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Première STMG Date 

: ………………….
Droit
Thème 1 : Qu'est-ce que le droit ?
Chapitre 1 : Le droit et les fonctions du droit
COURS
Notions : Capacités :
● laïcité, égalité, liberté, solidarité. ⮚ Expliquer et distinguer les fonctions du
droit.
● Fonctions du droit.
● Distinction entre droit et morale.
● Ordre public

I. Définition du droit
Le droit est un ensemble de règles et de prérogatives.

En effet, le mot droit à deux sens :

-Le droit est l'ensemble des règles applicables dans une société donnée. Ces règles émanent d'autorités
légitimes qui en ont reçu le pouvoir.
-Le droit est constitué des prérogatives (= privilèges/droits) reconnues à une personne. L'individu peut
utiliser ses droits dans ses rapports avec les autres.

⚠ Le droit doit être distingué de la morale. Si tous les deux ont pour vocation de réguler les rapports entre
les hommes, la transgression de la règle de droit est sanctionnée par l'autorité publique alors que la
transgression de la morale n'est sanctionnée que par notre propre conscience.

II. Les fonctions du droit


On distingue 2 fonctions principales : 
-Le droit est facteur d’organisation de la société.
Le droit organise les rapports entre les hommes vivant en société. Ainsi en créant des droits et des
obligations, il réglemente les rapports familiaux (ex entre époux) ainsi que les rapports économiques (ex
entre un vendeur et un acheteur) et sociaux (ex entre un salarié et un employé).
Ainsi, chacun sait ce qu’il peut faire ou ce qu’il ne peut pas faire.

-Le droit est aussi facteur de pacification de la société.


Il permet à chacun de vivre en paix et de résoudre les conflits éventuels. En ayant un rô le de pacification, le
droit permet de garantir l'ordre public. L’ordre public est l’état d’une société caractérisée par la paix, la
sécurité publique et la sû reté.

III. Le droit s’appuie sur des valeurs.


En France les règles de droit sont fondées sur quatre valeurs essentielles :

-La liberté : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
Elle connaît donc deux limites : – la liberté des autres ; – la loi
-L’égalité  : la loi est la même pour tous.
Le droit impose les mêmes droits et les mêmes obligations aux individus placés dans une même situation.
-La solidarité : La solidarité pose le principe que la société a le devoir, sous certaines conditions, de porter
assistance aux personnes les plus défavorisées.

Chapitre 2 : Le droit et les fonctions du droit


I. Les caractères de la règle de droit

Identifier les caractères de la règle de droit permet de la distinguer des autres règles (règles morales,
religieuses...)

a. Le caractère légitime de la règle de droit


La règle de droit est légitime, c'est-a-dire signifie qu'elle est adoptée par une autorité légitime, c’est-à -dire
ayant la compétence de l’adopter. (Parlement, gouvernement, maire…).

b. Le caractère général de la règle de droit


La règle de droit est générale.
Ainsi, sa formulation en termes généraux lui permet de garantir l’égalité devant la loi de toutes les
personnes placées dans la même situation juridique : par exemple, l’article 6 de la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen stipule que la loi « doit être la même pour tous ».
La règle de droit est donc rédigée en termes abstraits :
« Tout Français jouira des droits civils » (article 8 du Code civil) ;
« Chacun a droit au respect de sa vie privée » (article 9 du Code civil).

La règle de droit est la même pour tous, mais uniquement ceux qui sont dans une même situation (ex, les
règles relatives au mariage concernent uniquement tous individus mariés).

La règle de droit s’applique à toute personne appartenant à une catégorie juridique particulière : salariés,
locataires…
À partir du moment où la personne fait partie d’une catégorie juridique, elle est sujet aux règles de cette
catégorie. C’est ce qu’on appelle « la qualification juridique ».

c. Le caractère obligatoire de la règle de droit


La règle de droit est obligatoire pour tous ceux à qui elle s'applique. Le non-respect de la règle de droit
peut entraîner une sanction.
Il existe :
-les sanctions pénales qui punissent celui qui a violé la règle de droit ( ex : suspension du permis de
conduire).
-les sanctions civiles qui permettent de réparer le préjudice provenant du non-respect de la règle
( ex :versement de dommages-intérêts).

A savoir : La France est un état de droit soit un système institutionnel dans lequel la puissance publique
est soumise au droit. En effet, personne n'est au-dessus de la loi.
I. Les domaines d’application de la règle de droit
Chapitre 3 : Les sources du droit
Les règles de droit qui organisent la vie en société trouvent leurs origines dans diverses
sources.
A savoir : ces règles qui émanent d'autorités légitimes sont accessibles sur Internet (legifrance.gouv.fr).

1. Les sources nationales du droit

1. La Constitution, source fondamentale du droit français

La Constitution consiste en une compilation de règles chargées d’organiser le fonctionnement des


institutions publiques, de déterminer la séparation des pouvoirs et d’apporter les garanties aux droits et
libertés des citoyens.
La Constitution actuellement en vigueur en France est la Constitution de la Ve République, qui date du 4
octobre 1958. 

La Constitution organise la répartition des pouvoirs en trois :


• le pouvoir législatif (faire les lois) confié au Parlement : l’Assemblée nationale et le Sénat ;
• le pouvoir exécutif (faire exécuter la loi et conduire la politique nationale), confié au gouvernement,
composé d'un Premier ministre et des ministres, à la tête duquel se trouve le Président de la République ;
•     le pouvoir judiciaire (appliquer les lois pour trancher les litiges), confié aux juges.

La Constitution est la norme juridique suprême. Toutes les règles de droit y sont soumises et doivent la
respecter. Pour s’assurer de la conformité de la loi à la Constitution, un contrô le de constitutionnalité est
possible avant la promulgation de la loi par le Conseil constitutionnel. 
Un contrô le de constitutionnalité est également possible après la promulgation de la loi, dans le cadre d’un
litige jugé. En effet, toute personne, dans un procès, peut soutenir qu'une loi déjà promulguée est contraire
aux droits et libertés garantis par la Constitution. Le juge civil va demander au Conseil constitutionnel de
s’assurer de sa conformité par rapport à la Constitution. Il s’agit d’une question prioritaire de
constitutionnalité (QPC).

2. La loi issue du pouvoir législatif

La loi est une règle de droit qui émane du pouvoir législatif qui appartient au Parlement (Assemblée
nationale et Sénat). Elle est promulguée (signée) par le Président de la République et publiée au Journal
officiel (JO). Le domaine de la loi est limité par l’article 34 de la Constitution.

3. Les règlements issus du pouvoir exécutif

Un règlement est une règle de droit qui émane du pouvoir exécutif qui appartient au Président de la
République et au Gouvernement.
On peut classer les règlements selon l’autorité dont ils émanent :
-les décrets émanent du Président de la République ou du Premier ministre ;
-les arrêtés émanent des autres ministres du gouvernement, des préfets et des maires des communes.

4. La jurisprudence issue de l’autorité judiciaire

L’autorité judiciaire est l’ensemble des institutions dont la fonction est de faire appliquer la loi en
tranchant les litiges. La plus haute juridiction en France est la Cour de Cassation, elle a un rô le
d’unification du droit, grâ ce à la jurisprudence.

Pour juger une affaire, les tribunaux peuvent se fonder sur la solution issue de la jurisprudence (ensemble
des décisions de justice rendues par les cours et les tribunaux français), et notamment sur les arrêts de la
Cour de Cassation. 

Les décisions rendues par les tribunaux sont des jugements et arrêts.
La jurisprudence est une source de droit car elle permet d'interpréter et de préciser le sens des textes de
droit issus de la loi et de la réglementation.
En effet, le juge doit appliquer la loi qui est règle générale, à un cas particulier : cette application suppose
une adaptation ou une interprétation de la loi.  Ainsi, le juge peut préciser la loi, la compléter, ou l’adapter
à l’évolution des faits.

5. Le droit négocié : les conventions et accords collectifs

Dans le domaine du droit du travail les partenaires sociaux, soit les employeurs et salariés, négocient des
conventions et des accords collectifs qui établissent un ensemble de conditions d'emploi et de travail ainsi
que de garanties sociales.

