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Introduction
Le droit du travail est la branche du droit1 qui définit les règles juridiques régissant les
rapports qui naissent entre employeurs et salariés à l’occasion d’un contrat de travail. Le
droit du travail a vocation à régir les rapports individuels et les rapports collectifs entre
employeurs et salariés nés du contrat de travail. Le droit du travail régit ainsi l’ensemble des
relations juridiques résultant d’un contrat de travail (ou liées au « travail salarié »). Ces
rapports naissent de l’accomplissement d’un travail pour le compte d’autrui, chaque fois que
l’exécution du travail s’accompagne d’une subordination à l’égard de l’employeur.
À l’origine, le droit du travail était appelé législation industrielle parce que régissant la
condition des employés et des ouvriers qui travaillaient dans les usines. Aujourd’hui, le droit
du travail constitue avec le droit de la prévoyance sociale (appelée droit de la sécurité sociale
en France2), les deux branches de ce qu’il est convenu d’appeler le droit social3.
1
Le droit est en général appréhendé comme l’ensemble des règles juridiques édictées par l’État pour régir les
rapports humains dans une société donnée.
2
Le droit de la prévoyance sociale ou droit de la sécurité sociale assure la protection des salariés contre « les
risques sociaux » (accidents du travail, maladie, maternité, incapacité, vieillesse…).
3
Le droit social traite à la fois de la protection sociale des travailleurs (et de tout individu en droit français)
contre les risques sociaux et des relations individuelles et collectives nées du contrat de travail.
1
dans l’entreprise, négociation collective = négociation des conventions et accords collectifs de
travail, ou encore conflits collectifs tels que la grève ou le lock out).
Relations individuelles de travail. Les relations individuelles de travail sont celles établies
entre chaque salarié et son employeur. Ce sont des relations contractuelles, elles ont pour cadre
juridique le contrat individuel de travail. Cependant, le fait qu’elles soient largement régies par
des règles légales ou réglementaires ainsi que par les dispositions de conventions collectives ne
leur ôte pas leur caractère individuel. C’est pourquoi des thèmes tels que ceux de l’emploi, des
conditions de travail, de la rémunération, du licenciement sont à envisager principalement au
niveau des relations individuelles de travail.
C’est sur la base de l’objectif de stabilité de l’emploi que s’est progressivement édifié le régime
des relations individuelles de travail : mécanisme de la suspension du contrat de travail, principe
de maintien du contrat en cas de « modification dans la situation juridique de l’employeur »,
protection de l’emploi des salariées enceintes, des victimes d’accidents du travail, voire des
malades en général et, naturellement, droit du licenciement.]
D’après l’art. 1er du Code du travail, le Code du travail est applicable sur toute l’étendue du
territoire national. Il régit les relations entre employeurs et travailleurs résultant de contrats de
travail conclus pour être exécutés sur le territoire de la République de CI. Il régit également
l’exécution occasionnelle en CI, d’un contrat de travail conclu pour être exécuté dans un autre
Etat. Toutefois, échappent à l’application du Code du travail, les travailleurs déplacés en CI
pour une mission temporaire n’excédant pas trois mois.
Le droit du travail a pour objet le travail subordonné (ou « salarié »), c'est-à-dire celui
qui s'accomplit sous la direction, le contrôle et la sanction d'autrui (par opposition aux
professions libérales et indépendantes). La spécificité du travail salarié est la subordination
dans laquelle se trouve placé le salarié par rapport à l’employeur.
Le droit du travail ne s’applique qu’aux seuls salariés dans le cadre des relations résultant
d’un contrat de travail. Il ne régit pas le travail indépendant ou le travail à titre gratuit. Sont
2
ainsi exclus du champ d’application du droit du travail, les commerçants, les agriculteurs, les
professions artisanales et libérales : le médecin, l’architecte, le « conseil » en tous genres qui
conclut avec son client un contrat d’entreprise tout comme le garagiste, le décorateur, le
teinturier, le menuisier, l’aubergiste, l’entrepreneur de spectacles ou l’organisateur de voyages,
sans compter toutes les professions relatives à la construction et au bâtiment...
Tous les travailleurs dépendants ne sont pas des salariés couverts par le droit du travail.
Celui-ci est seulement le droit du travail subordonné privé. Il faut donc exclure les
travailleurs qui appartiennent au secteur public.
Il résulte du Code du travail que le droit du travail n’est en principe pas applicable aux
fonctionnaires et agents du secteur public (CT, art. 2, al. 3). La situation de ceux-ci n’est pas
définie par un contrat conclu avec un employeur, elle l’est par la loi (accessoirement et
éventuellement par un règlement) au travers d’un statut. Le personnel fonctionnaire de l’État,
des hôpitaux et des collectivités territoriales relève ainsi du statut général de la fonction
publique (qui relève du droit administratif) et échappe à ce titre au domaine d’application du
droit du travail (qui est une branche du droit privé).
Toutefois, l’application du droit du travail n’est pas exclue de l’ensemble du secteur public.
À titre dérogatoire, les agents temporaires appelés aussi journaliers ou contractuels employés
par l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics sont assujettis au droit du
travail. De même, dans les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC)
et dans les entreprises nationalisées les salariés sont soumis à un régime de droit privé : ils
sont liés par un contrat de travail régi par le droit du travail. Font exception ceux qui
assument la direction de l’ensemble du service et les agents comptables : ce sont des agents
publics.
En résumé, l'on peut retenir que le droit du travail s’applique à l’ensemble des salariés du
secteur privé et à certains salariés du secteur public.
Il ne s’applique pas :
3
― aux fonctionnaires et agents de l’Etat soumis à un statut particulier ;
― aux bénévoles ;
― aux professions libérales et artisanales, aux agriculteurs, aux commerçants et aux
travailleurs indépendants.
II. – Sources du droit du travail
On distingue traditionnellement les sources internationales (A) des sources internes (B).
Il conviendra en outre de préciser la hiérarchie entre les sources du droit du travail (C).
Les sources internationales du droit du travail sont essentiellement constituées par les
conventions et traités internationaux.
Fondée en 1919, l’OIT est composée de représentants des États membres, des employeurs
et des salariés. Cette organisation tripartite dotée d'un secrétariat permanent (le Bureau
international du travail) élabore deux catégories de textes :
2° Les conventions sont des textes obligatoires pour les États qui les ratifient. Les
conventions de l'OIT constituent la source essentielle du droit international du travail.
Les normes élaborées dans le cadre de l’OIT (les normes internationales en matière de
droit du travail) portent essentiellement sur les droits sociaux fondamentaux ou les principes
fondamentaux du droit du travail (liberté syndicale et protection du droit syndical, négociation
collective, interdiction du travail forcé et du travail des enfants, promotion de l’égalité, de la
4
santé et de la sécurité au travail, égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, lutte
contre la discrimination, interdiction du harcèlement moral et sexuel, égalité de traitement, etc.).
Il s’agit également des conventions qui règlent les conflits de lois et les conflits de
juridictions en droit international du travail. Ces conventions internationales permettent de
déterminer la loi applicable au contrat international de travail et le juge compétent pour en
connaître.
B. – Les sources internes
Les règles d’origine étatique figurent dans la Constitution, la loi et les règlements.
Un nouveau Code du travail a été adopté par le législateur ivoirien en 2015 : c'est la Loi
n° 2015-532 du 20 juillet 2015 portant Code du travail, JORCI, n° 74 du 14 septembre 2015.
5
Il remplace et abroge la loi n° 95-15 du 12 janvier 1995 portant Code du travail. Les règlements
d’application du nouveau Code du travail restent attendus (non encore publiés).
