C’est donc le Pouvoir de l’action, c’est le Pouvoir qui « agit » tandis que l’autre
Pouvoir politique « parlemente ».

On ne dit pas Le Premier Ministre et son Gouvernement parce qu’il fait partie du Gouvernement dont
il en est le Chef.

Pour les Secrétaires d’État c’est le Premier Ministre qui décide d’adjoindre ou non un ou des
Secrétaires d’État à un Ministre. En termes de rang, le Secrétaire d’État seconde au Ministre dans le
Ministère auquel il est adjoint, bien avant même le Directeur Général. Le Secrétaire d’État n’a pas
d’attribution propre, c’est au moment de sa nomination par le Premier Ministre que ce dernier lui
donne une feuille de route (liste de missions).

L’Administration Publique, plus précisément l’Administration Centrale de l’État est le prolongement


de l’Exécutif. C’est le bras technique du Pouvoir Exécutif.

Les attributions du Président de la République

En contrepartie d'une indemnité mensuelle, des honneurs et des privilèges, le Président de la


République se doit d'assumer les responsabilités de la plus haute magistrature de l'État tout en
préservant l'honorabilité de la fonction, pour faciliter et préserver le vivre ensemble, le
fonctionnement normal des institutions publiques, le mieux-être, la sécurité de son peuple et l'image
de son pays à l'extérieur.

Les Pouvoirs du Chef de l’État

Parmi les responsabilités du Chef de l'État, nous identifions des pouvoirs propres et des pouvoirs
partagés :

 D'une part, les pouvoirs propres sont les pouvoirs dans l'exercice desquels le Président de la
République est habilité à décider tout seul.
 D'autre part, les pouvoirs partagés du Président de la République sont des compétences pour
lesquelles il ne peut pas décider seul, car le contreseing du Chef du Gouvernement ou d'un
Ministre concerné est requis. Il s'agit alors d'une formalité substantielle 28, corolaire de
l'irresponsabilité politique du Chef de l'État.
28
Il existe des formalités substantielles et des formalités non-substantielles. Lorsqu’une formalité est
substantielle, on ne peut pas s’en passer, elle est donc juridiquement obligatoire.
17
À chaque fois que le Président est amené à décider seul, parce qu’il est habilité à décider seul, on dit
qu’il s’agit d’un pouvoir propre. Mais à chaque fois qu’il lui est fait obligation soit de consulter, soit
de faire une préfection après qui doit être approuvée par le Sénat ou qu’il doit décider en Conseil des
Ministres, à chaque fois qu’il lui fait obligation de faire contresigner ses actes par le Premier
Ministre par la procédure du contreseing, à ce moment on parle de pouvoir partagé du Président de
la République.

Le Président de la République est politiquement irresponsable, mais il est responsable civilement, et


pénalement. Le Président n’a à rendre compte devant personne d’autre que par devant le peuple (le
souverain) sur ce qu’il dit dans ses discours et dans ses interventions publiques.

Le Président de la République joue un rôle dans la préservation de l’État de droit. Il est le premier
garant de l’État de droit, parce que la Constitution lui confère trois attributions qui fait de lui le
garant de l’État de droit :

a) Le Président de la République veille au respect et à l'exécution de la Constitution (art. 136).


On parle alors d’État de droit constitutionnel29.
b) Il nomme les Juges constitutionnels (art. 190 ter).
c) Il peut saisir le Conseil constitutionnel pour un contrôle de constitutionnalité a priori des lois.

Le Président de la République a aussi le rôle de garant des institutions publique et de la démocratie :

a) Le Président de la République veille à la stabilité des institutions 30 et assure le


fonctionnement régulier des pouvoirs publics (art. 136).
b) Il participe au choix des Conseillers électoraux (art. 192).

Le Président de la République a aussi des rôles purement politiques :

a) Le Président de la République doit choisir le Premier Ministre. Suivant la configuration du


Parlement, il le fait seul ou en consultation avec le Président du Sénat et celui de la Chambre
des Députés (art. 137).
b) Il préside le Conseil des Ministres31 (art. 154).
c) Il choisit les Ministres en accord avec le Premier Ministre (art. 158).

Le Président de la République joue un rôle de premier plan en matière des relations internationales
car on le considère même comme le premier chancelier :

29
Tout le monde droit être soumis au droit, et puisque la Constitution est la loi mère dans la hiérarchie des
normes et symbolise et que toutes les normes inférieures lui sont fidèles, on peut qualifier cet État de droit
d’État de droit constitutionnel.
30
Art. 149 alinéas 3 de la Constitution de 4 octobre 1953 en France.
31
À ce moment il joue un rôle éminemment politique, par ce que c’est au niveau du Conseil des Ministres que
sont décidées les grandes politiques publiques de la nation. C’est là où se réunissent toutes les autorités du
Pouvoir Exécutif.
18
a) Le Président de la République négocie et signe tous traités, conventions et accords
internationaux (art. 139).
b) Il accrédite les ambassadeurs et les envoyés extraordinaires auprès des pays étrangers (droit
de légation actif).32
c) Il reçoit les lettres de créance des Ambassadeurs des pays étrangers et accorde exéquatur aux
Consuls (droit de légation passif).33

Sur le plan de la défense et de la sécurité publique, le Président de la République :

a) Sous approbation de l'Assemblée Nationale, il déclare la guerre, négocie et signe les traités de
paix34 (art. 140).
b) Après délibération en Conseil des Ministres, puis approbation du Sénat, le Président de la
République nomme le Commandant en Chef des Forces Armées et celui de la Police (art.
141).
c) Le Président de la République est le Chef des Forces Armées d'Haïti.
d) Il est responsable de la défense nationale, de concert avec le Premier Ministre (art. 159-1).
e) Le Président de la République peut déclarer l'état de siège, dans les conditions et limites
fixées par la Constitution (arts 278-1 et suiv.)

Sur le plan législatif, le Président de la République :

a) En qualité de Chef du Pouvoir Exécutif et Président de droit 35 du Conseil des Ministres, le


Président de la République joue un rôle prépondérant dans l'exercice du droit d'initiative
législative accordée au Pouvoir Exécutif (art. 111-1).
b) Le Président de la République jouit du droit d'objection contre une loi votée par le Parlement.
En l'exerçant, il demande une nouvelle délibération de la loi en question (arts 121 et suiv.).
c) Le Président de la République peut convoquer le Parlement en session extraordinaire, s'il y a
urgence (arts 105 et suiv.).
d) Il promulgue les lois et les fait publier dans le Journal Officiel de la République, le Moniteur.

Dans le domaine de la Justice

a) Le Président de la République veille à l'exécution des décisions judiciaires (art. 145).


b) Il jouit du droit de grâce et de commutation de peine (art. 146).
c) Il a le droit d'amnistier en matière politique (art. 147).
d) Il nomme les Juges de la Cour de Cassation (175).

L'obligation d'informer la population sur la situation générale du pays

32
Ce faisant, il exerce donc un « Droit de légation actif ».
33
Ce faisant, il exerce donc un « Droit de légation passif ».
34
En temps de guerre, l’Exécutif doit avoir l’approbation du Parlement pour les traités de paix.
35
De droit parce que c’est le Président de la République qui joue d’office le rôle de Président du Conseil des
Ministres.
19
Le Président de la République est tenu d'adresser un message solennel à la Nation sur l'état général
du pays, au deuxième lundi de janvier de chaque année, à l'occasion de l'ouverture de la première
session législative annuelle (art. 151). Le message présidentiel ne donne lieu à aucun débat
parlementaire, car le Parlement ne peut pas mettre en jeu la responsabilité politique du Président de
la République.

--------------------7 janvier 2019

D’où vient le Gouvernement ?

Le Gouvernement reçoit son investiture du Parlement en Chambre séparée par l’obtention d’un vote
de confiance36 sur sa déclaration de Politique Générale. En d’autres termes, le Gouvernement est
l’émanation du Parlement, il émane donc du Parlement.

Un Premier Ministre venant tout juste de recevoir un vote de confiance a un délai de grâce de six (6)
mois.