2. Les sources communautaires

1. Les traités communautaires


 
Les traités de l’Union européenne sont un ensemble de règles de droit applicables au sein de l'Union
européenne.  Ils sont conclus entre des É tats européens. Les traités communautaires définissent les
principes de l’Union et précisent les règles de fonctionnement des institutions.

2. Le droit dérivé

Les institutions européennes peuvent édicter des règles de droit applicables dans le droit des É tats
membres, appelé le droit dérivé.
Comme institutions européennes on distingue :
-La Commission européenne qui est l'organe exécutif de l'Union européenne. Elle garantit l’intérêt général
de l’Union. Dans le cadre des grandes orientations fixées par le Conseil européen, elle prépare et met en
œuvre les décisions du Conseil de l'Union européenne et du Parlement européen.
- Le Conseil européen qui réunit les dirigeants des pays membres de l'UE afin de définir les priorités
politiques de l'UE.
-Le Parlement européen représente les peuples des É tats membres de l’UE. Il est composé de 751 députés.
Il exerce trois pouvoirs fondamentaux : législatif, budgétaire et contrô le politique

Ces institutions créent deux types de droit dérivé :


• Les règlements européens : acte juridique de portée générale, obligatoires et directement applicables
dans le droit des É tats membres.
• Les directives européennes : acte juridique qui fixe un objectif à atteindre pour les Etats membre de L'UE,
mais leur laisse le choix des moyens et de la forme pour l’atteindre.

3.  La hiérarchie et la complémentarité des règles de droit

Il est essentiel d'organiser les sources de droit entre elles pour avoir un système cohérent.
Il existe donc une hiérarchisation des sources de droit.
Chaque texte de niveau inférieur doit être conforme aux textes du niveau supérieur, c'est le principe de la
hiérarchie des règles de droit.
De même, une source de droit peut préciser une autre source c'est le principe de la complémentarité des
règles de droit.
Chapitre 3
Le litige
La vie en société est émaillée de conflits, c’est-à -dire de différends de toute nature (opinions, sentiments,
intérêts…) qui opposent deux ou plusieurs personnes. Ainsi, il existe des conflits sociaux (grève,
manifestations…), familiaux, militaires, religieux… Certains conflits sont éphémères, d’autres durables, et
ils sont souvent complexes.

1 Comment identifier un litige ?

Lorsque, dans un conflit, on se concentre sur la dimension juridique du désaccord, on parle alors de litige.
Le litige est donc l’expression de prétentions juridiques opposées, une demande d’application d’un droit
qu’une autre personne conteste.
Exemples :
• des salariés font appel au juge pour obtenir le paiement d’heures supplémentaires que l’em-
ployeur refuse de payer ;
• une entreprise souhaite obtenir réparation pour avoir été dénigrée par un concurrent.
Dès lors que le conflit se transforme en litige, il importe de le qualifier juridiquement. La qualification
juridique permet d’attribuer aux faits, dans un litige, le terme juridique qui correspond à la situation. La
qualification juridique est une étape importante de l’analyse du conflit : elle va déterminer le choix de la
règle de droit qui sera appliquée. Par exemple, le litige oppose un salarié et un employeur au sujet d’un
licenciement : c’est le droit du travail qui va s’appliquer.
Les éléments du litige sont au nombre de quatre :
• Les parties : lorsqu’il y a litige, deux ou plusieurs personnes s’opposent.
• L’une d’elles, le demandeur, réclame l’application d’un droit. L’autre conteste ce droit : c’est le dé-
fendeur.
• Les faits, c’est-à -dire les événements, les actions qui sont à l’origine du litige opposant les parties.
• Les prétentions des parties : ce que chaque partie réclame à l’autre partie.

2 Comment résoudre un litige ?


Si le recours au juge a pour but de résoudre les litiges, ce n’est pas le seul moyen. Il est possible par
exemple de faire intervenir un médiateur, un conciliateur, un arbitre.

A. Le recours judiciaire en s’appuyant sur un moyen de droit


À l’appui de leurs prétentions présentées au juge, les parties développent des moyens de droit, c’est-à -dire
des arguments en s’appuyant sur des règles juridiques. Le juge va alors examiner ces moyens de droit
auxquels il devra apporter une solution juridique. Le droit, par l’intermédiaire du juge, peut apporter
différentes solutions aux litiges : il peut accorder la reconnaissance d’un droit, exiger l’application d’un
contrat, octroyer des dommages et intérêts, condamner à des sanctions (amendes, prison), etc. La réponse
accordée est toujours justifiée et s’appuie sur une règle de droit.

B. Les modes alternatifs de résolution des litiges


Les parties peuvent se mettre d’accord entre elles et conclure un accord amiable. En cas d’échec, deux
options principales s’offrent à elles. Elles peuvent saisir le service public de la justice pour résoudre leur
litige. Elles peuvent également faire appel aux modes alternatifs de résolution des litiges qui sont
principalement au nombre de trois.
a. La conciliation : elle désigne l’arrangement amiable auquel parviennent des personnes en conflit,
au besoin avec l’aide d’un tiers. Il s’agit d’un mode alternatif, rapide et gratuit de règlement des litiges
dont la nature ne nécessite pas l’engagement d’une procédure judiciaire. La conciliation peut concerner
divers litiges de la vie quotidienne : conflit de voisinage, difficulté de recouvrement d’une créance,
contestation d’une facture, problèmes entre le propriétaire et le locataire d’un logement. En revanche,
le recours à la conciliation est expressément exclu en matière pénale, dans les conflits opposant des
particuliers à l’administration, ainsi que dans certaines matières d’ordre public comme la filiation.
Depuis la loi du 18 novembre 2016, toute saisine du tribunal judiciaire doit être précédée, à peine
d’irrecevabilité, d’une tentative de conciliation menée par un conciliateur de justice (pour les litiges
dont le montant n’excède pas 5 000 euros). Le conciliateur est chargé d’écouter les parties et de les
inviter à adopter une solution de compromis.
À l’inverse du médiateur qui possède un rô le actif dans l’adoption d’un accord, le conciliateur est
davantage chargé de garantir un terrain d’entente minimal, sans définir lui-même les termes d’un
éventuel accord.
b. La médiation : elle est mise en place par un médiateur qui intervient lors des conflits en matière
civile, sociale et commerciale, sur décision du juge, avec l’accord des parties ou à leur initiative. Le
médiateur est choisi par les parties (médiation conventionnelle) ou désigné par le juge (médiation
judiciaire). Il entend les parties, les amène à confronter leurs points de vue et peut leur permettre de
trouver elles-mêmes la solution. La médiation est possible dans tous les domaines où les parties ont la
libre disposition de leurs droits, par exemple : les conflits de voisinage, problèmes entre propriétaires
et locataires, difficultés avec son ex-conjoint autour du droit de visite de l’enfant…
Lorsque le litige oppose un professionnel à un particulier, on parle de médiation de la consommation.
Depuis le 1er janvier 2016, tout consommateur a le droit de faire gratuitement appel à un médiateur de
la consommation en vue de la résolution amiable du litige qui l’oppose à un professionnel.
c. L’arbitrage : il désigne une justice privée et payante, chargée de trancher les litiges qui lui sont
soumis par les parties dans le respect des principes du droit. Il n’est possible d’y avoir recours que dans
certaines conditions. Le recours à l’arbitrage implique tout d’abord que les parties au litige soient
d’accord sur ce mode de règlement du conflit. L’arbitre rend une sentence qui possède entre les parties
l’autorité de la chose jugée (une fois la sentence prononcée, les parties ne peuvent pas à nouveau saisir
un arbitre pour obtenir une solution différente sur la même affaire). En revanche, celle-ci n’acquiert
force obligatoire que par l’intervention d’un juge, qui délivre une ordonnance d’exequatur (en latin,
« qu’il soit exécuté »).
Chapitre 4 La preuve

Prouver consiste à établir qu’une chose est vraie. La preuve peut être nécessaire lors d’un litige, les
demandeurs doivent alors convaincre le juge du bien-fondé de leurs prétentions en apportant la preuve de
l’existence de leurs droits. Il faut appuyer sa prétention par des éléments qui permettent de montrer que
ce que l’on demande est vrai. En effet, selon l’article 9 du Code de procédure civile : « En procès civil
chaque partie doit prouver conformément à la loi les faits nécessaires au succès de sa prétention  ». Il peut
aussi être nécessaire d’apporter une preuve en dehors de tout litige (par exemple, prouver son identité,
prouver un achat, etc.). Le chapitre est construit autour de trois axes : que faut-il prouver ? qui doit
prouver ? quels sont les différents types de preuve ? (soit respectivement : l’objet de la preuve, la charge de
la preuve, et les modes de preuve).

