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I - Introduction au droit du travail

Cours n°1 : Évolution et sources du droit du travail (1ère partie)

Le droit social regroupe l'ensemble des règles régissant les relations individuelles et
collectives de travail : droit du travail et droit de la protection sociale.

Droit de la
protection sociale :
Droit du travail ensemble des régimes qui
permettent d'assurer ou de
compléter une couverture sociale
et d'autres prestations à caractère
familiale ou social

Droit social

1/ Qu’est-ce que le droit du travail ?


1.1/ Champ d’application
Le droit du travail regroupe l’ensemble des règles juridiques applicables aux relations
individuelles et collectives de travail qui naissent entre les employeurs privés et les salariés
qui travaillent sous leur autorité, moyennant une rémunération appelée salaire.
Le droit du travail s’applique donc au travail subordonné ou dépendant c’est-à-dire au travail
pour le compte d’autrui. En revanche il ne régit pas le travail de celui qui œuvre pour son
propre compte, ni de celui qui fournit une activité bénévole, celle-ci étant une activité non
marchande.
Il s’agit donc de travailleurs placés sous la subordination juridique de leur employeur.
Selon la Cour de cassation, le « lien de subordination est caractérisé par l'exécution d'un travail
sous l'autorité d'un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en
contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné » (Cass. soc. 13
nov. 1996 – arrêt Société générale).

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Professionnels soumis au droit du travail Professionnels non soumis au droit du travail
- Salariés des entreprises privées, incluant - Travailleurs du secteur public (les trois
les entreprises bénéficiant de divers statuts fonctions publiques : État, collectivités
(association…) territoriales et hôpitaux)
- Contractuels des entreprises du secteur - Travailleurs indépendants exerçant à titre
public personnel et en leur nom propre (artisans,
- Salariés des établissements publics commerçants professions libérales,
industriels et commerciaux (RATP, SNCF…) exploitants agricoles).
- Les journalistes, assistantes maternelles,
mannequins, travailleurs à domicile.

1.2/ Caractères du droit du travail


Le droit du travail reconnaît et conforte le pouvoir de l’employeur, mais limite ce dernier en
garantissant les droits des salariés.
Il s’agit d’une matière interdisciplinaire faisant appel au :
- droit civil pour régler la relation individuelle entre l’employeur et le salarié dans le cadre
du contrat de travail,
- droit pénal puisque l’employeur peut être sanctionné pénalement en cas de non-
respect des règles légales ou réglementaires,
- droit administratif puisque le contrôle de l’application du droit du travail relève en partie
de l’inspection du travail.
C’est un droit collectif car il permet d’organiser les relations de l’entreprise et sur le marché
de l’emploi. Il encadre les actions collectives et la résolution des conflits pouvant survenir, au
travers des institutions représentatives du personnel et du dialogue social.
Il évolue avec le contexte économique et reste très diversifié car le code du travail régit la
durée du travail, le licenciement, la formation professionnelle, l’apprentissage…

1.3/ Quelques principes récents


Certains principes sont le fruit d’une évolution sociétale :

a/ L’égalité hommes-femmes
Les bases ont été posées par le droit européen et il est inclus dans le Traité de Lisbonne, entré
en vigueur au 1er décembre 2009, dans les valeurs et objectifs de l’UE.
Ce principe est prévu par le Code du travail et la négociation collective est obligatoire en
matière d’égalité professionnelle hommes-femmes.
• tous les 4 ans sur les disparités salariales et les mesures propres
Au niveau de branche professionnelle à y remédier et tous les 5 ans sur les classifications avec objectif
égalité professionnelle et mixité des emplois

• l'employeur organise une néogication au moins tous les 4 ans


Au niveau de l'entreprise • si les négociations n'aboutissent pas : application des
dispositions supplétives imposant une négociation annuelle

NB : Toutes les entreprises d’au moins 50 salariés doivent calculer et publier leur Index de l’égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes, chaque année au plus tard le 1er mars.
Cette publication se fait sur leur site internet, de manière visible et lisible, la note globale de l’Index de l’égalité
femmes-hommes, ainsi que la note obtenue à chacun des indicateurs le composant. Ces informations devront
rester en ligne au moins jusqu’à la publication des résultats de l’année suivante.
L’Index, sur 100 points, est composé de 4 à 5 indicateurs selon que l’entreprise a moins ou plus de 250 salariés :

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- L’écart de rémunération femmes-hommes,
- L’écart de répartition des augmentations individuelles,
- L’écart de répartition des promotions (uniquement dans les entreprises de plus de 250 salariés),
- Le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé de maternité,
- La parité parmi les 10 plus hautes rémunérations.