Les sources non étatiques comprennent l’ensemble des normes négociées par les
partenaires sociaux, c'est-à-dire les conventions et accords collectifs négociés entre
représentants des salariés et des employeurs4, exemple, la Convention collective
interprofessionnelle (CCI) signée le 19 juillet 1977 entre l’Association interprofessionnelle des
Employeurs de Côte d’Ivoire (AICI) et l’Union générale des Travailleurs de Côte d’Ivoire
(UGTCI)) ; la jurisprudence, les normes patronales5, les usages, c'est-à-dire les pratiques
revêtant un caractère général, constant et fixe entre employeurs et salariés dans une entreprise
donnée et enfin le contrat de travail.
Conformément au principe de faveur, une norme inférieure peut déroger à une norme
supérieure, lorsque cette dérogation est favorable aux salariés. Les dispositions du Code du
travail constituent un minimum social. Les conventions collectives peuvent y déroger, à
condition qu'elles soient plus favorables aux salariés (CT, art. 8). On parle d’ordre public
social.
4
Les conventions et accords collectifs de travail constituent le droit du travail négocié entre les partenaires sociaux.
Il occupe une place très importante parmi les sources du droit social et peut exister au niveau aussi bien de
l’entreprise (conventions ou accords d’entreprise) que de la profession (conventions de branche) ou encore au
niveau interprofessionnel. Il permet grâce au principe de faveur d’améliorer le minimum légal ou de l’adapter à la
diversité des professions ou des entreprises. Les conventions collectives définissent les règles suivant lesquelles
s'exerce le droit des salariés à la négociation collective, l'ensemble de leurs conditions d'emploi, de formation
professionnelle, de travail et leurs garanties sociales.
5
L’employeur dispose d’un pouvoir réglementaire : il peut élaborer des règles juridiques applicables dans son
entreprise. Il en est ainsi du règlement intérieur dans lequel sont fixées les règles en matière d’hygiène, de sécurité
et de discipline.
6
Constitution
Usages d'entreprise
Contrat de travail
7
PREMIERE PARTIE
Nous aborderons ici les questions soulevées par les relations individuelles et les relations
collectives de travail qui s’établissent entre employeurs et salariés. Ces relations ont pour cadre
juridique le contrat individuel de travail.
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CHAPITRE 1 – La formation du contrat de travail
Le contrat d’apprentissage est soumis à des conditions de fond et à des conditions de forme.
9
du prétendu apprenti et soumise à toutes les obligations attachées à la qualité d’employeur
(Décret n° 96-286, art.5).
L’apprenti. Tout candidat à l’apprentissage doit subir un examen médical avant le début
de sa formation pour déterminer son aptitude aux conditions de l’apprentissage et à celles
ultérieures concernant l’exercice du métier envisagé. Cet examen est pratiqué par le médecin
de l’inspection médicale du travail, le médecin du centre médico-scolaire ou du centre
hospitalier ou tout autre médecin agréé par le ministère de la santé. En cas d’inaptitude,
l’apprentissage ne peut avoir lieu (Décret n° 96-286, art.6). Par ailleurs, tout apprenti doit être
couvert par une assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles
(Décret n° 96-286, art.17).
b) Les conditions de forme
Écrit. Le contrat d’apprentissage est constaté par écrit et contient les mentions
obligatoires énumérées par l’art. 12 du décret n° 96-286 précité. Il est rédigé en français en cinq
originaux. Ces originaux sont soumis par l’employeur à l’Agence Nationale de la Formation
Professionnelle pour être visés. Après visa, celle-ci transmet un exemplaire à l’inspecteur du
travail et des lois sociales, un autre au maître d’apprentissage et un troisième à l’apprenti ou à
son représentant légal (Décret n° 96-286, art.10).
Durée du contrat. Le contrat d’apprentissage est conclu pour une durée ne pouvant
excéder trois ans. Une prorogation ou une réduction de cette durée peut être accordée par
l’Agence Nationale de la Formation Professionnelle (Décret n° 96-286, art.11). Un
renouvellement du contrat à son terme est possible dans les cas où : 1° la qualification de
l’apprenti est jugée insuffisante par le maître d’apprentissage ; 2° l’apprenti a échoué à ses
examens (Décret n° 96-286, art.20). Le maître d’apprentissage bénéficie d’avantages financiers
attachés à la conclusion du contrat. Ces avantages financiers sont déterminés par arrêté du
ministre de l’économie et des finances.
4 – L’exécution du contrat
Obligations du maître d’apprentissage (CT, art. 13.3 à 13.8). L’apprenti est placé sous
la responsabilité de son maître. En conséquence, ce dernier doit progressivement et
complètement lui enseigner le métier qui fait l’objet du contrat (art. 13.8). À cet égard, il
l’emploie dans la mesure de ses aptitudes et de ses forces aux travaux qui se rattachent à
l’exercice de ce métier. Il doit également prévenir sans retard les parents de l’apprenti ou leurs
représentants, s’il est malade, en retard, absent ou de tout autre fait qui pourrait requérir leur
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intervention (art. 13.6). Par ailleurs, le maître d’apprentissage doit se comporter « en bon père
de famille » (art. 13.7). Dès lors, s’il s’aperçoit que son apprenti a des difficultés pour lire, écrire
ou encore compter, le maître d’apprentissage est tenu de lui accorder le temps et la liberté
nécessaire pour son instruction. Ce temps ne peut excéder deux heures de travail quotidienne.
5 – La rupture du contrat
Le contrat d’apprentissage peut être rompu par commun accord entre les parties, en cas de
force majeure ou à l’initiative du maître d’apprentissage ou de l’apprenti lorsqu’ils estiment
avoir une cause légitime (Décret n° 96-286, art. 21).
1 – Le contrat stage-école
a) Définition (CT, art. 13.11). – Le contrat stage-école est la convention par laquelle un
élève o un étudiant s’engage, en vue de la validation de son diplôme ou de sa formation
professionnelle, à recevoir au sein d’une entreprise une formation pratique. Toute entreprise a
l’obligation de recevoir en stage des élèves ou étudiants en vue de la validation de leur diplôme.
La loi ne précise pas dans quelle proportion. À défaut d’être constaté par écrit, la convention
est requalifiée en contrat à durée indéterminée.
11
[EXPLICATION. En ce qui concerne les primes de transport versées par les entreprises
du secteur privé à leurs salariés, le Protocole d’Accord Patronat/Syndicats du 29 juillet 2008 a
convenu des montants ci-après à compter du 1er aout 2008 :
- 25 000 f pour Abidjan, correspondant relativement au prix du tarif de la carte mensuelle
de la SOTRA ;
21 000 f pour Bouaké et
- 17 000 f pour le reste du territoire.].
c) Terme. – Le contrat prend fin au terme de la période conventionnelle sans qu’un préavis
soit imposé.
c) Formalisme. – Le contrat de stage est constaté par écrit. À défaut, il est réputé être un
contrat à durée indéterminée (CT, art. 13.15).
12
de qualification ou d’expérience professionnelle sont déterminées par voie règlementaire
(décret d’application non encore publié).
3 – Le chantier-école
a) Définition (CT, art. 13.21). – Est appelée chantier-école toute action collective qui, à
partir d’une situation de mise au travail sur une production grandeur nature, a pour objectif la
professionnalisation et la qualification dans un métier d’une personne ou d’un groupe de
personnes.
L'art. 1er du décret n° 96-195 du 7 mars 1996 relatif à l'engagement à l'essai dispose que
"le contrat de travail peut être précédé d'un engagement à l'essai du travailleur ou comporter
une clause déterminant une période d'essai préalable à l'engagement définitif de celui-ci".