Le Gouvernement est tenu de rendre compte de sa gestion via ce qu’on appelle le Bilan de l’Action
Gouvernementale deux fois par année à l’ouverture de chaque session législative au Parlement, c’est-
à-dire, le deuxième lundi de Janvier et le deuxième lundi de Juin.

C’est le Président de la République qui nomme une personnalité pour devenir Premier Ministre.
Après cette nomination encore faut-il la gratification du Parlement. Donc le Premier Ministre
nommé n’étant pas encore investi de ses pouvoirs par le Parlement, va monter son Cabinet
Ministériel37. Lorsque le Président de la République nomme un Premier Ministre, l’acte de
nomination qui est un acte administratif, autorise cette personnalité à former un Cabinet Ministériel
et à désigner de concert avec le Président de la République une personne à la tête de chaque
ministère, et à adjoindre ou non un ou des Secrétaire d’État à un Ministre. Les Secrétaires d’États
n’ont pas de compétences spécifiques, c’est le Premier Ministre lorsqu’il décide d’exercer son
pouvoir discrétionnaire d’adjoindre un ou des Secrétaire d’État à un Ministre qui donne à ce
Secrétaire d’État une feuille de route, et c’est dans cette route feuille de route qu’on saura la mission
du Secrétaire d’État dont il est question.

Avec son Cabinet Ministériel, le Premier Ministre dirige le Gouvernement, est à même de produire
sa Politique Générale qu’il va énoncer d’une part devant le Sénat ou la Chambre des Députés et
d’autre part devant le Sénat ou la Chambre des Députés. Cette déclaration de Politique Générale se
fait donc en chambre séparée et le choix de la chambre à laquelle le Premier Ministre veut la
présenter en premier st laissé à sa discrétion et est éminemment politique ; et ça il le fait de façon

36
Le contraire du vote de confiance c’est le vote de non-confiance ou vote de censure.
37
Le Cabinet Ministériel est l’ensemble formé des membres du Gouvernement hormis le Premier Ministre. Le
Cabinet du Ministre est le bras technique d’un Ministre, c’est l’équipe d’experts qui l’aide à l’orienter et à
l’éclairer dans ses prises de décisions. Chaque Ministre a un Cabinet Ministériel. C’est pour ça qu’on appelle
le Cabinet du Ministre une aide à la décision.
20
informel (verbal), puisque formellement c’est à la Chambre de savoir quand elle est prête ou non de
recevoir le Premier Ministre nommé pour sa déclaration de politique générale.

Pour que les Chambres puissent officiellement être saisies, il faut que le Président de la République
s’assure administrativement d’envoyer une copie de la lettre de nomination du Premier Ministre à la
fois au Bureau de la Chambre des Députés et à la fois au Bureau du Sénat. De cette façon,
formellement, les députés et les Sénateurs sont saisis.

La Politique Générale c’est l’orientation stratégique et politique que le Gouvernement compte donner
au pays. À chaque fois que le Gouvernement se détourne de cette voie, le Parlement peut l’inviter, le
convoquer et l’interpeller.

Pourquoi le Gouvernement a-t-il besoin de la confiance du Parlement ?

C’est parce que le Gouvernement est politiquement responsable devant le Parlement. C’est-à-dire il
est soumis à la reddition de compte, il doit rendre compte de sa gestion. D’où cette responsabilité
politique trouve son expression/sa manifestation concrète d’une part dans le fait que pour continuer à
exister le Gouvernement doit à tout instant bénéficier de la confiance du Parlement. S’il arrive à
perdre cette confiance en essuyant un vote de censure cela l’obligera à partir (démissionner). D’autre
part, cette responsabilité politique trouve son expression/sa manifestation concrète dans la
possibilité du Parlement de pouvoir d’inviter, de convoquer, voire d’interpeller le Premier Ministre
ou les Ministres.

Invitation : Dans l’invitation le Premier Ministre n’a pas à s’inquiéter politiquement, nous ne
sommes pas dans la confrontation. On demande seulement des explications sur quelque chose qui ne
fonctionne pas correctement.

Convocation : À ce moment politiquement le ton change, mais là encore le Premier Ministre n’a rien
à craindre, car généralement les convocations viennent après des invitations.

Interpellation : L’interpellation survient lorsque la Chambre est sûr de pouvoir renverser le Premier
Ministre. Pour interpeller il faut qu’il y ait cinq parlementaires interpellateurs. Soit cinq Députés au
moins si c’est la Chambre des Députés qui interpelle, soit cinq Sénateurs au moins si c’est le Sénat.
L’interpellation a une conséquence, elle doit absolument soldée par un vote de confiance ou de non-
confiance/censure. Si suite à une interpellation, l’Assemblée parlementaire dont il est question
renouvelle sa confiance dans le Premier Ministre par un vote de confiance, à ce moment on dit que le
Premier Ministre est renforcé politiquement, ce qui lui confère encore un autre délai de grâce de six
(6) mois. On peut interpeller le Premier Ministre ou l’un de ses Ministres. Un Ministre qui essuie un
vote de censure va partir seul et lui remplace. Si c’est le Premier Ministre qui essuie le vote de
censure, tout le Gouvernement part.

Conseil de Gouvernement VS Conseil des Ministres

Le Conseil de Gouvernement est une instance collégiale composée du Premier Ministre, des
Ministres et des Secrétaires d’Etat.

21
Investiture VS Installation

Un Gouvernement investi de ses pouvoirs va être installé. L’installation est une formalité
administrative. L’investiture c’est celui de qui vous recevez votre pouvoir, à ce moment on vous
habilite, on vous investit de pouvoirs. Après l’investiture, on sera installé (dans son bureau), toutes
les fonctionnaires de la boite se réunissent dans une salle de conférence pour venir voir leur nouveau
chef.

LE PARLEMENT

Le Parlement est composé du Sénat et de la Chambre des Députés. Le Parlement a deux Chambres,
c’est le bicamérisme ou bicaméralisme.

Quelle est la fonction du Parlement ?

Le Parlement joue un rôle de contre-pouvoir par rapport au Pouvoir Exécutif. C’est un Pouvoir qui
contrôle, qui empêche et qui habilite. Ça permet d’éviter l’arbitraire des Gouvernements. Un régime
protecteur de Libertés est un régime libéral.

Le Pouvoir Législatif a trois (3) fonctions principales qui sont une fonction législative, une fonction
de contrôle et une fonction d’enquête.

------------------------------14 janvier 2018

Fonction Législative du Parlement

Le Parlement vote les lois en chambres séparées. C’est ou bien un projet de loi, ou bien une
proposition de loi qui va devenir une loi. Si on prend le cas du projet de loi, ce projet de loi est
déposé par le Pouvoir Exécutif au Bureau de l’une ou l’autre Assemblée Législative. Et ce projet de
loi va être analysé minutieusement en Commission Parlementaire sur le domaine du projet (si le
projet de loi concerne l’éducation par exemple, on va demander à la Commission Permanente de
l’éducation de travailler initialement sur le projet). Après ce travail la Commission va soumettre un
rapport au Bureau et le Bureau va convoquer une séance de sorte que des discussions aient lieu sur le
projet de loi, Et après les discussions s’il y a quorum on passe au vote. Si la majorité requise est
atteinte, à ce moment, le projet de loi est voté. Maintenant ce projet de loi qui est enfin voté au
niveau de la première assemblée n’est pas encore loi, pour qu’il devienne une loi il faut que ce même
texte qui a été initialement/préalablement voté par la première assemblée le soit aussi dans les
mêmes termes par l’autre assemblée parlementaire. Si l’autre assemblée qui reçoit le texte
initialement voté par la première assemblée décide souverainement de faire des modifications,
d’apporter des amendements dans le texte en question, à ce moment, la dite assemblée va retourner le
texte là où il a été initialement voté. Et si encore cette assemblée fait à son tour des amendements on
va retourner encore le texte parce que le texte doit être voté dans les mêmes termes par les deux
assemblées parlementaires. Et ce va et vient qui se fait entre les deux assemblés parlementaires est ce
qu’on appelle la navette législative. Donc la navette législative c’est ce va et vient qui se fait entre

22
les deux assemblées parlementaires en régime bicamérale sur l’adoption d’un texte de loi en
discussion. Lorsque la navette législative devient incessante, le texte est mis de côté.

