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Sylvie Ancel
2020-2021
Droit du travail
La recherche de
Une dimension
La protection des la satisfaction
collective des
intérêts du salarié d'intérêts
relations de travail
divergents
Protection du salarié – Le droit du travail a pour objectif de protéger le salarié. Il s’agit de limiter les effets de la
subordination et d’encadrer sa dépendance économique.
Dimension collective des relations de travail – Le droit du travail est un droit collectif. Il permet d’organiser les
relations dans l’entreprise et sur le marché de l’emploi. Il encadre les actions collectives et la résolution des éventuels
conflits. Divers acteurs et institutions interviennent et contribuent à l’instauration d’un dialogue social (négociation
collective, droit syndical, CSE).
Un droit au cœur des conflits – Il existe au cœur de la relation de travail un conflit d’intérêts. Les parties au contrat ont
des intérêts divergents. Le droit du travail cherchera à satisfaire ces intérêts.
Egalité de traitement
En application du principe constitutionnel d’égalité, l’égalité de traitement entre les salariés s’applique en droit du travail.
L’employeur doit respecter ce principe dans ses décisions, notamment en matière de rémunération. Les partenaires sociaux sont
également tenus de respecter ce principe lorsque des dispositions de conventions ou d’accords collectifs sont attribuées à
certaines catégories de salariés. Ces dispositions doivent être justifiées.
80% des salariés à temps partiel sont des femmes.
Parmi les temps partiels, 30% sont déclarés subis.
Non-discrimination
Une discrimination est le fait de traiter, sans justification, une personne de manière moins favorable qu’une autre placée
dans une situation comparable.
La discrimination peut prendre différentes formes. Le Code du travail Article L1132-1 (modifié loi 22 mai 2019)
Aucune personne ne peut être écartée d'une procédure de recrutement ou
dresse une liste exhaustive de 24 critères de discrimination. de nomination ou de l'accès à un stage ou à une période de formation en
Une personne est traitée de manière moins entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet
Discrimination d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, telle que définie à l'article
favorable qu’une autre dans une situation
directe 1er de la loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions
comparable. d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les
Une disposition ou une pratique de l’entreprise, discriminations, notamment en matière de rémunération, au sens de
neutre en apparence, entraine un désavantage l'article L. 3221-3, de mesures d'intéressement ou de distribution d'actions,
de formation, de reclassement, d'affectation, de qualification, de
particulier pour des personnes (ex : système de classification, de promotion professionnelle, de mutation ou de
Discrimination promotion). renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, de ses
indirecte L’employeur doit prouver que cet avantage mœurs, de son orientation sexuelle, de son identité de genre, de son âge, de
sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques,
accordé à certaines personnes est justifié par un
de la particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique,
but légitime et que les moyens pour réaliser ce but apparente ou connue de son auteur, de son appartenance ou de sa non-
sont nécessaires et appropriés. appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue
Un harcèlement constitue une discrimination race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de
Discrimination par ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de
quand il est pratiqué en raison d’un motif famille, de son lieu de résidence ou de sa domiciliation bancaire, ou en raison
harcèlement
discriminatoire. de son état de santé, de sa perte d'autonomie ou de son handicap, de sa
capacité à s'exprimer dans une langue autre que le français .
On entend par sources du droit, les différentes manières dont les règles juridiques sont établies.
En droit interne, les sources du droit formelles sont la loi au sens large (Constitution, loi au sens strict, règlement). La
jurisprudence, les principes généraux du droit formulés notamment par la doctrine, ne sont que partiellement reconnus comme
sources du droit.
À côté de l’ordre interne, il faut prendre en considération l’ordre international dont le rôle, dans la création de la règle de droit
est de plus en plus important.
Art. 55. - Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie.
Le droit communautaire
Le droit communautaire se décompose en droit communautaire primaire et droit communautaire dérivé.
Le droit communautaire primaire est composé des différents traités instituant l’Union Européenne (traités de Paris, de Rome,
Amsterdam, Nice, Lisbonne…).
