Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
AVANT-PROPOS
AVANT-PROPOS
L’étude du Droit est indispensable à tout individu. Elle couvre d’ailleurs plusieurs domaines :
le travail, le commerce etc.
L’actuel fascicule se limitera à un exposé sur la règle de droit, l’organisation judiciaire, la
personnalité juridique, la capacité juridique et ses altérations, les éléments d’identification
de la personne, le patrimoine, les obligations et les contrats et la responsabilité. Il s’agit là
de quelques aspects du droit civil.
Le droit du travail et le droit commercial feront l’objet d’autres ouvrages.
Les notions de Droit et de règle de droit doivent être précisées avant d’exposer les sources du
Droit.
A/ LA DEFINITION DU DROIT
- Au sens objectif : le Droit est l’ensemble des règles visant à organiser la vie en
société et sanctionnées par la puissance publique. Autrement dit, c’est l’ensemble des règles
de conduite destinées à régir les rapports entre les hommes dans une société donnée et dont
l’inobservation est sanctionnée au besoin par les appareils répressifs de l’Etat.
NB : Cette définition met en évidence la finalité, l’objectif du droit indépendamment
des personnes auxquelles il s’applique. Exemples :
• Il est interdit de voler
• Tout citoyen qui postule à la présidence de la république doit remplir
les conditions exigées par la constitution.
- Au sens subjectif : le droit est une prérogative reconnue à un individu ou à un groupe
d’individus et dont celui-ci peut se prévaloir dans ses relations avec les autres. Autrement dit,
c’est un pouvoir appartenant à une personne déterminée en application d’une règle de droit
La règle de droit ou règle juridique est une règle de conduite dans les rapports sociaux,
générale, abstraite et obligatoire, dont la sanction est assurée par la puissance publique.
NB : La règle de droit n’est pas la seule règle qui régit la société. Elle coexiste avec les règles
morales, les règles religieuses et les règles de bienséance.
Le Droit est subdivisé en deux grandes branches : le droit privé et le droit public ; à cette
division fondamentale, nous pouvons ajouter le droit à caractère mixte.
1) Le Droit Privé
Le droit privé regroupe les règles de droit qui s’appliquent aux relations des particuliers entre
eux sous réserve bien entendu du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs. Il comprend :
- Le Droit International Privé relatif aux droits dont jouissent les individus dans leurs
rapports internationaux
- Le Droit Civil, nommé aussi Droit commun, car il s’impose en absence de dispositions
particulières dans d’autres droits dits d’exception (Droit Commercial, Droit du Travail). Ce
droit régit les droits et obligations de chaque individu tant à l’égard de lui-même qu’à l’égard
des autres. Nous trouvons dans ce droit tout ce qui touche à la famille, aux biens, aux
obligations, aux sûretés, aux régimes matrimoniaux.
2) Le Droit Public
Le droit public renferme les règles de droit qui régissent l’organisation, le fonctionnement des
pouvoirs publics et leurs rapports avec les particuliers. Ils mettent en jeu des prérogatives de
puissance publique. Plusieurs matières composent le droit public :
• Le Droit International Public dont la finalité est de réglementer les
rapports des Etats entre eux.
recouvrement.
3) Le Droit à caractère mixte
Le droit à caractère mixte est à la fois public et privé. Il s’agit essentiellement de la Procédure
civile et du Droit Pénal.
- Procédure civile détermine les règles à suivre pour saisir les juridictions et exercer les
voies de recours contre les décisions judiciaires rendues.
- Droit Pénal a pour objet de définir les infractions et édicter les sanctions qui leur sont
applicables.
Quelle que soit la branche du droit envisagée, les règles du droit s’alimente à différentes
sources.
Le droit s’abreuve à diverses sources. Certaines sources formalisées sont dites directes,
d’autres non formalisées sont dites indirectes.
Les sources directes ou formelles sont écrites, codifiées. Dans l’Etat, elles sont catégorisées
suivant une hiérarchie qui met au sommet la constitution. C’est au regard de la constitution
que sont conclus les traités et les accords internationaux, votées les lois et pris les règlements.
1) La Constitution
Au sens matériel, la Constitution est l’ensemble des règles écrites ou formelles qui
déterminent la forme de l’Etat (unitaire ou fédéral), l’organisation de ses institutions, la
dévolution et les conditions d’exercice du pouvoir y compris le respect des droits
fondamentaux.
- Au sens formel, la Constitution est un acte juridique suprême de l’Etat consignant les
règles constitutionnelles au sens matériel.
-
2) Les Traités
Les traités sont des actes juridiques conclus par des Etats entre eux ou avec des Organisations
Internationales (Côte-d’Ivoire UNICEF) ou entre des Organisations Internationales
(OTANOPEP) qui font naître des obligations réciproques entre les parties. Leur domaine est
varié : paix, commerce, finances, travail.
Les traités et accords sont conclus en conformité avec la constitution. C’est d’ailleurs
pour cela que la constitution prévoit une procédure de ratification.
3) La loi
Qu’est-ce que la loi ? Comment la loi est-elle élaborée ?
❖ Définition de la loi
La loi est une règle de droit écrite, générale et permanente, adoptée par le Parlement
dans son domaine de compétence. On distingue la loi organique de la loi ordinaire.
La loi organique est celle qui fixe les modalités d’organisation et de fonctionnement des
pouvoirs publics.
Exemple :
La loi ordinaire est celle qui intervient dans toutes les matières prévues par la
constitution autre que celles relevant de la loi organique.
Exemple :
❖ L’élaboration de la loi
L’abrogation est expresse ou explicite lorsqu’une nouvelle loi dit clairement que l’ancienne
est abrogée. Elle est tacite ou implicite quand la loi nouvelle sans abroger expressément
l’ancienne, prévoit des dispositions contraires en tout point à la loi antérieure. Tout comme la
loi, le règlement peut être abrogé.
4) Les règlements
Un règlement est une norme de portée générale édictée par une autorité exécutive
compétente. Certains règlements sont dits dérivés, d’autres autonomes. Le règlement dérivé
est celui pris en vue d’assurer l’exécution d’une loi.
Exemple : Le décret d’application d’une loi.
Le règlement autonome n’est pas l’accessoire d’une loi. Il est pris isolément.
Il existe plusieurs catégories de règlements en rapport avec l’autorité dont ils
émanent. ❖ Les ordonnances présidentielles.
L’ordonnance présidentielle est un acte émanant du Président de la République. L’ordonnance
demeure un règlement lorsqu’elle n’a pas été ratifiée par l’Assemblée Nationale. Dans le cas
contraire, elle acquiert valeur de loi même si formellement elle n’en est pas une.
❖ Les décrets
Un décret est une décision signée par le Président de la République et qui devient une norme
juridique.
Exemple : Le décret de nomination d’un fonctionnaire.
❖ Les arrêtés
L’arrêté est une décision émanant d’une autorité administrative. Il peut être pris par un
ministre (arrêté ministériel), un préfet (arrêté préfectoral) ou un conseil municipal (arrêté
municipal).
1) La jurisprudence
Le droit est pratiquement appliqué par les juges. A l’occasion des litiges dont ils sont saisis,
ceux-ci apportent des solutions à des problèmes de droit.
C’est l’ensemble des solutions généralement adoptées par les juges sur une question juridique
que l’on appelle jurisprudence.
Exemple : A l’ occasion d’un procès qui lui est soumis, un juge décide qu’un enfant
simplement conçu au moment du décès de son père peut bénéficier des biens laissés par lui.
Au cours d’une autre affaire un autre juge adopte la même position. Une telle solution retenue
par plusieurs juges, devient une jurisprudence.
Par un jeu de mot, on peut dire que la jurisprudence est la prudence du droit. En effet, la loi ne
peut pas tout prévoir. Elle peut être muette sur une question dont le juge est saisi. Elle peut
encore ne pas être claire et précise sur certains points. Or, l’obscurité ou le silence de la loi ne
doit pas freiner le juge à qui obligation est faite de statuer lorsqu’il est saisi sous peine de déni
de justice. Celui-ci doit donc formuler une interprétation de la loi et suppléer même celle-ci.
Le juge crée ainsi, dans une certaine mesure, le droit et par là même s’érige en « législateur ».
2) La coutume
La coutume au sens juridique, désigne toutes les règles de droit qui se dégagent des faits et des
pratiques dans un milieu social en dehors de l’intervention du législateur. La coutume est
donc un droit non écrit qui implique des comportements suffisamment répandus dans l’espace
et anciens dans le temps. Comme on le dit une fois n’est pas coutume. Il faut une répétition.
Exemple : En droit du travail le 13eme mois ou gratification n’est dû par l’employeur qu’après 3
versements consécutifs.
Une coutume peut être conforme ou contraire à la loi.
Exemple :
Les principes généraux de Droit sont les principales sources non écrites du droit administratif,
représentée par des règles de droit obligatoires pour l’administration et dont l’existence est
affirmée de manière prétorienne par le juge. Ils jouent également un rôle important en droit
privé, spécialement en droit civil (exemple : la bonne foi est toujours présumée) et en
procédure civile (exemple : le principe du contradictoire).
Le double degré de juridiction est le principe qui permet à une partie au procès, après un
premier jugement, de porter l’affaire devant une juridiction supérieure.
C’est là une garantie des droits du citoyen qui peut ainsi faire juger son procès par des
magistrats en principe plus anciens et plus expérimentés que les premiers.
❖ La gratuité de la justice
La gratuité de la justice ne signifie pas que l’accès aux juridictions est gratis. Cela ne saurait
se concevoir, la justice étant un service public donnant lieu à la délivrance de certains actes
pour lesquels l’Etat prélève des frais dont l’impôt. En outre, l’intervention des avocats et des
huissiers n’est pas gratuite. La gratuité doit être perçue ici dans les rapports entre le juge et le
justiciable. Celui-là n’est pas payé par celui-ci pour rendre la justice.
Formulé par le philosophe politique MONTESQUIEU dans son ouvrage « L’esprit des lois »,
le principe de la séparation des pouvoirs amène à distinguer dans l’Etat trois fonctions
indépendantes les unes des autres. La fonction de gouverner, la fonction de faire la loi et celle
de juger. Visant finalement l’équilibre entre les pouvoirs, le principe devrait empêcher les
empiétements de part et d’autre.
Relativement à la fonction de juger, il crée pour les juridictions des droits et des obligations.
La séparation des pouvoirs interdit au juge de prendre des mesures administratives, de
s’opposer à l’exécution des lois et de s’ériger en législateur. La portée de cette dernière
obligation est quelque peu limitée quand on sait l’importance accordée à la jurisprudence
comme source du droit.
