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L’organisation du droit sera appréhendée en trois temps, à savoir les sources du droit, l’organisation judiciaire
et le cadre international.
L’Union européenne est née de la volonté de paix de six Etats européens après la deuxième guerre
mondiale et du rapprochement de leurs économies. Elle s’est ensuite élargie pour atteindre 28 membres
en 2013, ce qui nécessite de faire évoluer ses règles de droit pour gérer au mieux les relations entre les
Etats-membres. Il faut insister sur l’originalité de ce droit européen, unique en son genre, notamment
parce qu’il est intégré aux systèmes juridiques des Etats membres.
Après avoir vu le fonctionnement général des institutions, nous verrons que le droit européen comporte
une grande diversité de sources de droit : les sources primaires (traités), le droit communautaire dérivé
(les actes juridiques) et les sources de droit subsidiaire.
Les sources primaires sont principalement issues des traités « fondateurs », à savoir
aujourd’hui le traité sur l’UE et le traité sur le fonctionnement de l’UE. Ces traités énoncent la
répartition des compétences entre l’Union et les Etats membres et fondent le pouvoir des
institutions européennes. Ils déterminent ainsi le cadre juridique au sein duquel les institutions
de l’UE mettent en œuvre les politiques européennes.
Le traité de Lisbonne
Il a été signé le 13 décembre 2007 après le rejet de Constitution européenne et est entré en
vigueur en 2009. Il se fonde sur deux traités :
o Le traité sur l’Union européenne (TUE) appelé aussi traité de Maastricht : c’est le cadre
général de l’Union européenne et les principes essentiels qui la structurent ;
o Le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui remplace le traité
instituant la Communauté européenne. Ce traité définit les modalités pratiques de mise en
œuvre des principes posés par le TUE ; le fonctionnement quotidien de l’Union.
Le préambule rappelle les origines et les objectifs de l’Union. Il aborde notamment des
éléments tels que l’approfondissement de l’intégration et de la solidarité entre les Etats membres
et ses ressortissants (citoyenneté européenne). Il évoque aussi l’importance de la diversité
culturelle, ainsi que le respect des droits fondamentaux et le caractère démocratique des
institutions de l’Union. Le préambule explique aussi les débuts économiques de l’Union en
rappelant que l’Union a aussi pour objectif de renforcer l’économie de ses membres et d’en
assurer la convergence, et de promouvoir le progrès économique.
Une des principales nouveautés concernant les citoyens est la mise en place d’un référendum
d’initiative européenne (ICE). Il faut 7 citoyens de l’UE en âge de voter et résidant dans au
moins 7 Etats membres différents. Ils doivent ensuite réunir plus d’un million de signatures,
venant au moins d’un quart des pays membres. Une fois ces conditions requises, la Commission
est incitée à rédiger une nouvelle directive allant dans le sens de cette initiative.
Autres dispositions nouvelles du traité de Lisbonne : le titre VI attribue à l’Union la
personnalité juridique (article 47), prévoit également l’adhésion de nouveaux membres à
l’Union (article 49), mais également le retrait (article 50).
La Charte des droits fondamentaux : cette charte reconnaît un ensemble de droits personnels,
civils, politiques, économiques et sociaux aux citoyens de l’UE et les inscrit dans la législation
de l’UE.
En décembre 2009, avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, la Charte s’est vue confier la
même force juridique obligatoire que les traités. La Charte réunit en un seul document les droits
fondamentaux qui, jusqu’à présent, étaient dispersés dans divers instruments législatifs. Elle
comprend un préambule introductif et 7 chapitres sur la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité,
la citoyenneté et la justice : la charte est applicable aux institutions européennes et aux pays de
l’UE lorsqu’ils mettent en œuvre la législation de l’UE.
2 – Le droit communautaire dérivé
La compétence législative de la Communauté est tenue en respect par le principe de subsidiarité, en
vertu duquel la communauté n’agit que si et dans la mesure où les objectifs de l’action envisagée ne
peuvent être réalisés de manière suffisante par les Etats membres. C’est pour cela que le droit européen
a créé des actes juridiques plus ou moins contraignants pour les Etats.
L’article 288 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) distingue cinq types
d’actes juridiques. On appelle droit communautaire dérivé l’ensemble des actes juridiques
européens.
Les directives : dispositions qui lient tout état membre de l’Union européenne quant au résultat
c'est-à-dire qu'elle fixe un objectif à atteindre avant une date fixée, mais laisse chaque État libre
du choix des moyens pour la transcrire dans sa législation nationale. Les Etats doivent les
« transposer » dans leur ordre interne de la façon qu’ils souhaitent. Il n’est pas rare que des
Etats tardent à appliquer les directives et se voient condamnés à des amendes par la Cour de
Justice de l’Union européenne.