Le droit communautaire dérivé est constitué des actes créés par les institutions européennes en application des traités : les
règlements, directives (ex : règlement du 25 octobre 1968 sur la libre circulation des travailleurs).
• Le règlement communautaire : il est général et obligatoire dans l’ensemble des pays membres. Le règlement
communautaire est d’application directe.
• Les directives communautaires : elles fixent un résultat à atteindre et laissent les états libres du moyen utilisé pour
atteindre ce résultat (ex : directive du 14 octobre 1991 imposant la remise d’un écrit à tout salarié dans les deux mois
qui suivent le début de son activité).
• Les décisions communautaires : ce sont des actes de portée individuelle. Leurs dispositions sont obligatoires et
applicables directement par leurs destinataires.
La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) tient une place importante dans l’édification du droit du
travail européen.
Les conventions et accords collectifs portent sur les conditions d’emploi et de travail des salariés et leurs garanties sociales. Ils
visent à assurer une meilleure protection des salariés.
L’ensemble des salariés du secteur privé est concerné par l’existence de conventions et accords collectifs de travail.
La négociation collective (art. L 2211-1 du Code du travail) est la discussion entre partenaires sociaux des conditions d’emploi,
de formation professionnelle et de travail, et des garanties sociales des salariés.
L’expression partenaires sociaux désigne les organisations qui participent à des négociations d’ordre social et qui sont
constituées notamment des représentants des syndicats reconnus représentatifs de salariés et des organisations syndicales
représentatives patronales. Le dialogue social peut être tripartite lorsque les pouvoirs publics y prennent part.
Les partenaires sociaux ont un rôle en matière de gouvernance sociale et économique en représentant les intérêts et les
problèmes concernant les conditions de travail. Ils sont habilités à conduire un dialogue pour le compte de leurs membres et à
mener des négociations qui donnent naissance le plus souvent à des conventions collectives.
1
Cf. supra - page 12 présentant les 3 blocs de compétence
La négociation peut être imposée, avec des thèmes et un rythme imposés, ou libre.
Le dialogue social préalable à la loi a valeur constitutionnelle.
La convention et l’accord collectif de travail ont les mêmes parties et la même forme.
Il s’agit d’un écrit à peine de nullité conclu entre :
Une ou plusieurs organisations syndicales de salariés reconnues représentatives au plan national, ou affiliées aux dites
organisations, ou qui ont fait preuve de leur représentativité dans le champ d’application de la convention ou de
l’accord.
Une ou plusieurs organisations d’employeurs, ou tout autre groupement d’employeur, ou un employeur pris
individuellement.
La convention et l’accord collectif diffèrent par leur objet, celui de la convention étant plus large.
La convention a vocation à traiter de l’ensemble des conditions d’emploi et de travail.
o Elle peut être de branche, négociée et conclue au niveau de la branche : métallurgie, chimie, bâtiment…ce qui constitue
son champ d’application professionnel. Son champ d’application territorial est soit national, soit régional, soit local.
o Elle peut être d’entreprise, négociée et conclue au niveau de l’entreprise.
L’accord ne traite qu’un ou plusieurs sujets déterminés : réduction du temps de travail, indemnisation du chômage ; Il
peut être négocié et conclu :
• Par l’ensemble des branches : accord interprofessionnel,
• Au niveau d’une branche : accord professionnel,
• Au niveau d’une entreprise : accord d’entreprise.
§ 3 - La mise en œuvre
Les conventions de branche restent soumises à la signature par une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ayant recueilli aux
dernières élections professionnelles au moins 30% des suffrages exprimés en faveur d’organisations reconnues représentatives à ce niveau.
De plus, l’accord ne doit pas avoir fait l’objet d’une opposition d’une ou plusieurs organisations syndicales de salariés ayant recueilli la majorité
des suffrages exprimés en faveur des institutions représentatives du personnel.
B - La publicité
Les conventions et accords collectifs, ainsi que leurs avenants et annexes (actes révisant ou complétant la convention ou
l’accord), doivent être déposés auprès de la DIRECCTE et au secrétariat du conseil de prud’hommes.