L’essai est une période probatoire au cours de laquelle chaque partie au contrat examine si
la relation contractuelle est en mesure de se prolonger. La période d'essai ou l'engagement à
l'essai présente ainsi des intérêts aussi bien pour l'employeur que pour le salarié.
2 – La durée de l’essai
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Que le contrat de travail soit à durée déterminée ou indéterminée, les parties peuvent
convenir d’un essai dont la durée totale maximale est de :
La période d’essai ne se présume pas. Lorsque les parties au contrat de travail décident de
soumettre leur relation à une période d’essai ou de la renouveler, le contrat ou lettre d’embauche
doit mentionner la durée de la période d’essai (CT, art. 14.5). La règle qui résulte implicitement
de cette disposition, c'est que le défaut d'écrit doit être sanctionné par la nullité de l'essai.
4 – Le renouvellement de l’essai
La période d’essai peut être renouvelée une fois pour la même période à la condition que
ce renouvellement soit prévu dans le contrat de travail. Il doit alors être notifié au salarié par
écrit :
― 2 jours avant son terme, lorsqu’elle est de 8 jours ;
― 8 jours avant son terme, lorsqu’elle est de 1 mois et
― 15 jours avant son terme, lorsqu’elle est de 2 ou 3 mois (art. 4 du décret n° 96-195).
Pendant la période d’essai fixée, le contrat de travail peut être rompu librement par le
salarié ou l'employeur sans motif, sans préavis et sans indemnité (à l'exception éventuelle de
l'indemnité compensatrice de congés payés).
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Lorsque le travailleur est maintenu dans son emploi à l’expiration de la période d’essai, les
deux parties sont alors définitivement liées par un contrat de travail à durée indéterminée. En
conséquence, la durée de l'essai, renouvellement compris le cas échéant, est pris en compte pour
la détermination des droits et avantages évalués en fonction de la durée de service effectif dans
l’entreprise.
§ 2. – Le contrat de travail
A. – La définition et le critère de distinction du contrat de travail
1 ― La définition du contrat de travail
Le Code du travail définit le contrat de travail comme « un accord de volontés par lequel
une personne physique s’engage à mettre son activité professionnelle sous la direction et
l’autorité d’une autre personne physique ou d’une personne morale, moyennant
rémunération » (CT, art. 14.1).
Cette définition rejoint celle avancée par la doctrine. Pour les auteurs Gilles AUZERO et
Emmanuel DOCKÈS, le contrat de travail est « le contrat par lequel une personne physique (le
salarié) s’engage à exécuter un travail sous la subordination d’une personne physique ou
morale (l’employeur), en échange d’une rémunération ».
Le droit du travail s’applique en effet aux salariés et aux employeurs, lesquels sont définis
comme les parties à un « contrat de travail ». Ainsi, c’est bien essentiellement de la
qualification de contrat de travail que dépend l’application des règles du droit du travail.
Si le contrat qui unit les parties est un « contrat de travail », le travailleur aura droit au
SMIG, aux congés payés, aux limitations du temps du travail, et à toutes les protections du droit
du travail. Si, à l’inverse, le contrat est qualifié, par exemple, de « contrat de prestation de
services », de « contrat d’entreprise », ou de quelque autre contrat spécial, le travail sera dit
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indépendant et privé de toutes les protections du droit du travail. Cette qualification est donc
cruciale.
2 – Le critère de distinction du contrat de travail
La réunion de ces trois critères est indispensable pour qu’il y ait contrat de travail (travail
salarié) et que le droit du travail trouve à s’appliquer. En l’absence d’un ou plusieurs de ces
critères on ne peut pas parler de contrat de travail (travail salarié).
Le salaire. Une rémunération doit être versée ou promise, expressément ou tacitement, car
le contrat de travail est un contrat à titre onéreux. Cette rémunération peut être calculée au temps
ou à la tâche (« aux pièces »), ou bien combiner les deux modes. Elle peut consister en une
somme d’argent ou être fournie en nature (ex. : logement, nourriture).
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critère qui permet de distinguer le contrat de travail des contrats voisins et notamment du contrat
d’entreprise (contrat de louage d’ouvrage ou contrat de louage de services) : à la subordination
de l’employé à l’égard de l’employeur on oppose l’indépendance juridique de
l’entrepreneur vis-à-vis du maître d’ouvrage. L’entrepreneur conserve, dans
l’accomplissement de sa tâche, son indépendance juridique, par opposition à celui qui agit en
se plaçant dans un rapport de subordination.
Le critère du lien de subordination juridique a été définit par la Cour de cassation française
dans un arrêt Société générale du 13 novembre 1996 comme « l’exécution d’un travail pour le
compte et sous l’autorité d’un employeur, qui a le pouvoir de donner des ordres, des directives,
d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné ».
Il résulte des dispositions du nouveau Code du travail que la rédaction d’un écrit n'est pas
nécessaire pour la formation et la validité d’un CDI. Ce type de contrat peut donc être conclu
par écrit ou verbalement selon le libre choix des parties. En pratique, le CDI est toujours passé
par écrit pour faciliter sa preuve et comporte plusieurs clauses destinées à prévoir les modalités
essentielles de la relation de travail et à anticiper son évolution.
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2 – Les contrats dérogatoires au contrat de droit commun
a) Le contrat à durée déterminée (CDD)
D’après l’art. 15.1 du Code du travail, « le contrat de travail à durée déterminée est un
contrat qui prend fin à l’arrivée d’un terme fixé par les parties au moment de sa conclusion ».
Le CDD est un contrat de travail dont l'échéance est fixée dans le contrat. Il peut être conclu
avec un terme précis ou imprécis et est soumis à un formalisme strict. L’art. 15.2 du Code du
travail prescrit qu’il doit être passé par écrit ou constaté par une lettre d’embauche. Si ces
conditions ne sont pas réunies, il est réputé conclu pour une durée indéterminée. La conclusion
d'un CDD n'est possible que pour l'exécution d'une tâche précise et temporaire et dans les cas
de recours autorisés par la loi.
i) Les motifs de recours au CDD
Les cas de recours autorisés par la loi sont les suivants :
― le remplacement d’un salarié temporairement absent (la suspension de son contrat de
travail ou l’attente d’un salarié nouvellement recruté en CDI) ;
― l’accroissement temporaire de l’activité de l’entreprise (un surcroît occasionnel de
travail ou une activité inhabituelle de l’entreprise) ;
― le travail temporaire par nature (dont le travail saisonnier et les travaux de vendanges) ;
― les emplois dont il est d’usage de recourir à des CDD (secteurs d’activités fixés par
décret ou par voie conventionnelle) ;
― la durée d’un chantier ou d’un projet.
Les CDD à terme précis : lorsque le CDD est à terme précis, le terme du contrat doit être
fixé avec précision dès la conclusion du contrat. À défaut, il est présumé avoir été conclu à
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durée indéterminée. Sa durée maximale est de 24 mois. En règles générale, les CDD à terme
précis ne peuvent pas excéder 24 mois (2 ans) (renouvellement inclus).
Le CCD peut être conclu avec un terme imprécis. Il en est ainsi lorsque le contrat est
formé pour remplacer un salarié absent ou dont le contrat est suspendu, pour les emplois
saisonniers, et les emplois d’usage, pour la durée d’un chantier ou d’un projet. Pour éviter la
requalification en CDI, il faut indiquer l’événement dont la réalisation mettra fin au
contrat ainsi qu’une durée minimale. Ainsi, le terme du contrat conclu pour remplacer un
salarié absent est en principe son retour dans l’entreprise. Les CDD sans terme précis ne
comportent pas de durée maximale. Ils peuvent être renouvelés sans limitation de nombre.