L’initiative législative ou de la loi est partagé entre les deux Pouvoirs politiques qui sont le Pouvoir
Exécutif et le Pouvoir Législatif. Si elle n’était pas partagée elle serait dite « exclusive ». Lorsque
l’initiative de la loi vient du Pouvoir Exécutif, on parle de projet de loi. Tandis que, lorsque
l’initiative de la loi vient du Parlement, on parle de proposition de loi.

Cependant, en ce qui a trait à la Loi de Finance (Budget), l’initiative législative est exclusive au
profit du Pouvoir Exécutif. Donc, il ne peut y avoir une proposition de loi de finance mais de
préférence un projet de loi de finance. Tout simplement parce que c’est le Gouvernement qui
détermine et conduit la Politique de la Nation par un ensemble de programme et de Politiques
Publiques dans sa Déclaration de Politique Générale. Donc il ne revient pas au Parlement de
déterminer à travers un budget (projet de loi de finance) ce qui serait les priorités du Gouvernement
ou ce qui ne le serait pas. Il ne revient pas au Parlement d’avoir l’initiative législative de Loi de
Finance. Lorsque l’initiative législative émane du Gouvernement il peut décider de saisir n’importe
laquelle des deux assemblées, mais en matière budgétaire (projet de loi de finance) le Gouvernement
est tenu de saisir en premier la Chambre des Députés.

Le Pouvoir Exécutif, pour jouer son rôle de contre-pouvoir dans les étapes de l’élaboration d’une loi,
fait usage de ce qu’on appelle le « Droit d’Objection ». Une loi votée par les deux assemblées
parlementaires est définitivement loi, mais n’est pas encore opposable aux citoyens tant qu’elle n’a
pas été promulguée et publiée par le Président de la République. Cette loi est réputée non-applicable
et méconnue. C’est au Chef de l’État et à lui seul qu’il revient de promulguer et de publier les lois,
c’est un pouvoir propre du Président de la République. Le Droit d’Objection lui permet donc
d’empêcher, de bloquer la loi en décidant de ne pas la promulguer et de ne pas la publier. Le
président a un délai pour faire objection, et passer ce délai, il est forclos.

La promulgation est le fait de faire revêtir la loi du Sceau de la République. La publication est le fait
pour le Président de demander aux Presses Nationales d’Haïti de publier la loi dans le Journal
Officiel qui porte le nom de « Le Moniteur ».

Le président en faisant objection oblige le Parlement à reconsidérer le texte. Le texte va entrer en


discussion à nouveau, mais le Parlement peut décider de ne rien considérer dans les demandes de
modifications du Président de la République. Et à ce moment, le Parlement renvoi à nouveau le texte
dans les mêmes termes. Et aussi, à ce moment, le Président ne peut pour une nouvelle fois exercer
son droit d’objection sur ce même texte, puisque « objection sur objection ne vaut ».

En cas de crise entre les deux Pouvoirs Politiques, il est clairement dit dans la Constitution qu’il
revient au Conseil Constitutionnel de jouer un rôle de médiateur entre le Pouvoir Exécutif et le
Pouvoir Législatif. Avant ce rôle revenait à la Commission de Conciliation qui n’a jamais
fonctionner, et du coup, on a dévolu cette compétence au Conseil Constitutionnel.

En Droit Administratif, au nom de la théorie des formalités impossibles, et au nom de la théorie des
circonstances exceptionnelles, l’État doit continuer à être diriger malgré l’absence du Parlement, et

23
c’est pour ça que les Chef d’État dirige par décret lorsque le Parlement est inopérant (expiration des
mandats des Parlementaire). C’est au nom de la permanence et de la continuité de l’État.

Le caractère illimité du domaine de la loi en Haïti. En Haïti → Le Parlement peut légiférer sur tous
les objets d’intérêts publics.

Fonction de contrôle

Le Gouvernement en vertu de sa responsabilité politique par devant le parlement se doit de rendre


compte de sa gestion. Le Parlement de contrôle pas le Gouvernement, le Parlement contrôle
« l’action gouvernementale ». Cela suppose que le Gouvernement doit à tout instant bénéficier de la
confiance du Parlement. S’il arrive à perdre cette confiance il est obligé de démettre de sa fonction.
Le Gouvernement peut perdre la confiance du Parlement par un vote de censure ou de non-confiance.
Deux fois par ans, le Gouvernement doit venir donner un bilan de l’action gouvernementale par
devant le Parlement réuni en Assemblée Nationale.

Le Président du Sénat n’est pas forcément le président de l’Assemblée nationale. L’Assemblée


Nationale est un organe circonstancié, et c’est la Constitution qui fixe les cas dans lesquels le
Parlement peut se réunir en Assemblée Nationale. Ce n’est que lorsque le Parlement se réunit en
Assemblée nationale et qu’on regarde qui est présentement le président du Sénat, et lui fait jouer
d’office le rôle de Président de l’Assemblée Nationale. Et à ce moment le Président de la Chambre
des Députés joue d’office le rôle de Vice-Président de l’Assemblée N+ationale.

Fonction d’enquête

Le Parlement peut enquêter sur toutes les questions dont il est saisi (Constitution). Dans le réalité, le
Parlement exerce cette fonction d’enquête à travers les Commissions. Il y ma des Commissions
permanentes et des Commissions ad-hoc. Chaque assemblée parlementaire rédige ses règlements
intérieurs qui établissent les mécanismes et les conditions d’érection des Commissions.

LES IMMINUTES PARLEMENTAIRES

Ce sont des privilèges accordés aux Parlementaires en vue de les permettre d’exercer librement leur
fonction sans avoir à craindre des persécutions politiques qui se traduiraient sous la forme de
poursuite judiciaire par exemple.

Les immunités parlementaires sont de deux (2) sortes. Il s’agit d’une part de l’irresponsabilité
parlementaire et d’autre part de l’inviolabilité parlementaire.

L’irresponsabilité parlementaire

L’irresponsabilité parlementaire est une immunité parlementaire qui protège le parlementaire pour
les votes et opinions émis dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. L’irresponsabilité
parlementaire le poursuit même après l’exercice de sa fonction.

L’inviolabilité parlementaire

24
L’inviolabilité parlementaire est une immunité parlementaire qui couvre les parlementaires contre les
poursuites pour les crimes et les délits intentés pour des actes étrangers à l’exercice de ses fonctions.

Chaque assemblée parlementaire ses règlements intérieurs qui prévoit des sanctions contre certains
comportements des parlementaires, mais la sanction ne va provenir que de ses pairs.

Les incompatibilités et les cas d’inéligibilités vous rend inapte à vous portez candidat pour un poste
électif.

---------------------------------- 21 janvier 2019

SYSTÈME POLITIQUE COMPARÉ

Un système politique est formé d’un ensemble d’élément interrelié tels des normes, des partis
politiques, etc. Parmi les éléments du système politique on retrouve le système de parti. Donc le
système de parti est un sous-système du système politique, et non l’inverse

Système de Parti

Un système de parti peut être de trois (3) sortes :

 Le bipartisme ou système biparti. Le bipartisme peut être parfait ou imparfait, partisan ou


non-partisan.
 Le multipartisme ou système multiparti. Le multipartisme peut être intégral, et aussi un
multipartisme qui cache un bipartisme de fait.
 Le système à parti unique. On les retrouve surtout dans les régimes autocratiques (Chine).

Parti Politique

Selon Daniel Louis Célère : « Un parti politique est une organisation qui mobilise les individus
(citoyen s) autour d’un projet afin de conquérir le pouvoir de gouvernement. ». On y ajoute : « …
pour l’amélioration des conditions d’existence de la population. ».

Structuration des partis politiques

Les partis politiques ont trois niveaux de structuration :

 Le haut. La structuration par le haut se fait en amont de leur création, elle est assurée par
l’État via des mécanismes juridiques (Constitution qui fait obligation à l’État de financer les
partis politiques, la loi 2013 sur le fonctionnement et le financement des partis politiques qui
définit ce qu’est vraiment un parti politique et fixe le cadre) et institutionnels (Ministère de la
Justice et de la Sécurité Publique pour aller se faire enregistrer).
 Le bas. La structuration par le bas se fait en aval de leur création, ça se passe au sein même
de chaque parti considéré (dans la Charte du parti avec ses normes et de règlement intérieur
du parti).