Les conventions et accords de branche, de groupe, interentreprises, d’entreprise et d’établissement sont rendus publics et
versés dans une base de données nationale, dont le contenu est publié en ligne dans un standard ouvert aisément
réutilisable.
Après la conclusion de la convention ou de l’accord, les parties peuvent acter qu’une partie de la convention ou de l’accord ne
doit pas faire l’objet de la publication prévue si l’employeur estime que la diffusion serait préjudiciable à l’entreprise. Cet acte,
ainsi que la version intégrale de la convention ou de l’accord et la version de la convention ou de l’accord destinée à la
publication, sont joints au dépôt prévu à l’article L. 2231-6.
A défaut d’un tel acte, si une des organisations signataires le demande, la convention ou l’accord est publié dans une version
rendue anonyme, dans des conditions prévues par décret en Conseil d’Etat.
Les conventions et accords valides s’appliquent, sauf stipulations contraires, dès le lendemain de leur dépôt. Leurs
dispositions se substituent de plein droit à celles des contrats de travail dans les entreprises relevant de leur champ.
Apports de la loi du 08 août 2016 Art. L. 2222-4 du Code du travail - La convention ou l’accord est conclu pour une durée
déterminée ou indéterminée.
A défaut de stipulation de la convention ou de l’accord sur sa durée, celle-ci est fixée à cinq ans.
Les conventions et accords à durée indéterminée. Ils peuvent être dénoncés par les parties signataires.
La dénonciation est une technique dont l’objet est de stopper l’application d’un texte, en l’occurrence la convention ou
l’accord collectif.
Un préavis de 3 mois au moins doit être observé. Si la dénonciation émane de la totalité des signataires employeurs ou salariés,
une nouvelle négociation doit s’ouvrir dans un délai maximal de 3 mois.
Lorsque la convention ou l'accord qui a été dénoncé n'a pas été remplacé par une nouvelle convention ou un nouvel accord dans
un délai d'un an à compter de l'expiration du préavis, les salariés des entreprises concernées conservent, en application de la
convention ou de l'accord dénoncé, une rémunération dont le montant annuel, pour une durée de travail équivalente à celle
prévue par leur contrat de travail, ne peut être inférieur à la rémunération versée lors des douze derniers mois.
Lorsqu'une stipulation prévoit que la convention ou l'accord dénoncé continue à produire ses effets pendant un délai supérieur
à un an, le premier alinéa du présent article s'applique à compter de l'expiration de ce délai si une nouvelle convention ou un
nouvel accord n'a pas été conclu.
Prolongation de 12 mois
Dénonciation
Dénonciation dudu
texte
texte conventionnel
conventionnel
J + 3 mois Délai dit « de survie »
J J + 15 mois
Pour les accords interprofessionnels et les conventions et accords de branche, la révision peut être engagée :
• Jusqu’à la fin du cycle électoral au cours duquel l’accord ou la convention a été conclu :
• Par une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives dans son champ d'application et
signataires ou adhérentes de ce texte ;
• Par une ou plusieurs organisations professionnelles d'employeurs signataires ou adhérentes. Si la convention
ou l'accord est étendu, ces organisations doivent être en outre représentatives dans le champ d'application de
la convention ou de l'accord ;
• A l’issue de cette période :
• Par une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives dans le champ d'application de la
convention ou de l'accord ;
• Par une ou plusieurs organisations professionnelles d'employeurs de la branche. Si la convention ou l'accord
est étendu, ces organisations doivent être représentatives dans le champ d'application de la convention ou de
l'accord.
Effets de l’avenant de révision – L’avenant de révision se substitue de plein droit aux stipulations de l’accord ou de la
convention qu’il modifie.
Les conventions et accords collectifs obligent tous ceux qui les ont signés ou qui sont membres des organisations signataires.
Un employeur sera tenu d’appliquer une convention collective dans trois cas :
• Il a signé la convention ou l’accord,
• Il est membre d’une organisation patronale signataire,
• La convention, ou l’accord, a été étendue par arrêté ministériel.