Le travail temporaire est réglementé par le nouveau Code du travail (art. 11.3 et 11.4) et
par le décret 96-194 du 7 mars 1996 relatif au travail temporaire.
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Le travail temporaire met en présence trois personnes et donne naissance à deux contrats :
le contrat de travail temporaire et le contrat de mise à disposition.
Quant au travailleur temporaire, il est tenu d'obéir aux ordres et au règlement intérieur
de l'entreprise utilisatrice dans des conditions similaires à celles de ses propres salariés. Il
bénéficie des mêmes droits et avantages que ceux-ci (droit aux tickets restaurants, accès aux
moyens de transport collectifs…). L’entreprise utilisatrice ne peut toutefois pas lui infliger une
sanction disciplinaire. Elle peut seulement proposer à l'entreprise de travail temporaire les
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sanctions disciplinaires que cette dernière pourra librement prononcer à l'encontre du travailleur
temporaire.
La période pendant laquelle le travailleur est à la disposition de l'entreprise utilisatrice est
appelée mission. La durée d'une mission ne peut être supérieure à trois mois. Elle est
renouvelable par période d'un mois au maximum. Lorsque la durée de la mission du travailleur
temporaire excède la durée légale maximale prévue, l'entrepreneur de travail temporaire sera
sensé avoir fait le placement du travailleur concerné dans l'entreprise utilisatrice. Dans ce cas,
le travailleur est réputé embauché par l'utilisateur à compter de la date à laquelle la mission a
commencé.
Nous devons ici distinguer selon que la rupture est à l’initiative du salarié temporaire ou
de l’entreprise de travail temporaire.
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L’art. 21.2, alinéa 3 du Code du travail prescrit qu'une durée de travail inférieure à la durée
normale peut être stipulée dans le cadre du travail à temps partiel.
Le travail à temps partiel est celui dont la durée ne peut être supérieure à trente heures
par semaine ou cent vingt heures par mois (Décret n° 96-202 du 7 mars 1996 relatif au travail
à temps partiel, art. 1er).
Le Code du travail précise que le contrat doit être constaté par écrit, ou une lettre
d’embauche mentionnant la durée du travail. L’absence d’un écrit ou d’une lettre
d’embauche constatant le contrat de travail à temps partiel a pour effet de faire présumer que le
contrat de travail a été conclu à plein temps et pour une durée indéterminée.
La conclusion du contrat de travail est soumise au droit commun des contrats, c’est-à-dire
aux articles 1108 et suivants du Code civil. Ces dispositions définissent les conditions de
validité de tout contrat. Aux termes de l’art. 1108 du Code civil, quatre conditions sont
nécessaires pour la validité d'un contrat :
― le consentement des parties, personnel, libre et réciproque qui ne doit pas être forcé par la
violence, l’erreur ou le dol ;
― la capacité juridique des parties au contrat (employeur et salarié) ;
― un objet et une cause du contrat licite, c'est-à-dire conformes à la loi, l’ordre public et aux
bonnes mœurs.
1 – Le consentement
Les vices du consentement. Le consentement doit en outre être exempt de vices à savoir
erreur, dol et violence. Le contrat n’est valablement conclu que si le consentement des parties
n’a pas été vicié par l’erreur, le dol ou la violence.
Le contrat de travail est conclu intuitu personae. Le salarié est choisi en fonction de ses
qualités personnelles. C’est pourquoi l’employeur est admis à invoquer la nullité d’un contrat
de travail pour erreur sur les qualités substantielles de la personne du cocontractant. Il est même
tenté, parfois, de faire état d’une réticence dolosive, par exemple lorsque le salarié se pare de
diplômes qu’il ne possède pas. Mais dans l’une ou l’autre de ces hypothèses, la prétention de
l’employeur est rarement admise pour différentes raisons.
L’erreur : L’erreur est une fausse appréciation de la réalité (je me suis trompé). Ce vice
du consentement n’est pas retenu s’il a trait à des éléments de la personnalité – tels l’opinion
politique, l’engagement syndical ou politique, les mœurs – que l’employeur ne pouvait pas
prendre en compte au moment de l’embauche. Par ailleurs, l’erreur n’est pas retenue lorsqu’elle
apparaît inexcusable : il appartient à l’employeur de se renseigner sur les qualités du candidat
au moment de l’embauche.
Le dol : Le dol consiste en des manœuvres destinées à tromper une personne pour l’induire
en erreur (on m’a trompé). Il doit avoir été tel que sans les manœuvres de l’un des contractants,
l’autre n’aurait pas conclu le contrat de travail. Le juge ne retient pas le dol lorsque le salarié
s’est tu sur ce qu’il avait le droit de ne pas dévoiler : il en va ainsi de l’état de grossesse, qui
n’a pas à être révélé. De toute façon, si la tromperie est reconnue, le juge ne la retient que si
elle a déterminé la décision d’embaucher. Enfin, lorsqu’il est question d’un mensonge sur
les diplômes obtenus et la formation, les juges considèrent effectivement qu’est « nul le
contrat de travail conclu sur la base de fausses informations données par le salarié ».
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compte pour apprécier la violence, de « la condition des personnes », formule riche de
signification si on l’interprète en fonction de la condition économique et sociale de salarié.
2 – La capacité de contracter
Par application du droit commun, le contrat ne peut être valablement conclu que s’il a un
objet et une cause licites, c’est-à-dire non prohibés par la loi et les bonnes mœurs.
L’objet est constitué par la prestation de travail que s’engage à fournir le travailleur. Il
doit être déterminé et licite. Les parties au contrat jouissent d’une très grande liberté pour
déterminer la prestation de travail. Il y a peu d’activités qui soient rebelles au contrat de travail.
Certains travaux sont cependant illicites et ne peuvent évidemment pas faire l’objet d’un contrat
de travail : une femme ne peut pas s’engager valablement auprès d’un proxénète à se prostituer
moyennant une rémunération forfaitaire ; un individu ne peut pas s’engager valablement à
transporter de la drogue ou des objets de contrebande.
Quant à la cause, elle est la raison pour laquelle la prestation de travail a été envisagée.
Elle ne doit pas consister en la poursuite d’objectifs prohibés. Par exemple la conclusion d’un
contrat de travail pour maintenir une relation adultère. Ce contrat peut être déclaré nul en raison
du caractère illicite ou immoral de la cause du contrat.
L’art. 14 du Code du travail dispose que « le contrat de travail est passé librement et, sous
réserve des dispositions du présent Code, constaté dans les formes qu’il convient aux parties
contractantes d’adopter ».
Il ressort de cette disposition que le Code du travail n’impose pas expressément la
rédaction d’un écrit lors de la conclusion d’un contrat de travail. En principe, le contrat de
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travail peut être passé librement soit par écrit soit verbalement. Mais pour prévenir les
difficultés de preuve du contrat de travail, les conventions collectives imposent à l’employeur
de fournir aux salariés une lettre d’engagement (lettre d’embauche). Cependant, la preuve de
l’existence du contrat de travail peut être faite par tous moyens (par écrit, témoignage,
présomption, etc.).
2 – Les exceptions au principe
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4 – Les clauses éventuellement insérées dans le contrat de travail
Si le contrat fait l’objet d’un écrit, les parties peuvent précisez et compléter les obligations
fondamentales des parties au contrat à l’aide de clauses variées.
