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Chapitre 1 : Rappel sur les Sources de Droit

Support de Cours Chapitre 1

La profession bancaire et financière se trouve au centre de l’activité économique et en


constitue l’une de ses principales composantes. Les techniques bancaires et financières sont
certes régies par un certain nombre de lois, de règlements, d’usages et coutumes qui trouvent
leurs sources dans les disciplines juridiques.

Traditionnellement, le droit bancaire et financier fait partie du droit commercial et par


conséquent du droit privé. Ainsi, les opérations bancaires et financières, sont considérées
comme des actes de commerce par nature. Les actes énumérés par l’article 6 du code de
commerce (Loi n° 15-95), en l’occurrence la banque, le crédit et les transactions financières,
sont des actes de commerce par nature et aussi le titre 7 du livre 4 consacré en entier aux
contrats bancaires.

Nous allons essayer de revenir, dans ce chapitre préliminaire sur la définition du droit en
tant que discipline et ses différentes composantes (Section I), d’aborder les différentes
classifications du droit selon son objet (Section II) pour découvrir enfin les sources
modernes du droit au Maroc (Section III).

Section 1 : Définition du Droit

Le droit est un ensemble de règles de conduite dans une société, organisant les rapports entre
les hommes composant cette société. Ces règles s’appliquent au fonctionnement des
institutions d’un Etat et fixent les rapports entre les citoyens qui le composent. Le droit
désigne également l’ensemble des prérogatives et attributions reconnues aux personnes.

Il s’agit d’une reconnaissance du droit et par voie de conséquence de son application. Ce qui
entraîne l’obligation de respecter le droit des autres (comme la liberté qui s’arrête quand elle
atteint celle d’autrui).

En exerçant ses droits en tant que citoyen, l’homme Maître de ses actes en devient
responsable ainsi que de ses enfants de ses animaux ou des choses dont il a la garde
(déclaration des droits de l’homme).

Il s’agit de l’exercice sous la responsabilité de chaque citoyen des droits fondamentaux :

La liberté
La sécurité
La propriété
Le travail
Le logement
La santé

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Pour qu’elle devienne obligatoire, la loi doit être portée à la connaissance des citoyens :
les actes individuels sont notifiés aux personnes concernées, les actes réglementaires doivent
être publiés.

Le droit est donc un ensemble de règles dont le contenu a une portée générale, élaboré par le
législateur pour régir les rapports entre les hommes d’une société donnée.
De cette définition générique découle 3 caractéristiques essentielles :

 Le Droit est une Composante Sociale.


 Le Droit Suppose une Société Organisée.
 Le Droit Constitue un Ensemble de Règles Imposées par l’Autorité Publique.

1- Le Droit est une Composante Sociale :


Le droit règlemente les rapports sociaux entre les particuliers dans le cadre de la famille ou de
leurs transactions ainsi qu'entre la collectivité publique et les particuliers. Il se présente
comme des règles de conduite ; il interdit, impose ou permet tel ou tel comportement.

2- Le Droit Suppose une Société Organisée :


Du Fait qu’il tend à organiser les rapports sociaux, le droit apparaît comme un
commandement qui peut, selon les cas prendre la forme d’un ordre positif ou consister en une
simple défense. Il n’a d'utilité ou de raison d’être que dans une société quelle que soit sa
dimension : famille, groupe, entité, etc. il intervient pour normaliser et façonner la vie de cette
société.

3- Le Droit Constitue un Ensemble de Règles Imposées par l’Autorité Publique :


L’application des règles de droits nécessite l’existence d’une instance qui veille sur le respect
de son application (Exp. l’Etat). Ainsi lorsque l’article 19 du code marocain de la famille fixe
l’âge de majorité légale à 18 ans accomplis, cette règle s’applique à tous les marocains et
marocaines se plaçant dans la situation visée par la règle.

Le droit marocain, à l’instar des autres pays, est composé d'un nombre considérable de
dispositions classés par matière ou par caractère tels que le droit constitutionnel (le cadre
politique) le droit administratif, le droit civil (droit des obligations et contrats) ou le droit
commercial.