L’application de la convention dépend de l’activité principale de l’entreprise. Pour déterminer cette activité, il convient de se
référer aux codes NAF/APE mais ceux-ci ne sont que des indices. Ce qui compte en pratique, c’est l’activité réellement exercée :
• Lorsque l’activité est industrielle, il convient de se référer aux effectifs employés,
• Lorsque l’activité est commerciale, c’est plutôt le volume du chiffre d’affaires qui doit être prise en compte.
Une convention ne s’applique dans une entreprise ou un établissement que si ceux-ci sont situés dans l’espace géographique
que la convention a entendu couvrir.
L’adhésion à l’organisation emporte acceptation de la convention. La démission de l’organisation n’empêche pas de demeurer
lié par la convention. Les clauses de la convention ou de l’accord s’appliquent dès lors aux contrats de travail conclus par
l’employeur, sauf dispositions plus favorables.
Les organisations syndicales sont tenues d’exécuter loyalement la convention ou l’accord. Elles peuvent agir en justice, ainsi que
toutes personnes liées par la convention, pour en obtenir l’exécution, contre les autres parties signataires ou liées par la
convention. Les inspecteurs du travail sont chargés de veiller à l’application des conventions et accords collectifs.
L’extension – Elle consiste à imposer le respect de la convention de branche à toutes les entreprises
entrant dans son champ d’application
Le code du travail donne la liste des clauses que doit nécessairement comprendre la convention de branche susceptible d’être
étendue (art. L 133-5 et L 133-7). L’extension intervient à la demande de l’une des parties, ou à l’initiative du ministre par arrêté
ministériel, après avis motivé de la commission nationale de la négociation collective.
Les effets de l’extension
L’extension rend l’application de la convention ou de l’accord obligatoire pour tous les employeurs et salariés de son champ
d’application professionnel et territorial. La convention est étendue aux conditions (durée, champ d’application…) où elle a été
conclue. L’application des avenants et annexes ne sera obligatoire que s’ils ont été eux-mêmes étendus. L’arrêté d’extension est
publié au JO et l’extension n’a d’effet que pour l’avenir.
L’élargissement - Dans une région ou une branche où se manifeste une impossibilité persistante de conclure une convention
ou un accord, du fait de l’absence ou de carence des organisations syndicales d’employeurs ou de salariés, un arrêté ministériel
d’élargissement peut être pris par le ministre du travail. Il peut :
• Rendre obligatoire dans le secteur territorial considéré une convention ou un accord déjà étendu à un secteur
territorial différent.
• Rendre obligatoire dans le secteur professionnel considéré une convention ou un accord déjà étendu à un autre
secteur professionnel.
• Rendre obligatoire dans une ou plusieurs branches d’activité non comprises dans son champ d’application un accord
interprofessionnel étendu.
• Rendre obligatoires les avenants de ces conventions et accords élargis.
La procédure est sensiblement la même que pour l’extension et l’arrêté d’élargissement est publié au JO.
L’usage est une pratique suivie habituellement dans l’entreprise, sous la forme d’avantages reconnus aux salariés ou à une
catégorie d’entre eux : primes, jours de congés supplémentaires, temps de pause…
Conditions de l’usage - Cette pratique oblige l’employeur à l’égard des salariés et acquiert la qualité d’un usage d’entreprise à
condition de présenter les caractères de généralité, fixité et constance.
• Généralité : l’avantage est attribué à l’ensemble des salariés, ou à une catégorie donnée d’entre eux.
• Fixité : son montant est déterminé selon des règles constantes et objectives.
• Constance : il est attribué régulièrement, non à la discrétion de l’employeur.
Dénonciation de l’usage - L’employeur peut toujours renoncer à l’application d’un usage d’entreprise en le dénonçant. La
dénonciation sera régulière et opposable à l’ensemble des salariés concernés, à condition que l’employeur :
• Informe individuellement chaque salarié concerné,
• Informe les institutions représentatives du personnel,
• Respecte un délai de prévenance suffisant, afin que ses négociations puissent éventuellement, être ouvertes.