25
 Intermédiaire. La structuration au niveau intermédiaire est assurée par « l’establishment » qui
sont les élites et les mass média.

---------------------------------- 28 janvier 2019

Démocratie

Dans la démocratie le peuple est la source du pouvoir. Selon Abraham Lincoln, la démocratie est le
pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. La démocratie suppose un droit de participation et
un droit de protestation.

La démocratie a trois (3) grands fondements théoriques qui sont :

 Le pluralisme idéologique → affrontement et coexistence de plusieurs idéologies différentes ;


 L’alternance politique → changement de majorit é au pouvoir. Pour se faire, il faut qu’il y ait du
pluralisme idéologique. Qui dit alternance politique, dit élection, et qui dit élection dit suffrage ;
 L’égalité juridique entre les citoyens → la loi est une pour tous.

Typologie de suffrage

Le suffrage est synonyme de vote. On en distingue :

 Le suffrage restreint et le suffrage universel. Dans le suffrage universel tous les citoyens ont
droit de vote. Tandis que, dans le suffrage restreint seulement une partie des citoyens peut
voter. Le suffrage restreint se subdivise en :
o Suffrage censitaire → Seulement les propriétaires qui paient l’impôt (le « cens ») ont
droit de vote.
o Suffrage capacitaire → Seulement les citoyens ayant une certaine capacité sociale ou
une capacité économique ou une capacité expertale peuvent voter.
o Suffrage familial → On le trouve surtout dans le patriarcat, seulement le patriarche
peut voter. L’étendue du patrimoine du patriarche peut aussi influer le nombre de voie
auquel il a droit.
 Le suffrage direct et le suffrage indirecte. Dans le suffrage direct les citoyens élisent eux-
mêmes, sans intermédiaire et directement les gouvernants (Démocratie représentative ou
indirecte). Tandis que, dans le suffrage indirect les citoyens élisent directement des
représentants ou au premier degré qui élisent par la suite directement d’autres représentants
au second degré. Il peut y avoir plus de deux (2) degrés.
 Le suffrage plural et le suffrage égal. Dans le suffrage plural certains citoyens ont des voies
supplémentaires, mais tous les citoyens peuvent voter. Tandis que, dans le suffrage égal
chaque électeur pèse autant que l’autre, « one man, one vote ».

26
Les grands principes du suffrage

Les grands principes du suffrage sont :

1- Égalité du suffrage → chaque citoyen n’a qu’un vote.


2- Sincérité du suffrage. En vertu de ce principe, les résultats officiels des élections doivent
refléter effectivement l’orientation du choix de la population dans sa globalité.
3- Liberté du suffrage. Le vote doit être libre. On ne doit pas voter sous contrainte. Le choix
doit être libre.
4- Secret du suffrage. Le citoyen a le droit de garder secret son choix. D’où l’existence de
l’isoloir, pour faire son choix en toute discrétion.
5- Anonyme. On ne porte pas de nom sur les bulletins.

--------------------------------- 4 février 2019

Chambre
Pays Chambre Basse Exécutif
Haute
Le Sénat La Chambre des Le Président de la République et le
Haïti
Députés Premier Ministre
Le Sénat L’Assemblée Le Président de la République et le
France
Nationale Premier Ministre
La Chambre des La Chambre des Un Monarque et le Premier Ministre
Angleterre
Lords Communes
Bundesrat Bundestag Le Président de la République Fédérale
Allemagne
d’Allemagne et le Chancelier
Le Sénat La Chambre des Le Président (et le Vice-Président)
États-Unis
Représentants

Les raisons théoriques du bicamérisme

 Parce qu’on est un État Fédéral ou Fédération


 Parce qu’on est une Monarchie
 Parce qu'on est un pays à tradition Monarchiste

En Angleterre il existe trois types de Lords qui sont les Law Lords, les Lords Spirituels et les Lords
Héréditaires.

En Haïti, la réunion du Sénat et de la Chambre des Députés s’appelle le Parlement haïtien. En


France, la réunion du Sénat et de l’Assemblée nationale s’appelle le Parlement français. En
Angleterre la réunion de la Chambre des Communes et de la Chambre des Lords s’appelle le
Parlement Anglais. En Allemagne la réunion du Bundesrat et du Bundestag s’appelle le Parlement
Fédéral allemand. Aux États-Unis, la réunion du Sénat et de la Chambre des représentant donne le
Congrès américain.

27
En Haïti, l’Assemblée Nationale c’est la réunion en une seule Assemblée, du Sénat et de la Chambre
des Députés dans des circonstances limitativement fixés par la Constitution. En France, c’est le
Congrès français.

Aux États-Unis, le Sénat représente les États.

Histoire du parlement en Haïti

Initialement en Haïti le Parlement était monocaméral. Il est créé en 1806 avec seulement le Sénat. Ce
n’est qu’en 1816 que le Parlement devient bicaméral avec la création de la chambre basse appelée
alors Chambre des Représentants des Communes. En ce sens, cette dernière qui, dans l’histoire
constitutionnel du pays, allait être tantôt appelé Chambre des Communes ou Chambre des
Représentants, est l’ancêtre de la Chambre des Députés. Le pays a connu un autre épisode
monocaméral de 1957 à 1986 avec la Chambre des Députés.

Comme on vient de le voir, la Chambre des Députés a été connu avant sous plusieurs autres noms,
nais le Sénat, depuis 1806 n’a jamais changé de nom.

Université Notre Dame d'Haïti

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Les cahiers du droit constitutionnel

Cahier No 3

Professeur Destin Jean Master 2 en droit public (Grenoble, France)


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Professeur Destin Jean

UNDH

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A. La Constitution: L’encadrement juridique du pouvoir


1. La notion de Constitution

La Constitution c’est la norme juridique fondamentale servant de référence à toutes les autres normes
de l’ordre juridique interne et fixant les rapports et les limites entre Pouvoirs et Libertés au sein de la
communauté politique.
28
2. Le bloc de constitutionnalité

Ensemble des normes à valeur constitutionnelle. Il est constitué des articles de la Constitution du 29
mars 1987, mais aussi du préambule de cette dernière. A cela s’ajoutent les principes de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948 et ceux de l’Acte
d’indépendance de 1804.

Il n’existe pas encore en Haïti une jurisprudence constitutionnelle suffisamment riche et bien assise.

Le Parlement haïtien, dans sa fonction législative, est lié à l’ensemble du bloc de constitutionnalité.

3. L’établissement de la Constitution

Une Constitution, même rigide, a une vie. Elle nait, évolue et meurt. Tout cela est fonction du degré
de bouillonnement de la vie politique.

Une nouvelle Constitution est établie dans un contexte révolutionnaire ou d’insurrection populaire
généralisée (Constitution de 1987) ou encore à l’occasion de la création d’un nouvel État
(Constitution de 1805).

Dans les régimes démocratiques, une Constitution est établie par le peuple, pouvoir constituant
originaire. Une Assemblée constituante écrit le projet de Constitution et le soumet à la sanction
populaire par voie référendaire. Donc, in fine, c’est le peuple, qui, par referendum,

adopte la Constitution et fonde, ipso facto, le nouvel ordre juridique. Ainsi, la Constitution devient-
elle l’œuvre du Souverain, le peuple.

4. La révision de la Constitution

Une évolution de la vie politique ou la nécessité de corriger certaines erreurs antérieures liées au
fonctionnement des institutions peut exiger une modification de la Constitution. On parle alors de
révision constitutionnelle.

La révision constitutionnelle est réalisée par le pouvoir constituant dérivé, encore appelé pouvoir
constituant institué. En Haïti, c’est le Parlement réuni en Assemblée Nationale qui détient cette
compétence.