1 Que faut-il prouver ?


Résoudre le problème de l’objet de la preuve, c’est donc répondre à la question : que faut-il prouver ? Il
sera nécessaire d’invoquer un droit et de prouver les événements à l’origine de ses droits.

A. Les actes juridiques


Un acte juridique est une action volontaire qui a pour objet et pour effet de créer des conséquences
juridiques. Les personnes à l’origine de l’acte ont voulu créer des conséquences juridiques, c’est-à -dire des
obligations (article 1100-1 du Code civil). C’est une manifestation de volonté destinée à produire des effets
de droit. Le droit distingue les actes juridiques unilatéraux (ex. le testament, la renonciation à une
succession…), les actes juridiques bilatéraux (ex. le contrat de travail, le contrat de vente, la donation, le
contrat de société constituant une EURL, contrat de franchise…), les actes juridiques multilatéraux
(contrat de société constituant une SA, contrat de groupement d’employeurs…). Les parties qui
conviennent d’un acte juridique peuvent onc se préconstituer une preuve pour justifier l’invocation d’un
droit et fonder leurs prétentions.

B. Les faits juridiques


Le fait juridique est le deuxième type d’événement qui peut lier juridiquement des personnes. Un fait
juridique est un événement, volontaire ou non, qui crée des conséquences juridiques qui ne sont jamais
voulues, auquel la loi attache des effets de droit (article 1100-2 du Code civil). On distingue :
• Les faits juridiques volontaires ou fait de l’homme qui proviennent de comportements volontaires,
intentionnels ou recherchés par l’auteur. Les effets juridiques (ex. une obligation de réparation du
préjudice subi) ne sont pas recherchés. C’est le cas du vol, du crime ou de la diffamation.
• Les faits juridiques involontaires ou les faits de la nature : ce sont des faits juridiques qui ne pro-
viennent pas de la volonté de l’homme, mais de circonstances indépendantes de sa volonté. Ces
événements sont liés à la vie de l’individu (naissance, mort), peuvent être des événements phy-
siques (tempête, ouragan, inondations, incendie…) ou sociaux (grève…).

2 Qui doit prouver ?

A. En principe, le demandeur a la charge de la preuve


Chaque partie a la charge de la preuve des faits et des actes juridiques qu’elle allègue : il est logique que
celui qui saisit le juge doive prouver ce qu’il avance. La preuve incombe donc au demandeur. Par exemple,
celui qui prétend être créancier d’une somme doit le prouver, et s’il n’arrive pas à le prouver, il est débouté.
Ensuite, si le défendeur invoque à son tour des prétentions, il devra aussi les prouver. Par exemple, si le
demandeur a prouvé le contrat de prêt, le défendeur doit alors prouver qu’il a remboursé la somme prêtée.
Le rôle du juge en matière de preuve
En matière civile et commerciale, le juge est neutre, la preuve appartient aux parties. La procédure est dite
accusatoire. Ce modèle privilégie le rô le des parties. Le procès y est conçu comme un affrontement
contradictoire, public et largement oral entre l’accusation et la défense. Si chacune des parties se trouve à
égalité avec son adversaire, chacune doit également prouver les faits au soutien de sa cause. Le pouvoir du
juge consiste en conséquence à arbitrer, davantage qu’à instruire : il s’agit, d’une part, de veiller à la
loyauté du procès et, d’autre part, de départager les plaideurs en fonction de leurs prétentions, arguments
et preuves.
En matière pénale, le juge doit rechercher les preuves : la procédure est dite inquisitoire.
Ce modèle privilégie la position de surplomb d’un juge représentant l’intérêt général et chargé de diriger
l’enquête afin de faire triompher la vérité. Dans ce système, le juge est un magistrat professionnel doté de
pouvoirs importants destinés à lui permettre de diligenter lui-même les investigations à charge et à
décharge.
Source : vie-publique.fr

B. Les exceptions : présomptions simple et irréfragable


Dans un souci de protection de certaines parties, le droit français renverse la charge de la preuve. Ce n’est
plus à celui qui a saisi le juge d’apporter la preuve de son droit, mais à la partie défenderesse de démontrer
que les prétentions du demandeur ne sont pas fondées. On présume que celui qui a saisi le juge est
titulaire de ce droit : on parle de présomption (fait de supposer que celui qui a saisi le juge est demandeur
du droit qu’il revendique).
La présomption est dite simple lorsque le droit permet d’apporter la preuve contraire. Par exemple,
l’enfant né d’une femme mariée a pour père le mari (présomption de paternité), mais le mari peut prouver
qu’il n’est pas le père (avec un test de paternité). Cette présomption est instituée par les articles 312 et s.
du Code civil : « L’enfant conçu ou né pendant le mariage a pour père le mari », traduction de l’adage latin
Pater is est qui nuptiae demonstrant (« le père est celui que le mariage désigne »). De la même manière, la
bonne foi est présumée (article 2274 du Code civil), sauf si celui qui allègue la mauvaise foi arrive à
prouver le contraire. Il ne va pas être demandé à une partie de prouver sa bonne foi. La charge de la preuve
est supportée par la partie (ex. le cocontractant) qui dénonce la mauvaise foi.
La présomption est dite irréfragable lorsque le droit ne permet pas d’apporter la preuve contraire. Par
exemple, si un créancier remet volontairement à son débiteur un document constatant le paiement de la
créance, la loi présume irréfragablement qu’il a été payé. De même, la jurisprudence considère que le
vendeur professionnel est censé connaître les vices de la chose qu’il vend. On considère que, par sa
profession, le professionnel connaît les vices de la chose.

3 Les différents types de preuve


En principe, un acte juridique doit toujours être prouvé par écrit tandis qu’un fait juridique peut être
prouvé par tous les moyens : présomptions, témoignages, aveux, etc. En effet, puisque les conséquences
juridiques ne sont jamais recherchées par les parties, il est impossible d’exiger une preuve préconstituée
comme l’écrit. Pour autant, il existe des exceptions : la naissance et le décès sont prouvés par des actes
authentiques, les actes de l’état civil.

A. La preuve par écrit


La preuve des actes juridiques obéit à un régime différent de celui des faits juridiques.
Dans un acte juridique, les parties ont souhaité créer des conséquences juridiques et peuvent donc mettre
par écrit leurs obligations.
Le droit français exige en principe un écrit pour prouver l’existence d’un acte juridique, ce qui permet au
juge de comprendre plus facilement les obligations prévues par l’acte juridique. Il est considéré comme
une preuve parfaite.
En effet, selon l’article 1359 du Code civil, « l’acte juridique portant sur une somme ou une valeur excédant
un montant fixé par décret doit être prouvé par écrit sous signature privée ou authentique. Ce montant est
de 1 500 euros. »
Un acte authentique est un écrit rédigé par un officier public compétent (notaire, officier d’état civil). Ex.
un contrat de mariage, un acte de vente d’un immeuble, un acte de naissance…
L’acte authentique fait foi « de sa date jusqu’à inscription de faux » (cela signifie que les énonciations de
l’acte authentique sont tenues pour vraies aussi longtemps que leur fausseté n’aura pas été démontrée au
cours de la procédure d’inscription de faux). Un acte sous signature privée (autrefois appelé acte sous
seing privé) est un écrit rédigé par une ou les parties s’engageant sous la signature manuscrite ou
électronique (ex. reconnaissance de dettes, testament olographe, contrat de bail signé entre les parties…).
L’acte sous signature privée ne fait preuve de son contenu que jusqu’à preuve du contraire. Cependant, en
ce qui concerne la preuve des actes juridiques, il y a des exceptions : ainsi, il existe des cas particuliers où
la preuve peut être faite par tous moyens, même si la somme est supérieure à 1 500 euros :
− en matière commerciale, du fait de la rapidité nécessaire aux transactions commerciales ;
− en matière civile quand il est impossible de fournir une preuve écrite matériellement (perte ou
destruction du document) ou moralement (lien de parenté ou de subordination), ou encore s’il existe un
commencement de preuve par écrit.