Les clauses les plus fréquentes insérées dans un CDI sont la clause d’essai (voir
développements sur l’essai), la clause d’exclusivité (a), la clause de non-concurrence (b), la
clause de dédit-formation (c) et la clause de mobilité géographique (d).
a) La clause d'exclusivité
La clause d'exclusivité interdit au salarié d'exercer une autre activité professionnelle, pour
son propre compte ou pour celui d'un autre employeur, pendant la durée de son contrat de
travail.
b) La clause de non-concurrence
c) La clause de dédit-formation
26
Par une clause de mobilité géographique, un salarié accepte à l'avance toute modification
de son lieu de travail décidée par l'employeur au sein d'une zone géographique délimitée. En
l'absence d'une clause de mobilité, le salarié est malgré tout contraint d'accepter un changement
de son lieu de travail si celui-ci s'effectue dans le même secteur géographique et avec un délai
de prévenance suffisant.
Une fois la qualification du poste établie, le salarié peut être rattaché à l’une des
catégories professionnelles identifiées dans la classification et bénéficier des droits et
avantages appliqués à cette catégorie.
27
La classification professionnelle est fixée par les conventions collectives.
Généralement, la classification se déroule en plusieurs étapes :
― une distinction entre les principales catégories de personnel : ouvriers, employés, agents de
maîtrise, cadres) ;
― A l’intérieur de ces catégories figurent les multiples qualifications possibles ;
― A chaque qualification professionnelle, correspond une description des taches de
l’emploi ou du poste. Les emplois et postes sont affectés d’un indice hiérarchique ou d’un
coefficient qui fixe le salaire minimum auquel a droit le salarié.
Lorsque l’emploi occupé ne figure pas dans la convention collective applicable, il faut tenter
de l’assimiler à une fonction y figurant.
La classification professionnelle d’un salarié est très importante parce qu’elle revient à attribuer
à chaque salarié un positionnement hiérarchique dans l’entreprise, une classe, un niveau
d’indice, un niveau de salaire, un parcours de promotion, un type de rémunération variable, etc.
28
Le sursalaire est la partie du salaire brut (salaire réel) payée en supplément du salaire
minimum de la catégorie. En effet, au salaire de base, réglé le plus souvent mensuellement
s'ajoutent souvent divers compléments de salaire (primes, treizième mois, gratifications
diverses, pourboires, avantages en nature, indemnités), qui ont la même qualification.
La loi tend en définitive à considérer comme salaire, non pas seulement les sommes et
avantages venant directement en contrepartie du travail fourni, mais tous ceux qui sont accordés
par l'employeur à l'occasion du travail.
Les primes sont des sommes versées par l’employeur au salarié en sus du salaire normal,
soit à titre de remboursement de frais (exemple : prime de transport), soit pour encourager la
productivité (exemple : prime de rendement), ou récompenser l’ancienneté (exemple prime
d’ancienneté), etc. Elles sont nombreuses et varient d’une entreprise à l’autre, prévues le plus
souvent par les conventions et accords collectifs.
― Prime de fin d’année (PFA) : Le travailleur perçoit en fin d’année, une prime dont le
montant ne peut être inférieur au ¾ du salaire minimum conventionnel mensuel de sa catégorie.
Les travailleurs embauchés en cours d’année ou démissionnaires ou licenciés bénéficient de
cette prime au prorata de leur temps de service dans l’année de référence (CCI, art. 53).
― Prime de panier : Le travailleur perçoit une prime de panier dont le montant est égal à
3 fois le SMIG lorsqu’il accomplit : 1) 6 heures consécutives de travail de nuit ; 2) ou 10h de
travail ou plus de jour, prolongées d’au moins 1 h après le début de la période règlementaire de
travail de nuit ; 3) ou une séance ininterrompue de travail de 10 h dans la journée (CCI art. 54).
29
― Prime de salissure : Lorsque l’entreprise emploie des travailleurs à des travaux
salissants tels que définis par le Code du travail, une prime de salissure égale à 13 fois le SMIG
horaire leur est versée mensuellement (CCI, art. 60).
4° Les indemnités
Sont à distinguer les indemnités de congés payés qui ont le caractère de salaire, et les
indemnités résultant de remboursement de frais engagés par le salarié à l’occasion de son travail
(indemnité de déplacement…) qui n’ont pas le caractère de salaire.
Échappent cependant à la qualification de "salaire", les sommes qui ont vocation à réparer
un préjudice, telles que l'indemnité de licenciement, les sommes versées au salarié à titre de
remboursement de frais (exemple l’indemnité de déplacement), ou celles qui sont le résultat
d'une association du salarié aux profits dégagés par l'entreprise, telles les primes de participation
et d'intéressement, ainsi que les plans d'épargne d'entreprise.
2 – La fixation du salaire
Le montant du salaire. La CCI de juillet 1977 stipule que le salaire de chaque travailleur
est déterminé non seulement en fonction de l’emploi qui lui est attribué dans l’entreprise mais
aussi par rapport à sa catégorie professionnelle.
Le principe est celui de la libre négociation des salaires entre les parties au contrat de travail
(le salaire est librement fixé par accord entre l'employeur et le salarié), sous la double réserve
du respect du salaire minimum légal (ou conventionnel) et du principe de non-discrimination.
30
Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est un minimum en dessous
duquel aucun salaire ne peut descendre. Il correspond à un salaire minimum légal d'ordre public,
dont la violation est pénalement sanctionnée. En droit français, le SMIG a été remplacé par le
SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance), depuis la loi du 2 janvier 1970.
En droit ivoirien, le SMIC qui s'élevait à 40 000 FCFA a été revalorisé à 60 000 FCFA par
un décret 2013-791 du 20 novembre 2013. Le nouveau Code du travail indique que les
partenaires sociaux négocient tous les trois ans, le montant du SMIG au sein de la Commission
consultative du travail (CT, art. 31.8, al. 2).
Le SMIG est applicable quel que soit le mode de rémunération pratiqué, à l'ensemble des
professions et activités exercées par les salariés âgés d'au moins 16 ans, à l'exclusion des salariés
des professions agricoles qui sont soumis au salaire minimum agricole garanti (SMAG). [Le
SMAG s’applique aux travailleurs des entreprises agricoles et forestières. Il est de l’ordre de
50% du SMIG. Le SMIG s’applique aux autres branches d’activités.
Les employeurs qui ne respectent pas le SMIG s'exposent à des sanctions pénales et au
paiement de rappels de salaire.
Enfin, dans les entreprises soumises à une convention collective, celle-ci fixe généralement
un salaire minimum, supérieur au SMIC. C'est ce salaire minimum, dit conventionnel, que
l'employeur doit respecter.
Selon les termes de l'article 31.2 du Code du travail, l'employeur est tenu d'assurer l'égalité
de rémunération entre les hommes et les femmes pour tout travail de valeur égale.
Le principe "à travail égal, salaire égal" a vocation à s'appliquer à l'ensemble des salariés
dès lors qu'ils sont placés dans une situation identique et qu'ils ont les mêmes compétences. Ce
principe s'apprécie au niveau de l'entreprise. Il appartient au salarié qui invoque une atteinte au
principe "à travail égal, salaire égal" de soumettre au juge les éléments de faits susceptibles de
caractériser une inégalité.
3 – Le paiement du salaire
Les modalités de paiement. Le paiement du salaire se fait en principe tous les mois, sauf
pour les salariés non mensualisés, qui doivent être payés à la quinzaine (art. 32.3 du Code du
travail). Les paiements mensuels doivent être effectués au plus tard huit jours après la fin du
mois de travail qui donne droit au salaire (CT, art. 32.3, al. 2).