Néanmoins, les constituants de 1987 ont laissé se glisser un anglicisme dans la Constitution de 1987.
En lieu et place de révision constitutionnelle, ils parlent d’amendement constitutionnel. Or, dans la
littérature juridique francophone, un amendement est une modification proposée à un texte de loi au
cours de sa discussion dans une assemblée parlementaire.

La Constitution haïtienne du 29 mars 1987 est une Constitution rigide, car elle prévoit elle-même la
procédure de sa propre révision. Donc, elle ne peut pas être modifiée par la procédure législative
ordinaire.

B. La protection de la Constitution: Le contrôle juridictionnel du pouvoir

29
1. La suprématie de la Constitution dans l’ordonnancement juridique

Il est évident que le Souverain, en l’occurrence, le peuple n’a pas le même rang que ses commis, en
l’occurrence, ses représentants. Par conséquent, la norme du peuple - la Constitution- ne saurait avoir
la même valeur juridique que la norme de ses représentants - la loi. D’où une hiérarchie entre la
norme constitutionnelle et la norme législative. C’est en quelque sorte le triomphe du
constitutionnalisme sur le légicentrisme.

De sorte que la suprématie de la Constitution ne soit pas un mythe, elle est garantie par l’institution
d’un contrôle juridictionnel de constitutionnalité des lois, c’est-à-dire un contrôle de vérification de
conformité des lois à la Constitution, la norme de référence.

Historiquement, ce fameux contrôle de constitutionnalité des lois a vu le jour aux Etats-Unis


d’Amérique le 24 février 1803 par un célèbre arrêt de la Cour Suprême des États-Unis, grâce à
l’intelligence du Juge John Marshall, à l’occasion de l’affaire Marbury Vs. Madison.

A cette occasion, la Cour Suprême des Etats-Unis statua incidemment sur l’inconstitutionnalité d’une
loi et décida de ne pas l’appliquer dans le procès en cours d’instance, puisque son absence de
conformité à la Constitution américaine de 1787 était établie, alors qu’un tel contrôle n’a même pas
été prévu par la Constitution américaine.

Cette décision courageuse et historique de la Cour, admettant sa compétence et celle des tribunaux
ordinaires à connaître de la constitutionnalité des lois, la renforce, fait d’elle la 1ère Cour
constitutionnelle de l’histoire de l’humanité, sanctionne la suprématie de la Constitution sur les lois
et ipso facto garantit un contrôle juridictionnel du pouvoir. Donc le peuple détient désormais une
arme institutionnelle pour imposer la supériorité de sa propre norme sur celle de ses commis. Ce
faisant, cela lui permet aussi et surtout de garantir le respect de ses libertés fondamentales.

Un peu plus tard, le Juriste Austro-Américain Hans Kelsen, surnommé le juriste du XXe siècle[1], a
renforcé l’institution de ce contrôle de constitutionnalité par sa précieuse contribution théorique
apportée par son ouvrage majeur une théorie pure du droit (1934).

En effet, le célèbre Kelsen appréhende les normes juridiques comme un système pyramidal. Au
sommet de cette pyramide se trouve la Constitution, la norme fondamentale à laquelle toutes les
autres normes inférieures doivent être conformes. Selon cette conception pyramidale du droit, la
validité de la norme inférieure dépend de sa conformité à la norme supérieure. Il devient donc
évident que la garantie de cette hiérarchie des normes juridiques ne puisse être assurée que par
l’institution d’un contrôle de constitutionnalité. Ainsi,

Kelsen a-t-il largement contribué à l’émergence et à la propagation des cours constitutionnelles en


Europe.[2]

2. Les modèles dominants de contrôle de constitutionnalité des lois

30
Il existe deux grands modèles de contrôle de constitutionnalité. Il s’agit des modèles américain et
européen. Néanmoins, sachant que tous les pays européens ne forment pas un bloc monolithique,
certains d’entre eux font une combinaison des deux modèles.

A. LE MODÈLE AMÉRICAIN

1. Type de contrôle

Dans le modèle américain, le contrôle de constitutionnalité des lois est diffus, c’est-à-dire il est
exercé par n’importe quel tribunal de l’ordre judiciaire quel que soit sa position dans la hiérarchie.

Ce système a l’avantage de la proximité par rapport aux Citoyens.

2. Caractère du contrôle

Le contrôle est concret, c’est-à-dire qu’il s’exerce à l’occasion d’un litige, d’un cas concret.

3. Moment du contrôle

Le contrôle s’exerce a posteriori, c’est-à-dire en aval de la promulgation et de la publication de la loi.

4. Le mode de saisine

Le contrôle s’exerce par voie d’exception. Ce mode de saisine permet à une partie à un procès en
cours d’instance de soulever l’exception d’inconstitutionnalité d’une loi invoquée contre lui,
prétextant qu’elle est contraire à la Constitution. Il s’agit avant tout d’un moyen de défense.

5. La portée de la décision

Suivant l’expression juridique consacrée, les décisions rendues produisent un effet inter partes, c’est-
à-dire uniquement entre les parties au procès. Donc, il y a autorité relative de la chose jugée.

B. LE MODÈLE EUROPÉEN

1. Type de contrôle

Dans le modèle européen, le contrôle de constitutionnalité des lois est concentré, c’est-à-dire il est
confié à une seule juridiction, une Cours constitutionnelle qui n’intègre pas l’ordre judiciaire.

Ce système a l’avantage de la rapidité, mais pourrait causer aussi l’encombrement de la Cour


constitutionnelle.

2. Caractère du contrôle

Le contrôle est abstrait, c’est-à-dire que le litige ne se présente pas sous la forme d’une confrontation
entre deux parties en procès, mais plutôt entre deux normes : la norme constitutionnelle et la norme
législative.

3. Moment du contrôle

31
Le contrôle s’exerce a priori, c’est-à-dire en amont de la promulgation et de la publication. Il est dit
aussi contrôle par voie de recours direct.

4. Le mode de saisine

Le contrôle s’exerce par voie d’action. Le saisissant sollicite la Cour constitutionnelle pour censurer
une loi en instance de promulgation pour cause d’inconstitutionnalité.

5. La portée de la décision

La décision rendue par la Cour constitutionnelle produit un effet erga omnes, c’est-à-dire envers et
contre tous. Donc il y a autorité absolue de la chose jugée.

[1] A cause de sa précieuse contribution à la théorie générale du droit au XXe siècle.

[2] Kelsen a été d’ailleurs au Coeur de la rédaction de la Constitution autrichienne de 1920. Cette
Constitution a institué l’une des premières cours constitutionnelles en Europe.

C. Le contrôle de constitutionnalité des lois en Haiti

I. Avant la révision constitutionnelle de mai 2011

Avant la révision constitutionnelle, le contrôle de constitutionnalité des lois en Haïti a été organisé
par l’article 183 de la Constitution qui disposait : « La Cour de Cassation, à l’occasion d’un litige et
sur le renvoi qui lui en est fait, se prononce en sections réunies sur l’inconstitutionnalité des lois. »

On l’aura vitement compris, dans ce système (qui n’est plus en vigueur):

1. Le contrôle de constitutionnalité est concentré

La Cour de Cassation est le seul Juge constitutionnel. Elle juge en premier et dernier ressort. Le
contrôle est certes de type juridictionnel, mais les tribunaux ordinaires ne sont pas pour autant
compétents pour juger de la constitutionnalité des lois.

2. Le contrôle de constitutionnalité est concret

Un requérant ne peut pas directement demander à la Cour de Cassation de vérifier la conformité


d’une loi à la Constitution ; il faut qu’il y ait un procès. A l’occasion de ce procès, le justiciable
intéressé excipe que la loi que l’on entend lui appliquer n’est pas conforme à la Constitution. Ce
faisant, il soulève une inconstitutionnalité.

Puisque le contrôle n’est pas diffus, le tribunal ordinaire saisi du litige principal ne statue pas lui-
même sur l’inconstitutionnalité soulevée. Il sursoit à statuer et soumet la question préjudicielle aux
sections réunies de la Cour de Cassation. Donc cette dernière fait le contrôle de constitutionnalité par
le biais du renvoi préjudiciel.