Corrélativement aux prohibitions faites aux juges, il est interdit au pouvoir législatif et
l’exécutif de s’immiscer dans la fonction juridictionnelle. Le député ou le membre du
gouvernement ne doit pas s’ingérer dans la fonction de juger.
❖ La collégialité et la territorialité
La décision de justice est rendue par un collège, un ensemble d’au moins trois magistrats. La
collégialité est un gage d’impartialité des juges et de justesse de la décision de justice.
Etendu aux tribunaux de première instance depuis 1997, ce principe n’est pas encore appliqué
dans les sections détachées de tribunaux.
En plus de juger en groupe, les magistrats exercent leurs fonctions sur un territoire, une
circonscription judiciaire délimitée. C’est cela la territorialité.
La constitution proclame l’indépendance du pouvoir judiciaire. Elle formule que les juges ne
sont soumis dans l’exercice de leur fonction qu’à l’autorité de la loi, leur indépendance étant
garantie par le Président de la République.
Sans entrer dans les controverses que suscite le principe d’indépendance, nous dirons
simplement qu’il exige du juge de la hauteur vis-à-vis de toutes les contraintes matérielles et
morales et des pressions de toute nature. Sauf nécessité de service, le juge ne peut être muté
qu’avec son consentement. Par ailleurs, il est inamovible. C’est-à-dire nommé à vie. Le
Président de la République qui le nomme, ne peut mettre fin à ses fonctions sans l’avis
favorable du Conseil Supérieur de la Magistrature
Les principes directeurs qui viennent d’être exposés sont les bases sur lesquelles les
juridictions s’appuient pour rendre la justice.
tribunal militaire compétent pour connaître de certaines infractions commises par des
militaires, la haute cour de justice qui a pouvoir pour juger les faits de haute trahison
imputables au Président de la République ainsi que des crimes et délits commis dans
l’exercice de leur fonction par les membres du gouvernement.
S’agissant des juridictions de droit commun que nous allons étudier, elles regroupent les
tribunaux et les cours d’appel. Signalons que selon l’article 144 de la Constitution de 2016, la
Cour de Cassation, le Conseil d’Etat et la Cour des comptes sont les deux institutions
juridictionnelles représentatives du pouvoir judiciaire.
• ABIDJAN • GAGNOA
• YOPOUGON • KORHOGO
• BOUAKE • MAN
• BOUAFLE • DIVO
• ABENGOUROU
Les attributions du siège s’appréhendent a deux (2) niveaux : au plan juridictionnel et au plan
administratif :
Au plan juridictionnel
Le siège juge les affaires et rend des jugements et des ordonnances : on dit qu’il dit le droit.
Par ailleurs, à travers ses cabinets d’instruction et de juges des enfants, le siège instruit les
affaires pour les éclairer davantage avant d’en saisir une juridiction de jugement.
Au plan administratif
Le parquet veille aux intérêts généraux de la société. A ce titre, il est chargé des poursuites et
de l’exécution des décisions de justice.
Des poursuites
En matière pénale, il détient l’opportunité des poursuites. En cela, il saisit le tribunal des
affaires à juger, le juge d’instruction et le juge des enfants des affaires à instruire. Il dirige la
police judiciaire.
En matière civile, il prend des réquisitions écrites dans les affaires communicables ou des
réquisitions orales lors des audiences.
Au parquet, il revient le rôle de procéder à l’exécution des décisions de justice comme l’exige
la formule exécutoire.
• En phase d’enquête dans les cabinets d’instruction et des juges des enfants
• En phase de jugement au cours des audiences
Il authentifie les procédures d’enquête et de jugement ainsi que les actes qui en résultent. Il
signe les décisions de justice et y appose son sceau.
Au niveau administratif
Le greffe tient un rôle de chef de personnel du tribunal concernant le personnel non magistrat.
Il assiste les secrétariats des parquets et du siège. Il assure la conservation des minutes des
jugements, pourvoit à leur enregistrement, en délivre des reproductions (expédition, copie,
extrait ou grosse). Il assure aussi la conservation et la gestion du casier judiciaire et des pièces
à conviction.
Au niveau de la gestion financière
Les sections détachées de tribunaux sont en quelque sorte des démembrements des TPI. Elles
sont plus limitées en personnel. Bien que connaissant des mêmes affaires que les TPI, avec
lesquels elles sont d’ailleurs au même niveau dans la hiérarchie des juridictions, elles ont un
pouvoir territorialement restreint.
La justice est rendue dans les sections détachées par un juge unique. Le nombre de magistrats
y est limité à au plus 5. Elles sont présidées par un juge de section aidé dans sa tâche par des
juges de section adjoints. Dans leur ressort, les juges de section et leurs adjoints exercent
cumulativement les fonctions de magistrats du siège et du parquet. Certaines sections à la
différence d’autres n’ont pas compétence pour connaître des litiges de travail. La Côte
d’Ivoire compte actuellement 23 sections détachées de tribunaux. Les décisions rendues par
les sections détachées et les TPI sont appelées jugements. Lorsqu’une affaire est jugée une
première fois par ces juridictions elle peut être portée une seconde fois devant une cour
d’appel. Sauf s’il s’agit d’affaire civil ou commerciale dont le taux de litige est inférieur à 500
000FCFA.
La cour d’appel connaît en dernier ressort les litiges qui ont fait l’objet d’un premier jugement
par un TPI ou une section de tribunal. En effet l’une des parties au procès qui n’est pas
satisfaite du jugement peut exercer un recours devant la cour d’appel, juridiction de second
degré. On dit qu’elle interjette ou elle fait appel. La cour d’appel a une compétence qui
s’étend aux mêmes matières que celles soumises aux tribunaux. Territorialement, son autorité
est plus étendue puisque son ressort renferme plusieurs TPI et sections de tribunaux. Il existe
trois cours d’appel en Côte d’Ivoire situées à Bouaké, Daloa et Abidjan.
La cour d’appel statue en collégialité avec un président et deux assesseurs. Elle se compose
de plusieurs magistrats généralement plus anciens et plus expérimentés que ceux des
juridictions de premier degré. Au niveau de la cour d’appel, les juges du siège que sont les
présidents de chambre et les conseillers sont sous l’autorité du premier président de la cour
d’appel. Les magistrats du parquet composé des avocats généraux et des substituts généraux
sont sous la hiérarchie du procureur général près la cour d’appel. La cour d’appel est divisée
en plusieurs chambres et ses décisions sont appelées arrêts. Toutes les décisions rendues en
première instance sont en principe susceptibles de recours devant la cour d’appel.
Exceptionnellement certains jugements rendus dans les affaires dont l’intérêt du litige est
inférieur à 100 000 francs, ne peuvent faire l’objet d’appel. Il en est aussi des arrêts. Pour ces
décisions, le recours est directement porté devant la juridiction supérieure qu’est la cour
suprême.
Sous la nouvelle constitution, les juridictions suprêmes de droit commun comprend la Cour de
cassation et le Conseil d’Etat et cour des comptes, qui sont des institutions juridictionnelles
représentatives du pouvoir judiciaire. Ces hautes juridictions veillent à l’application de la loi
tant par les juridictions de l’ordre judiciaire et de l’ordre administratif.
Ainsi, l’étude détaillée de chacune de ces juridictions suprêmes fera l’objet de ce chapitre.
Toutefois, vu l’existence de deux ordres de juridiction, il a été créé une juridiction suprême
spéciale pour régler les conflits de compétence et de décision qui pourraient naître : le
Tribunal des conflits.
A) LA COUR DE CASSATION
La Cour de cassation est la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire. Elle statue
souverainement sur les recours en cassation contre les décisions rendues en dernier ressort par
les cours et tribunaux de l’ordre judiciaire. Cette juridiction est dirigée par un Président
nommé par le Président de la République pour une durée de cinq (05) ans renouvelables une
fois parmi les personnalités reconnues pour leur compétence et leur expertise avérées en
matière juridique
La détermination des attributions, de la composition, de l’organisation et du fonctionnement
de la Cour de cassation sont adossés à la nouvelle loi n°2020-967 du 17 décembre 2020.
B) LE CONSEIL D’ETAT
Représentant le pouvoir judiciaire à côté de la Cour de cassation, le Conseil d’Etat est la plus
haute juridiction de l’ordre administratif. Sa création par la réforme de 2020 de la Constitution
consacre officiellement l’affirmation du principe de la dualité juridictionnelle dans
l’ordonnancement juridique ivoirien, contrairement au monisme juridictionnel qui y prévalait.
Ainsi, l’ordre judiciaire se distingue de l’ordre administratif.
Le Conseil d’Etat veille à l’application de la loi par les juridictions administratives et juge la
légalité des actes administratifs et la responsabilité des personnes publiques et des services
publics. Sa création laisse entrevoir l’institutionnalisation effective des Cours
administratives d’appel, des tribunaux administratifs et des juridictions administratives
spécialisées. Cette juridiction suprême est dirigée par un Président nommé par décret pris en
Conseil des Ministres, après avis du Conseil supérieur de la Magistrature.
La détermination des attributions, de la composition, de l’organisation et du fonctionnement
du Conseil d’Etat sont adossés à la nouvelle loi n°2020-968 du 17 décembre 2020.
La Cour des Comptes est l’institution suprême de contrôle des finances publiques. Elle
contrôle la gestion des comptes des services de l’Etat, des Etablissements Publics Nationaux,
des collectivités territoriales, des Autorités administratives indépendantes et de tout organisme
bénéficiant du concours financier de l’Etat ou d’une autre personne morale de droit public
ainsi que de tout organisme bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de
leurs filiales.
La cour des comptes est une juridiction suprême à caractère administratif représentant le
pouvoir judiciaire comme la Cour de cassation et le Conseil d’Etat. Elle est l’institution
supérieure de contrôle des finances publiques car tous les corps de contrôle sont tenus de lui
transmettre leurs rapports. A un degré moindre, se trouvent les Chambres régionales des
comptes installées dans les différents ressorts territoriaux et sous la subordination judiciaire de
la Cour des comptes.
Chargée de juger les comptes des comptables publics, la Cour des comptes a une compétence
nationale particulière dont le siège est fixé à Abidjan.
Ainsi, étudier la Cour des comptes renvoie à l’appréhender, d’une part par son organisation et
d’autre part par son fonctionnement, conformément à la loi organique n°2018-979 du 27
décembre 2018.
Une juridiction d’exception est une juridiction dont la compétence, en raison de la nature des
faits ou de la qualité des parties, est expressément déterminée par un texte dérogeant aux
principes de droit commun.
