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KOENIG Céleste 11 Mars 2022

Groupe 3
Séance 8
La protection des droits de l’Homme dans l’UE

L’article 2 du traité sur l’Union Européenne (TUE) consacre une série de valeurs
fondamentales : « le respect de la dignité humaine; la liberté; la démocratie; l’égalité; l’état de droit
et le respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des
minorités ». Le respect de ces valeurs constitue ainsi le fondement de l’Union Européenne, qui est
une association de plusieurs États européens, se réunissant autour des domaines économiques et
politiques, afin d’assurer le maintien de la paix en Europe et de favoriser le progrès économique et
social. Toutefois, la protection des droits de l’homme, qui correspond à l’idée selon laquelle tout
être humain possède des droits universels, primordiaux, inaliénables, quel que soit le droit en
vigueur dans l’État ou dans le groupe d’États dans lequel il se trouve, n’a pas toujours été de soi au
sein de l’UE. En effet, dans le traité de Rome, instituant la Communauté économique européenne,
signé en 1957, aucune disposition ne mentionnait les droits de l’homme, démontrant ainsi qu’il
s’agissait avant tout d’une communauté économique. Néanmoins, avec le temps, les esprits ont
évolué, et la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) s’est reconnue comme compétente
pour protéger les droits fondamentaux dans l’arrêt Stauder en 1969. La CJUE a en effet affirmé sa
compétence pour la protection des droits fondamentaux en considérant que ce sont des principes du
droit communautaire, comme elle l’explique dans l’arrêt Internationale Handelgesellchaft en 1970,
dans lequel elle évoque « les droits fondamentaux de la personne y compris, les principes généraux
du droit communautaire, dont la Cour assure le respect ». Cette origine jurisprudentielle de la
protection des droits de l’homme au sein de l’UE a par la suite entrainé une codification dans les
traités : dans l’article 2 du traité de Maastricht en 1992 puis dans l’article 7 du traité d’Amsterdam
en 1997. Il est ainsi intéressant d’observer comment cette mention de la protection des droits de
l’homme dans les traités se traduit dans la réalité.
La codification dans les traités laisse en effet la marge à une possible grande avancée
en matière de protection des droits de l’homme et permet d’envisager une mise en place
concrète de dispositifs de protection au sein des institutions de l’Union.
Si l’UE multiplie depuis ces dernières années le nombre de dispositifs permettant de veiller
à la protection des droits de l’homme (I), cette protection reste encore imparfaite dans la mesure où
elle se heurte encore à de nombreuses difficultés (II).
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I/ Une multiplication des dispositifs permettant à l’UE de veiller à la protection des droits de
l’homme

Si la Charte des droits fondamentaux de 2000 constitue déjà une base importante dans la
protection des droits fondamentaux (A), l’UE multiplie ses mécanismes « internes » de protection
des droits de l’homme (B).

A) La charte des droits fondamentaux : une solide base pour la protection des droits
fondamentaux

Comme l’évoque le site internet du Parlement Européen dans sa fiche thématique sur « La
protection des droits fondamentaux dans l’Union » : « La rédaction de la charte des droits
fondamentaux et son entrée en vigueur avec le traité de Lisbonne ont été les dernières évolutions
dans ce processus de codification tendant à garantir la protection des droits fondamentaux dans
l’Union ». En effet, la Charte des droits fondamentaux, adoptée en 2000 et mise en oeuvre par le
traité de Nice, intègre un certains nombre d’innovations en terme de protection des droits de
l’homme. Elle comporte en effet 54 articles consacrant les droits fondamentaux des personnes au
sein de l’UE. La charte se base sur six valeurs individuelles et universelles : la dignité, la liberté,
l’égalité, la solidarité, la citoyenneté et la justice. C’est le premier texte qui rassemble l’ensemble
des droits consacrés par la jurisprudence, et a fortement été inspiré de la Convention Européenne de
sauvegarde des droits de l’homme, écrite en 1950. La charte élargit par exemple les motifs interdits
de discrimination, tels que le handicap, l’âge, l’orientation sexuelle mais affirme également
plusieurs nouveaux droits fondamentaux, tels que la protection des données, ou encore l’accès à une
administration compétente. L’article 6 du TUE prévoit que cette charte a « la même valeur juridique
que les traités ». Elle s’impose ainsi aux organes et institutions de l’Union Européenne ainsi qu’aux
États membres dans le respect du principe de subsidiarité. La consécration de la Charte des droits
fondamentaux constitue donc bien une base solide de protection des droits fondamentaux.