31
Le paiement du salaire doit être effectué par un règlement en espèces, par chèque barré ou
par virement postal ou bancaire. Mais nombreux sont ceux qui procèdent au paiement du salaire
non par chèque, mais par virement.
Le bulletin de paye. Le paiement du salaire donne lieu à la remise au salarié d'un bulletin
de paie, destiné à l'informer du détail de calcul de sa rémunération, ainsi que des principales
caractéristiques de son emploi (qualification professionnelle, convention collective applicable,
montant et nature des cotisations sociales patronales et salariales, congés payés, etc.).
L'acceptation d'un bulletin de paye par le salarié ne vaut pas renonciation de sa part au
paiement de ce qui pourrait rester dû. La délivrance du bulletin de paie ne présume pas non plus
le paiement du salaire (CT, art. 32.6, al. 2). La preuve du paiement se fait notamment par la
production de pièces comptables. Le bulletin de paie sert donc surtout à informer le salarié du
calcul de son salaire. Il lui sert également à être informé des conditions de son travail
(convention collective applicable, classification, temps de travail, etc.).
Le délai de prescription. La créance de salaire se prescrit par deux ans. Le salarié dispose
donc d'un délai de 2 ans pour réclamer les sommes qui lui sont dues (art. 33.5 du Code du
travail). La prescription commence à courir à la date à laquelle les salaires sont dus.
Le privilège général des salariés. Diverses garanties visent à protéger le salarié du risque
d'insolvabilité de l'entreprise (redressement judiciaire ou liquidation des biens de l’entreprise
de l’employeur). Les salariés bénéficient selon l'art. 33.2 du Code du travail d'un privilège
général sur les meubles et les immeubles de l’employeur pour les douze derniers mois de
salaire.
Le super privilège. Cette priorité donnée aux salariés étant rarement suffisante, le
législateur a également créé, en cas de procédure collective applicable à l'entreprise, un super
privilège plus efficace, mais limité aux soixante derniers jours de travail effectif (CT, art.
33.4, al. 2). Les sommes couvertes par le super privilège devront être payées dans les 10 jours
qui suivront le jugement d'ouverture de la procédure collective.
32
CHAPITRE 2 – L’exécution du contrat de travail
Les relations individuelles de travail sont celles établies entre chaque salarié et son
employeur. Ce sont des relations contractuelles, elles ont pour cadre juridique le contrat
individuel de travail. Cependant, le fait qu’elles soient largement régies par des règles légales
ou réglementaires ainsi que par les dispositions de conventions collectives ne leur ôte pas leur
caractère individuel.
Annonce du plan.
§ 1. – Les obligations des parties au contrat
§ 2. – Le cadre d’exécution du contrat
§ 3. – Les aléas de la vie professionnelle
Le salarié doit toute son activité son activité professionnelle à l’entreprise. Il doit
notamment :
― fournir le travail pour lequel il a été embauché, l’exécuter lui-même, loyalement et
consciencieusement (CT, art. 16.3),
― prendre soin du matériel de travail,
― garder le secret des procédés de fabrication, ne pas divulguer les renseignements acquis
au service de l’employeur,
― respecter le règlement intérieur de l’entreprise.
L’employeur doit procurer au salarié le travail convenu au lieu convenu. Il ne peut exiger
un travail autre que celui prévu au contrat, sauf cas d’urgence ou de péril et pour une tâche
temporaire (CT, art. 16.3 et 16.6). Il doit en outre payer le salaire : les payements sont en
principe mensuels.
33
§ 2. – Le cadre d’exécution du contrat
A. – Le règlement intérieur
Le règlement intérieur est obligatoire dans les entreprises employant plus de 10 salariés.
Il doit être établi par écrit et porté à la connaissance des salariés par voie d’affichage dans
l’entreprise. Les modalités de communication, de dépôt et d’affichage du règlement intérieur
ainsi que le nombre de travailleurs de l’entreprise au-dessus duquel l’existence de ce règlement
est obligatoire sont fixés par décret.
Nous examinerons les conditions d’élaboration du règlement intérieur (1), son contenu (2)
et les modalités de son contrôle (3).
L’art. 1er du décret n° 96-197 du 7 mars 1996 relatif au règlement intérieur impose
l’élaboration d’un règlement intérieur dans les entreprises industrielles, commerciales ou
agricoles comportant plus de dix travailleurs.
L’art. 16.1, alinéa 3 du nouveau Code du travail dispose que le règlement intérieur est
soumis, pour avis, aux délégués du personnel et lorsqu’il en existe aux syndicats de base. Il
est communiqué à l’inspecteur du travail et des lois sociales, qui peut exiger le retrait ou la
modification des dispositions contraires aux lois et règlement en vigueur.
Lorsque l’inspecteur du travail ne fait pas d’observation dans le mois qui suit la réception
du règlement intérieur qui lui a été soumis, l’employeur doit le déposer au Greffe du Tribunal
du travail ou au Greffe de la juridiction la plus rapprochée. Le règlement intérieur doit faire
l’objet d’un affichage à une place convenable aisément accessible dans les locaux de
l’entreprise.
34
2 – Le contenu du règlement intérieur
L’article 16.1, alinéa 1er du nouveau Code du travail prévoit que le règlement intérieur fixe
les règles relatives à l’organisation technique du travail, et les règles en matière d’hygiène, de
sécurité et de discipline (CT, art. 16.1, alinéa 1er ; décret n° 96-197 du 7 mars 1996 relatif au
règlement intérieur, art. 3).
Par le moyen d’un règlement intérieur l’employeur fixe donc diverses mesures en matière
d’organisation technique du travail, d’hygiène et de sécurité dans l’entreprise ou
l’établissement, les conditions dans lesquelles les salariés peuvent être appelés à participer, à la
demande de l’employeur, au rétablissement des conditions de travail protectrices de la santé et
de la sécurité des salariés, et les règles générales et permanentes relatives à la discipline.
Le règlement intérieur ne peut comporter des clauses contraires aux lois, règlements,
conventions et accords collectifs. Il ne peut davantage contenir des dispositions portant atteinte
aux droits fondamentaux.
L’inspecteur du travail doit contrôler la légalité du règlement intérieur. À cet effet, il doit
vérifier que l’employeur a respecté la procédure d’élaboration du règlement intérieur et que
celui-ci contient des clauses conformes à l’art. 16.1 Code du travail.
35
L’art. 11 du décret n° 96-197 du 7 mars 1996 relatif au règlement intérieur précise
qu’« après l’affichage du règlement intérieur, les contestations concernant sa régularité sont
portées devant le Tribunal du travail qui en apprécie les conséquences éventuelles dans les
relations juridiques entre l’employeur et le travailleur ».
À l’occasion d’un litige individuel, le Tribunal du travail peut estimer que le règlement
intérieur n’est pas régulièrement élaboré. Il peut ainsi écarter l’application d’une disposition du
règlement intérieur qui serait contraire aux prescriptions légales. Mais il ne peut pas annuler
cette disposition. Ce pouvoir d’annulation n’appartient qu’à l’inspecteur du travail.
1 – Le pouvoir de direction
L’employeur est le seul titulaire du pouvoir de direction. Ce pouvoir lui permet
d’organisation son entreprise et d’en assurer le fonctionnement régulier.
a) Le contenu
b) Les limites
Si large qu’il soit encore, le pouvoir de direction qui était pratiquement absolu au XIXe
siècle se heurte aujourd’hui à diverses limites :
2 – Le pouvoir règlementaire
L'employeur dispose du pouvoir d'édicter des règles ou de donner des ordres ponctuels et
des directives générales que les salariés seront tenus de respecter dans leur activité de travail.