Section 2 : Classification du Droit d'après l’Objet

Vu sous cet angle, on peut procéder valablement à la classification en droit public et droit
privé. La distinction classique droit public/droit privé revêt un caractère purement
pédagogique. L’opposition n’est donc pas absolue en raison des interférences et
interdépendances qui existent entre ces deux branches du droit.

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1- Le Droit Public

Il est déterminé par l’ensemble des règles qui s’intéressent à l’organisation et au fonctionnent
de l’Etat et ses rapports avec les administrés. Il est composé de plusieurs disciplines
notamment, le droit constitutionnel, le droit administratif et le droit des finances publics :

- Le Droit Constitutionnel : il regroupe l’ensemble des règles régissant l’organisation de


l’Etat (répartitions des pouvoirs législatifs, exécutif et judiciaires) et la compétence des
différents organes qui détiennent le pouvoir (chef de l’Etat, Gouvernement, Parlement).

- Le Droit Administratif : il englobe l’ensemble des règles relatives d’une part à


l’organisation et au fonctionnement des administrations publiques (Exp : ministères et
leur services extérieurs, établissement publics) et d’autre part de ces administrations
avec les citoyens. Il s’intéresse également aux divisions administratives (préfectures,
régions, communes). Il détermine aussi les statuts des fonctionnaires et réglemente les
actes d’administration ainsi que les contrats conclus par elles et organise les juridictions
administrations (tribunal administratif).

- Le Droit des Finances Publiques : il concerne toutes les règles relatives à l’élaboration
de la loi des finances (budget) et à la détermination de l’assiette fiscale ainsi que les
procédures de recouvrement des recettes de l’état (impôt directs ou indirects).

2- Le Droit Privé

C’est l’ensemble des règles régissant les rapports entre les personnes privées : physiques
(individus) ou morales (sociétés civiles, commerciales, syndicats).
Il est composé de plusieurs branches dont notamment le droit civil, le droit social et le
droit des affaires :

- Le Droit Civil : c’est la loi de référence de toutes les autres disciplines il régit les
rapports entre les personnes privées et tourne autour des axes suivants :
 Le régime des biens (meubles et immeubles)
 Les personnes (nom patronymique, capacité…)
 Le régime des obligations contractuelles ou délictuelles
 Le régime des contrats conclus entre les personnes.

- Le Droit Social : s’intéresse aux relations individuelles ou collectives au sein d’une


entreprise donnée. Il regroupe le droit du travail, le droit de la Sécurité sociale et de la
mutualité et le droit de l'action sociale de l'État.

- Le Droit des Affaires : s’occupe principalement de l’activité commerciale et regroupe


le droit commercial et le droit de la propriété industrielle :

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 Le droit commercial s’intéresse essentiellement à la profession commerciale (actes de
commerce, qualité de commerçant, société commercial, effets de commerce). Il
règlemente les opérations juridiques effectuées par les commerçants, personnes
physiques ou morales.
 Le droit de la propriété industrielle : il comprend 3 principales matières : les droits
portant sur les créations industrielles (brevets d’invention, dessins et modèles), sur les
signes distinctifs (marques, noms commerciaux, enseignes etc.…) et sur la
concurrence.

Section 3 : Les Sources Modernes du Droit au Maroc

Depuis 1956 date de l’indépendance du Maroc, la fonction législative est exercée


souverainement par le Roi. Elle s’exprime par les dahirs qui comportent son sceau et sont
comme tels, applicables sur tout le territoire de l’Etat marocaine.

En principe la création des règles de droit relève du parlement qui vote la loi, mais
quelques règles sont issues de la coutume et d’autres sont élaborées par la jurisprudence.

1- La Loi

Selon l’article 4 de la constitution révisée « la loi est l’expression suprême de la volonté


de la nation. Tous sont tenus de s’y soumettre. La loi ne peut avoir d’effet rétroactif ».
Elle ne peut fléchir que devrant la constitution et les traités internationaux paraphés par le
Maroc, auxquels elle ne peut déroger.

Lorsqu’il y a séparation des pouvoir, il appartient au parlement de faire la loi (la


souveraineté nationale est exercée par les représentants du peuple élus au parlement-
article 36 de la constitution révisée). La classification de la loi nous permet de distinguer
entre la loi ordinaire, la loi organique, la loi cadre, la loi d’habilitation et le code.