3. Le contrôle de constitutionnalité se fait a posteriori

32
Le fait que le contrôle est exercé en aval de la promulgation, cela crée une insécurité juridique. Le
Citoyen est exposé. Il risque de voir appliquée contre lui une loi inconstitutionnelle si son défenseur
en justice, le cas échéant, n’a la moindre intelligence de soulever l’inconstitutionnalité de ladite loi.

Le pire, même lorsque déclarée inconstitutionnelle par la Cour de Cassation, la loi n’est pas pour
autant rayée de l’ordre juridique. Cette loi sera seulement déclarée inapplicable au litige considéré,
puisqu’en l’espèce, l’arrêt de la Cour produit un effet inter partes. Il s’ensuit qu’elle est toujours
d’application dans tous les autres cas, si aucune inconstitutionnalité n’aura été soulevée ou si le
Parlement n’aura décidé de faire cessé ses effets en l’abrogeant et donc la faire disparaître de
l’ordre juridique. Le Parlement, n’étant pas lié aux arrêts de la Cour, peut faire comme bon lui
semble et ne pas abrogé la loi inconstitutionnelle.

II. Après la révision constitutionnelle de mai 2011

A partir de la révision constitutionnelle, la Cour de Cassation n’est plus Juge constitutionnel.

Cette compétence est dévolue à une institution nouvellement créée, en l’occurrence, le Conseil
constitutionnel.

A l’article 190.- bis de la Constitution du 29 mars 1987, on lit ce qui suit : « Le Conseil
constitutionnel est un organe chargé d’assurer la constitutionnalité des lois. Il est juge de la
constitutionnalité de la loi, des règlements et des actes administratifs du Pouvoir Exécutif. Ses
décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. »

Néanmoins, jusqu’à date, cette nouvelle institution n’a qu’une existence juridique. On n’a
jamais passé à la phase d’opérationnalisation pour la faire fonctionner. Par conséquent, le
professionnel du droit est hésitant et le Citoyen ne sait à quel saint se vouer. On est dans l’impasse.
La Cour de Cassation « n’est plus », mais le Conseil Constitutionnel « n’est pas encore ».

1. Un contrôle de constitutionnalité des lois a priori est désormais institué. Mais la saisine reste
facultative.
2. Un contrôle de constitutionnalité a priori des règlements intérieurs des assemblées
parlementaires est aussi désormais institué et ce contrôle a priori est obligatoire. Mais la
saisine n’est pas obligatoire. Ainsi, les assemblées parlementaires ne pourront plus s’octroyer
de nouveau pouvoir sous le prétexte d’adopter des règlements intérieurs.
3. Le Conseil constitutionnel peut aussi exercer un contrôle a posteriori.
4. Le Citoyen justiciable conserve le droit de soulever une inconstitutionnalité à l’occasion
d’une instance en cours. Néanmoins, le rôle de la Cour de Cassation n’est pas clair dans la
procédure, car en l’espèce, le Conseil constitutionnel ne peut être saisi que sur renvoi de
la Cour de Cassation. Ce renvoi pour par la suite renvoyer pose problème et parait être une
bureaucratie pour perdre du temps.
5. Pas d’auto-saisine du Conseil constitutionnel. D’une part, en cas de contrôle a priori, la
saisine est effectuée par le Président de la République, le Président du Sénat, le Président de
la Chambre des Députés, 15 Députés ou 10 Sénateurs. D’autre part, en cas de contrôle a
posteriori, la saisine est faite sur renvoi de la Cour de

33
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Les cahiers du droit constitutionnel

Cahier No 2

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La procédure d’amendement de la Constitution du


29 mars 1987
A. Les trois étapes successives
1. L’initiative

En Haïti, l’initiative constitutionnelle est partagée entre les deux pouvoirs politiques. Elle appartient
concurremment au Pouvoir Exécutif et à chacune des deux Assemblées parlementaires. Par voie de
conséquence, un projet d’amendement peut être déposé au Parlement par le Pouvoir Exécutif. De
même, sous l’impulsion de l’une ou l’autre des deux Assemblées parlementaires, une proposition
d’amendement peut être aussi déposée.

2. La déclaration

La Déclaration qu’il y a lieu d’amender la Constitution est faite par le Pouvoir Législatif avec motifs
à l’appui. Pour que cette déclaration puisse avoir lieu, l’adhésion de la majorité qualifiée (2/3) est
exigée parmi les Sénateurs et parmi les Députés. De plus, elle peut être faite uniquement au cours de
la dernière session ordinaire de la Législature. Encore, faut-il qu’elle soit publiée sur toute l’étendue
du territoire national.

De surcroit, la déclaration du Pouvoir Législatif n’est qu’une déclaration d’intention, car on n’en est
pas encore arrivé à l’amendement proprement dit. C’est en quelque sorte un vœu d’amendement. Il y
a donc nécessité de votes renouvelés. Cela permet de provoquer des débats publics au niveau de la
classe politique et de la population. De plus, cela permet au peuple de se prononcer sur le projet

34
d’amendement en cours en décidant de reconduire la majorité ayant fait la déclaration ou en
votant une nouvelle majorité pour manifester son accord ou son désaccord.

En somme, la déclaration qu’il y a lieu d’amender la Constitution exige une volonté politique de la
part du Parlement (pouvoir discrétionnaire), une majorité qualifiée auprès des Députés et auprès des
Sénateurs, et une période précise et une publication officielle immédiate.

3. La décision

La décision d’amender la Constitution suppose que des élections législatives aient été préalablement
organisées, car la Constitution fait obligation aux Assemblées de se réunir en Assemblée Nationale
pour statue r sur l’amendement proposé dès la première session de la Législature suivante, c’est-à-
dire la Législature ayant suivi celle qui a fait la déclaration.

En résumé,

Pour l’adoption de la décision d’amender la Constitution, il est prévu :

 Une période spécifique : la première session de la Législature.


 Une formation spéciale : l’Assemblée Nationale
 Un quorum précis : la présence des deux tiers (2/3) des membres de chacune des deux
Assemblées.
 Un type de majorité : la décision d’adopter l’amendement proposé est prise par un vote à la
majorité qualifiée (2/3) des suffrages exprimés.

B. Les limitations et les interdictions


Le pouvoir de révision de la Constitution est un pouvoir limité à la fois au niveau de la procédure, de
l’objet et du moment de l’entrée en vigueur de la révision.

1. Interdiction portant sur la procédure

Le référendum constituant est formellement interdit par la Constitution de 1987 en son article 284-
3. C’est-à-dire que cette dernière ne peut pas être modifiée par voie référendaire. Mais le référendum
en soi n’est pas interdit, sauf le référendum législatif qui est aussi interdit.

Sans nul doute, les constituants de 1987 ont glissé cette interdiction par anticipation aux éventuelles
velléités du Pouvoir Exécutif, particulièrement le Président de la République, d’organiser des
référendums de façade aux fins de modifier la Constitution facilement et à sa guise.

Par ailleurs, contrairement à une idée très répandue en Haïti, la Constitution n’interdit pas le
référendum comme mécanisme juridique de consultation populaire. C’est plutôt le référendum
constituant, comme on vient de le voir, qui est interdit.

2. Interdiction portant sur l’objet

35
Haïti est une démocratie et une République. Aucune révision constitutionnelle ne peut changer cette
donne. Tel est l’objet de l’article 284-4 de la Constitution.

Haïti n’a pas toujours été une République. Elle a été un empire sous l’Empereur Jean Jacques
Dessalines en 1805 et sous l’Empereur Faustin 1er en 1849. Elle a été aussi un royaume avec le Roi
Henri Christophe en 1811 dans le Nord.

3. Interdiction portant sur le moment de l’entrée en vigueur

L’article 284-2 de la Constitution est formel : « L’amendement obtenu ne peut entrer en vigueur
qu’après l’installation du prochain Président élu. En aucun cas, le Président sous le gouvernement de
qui l’amendement a eu lieu ne peut bénéficier des avantages qui en découlent. »

Cela traduit encore une fois la méfiance omniprésente, voire obsessionnelle des constituants de 1987
vis-à-vis de la fonction présidentielle. C’est comme reconnaitre tacitement un super pouvoir
d’influence du Président de la République. Or, théoriquement, c’est possible d’avoir une révision
constitutionnelle sans l’initiative du Pouvoir Exécutif et sans toucher aux attributions du Chef de
l’État.