Focus :
Plan « égalité femmes-hommes » : vers une obligation de rattrapage salarial en faveur des femmes

Le 7 mars 2018, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, et la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre
les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, annonçaient 15 mesures pour rétablir l’égalité salariale
entre les femmes et les hommes et lutter contre les violences sexuelles et sexistes au travail sur
lesquelles devaient se prononcer les partenaires sociaux. Deux mois plus tard, elles ont présenté un
plan d’action global pour une égalité professionnelle réelle entre les sexes. […]
Le plan d’action prévoit, en cas d’écarts de salaire constatés dans l’entreprise, d’obliger l’employeur à
consacrer une enveloppe de rattrapage salarial en faveur des femmes. Cette enveloppe serait discutée
dans le cadre de la négociation collective relative à l’égalité professionnelle et à la qualité de vie au
travail prévue à l’article L 2242-1 du Code du travail. En tout état de cause, l’entreprise devrait se mettre
en conformité dans les 3 ans.

b/ Égalité de traitement
L'employeur doit respecter ce principe dans ses décisions notamment en matière de
rémunération.
Le principe d'égalité de traitement se distingue du principe de non-discrimination par le fait
qu'il ne suppose pas la prise en compte d'un motif illicite et qu'il ne comporte pas de sanctions
pénales. Il suppose seulement que des personnes placées dans une même situation soient
traitées différemment au regard de l'avantage en cause.

c/ Principe de non-discrimination
Une discrimination est le fait de traiter sans justification une personne de manière moins
favorable qu’une autre placée dans une situation comparable.
La discrimination peut prendre plusieurs formes :
- Discrimination directe : une personne est traitée de manière moins favorable qu’une
autre dans une situation comparable au regard de critères définis par la loi,
- Discrimination indirecte : une pratique de l’entreprise (peut-être neutre en apparence)
entraîne un désavantage pour des personnelles (système de promotion). Dans un tel
cas l’employeur devra prouver que cet avantage accordé à certains est justifié par un
but légitime et que les moyens pour réaliser ce but son nécessaires et appropriés
- Discrimination par harcèlement : un harcèlement constitue une discrimination quand il
est pratiqué en raison d’un motif discriminatoire.

2/ Quelques dates importantes sur l’évolution du droit social


2.1/ Sur le droit du travail
Le droit du travail résulte d’une construction somme toute récente : les premières lois ont été
promulguées au milieu du 19ème siècle et il a évolué au gré des mouvements sociaux, des
différents courants politiques et de la conjoncture économique.

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1791 1900-1936 • formation
1884 : • principe du repos • dialogue social
• décret d'Allarde et loi reconnaissance des
le Chapelier : hebdomadaire • développement du
suppression des syndicats et de la • promulgation du CT droit négocié
corporations liberté syndicale • journée de 8 heures

Loi du 22 mars 1841 1898 1980-1986 Depuis 2018


• limitation du travail des • indemnisation des • lois Auroux • modification de la
enfants en usine accidents du travail • semaine à 39 heures place du CSE dans
• 5ème semaine de CP l'entpreprise
• décentralisation de la
négociation collective
dans l'entreprise
• assouplissement de
certaines règles de
licenciement

