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I) Vers une définition du droit :

Le droit est un mode d’organisation sociale, à côté d’autres comme la morale, la religion ou même la
bienséance. Exemple : les crimes sont condamnés par le droit, la morale et la religion. La règle de
droit se place dans un contexte historique et socioculturel. La société influence le droit qui lui-même
influence la société. Exemple : Droit de vote des femmes, abolition de la peine de mort, le mariage
pour tous…etc.

1) Les caractéristiques de la règle de droit :

La règle de droit est générale, impersonnelle, obligatoire et coercitive :

➢ Générale : la règle de droit s’applique à tous, en tous lieux du territoire français et de façon
permanente, tant qu’elle n’a pas été remplacée par une autre règle.
➢ Impersonnelle : « La loi statue sur tous : elle considère les hommes en masse, jamais comme
particuliers » (Portalis, Discours préliminaire au Projet de Code Civil (an IX)).
➢ Obligatoire : Les lois et plus généralement les règles juridiques doivent être respectées. La
règle de droit est une norme obligatoire, un commandement, « une règle de conduite
imposée dans les relations sociales pour ordonner la société » (Bergel, Théorie Générale du
Droit).
➢ Coercitive : La règle de droit étant obligatoire, sa vocation est d’être respectée. Pour garantir
ce caractère obligatoire, des sanctions s’imposent. C’est en quelque sorte une condition de
leur respect, voire de leur existence.

2) Le droit est partout est en perpétuel mouvement :

Le droit est partout : Exemples : actes de la vie civile (naissance, mariage, achat d’une maison…) actes
de la vie professionnelle (droit social…)

Le droit est en perpétuel mouvement : La France connaît une inflation législative. Les nouveaux
textes de loi sont publiés au Journal Officiel. En 2017, plus de 35 000 nouveaux textes, soit plus de 80
000 pages….

II) Les différentes branches du droit :

La diversité des disciplines du droit est la conséquence de la richesse des activités humaines
encadrées par des règles de droit adaptées. Le droit est un ensemble de règles que l’on va pouvoir
classer par branches ou divisions :
Droit interne : défini par les institutions françaises. S’intéresse uniquement aux situations en lien
avec la France.

Droit privé : droit qui s’intéresse à l’individu dans ses activités privées : famille, commerce, travail
etc…

Droit international et européen : défini par la France en collaboration avec les autres Etats ou
organisation internationales, européennes. S’intéresse à toutes les situations comportant un élément
d’extranéité (étrangé).

Droit public : s’intéresse aux rapports entre : a) le citoyen et les personnes publiques (Etat,
collectivités publiques, administrations, organisations internationales). b) les personnes publiques
entre elles.

Exemple des différents droits :

*Droit constitutionnel = national, public

*Droit commercial = privé interne, international

*Droit social = public, privé

III) La hiérarchie des normes :

Comment accéder aux lois :

• Codes et codification

• Code civil (1804) : travail de praticiens, uniformisation, compromis, idéologie

• Code de commerce (1810)

• CGI, CMF, CASS, CSS, CP, CPC, CPP…

• Journal officiel de la République française (JORF)

• Journal officiel de l’Union européenne (JOUE)

• Bulletins officiels divers…

La hiérarchie des normes est un classement hiérarchisé de l’ensemble des normes constituant le
système juridique d’un État de droit. Elle permet de régler les problèmes de conflits de lois car en
principe, la norme d’un niveau inférieur doit être conforme à celle du niveau supérieur. Le respect de
cette hiérarchie est assuré par le contrôle des juges. Les pouvoirs publics ont pour mission essentielle
de garantir le respect des normes et l’État démocratique moderne n’existe que par le droit.
1) Le bloc de constitutionalité :

Il est composé de 4 textes :

➢ La Constitution de 1958 et son préambule


➢ Le préambule de la Constitution de 1946 : contenant lui-même des Principes fondamentaux
reconnus par les lois de la République (PFRLR): comme la liberté d’association, les droits de la
défense ou encore la liberté de conscience.
➢ La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789
➢ La charte de l’environnement de 2005 contenant 10 articles, dont le premier article dispose
que ”chacun a droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de sa santé” Le
bloc de constitutionnalité est « l’ensemble des principes et règles à valeur constitutionnelle
dont le respect s’impose au pouvoir législatif comme au pouvoir exécutif ainsi qu’aux
particuliers » (Louis Favoreu).