Toutefois, ce dernier pourra les dénoncer dans les mêmes conditions qu’un usage d’entreprise.
Le pouvoir réglementaire consiste à donner des ordres dotés d’une certaine généralité et d’une vocation à régir les rapports de
travail. Le pouvoir réglementaire crée des normes qui prennent différentes formes.
§ 1 – Le règlement intérieur
Le contenu du règlement intérieur est réglementé. Il comporte des clauses obligatoires alors que d’autres sont interdites.
1. Les mesures d’application de la réglementation en matière d’hygiène et de sécurité dans
l’entreprise,
2. Les conditions dans lesquelles les salariés peuvent être appelés à participer, à la demande
de l’employeur, au rétablissement des conditions de travail protectrices de la santé et de la
sécurité des salariés quand elles sont compromises,
3. Les règles générales et permanentes relatives à la discipline, et notamment la nature et
l’échelle des sanctions que peut prendre l’employeur.
4. Les règles relatives au droit de la défense des salariés tels qu’ils résultent du code du travail
Champ du règlement intérieur ou de la convention collective applicable,
5. Les dispositions relatives à l’abus d’autorité en matière sexuelle et morale.
Interdiction des agissements sexistes. - Le règlement intérieur doit désormais rappeler les
dispositions relatives aux « agissements sexistes » en plus des dispositions relatives aux
harcèlements moral et sexuel (art. L. 1321-2 du Code du travail).
La notion d’agissement sexiste a été définie par la loi Rebsamen : il s’agit de tout agissement lié au
sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un
environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant (loi 2015-994 du 17 août 2015,
art. 20, JO du 18 ; art. L. 1142-2-1).
L’art. L 1321-3
Le règlement intérieur ne saurait contenir des clauses contraires « aux lois et règlements, ainsi
qu’aux dispositions des conventions et accords collectifs de travail applicables dans l’entreprise ».
Le règlement intérieur ne peut pas "apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles
et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni
Clauses interdites
proportionnées au but recherché".
Le règlement intérieur ne peut pas contenir de clauses discriminatoires. « Le RI ne peut pas
comporter de dispositions lésant les salariés dans leur emploi ou leur travail, en raison de leur sexe, de
leurs mœurs, de leur situation de famille, de leurs origines, de leurs opinions ou confessions ou de leur
handicap, à capacité professionnelle égale ».
Principe de neutralité. - Le règlement intérieur de l’entreprise peut désormais contenir des
Clauses de neutralité : dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des
salariés si, d’une part, ces restrictions sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits
facultative
fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise, et d’autre part, si elles
(Loi du 8 août 2016 dite « Loi sont proportionnées au but recherché (art. L. 1321-2-1 du Code du travail).
Travail ») Bien que rédigé en des termes généraux, cet article inséré par le Sénat peut notamment être utilisé
pour les signes trop ostentatoires d’appartenance à une religion.
Apports des ordonnances Macron sur les sources du droit (septembre 2017)
Un premier bloc couvre tous les domaines dans lesquels la convention de branche prévaut obligatoirement sur l’accord
d’entreprise (verrouillage de droit), qu’il soit antérieur ou postérieur à la date d’entrée en vigueur de la convention de
branche.
Parmi ces domaines figurent notamment :
• Les salaires minima hiérarchiques ;
• Les classifications ;
• La mutualisation des fonds de la formation professionnelle ;
• Les garanties collectives de protection sociale complémentaire ;
• L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
On retrouve ici en partie la liste fixée par la législation actuelle (art. L. 2253-3 du Code du travail), à laquelle la réforme
ajoute la mutualisation des fonds de la formation professionnelle.