Pendant de nombreuses années, le droit du travail n’avait pas de dimension humaine, mais
plutôt une dimension économique.
Très peu de règles réglementaient la matière.
C’est à partir de la Révolution française qu’il y a eu une évolution progressive :
- Décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791 : a permis de supprimer les corporations et
a proclamé une certaine liberté : « À compter du 1er avril prochain, il sera libre à toute
personne de faire tel négoce ou d'exercer telle profession, art ou métier qu'elle trouvera
bon ».
- Complété par la loi Le Chapelier du 14 et 17 juin 1791, laquelle interdit toute
groupement professionnel entre personnes d’un même métier et toute coalition
ouvrière. Cette loi entrainera l’interdiction de faire grève, de créer des syndicats.
C’est la mise en œuvre de l’individualisme et du libéralisme. L’individu, à ce moment-
là, est libéré du groupe ce qui peut être un avantage pour trouver un travail (mais
qui aura aussi certains inconvénients plus tard).
- Le Code civil de 1804 ne va consacrer que les articles 1780 et 1781 au contrat de
louage d’ouvrage.
Ce code considère que le salarié est capable de défendre ses intérêts et est sur un
pied d’égalité avec l’employeur. Il consacre le dogme de l’autonomie de la volonté et le
contrat de travail est donc soumis au droit commun des contrats sans règle spécifique.
Il faut attendre le 19ème siècle pour observer certaines évolutions notables et la question sociale
apparaît progressivement.
- Loi du 18 mars 1806 : crée le Conseil des prud’hommes, dont le 1er est institué à Lyon.
Il s’agit alors la principale ville ouvrière de France (avec notamment plus de 30.000
canuts affectés au travail de la soie). A cette date, il est composé de 9 membres, dont
5 négocians-fabricans, et 4 chefs d’atelier (la parité ne sera établie que par une loi du
27 mai 1848 sous la IIé république). Prud’hommes en ancien français « prodesse »
(être utile) qui signifie « homme preux, vaillant et brave ». Ces « hommes utiles », à la
compétence reconnue par leurs pairs, étaient donc les arbitres de fait des conflits entre
artisans.
- En 1840, le rapport Villermé met en avant les excès de cette conception libérale et
individualiste du contrat de travail. Il dénonce l’emploi excessif des femmes et des
enfants, une durée de travail très longue, des salaires infimes, une discipline de fer,
notamment avec l’utilisation du livret ouvrier, les carences en matière de règle
d’hygiène et de sécurité. Ce rapport démontre l’inadéquation du droit civil à régir le

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contrat de travail. Cette prestation ne peut donc être considérée comme une
marchandise comme les autres.
Dès lors le droit du travail va ensuite naître petit à petit avec des mesures spécifiques
pour protéger la santé et la sécurité du salarié.
- Loi du 22 mars 1841 : elle restreint et délimite le travail des enfants. Les enfants de
moins de 8 ans ne peuvent pas travailler dans les fabriques. Ils ne peuvent pas
travailler de nuit. Les enfants de 8 à 12 ans ne peuvent pas travailler plus de huit heures
par jour. Cependant cette loi n’a pas toujours été appliquée.
- 25 mai 1864 : suppression du délit de coalition
- 19 mai 1874 : création de l’inspection du travail : chargée de vérifier l’application de la
loi dans les entreprises.
- Loi du 21 mars 1884 : reconnaissance de la liberté syndicale (à l’initiative de Waldeck-
Rousseau : homme d’État) et possibilité pour les salariés de se regrouper pour
défendre leurs intérêts.
- Loi du 9 avril 1898 : va permettre d’indemniser les accidents du travail et de faire
évoluer le droit de la responsabilité civile pour mieux indemniser les salariés victimes
de tels accidents.
- 1910 : Promulgation du Code du travail, un droit qui se veut de plus en plus
protecteur envers la personne qui travaille avec de nombreuses lois dans ce sens.
- Loi du 20 juin 1936 : Instauration des congés payés, généralisés par le Front
Populaire, cette loi prescrit un minimum de deux semaines de congés par an pour tous
les salariés français liés à leur employeur par un contrat de travail.
- Loi du 21 juin 1936 : Semaine des 40 heures (39 heures seront instituées en 1982…)
- Loi du 24 juin 1936 : Institution des délégués du personnel et affirmation du droit des
conventions collectives.
- 22 février 1945 : création des comités d’entreprise.
- Le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 énonce différents droits. Il est
à noter que ce préambule est extrêmement important car il fait partie aujourd’hui du
bloc de constitutionnalité.
Le préambule de la constitution de 1946 consacre de nombreux droits des individus
notamment ceux relatifs au droit du travail et à la liberté.
https://www.conseil-constitutionnel.fr/sites/default/files/2019-
03/20190307_preambule_constitution_1946.pdf