L’organisation judiciaire en Côte d’Ivoire admet, à côté des juridictions de droit commun, des
juridictions d’exception qui peuvent être classées par rapport à leur objet, en deux (2) grandes
catégories :
• Les juridictions d’exception en matière pénale
• Les juridictions d’exception en matière civile
L’activité des principales juridictions que nous venons d’étudier se situe dans le cadre d’une
procédure judiciaire. Il existe une variété de procédures en droit (procédure pénale, fiscal,
administrative…). Mais celle généralement appliquée est la procédure civile. C’est pourquoi
elle nous intéresse plus particulièrement. Du début à la fin de cette procédure plusieurs
animateurs interviennent. C’est le personnel judiciaire.
B/ LE PERSONNEL JUDICIAIRE
Strictement dit, le personnel judiciaire regroupe les magistrats et les greffiers qui sont des
fonctionnaires de l’Etat affecté au service public de la justice.
Par extension, on inclut dans ce personnel tous les auxiliaires de justice.
Parmi les animateurs de la justice, les magistrats occupent une place importante.
1) Les Magistrats
« Gardiens des libertés », les magistrats ou juges sont des fonctionnaires chargés de rendre la
justice entre les citoyens dans l’Etat. On distingue deux catégories de magistrats : les juges du
siège et ceux du parquet. Les juges du siège dirigent les audiences et rendent les décisions.
Les magistrats du parquet représentent la société. Ils donnent leurs avis sur les solutions à
apporter aux litiges. Leur rôle est plus évident en matière pénale lorsqu’ils font des
réquisitions orales.
Bénéficiant d’un statut particulier, les juges sont soumis à certaines obligations notamment la
réserve, la dignité et la loyauté. En plus quand ils sont saisis d’un litige, ils ont l’obligation de
rendre une décision sous peine de déni de justice.
Les magistrats ne peuvent connaître des litiges dans les quels leur conjoint, parents ou alliés
sont parties. Dans ce cas ils peuvent être récusés. Ils sont frappés d’une interdiction d’exercer
certaines fonctions incompatibles avec leur profession notamment le commerce, les fonctions
politiques.
Corrélativement à leurs obligations les juges ont des prérogatives importantes. Leur pouvoir
est au même niveau que les pouvoirs législatif et exécutif. Leur durée dans la fonction
publique est plus longue, allant au-delà de 30 ans de carrière et de 60 ans d’âge. Il fait valoir
ses droits à la retraite à 65 ans. Selon la nouvelle Constitution, les magistrats du siège peuvent
être affecté pour nécessité de service. Au plan pénal, ils sont protégés contre les violences et
les outrages dont ils peuvent être victimes. Lorsqu’ils commettent une infraction ils sont jugés
suivant une procédure spéciale et complexe. Leur révocation ne peut intervenir qu’en conseil
des ministres. Les auxiliaires de justice ne bénéficient pas des droits reconnus aux magistrats.
Les auxiliaires de justice sont toutes les personnes qui concourent à titre professionnel à
l’œuvre de la justice. Certains agissent généralement dans le cadre d’une procédure judiciaire
d’autres interviennent très souvent en dehors de tout procès.
➢ Les avocats
L’avocat est un professionnel dont la fonction est d’assister, de représenter les personnes
physiques ou morales devant toutes les juridictions, tous les organismes juridictionnels ou
disciplinaires à l’effet d’assurer leur défense. Il est tenu de défendre son client avec tous les
moins d’un bon père de famille.
L’ensemble des avocats exerçant dans le ressort d’une cour d’appel est appelé barreau. Un
barreau est administré par un conseil de l’ordre des avocats présidé par le bâtonnier. L’avocat
n’est pas un fonctionnaire de l’Etat. Il travaille pour son propre compte.
➢ Les greffiers
Parmi les auxiliaires de la justice les greffiers sont ceux qui collaborent directement avec le
juge. Comme ceux-là, ils sont fonctionnaires de l’Etat.
Les greffiers assistent les magistrats dans leurs tâches. Ils écrivent les actes et les décisions
des juges, en garde les minutes c'est-à-dire les originaux et en délivrent des copies qu’on
appelle expéditions et grosses.
Les greffiers prennent note à l’audience. Leur présence est une condition de validité de
certains actes du juge.
C’est au greffe que sont délivrés certains actes comme le registre de commerce, le casier
judiciaire, le certificat de nationalité, l’acceptation de succession, etc.
Le service des greffiers est hiérarchisé. On distingue le greffier en chef qui est un attaché des
greffes et parquets, des secrétaires et assistants des greffiers et parquets.
➢ Les huissiers
Les huissiers rédigent les actes de procédure tels que l’assignation qui saisit le tribunal et les
actes de saisie. Ils ont qualité pour signifier ou notifier c'est-à-dire porter à la connaissance des
parties les actes de procédure. Ils sont chargés de faire procéder à l’exécution des décisions de
justice et au recouvrement amiable des créances.
➢ Les experts
Les experts sont des spécialistes d’une matière, d’une discipline non juridique dont le
concours est requis par le juge en vue d’un éclairage. L’expert doit être agréé par le ministère
de la justice et prêter serment avant d’exercer son art.
➢ Les notaires
Les notaires ont pour fonction essentielle d’authentifier c'est-à-dire d’accorder une valeur
probante à des actes ou contrats. L’authentification atteste l’exacte provenance d’un acte. Ils
interviennent dans le partage des successions, la création des sociétés, la vente d’immeuble
etc. Dans la vente d’immeuble par exemple leur intervention est une condition de validité de
l’opération.
➢ Les commissaires-priseurs
Les commissaires-priseurs procèdent à l’estimation et à la vente publique aux enchères des
meubles et effets mobiliers saisis par les huissiers.
A/ LA PROCEDURE CIVILE
On recourt à la procédure civile tant pour l’application du droit civile que du droit du travail et
du droit commerciale. C’est donc une procédure de droit commun.
Une personne dont le droit est menacé, doit nécessairement agir en justice.
Elle se posera alors plusieurs questions :
• Quel tribunal dois-je saisir ? • Comment saisir le tribunal ?
• Comment le procès va-t-il se dérouler ?
• Quelle décision le juge prendra-t-il ?
• Quel pourra être le recours contre cette décision si elle n’était pas en ma
faveur ?
Ces questions sont liées au déclenchement de la procédure, à son
déroulement et à son dénouement.
1) Le déclenchement de la procédure
La procédure est ouverte, déclenchée par la saisine de la juridiction. Mais le pouvoir d’agir en
justice n’est pas accordé à tout le monde. Il faut remplir certaines conditions. En outre l’action
en justice s’exerce devant une juridiction compétente.
❖ La juridiction compétente
La procédure civile commence devant les tribunaux et leurs sections détachées. La question de
leur compétence recouvre deux aspects : la compétence matérielle ou compétente d’attribution
et la compétence territoriale.
Du point de vue matériel, la compétence se détermine en fonction du problème juridique posé.
En Côte d’Ivoire les TPI et les sections détachées de tribunaux ont une compétence matérielle
quasi-générale. Ils peuvent juger des litiges en toute matière : civile, commerciale,
administrative, fiscal et de travail.
Sous l’aspect territorial ou géographique, la compétence n’est pas toujours aisée à déterminer.
Car il existe un principe général assorti d’importantes exceptions.
En principe en cas de litige, le tribunal compétent territorialement est celui dans le ressort
duquel se situe le domicile du défendeur.
Exceptionnellement, toutefois, en matière de responsabilité civil (cas d’une action en justice à
la suite d’un accident de la route), le tribunal à saisir est celui du lieu où s’est produit l’acte
dommageable. Pour les actions en justice concernant un immeuble, le tribunal compétent est
celui du lieu où il est situé.
Une fois le tribunal compétent identifié, certaines conditions doivent être réunies pour le
saisir.
N’importe qui ne peut saisir le tribunal. Seul celui qui a un intérêt juridique, la qualité et la
capacité d’agir en justice.
-L’intérêt à agir : Celui qui agit doit avoir subi un préjudice, il doit avoir un droit à
faire valoir de telle sorte que le succès ou le rejet de sa prétention modifie sa situation. En
clair son action doit viser la reconnaissance, la protection ou la sanction de ses droits.
-La qualité à agir : c’est le titre en vertu duquel on agit en justice. Par exemple la
qualité d’héritier, de propriétaire, de créancier. Générale ment, cette qualité est déterminée par
la loi. -La capacité d’ester en justice : C’est l’aptitude que la loi reconnaît à une
personne d’agir en justice en raison de son âge ou de son état mental. N’ont pas la capacité
d’agir en justice les mineurs et certains majeurs déclarés incapables.
❖ La saisine du tribunal
Le tribunal est saisi par un acte spécifique, une assignation ou une requête. Le demandeur doit
en outre verser une consignation avant l’enrôlement de l’affaire.
-L’acte de saisine : l’assignation ou la requête.
Le tribunal est saisi par une assignation ou par une requête selon que la procédure est
contentieuse ou gracieuse.
La procédure est contentieuse lorsqu’un litige oppose deux personnes.
Exemple :
• La procédure entre un créancier et son débiteur.
• La procédure de divorce
Elle est gracieuse quand elle intervient en dehors de tout conflit.
Exemple :
• La procédure de changement de nom
• La procédure d’adoption
Dans la première hypothèse, le tribunal est saisi par voie d’assignation. L’assignation est
l’acte par lequel la partie qui veut faire reconnaître son droit traduit son adversaire devant le
tribunal.
Elle est établie par un huissier. L’assignation contient tous les éléments permettant d’identifier
les parties au procès ainsi que l’objet de la demande et les arguments du demandeur. Elle est
signifiée c'est-à-dire portée à la connaissance du défendeur par un huissier. Le défendeur est
celui qui est traduit en justice.
Quand la procédure est gracieuse, le tribunal est saisi par une requête. La requête est
une simple demande adressée au juge. Elle renferme les éléments d’identification du
requérant, l’objet de sa demande et ses arguments.
-L’enrôlement :
Pour qu’une affaire passe à l’audience, elle doit être enrôlée.
Dans le procès civil, le rôle du juge se limite à la direction des débats. Il apprécie les
arguments avancés par les parties et les moyens de preuve par eux fournis pour les soutenir.
Le juge, au cours du procès doit respecter certaines règles notamment la règle de la neutralité
et le principe du contradictoire.
Neutre, il doit l’être en ne prenant parti pour aucune des parties. Il doit aussi veiller au respect
du caractère contradictoire du procès en permettant à chaque partie de développer librement
ses moyens de défense.