Quoiqu’il en soit, une loi nationale ne peut aller ni contre un règlement, ni contre les objectifs d’une
directive.
Des décisions : elles ont un caractère obligatoire pour les destinataires qu’elles indiquent et qui
peuvent être soit un, plusieurs, voire tous les Etats membres, soit une ou plusieurs personnes
physiques ou morales.
Des recommandations ou avis qui ne lient pas les Etats membres.
Ces différents actes, clarifiés par le traité de Lisbonne, constituent ce que l’on appelle le droit dérivé.
Ils sont publiés dans le Journal Officiel de l’Union européenne.
Le territoire est tout ce qui existe à l’intérieur des frontières d’un Etat, et qui relève donc de de son
autorité, c'est-à-dire de sa souveraineté. Ce territoire peut être fractionné, et n’est pas seulement
terrestre : cela inclut aussi l’espace maritime qui prolonge le territoire et l’espace aérien qui surplombe
le territoire.
La population est l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire. Cette population forme ce que
l’on appelle habituellement une nation, c’est-à-dire un peuple ayant à la fois un héritage commun et un
destin commun, d’après Ernest Renan. Le pouvoir politique est l’organisation de cet Etat, le
gouvernement et l’administration qui exécute ses volontés. On parle d’Etat de droit quand l’Etat est
soumis au droit c’est-à-dire qu’il respecte les libertés publiques et les droits des citoyens. C’est aussi
un Etat qui reconnaît la séparation des pouvoirs législatifs, exécutif et judiciaire.
Elle s’exprime dans la Charte de l’ONU comme principe de base des relations entre les Nations unies
(cf. Charte de l’ONU, article 2, § 1er : « l’organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine
de tous ses membres »). Cette égalité juridique constitue une sorte de garantie pour les Etats petits et
faibles, même s’il ne s’agit pas d’une égalité réelle.
De plus, dans un contexte de mondialisation et de réchauffement climatique, les Etats sont débordés
par de nouveaux défis. Par conséquent, ils sont amenés à renoncer à la plénitude de leurs compétences
en se liant à des traités ou en créant des organisations internationales.
1 – Les traités internationaux, appelés aussi conventions
La convention de Vienne adoptée en 1969 codifie et régit le droit des traités :
o Art. 2 « L’expression traité s’entend d’un accord international conclu par écrit entre Etats
et régi par le droit international ». Le traité est l’expression de volontés concordantes.
o Art. 26 « Tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne foi ».
C’est ce qu’on appelle aussi le principe « Pacta sunt servanda ».
Seuls les Etats et les organisations internationales peuvent passer des traités.
Le texte entre en vigueur quand un seuil de ratification plus ou moins élevé est atteint.
La plupart des traités comportent des clauses d’extinction ou de suspension. Par exemple, est
mis fin au traité (extinction) quand toutes les parties sont unanimement d’accord, par l’invocation de
changement fondamental de circonstances qui rendent le traité sans fondement, quand la ratification
s’est faite sous la contrainte ou que l’Etat a été trompé (vice de consentement).
Une organisation internationale est une association d’Etats créée par traité, dotée d’organes
communs et possédant une personnalité juridique distincte : elle peut par exemple conclure des
accords avec d’autres Etats ou organisations internationales, aller en justice. Cependant, elle ne
possède pas de territoire propre et doit établir son siège sur le territoire d’un Etat membre. Il faut
les différencier des ONG (organisations non gouvernementales) qui ne sont pas instituées par
traités, ce sont des associations librement créées par initiative privée.
Une organisation mondiale, l’ONU : l’Organisation des Nations unies fonctionne selon le
principe d’un pays, une voix, les 193 pays pèsent donc à égalité dans l’assemblée générale de
l’ONU. Cela lui confère une légitimité, mais elle est souvent critiquée pour son inefficacité :
lenteur de déploiement des casques bleus, incapacité à intervenir dans le cas de la Syrie et de
l’Ukraine notamment. Antonio Gutierrez qui a remplacé Ban KI Moon comme secrétaire
général des Nations unies le 1er janvier 2017, a évoqué la nécessité de réformer l’institution :
l’ONU doit devenir plus « agile et efficace ». Le principal problème repose sur la composition
du Conseil de sécurité qui ne reflète plus la réalité mondiale, 70 après sa création.