- 1950 : création du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG)


- 1958 : accord instituant l’assurance chômage
- 27 décembre 1968 : instauration des sections syndicales d’entreprise.
- Loi sur la sécurité de l’emploi du 10 février 1969, les congés payés sont portés cette
année-là à 4 semaines (ils passeront à 5 semaines en 1982).
- Loi du 19 janvier 1978 : instauration de la mensualisation des salaires
- En 1982, de nombreuses évolutions ont lieu avec les 4 lois Auroux : ce jeune
ministre a entendu réformer en profondeur les relations entre dirigeants et salariés
dans les entreprises, en instaurant des procédures et institutions pouvant être utilisées
sur le long terme, tout en ouvrant de nouveaux droits aux salariés.
Sont ainsi notamment mises en place dès 1982 : la création d'un droit d'expression des
salariés sur leurs conditions de travail, l'interdiction de toute forme de discrimination en
raison d'opinions politiques, activités syndicales..., l'instauration d'une dotation
minimale (0,2 % de la masse salariale brute) de fonctionnement pour le comité
d'entreprise, l'obligation annuelle de négociation sur les salaires, la durée et
l'organisation du travail, la création du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions
de travail (CHSCT), l'instauration d'un droit de retrait du salarié en cas de situation de
danger grave et imminent :
o loi du 4 aout 1982 : libertés des travailleurs dans l’entreprise et le droit
d’expression

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o loi du 28 octobre 1982 sur le développement des institutions représentatives du
personnel à l’origine des comités de groupe
o loi du 13 novembre 1982 sur la négociation collective et le règlement des
conflits collectifs au travail. Grâce à cette loi, la négociation est possible au sein
de l’entreprise
o loi du 23 décembre 1982 relative notamment au CHSCT qui deviennent alors
des institutions représentatives du personnel prépondérantes.

NB : Selon Michel SAPIN, l'un des successeurs de Jean AUROUX au ministère chargé
du Travail et lors de la célébration des 30 ans des textes, a indiqué que les lois Auroux
constituent un « discours de la méthode du dialogue social à la française » et il a
ajouté : « En cela, elles sont une vraie rupture historique : elles ont ouvert, dans un
modèle français emprunt de légalisme, l’espace de la démocratie sociale ».

- Loi Aubry du 31 mars 1998 : la durée est alors de 35 heures. Il y a également une
seconde loi Aubry sur la réduction négociée du temps de travail le 19 janvier 2000.

Puis les lois se succèdent depuis les années 2000, du fait des crises économiques, d’une
volonté de plus de flexibilité dans la gestion du personnel…
Cependant, les réformes incessantes ont complexifié le Code du travail, le rendant illisible,
peu facile d’accès pour nombre d’usagers, d’où une simplification du droit avec l’ordonnance
du 12 mars 2007, entrée en vigueur le 1er mai 2008 (renumérotation). Puis, les principales
réformes à signaler sont :