Après avoir écouté le demandeur et le défendeur et s’il estime être suffisamment éclairé, le
juge va clore les débats pour rendre sa décision. La procédure est alors à son dénouement.
Le juge peut rendre sa décision à la même audience juste après les débats. Mais l’affaire est
généralement mise en délibéré pour une audience prochaine. A cette audience le tribunal ou la
section de tribunal rend sa décision qu’on appelle jugement.
La décision de justice revêt deux caractères importants : Elle a une force exécutoire et est
obligatoire. En vertu de sa force exécutoire, celui qui a gagné le procès peut faire exécuter le
jugement, si besoin est, par une voie d’exécution.
Exemple : faire saisir les biens de son adversaire.
Obligatoire, la décision s’impose aux personnes qui sont partes au litige. Celles-ci
ne peuvent recommencer le même procès.
Toutefois l’un des plaideurs qui n’est pas satisfait de la décision du tribunal peut saisir la cour
d’appel en interjetant appel du jugement. Il devient alors appelant et son adversaire intimé.
L’appel fait obstacle à l’effet exécutoire de la décision du tribunal.
En principe le procès s’achève à ce niveau, mais la partie qui a perdu en appel peut
exceptionnellement porter l’affaire devant la cour suprême. On dit qu’elle se pourvoi en
cassation à l’appel, le pourvoi ne fait pas obstacle à l’exécution de la cour d’appel. La
procédure judiciaire dont nous venons d’examiner les phases est animée par un personnel.
EXERCICE D’APPLICATION
Le sieur Pèyepa Krédi est un grand homme d’affaires à Yamoussoukro, mais ayant eu des
difficultés économiques, il a été obligé de contracter une dette avec son ami N’Siassôh, planteur à
Bonon. Le délai prévu pour le remboursement de cette somme de 300 000 francs CFA n’a pas été
respecté et monsieur N’Siassôh décide de porter plainte contre son débiteur.
1. Comment va-t-il saisir le tribunal ?
2. Quel est le tribunal compétent ?
3. La décision du juge peut-elle faire l’objet d’appel ?
Par ailleurs en 2011, la magistrate de siège, madame FOUKAFOUKA, refusa de statuer sur un
litige pour lequel elle était compétente. Très en colère, le garde des sceaux décida de l’affecter à Bouna
après 14 ans de bons et loyaux services à Bouaké.
1. Avait-elle le droit de refuser de statuer ?
2. De quoi serait-elle accusée ?
3. Pouvait-elle refuser son affectation ?
La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droit et à assumer des obligations.
Cette aptitude a un contenu différent selon qu’on est en présence d’une personne physique ou
d’une personne morale.
I/ LA PERSONNE PHYSIQUE
La personne physique c’est l’être humain. Tous les êtres humains ont la personnalité
juridique. Cette personnalité juridique a un début et une fin. Durant son existence, sa vie la
personne est identifiable par certains éléments.
Tout être humain acquiert la personnalité juridique à la naissance. Mais la naissance elle seule
ne suffit pas ; encore faut-il que l’enfant soit vivant et viable. Ce sont trois conditions
cumulatives.
La naissance : est l’expulsion du fœtus. C’est le moment ou l’enfant acquiert une autonomie
par rapport à la mère.
La vie : est la manifestation du souffle de vie. Est vivant l’enfant qui respire après
l’accouchement.
La viabilité : est l’aptitude à la vie c'est-à-dire la possibilité qu’a l’enfant de vivre après sa
naissance. Est viable celui qui présente une maturité suffisante. On considère que l’enfant
mature est celui qui a un bon développement physiologique et qui dispose des organes
essentiels à la vie suffisamment constitués pour lui permettre de vivre. La viabilité est une
notion subjective.
Exemple : N’est pas viable et ne peut donc avoir la personnalité juridique, l’enfant qui
naît avec une malformation grave du cœur dont il meurt quelques heures ou quelques jours
après.
En pratique, il peut arriver qu’un père décède alors que sa femme est enceinte. L’enfant
n’étant pas né de son vivant faut-il l’exclure d’une éventuelle succession du défunt ?
Assurément non ! Ce serait une injustice que le droit a voulu éviter en permettant à l’enfant
simplement conçu de faire valoir sa personnalité chaque fois que son intérêt est en jeu. C’est
ce qu’exprime la règle « Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus
agitur ». Selon cette règle, l’enfant conçu est considéré comme né chaque fois qu’il s’agit
pour lui d’avoir un droit. On fait remonter exceptionnellement le début de la personnalité
juridique à la conception dans l’intérêt de l’enfant et seulement dans son intérêt.
La conception c’est l’union des cellules mâle et femelle pour produire l’œuf. Pour déterminer
ce moment on va considérer de manière fictive que la durée normale de la grossesse est
enfermée dans une période allant du 300e jour au 180e jour avant la naissance. Ainsi la période
de conception se situera dans la période de 120jours entre le 300 e et le 180 e jour. On dira que
l’enfant a été conçu à une date dans cette période. Si l’on fait remonter le début de la
personnalité juridique à la conception, celle-ci ne sera cependant effective que si à sa
naissance l’enfant est vivant et viable. Comme toute chose a une fin, la personnalité juridique
en a une.
Des doutes sur l’existence de la personne naissent lorsqu’en raison de certaines circonstances,
on ne sait si elle est vivante ou si elle est morte. Ces incertitudes se présentent en cas
d’absence et de disparition.
1) L’absence
L’absence est définie par la loi N°2022-885 du 23 novembre relative à l’absence et à la
disparition. Selon l’article 1er de cette loi, l’absent est la personne qui a cessé de paraître au
lieu de son domicile ou de sa résidence et dont le manque de nouvelles rend son existence
incertaine.
L’absence se distingue de la non présence qui est la situation d’une personne dont on est sûr
de l’existence mais qui pour quelque raison est éloignée de chez elle.
Lorsqu’une personne a cessé de paraître dans les conditions au lieu de son domicile ou de sa
résidence depuis un an, le ministère public ou toute personne intéressée peut formuler une
Le tribunal désigne un administrateur provisoire des biens qui peut être le mandataire laissé
par celui dont on est sans nouvelles ou toute autre personne. S’il y a des enfants mineurs, le
tribunal, déclare soumis au régime de l’administration légale ou de la tutelle.
Dès son entrée en fonction, l’administrateur provisoire doit établir et déposer au greffe du
tribunal un inventaire des biens appartenant à l’absent présumé. Il a pouvoir de faire les actes
conservatoires et de pure administration. S’il y a urgence et nécessité dûment constatées, il
peut être autorisé à faire des actes de disposition dans les conditions fixées par ordonnance du
président du tribunal ou du juge par lui délégué. Le tribunal peut, à tout moment, mettre fin à
la mission de la personne désignée, soit d’office, soit à la requête du ministère public ou tout
intéressé. (Art 4)
Deux ans après le dépôt de la requête, le tribunal, s’il constate l’absence, au vu des résultats de
l’enquête, rend un jugement déclaratif d’absence, le ministère public entendu. (Art 5).
Si l’absent est marié, son mariage est dissout à compter du jour ou le jugement déclarant
l’absence est devenu définitif (Art 6). Car l’absence judiciairement déclarée de l’un des
époux est une cause de dissolution du mariage conformément aux dispositions de l’art 103 de
loi n° 2019-570 relative au mariage
Sept ans après le jugement déclaratif d’absence, toute personne intéressée peut introduite
devant le tribunal qui a rendu le jugement déclaratif d’absence, une demande de déclaration
de décès. Le tribunal ordonne une enquête complémentaire à laquelle participe le ministère
public. L’affaire est instruite en chambre de conseil. Le jugement déclaratif de décès est
prononcé à l’audience publique, après conclusion écrite du ministère public (art 7). Ce
jugement met fin aux mesures prévues.
de ceux qui ont été aliénés et les biens acquis, sans fraude, emploi des capitaux ou des revenus
échus à son profit (art 12).
2) La disparition
Le disparu est la personne qui a cessé de paraître à la suite de circonstances mettant sa vie en
danger sans que son corps ait pu être retrouvé (art 13).
Exemple : Un militaire parti en guerre dont on a plus de nouvelles.
I/ LA CAPACITÉ JURIDIQUE
A/LA NOTION DE CAPACITÉ
La notion de capacité doit être précisée avant d’en examiner le contenu. Pour participer à la
vie juridique, il faut être apte à apprécier l’étendue et la portée de ses actes. Cette faculté est la
capacité juridique. En principe tous les individus devraient en bénéficier. Mais certaines
personnes sont frappées d’incapacité en raison de leur âge ou de leur santé mentale. Il en est
ainsi des mineurs (les personnes âgées de moins de 18 ans) et des majeurs qui ne sont pas
sains d’esprit.
La capacité est l’aptitude, la faculté à acquérir des droits et à pouvoir les exercer.
La capacité revêt deux aspects : l’un passif, la capacité de jouissance et l’autre actif, la
capacité d’exercice.
1) La capacité de jouissance
La capacité de jouissance d’une personne physique ou morale est son aptitude à être titulaire
de droits, à en acquérir ou à en transmettre.
Exemple : Le droit de vote, le droit de se marier.
2) La capacité d’exercice
La capacité de jouissance implique en général la capacité d’exercer le droit dont on est
titulaire.
C’est ce qu’on appelle la capacité d’exercice c'est-à-dire l’aptitude du titulaire d’un droit à
accomplir des actes auxquels se rapporte ce droit.
Il ne peut exister de capacité d’exercice sans capacité de jouissance alors qu’il peut y avoir
une capacité de jouissance sans capacité d’exercice.
Exemple : KONE, âgé de 16 ans vient d’hériter d’une maison dont il est propriétaire. Il
est titulaire d’un droit. Il a la capacité de jouissance. Toutefois il ne peut ni la louer, ni la
vendre lui-même. Ses parents sont chargés d’exercer ce droit en son nom et pour son compte.
Le mineur ne peut pas exercer lui-même son droit, il n’a pas la capacité d’exercice.
Lorsqu’on n’est pas capable on souffre d’incapacité.
Certaines personnes sont frappées d’une incapacité d’exercice qui les prive de la faculté de
faire valoir des droits dont elles jouissent. L’incapacité a un but de protection. On protège
l’incapable contre l’appauvrissement de son patrimoine car on estime qu’il n’est pas à mesure
d’apprécier la portée de ses actes. Cette inaptitude s’applique d’une manière générale aux
mineurs et exceptionnellement aux majeurs.