B. Le témoignage, l’aveu et l’intime conviction du juge


Pour prouver un fait juridique, tous les modes de preuve sont admis (il est impossible de préconstituer
une preuve pour des faits susceptibles d’entraîner des conséquences juridiques).
Au-delà de la preuve écrite (parfaite ou imparfaite), il existe le témoignage, l’aveu et l’intime conviction du
juge.
Le témoin est en effet celui qui vient solennellement attester par sa déclaration de la véracité d’un fait ou
d’une situation. Le juge évaluera la crédibilité du témoin et la qualité de son témoignage. (Article 1381 du
Code civil : « la valeur probante des déclarations faites par un tiers dans les conditions du code de
procédure civile est laissée à l’appréciation du juge »).
L’aveu désigne la reconnaissance par une partie de l’existence d’un fait ou d’une situation constituant la
preuve du bien-fondé de la prétention de son adversaire. C’est le juge qui apprécie le bien-fondé des
éléments de preuve apportés par les parties. Il s’appuie sur son intime conviction, c’est-à -dire le degré de
croyance qu’il a dans la véracité des éléments de preuve apportés.
Chapitre 5
Le recours au juge

Le service public de la justice est au cœur de la démocratie, et au service des citoyens dont l’intérêt est
lésé. Pour trancher les litiges ou protéger l’intérêt général, différents tribunaux, aux compétences diverses,
appliquent une procédure qui se doit de respecter un certain nombre de principes.

1 Le droit au procès équitable


Toute personne a le droit à un procès équitable. Cela sous-entend plusieurs points.
− L’affaire doit être traitée de manière équitable, publique, et dans un délai raisonnable, par un
tribunal indépendant et impartial.
− Toute personne accusée d’une infraction bénéficie de la présomption d’innocence.
− Tout individu doit avoir la possibilité de se défendre en bénéficiant du temps nécessaire et de la
faculté de recourir à des témoins. Le droit à un procès équitable trouve sa source dans l’article 6 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
− Le service public de la justice doit agir dans un délai raisonnable. Il est ainsi nécessaire que la
procédure se déroule dans un laps de temps raisonnable après la tenue des événements en cause. Par
ailleurs, elle ne doit pas durer trop longtemps. Cette notion de « durée raisonnable » est à mettre en regard
de la gravité de l’affaire et de l’enjeu du litige.
− La neutralité constitue la traduction pratique du principe d’impartialité.
L’exigence de neutralité impose tout d’abord aux magistrats de ne jamais faillir dans l’apparence
qu’ils donnent de leur absence de préjugés. La neutralité impose également aux juges de garder à
l’audience un comportement réservé face aux propos qui sont tenus devant eux. Enfin, l’exigence de
neutralité possède des traductions procédurales : elle implique notamment un strict respect par le juge du
principe du contradictoire, afin que chaque partie soit en mesure de s’expliquer sur ce qui lui est reproché
avant d’être jugée.
− Le principe du contradictoire garantit tout d’abord aux parties qu’elles ne seront pas jugées sans
avoir été sinon entendues, du moins appelées. Cela signifie notamment que la personne qui n’a pas eu
connaissance de l’instance menée à son encontre possède certaines garanties, tant du point de vue des
voies de recours qui lui sont ouvertes, que de l’exécution de la décision. Le principe du contradictoire
garantit en outre à chaque partie le droit de prendre connaissance des arguments de fait, de droit et de
preuve à partir desquels elle sera jugée.
− La publicité des débats implique que les audiences sont publiques sauf exceptions (affaires
concernant des mineurs par exemple).

2 Les compétences des juridictions

A. La compétence d’attribution en fonction de la nature du litige


La France possède une organisation originale de ses tribunaux qui sont séparés en deux ordres
juridictionnels : la justice judiciaire et la justice administrative.
– La justice administrative est compétente dans le cadre des litiges entre administré et personne
publique (É tat, collectivité territoriale, établissement public) ou entre des personnes publiques. La
réclamation adressée par l’administré au juge est appelée un recours contentieux.
– La justice judiciaire traite de tous les contentieux non relatifs à l’administration ou au travail des
fonctionnaires. On distingue la justice civile et la justice pénale.
• Une affaire est dite pénale lorsqu’elle perturbe la vie en société, qu’elle lèse l’intérêt général et
trouble l’ordre public. Trois catégories d’infractions supposent trois juridictions :
→ Les contraventions relèvent de la compétence du tribunal de police. → Les délits sont de la
compétence du tribunal correctionnel.
→ Les crimes sont dévolus à la cour d’assises.
• Une affaire est dite civile lorsque le litige lèse des intérêts particuliers. Les juridictions civiles sont
réparties entre les tribunaux spécialisés, dits d’exception, et la juridiction de droit commun qu’est
le tribunal judiciaire.
→ Le conseil de prud’hommes traite des affaires relatives aux litiges individuels concernant
l’application du contrat de travail. Il est composé de juges nommés conjointement par le garde des
Sceaux et le ministre chargé du travail, sur proposition des organisations syndicales et
professionnelles, parmi les salariés et les employeurs, et non de juges professionnels.
→ Le tribunal de commerce est compétent pour les affaires entre commerçants, celles traitant du
fonctionnement des sociétés commerciales et celles afférentes aux actes de commerce. Là encore,
ce ne sont pas des juges professionnels qui siègent ; les juges consulaires sont élus par les
commerçants.

B. La compétence d’attribution en fonction du lieu du litige


Par principe, est compétent le tribunal du lieu du domicile du défendeur, ou du lieu de conclusion du
contrat. Cependant, il existe des exceptions. Ainsi, par exemple, pour les litiges qui portent sur l’assurance
d’un immeuble, le Code des assurances prévoit que le tribunal compétent est le tribunal où est situé
l’immeuble assuré.

C. Le rôle des cours d’appel et de cassation


La plupart des jugements rendus par les juridictions dites de premier degré présentées ci-dessus sont
susceptibles de recours. Trois voies sont envisageables : l’appel et le pourvoi en cassation et la saisine de la
Cour européenne des droits de l’homme.
− La cour d’appel constitue un deuxième degré de juridiction. Elle va reprendre l’ensemble de
l’affaire et la rejuger. On dit que la partie demanderesse « interjette appel ». La cour rend un arrêt.
− Le pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire qui consiste à faire contrô ler par
la Cour de cassation la conformité aux règles de droit de la décision attaquée. Celle-ci ne constitue pas un
troisième degré de juridiction : elle ne juge pas l’affaire sur le fond, mais sur l’application de la règle de
droit. C’est une différence majeure avec l’appel qui permet de juger à nouveau l’affaire. Si la Cour estime
qu’aucune erreur juridique n’a été commise, elle rejette le pourvoi et la décision ne peut plus être
contestée. Au contraire, si elle estime qu’il y a eu erreur, elle « casse » la décision et renvoie l’affaire devant
une nouvelle juridiction de même niveau que celle qui a rendu la décision cassée. La Cour de cassation
rend un arrêt.

D. Les juridictions européennes


La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), créée en 1952, est l’institution juridictionnelle de l’Union
européenne. Elle veille au respect du droit de l’Union. Elle est composée d’une cour de justice et d’un
tribunal. Elle siège à Luxembourg. Elle est compétente pour trancher les litiges relatifs à l’application du
droit de l’Union européenne entre les É tats membres, les institutions européennes et les requérants
individuels.
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) est une juridiction du Conseil de l’Europe chargée de
veiller au respect de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales par les 47 É tats qui l’ont ratifiée. Créée en 1959, elle siège à Strasbourg et se compose de
47 juges (un par É tat membre). Une personne qui s’estime lésée dans le respect de ses droits devant la
justice française peut, après avoir essayé de faire valoir ses droits devant les juridictions nationales, saisir
la Cour européenne des droits de l’homme. Celle-ci est chargée de s’assurer du respect de la Convention
européenne des droits de l’homme par les institutions, comme le droit au procès équitable.