Le premier bloc recense également diverses mesures que la loi Travail du 6 août 2016 a réservées à la branche :
• Création d’une durée d’équivalence (. art. L. 3121-14 du Code du travail),
• définition du nombre minimal d’heures entraînant la qualification de travailleur de nuit (art. L. 3122-16 du Code du
travail) et, en matière de temps partiel, durée minimale de travail (art. L. 3123-19, 1er alinéa du Code du travail),
• taux de majoration des heures complémentaires (art. L. 3123-21 du Code du travail) et recours aux avenants de
complément d’heures (art. L. 3123-22 du Code du travail).
Indépendamment de la loi Travail, relèvent aussi de la branche les conditions et durées de renouvellement de la période
d’essai (art. L. 1221-20 du Code du travail) et le transfert conventionnel des contrats de travail. Sur tous ces points, la
réforme ne fait qu’inventorier des mesures existantes et n’entraîne donc pas de modification de fond.
En définitive, la principale nouveauté concerne les CDD et l’intérim. En effet, dans ces domaines, un autre volet de la
réforme (projet d’ordonnance relatif à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail) offre aux branches la
possibilité de fixer la durée totale du CDD ou du contrat de mission, les modalités de calcul du délai de carence entre deux
contrats, le nombre maximal de renouvellements pour un contrat de mission et le délai de transmission du CDD au salarié.
Les branches peuvent également définir les conditions de recours au CDI de chantier ou d’opération.
Le premier bloc reprend donc ces divers points, pour rappeler la prééminence de l’accord de branche.
Le deuxième bloc définit les domaines dans lesquels la convention de branche peut interdire toute dérogation défavorable
aux salariés par un accord d’entreprise ultérieur (verrouillage facultatif). Sont concernés :
• La prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels ;
• L’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées ;
• L’effectif à partir duquel les délégués syndicaux peuvent être désignés, leur nombre et la valorisation de leur parcours
syndical ;
• Les primes pour travaux dangereux ou insalubres.
Le troisième bloc se définit par défaut : dans tout domaine qui n’appartient au premier ou au deuxième bloc, l’accord
d’entreprise prévaut sur les clauses de la convention de la branche ayant le même objet, que l’accord ait été conclu avant
ou après l’entrée en vigueur de cette convention.
À titre d’exemple, il est donc théoriquement possible de remettre en cause, par accord d’entreprise, le montant d’une prime
de vacances d’origine conventionnelle, voire la supprimer (en la remplaçant par autre chose, voire sans contrepartie), sous
réserve, bien évidemment, que les syndicats acceptent de signer un tel accord.
Applications
I - Quiz – Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les. Vrai Faux
1. Le droit du travail s’applique à tous les salariés
2. Les conventions et accords collectifs sont toujours plus favorables que la loi
3. Les accords d’entreprise ne peuvent pas déroger aux accords de branche
4. Le droit du travail ne s’applique qu’aux salariés du secteur privé
5. Un usage est un avantage répété accordé par l’employeur
6. Toutes les personnes doivent être rémunérées selon les mêmes règles dans l’entreprise
7. Ce sont les partenaires sociaux qui fixent la durée du travail dans l’entreprise
8. Un usage est pérenne, il ne peut pas être supprimé
9. Une norme européenne est supérieure à une norme nationale
10. L’égalité homme/femme s’applique à la rémunération
Annexe 2
Annexe 3
Il y a douze ans, Adrien et Justine ont créé une entreprise de vêtements écoresponsables en tissus recyclables. Précurseurs, ils
ont réussi à faire connaitre leur maque Eco-shirt partout en France. Ils décident de vendre leur société pour se consacrer à une
association de réinsertion. La société est achetée par François Piraux, qui y voit une opportunité à saisir. Adrien et Justine ont
jusqu’alors pratiqué un management participatif, octroyant à leurs salairés de nombreux avantages (congés supplémentaires,
13ème mois, prime d’assiduité aux personnes qui ne se sont pas absentées plus de 10 jours dans l’année).
1. Quelle est la nature juridique des avantages octroyés par Adrien et Justine ?
2. Peut on considérer que la prime dassiduité est discriminatoire ?
3. François Piraux a une vision très différente de celle d’Adrien et Justine. Il envisage de retrirer les primes de congés
supplémentaires à ses salariés. Quelle procédure doit il suivre ?