- Loi du 6 novembre 2001 : loi relative à la lutte contre les discriminations au travail
- Loi du 6 aout 2012 : loi relative au harcèlement sexuel
- Loi du 25 juin 2008 portant modernisation du marché du travail, reprenant un ANI du
11 janvier 2008, réglementant la période d’essai ou instaurant la rupture
conventionnelle
- Loi du 20 août 2008 portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps
de travail. Elle réforme en profondeur le droit syndical, la représentativité des syndicats,
la négociation collective ainsi que le temps de travail
- Loi du 14 juin 2013 de sécurisation de l’emploi, reprenant pour partie l’ANI signé par
les partenaires sociaux le 11 janvier 2013 et portant sur le grand licenciement
économique, le temps partiel, la mise en activité partielle
- Loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques,
dite loi Macron, adoptée en force et réformant par exemple le travail dominical
- Loi du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l’emploi, dite loi Rebsamen
- Loi du 8 août 2016 dite Loi Travail : elle modifie les règles relatives au temps de
travail, aux congés, et créant un droit à la déconnexion
- Ordonnances du 22 septembre 2017 (n° 2017-1385, n° 2017-1386, n° 2017-1387,
n° 2017-1388 et n° 2017-1389) et du 20 décembre 2017 fusionnant les instances
représentatives du personnel en un comité social économique dit CSE, renforçant la
négociation collective au sein des entreprises, y compris celles dépourvues de
représentants du personnel et sécurisant la rupture du contrat de travail. Elles ont été
ratifiées par une loi du 29 mars 2018 été validées par le Conseil constitutionnel dans
sa décision du 21 mars 2018
- Loi du 5 septembre 2018, pour la liberté de choisir son avenir professionnel modifiant
l’apprentissage, l’indemnisation du chômage, le contrôle des entreprises, la formation
professionnelle.

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2.2/ Sur le droit de la protection sociale
En ce qui concerne l’évolution historique de la protection sociale, elle est à mettre en parallèle
avec l’évolution du droit du travail.
Elle est également le fruit d’une lente évolution et elle est due à bon nombre de penseurs,
médecins, juristes.
Pour reprendre le rapport Villermé de 1840, le Docteur Villermé s’est intéressé à la santé des
ouvriers dans les manufactures de coton. D’ailleurs, c’est ce docteur qui est à l’origine d’une
loi que nous avons vu précédemment : la loi du 22 mars 1841 qui interdit le travail des enfants
de moins de 8 ans ainsi que le travail de nuit pour ces mêmes personnes.
- loi du 15 juillet 1893 institue l’assistance médicale gratuite
- loi du 27 juin 1904 : le service départemental d’aide sociale à l’enfance
- loi du 14 juillet 1905 : l’assistance aux vieillards infirmes et incurables.
En matière d’assurance vieillesse, c’est la loi du 5 avril 1910, dont l’application a été limitée
qui a créé un régime d’assurance obligatoire pour les personnes salariées.
Il y a donc différents textes tout comme en droit du travail qui jalonne l’évolution du droit social,
ces avancées sont néanmoins fragiles. Et il faut attendre 1945, pour voir les prémices d’une
protection encore plus importante.
Ce n’est qu’en 1945, qu’une véritable protection est créée la Sécurité sociale, qui occupe une
place déterminante en droit social.
Au moment de sa création, elle doit répondre à 3 objectifs :
- unité de la sécurité sociale
- généralisation quant aux personnes
- extension des risques couverts sous la double influence du rapport BEVERIDGE de
1942 et du système BISMARCKIEN.

Exposé des motifs de l’ordonnance du 4 octobre 1945 (extraits)


" La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens
nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa
justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser
les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment
d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs
d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère. "
" Envisagée sous cet angle, la sécurité sociale appelle l’aménagement d’une vaste organisation nationale
d’entraide obligatoire qui ne peut atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très
grande généralité à la fois quant aux personnes qu’elle englobe et quant aux risques qu’elle couvre. Le but
final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble
des facteurs d’insécurité ; un tel résultat ne s’obtiendra qu’au prix de longues années d’efforts persévérants,
mais ce qu’il est possible de faire aujourd’hui, c’est d’organiser le cadre dans lequel se réalisera
progressivement ce plan. "

Elle a aujourd’hui pour objectif de prévenir et de garantir les travailleurs, mais aussi les
membres de la famille contre les risques comme la maladie par exemple. Elle permet de pallier
un manque de gain à un moment donné. Elle a différentes fonctions : assurance maladie,
assurance maternité, assurance invalidité, assurance vieillesse.
Les différents objectifs poursuivis initialement se poursuivent encore aujourd’hui comme il est
possible de le voir avec les différentes lois depuis 1945 :
- Convention collective interprofessionnelle du 14 mars 1947 instituant le régime de
retraite complémentaire des cadres
- Loi du 9 avril 1947 étendant la sécurité sociale aux fonctionnaires