3 Le déroulement d’un procès

A. Le procès civil
Un procès civil doit suivre une procédure stricte en cinq étapes.
1. L’introduction de l’instance se réalise par une assignation, le demandeur avertissant le défendeur de
l’action intentée.
2. La saisine du tribunal est effectuée par la transmission de l’assignation au greffe du tribunal.
3. L’instruction, ou mise en état, consiste en l’échange de pièces, de preuves… pour que chacune des parties
soit informée.
4. L’audience est le moment où le tribunal est réuni pour que les parties lui présentent l’affaire.
5. La clô ture des débats est l’étape où le juge rend sa décision. Le jugement peut être rendu
immédiatement, ou renvoyé à une date ultérieure : le juge met l’affaire « en délibéré », pour prendre le
temps d’examiner les arguments de chaque partie avant de rendre sa décision.

B. Le procès pénal
La procédure pénale définit les différentes phases du procès pénal. D’abord, une personne dépose plainte
devant les services de police, gendarmerie ou auprès du procureur de la République. Ce dernier peut
également s’auto-saisir. Ensuite, le procureur, au vu de l’affaire, décide de poursuivre l’auteur de
l’infraction devant une juridiction pénale. Puis vient ensuite la phase d’instruction, dans laquelle l’auteur
de l’infraction peut être mis en examen, c’est-à -dire, mis en cause dans l’affaire. Enfin, c’est le temps de
l’audience, avant la clô ture des débats. Le juge rend alors sa décision.

C. La constitution de partie civile


Une plainte avec constitution de partie civile permet à une victime d’infraction de lancer simultanément
deux actions judiciaires distinctes :
− l’action pénale qui permet de demander que l’auteur des faits soit poursuivi et condamné à une peine
(prison et/ ou amende),
− l’action civile qui permet de demander que l’auteur des faits soit condamné à réparer le préjudice que
l’infraction a causé à la victime. Elle entraîne automatiquement la prise en charge de l’affaire par un juge
d’instruction et l’ouverture d’une enquête, qui peut déboucher sur une information judiciaire. La plainte
avec constitution de partie civile se distingue de la plainte simple, qui permet seulement de signaler au
procureur de la République les éléments relatifs à une infraction, sans pouvoir lui imposer la décision
d’ouvrir une enquête.
Chapitre 6
La personne juridique

1 Quelles personnes juridiques et quels droits ?

A. Personne et personnes juridiques


Les personnes juridiques sont reconnues par le droit. On distingue deux types de personnes juridiques :
les personnes physiques et les personnes morales. Seules les personnes juridiques peuvent faire valoir
leurs droits. Pour le droit, les êtres humains – les personnes physiques –, ainsi que certains groupements –
les personnes morales –, sont des personnes. La personnalité juridique en fait des sujets de droit titulaires
de droits et capables d’assumer des obligations. Elle permet ainsi d’intenter une action en justice (ester en
justice) et donc de les protéger. Personne morale et personne physique se distinguent sur un point : alors
que l’individu peut acquérir des droits et les exercer dans tous les domaines reconnus par le droit, la
personne morale ne peut le faire que dans le cadre de l’activité définie par ses statuts (l’objet social). Créer
une personne morale est important pour les groupes qui souhaitent exercer une activité juridique : agir en
justice, passer des contrats : acheter, vendre, employer, s’assurer… Sans cette personne morale, ce sont les
personnes physiques qui supporteront la responsabilité des actes passés.

B. Les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux


Le droit reconnaît aux personnes des prérogatives individuelles, les droits subjectifs, qui leur permettent
d’agir en société et d’être protégées. Certains de ces droits, les droits extrapatrimoniaux, sont
exclusivement attachés à la personne. Les autres, les droits patrimoniaux, notamment les droits sur les
biens, sont évaluables en argent et font partie intégrante du patrimoine et sont cessibles, c’est-à -dire qu’ils
peuvent être vendus ou donnés. Ainsi, le droit de propriété qui porte sur un véhicule peut être vendu. C’est
un droit patrimonial. Les droits extrapatrimoniaux ne sont pas évaluables en argent. Ils ne font pas partie
du patrimoine d’une personne mais se rattachent à la personne elle-même. Ils ne peuvent donc pas être
cédés. Par exemple, le droit de grève ne peut pas être vendu. Il se rattache à la personne et non à son
patrimoine. Parmi les droits extrapatrimoniaux, on peut citer : le droit au nom, le droit à l’honneur, et pour
les personnes physiques, le droit à l’image, le droit au respect de la vie privée…

2 À quel moment attribuer et éteindre la personnalité juridique ?

A. Les personnes physiques


Les personnes physiques acquièrent la personnalité juridique par la naissance et la perdent avec le décès
ou par la disparition après un délai en principe de 20 ans. Pour acquérir la personnalité juridique, l’enfant
doit naître vivant et viable. La Cour de cassation a induit le principe de l’infans conceptus selon lequel
l’enfant est réputé né chaque fois qu’il s’agit de son intérêt (bénéficier d’une succession, d’une donation).

B. Les personnes morales


Les personnes morales acquièrent la personnalité juridique par leur immatriculation pour les sociétés et
les GIE, par leur déclaration à la préfecture pour les associations, et par leur déclaration en mairie pour les
syndicats. Elles perdent la personnalité juridique de manière volontaire (décision des membres ou des
associés), judiciaire (décision du juge, liquidation par exemple) ou légale (l’arrivée du terme prévue par les
statuts).
3 Comment identifier les personnes juridiques ?

A. Les personnes physiques


La personne physique est identifiée par son nom, son prénom, sa date de naissance et son adresse et sa
nationalité. Ces éléments sont recensés sur les papiers d’identité délivrés par l’É tat (carte d’identité ou
passeport). La notion de genre n’est pas aujourd’hui considérée comme un élément d’identification des
personnes physiques.

B. Les personnes morales


La personne morale est identifiée par son nom (on parle de raison sociale pour une entreprise), mais aussi
par l’adresse du siège social, et enfin par le numéro du RCS ou du récépissé de déclaration de création à la
préfecture.

4 Le statut spécifique des animaux


Les animaux ne sont pas des personnes juridiques mais des biens meubles spécifiques : des êtres vivants
doués de sensibilité. Le Code pénal interdit leur maltraitance et prévoit des exceptions pour s’adapter aux
particularismes locaux.
Chapitre 7 La capacité et l’incapacité

1 Qu’est-ce que la capacité juridique ?


Les sujets de droit, personnes physiques et morales, disposent de la personnalité juridique. La
personnalité juridique se définit comme la capacité d’une personne à être titulaire de droits et capable de
les exercer. Le vocabulaire juridique distingue deux degrés de capacité juridique :
• la capacité de jouissance, c’est-à -dire l’aptitude de la personne juridique à avoir des droits et des
obligations,
• la capacité d’exercice, c’est-à -dire l’aptitude de cette personne à exercer seule, sans assistance, ni
représentation par un tiers, les divers droits dont elle est titulaire.
La pleine capacité juridique suppose le cumul de la capacité de jouissance et de la capacité d’exercice.

A. Les personnes physiques


Une personne physique dispose dès sa naissance d’une capacité de jouissance générale, et ce jusqu’à sa
mort. Par ailleurs, en principe, une personne majeure ou un mineur émancipé jouit d’une capacité
d’exercice générale. Un mineur émancipé est un mineur de plus de 16 ans juridiquement assimilé à un
majeur. Cela se fait en général par la décision d’un juge des tutelles, à la demande d’un parent ou du conseil
de famille.

B. Les personnes morales


De leur cô té, les personnes morales disposent d’une capacité de jouissance limitée à l’objet de leur activité
précisée dans leurs statuts. Ainsi, une société commerciale dont l’objet est la vente de bateaux ne peut pas
étendre son activité à la vente d’ordinateurs.

