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«(...) Arendt ne parle pas de "système" mais plutôt de régime totalitaire, c’est-à-dire
d’organisation du pouvoir spécifique qui est pour elle un régime nouveau qu’elle essaye
de cerner au travers d’un mode d’analyse qui va être à la fois accès sur des documents,
des livres d’histoire et de théorie politique et aussi sur des éléments de littérature, de
manière à essayer d’élaborer ce qu’il en est de ce nouveau type de régime, nouveau dans
l’histoire des régimes de domination, qui va être donné par elle comme un régime qui
cherche la domination totale.»
Ce fragment a été issu d’un épisode du podcast Les Chemins de la Philosophie, réalisé par
France Culture avec la professeure et chercheuse Martine Leibovici, auteure d’ouvrage
Hannah Arendt, la passion de comprendre (2000) et maître de conférences émérite en
philosophie politique à Paris VII. Dans cet extrait, Martine décrit ce que Arendt traitera dans
le troisième et dernier tome (le Système Totalitaire) de son chef-d'œuvre Les Origines du
totalitarisme, à savoir, la remise en question du statut du régime totalitaire, au sens où elle se
demandera si le totalitarisme sera originaire d’un état de défaillance des forces politiques
traditionnelles ou, si au contraire, s’il s’agit d’un système politique indépendant qui possède
d’une vraie organisation institutionnel propre. Dans l’œuvre Hannah Arendt propose une
analyse des deux principaux courants du totalitarisme européen du XXᵉ siècle: le Nazisme et
le Stalinisme.
Bien que dans son analyse Hannah traitera aussi des questions inhérentes à l’étude du
Totalitarisme dans un contexte du XXᵉ siècle (et ça s’est dire que dans ses études, elle
s'intéressera aussi à la question de race qui occupe place centrale dans le cas du totalitarisme
allemand), son ouvrage reste jusqu’à l'actualité un élément clé pour illustrer et pour accorder
des dimensions initiales à des postérieures études qui vissent traiter sur le sujet du
totalitarisme.
Avant d’analyser la problématique proposée par ce document, il nous semble intéressant de
définir quelques termes: selon le Dictionnaire de sciences politiques (2010) de David Alcauld
et Laurent Bouvet l’apparition du terme totalitarisme remonte à l’Italie fasciste de Mussolini,
et selon les acteurs, c'est Mussolini même le tout premier à utiliser le mot « totalitarisme» lors
de son célèbre discours d’Augusteo, en juin 1925. Le Duce y fait référence a « sa féroce
volonté totalitaire », et cette notion sera ensuite reprise par le philosophe fasciste Giovanni
Gentilli, mais son assimilation sera encore soumise à l’essor de la réplication du modèle
politique, sociale et économique qui sera adopté dans des différentes zones du monde,
comme le Nazisme, le Franquisme ou le Stalinisme, qui nous assurera enfin un vrai valeur
analytique de comparaison de systèmes et régimes politiques dites totalitaires.
Autrement, afin de meilleur comprendre le contexte dont les régimes totalitaires sont nés en
Europe, il apparaît nécessaire de contextualiser le moment où ces régimes sont premièrement
apparus: comme ébauché par Arendt antérieurement, le XXᵉ siècle européen est intensément
marqué par l’intensité et la valorisation dont on pense les idéologies: autrement posé comme
une apothéose des «ismes», dans un sens ou on peut très facilement identifier l’assimilation
populaire en masse et l’appui social sur des idées absolues où on pensait un monde meilleur,
où les activités humaines tendaient vers une finalité inéluctable, peu important les moyens
utilisés pour y accéder comme l’utopisme et le romantisme, qui vont beaucoup influencer les
discours nationalistes et l’ethos populaires de ces nations, qui en parallèle à ce mouvement
idéologique vont aussi passer par des moments de profonde malaise sociale, économique et
politique. La population, déjà immense dans un état de létargie morale provoqué par les
horreurs de la Première Guerre, de la banalisation de la violence, de l’horreur et du trauma va
aussi regarder la croissance des tensions sociales et politiques à partir de la Great Depression
des années 1930.