B) Une multiplication des mécanismes « internes » de protection des droits de l’homme

La Charte des droits fondamentaux s’impose comme une contrainte pour les organes et les
États membres de l’UE. Mais l’UE a également développé plusieurs principes et mécanismes de
sanction et de prévention afin de s’assurer que cette Charte soit bien respectée. Par exemple,
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l’article 7 du traité d’Amsterdam prévoit un mécanisme de sanction pour s’assurer du respect des
droits fondamentaux affirmés dans la Charte, mais aussi pour s’assurer du respect de la démocratie
et de l’État de droit. Comme l’évoque le site internet du Parlement Européen : « l’article 7,
paragraphe 1, du traité UE prévoit une «phase préventive», en permettant à un tiers des États
membres, au Parlement européen et à la Commission d’entamer une procédure au titre de laquelle le
Conseil, statuant à la majorité des quatre cinquièmes de ses membres, peut constater qu’il existe
«un risque clair de violation grave» par un État membre des valeurs de l’Union visées à l’article 2
du traité UE ». Cette mesure est donc avant tout une mesure de prévention. Mais l’article 7 du TUE
prévoit également un mécanisme de sanction dans les paragraphes 2 et 3, en cas d’«existence d’une
violation grave et persistante» des valeurs de l’Union. Cette sanction peut par exemple concerner la
suspension des droits accordés à l’État qui découlent de l’appartenance à l’UE. Mais l’UE dispose
d’autres instruments pour protéger les droits fondamentaux. Par exemple, la Commission
européenne publie un rapport annuel sur l’application de la Charte. Par ailleurs, l’Agence des droits
fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a été créée en 2007, dont le but principal est de
surveiller la situation des droits fondamentaux au sein de l’Union. Elle publie notamment des
rapports annuels sur les droits fondamentaux.

L’UE multiplie donc ses mécanismes « internes » afin de s’assurer du respect des droits
fondamentaux. Toutefois, l’UE se heurte à plusieurs difficultés, en subissant notamment la
concurrence « externe » de la Convention Européenne des droits de l’Homme.

II/ Une protection encore imparfaite qui se heurte à des difficultés nombreuses

Tandis que l’adhésion incertaine de l’UE à la convention EDH témoigne encore d’une
situation compliquée entre UE et protection des droits fondamentaux (A), la Charte des droits
fondamentaux connaît un certain nombre de complications (B).

A) L’adhésion incertaine de l’UE à la convention EDH témoigne encore d’une situation


compliquée entre UE et protection des droits fondamentaux

En 1950, la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) a mis un place une Cour
pour protéger les droits contenus dans la Convention Européenne de sauvegarde des droits de
l’homme, dont le rôle est de protéger les droits fondamentaux et de permettre la possibilité aux
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particuliers de saisir directement la CEDH pour une violation de cette convention. 47 États ont
adhéré à cette convention. La Commission européenne a proposé à plusieurs reprises l’adhésion de
l’UE à la CEDH, mais la Cour de Justice de l’Union Européenne demeure réticente à l’adhésion de
l’UE à la CEDH. En effet, comme il est écrit sur site internet du Parlement Européen dans sa fiche
thématique sur « La protection des droits fondamentaux dans l’Union », la CJUE « a statué en 1996,
dans son avis 2/94, que le traité ne conférait à la Communauté européenne aucun pouvoir pour
édicter des règles en matière de Droits de l’homme ou conclure des conventions internationales
dans ce domaine, rendant ainsi l’adhésion à la CEDH juridiquement impossible ». Cette réticence
de la CJUE repousse chaque année les négociations d’adhésion entre les deux Cours, adhésion qui
pourrait pourtant faire évoluer fortement les avancées en matière de protection des droits de
l’homme, à travers l’alliance des deux Cours. Cette méfiance de la CJUE témoigne donc bien
encore d’une situation difficile entre UE et protection des droits fondamentaux, et ces difficultés se
retranscrivent également à travers les complications connues par la Charte des droits fondamentaux.

B) La Charte des droits fondamentaux doit faire face à des complications

L’efficacité de la Charte reste limitée. En effet, l’Agence des droits fondamentaux de l’UE
(FRA) constatait dans son rapport annuel de 2020 à la fois « des avancées et des régressions en
matière de protection des droits fondamentaux ». Selon la FRA, la Charte demeure en effet négligée
par les États membres, mettant ainsi en danger la protection des droits fondamentaux. Ceci
s’explique par le manque de clarté de certains énoncés de la Charte et une mauvaise compréhension
de cette dernière par les États membres. Des recommandations ont en ce sens été effectuées par la
FRA, mais ont été globalement inefficaces. La FRA observe également une inégale implication des
États membres de l’UE dans la protection des droits de l’homme. Par exemple, en matière de
protection des personnes LGBTI, un décalage a été observé entre les pays dans lesquels la
protection des droits de ces personnes a progressé, comme en Espagne, en Belgique ou encore en
Grèce et les pays réticents à cette avancée comme la Pologne, la Roumanie, ou encore Chypre. La
FRA prône ainsi l’idée d’unifier l’application de la Charte sur l’ensemble du territoire de l’Union à
travers une coordination des mesures et une coopération des États membres. La protection des
droits fondamentaux au sein de l’UE reste encore imparfaite, mais les mécanismes de protection
mis en place, notamment l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, qui tentent de réguler les
failles du système, démontrent un réel engagement et une réelle volonté de garantir et de préserver
les droits de l’homme au sein de l’Union Européenne.
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