2) Le bloc de conventionnalité :

Les conventions internationales sont des accords passés entre des sujets du droit international
comme des États, ou organisations internationales, destinés à produire des effets juridiques et qui
revêt en principe un caractère obligatoire pour ceux qui y adhérent. Exemple : Conventions fiscales
pour limiter les doubles impositions.

3) La particularité du droit européen :

Le droit de l’Union Européenne (Traité de Lisbonne 2009), institue un ordre juridique qui s’intègre à
celui des États membres. Il occupe une place particulière puisque par application des principes de
primauté et d’immédiateté, les normes communautaires sont supérieures aux lois et règlements
internes.

Le droit primaire : composé des traités originaires, qui sont les textes fondateurs des Communautés
européennes et de l’Union européenne (CECA, CEE), ainsi que des traités modificatifs (Acte Unique,
Maastricht, Amsterdam, Nice, Lisbonne).

Le droit dérivé : règles de droit élaborées par les organes de l’Union Européenne, c’est à dire le
Parlement, le Conseil et la Commission.

Le règlement européen, la directive européenne, la décision :

➢ Les règlements européens ayant une portée générale, sont obligatoires dans toutes leurs
dispositions. Les États membres se doivent de les appliquer dans leur globalité. Le règlement
est donc directement applicable dans l’ordre juridique interne et s’impose aux normes
inférieures.
➢ Les directives européennes nécessitent un processus de transposition avant d'être intégrées.
En effet, les directives ne lient les États qu’en ce qui concerne les objectifs à atteindre tout en
leur laissant le choix des moyens pour y parvenir. Elle fixe les buts et oblige les États à
modifier leur législation interne dans le sens qu’elle souhaite. La directive est l’instrument
d’harmonisation des législations nationales.
➢ La décision est un acte « obligatoire en tous ses éléments pour les destinataires qu’elle
désigne ». En principe, elle est un acte individuel d’exécution du droit communautaire.

4) Le bloc de légalité :

D'après la constitution de 1958, l'article 34 définit la loi comme étant une règle de droit écrite,
générale et permanente élaborée par le Parlement. La loi est l’expression de la volonté générale : on
considère que chaque citoyen participe, directement ou par l’intermédiaire de ses représentants, à
l'élaboration de la loi. Le Conseil constitutionnel a dans ce cadre rappelé que « la loi n’est
l’expression de la volonté générale que dans le respect de la Constitution » (23 aout 1985).

Il existe plusieurs types de lois :

➢ Lois organiques, elles ont valeur supra législative et infra constitutionnelle, et sont adoptées
par le Parlement.
➢ Lois ordinaires de valeur législative, adoptées par le Parlement.
➢ Lois référendaires, adoptées directement par le peuple (article 11 de la Constitution).

Une ordonnance est une mesure prise par le gouvernement dans un domaine qui relève
normalement de la Loi. Ex : Ordonnances loi travail (2017).

Les principes généraux de droit (PGD) sont des principes non écrits énoncés que le juge considère
comme s’imposant à l’Etat même en l’absence de texte. Ils ont une valeur infra-législative et supra-
décrétale. Ex : égalité devant les services publics.

5) Le bloc réglementaire :
A) Les règlements :

➢ Les Décrets : ce sont des dispositions d’exécution d’une loi, ils sont pris par le président de la
République ou le chef du Gouvernement (Premier ministre). Pour qu’un décret s’applique, il
doit être publié comme les lois de l’assemblée au Journal Officiel. Il existe des variantes de
décrets comme les décrets en conseil de ministres, les décrets en Conseil d’Etat.
➢ Les Arrêtés : ce sont des actes émanant d’une autorité administrative autre que le président
de la République ou le Premier ministre. Ils peuvent émaner d’un ministre, d’un préfet, d’un
maire, d’un président de Conseil général… Les arrêtés sont des actes administratifs
unilatéraux.
B) Les actes administratifs :

➢ Les Circulaires : les circulaires ne sont pas dotées de l’autorité de force jugée. C’est un texte
qui permet aux autorités administratives (ministre, recteur, préfet…) d’informer leurs
services, en effet, elle est destinée à ses agents. Elles ont pour objet but d’interpréter un
texte de loi ou de faire des recommandations aux différents départements de la fonction
publique.