La société Asappétit est une société de retauration collective sous contrat (code NAF/APE : 5629 A – restauration collective sous
contrat), dont le siège social est à Strasbourg.
Leader français dans ce domaine d’activité, elle offre des solutions pour ses clients dans trois métiers :
• Le portage des repas à domicile pour les collectivités et les particuliers,
• La restauration collective pour les entreprises et les administrations,
• Les plats cuisinés surgelés pour les collectivités et la grande distribution.
Marina Didier travaille au service surgelé pour les collectivités. Son bulletin de paie fait référence à la convention collective
relative à l’exploitation en concession de cantines, retaurants d’entreprises ou de cafétérias (par exemple pour les unsines, les
bureaux, les hopitaux ou les écoles), comprenant la fournitures de repas et, éventuellement, leur préparation (code
NAF/APE5628 B). Ce code n’est pas une erreur. Il provient du fait de Mme Didier a travaillé pour une entreprise rachetée par
Alsappetit.
1. A quelles conditions une convention collective est elle applicable ?
2. Que pensez vous du cas de Mme Didier ?
L’an dernier, Alappetit a racheté une cafétéria dont elle a conservé le personnel, notamment Honorine Hecker qui s’occupe du
service en salle. Pour ne pas avoir à gérer diverses conventions collectives, Alsappetit a décidé de traiter tous les salariés de la
même façon. En conséquence, elle n’applique pas à Honorine la convention relative à la restauration collective mais celle des
cafétérias du 28 août 1998.
3. Mme Hecker peut elle réclamer l’application de la convention collective de la restauration collective ?
Alsappetit a négocié, il y a 3 ans, un accords d’entreprise dit de progès afin de faire participer les salariés aux gains de
productivité : une fraction de ceux-ci étant automatiquement affectée à des augmentations de salaire. Le DG de l’entreprise
regrette amérement cette décision car il a d’importants investissements à réaliser, notamment dans les cuisines centrales. Il a le
sentiement de ne pas affecter les ressources de l’entreprise aux postes prioritaires. Pour sortir de cette situation, il a l’intention
de dénoncer l’accord d’entreprise avec effet au 1er février prochain.
4. A quelle condition peut on dénoncer un accord d’entreprise ? Faut il justifier sa décisoin par des raisons que le juge
pourrait être amené à controler ?
5. Présentez un échéancier des conséquences de la dénonciation de l’accord de progrès ?
6. L’accord de progrès prévoyait une augmentaiton de salaire à effet au 1er mars de la même année. Que va telle
devenir ?
Pour remplacer l’accord dénoncé, le DG de l’entreprise Alsappetit décide de négocier avec les organisations professionnelles
un nouveau texte. Or à ce jour, seule la CFDT à accepté de signer le nouvel accord.
7. Le nouvel accord peut il entrer en vigueur ?
VI – Le règlement intérieur
Appréciez la licéité des clauses suivantes figurant dans différents réglements intérieurs :
1. Les vendeurs sont astreints au port d’un uniforme
2. Le personnel pourra à tout moment être soumis à un alccotest
3. Sur les chantiers, le port du casque est obligatoire
4. Les salariés sont tenus de présenter leurs réclamations par voie hiérarchique
5. Le délai de préavis est fixé à un mois
6. L’échelle des anctions est la suivante : avertissement, blâme, mise à pied, mutation, régrogradation, licenciement
7. Les discutions politiques et religieuses sont interdites
8. Il est interdit de pénétrer dans l’entreprise avec des boissons alcoolisées
9. Les salariés ne peuvent se marier entre eux sous peine de licenciement
10. Le port d’un badge avec photo est obligatoire
11. Il est interdit de fumer dans les locaux collectifs
12. Une fouille du personnel sera organisée en cas de nécessité
Brasserie fondée en 1926, Heinefort produit des bières dans le respect des traditions. La société emploie 32 personnes.