Ce pouvoir découle du lien de subordination qui caractérise le travail salarié. Il se décline
notamment dans le règlement intérieur. Toutefois, l'exercice du pouvoir règlementaire par
l'employeur doit être conforme à la loi.
3 – Le pouvoir disciplinaire
a) La sanction disciplinaire
Définition. Constitue une sanction disciplinaire, toute mesure autre que des observations
verbales prise dans le cadre disciplinaire par l’employeur. Cette mesure sanctionne un
agissement du salarié jugé fautif par l’employeur. Elle est de nature à affecter immédiatement
ou non la présence, la fonction ou la carrière du salarié dans l’entreprise (CT, art. 17.2).
37
Le règlement intérieur doit définir les différentes sanctions susceptibles de s’appliquer
dans l’entreprise et les classer selon leur importance. Il s’agit de l’échelle des sanctions. En
principe, l’employeur ne peut pas prendre d’autres sanctions que celles qui ont été prévues dans
le règlement intérieur, sauf lorsque ce dernier ne prévoit pas de liste restrictive.
Les sanctions disciplinaires prévues par le Code du travail sont les suivantes :
― le blâme : c’est une sanction disciplinaire consistant en une réprimande. Ex. blâme du
salarié au cours d’un conseil de discipline en présence du délégué du personnel, ou du délégué
syndical ;
― l’avertissement écrit : c’est un appel à l’attention du salarié, une mise en garde que
l’employeur fait au travailleur ; il peut être verbal mais il a généralement la forme écrite ;
Il faut reconnaître qu’en raison de leur nature essentiellement morale, ces deux types de
sanction n’ont pas d’effet intimident sur les salariés qui en sont frappés.
― la mise à pied du travailleur (mise à pied temporaire sans salaire, d’une durée de
1 à 3 jours ou mise à pied temporaire sans salaire, d’une durée de 4 à 8 jours) : c’est la
suspension du contrat de travail de courte durée décidée par l’employeur à titre de sanction. La
mise à pied entraîne perte de salaire pour toute sa durée. Elle est dite « mise à pied
conservatoire » lorsqu’il s’agit de la mise à pied d’un salarié qui a commis une faute, dans
l’attente d’une sanction définitive ; exemple : la mise à pied conservatoire du délégué du
personnel, en attendant l’autorisation de son licenciement par l’inspecteur du travail et des lois
sociales ;
38
Droit comparé. L’échelle des sanctions disciplinaires dans la fonction publique
s’établit comme suit :
― Les sanctions du premier degré, les plus légères (avertissement, blâme, déplacement
d’office, radiation du tableau d’avancement, réduction du traitement), sont infligées par le
ministre technique de l’agent fautif, c’est-à-dire celui qui l’emploie.
― Les sanctions du second degré, les plus sévères (exclusion temporaire de fonction,
abaissement d’échelon, rétrogradation, révocation) sont prononcées par le ministre de la
fonction publique.
b) La faute disciplinaire
Elles donnent lieu à des peines professionnelles qui atteignent le travailleur dans sa
carrière. Ces fautes entraînent la rupture immédiate du contrat de travail, c’est-à-dire sans
préavis et sans indemnité de licenciement.
c) La procédure disciplinaire
Une sanction est soumise à une procédure disciplinaire et à un éventuel contrôle du juge.
La procédure légale peut être simplifiée ou normale.
39
La procédure simplifiée. L’employeur doit, s’il inflige une sanction mineure et, plus
précisément un avertissement qui n’a pas d’incidence sur la présence dans l’entreprise, la
fonction, la carrière ou la rémunération du salarié, informer par écrit ce dernier des griefs qui
lui sont reprochés. L’envoi d’une lettre recommandée ou la remise de la lettre contre décharge
s’impose donc. Un entretien préalable n’est pas nécessaire.
L’employeur doit respecter la procédure normale s’il désire infliger une sanction ayant une
incidence sur la présence du salarié dans l’entreprise, sa fonction, sa carrière ou sa
rémunération.
Lorsque les explications sont verbales, elles doivent faire l’objet d’une transcription
rédigée par l’employeur contresignée par le travailleur et les délégués ayant assisté les parties.
Lorsque le travailleur n’aura pas été assisté par son délégué, mention en sera faite sur la
transcription. Lorsque le travailleur n’aura pas été assisté par son délégué, mention en sera faite
sur la transcription.
Les sanctions disciplinaires sont prises par le chef d’entreprise ou son représentant après
que l’intéressé, assisté, s’il le désire, d’un à trois délégués du personnel, aura fourni les
explications écrites ou verbales.
40
décharge ou par lettre recommandée. Ampliation de la décision prise est adressée à l’inspecteur
du travail du ressort. Cette décision doit être accompagnée d’une copie des explications du
travailleur. Si la sanction envisagée est un licenciement, alors la procédure de licenciement pour
motif personnel doit en plus être respectée.
Connaître la notion de temps de travail effectif est essentiel, puisqu'elle servira, d'une
part, à contrôler le respect de la durée légale et, d'autre part, à calculer les heures
supplémentaires.
Le temps de travail effectif est défini comme " le temps pendant lequel le salarié est à la
disposition de l'employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement
à ses obligations personnelles ". Les temps de pause et de repas sont assimilés à des temps de
travail s'ils obligent le salarié à rester sur place, dans l'entreprise. Les temps de déplacement
entre lieux de travail sont considérés comme du temps de travail effectif, non ceux entre le lieu
de travail et le domicile.
En revanche, les périodes d'astreintes qui obligent le salarié à rester de garde, mais hors
du lieu de travail, ne sont pas assimilées à un temps de travail effectif. Elles doivent cependant
donner lieu à une compensation pécuniaire au profit du salarié.
La durée légale du travail correspond au temps de travail effectif. La durée légale du travail
est fixée par le Code du travail à 40 heures hebdomadaires pour les entreprises non agricoles
(CT, art. 21.2, al. 1) et à 48 heures par semaine pour les exploitations agricoles dans la
limite de 2400 heures par an (CT, art. 21.2, al. 2 ; Décret n° 96-203 du 7 mars 1996 relatif à
la durée du travail). Cette durée légale n'est ni un minimum ni un maximum, mais un seuil de
41
référence en deçà duquel l'emploi est considéré à temps partiel et au-dessus duquel les heures
de travail effectuées sont qualifiées de supplémentaires.
La durée normale du travail pour les entreprises non agricoles est fixée à 40 heures par
semaine réparties comme suit :
1° - 08 heures de travail effectif par jour, pendant 05 jours ouvrables de la semaine ;
2° - 06 heures 40 mns de travail effectif par jour ouvrable de la semaine ;
3° - Répartition inégale entre les jours ouvrables des 40 heures par semaine, avec un maximum
de 08 heures par jour.
La loi impose enfin des temps de repos, durant lesquels le salarié doit être entièrement
délié de toute espèce d'obligation vis-à-vis de son employeur. En principe, tout salarié dispose
ainsi d'un repos quotidien (11 heures de repos consécutives, 12 heures pour les moins de 18
ans) et du repos dominical (ou d'une autre journée par semaine en cas de dérogation), ainsi que
de 2,2 jours de congés payés annuels par mois travaillé dans l'entreprise. Le régime des jours
fériés (CT, art. 24.2) est déterminé par le décret n° 96-205 du 7 mars 1996, seuls le 7 août, jour
de la fête nationale et le 1er mai, jour de la fête du travail, sont obligatoirement chômés et payés.