- La Loi Ordinaire : c’est une règle de droit votée par la chambre des conseillers et la
chambre des représentants qui forment le parlement. L’initiative des lois appartient
concurremment au premier ministre (projet de loi) et aux membres du parlement
(proposition de loi). Une fois votée par le parlement la loi est Promulguée. La
promulgation est l’ordre donné par le Roi d’exécuter la loi. Et elle ne devient exécutoire
que si elle fait l’objet d’une publicité au bulletin officiel. La Loi demeure applicable
jusqu’au jour de son abrogation (l’abrogation est la décision par laquelle le législateur
met fin à l’existence d’une loi antérieure ou la remplace par une loi nouvelle).

- La Loi Organique : a pour objet de fixer les modalités d’organisation et de


fonctionnent des pouvoirs publics. Elle est soumise avant promulgation au conseil
constitutionnel. Les lois organiques sont votées et modifiées dans les mêmes conditions
que les lois ordinaires.

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- La Loi Cadre : elle concerne les objectifs fondamentaux de l’action économique
sociale et culturelle de l’Etat.

- La Loi d’Habilitation : elle autorise le gouvernement, pendant un délai limité et en vue


d’un objectif déterminé, à prendre par décret des mesures qui sont normalement du
domaine de la loi.

- Le Code : c’est un ensemble législatif qui rassemble, suivant un plan et une


numérotation continue d’articles, toutes les dispositions relatives à une même matière.
Le Maroc est doté de quelques codes dont on retiendra :
 le code des obligations et contrats
 le code de commerce
 le code de la famille
 le code de travail

2- Les Règlements :

Ce sont des textes édictant des règles de droit qui émanent du pouvoir exécutif et des
autorités administratives.
L’article 47 de la constitution dispose : « les matières autre que celles qui sont du
domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaire ». L’exercice du pouvoir
réglementaire incombe au 1er ministre sauf dans les matières expressément dévolues à la
compétence exclusive du Roi.

- Les Dahirs : ce sont des actes réglementaires émanant du Roi par lesquels il exerce les
pouvoirs qui lui sont réservés.

- Les Décrets : il s’agit d’actes réglementaires émanant du premier ministre,


contresignés par les ministres chargés de leur exécution (article 63 de la constitution
révisée).

- Les Arrêtés : ils sont subordonnés aux décrets et hiérarchisés en fonction du rang de
l’autorité qui les édicte :
 Arrêtés ministériels : c’est l’œuvre d’un ou plusieurs ministres.
 Arrêtés des autorités centrales ou élues : ils sont pris par les gouverneurs, les
présidents des conseils régionaux ou communaux, les pachas, etc.

3- Les Traités Internationaux :

Conclus entre Etats souverains, les traités internationaux déterminent les règles
applicables, soit dans les rapports des états entre eux (exp. traité de coopération militaire)

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soit aux relations entre personnes privés (exp. régime du transport international aérien ou
maritime).

4- Les Autres Sources de Droit

- La Doctrine : c’est l’ensemble des opinions émises par les juristes (professeurs de droit,
avocats) dans leurs travaux.

- La Jurisprudence : au sens large, c’est l’ensemble des décisions des tribunaux qui sont
appelés à statuer sur des litiges soulevés par l’application de la loi.
Au sens restreint, c’est l’ensemble des décisions rendues par telle juridiction sur telle
question d’ordre juridique. Elle interprète la loi, elle complète une loi n’ayant pu tout
prévoir et elle s’adapte aux besoins et tendances nouvelles.

Conclusion :

Le droit bancaire et financier trouve ces fondements dans les différentes sources de droit à
savoir, la loi, les règlements, les traités internationaux ainsi que la doctrine et la
jurisprudence.

Le droit bancaire et financier se définit donc par son objet ; c’est, en fait, l’ensemble des
règles concernant les opérations de banque et ceux qui les accomplissent à titre
professionnel. C’est un droit professionnel qui tire son unité du fait qu’il concerne un
certain milieu social centré autour d’une technique ou d’une activité commerciale.

La législation française, à titre d’exemple, considère le droit bancaire et financier comme


une subdivision du droit des affaires appartenant à la branche du droit privé.

Pr A. Amrani Taki
F S J E S Fès 2022/2023

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