A/ L’INCAPACITÉ DU MINEUR
Le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas 18 ans révolus. L’incapacité
des mineurs s’explique par l’idée qu’ils n’ont pas toute la maturité nécessaire à accéder la vie
juridique. Pour bien percevoir la condition juridique du mineur, il faut distinguer selon qu’il
est émancipé ou non.
1) Le mineur non émancipé
La loi accorde une protection particulière au mineur non émancipé comme pour pallier
l’incapacité générale qui le frappe.
Relativement à ses biens, s’il en a, le mineur ne peut pas accomplir des actes de disposition.
Les actes de disposition sont ceux qui tendent à appauvrir le patrimoine du mineur.
Exemple : La vente d’un bien. Il ne peut que faire des actes de la vie courante, des actes
conservatoires et des actes d’administration.
Un acte de la vie courante est un acte ordinaire de la vie quotidienne.
Exemple : Acheter un vêtement.
Pour apprécier l’acte, on tient compte du niveau social du mineur et de l’économie de l’acte.
On fait le rapport entre la fortune du mineur et la valeur de la dépense.
L’acte conservatoire est celui qui vise à maintenir le patrimoine du mineur en l’état.
Exemple : La réparation de la toiture d’une maison appartenant au mineur.
L’acte d’administration est tout acte de gestion du patrimoine du mineur.
Exemple : Encaisser les loyers de la maison qui appartient au mineur.
La loi prévoit des mécanismes de protection du mineur non émancipé.
S’agissant de son entretien, les parents ont l’obligation de fournir au mineur tout ce qui est
nécessaire pour vivre et assurer son instruction scolaire et professionnelle. Ils doivent pouvoir
à sa nourriture, aux frais de son habillement proportionnellement à leurs revenus. Les parents
doivent consentir au mariage du mineur.
*Quant aux biens du mineur, les parents en ont l’administration légale.
L’administration légale est l’ensemble des droits et obligations que la loi reconnaît aux père et
mère sur les biens de l’enfant. Ceux-ci gèrent les biens dans le but de les maintenir en l’état
ou de les enrichir. Lorsqu’un acte risque d’entraîner une perte pour le mineur, l’administrateur
légal doit y être autorisé par le juge.
Le parent qui administre les biens a le droit de jouir seulement des biens du mineur et leurs
fruits. Il ne peut en disposer.
Exemple : Le père d’un mineur peut jouir des loyers d’une maison appartenant à son fils mais
il ne peut pas la vendre.
Les droits de la puissance paternelle appartiennent, aux deux parents mais ils sont exercés en
fait par le père en sa qualité de chef de famille. On devrait même parler d’autorité parentale.
Quand les parents sont séparés, la puissance paternelle est exercée par le parent à qui la garde
de l’enfant est confiée.
Lorsque l’un des parents est décédé, la puissance paternelle est exercée par le parent
survivant. Celui-ci peut déléguer les droits de la puissance paternelle à un tiers. Il peut même
en être déchu parle juge lorsqu’il n’offre pas de garanties pour le bon épanouissement du
mineur. En cas de décès des deux parents, le mineur est placé sous tutelle.
➢ La tutelle
La tutelle est la mesure de protection du mineur lorsque son père et sa mère sont dans
l’impossibilité d’assurer la puissance paternelle pour cause de décès, d’incapacité ou
d’absence.
Lorsqu’un mineur est placé sous tutelle, trois organes interviennent : le tuteur, le conseil de
famille et le juge des tutelles. Le tuteur est la personne à qui incombe le soin de diriger la
personne du mineur et de gérer ses biens. Il exerce à l’égard du mineur les prérogatives de la
puissance paternelle (garde, entretien, administration légale…)
Sur les biens du mineur, le tuteur exerce un pouvoir général de représentation qui lui permet
d’accomplir tous les actes que le mineur ne peut effectuer tout seul. Mais sa gestion doit être
prudente et réfléchie puisqu’il doit en rendre compte. Pour certains actes, notamment les actes
de disposition, le tuteur doit avoir l’autorisation du conseil de famille. En effet, le conseil de
famille joue un rôle de surveillance et de contrôle de l’activité du tuteur. Il autorise certains
actes.
2) Le mineur émancipé
L’émancipation est une technique juridique dont l’effet est d’accorder par anticipation au
mineur la capacité d’accomplir tous les actes de la vie civile comme s’il était majeur. Elle
s’opère de deux manières : par le mariage ou par la volonté des parents. Un mineur de 16 ans
qui se marie est de plein droit émancipé. Art. 120 de la Loi n° 2019-572 du 26 juin 2019
relative à la minorité [Le mineur peut être émancipé par ses père et mère ou parents adoptifs,
lorsqu'il aura atteint l'âge de seize ans révolus]. Dans ce cas ils font une déclaration devant le
juge des tutelles.
Emancipé, le mineur devient capable de tous les actes de la vie civile. Il n’est plus soumis aux
mesures de protection du mineur non émancipé. Il peut avoir un domicile séparé de celui de
ses parents. Il est désormais responsable des dommages qu’il cause à autrui.
Il n’est cependant pas entièrement libre. Lorsqu’il est émancipé par déclaration des parents, il
doit obtenir l’autorisation parentale pour se marier. Cette autorisation est aussi nécessaire
lorsqu’il veut faire du commerce. Les mineurs ne sont pas seuls incapables. Certains majeurs
le sont aussi.
Selon l’article 1er de la loi n°2023-417 du 22 mai 2023 relative aux majeurs protégés par
la loi, le majeur est la personne âgée de dix-huit ans accomplis. Il est capable d’accomplir
tous les actes de la vie civile. Les personnes majeures dont l’état et la situation l’exigent,
reçoivent une protection spéciale de leur personne et de leurs biens selon les modalités
prévues par la loi précitée (art 2).
Ceux-ci peuvent être privés totalement ou partiellement de leur capacité d’exercice en raison
de la carence de leur altération des facultés mentales ou corporelles, de son infimité, de son
affaiblissement dû à l’âge ou du retard anormal du développement.
Est incapable, toute personne dont l’état de santé mental ou physique constaté médicalement
nécessite une protection. Le degré de l’altération des facultés personnelles détermine
l’application au majeur placé sous le régime de la sauvegarde de justice, de la tutelle ou de la
curatelle, suivant une procédure rigoureuse.
1) L’interdiction judiciaire
L’interdiction judiciaire s’ouvre quand le majeur a besoin d’être représenté de manière
continue dans les actes de la vie civile. C’est le régime de protection destiné au majeur qui se
trouve dans un état habituel d’imbécillité, de démence et de fureur, même émaillé
d’intervalles lucides. L’imbécillité est la faiblesse d’esprit due à l’absence ou à la dégradation
des idées.
Une fois la mesure prononcée, le majeur incapable est alors frappé d’une incapacité d’exercice
totale : le majeur, bien qu’ayant la capacité de jouissance ne peut plus exercer lui-même ses
droits. L’interdiction provoque l’ouverture d’une tutelle sur la personne et sur les biens de
l’incapable. Les actes passés sur le patrimoine du majeur incapable ont le même régime que
ceux du mineur non émancipé.
2) Le conseil judiciaire
Le conseil judiciaire s’applique aux personnes majeures qui, sans être hors d’état d’agir elles-
mêmes, ont besoin d’être conseillées dans les actes de la vie. C’est un régime d’incapacité
d’exercice partielle : le majeur agit par lui-même, mais assisté de son conseil.
Exemple : Un majeur drogué.
Le conseil judiciaire est une mesure qui vise aussi les prodigues et les faibles d’esprit. Le
prodigue est une personne qui, ne souffrant d’aucune aliénation mentale se livre à des
dépenses inconsidérées risquant de compromettre son patrimoine.
Exemple : Un joueur de casino passionné de jeu.
Le faible d’esprit est une personne ayant des facultés mentales affaiblies sans perte totale et
habituelle de la raison.
I/ LE NOM
Le nom est l’appellation par laquelle on désigne une personne dans la vie sociale. On assimile
généralement le nom au patronyme c'est-à-dire au nom de famille. Mais une personne a aussi
un prénom auquel s’ajoutent parfois certains accessoires.
A/ LE PATRONYME
Le patronyme est le nom de famille.
La loi prévoit des règles d’attribution, de changement du patronyme et de protection du nom.
1) L’attribution du nom
Le patronyme est le nom de famille. Il est attribué au regard de la filiation c'est-à-dire du lien
de paternité ou de maternité. Dans une famille légitime où les deux parents sont mariés,
l’enfant porte le nom du mari de sa mère. Celui-ci est présumé être son père. A la demande de
la conjointe ou de l’enfant, le patronyme de l’épouse pourra être ajouté à celui du mari
(Article 2 de la loi n°2020-490 du 29 mai 2020 relative au nom). Dans une famille
naturelle où les parents ne sont pas mariés (concubins, fiancés ou union libre), l’enfant porte
le nom de celui de ses parents à l’égard duquel sa filiation est établie. Lorsque sa filiation est
établie simultanément à l’égard des deux parents, il porte le nom du père. Il y est ajouté le
patronyme de la mère si celle-ci ou l’enfant le demande. Lorsque la filiation est établie en
second lieu à l’égard du père, le nom de ce dernier est, à sa demande, ajouté au nom de la
mère (Article 3 de la loi n°2020490 du 29 mai 2020 relative au nom).
Exemple : Laurette a pour mère ACHIEPO Prisca. Son père ne l’ayant pas reconnue au
départ elle portait le patronyme ACHIEPO. Si par la suite son père ZOUGRANA Félix la
reconnaît et souhaite qu’elle porte son nom, elle s’appellera ACHIEPO ZOUGRANA
Laurette. Il s’agit d’un nom patronymique double. Néanmoins, en ce cas, et sur consentement
de la mère donné oralement lors de la déclaration de reconnaissance faite par le père, ou reçu
séparément par un officier de l’état civil ou un notaire, lesquels en dressent acte, l’enfant porte
soit le seul nom du père ou le nom du père auquel est ajouté celui de la mère. Dans l’exemple
précédent, l’enfant s’appellera ZOUGRANA Laurette ou ZOUGRANA ACHIEPO Laurette.
Lorsque l’enfant naturel est adultérin c'est-à-dire issu d’un adultère, il porte le nom du mari de
sa mère si elle est l’auteur de l’adultère dont il est issu.
Lorsque l’enfant est adultérin par son père, il ne pourra porter son nom que si celui-ci obtient
le consentement exprès de son épouse pour le reconnaître. Ce consentement n’est cependant
pas exigé en cas de divorce ou de séparation de corps. Le nom ne peut être changé que dans
des hypothèses exceptionnelles car en principe il est immuable.
conséquence d’un désaveu de paternité qui amène l’enfant à prendre le nom de sa mère
(Article 2 alinéa3 de la loi n°2020-490 du 29 mai 2020 relative au nom). La modification du
nom peut être consécutive au mariage. Cela ne concerne que la femme mariée. Celle-ci a un
droit d’usage du nom du mari.