C. Les actes de disposition et d’administration


Le droit distingue les actes de disposition et d’administration. Un acte d’administration est un acte de
gestion courante. Il consiste à administrer le bien en le gardant dans son patrimoine (conclure un bail,
faire effectuer une réparation, payer des factures courantes…) Un acte de disposition est un acte qui a pour
conséquence de transmettre à autrui certains droits sur un bien, ce qui peut avoir pour effet de diminuer
la valeur du patrimoine (vente d’un bien immobilier, conclusion d’un prêt). Le législateur prévoit les cas
dans lesquels certaines personnes peuvent effectuer des actes d’administration mais pas des actes de
disposition, qui sont chargés de conséquences plus importantes. Ainsi, un tuteur ne peut vendre un bien
ou conclure un prêt : il devra obtenir l’accord du juge des tutelles. En revanche, il pourra payer les factures
d’électricité. Dans le cas d’une personne protégée Juridiquement, les actes de disposition sont distingués
des actes d’administration et des actes conservatoires. La distinction entre ces trois catégories est
particulièrement importante dans le cadre de la définition des pouvoirs du tuteur ou du curateur.
Constituent des actes d’administration les actes d’exploitation ou de mise en valeur du patrimoine de la
personne protégée dénués de risque anormal (travaux d’entretien ou de réparation dans un immeuble,
perception des revenus, paiement des dettes…) Constituent des actes de disposition les actes qui engagent
le patrimoine de la personne protégée, pour le présent ou l’avenir, par une modification importante de son
contenu, une dépréciation significative de sa valeur en capital ou une altération durable des prérogatives
de son titulaire (achat ou vente d’un immeuble, ouverture ou fermeture d’un compte bancaire…).

2 Qu’est-ce que l’incapacité juridique des personnes juridiques ?


Certaines conditions peuvent limiter la capacité juridique. On parle ainsi d’incapacité.
• L’incapacité de jouissance : une personne peut ne pas être titulaire d’un droit ; par exemple cer-
taines condamnations pénales prévoient la déchéance des droits civiques.
• L’incapacité d’exercice : une personne est titulaire d’un droit (elle peut en jouir) mais est dans l’in-
capacité de l’exercer.
→ Ainsi, le mineur est considéré par la société comme un être vulnérable, qu’il faut protéger. Il ne
peut exercer seul ses droits. Il ne peut pas conclure un contrat. Son incapacité d’exercice cesse à sa
majorité ou avec son émancipation.
→ Autre cas, le majeur placé sous tutelle, qui ne peut pas disposer librement de son patrimoine.
Les droits dont il jouit sont exercés par son(ses) représentant(s) légal/légaux.
→ Les personnes morales sont également toujours frappées d’incapacité d’exercice : elles sont
représentées par une personne physique pour exercer leurs droits. Le plus souvent, il s’agit du
dirigeant : gérant, président du directoire, directeur général… ou toute personne ayant reçu une
délégation de pouvoir de ce dernier.
La pleine capacité d’un droit suppose le cumul de la capacité de jouissance et de la capacité d’exercice.

3 Quels sont les mécanismes de protection des personnes juridiques ?

A. La représentation des personnes juridiques


La représentation est le mécanisme par lequel une personne, le représentant, conclut un acte juridique
pour le compte d’une autre, le représenté, en vertu d’un pouvoir que lui confère soit la loi (représentation
légale), soit une décision de justice (représentation judiciaire), soit un contrat (représentation
conventionnelle). Une personne physique incapable d’exercer ses droits peut se faire représenter. Il s’agit
bien sû r d’une situation exceptionnelle : le principe c’est que chacun s’engage pour lui-même Le
représentant est celui qui agit ou non, et pour le compte d’une personne, le représente. Pour ce faire, il
accomplit des actes juridiques.

B. Les mécanismes de protection des personnes physiques mineures


Le mineur est représenté en général par ses parents. En cas d’absence ou de défaillance de ceux-ci, la
représentation est effectuée par un tuteur. Les tiers avec lesquels le mineur est en contact doivent
respecter le fait que des personnes agissent au nom et pour le compte du mineur. Ainsi, même de bonne
foi, l’école, le médecin, le commerçant, la victime… doivent toujours, et ce pour n’importe quel acte,
s’adresser à l’administrateur légal du mineur. Le mineur non émancipé peut néanmoins réaliser des « actes
de la vie courante » dont l’ampleur varie selon son â ge : acheter un ticket de bus, un paquet de bonbon à
10 ans, une paire d’écouteurs sans fils à 15 ans… L’incapacité s’applique alors uniquement pour les actes
de disposition qui modifient de façon importante le contenu du patrimoine.

C. Les mécanismes de protection des personnes physiques majeures


Seules certaines personnes peuvent demander une mesure de sauvegarde :
− la personne à protéger elle-même ou de la personne qui partage sa vie (époux, partenaire de Pacs ou
concubin),
− l’un des membres de sa famille,
− le procureur de la République,
− un proche,
− une personne déjà habilitée à assurer sa protection juridique (tuteur ou curateur).
La demande de mise sous tutelle est adressée au juge des tutelles du tribunal judiciaire dont dépend la
commune dans laquelle la personne à protéger a établi sa résidence principale. Celui-ci décidera de la
pertinence de la mesure et qui désignera le représentant. Le législateur a prévu trois régimes de
protection afin d’adapter la protection de la personne majeure incapable à ses besoins. Ces besoins sont
évalués en fonction de la gravité de l’altération des facultés physiques ou mentales causée par l’â ge, une
maladie ou une infirmité.
La mesure la plus légère est la sauvegarde de justice : le majeur protégé peut accomplir seul les actes de
disposition et d’administration, mais des actes passés peuvent être annulés, et un mandataire spécial peut
être nommé pour certains actes importants comme la vente d’un bien immobilier.
La curatelle représente le niveau intermédiaire : un curateur est nommé et assiste le majeur protégé pour
les actes de disposition. Le majeur incapable conserve le droit d’accomplir seul les actes d’administration.
La mise sous tutelle entraîne une incapacité d’exercice générale pour le majeur. Un tuteur est nommé
pour représenter le majeur incapable dans tous les actes de la vie civile (actes de disposition et
d’administration).
Chapitre 8
Le patrimoine

1 Qu’est-ce qu’un patrimoine ?


Le patrimoine est constitué de l’ensemble des droits (l’actif) et des dettes (le passif) évaluables en argent.
On dit qu’ils ont une valeur pécuniaire. Par exemple, une voiture, une maison, des meubles, de l’argent sur
un livret A sont des éléments qui font partie de l’actif d’une personne. Les dettes (crédit immobilier, crédit
à la consommation, facture en attente d’être payées…) font partie du passif.
Le patrimoine naît dès l’apparition de la personne juridique. Chaque personne juridique dispose d’un et
d’un seul patrimoine. On parle d’unicité du patrimoine. Ainsi, lorsqu’une personne hérite d’une autre
personne, elle n’hérite pas de son patrimoine mais de l’actif et du passif qui viennent s’ajouter aux
éléments qui constituaient son propre passif et son propre actif. On distingue classiquement les droits
personnels des droits réels, bien que certains auteurs critiquent parfois cette distinction.

A. Les droits réels


Il s’agit d’un pouvoir juridique exercé par une personne sur une chose. Le droit réel se distingue du droit
personnel en ce qu’il n’admet pas d’intermédiaire entre la chose et la personne ; le pouvoir sur la chose est
donc direct et immédiat. Il n’y a qu’un titulaire du droit, pas de sujet passif, car le droit réel ne crée aucune
obligation à la charge de personne. Le droit réel dispose de deux attributs :
− le droit de suite : le titulaire peut exercer son droit sur le bien quel que soit son usage ;
− le droit de préférence : le titulaire peut exclure de la chose tous ceux qui n’ont qu’un droit de créance
ou qu’un droit réel postérieur. Par exemple, un immeuble peut faire l’objet de plusieurs hypothèques, qui
sont inscrites dans un certain ordre à la Conservation des hypothèques à la publicité foncière ; et celui qui
se retrouve en tête de liste bénéficie d’un droit de préférence, il sera payé en premier.
Les droits réels se divisent en deux catégories :
− droits réels principaux : le pouvoir est exercé sur la chose elle-même (droit immédiat sur la chose).
Cette propriété permet d’obtenir certains avantages. Ainsi de l’usufruit, qui permet de bénéficier des
attributs de la propriété.
− droits réels accessoires : il s’agit des droits exercés sur la valeur de la chose. C’est seulement
l’accessoire d’un droit de créance qui renforce l’efficacité des droits réels ; ainsi, des gages, constitués en
garantie d’une créance, ou des hypothèques, qui sont accessoires à une créance.
Le droit réel accessoire offre donc un droit sur la chose, mais celui-ci n’est utile que pour la valeur que la
chose représente. Le droit réel offre un certain nombre de possibilités qui n’existent pas en matière de
droit personnel.
En effet, les droits réels sont opposables à tous ; ainsi, celui qui en bénéficie ne peut être confronté à une
éventuelle insolvabilité du débiteur. Aussi, il s’agit d’un pouvoir direct sur la chose, qui ne dépend de
personne. Enfin, le droit réel permet d’avoir un droit de suite ; en effet, même si le bien a circulé entre les
mains de tiers, le propriétaire en dispose toujours.