Monsieur Houblon vient d’en prendre la direction. Il a constaté quelques dysfonctionnements dans l’organisation du travail et
rédigé le règlement intérieur qu’il envisage d’afficher la semaine prochaine pour application immédiate.
1. Les nouveaux articles du règlement intérieur de la société Heinefort sont-ils valides ? Justifiez votre réponse.
2. Sous réserve des modifications à apporter, le règlement intérieur peut-il s’appliquer dès la semaine prochaine ?
Art. 5 Le présent règlement intérieur est applicable aux salariés en contrat à durée indéterminée, à l’exclusion des
contrats à durée déterminée.
Art.12 Chaque salarié devra signaler à son supérieur tout symptôme pouvant laisser croire qu’un autre salarié est
atteint d’une maladie contagieuse.
Art.16 La période d’essai des ouvriers est fixée à deux semaines, des employés à un mois, des cadres à deux mois.
Art.21 Les salariés devront présenter leurs revendications par la voie hiérarchique uniquement.
Art. 24 Le contrat de travail est automatiquement rompu en cas d’absence prolongée non justifiée supérieure à
quatre semaines.
Art. 28 Il est interdit d’emporter ou d’utiliser le matériel de l’entreprise pour son propre compte.
Art.32 Pour des raisons de sécurité les salariés qui travaillent sur les postes de l’atelier AB2 devront porter une
charlotte et un tablier mis à leur disposition dans le local situé au rez-de-chaussée du bâtiment A salle 008.
Art.36 L’entreprise se réserve le droit de procéder à des alcootests à tout moment qu’elle jugera opportun
pendant le temps de travail.
Cour de cassation
chambre sociale
Audience publique du mercredi 10 février 2016
N° de pourvoi: 14-26147
Publié au bulletin Cassation partielle
REPUBLIQUE FRANCAISE
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, le 31 mai 2007, M. X... a été engagé par la société FC Nantes par contrat à durée déterminée
en qualité de joueur professionnel pour trois saisons successives ; que, le 21 juin 2009, le club a informé le joueur que du fait de
sa relégation en ligue 2, la rémunération contractuelle ne pouvait pas être maintenue ; que le joueur a saisi la juridiction
prud'homale ;
Attendu que, pour débouter le salarié de sa demande de rappel de salaire et de congés payés, l'arrêt retient qu'aux termes de
l'article 761 de la charte de football professionnel, en cas de relégation en division inférieure, les clubs ont la faculté de diminuer
la rémunération de leurs joueurs de 20 % et qu'au-delà de ce pourcentage, les clubs peuvent proposer individuellement à leurs
joueurs par écrit avant le 30 juin avec copie à la ligue du football professionnel (LFP), une diminution de la rémunération, la
réponse du joueur devant intervenir dans un délai de 8 jours de la réception de la proposition écrite ; que l'absence de réponse
écrite du joueur dans le délai indiqué vaut acceptation de la diminution proposée par le club ; qu'il résulte des pièces produites
que le courrier recommandé du club daté du 24 juin 2009 a été présenté à son destinataire le 29 juin 2009, lequel n'a contesté la
baisse de sa rémunération que plus d'une année plus tard le 21 juin 2010 auprès de la LFP, soit manifestement hors délai ; que
l'absence d'envoi d'une copie de la proposition de réduction de salaire à la LFP n'est pas de nature à entacher la validité de la
décision du club ;
Attendu que, sauf disposition légale contraire, une convention collective ne peut permettre à un employeur de procéder à la
modification du contrat de travail sans recueillir l'accord exprès du salarié ;
Qu'en statuant comme elle l'a fait, sans constater que le joueur avait donné son accord exprès à la réduction de rémunération
décidée par le club de football, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il déboute M. X... de sa demande de rappel de salaire et de congés payés au titre de
la saison 2009/2010, l'arrêt rendu le 5 septembre 2014, entre les parties, par la cour d'appel de Rennes ; remet, en
conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les
renvoie devant la cour d'appel d'Angers ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne la société Football club de Nantes à payer à M. X... la somme de 3 000
euros ;
Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en
marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;