IV) Le processus d’élaboration de la loi :

Le principe de séparation des pouvoirs (Locke, Montesquieu) fait du législateur le principal créateur
des règles de droit :

•Pouvoir législatif : établit des normes juridiques.

• Pouvoir exécutif : met les normes à exécution.

• Pouvoir judiciaire : applique les règles pour trancher les litiges.

1) L’élaboration de la loi :

3 phases sont nécessaires à l’élaboration d’une loi :

o L’initiative de la loi : elle appartient au Premier ministre pour les projets de loi ou aux
membres des deux assemblées pour les propositions de loi.
o L’examen et la discussion de la loi : le projet ou la proposition est tout d’abord examiné par
une commission permanente ou par une commission spécialement créée à cet effet dans
chaque assemblée. Il est ensuite discuté par l’Assemblée.
o Le vote de la loi : après une phase de discussion générale, l’Assemblée parlementaire
examine le texte, article par article, et le Président de séance met en discussion et aux voix
sur chaque article les amendements, c’est à dire les modifications, proposées par les
parlementaires. Selon la constitution la loi doit être votée en termes identiques par les deux
assemblées. Chaque modification apportée par l’une devant être soumise à l’approbation de
l’autre, une « navette » est donc organisée entre les deux assemblées.

2) La promulgation de la loi :

L’Art. 10 de la Constitution prévoit que « Le Président promulgue les lois dans les 15 jours qui suivent
la transmission au gouvernement de la loi définitivement adoptée ». La procédure est suspendue si le
Conseil constitutionnel est saisi, mais aucune sanction n’est prévue en cas de non-promulgation de la
loi par le Président. Le Président constate par cette procédure que la loi a été régulièrement votée et
ordonne qu’elle soit exécutée.

V) L’application de la loi dans l’espace et le temps :

1) L’entrée en vigueur de la loi :

Par principe, la loi a force obligatoire. Pour déterminer la durée de cette force obligatoire, il faut
rechercher à partir de quel moment la loi entre en vigueur et quand elle disparaît. L’entrée en
vigueur est prévue aux conditions de l’Article 1 er du Code Civil. « Les lois et, lorsqu'ils sont publiés
au Journal officiel de la République française, les actes administratifs entrent en vigueur à la date
qu'ils fixent ou, à défaut, le lendemain de leur publication. Toutefois, l'entrée en vigueur de celles de
leurs dispositions dont l'exécution nécessite des mesures d'application est reportée à la date
d'entrée en vigueur de ces mesures. »

2) L’abrogation de la loi :

En principe, les textes ont vocation à durer indéfiniment, sauf ceux qui prévoient la date à laquelle ils
cesseront de produire effet. Ex : lois de moratoire, ou qui à effet à durée limitée (lois de finances
annuelles).

La technique normale qui prive la loi – ou un autre texte – de sa force obligatoire pour l’avenir, est
l’abrogation, c’est à dire son abolition par l’autorité qui l’a créée. L’abrogation d’un texte peut être
réalisé par un texte ultérieur qui supprime ou remplace ses dispositions, de manière :

• expresse : lorsqu’elle figure en toutes lettres dans un texte nouveau. Les dispositions de celui-ci
peuvent soit annuler purement et simplement la loi ancienne, soit remplacer ses dispositions.

• tacite : quand, en dehors de toute abrogation formelle, un texte se trouve contredit par un texte
plus récent. En cas d’incompatibilité entre deux lois successives, la nouvelle loi l’emporte.

3) L’application de la loi dans le temps :

Malgré les règles relatives à l’entrée en vigueur et à l’abrogation des textes, un conflit reste possible
entre deux textes qui se succèdent dans le temps et qui portent sur un même objet. Ce que l’on
appelle alors « les conflits de lois dans le temps » ne se résolvent que si l’on détermine le domaine
respectif des textes successifs, c’est à dire de la loi nouvelle et de la loi ancienne qu’elle remplace. Le
législateur anticipe parfois ce problème en prévoyant lui-même des dispositions transitoires qui
délimitent le champ d’application dans le temps de la nouvelle loi. Exemple : Loi NOTRé du 7 août
2015. Passage de la compétence transport des Départements aux Régions au 1 er janvier 2017 et
transport scolaire au 1 er septembre 2017 afin de suivre le calendrier scolaire. En l’absence d’une
telle disposition, plusieurs solutions ont été apportées par le législateur, la doctrine et la
jurisprudence, avec pour objectif de concilier besoin de sécurité et besoin de justice.