Université Notre Dame d’Haïti

Les cahiers du droit constitutionnel

Cahier No 1

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Les droits et libertés à valeur constitutionnelle du Citoyen Haïtien


La Constitution c’est la norme juridique fondamentale servant de référence à toutes les autres normes
de l’ordre juridique interne et fixant les rapports et les limites entre pouvoirs et libertés au sein de la
communauté politique.

Dans cette perspective, la Constitution haïtienne du 29 mars 1987 consacre et garantit aux Citoyens
un ensemble de droits et libertés fondamentaux, en plus de consacrer dans son préambule les droits
universellement reconnus comme inhérents, inaliénables et imprescriptibles à la personne humaine.

Ces droits sont contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme (1948), adoptée par
l’Assemblée Générale des Nations-Unies à Paris le 10 décembre 1948 par la résolution 217 A (III),

36
dans les locaux du Palais de Chaillot. Haïti fait partie des 58 États membres qui constituaient alors
l’Assemblée Générale.

Nous avons établi une typologie des droits et libertés constitutionnels du Citoyen Haïtien. Ainsi,
identifions-nous les droits et libertés physiques, les droits et libertés intellectuels et sociaux, les droits
et libertés de participation et de protestation et les autres droits.

I. Les droits et libertés physiques

Les droits et libertés physiques prennent en compte l’être humain dans sa dimension charnelle ou
intime.

A. Le droit à la vie

La Constitution haïtienne en son article 19 reconnaît aux Haïtiens le droit à la vie. Donc tout Haïtien
a le droit de vivre. Mis à part les cas de légitime défense, aucune personne n’est autorisée à enlever
la vie d’autrui. De ce point de vue, nous pouvons même affirmer avec véhémence que le droit à la
vie en Haïti est sacro- saint, car même le truand le plus impitoyable ayant commis le crime le plus
grave ne mérite pas la mort, puisque l’article 20 de la Constitution abolit la peine de mort en toute
matière. Par conséquent même un tribunal ne peut décider de la mise à mort d’un coupable.

B. La sûreté personnelle

Contrairement à la sécurité personnelle qui vise une protection à l’égard des agressions d’autres
personnes, la sûreté personnelle est une sécurité physique et juridique d’une personne face aux
pouvoirs publics (professeur Henri OBERDORFF[1]).

La sûreté personnelle, consacrée aux articles 24 et suivants de la Constitution haïtienne du 29 mars


1987, est donc un droit fondamental que dispose le Citoyen Haïtien le protégeant contre toute
poursuite et arrestation illégales ou encore détention arbitraire par les pouvoirs publics. C’est le cas
de dire que la liberté du Citoyen reste et demeure la norme, alors que les mesures privatives de
libertés, l’exception.

Les garanties de la sûreté personnelle

1) Nonobstant les cas de flagrance, pas d’arrestation sans un mandat dûment écrit (art. 24-2);
2) Le mandat doit être écrit dans les deux langues officielles du pays. Il doit préciser les faits
reprochés et ces derniers doivent être fondés en droit. Au moment de l’exécution du mandat,
le Citoyen intéressé doit être notifié et une copie doit lui être laissée. De plus, on doit lui
rappeler son droit de se faire assister d’un Avocat de son choix à toutes les phases de
l’instruction de l’affaire jusqu’au jugement définitif (art. 24-3);
3) Pas d’arrestation ni de perquisition, même sur mandat, entre six (6) du soir et six (6) heures
du matin, sauf en cas de flagrant délit (art. 24-3);
4) Nul ne peut être arrêté à la place d’un autre. Ici, les constituants de 1987 consacrent un
principe sacramentel en droit qui veut qu’en matière pénale, la responsabilité soit personnelle
(art. 24-3);

37
5) Aucune brutalité physique ou morale non nécessaire n’est de mise en appréhendant ou
interrogeant un Citoyen (art. 25);
6) Le droit du Citoyen de se faire assister d’un Avocat ou d’un témoin de son choix au moment
de son interrogation est garanti. Donc le Citoyen a le droit de se taire si la présence de ce
professionnel ou de cette personne de confiance fait défaut. (art. 25-1);
7) La durée de la garde à vue est normalement de quarante-huit heures (48h). Durant ce délai, le
Citoyen gardé à vue doit comparaitre devant un juge compétent. (art. 26);
8) En cas de délit ou de crime, le prévenu peut, sur simple mémoire, se pourvoir par-devant le
Doyen du Tribunal de Première Instance du ressort qui, sur les conclusions du Ministère
Public, statue à l’extraordinaire, audience tenante, sans remise ni tour de rôle, toutes affaires
cessantes sur la légalité de l’arrestation et de la détention. Si l’arrestation est jugée illégale, le
juge ordonne la libération immédiate du détenu et cette décision est exécutoire sur minute,
nonobstant appel, pourvoi en Cassation ou défense d’exécuter (recours dit en habeas corpus).
Arts. 26-1 et 26-2;
9) Aucune détention provisoire ne peut être maintenue que par un juge par une décision motivée
(art. 26);
10) Tout Citoyen a le droit de ne pas être soumis à une peine non prévue par la loi. Donc la peine
et le fait incriminé doivent avoir été légalement prévue. C’est le principe, cardinal en droit
pénal, de la légalité des délits et des peines (art. 45);
11) La loi ne dispose que pour l’avenir, car la rétroactivité de la loi peut faire obstacle à la
sécurité juridique et donc à la sûreté personnelle. En Haïti, la loi peut rétroagir seulement en
matière pénale et dans la mesure où elle est favorable à l’accusé (art. 51);
12) Tout Citoyen a le droit de refuser de témoigner contre lui-même ou un parent (art. 46);
13) La justice doit être rendue publiquement, nonobstant une décision exceptionnelle du tribunal
d’ordonner le huis clos et ce, uniquement dans l’intérêt de l’ordre public et les bonnes mœurs.
C’est le principe de la publicité des débats (art. 180).

C. Le droit à la santé

L’Etat haïtien a l’impérieuse obligation de garantir à tous ses citoyens, sans discrimination, le droit à
la santé (art. 19).

D. Le droit à l’alimentation

E. Le droit à un logement décent

F. Le droit à la propriété privée (art. 22 et art. 36)

G. La liberté d’aller et de venir

1) Aucun citoyen haïtien ne peut être déporté ou forcé de laisser le pays (art. 41);
2) Aucun citoyen haïtien n’a besoin de visa pour laisser le pays ou pour y revenir (art. 41.1).

H. Le droit à l’auto-défense

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« Tout citoyen a droit à l’auto-défense armée dans les limites de son domicile. Mais n’a pas droit au
port d’arme sans l’autorisation expresse et motivée du chef de la police. » (art. 268-1).

I. Le droit au respect de sa vie privée

1) Le droit à l'inviolabilité de son domicile

« Aucune visite domiciliaire, aucune saisie de papier ne peut avoir lieu qu'en vertu de la loi et dans
les formes qu'elle prescrit. » Art. 43

2) Le droit au secret de ses correspondances

« La liberté, le secret de la correspondance et de toutes les autres formes de communication sont


inviolables. Leur limitation ne peut se produire que par un acte motivé de l'autorité judiciaire, selon
les garanties fixées par la loi. » Art. 49

J. Le droit des prisonniers à un traitement digne d’un être humain

Même les prisonniers doivent être traités avec toute la dignité inhérente à un être humain. On admet
généralement que la prison c'est une école du crime. Toutefois, traiter un prisonnier avec dignité peut
aussi l'aider, le cas échéant, à mieux s'humaniser.

« Le régime des prisons doit répondre aux normes attachées au respect de la dignité humaine selon la
loi sur la matière. » Art. 44-1

II. Le droits et libertés intellectuels et sociaux

Les droits et libertés intellectuels et sociaux prennent en compte l’être humain dans ses rapports
sociaux ou comme un être pensant.

A. La liberté d’opinion et la liberté d’expression

Tout Haïtien a l’autonomie de pensée. Il a le droit d’exprimer librement ses opinions, en toute
matière, par le moyen qu’il a lui-même choisi (art. 28).