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- Loi du 17 janvier 1948 instaurant trois régimes d’assurance vieillesse des professions
non salariées non agricoles (artisans, professions industrielles et commerciales,
professions libérales)
- Loi du 10 juillet 1952 : création d’un régime d’assurance vieillesse obligatoire des
exploitants agricoles, géré par la mutualité sociale agricole (MSA)
- Loi du 25 janvier 1961 : création d’un régime d’assurance maladie obligatoire des
exploitants agricoles, avec libre choix de l’assureur
- Loi du 12 juillet 1966 : création du régime autonome d’assurance maladie maternité
pour les non-salariés non agricoles, géré par la CANAM
- Loi du 22 décembre 1966 : création d’un régime complémentaire obligatoire des
exploitants agricoles contre les accidents du travail, maladies professionnelles et
accidents de la vie privée, avec libre choix de l’assureur
- Loi du 25 octobre 1972 : institutionnalisation de la protection des salariés agricoles
contre les accidents du travail
- Loi du 4 juillet 1975 : généralisation à l’ensemble de la population active de l’assurance
vieillesse obligatoire
- Loi du 2 janvier 1978 : institution d’un régime particulier pour les ministres du Culte et
les membres des congrégations religieuses et de l’assurance personnelle pour la
population " résiduelle "
- Loi du 28 juillet 1999 : institution d’une couverture maladie universelle : protection de
base sur le seul critère de résidence et protection complémentaire pour les plus
démunis
- Loi du 21 août 2003 : Loi portant réforme des retraites (harmonisation progressive de
la durée d’assurance pour bénéficier d’une pension à taux plein entre les différents
régimes, évolution progressive de cette durée d’assurance en fonction des gains
d’espérance de vie, créations de dispositifs de retraites anticipées pour les assurés
ayant commencé à travailler jeune et ayant effectué de longues carrières).
- Loi du 13 août 2004 : Loi portant réforme de l’assurance maladie (création du médecin
traitant, du dossier médical personnel, réforme de la gouvernance de l’assurance
maladie et du système de santé, promotion des médicaments génériques, aide à
l’acquisition d’une couverture complémentaire, responsabilisation des assurés sociaux
par la création du forfait d’1 euro).
- Loi du 2 août 2005 : Loi portant réforme de la loi organique relative aux LFSS (mise en
perspective pluriannuelle du financement de la Sécurité sociale et présentation de
l’équilibre des régimes par le rapprochement des recettes et des dépenses, mise en
œuvre de la démarche objectifs résultats à la Sécurité sociale).
- 1er trimestre 2006 : Mise en place du Régime Social des indépendants (RSI, prévu par
une ordonnance du 31 mars 2005) regroupant les régimes d’assurance maladie des
professions libérales, des industriels, des artisans et des commerçants ainsi que les
régimes d’assurance vieillesse des industriels, des artisans et des commerçants.
- Loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites (recul progressif de l’âge légal
de départ à la retraite -de 60 à 62 ans-, prise en compte de la pénibilité, dispositif «
carrières longues », amélioration des règles de calcul des retraites des femmes, lutte
contre les inégalités de salaire entre hommes et femmes, meilleure protection des plus
fragiles, rapprochement des règles entre fonction publique et secteur privé).
- Loi du 14 avril 2023 portant réforme des retraites (âge de départ à la retraite passant
de 62 à 64 ans, retraite progressive, modification des dispositifs de retraite
anticipées…).

L’idée de protection des travailleurs s’est donc progressivement développée. Cependant, il est
également possible de constater un accroissement constant qui certes a pour but de légiférer
sur des questions sociétales importantes, mais qui accroît aussi considérablement les lois, ce
qui rend délicate la question de la compréhension des règles alors que normalement « nul
n’est censé ignorer la loi ». Par ailleurs, le droit social est un droit jeune et évolutif : il prend en

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compte l’évolution de la société. C’est aussi un droit dynamique et extensif. C’est également
un droit impératif car il s’agit le plus souvent d’un droit impératif.
Cela s’accentue également avec le développement de la législation européenne et
internationale. Il est donc bon de s’intéresser aux sources du droit social et à leur hiérarchie
(2ème partie).

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