Malgré la spécificité du contexte d’Europe du XXᵉ, on peut facilement identifier des éléments
politiques, économiques et sociales dans des régimes de l’actualité globale qui nous
réenvoient au contexte de germination du totalitarisme, comme la Corée du Sud, l’Érythrée
ou la République Populaire de Chine. Finalement, le présent document s’intéressera à
répondre à la suivante question: Quelle est l’héritage du totalitarisme européen du XXème
dans l’État d’Érythrée?
Pour répondre à cette question, on s’intéressera d’abord par l’analyse d’un peuple privé de sa
souveraineté (I), et puis on verra quel sera son rapport avec des institutions politiques qui
incarnent la contrainte d’État (II)
Pour commencer à esquisser une analyse sur le rapport du totalitarisme européen dans
l’Érythrée et puis en définir les frontières thématiques dont nous nous intéresserons, on va
d'abord s’intéresser aux années de la construction du canal de Suez en novembre 1869, avant
même de l’achèvement totale de l’unification italienne. Dans la fin de la seconde moitié du
XIX, l’Angleterre favorisera la création d’une colonie Italienne dans le territoire qui
correspond aujourd’hui à l’Érythrée, surtout en envisageaient le domaine anglais sur la Mer
Rouge et leur position centrale dans le commerce maritime mondial.
En assumant une posture de réveil après la frustration sur la conquête de la Tunisie, après
avoir l’instauration du protectorat français en 1881, l’Italie se lancera sur la conquête de ceux
qu’ils appelleront plus tard Colonia Eritrea, notamment en s’appuyant sur la conduite
idéologique et politique de Francesco Crispi, Ministre des Affaires étrangères d’Italie dans la
période qui s’étend de 1887-1891.
Ils ont choisi notamment pour la deuxième option. Cette chois sera exprimé très clairement à
travers l’interminable permanence au pouvoir du président Isaias Afwerki, qui était l’un des
anciens dirigeants du Front Populaire de Libération, qui désormais compte 28 ans au pouvoir,
cette toute nouvelle République d’Érythrée a dû néanmoins centraliser toute une idéologie
collective de vie dans des aspectés ponctuels qui s’accordent avec le régime, en toute
revitalisant ce que Hannah Arendt a nommé « la prétention monstrueuse et sans réplique du
système totalitaire», et ça, c'est dire, de remonter aux sources de l’autorité et puis les
questionner, tout en restant prêt à sacrifier les intérêts individuels et les droits fondamentaux
de n’importe qui pour assurer la pleine instauration des valeurs totalitaires, qui deviennent la
vérité absolue et inconditionnelle. Ce mécanisme est très facilement illustré en Érythrée par
des abus commis contre les droits humains et les libertés individuelles, qui sont toujours
justifiés auprès de l’assurance du monopole du pouvoir, qui devient un fin en soi de l’action
publique et pas un moyen pour atteindre à des progrès sociaux, politiques et économiques,
comme à l’exemple des régimes démocratiques, malgré les plusieurs sanctions imputées par
l’ONU.
Il y a encore notamment des divisions dites imprécises du pouvoir législatif et judiciaire, qui
succombent à l’effet du droit coutumier et puis assument un caractère local dans chacune des
six subdivisions administratives de l’Érythrée, ce qui rend la jurisprudence relativement
problématique, dans un sens où chaque département peut manipuler le code juriste et donc
s’appuyer sur des mécanismes imprécis pour commettre des abus contre les dissidents,
notamment dans la sphère de la conscription militaire, qui y est obligatoire et qui possède
durée moyenne de six ans.
A) Les Institutions d’État comme élément de contrainte populaire (...)
Dans un tel contexte, où le système judiciaire n’existe que comme un instrument de contrôle,
on peut constater que dans certe mesure, l’État dévient le bourreau de l’homme. Et plus
précisément, quand un tel État est au contrôle des Institutions Politiques, Médiatiques et
Sociales, la puissance dans laquelle la contrainte est exercé assume des dimensions bestiales.
En 2001, le gouvernement a fermé tous les médias privés nationaux, ce que lui a rendu des
plusieurs procès judiciaires, notamment conduits par des organisations comme Amnesty
International et Human Rights Watch.