Exemple : Mme ZOUGRANA née ACHIEPO Prisca ou Mme ACHIEPO Prisca épse
ZOUGRANA.
Le nom est un droit pour celui qui le porte. A cet égard il bénéficie d’un régime de protection.
3) La protection du nom
Le titulaire d’un nom patronymique a le droit de le défendre contre l’usurpation des tiers et
contre son usage commercial, littéraire ou artistique. La loi prévoit que le porteur d’un nom
ou ses descendants même s’ils ne portent pas eux-mêmes ce nom, peuvent s’opposer à ce qu’il
soit usurpé ou utilisé par un tiers à titre de nom, surnom ou pseudonyme. Cette protection
s’applique aussi au prénom et aux accessoires du nom.
1) Le prénom
Le prénom est choisi librement. Ne sont cependant admis que les prénoms qui figurent aux
calendriers ou ceux consacrés par les usages et la tradition.
Exemple : Elodie, Alassane, Kipré, Awa, Yapo…
Le prénom peut être changé lorsqu’un intérêt le justifie. L’intérêt légitime peut résulter d’une
adoption, d’un changement de sexe (cas de transsexualisme) ou résider dans le Caractère
ridicule du prénom.
Exemple : Dagobert, Ringo, Picasse
Le prénom n’est protégé que lorsqu’il est usurpé en même temps que le patronyme.
Le pseudonyme est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi par une personne dans l’exercice
d’une activité particulière. Ce nom est utilisé pour masquer la véritable identité de la
personne.
Exemple : Alpha Blondy, Meiway
En plus du nom, toute personne a un domicile.
II/ LE DOMICILE
Le domicile est le lieu du principal établissement d’une personne. Il est différent de la
résidence et de l’habitation. La résidence est l’endroit ou une personne vie de manière
habituelle.
L’habitation est le lieu d’un séjour bref et occasionnel.
A/ LE CHOIX DU DOMICILE
En principe le domicile est volontaire. Il est librement choisi par chaque personne. Mais la loi
impose un domicile à certaines personnes.
Lorsque le domicile est choisi, il faut que le choix se manifeste par l’établissement effectif de
la personne en ce lieu. En outre, la personne doit avoir la volonté, l’intention d’y fixer son
principal établissement.
Un individu peut avoir plusieurs centres d’intérêt en des endroits différents. Il se pose alors un
problème quant à l’identification de son domicile.
Exemple : Yao travaille à Bouaké, sa famille est à Abidjan, il a une plantation à Tabou et une
maison à Korhogo.
Dans cette hypothèse on retient le lieu d’exercice de la profession ou celui où se trouvent les
intérêts familiaux.
Le domicile volontaire doit être réel et non fictif.
La loi impose un domicile à certaines personnes. C’est le cas des fonctionnaires de l’Etat, des
magistrats qui ont leur domicile au lieu où ils exercent leur profession. Il en est aussi des
mineurs non émancipés dont le domicile est celui de leurs parents, de la femme mariée
domiciliée chez son mari et des gens de maison ayant leur domicile chez leur employeur
lorsqu’ils vivent avec eux. Le choix du domicile conjugal se fait d’un commun accord entre
les époux. Le domicile revêt certains caractères et des intérêts lui sont attachés.
A l’occasion de certains actes (contrats, actions en justice par exemple), une personne peut
élire domicile dans une autre localité. On parle de domicile élu. L’élection de domicile est le
fait de choisir temporairement un domicile dans un lieu autre que son domicile réel.
Le domicile réel où la personne a effectivement ses centres d’intérêts est différent non
seulement du domicile élu mais aussi du domicile apparent. Le domicile apparent est le lieu
où, aux yeux des tiers, une personne paraît avoir son domicile.
Le domicile revêt plusieurs intérêts. Il permet de rattacher géographiquement une personne à
un lieu précis et de déterminer la compétence territoriale des tribunaux. Il permet d’identifier
l’officier de l’état civil compétent.
Exemple : Pour la célébration du mariage est compétent l’officier de l’état civil du lieu où
résident les futurs époux.
Pour une action en justice, le tribunal compétent territorialement est celui du lieu où le
défendeur est domicilié sauf exception. Tout comme le domicile et le nom, la personne
physique a une nationalité.
III/LA NATIONALITÉ
La nationalité est le lien qui unit une personne à un Etat. En Côte d’Ivoire, la nationalité est
attribuée par la naissance. On privilégie le lien de sang. Est ivoirien d’origine celui qui est né
d’un père ou d’une mère de nationalité ivoirienne quel que soit son lieu de naissance. Ce
principe est valable pour l’enfant adopté par un ivoirien. A titre exceptionnel, est ivoirien
d’origine l’enfant, de parents inconnus, retrouvé sur le territoire ivoirien. L’étranger ou
l’étrangère qui épouse un ivoirien ou une ivoirienne acquiert la nationalité ivoirienne à
condition de choisir celle-ci lors de la célébration de son mariage.
Tout étranger peut se voir octroyer la nationalité ivoirienne par la volonté de l’autorité
publique soit par naturalisation, soit par réintégration. La naturalisation est le fait pour le
gouvernement de donner la nationalité à un étranger qui en fait la demande. Dans ce cas elle
est donnée par décret après enquête, à tout étranger qui réside habituellement en Côte
d’Ivoire.
La réintégration est l’octroi de la nationalité à une personne qui l’avait perdu après l’avoir eue.
Elle concerne les anciens déchus de la nationalité.
Toute personne qui acquiert la nationalité ivoirienne jouit des droits attachés à la qualité
d’ivoirien notamment le droit de vote, l’accès à la fonction publique, etc.…
La nationalité une fois accordée est définitive sauf à la perdre ou à en être déchu. La perte de
la nationalité résulte de l’acquisition volontaire par un ivoirien d’une nationalité étrangère.
Exemple : Un ivoirien qui acquiert volontairement la nationalité burkinabé ou française perd
la nationalité ivoirienne. Comme on le voit, la double nationalité n’est pas admise en Côte
d’Ivoire.
La déchéance est le retrait de la nationalité à une personne qui, après son acquisition, se rend
coupable de crime ou délit contre la sûreté de l’Etat.
Le contentieux de la nationalité c'est-à-dire l’ensemble des litiges liés à la nationalité relève de
la compétence des juridictions civiles de droit commun.
La nationalité, à l’instar des autres éléments d’identification, n’est pas l’apanage des seules
personnes physiques. Les personnes morales l’ont aussi.
Il faut définir et préciser les caractères du patrimoine avant d’en dévoiler le contenu, la
composition.
A/ DEFINITION
Le patrimoine est l’ensemble des droits et des obligations appartenant à une personne et ayant
une valeur pécuniaire c'est-à-dire évaluable en argent. Les droits constituent l’actif et les
obligations, le passif. L’actif regroupe les biens et le passif les dettes.
B/ CARACTÈRES
Plusieurs caractères sont attachés au patrimoine. Le patrimoine est nécessaire. Toute personne
même le nouveau-né ou l’indigne a un patrimoine, que celui-ci soit ou non fourni en biens. En
effet, le patrimoine est l’ensemble des biens présents et à venir d’une personne. Le
patrimoine est unique parce que chaque personne a un seul patrimoine.
Exemple : Pour un commerçant, on ne distingue pas son patrimoine commercial et son
patrimoine familial.
Le patrimoine est transmissible. C’est pourquoi en cas de décès de la personne, il est transmis
à ses héritiers.
Enfin, il forme une universalité c'est-à-dire un ensemble indissociable. On ne peut séparer
l’actif (les biens) du passif (les dettes).
Ainsi un héritier ne peut pas en principe choisir de recueillir seulement les biens d’un défunt à
l’exclusion de ses dettes.
Perçu du côté actif, le patrimoine se compose de biens mais aussi de droits.
A/ LES DROITS
❖ Le droit personnel
Le droit personnel est une prérogative en argent. Il met en rapport deux personnes. On
l’appelle aussi droit de créance. Il permet à une personne dite créancier d’exiger quelque
chose à une autre, le débiteur. Le rapport de droit entre les deux personnes est appelé
obligation.
Le droit de créance ne porte pas sur un bien précis mais sur l’ensemble des biens du débiteur.
Le créancier ne dispose que d’un droit de gage général sur l’ensemble du patrimoine du
débiteur. On dit que c’est un créancier chirographaire. Il n’a pas de privilège comme le
titulaire du droit réel. Hormis les droits, le patrimoine renferme les biens.
I/ LE FAIT JURIDIQUE
Le fait juridique est un événement volontaire ou involontaire susceptible des effets de droit.
La survenue d’un fait juridique engage la responsabilité délictuelle ou quasi-délictuelle de son
auteur. Mais avant d’examiner les règles applicables à cette responsabilité essayons de
préciser la notion de fait juridique.
Le fait juridique est une action qui fait naître une obligation à la charge de son auteur sans
que celui-ci ait eu l’intention de s’obliger. Le fait juridique peut être un délit ou un quasi-délit
selon que l’auteur ait agi volontairement ou non.
A/ LE DELIT
Le délit civil doit être distingué du délit pénal qui est infraction (le vol, l’escroquerie, la
destruction des biens d’autrui sont des infractions).
En droit civil, le délit est un fait accompli volontairement qui cause un dommage à autrui mais
dont les conséquences ne sont pas toujours voulues par son auteur.
Exemples :
- Un paysan veut assouvir sa rancune l’un de ses voisins. Il répand dans son enclos un
produit nocif pour le bétail dont une partie périt. Il commet un délit.
- Une personne décide de porter atteinte à l’honneur ou à la réputation d’une autre en
publiant des propos diffamatoires sur elle dans un journal. Il s’agit aussi d’un délit civil.
B/LE QUASI-DELIT
C’est un délit commis par imprudence ou négligence sans intention pour son auteur de causer
un dommage à autrui. L’acte dommageable n’est pas accompli exprès. C’est le cas d’un
accident de la route suite à un défaut de maîtrise ou à l’usure des pneus.
Le fait juridique qu’il soit un délit ou un quasi-délit engage la responsabilité délictuelle de son
auteur.
II/ L’ACTE JURIDIQUE
L’acte juridique est la manifestation de volonté destinée à produire des effets de droit. L’acte
juridique peut être unilatéral (Testament, donation…), bilatéral (Contrat, protocole…) ou
multilatéral (Traité). L’acte juridique peut engager la responsabilité délictuelle ou
contractuelle de son auteur ou des parties.