Une organisation régionale : la Cour européenne des droits de l’homme (voir aussi chapitre
sur la discrimination). Instituée en 1959 par le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des
droits de l’homme est une juridiction internationale compétente pour statuer sur des requêtes
individuelles ou des Etats à propos de violations des droits de l’homme. Ces derniers sont
énoncés dans la Convention européenne des droits de l’homme, entrée en vigueur en 1953, qui
sert de base aux travaux de la Cour. Depuis 1998, la Cour siège en permanence et peut être
saisie directement par les particuliers, sous certaines conditions.
La Cour a son siège à Strasbourg. Sa compétence s’étend sur les 47 Etats membres du Conseil
de l’Europe (soit bien plus que les 27 membres de l’Union européenne) qui ont ratifié la
convention, soit environ 800 millions d’Européens. La France a ratifiée la CEDH seulement en
1974.
Un arrêt de la Cour est obligatoire pour un Etat condamné, qui est tenu de l’exécuter : par
exemple, il doit verser une somme d’argent pour réparer le préjudice et s’assurer que de telles
violations ne se reproduiront pas.
Il y a donc un paradoxe entre droit interne et droit international : les Etats sont les principaux créateurs
du droit international, mais ils sont aussi ses principaux sujets puisque le droit international s’impose
aux Etats. Ayant à s’exprimer sur la nature et les conditions d’existence du droit international à propos
d’un conflit entre la France et la Turquie, la Cour permanente de justice internationale, prédécesseur de
l’actuelle Cour internationale de justice, avait dit en 1923 : le droit international régit les rapports
entre des Etats indépendants. Les règles de droit liant les Etats procèdent donc de la volonté de ceux-
ci… en vue de la poursuite de buts communs » (affaire dite du Lotus, arrêt 9).
Le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a été créé par l’Organisation
des Nations unies pour juger les personnes présumées responsables des crimes de guerre
commis dans les Balkans au cours des conflits des années 1990. Depuis sa création en 1993, le
Tribunal a radicalement transformé le paysage du droit international humanitaire et permis aux
victimes d’être entendues, de témoigner des atrocités et de décrire leurs souffrances.
Le tribunal pénal international pour le Rwanda a été créé pour juger les personnes
présumées responsables d’actes de génocide et d’autres violations graves du droit international
humanitaires commises sur le territoire du Rwanda et sur le territoire d’Etats voisins entre le 1 er
janvier et le 31 décembre 1994.
Le 17 juillet 1998, la communauté internationale a franchi une étape historique lorsque 120 Etats ont
adopté le Statut de Rome, fondement juridique de la création de la Cour pénale internationale
permanente. Et quel est le rôle de la Cour pénale internationale ?
La Cour pénale internationale (CPI) est la première cour pénale internationale permanente
créée par traité pour contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves,
en particulier les crimes contre l’humanité, qui touchent la communauté internationale. Cela
permet d’instruire des actions contre les dictatures à l’intérieur même des pays (droit
d’ingérence).
La CPI n’appartient pas au système des Nations unies. Elle siège à La Haye, aux Pays-Bas. Bien
que ses dépenses soient principalement financées par les contributions des Etats parties, la Cour
reçoit également des contributions volontaires de gouvernements, d’organisations
internationales, de particuliers, d’entreprises et d’autres entités.
Le Statut de Rome est entré en vigueur le 1er juillet 2002, après sa ratification par 60 pays.
La CPI est l’objet de plusieurs critiques aujourd’hui et plusieurs pays africains ont fait part de
leur volonté de se retirer du Statut de Rome, la Gambie, le Burundi et l’Afrique du Sud,
dénonçant une « justice de blancs ». De plus, la Russie aussi souhaite s’éloigner de la CPI,
critiquant le coût de cette justice internationale et son manque d’indépendance et d’efficacité.
Certains Etats comme la Chine ou les Etats-Unis n’ont jamais ratifié le traité.
Le droit international est donc un droit évolutif, qui aujourd’hui semble de plus en plus inadapté aux
réalités mondiales et aux nouveaux enjeux liés au réchauffement climatique, au terrorisme, aux crises
financières. C’est pourquoi on a tendance à évoquer le multilatéralisme, ou la gouvernance mondiale,
pour éviter le repli sur soi et renforcer la coopération des acteurs internationaux : Etats, organisations
internationales et ONG. De plus, il est critiqué pour son manque d’efficacité, car c’est un droit qualifié
de « mou » car souvent non contraignant, et reposant sur le bon vouloir des Etats. C’est le cas par
exemple de l’application du traité de Paris de 2015 appelé aussi COP 21.