B. Le droit personnel
É galement nommé droit de créance, c’est un pouvoir juridique octroyé à une personne d’exiger d’une autre
qu’elle fasse ou donne ou non quelque chose. Il s’agit donc d’obligation de faire ou de ne pas faire entre
deux personnes, l’un étant le créancier, l’autre le débiteur. L’obligation permet donc d’exiger la prestation
d’une autre personne. Il existe ainsi un rapport d’obligation entre deux personnes (entre un débiteur et un
créancier). Il peut s’agir d’obligation de faire ou d’obligation de ne pas faire. Les droits personnels ne sont
pas opposables à tous, contrairement aux droits réels. Ainsi, le bénéficiaire du droit peut être confronté à
l’insolvabilité de l’autre.
2 Quels sont les principes du patrimoine et les caractères des droits patrimoniaux ?
L’ensemble des droits et obligations forment une universalité de droit, une unité juridique (art. 2284 du
Code civil) qui comprend des biens présents mais aussi futurs. Le patrimoine est donc unique (une
personne détient un et un seul patrimoine), intransmissible (il n’est pas possible de transmettre son
patrimoine) et indivisible (les droits et les biens répondent des dettes). Les droits composant le
patrimoine présentent plusieurs caractères.
• Ils sont transmissibles : en cas de décès par exemple.
• Ils sont prescriptibles : ils peuvent être perdus par le non-usage (par exemple le droit de propriété
avec la prescription trentenaire).
• Ils sont saisissables : ils peuvent faire l’objet d’une saisie en vue du remboursement d’une dette.
• Ils sont cessibles : il est possible de les donner, les louer et les vendre.
Chapitre 9
Les droits extrapatrimoniaux

1 Comment identifier les droits extrapatrimoniaux ?


L’acquisition de la personnalité juridique entraîne l’octroi de droits subjectifs. Parmi ces droits, certains
sont exclusivement attachés à la personne. Ce sont les droits extrapatrimoniaux.

A. Les droits des personnes


Les droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux sont des droits subjectifs. Ceux-ci sont des prérogatives
individuelles dont bénéficie et dont peut se prévaloir un sujet de droit, qu’il soit personne physique ou
personne morale. Le droit objectif confère aux sujets de droit des droits subjectifs. Ex. le droit du travail,
droit objectif, confère aux salariés qui remplissent les conditions le droit subjectif de bénéficier de cinq
semaines de congés payés.

B. Des droits à distinguer des droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux figurent au patrimoine de la personne juridique ; ils ont une valeur pécuniaire et
sont inscrits à l’actif du patrimoine. Ex. le droit de propriété, le droit de créance, les droits d’auteur… Les
droits extrapatrimoniaux ne figurent pas au patrimoine de la personne juridique ; ils n’ont pas de valeur
pécuniaire. Ex. le droit de vote, le droit de se marier, le droit à l’honneur…

C. Les caractères des droits extrapatrimoniaux


Ces droits subjectifs présentent trois caractères. Ils sont :
• inaliénables : ils ne peuvent être cédés, ni à titre gratuit, ni à titre onéreux ;
• insaisissables : ils ne peuvent faire l’objet d’une saisie, ils n’ont pas de valeur pécuniaire ;
• imprescriptibles : ils sont non limités dans le temps, ils ne s’éteignent pas par le non-usage.

D. La diversité des droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux sont très divers. En effet, on trouve deux types de droits :
• Les droits attachés à l’individu, à la personne physique, parmi lesquels figurent les droits de la
personnalité (intégrité physique, intégrité morale, respect de la vie privée…).
• Les droits attachés au citoyen parmi lesquels figurent les droits individuels (par exemple, la liber-
té d’opinion, le droit de vote, la liberté de pensée, religieuse…) et les droits collectifs (comme la li-
berté syndicale, le droit de grève…).

2 Qu’est-ce que le droit au respect de la vie privée ?


Ce droit est consacré par la Déclaration universelle des droits l’homme des Nations unies (art. 12) et par
l’article 9 du Code civil. Tout élément concernant la vie privée d’une personne (et pas seulement son
intimité) ne peut être divulgué sans son accord. Le respect de la vie privée comporte plusieurs aspects : la
protection du domicile, le secret professionnel et médical, la protection de l’image, la protection de
l’intimité, etc.

3 Comment protéger son droit à l’image ?


Chaque individu a un droit exclusif sur son image et l’utilisation qui en est faite. Ainsi, toute personne,
célèbre ou anonyme, est protégée par le droit à l’image. Les images peuvent être des photos ou vidéos sur
lesquelles les individus apparaissaient et sont reconnaissables, quel que soit le contexte : vacances,
événement familial, manifestation culturelle ou religieuse, etc. Certaines images ne nécessitent pas
d’autorisation des personnes concernées, sous réserve de ne pas porter atteinte à la dignité de la personne
représentée. Il en va ainsi des images d’événements d’actualité qui peuvent être publiées sans
l’autorisation des participants au nom du droit à l’information ou de création artistique.
Le droit à l’image est un droit protégé. Ainsi, le juge peut décider, par exemple, de prendre toutes mesures
propres à faire cesser l’atteinte au droit à l’image (interdire la publication d’une photo dans un magazine,
article 9 du Code civil). La personne titulaire du droit à l’image dispose d’un droit d’opposition si elle
conteste, par exemple, la diffusion de son image sur un site web (article 38 de la loi informatique et
Libertés du 6 janvier 1978).
Des sanctions pénales (emprisonnement et amendes) peuvent être prononcées en cas d’atteinte à la vie
privée par la captation ou la fixation d’une image sans le consentement d’une personne se trouvant dans
un lieu privé (article 226-1 du Code pénal).
Enfin, des sanctions civiles peuvent être prononcées si la violation du droit à l’image cause un préjudice à
la victime sur le fondement de l’article 1240 du Code civil.

4 Comment assurer la protection des données à caractère personnel (DCP) ?

A. L’identité numérique et les DCP


Les données personnelles sont devenues un enjeu majeur, pour un bon nombre d’acteurs économiques. Ce
sont des données à caractère personnel, c’est-à -dire des informations relatives à un particulier identifié ou
identifiable, directement ou indirectement, grâ ce à un identifiant ou à un ou plusieurs éléments propres à
son identité. Ces DCP sont composées de données formelles (telles les coordonnées, les commandes
passées sur un site d’e-commerce, les publications sur les réseaux sociaux) et informelles (comme les
traces involontaires que les internautes laissent sur la toile comme les cookies) qui constituent l’identité
numérique. Ces données font l’objet d’opérations de traitement à des fins d’exploitation, notamment
commerciales. Le droit national et européen a mis en place un cadre juridique protecteur.

B. Le cadre juridique de la protection


Le traitement des DCP est défini comme toute opération de collecte, enregistrement, modification,
diffusion, effacement, mise à disposition… sur ces mêmes données. La réglementation et le contrô le en
matière de DCP sont effectués par la Commission nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) qui est
une autorité administrative indépendante. Le traitement des DCP est réglementé au niveau européen et au
niveau national. Le cadre juridique européen repose principalement sur le Règlement Général de la
Protection des Données (RGPD), entré en vigueur le 25 mai 2018. Il définit les règles concernant le
traitement et la libre circulation des DCP des personnes physiques résidant au sein de l’Union européenne.
Il a pour objectif d’harmoniser la régulation de la protection des données au niveau européen. Le cadre
juridique national repose principalement sur la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers
et aux libertés qui a intégré, par une loi du 20 juin 2018, les dispositions du RGPD. Des droits fondés sur un
certain nombre de principes (sécurisation des DCP, droit de regard accordé aux personnes physiques…)
sont accordés aux utilisateurs (droit à l’accès, à la limitation des DCP…). Des sanctions pécuniaires sont
prévues à l’encontre des organisations qui ne respecteraient pas les règles (par exemple manquement au
RGPD…).
Chapitre 10
Le droit de propriété

Parmi les droits sur les biens, le droit de propriété est caractéristique du pouvoir juridique le plus complet
qu’une personne puisse exercer directement sur une chose. Consacré par la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789, il consiste à pouvoir jouir des choses dont on est propriétaire de la
manière la plus absolue. Le droit de propriété possède des attributs et des caractères propres. Il connaît
également des limites, notamment dans le contexte des rapports de voisinage. Le droit de propriété peut
porter sur des biens corporels et incorporels. La marque commerciale, qui fait partie des droits de
propriété industrielle, est l’un de ces biens incorporels.