I/ LA NOTIOND’OBLIGATION
Les obligations sont multiples dans leur classification mais l’obligation est une dans sa
définition.
A/ LA DEFINITION DE L’OBLIGATION
L’obligation juridique est un lien, un rapport de droit entre deux personnes en vertu
duquel l’une, appelée débiteur est tenue envers l’autre, le créancier, soit à une prestation, soit
à une abstention.
Exemples :
Lorsque le débiteur est tenu à un résultat, sa responsabilité civile peut être engagée dès lors
que le résultat précis n’est pas atteint. Ce n’est pas le cas pour l’obligation de moyens. Ici il
faut démontrer que le débiteur n’a pas agi avec toute la diligence nécessaire, qu’il n’a pas
utilisé tous les moyens en son pouvoir. L’obligation quelle que soit son objet découle de
quelque chose.
L’obligation est générée par un acte juridique, généralement un contrat. Le contrat est un acte
juridique bilatéral qui se distingue de l’acte juridique unilatéral. L’acte unilatéral est la
manifestation d’une seule volonté qui crée des obligations à la charge de la personne dont il
émane. L’obligation peut avoir pour source un fait juridique qui engage la responsabilité
délictuelle de son auteur.
Pour être valable, un contrat doit obéir à certaines conditions. Seul un contrat valable peut
produire des effets juridiques. Il faut définir le contrat avant d’établir la typologie des contrats.
Le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes dont l’effet est de créer
entre elles des obligations. C’est un acte juridique.
Accord de volontés, le contrat est une convention mais une convention qui produit des effets
juridiques. C’est en cela qu’il se distingue des règles de convenance et de courtoisie. Celles-
ci qui n’engagent que moralement ne produisent aucun effet juridique.
Le contrat, en principe, met en rapport deux personnes : le vendeur et l’acheteur dans la
vente, le bailleur et le locataire dans le contrat bail.
- Le contrat de vente d’un bien immobilier exige pour sa validité un acte authentifié par
un notaire.
- Le contrat de société s’accomplit suivant un formalisme qui passe par
l’immatriculation, la publicité et aussi par l’intervention d’un notaire.
Un contrat est réel quand en sus du consentement des parties, il est nécessaire qu’une chose
soit délivrée. Ici le contrat ne peut se concevoir sans la délivrance de l’objet. Exemple : Le
contrat de dépôt exige le transfert de la garde de la chose.
C/ LE CONTRAT SYNALLAGMATIQUE ET LE
CONTRAT UNILATERAL
Le contrat synallagmatique ou bilatéral est un contrat dans lequel les engagements des parties
sont réciproques et interdépendantes. Chacune s’engage à une obligation correspondante à
celle de son cocontractant.
Exemple : Jean Claude vend un ordinateur à Fidèle.
En vertu du contrat de vente, Jean Claude est tenu de livrer l’objet à Fidèle. Il est débiteur de
cette première obligation.
Fidèle, lui, est tenu de payer le prix de l’ordinateur. Il est débiteur et Jean Claude créancier de
la seconde obligation.
A l’opposé, le contrat unilatéral est celui qui ne fait naître des obligations qu’à la charge de
l’une des parties bien que les deux parties aient manifesté leur volonté.
Exemple : La promesse unilatérale de vente n’oblige que celui qui l’a faite
Le contrat est à exécution lorsque les prestations incombant à chaque partie sont susceptibles
d’être accomplies en un trait de temps. Exemple : La vente
Le contrat à exécution successive, est celui pour lequel l’accomplissement des prestations des
parties s’échelonne dans le temps.
Exemple : Le contrat de travail, le contrat de bail, la vente à livrer (vente assortie d’un
engagement à fournir des marchandises à des échéances régulières).
Quelle que soit la catégorie à laquelle ils appartiennent les contrats sont conclus suivant des
règles communes.
La formation des contrats obéit à des conditions dont le non-respect est sanctionné.
Pour qu’un contrat soit valable, il faut le consentement des parties, la capacité juridique, une
cause et un objet au contrat
.
A/ LE CONSENTEMENT
Les parties doivent manifester leur consentement. Mais ce consentement doit être intègre
c'est-à-dire exempt de tout vice.
1) La manifestation du consentement : l’offre et l’acceptation
❖L’offre
Dans un contrat, il y a deux parties. L’une est appelée offrant ou pollicitant et l’autre,
acceptation. L’offrant est celui qui fait l’offre. L’offre ou pollicitation est la proposition de
contracter. Elle peut être expresse ou tacite.
Expresse, elle est formulée soit oralement, soit par écrit. Tacite, elle résulte d’une attitude ou
d’un acte par lequel se manifeste indirectement la volonté d’offrir.
Exemples :
-Un vendeur de journaux qui vous tend un journal vous fait une offre tacite.
-L’exposition d’une marchandise dans une vitrine avec affichage du prix est une offre tacite. -
Le stationnement d’un taxi dans un lieu indiqué pour les passagers est également une offre
tacite
Pour valoir proposition de contracter, l’offre doit être ferme, précise et complète. Elle doit
mentionner les éléments essentiels du contrat (le prix et la chose pour le contrat de vente par
exemple). Elle ne doit pas être assortie de réserves. En clair, elle doit être formulée de telle
sorte que l’acceptation entraîne immédiatement la formation du contrat.
L’offre peut être assortie de délai ou non.
Exemple : Une annonce dans un journal propose la location d’une maison avec un préavis de
6 jours. L’offre ici est assortie de délai.
Lorsque l’offre est affectée d’un délai le pollicitant ne peut la révoquer dans le délai. Quand il
n’y a aucun délai il peut à tout moment mettre fin à son offre sauf à respecter un délai
raisonnable.
❖ L’acceptation
L’acceptation est l’expression de l’intention du destinataire de l’offre de conclure le contrat
aux conditions prévues par l’offrant. L’acceptation doit être identique à l’offre c'est-à-dire
adhérer aux conditions qu’elle fixe. Il peut arriver que l’acceptation diffère de l’offre. En
effet, le destinataire de l’offre peut en négocier les conditions : on dit qu’il fait une contre-
proposition. Exemple : DAGO propose à TOTO de lui vendre un livre à 6 000 francs.
TOTO qui trouve le prix élevé propose plutôt d’acheter à 4 000 francs. Au lieu d’accepter
l’offre, il fait une contre-proposition.
La contre-proposition est une nouvelle offre. Le destinataire de la première offre devient lui-
même offrant, et l’offrant devient acceptant.
L’acceptant peut être exprès ou tacite. Elle peut aussi être déduite du silence.
Exemple : Il y a acceptation tacite lorsqu’un commerçant expédie les marchandises qu’on lui a
commandées. En expédiant il accepte l’offre d’achat.
On déduit l’acceptation du silence d’une personne lorsqu’il existe entre elle et l’offrant des
relations d’affaires habituelles.
Exemple : YAO, grand commerçant à l’habitude de passer des commandes de marchandises à
des périodes précises avec KOITA. En vertu de leur relation d’affaire YAO est présumé avoir
accepté une livraison faite selon les conditions habituelles.
Le contrat se forme lorsque l’acceptation rencontre les conditions de l’offre. Si cela parait
évident lorsque les parties sont en présence l’une de l’autre, il n’en est pas ainsi quand elles
sont en des endroits séparés. C’est le problème des contrats à distance ou par correspondance
ou encore entre absents.
La lettre d’ALINE a été émise le 2 mai avant celle de BETIKA. Au regard de la théorie de
l’émission elle bénéficie du contrat. Le contrat est formé à Abidjan le 2 mai. La manifestation
du consentement ne suffit pas pour former le contrat.
Encore faut-il que le consentement soit intègre c'est-à-dire exempt de tout vice.
Le dol est une tromperie résultant d’un mensonge, d’une manœuvre frauduleuse ou d’une
réticence de l’une des parties au contrat en vue d’amener l’autre à conclure.
Exemple :
-Un garagiste vent une voiture occasion de 40 000 Kms après en avoir trafiqué le compteur.
En réalité elle a 80 000Kms. Il y a dol par manœuvre frauduleuse.
-Un commerçant s’abstient de révéler à l’acheteur un vice caché de la chose dont il a
connaissance. Il y a ici dol par réticence.
Pour être considéré comme un vice du consentement, la tromperie doit être de nature à induire
la victime du dol en erreur. L’autre doit commettre une faute. Car la simple vanterie de l’objet
ne suffit pas. C’est d’ailleurs pourquoi, on ne sanctionne pas un commerçant qui par publicité
exagère quelque peu son produit.
❖ La violence
La violence est la pression, la menace exercée sur une personne pour l’amener à conclure un
contrat contre son gré. Elle peut être physique (menace avec une arme à feu) ou morale (le
chantage). La violence doit présenter une certaine gravité c'est-à-dire qu’elle doit être de
nature à faire impression sur la victime au regard de son âge, de sa profession, même sa
religion.
Exemple : Un fidèle qui fait une donation sous la menace d’une sanction religieuse.
La menace d’exercer une voie de droit est considérée comme légitime. Mais elle devient une
violence de nature à vicier le consentement si elle est utilisée à une autre fin.
Exemple :
-Un individu obtient la vente d’un immeuble en menaçant de dénoncer à la police le vendeur
qui a participé à un vol. C’est une violence morale illégitime.
-Un créancier menace de poursuivre son débiteur en justice s’il ne rembourse pas sa dette.
Cette violence est légitime. Elle n’est pas un vice du consentement.
Les parties doivent donner leur consentement au contrat mais en plus elles doivent être
capables.
3) La capacité contractuelle.
Le contrat est un acte juridique. Pour conclure un acte juridique, il faut être majeur et saint
d’esprit. Les mineurs non émancipés et les majeurs déclarés incapables n’ont pas la capacité
de conclure un contrat. Les contrats passés en violation de l’incapacité sont en principe nuls.
Toutefois, il faut distinguer selon qu’il s’agit d’un acte de disposition, d’administration, ou
d’un acte de la vie courante (Voir chap. 4).
Pour être valable, un contrat doit avoir enfin une cause et un objet.
❖ L’objet du contrat
Par objet du contrat, il faut entendre la prestation à laquelle les parties s’obligent. Dans un
contrat synallagmatique, on a deux objets.
Exemple : Dans la vente, la chose et le prix.
L’objet peut exister au moment du contrat ou être futur. Exemple
:
-Le contrat de vente d’une maison à construire.
-Le contrat de sponsoring sur une œuvre musicale à réaliser.