B. Le droit à l’information et la liberté de la presse (arts. 28-1 et suivants, art. 40)

C. La liberté de conscience et la liberté religieuse (arts. 30 et suiv.)

1) Toutes les religions et tous les cultes sont libres.


2) Chaque personne a le droit de professer sa religion et son culte.
3) Nul ne peut être contraint de suivre un enseignement religieux contraires à ses convictions.

D. La liberté d’association et de réunion (arts. 31 et suivants)

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1) La liberté d’association implique le droit de ne pas faire partie d’une association ou de faire
partie d’une association de son choix.
2) Les Haïtiens ont la liberté de s’associer et de se réunir, mais sans arme.
3) Pour organiser une réunion ou manifestation sur la voie publique, il faut juste préalablement
notifier la police.

E. Le droit à l’éducation et la liberté de l’enseignement (art. 22 et arts. 32 et suivants)

F. La liberté de travail, la liberté syndicale (arts. 35 et suivants)

1) Tout employé du secteur privé ou public a droit à un salaire juste, au repos, au boni et au
congé annuel payé.
2) Un salaire égal pour un travail égal, sans aucune forme de discrimination.
3) Tout employé peut adhérer à un syndicat de son choix, mais uniquement pour défendre ses
intérêts de travail.

G. Le droit à la propriété intellectuelle, littéraire et artistique (art. 38)

H. Le droit à la pension, à la sécurité sociale

La pension de retraite est une allocation versée régulièrement aux retraités pour garantir le
financement de leurs vieux jours. Cela leur assure une vieillesse dans la dignité.

« L’État veillera à ce qu’une caisse de pension civile de retraite soit établie dans les secteurs privés et
publics. Elle sera alimentée par les contributions des employeurs et employés suivant les critères et
modalités établis par la loi. L’allocation de la pension est un droit et non une faveur. » Art. 48

Plus globalement, la sécurité sociale vise à protéger l’individu contre tous les risques sociaux
(maladie, accidents du travail, maternité, invalidité, vieillesse, etc).

Le droit à la sécurité sociale est prévu à l’article 22 de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987.

I. Le droit à l’égalité devant la loi

La loi est une pour tous. L’article 18 de la Constitution le rappelle fort bien. En revanche, elle
institue une discrimination aux dépens notamment des Haïtiens par acquisition.

« Les Haïtiens sont égaux devant la loi, sous réserve des avantages confères aux Haïtiens d’origine
qui n’ont jamais renoncé à leur nationalité. »

III. Les droits de participation et de protestation

Les droits de participation et de protestation créent une place à l’individu comme acteur ou
protestataire dans l’espace social et/ ou politique.

A. Le droit des femmes à la discrimination positive

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« Le principe du quota d’au moins trente pour cent (30%) de femmes est reconnu à tous les niveaux
de la vie nationale, notamment dans les services publics. » Art. 17.1

A dire vrai, la consécration de ce fameux principe du quota de 30%[2] vient réparer une injustice
sociale dans les rapports de sociaux de sexe, car les femmes ont toujours subi la domination
masculine à tous les niveaux de la société haïtienne.

Par conséquent c’est rendre justice aux femmes de garantir leur place notamment dans les services
publics.

Néanmoins, théoriquement, rien ne garantit une participation minimale des hommes dans les services
publics, car si une participation d’au moins 30% de femmes est requise, aucune limite inférieure n’a
été aussi exigée pour les hommes. D’où une discrimination positive instituée.

B. Le droit d’intégration ou de réintégration sociale des personnes à besoins spéciaux

« L’État garantit aux personnes à besoins spéciaux la protection, l’éducation et tout autre moyen
nécessaire à leur plein épanouissement et à leur intégration ou réintégration dans la société. »[3]

C. Le droit de pétition

La pétition est une demande collective adressée à une autorité publique et à laquelle on adhère par sa
signature. Plus elle cumule de signatures, plus sa teneur devient légitime. On utilise cette arme
politique pour protester contre une décision publique ou pour proposer une mesure à prendre.

« Le droit de pétition est reconnu. Il est exercé par un ou plusieurs citoyens mais jamais au nom d’un
corps. » Art. 29

« Nul ne peut en personne présenter des pétitions à la tribune du Pouvoir Législatif. Toute pétition
adressée au Pouvoir Législatif doit donner lieu à une procédure réglementaire permettant de statuer
sur son objet. »

D. Le droit à la jouissance et à l‘exercice des droits civils et politiques (art. 16)

Droits civils : « Ce sont les droits conférés à tous les membres d’une société, quels que soient leur
âge, leur sexe, leur nationalité. »[4]

Exemples de droits civils

 Le droit à la non-discrimination
 Le droit à un environnement sain

Droits politiques : « Les droits politiques sont les droits que possède tout citoyen de participer à la
vie politique de son pays ». [5]

Exemples de droits politiques

 Le droit de se porter candidat à une élection

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 Le droit de voter pour un candidat de son choix

En principe chaque Haïtien, dès l’âge de 18 ans accomplis, jouit des droits civils et politiques sur le
territoire haïtien.

E. Le droit de grève (art. 35.5)

Les autres droits

A. Le droit de préemption des habitants des sections communales

« Les habitants des sections communales ont un droit de préemption pour l’exploitation des terres du
domaine privé de l’État dans leur localité ». Art. 39

B. Le droit de ne pas être soumis à une charge fiscale non prévue par la loi

« Aucun impôt de l’État ne peut être établie que par une loi. Aucune charge, aucune imposition , soit
départementale, soit municipale, soit de section communale, ne peut être établie qu’avec le
consentement de ces collectivités territoriales. » Art. 218

Notes et références

[1] Droits de l’Homme et libertés fondamentales, L.G.D.J., Paris, 2008, page 233.

[2] Le décret electoral de 2006 avait déjà institué le principe du quota de 30% de femmes.

[3] Article 32-8 de la Constitution haitienne du 29 mars 1987.

[4] FUROIS, Sylvie. “Le dico du citoyen”, les Editions Milan, 1998, page 101.

[5] Idem, page 102.

N.B.- Pour éviter que le texte devienne lourd, nous avons utilisé le terme Citoyen pour parler
indifféremment d’hommes ou de femmes, sachant que les Citoyens des deux sexes peuvent aussi
valablement voter et/ou se porter candidats. Vive l’équité de genre!

Les élections de mi-mandat (en anglais : midterm elections) sont des élections des deux chambres
du Congrès des États-Unis qui se tiennent au milieu du mandat quadriennal du président
américain d'où leur nom. Elles rythment la politique intérieure américaine. L'ensemble des 435
sièges de la Chambre des représentants est renouvelé, ainsi qu’un tiers des 100 sièges du Sénat (la
Chambre des représentants est entièrement renouvelée tous les deux ans — donc en même temps que

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l'élection présidentielle et lors des midterms — et le Sénat est lui renouvelé d'un tiers tous les deux
ans, donc lors de l'élection présidentielle et lors des midterms).

Le même jour, de nombreux États fédérés, comtés et villes américaines organisent les élections de
leurs propres représentants, sur le modèle fédéral, ou des référendums. Ainsi presque les deux tiers
des gouverneurs, investis du pouvoir exécutif de leur État, seront élus ce jour là.

Les élections de mi-mandat interviennent, comme toutes les élections fédérales, le mardi suivant le
premier lundi de novembre (Election Day). Ainsi les dernières élections de mi-mandat ont eu lieu
le 6 novembre 2018 et les prochaines auront lieu en 2022.

Majorités et participation : les principaux enjeux

Rejet ou soutien de la politique de Donald Trump ? Depuis les élections de 2016, le parti du
président contrôle la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants. L’enjeu du scrutin
du 6 novembre est, pour les républicains, de conserver ces majorités ; pour les démocrates de
les renverser, afin d’infléchir la politique mise en œuvre par Donald Trump, notamment en matière
de lutte contre l’immigration ou de réduction des impôts. Pour voter une éventuelle destitution du
président, les démocrates devraient obtenir une majorité des deux tiers au Sénat.

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