1 Le droit de propriété : les attributs, les caractères et les limites

A. Les attributs du droit de propriété


Le droit de propriété est le pouvoir juridique le plus complet qu’une personne puisse exercer sur une
chose. L’article 544 du Code civil protège la propriété. C’est de ce texte que le propriétaire tire l’ensemble
des attributs du droit de propriété. Le propriétaire d’une chose détient trois attributs : l’usus, le fructus et
l’abusus.
• L’usus permet au propriétaire de la chose de l’utiliser. Ex. le propriétaire d’une assiette peut l’utili-
ser pour manger ou pour l’accrocher au mur…
• Le fructus permet au propriétaire de la chose d’en recueillir les fruits et les produits. Ex. le pro-
priétaire d’un arbre peut cueillir ses fruits, le propriétaire d’un logement peut louer le logement et
en retirer un loyer… Deux types de fruits sont à distinguer : les fruits naturels (pommes, fleurs…)
et les fruits civils (loyers).
• L’abusus permet au propriétaire de disposer de la chose comme bon lui semble. Il peut la modi-
fier, la vendre, la donner, la détruire. Ex. le propriétaire de l’assiette peut la vendre, la casser…

B. Les caractères du droit de propriété


Le droit de propriété présente trois caractères. Le caractère exclusif du droit de propriété signifie que le
propriétaire peut s’opposer à toute atteinte portée à son droit de propriété. Ainsi, en cas d’empiétement
d’une branche d’arbre sur la propriété voisine, le voisin propriétaire peut exiger la taille de la branche.
• Le caractère absolu renvoie à l’abusus du propriétaire. C’est parce que le droit présente un carac-
tère absolu que le propriétaire peut en disposer, c’est-à -dire vendre, donner, détruire la chose.
• Le caractère perpétuel du droit de propriété signifie que le droit de propriété ne s’éteint qu’avec
le bien lui-même. Ex. ce n’est pas parce qu’une personne n’utilise plus sa voiture pendant plu-
sieurs dizaines d’années qu’elle n’en est plus la propriétaire. Elle le restera jusqu’à la disparition
de la voiture.

C. Le trouble anormal du voisinage : limite du droit de propriété


Le droit de propriété implique le droit d’user de la chose, d’en retirer les fruits et d’en disposer. Cependant,
l’utilisation d’une chose par son propriétaire peut, dans le cadre de la vie en société, causer des
désagréments à autrui. C’est encore plus vrai dans les rapports de voisinage, du fait de leur fréquence. La
vie mitoyenne implique que certains de ces désagréments soient tolérés : il s’agit de trouble normal du
voisinage. Ainsi, il est normal de faire démarrer sa voiture le matin, même très tô t, pour aller travailler. Ce
trouble doit être supporté par le voisinage. En revanche, certains de ces troubles sont considérés comme
anormaux : le propriétaire d’une chose ne doit pas, en utilisant sa chose, troubler anormalement le
voisinage. C’est la Cour de cassation qui a dégagé cette limite du droit de propriété. L’appréciation du
caractère anormal relève du juge. C’est à lui de déterminer ce qui relève de la normalité, et de l’anormalité.
Le caractère répétitif d’un trouble peut le rendre anormal. Ainsi, l’aboiement ponctuel d’un chien dans le
jardin est un trouble que devra supporter le voisinage. Il n’en va pas de même de l’aboiement continu et
répété.

2 Le droit de la propriété intellectuelle


La propriété intellectuelle protège les intérêts des créateurs en leur conférant des droits sur leurs œuvres.
Elle est constituée de deux composantes principales : le droit d’auteur et la propriété industrielle.
La propriété industrielle a pour objet la protection et la valorisation des inventions, des innovations et
des créations industrielles ou commerciales. Elle comprend notamment les brevets, les marques, les
dessins et modèles industriels, ainsi que les indications géographiques1.

A. La marque commerciale
La marque est un signe susceptible de représentation graphique servant à identifier les produits ou
services d’une personne physique ou morale. Sa fonction est de distinguer des produits ou des services,
c’est-à -dire permettre de les différencier de leurs concurrents, en garantissant leur origine. Cet aspect est
fondamental dans le monde concurrentiel qui est celui des entreprises. La marque commerciale est un
bien incorporel et fait partie, avec les brevets, les dessins et modèles, des droits de propriété industrielle :
elle confère à son titulaire un droit de propriété. Pour pouvoir être protégée, la marque doit faire l’objet
d’un enregistrement auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). La durée de la
protection est de dix ans, renouvelable indéfiniment. L’entreprise peut également décider de protéger sa
marque au niveau européen ou au niveau international (auprès de l’OMPI). Cet enregistrement a pour
objectif de protéger l’entreprise contre une concurrence déloyale : la copie de la marque pour capter
indû ment une partie de la clientèle, qui constitue la contrefaçon.

B. Le droit d’auteur
L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit d’un droit de propriété exclusif dès sa création, sans nécessité
d’accomplissement de formalités (dépô t ou enregistrement), pour une durée correspondant à l’année
civile du décès de l’auteur et des soixante-dix années qui suivent, au bénéfice de ses ayants droit. Au-delà
de cette période, les œuvres entrent dans le domaine public.2 Lorsqu’une personne désire reproduire ou
représenter l’œuvre, elle doit solliciter une autorisation, à titre gratuit ou payant, sans quoi elle se rend
coupable du délit de contrefaçon, Le droit d’auteur se décompose en droits patrimoniaux et
extrapatrimoniaux
• Les droits patrimoniaux, qui peuvent être cédés : droit de reproduction (exposition, spectacles…)
et de représentation (CD, DVD…) ; ils s’éteignent 70 ans après le décès de l’auteur.
• Les droits moraux (qui ne peuvent pas être cédés) : le droit de paternité (aussi appelé au nom de
l’auteur), le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre ; le droit de divulgation (droit de refuser de
divulguer une œuvre même exécutée sur commande), le droit de repentir (droit de reprendre une
œuvre vendue, sous réserve d’indemniser l’acquéreur).

C. L’action en contrefaçon
La contrefaçon consiste à imiter, reproduire, utiliser ou apposer une marque identique ou similaire à une
autre. En droit français, ce comportement constitue un délit, car il porte atteinte au droit de propriété
intellectuelle. Cette infraction est réprimée par le Code de la propriété intellectuelle en vue de protéger le
titulaire d’une marque enregistrée contre la contrefaçon.
Outre les marques, la contrefaçon peut également porter sur des inventions (brevets), des dessins et
modèles ainsi que des œuvres artistiques.
En ce qui concerne la contrefaçon, le droit a institué une procédure distincte de l’action en concurrence
déloyale. C’est au propriétaire de la marque ou du droit d’auteur de surveiller les éventuelles contrefaçons
et de saisir le juge, dans le but de faire cesser ce comportement et d’obtenir une réparation financière du
préjudice subi. Le tribunal peut prononcer l’interdiction de poursuivre les activités contrefaisantes, parfois

1 1. entreprises.gouv.fr/fr/qu-est-que-la-propriete-industrielle
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sous astreinte, le paiement de dommages et intérêts pour le préjudice subi, la confiscation et/ ou
destruction des contrefaçons et la publication du jugement dans des journaux.
L’action en contrefaçon doit être exercée dans un délai de trois ans à compter des faits. Notons qu’au-delà
du respect des droits du titulaire de la marque, la contrefaçon représente également une menace pour les
consommateurs susceptibles d’acquérir un produit de mauvaise qualité, potentiellement dangereux. La
contrefaçon expose donc à des sanctions pénales : le tribunal correctionnel pourra en outre prononcer des
sanctions pénales (amende et/ou emprisonnement) et, le cas échéant, la fermeture totale ou partielle de
l’établissement ayant servi à commettre la contrefaçon.

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