➢ Le problème de la lésion
Dans le contrat synallagmatique, il doit y avoir une équivalence entre les prestations de
chacune des parties. Lorsqu’il y a un grave déséquilibre entre les prestations, on dit qu’il y a
lésion.
La lésion est le préjudice résultant pour l’une des parties au contrat d’un défaut d’équivalence
entre l’avantage qu’elle obtient et le sacrifice qu’elle consent. Elle n’est sanctionnée que dans
la vente d’immeuble quand elle est de plus de 7/12 et dans le contrat de partage si elle excède
le ¼ de la chose à partager.
Celui à qui profite la lésion peut être condamnée à payer le complément.
❖ La cause du contrat
La cause du contrat c’est ce pourquoi on conclut le contrat. Il peut s’agir de la prestation que
l’on attend du cocontractant. Exemple :
- YAO vend sa maison à ZAO pour que ZAO lui en verse le prix.
-Le paiement du prix est la cause du contrat pour YAO.
Dans l’exemple il s’agit d’une cause finale ou objective. En principe on devrait parler de
cause de l’obligation.
La cause s’entend aussi des raisons, des motifs ou des mobiles qui amènent une partie à
conclure. Exemple :
-Un locataire qui prend une maison en bail pour y installer des prostituées
-Un homme marié qui offre une voiture à sa maîtresse pour ne pas qu’elle mette à exécution
son projet de le quitter.
Pour qu’un contrat soit valable il faut non seulement qu’il ait une cause mais que la cause soit
licite c'est-à-dire conforme à la loi et à la morale. Dans les exemples suscités, la cause des
contrats est illicite, immorale parce que la prostitution et les relations adultérins heurtent la
morale et sont même contraires à la loi. Lorsque les conditions de formation du contrat ne
sont pas réunies, la loi prévoit une sanction.
Les conditions de formation du contrat sont cumulatives. L’absence de l’une d’elle fait
obstacle à sa validité. Le contrat qui n’est pas valable est nul. La nullité est la sanction de
l’absence d’une condition de formation du contrat. Elle consiste en l’anéantissement de l’acte
juridique comme si celui-ci n’avait jamais existé. Celui qui estime que le contrat qu’il a
conclu n’est pas valable, doit saisir le tribunal. Seul le juge est compétent pour prononcer la
nullité du contrat. On distingue deux types de nullités : la nullité absolue et la nullité relative.
A/ LA NULLITE ABSOLUE
Elle sanctionne une irrégularité grave dans la formation du contrat notamment en cas de
défaut de consentement, de défaut de cause ou de cause illicite.
Exemple : Un contrat portant sur le commerce de drogue ou d’organes humains est nul de
nullité absolue.
Dans ce cas toute personne intéressée (les contractants, leurs créanciers, le juge lui-même)
peut soulever la nullité. Le délai pour demander la nullité est de 30 ans.
Celui qui a conclu un contrat dont il savait la cause immorale ou illicite ne peut en demander
la nullité. On dit qu’il ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. C’est la règle « Nemo
auditur propriam turpitudinem allegans ».
Exemple : Un homme marié offre une voiture à sa maîtresse pour maintenir leur relation
adultérine. Sa maîtresse ayant décidée de rompre, il veut annuler la donation. La loi lui refuse
cette action.
B/ LA NULLITE RELATIVE
Elle sanctionne une irrégularité moins grave.
Exemple : L’erreur, le dol, la violence.
L’erreur ne peut être invoquée que par la victime. Celle-ci a 5 ans pour agir en nullité à partir
du jour où le vice du consentement est découvert.
Le contrat annulé ne peut pas produire d’effets. IL ne le peut que s’il est valable.
A/ L’EFFET OBLIGATOIRE
Les parties ont l’obligation de se soumettre aux clauses du contrat. La violation par elles de
ces clauses est sanctionnée.
1) L’obligation pour les parties de se soumettre aux clauses du contrat
Le contrat valablement conclu oblige les parties à en respecter les clauses. Il devient comme
une loi pour elles. Chacune est tenue d’exécuter sa prestation telle que prévue au contrat et
dans les conditions convenues.
Cependant le contrat n’est pas immuable. Les parties peuvent d’un commun accord en
modifier les clauses ou même le révoquer, y mettre fin.
❖ L’exception d’inexécution
L’exception d’inexécution est la possibilité offerte à une partie au contrat de s’abstenir
d’exécuter son obligation à l’inexécution par l’autre de la sienne. Elle se conçoit dans les
contrats synallagmatiques ou les obligations des parties sont interdépendantes.
Exemple : Par contrat de vente, KONAN s’est engagé à livrer des marchandises diverses
à KOUASSI au prix de 150.000 franc. Sans avoir livré les produits il demande le paiement du
prix. La première obligation n’étant pas exécutée KOUASSI peut invoquer l’exception
d’inexécution pour s’abstenir de payer le prix.
❖ La rupture du contrat
Une partie au contrat peut en demander la rupture si l’autre n’exécute pas son obligation. La
rupture est une résiliation ou une résolution.
La résiliation est la rupture d’un contrat à exécution successive (le contrat de bail, le contrat
de travail…). La fin du contrat à exécution successive n’entraîne pas la restitution des
prestations des parties parce qu’en pratique cela est impossible. La résiliation dispose pour
l’avenir. Exemple : Dans un contrat de bail on ne peut pas demander au locataire de restituer
au bailleur la jouissance des locaux. Tout comme dans un contrat de travail, on ne peut pas
demander à l’employeur de rembourser le travail effectué par l’employé.
La résolution, concerne les contrats à exécution instantanée (Le contrat de vente par exemple).
A la fin du contrat, les parties sont remises dans l’état où elles se trouvaient avant le contrat. Il
y a restitution des prestations fournies par chacune d’elle. La résolution a un effet rétroactif.
Exemple : Dans la vente, le prix est remboursé à celui qui a payé et la marchandise à celui qui
l’a fournie.
❖ La responsabilité contractuelle
Les tiers, personnes étrangères, ne peuvent cependant en ignorer l’existence. Le contrat crée
une situation juridique qui s’impose à tous. On dit que le contrat est opposable aux tiers. Les
parties peuvent s’en prévaloir à leur égard.
Exemple : KONAN vend sa voiture à YAO. FOFFI qui est son créancier ne peut valablement
saisir le véhicule en prétextant que KONAN en est le propriétaire. Il ne peut pas ignorer le
contrat de vente entre KONAN et YAO. Ce contrat lui est opposable.
Parfois un contrat ne peut être opposable aux tiers qu’après l’accomplissement de certaines
mesures de publicité destinées à les informer. Il en est ainsi de l’inscription au registre foncier
d’une vente d’immeuble, de l’immatriculation au registre de commerce imposée aux
commerçants et aux sociétés commerciales.
Bien que les tiers soient étrangers au contrat, celui-ci peut de manière exceptionnelle produire
des effets à leur avantage. C’est le cas en matière d’assurance-vie : par le mécanisme de la
stipulation pour autrui, une personne peut demander à un assureur, moyennant le versement
régulier de primes, de faire bénéficier à une tierce personne désignée dans le contrat, d’un
capital au décès du souscripteur.
Le contrat, on l’a vu, est acte juridique soumis à un régime spécifique qui le sépare du fait
juridique.
CHAPITRE X : LA RESPONSABILITÉ
La responsabilité civile qu’elle soit contractuelle ou délictuelle (fondée sur un fait juridique)
vise à réparer le dommage, le préjudice qu’une personne cause à une autre par l’allocation
d’une somme d’argent qu’on appelle dommages intérêts.
On distingue trois cas de responsabilité délictuelle. Dans chacun de ces cas certaines
conditions doivent être réunies.
On peut être responsable pour son fait personnel c'est-à-dire pour sa propre faute, du
fait d’une chose ou pour le fait d’autrui.
Trois conditions sont exigées pour que la victime d’un dommage obtienne des dommages
intérêts : une faute, un préjudice et un lien causal entre ces deux éléments.
A/ LA FAUTE
La faute est le fait générateur du dommage. Il peut s’agir d’un fait personnel, du fait d’une
chose ou du fait d’autrui (cf. les cas de responsabilité).
B/ LE DOMMAGE OU PREJUDICE
Le dommage c’est le préjudice dont souffre la victime d’un fait. Il doit être prouvé. Le
préjudice doit être certain et directe. Un préjudice éventuel ne peut suffire.
Exemple : ZEGUEN entrepose des produits inflammables à côté de la villa de BAKO.
Le dommage que pourrait subir BAKO n’est que probable puisque les produits
Ne se sont pas encore enflammés. Il ne peut pas demander réparation. Le dommage peut être
futur.
Exemple : COULIBALY a une incapacité de travail suite à un accident.
Le dommage réparable sera non celui déjà subi, mais encore l’incapacité à venir en cas
d’aggravation du dommage. Dans ce cas le préjudice est certain et futur.
Le préjudice peut être matériel : la perte d’un objet ou d’une somme d’argent, des blessures
corporelles. Il peut être aussi moral (douleur morale éprouvée par la victime suite au décès
accidentel d’un parent) ou esthétique (affection de l’état corporel par des cicatrices
disgracieuses).
C/ LE LIEN DE CAUSALITE
La faute doit être la cause du dommage. La victime doit faire la preuve du lien de cause à effet
entre ces deux éléments. Ce lien n’est pas toujours évident parce que le dommage peut résulter
d’un cas de force majeure, de l’intervention d’un tiers ou de la faute de la victime elle-même.
La force majeure est un événement irrésistible et extérieur aux parties qui est la cause du
dommage.
Exemple : Un vent violent arrache une cuvette qu’AYA portait sur la tête, laquelle va
Percuter TINA lui occasionnant une blessure au temple. Puisque le dommage
Résulte d’un événement imprévisible et irrésistible en l’occurrence le vent violent, la
responsabilité d’AYA ne peut être engagée.
La responsable est supprimée lorsque le préjudice est causé par le fait d’un tiers c'est-à-dire
par une autre personne.
Exemple : Un piéton traversant la chaussée ’’ au feu vert’’ oblige une voiture à changer
brusquement de direction, l’amenant à percuter un autre véhicule. Le dommage qui en résulte
est causé par le piéton imprudent qui est tiers à l’accident.
La victime elle-même peut être à la base du dommage. Tel est le cas d’un piéton qui laisse le
trottoir pour marcher sur la chaussée où il est percuté par un véhicule.
Lorsque les conditions de la responsabilité sont réunies, le juge prononce la sanction. La
sanction prend la forme d’une somme d’argent allouée à la victime. Le montant de
FIN DU COURS