Le principe de l’Article 2 se décompose en deux propositions :

o « La loi ne dispose que pour l’avenir » : à partir du moment où une loi est en vigueur,
elle régira les situations juridiques qui naîtront postérieurement.
o « Elle n’a point d’effet rétroactif » : Les lois nouvelles ne peuvent être appliquées à
des situations juridiques, actes ou faits juridiques antérieurs à leur entrée en vigueur.
Elles ne peuvent revenir sur une situation juridique entièrement constituée sous
l’empire de la loi ancienne, ni sur les effets qu’elle a produit pendant cette période.
Ex : Dans le cadre d’un contrat, les parties figent le droit applicable, la nouvelle loi ne
peut agir. Le juge appliquera la loi ancienne du contrat. Ex : Pour les situations
relevant de l’ordre public (mariage, divorce…) la loi nouvelle s’applique
immédiatement pour les effets futurs, la loi ancienne s’appliquant aux effets déjà
produits. Toutefois, les dispositions d’ordre public s’appliquent dans tous les cas
immédiatement. La sécurité et le principe d’autonomie de la volonté s’effacent
devant la justice et l’égalité sociale (la nouvelle loi étant réputée meilleure).
o Les lois pénales plus « douces » : Alors que la non-rétroactivité de la loi pénale
s’explique par le fait que l’on ne peut punir un individu pour un acte qui était licite au
moment où il l’a accompli, on comprend qu’une loi pénale qui prévoit une peine
moins lourde, puisse s’appliquer même aux infractions commises avant son entrée
en vigueur lorsque le procès est encore en cours et qu’aucune décision définitive n’a
été adoptée. Cette rétroactivité in mitius se justifie par le même souci d’humanité.
Elle a valeur constitutionnelle au même titre que le principe de non-rétroactivité des
lois pénales plus sévères.
o Les lois interprétatives : Parce qu’elle précise le sens d’une loi adoptée
antérieurement, les lois nouvelles interprétatives sont censées être entrée en
vigueur avec la loi qu’elles interprètent. Il ne s’agit pas d’une loi nouvelle autonome,
mais d’une loi qui explique la loi ancienne.

La loi française a force obligatoire sur tout le territoire national. Le développement des rapports
internationaux a favorisé les conflits de lois, dans l’espace. Il s’agit alors essentiellement de conflits
entre lois étrangères. Pourtant sur le territoire national lui-même certains statuts juridiques peuvent
coexister. La question est de déterminer quelle sera la loi applicable aux conflits entre personnes
privées dans lesquels existe un facteur d’extranéité, c’est à dire un élément faisant entrer la situation
considérée dans le champs d’un droit étranger.
4) L’application de la loi dans l’espace :

Article 3 du Code Civil : « Les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent sur le
territoire. Les immeubles, même ceux possédés par des étrangers, sont régis par la loi française. Les
lois concernant l’État et la capacité des personnes régissent les français, même résidant en pays
étranger ». Cet article consacre tantôt le système de la territorialité des lois, puisqu’il déclare que les
lois pénales obligent tous ceux qui habitent sur le territoire, y compris les étrangers, tantôt le
système de la personnalité des lois puisque les règles relatives à l’État et à la capacité des personnes
suivent les Français partout, y compris lorsqu’ils se trouvent en territoire étranger.

Depuis 1804, les coutumes territorialement applicables ont été abrogées garantissant un principe
d’unité de législation sur le territoire français. Pourtant l’histoire ou la géographie expliquent que
certains départements ou territoires connaissent certaines spécificités.

• L’Alsace- Moselle : cette région ayant été soumise à l’occupation allemande (1871/1918), un droit
local, issu du droit allemand, y subsiste dans certains domaines (publicité des transferts de propriété
immobilière).

• Les collectivités d’Outre–mer : La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 et la loi de programme


pour l’Outre-mer du 21 juillet 2003 ont réorganisé l’outre-mer français. Il existe deux régimes
législatifs pour l’outre-mer, auquel s’ajoute le cas particulier de la NouvelleCalédonie qui possède un
statut spécifique.

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