Dans certains secteurs où le temps de présence dans l'entreprise ne coïncide pas avec le
temps de travail effectif (commerce, hôtellerie, restauration...), il est exigé du salarié des heures
dites d'équivalence afin de compenser les périodes d'inaction de celui-ci (CT, art. 21.3, 3e
tiret). Le décret n° 96-203 du 7 mars 1996 relatif à la durée du travail détermine le nombre
d'heures de présence au poste de travail réputé être équivalent à quarante heures ou à deux
mille quatre cents heures de travail effectif. Il s'agit de 44 heures maximum pour les
entreprises non agricoles ; 52 heures maximum pour les exploitations agricoles et 56 heures
pour le personnel domestique et le personnel de gardiennage.
42
b) Les heures supplémentaires
Régulièrement établies, les heures supplémentaires s'imposent aux salariés moyennant une
majoration de rémunération (Décret n° 96-203 du 7 mars 1996 relatif à la durée du travail, art.
24). D’après le décret n° 96-203 précité, les heures supplémentaires donnent lieu aux
majorations de salaire prévues par les conventions collectives ou les accords d'établissement.
À défaut, les majorations de salaire applicables aux heures supplémentaires sont fixées par
arrêté du ministre du travail conformément aux taux suivants :
43
― 75 % de majoration pour les heures supplémentaires effectués, de jour, les dimanches
et jours fériés ;
— 100 % de majoration pour les heures supplémentaires effectués de nuit, les dimanches
et jours fériés.
Pour des raisons de sécurité pour l'entreprise et de sécurité et de santé pour les travailleurs,
le nombre d'heures supplémentaires est limité à 15 heures au maximum par semaine par
travailleur, pour les entreprises non agricoles comme pour les entreprises agricoles ; 3 heures
au maximum par jour et 75 heures par travailleur et par an (Décret n° 96-203, art. 26).
c) L’astreinte
Les périodes d'astreintes qui obligent le salarié à rester de garde, mais hors du lieu de
travail, ne sont pas assimilées à un temps de travail effectif. Elles doivent cependant donner
lieu à une compensation pécuniaire au profit du salarié.
d) La récupération
Les heures de récupération sont les heures perdues par suite d'interruptions collectives du
travail, sauf grève, et qui sont rattrapées sur une autre semaine. L’employeur peut récupérer les
heures perdues suite à une interruption collective du travail résultant de causes accidentelles,
d’intempéries ou de cas de force majeure (sur la récupération des heures de travail
collectivement perdues, voir art. 18, 19, 20, 21 décret n° 96-203 du 7 mars 1996 relatif à la
durée du travail).
e) Le travail de nuit
Est considéré comme période de travail de nuit, tout travail effectué dans la période de 8
heures consécutives comprises entre 21 heures et 5 heures du matin (Décret n° 96-204 du 7
mars 1996 relatif au travail de nuit, art. 1er). La durée du travail de nuit ne peut excéder huit
heures consécutives de travail effectif de 21 heures à 5 heures du matin, entrecoupé d’une ou
deux pauses de quinze minutes. Au-delà, toute heure effectuée sera considérée comme heure
supplémentaire et rémunérée comme telle.
44
Modalité de rémunération du travail de nuit : Sauf, lorsque le travail de nuit est effectué
comme heure supplémentaire (dans ce cas, majoration de la rémunération), la rémunération
normale des heures de travail de nuit est identique à celle des heures de travail de jour.
Les aléas pouvant affecter l’exécution du contrat de travail concernent les cas de
suspension, de modification ou de rupture du contrat de travail. La rupture du contrat de travail
sera examinée dans la deuxième partie du cours.
45
constatée par un médecin agréé. Ce délai peut être exceptionnellement prorogé jusqu’à ce que
le travailleur soit remplacé ;
d) pendant la période d’indisponibilité du travailleur résultant d’un accident du travail
ou d’une maladie professionnelle jusqu’à consolidation des lésions ou guérison ;
e) pendant la période de garde à vue ou de détention préventive du travailleur motivée
par des raisons étrangères au service et lorsqu’elle est connue de l’employeur, dans la limite de
six mois ;
f) pendant les permissions exceptionnelles accordées par l’employeur au travailleur à
l’occasion d’événements familiaux touchant directement son propre foyer du travailleur ;
g) pendant les périodes de chômage technique.
46
l’employeur peut solliciter une contre-expertise (Décret n° 96-198, art. 10). Le défaut de remise
du certificat fait obstacle à la suspension du contrat. L’absence qui en résulte peut alors
constituer une cause légitime de licenciement (Décret n° 96-198, art. 9).
Au terme de son service militaire, le travailleur est réintégré dans son emploi à condition
qu’il ait informé son employeur de son désir de reprendre son emploi par lettre recommandée,
avec accusé de réception.
La loi s’est efforcée d’améliorer la situation des femmes enceintes lors de l’embauche,
pendant le travail, pendant le congé de maternité et au moment de leur retour dans l’entreprise.
L’art. 23.6 du Code du travail reconnaît le droit à la femme salariée de suspendre son contrat
de travail pour congé de maternité. Le congé de maternité commence en principe 6 semaines
47
avant la date présumée de l’accouchement et se termine 8 semaines après la date de celui-ci.
Pendant cette période, la salariée est totalement dispensée de travailler. Elle perçoit une
allocation de maternité dont le montant est égal au salaire qu’elle percevait au moment de la
suspension de son contrat de travail (CCI, art. 30). Au terme de la période de suspension de son
contrat de travail pour congé de maternité, la femme salariée est réintégrée dans son emploi.
Constitue une maladie professionnelle, toute maladie provenant ou ayant un lien avec le
travail du salarié.
La jurisprudence considère que tout accident survenu au temps et au lieu du travail est
présumé s’être produit à l’occasion du travail puisque le travailleur était sous l’autorité ou la
surveillance de l’employeur. Deux conditions de travail permettent de déterminer avec
précision la nature juridique d’un accident : il y a, d’une part, le travail dans l’entreprise et,
d’autre part, le travail hors de l’entreprise.
48
de droit commun, l’accident qui survient au salarié alors que celui-ci a recouvré son
indépendance (ex. accident d’un salarié faisant ses courses en attendant la repise du travail).
L’accident du trajet
C’est l’accident survenu à un travailleur pendant le trajet de sa résidence au lieu du travail
et vice versa ; Il est considéré comme accident du travail si le parcours n’a pas été interrompu
ou détourné pour un motif dicté par l’intérêt personnel ou indépendant de son emploi.
L’accident du trajet permet à la victime de bénéficier des mêmes prestations sociales que s’il
s’agissait d’un accident du travail proprement dit.
La loi s’est efforcée d’améliorer la situation des femmes enceintes lors de l’embauche,
pendant le travail, pendant le congé de maternité et au moment de leur retour dans l’entreprise.
L’art. 23.5 du Code du travail (CT) reconnaît le droit à la femme salariée de suspendre son
contrat de travail pour congé de maternité. Le congé de maternité qui est de 14 semaines
commence en principe six semaines avant la date présumée de l’accouchement et se termine
huit semaines après la date de celui-ci. Cette période peut être prolongée de 3 semaines
supplémentaires en cas de maladie survenue des suites de l’accouchement et dûment constatée.
Cas de recours. Le chômage technique est une cessation provisoire d’activité décidée par
l’employeur en raison de difficultés économiques ou de cas de force majeure rendant impossible
le fonctionnement de l’entreprise. Le contrat de travail est suspendu pendant cette période, mais
il n’est pas rompu. La mise en chômage technique ne constitue pas un licenciement. Le
licenciement pour motif économique est comme son nom l’indique un licenciement. Il entraîne
par conséquent une rupture du contrat de travail.
Durée. La mise en chômage technique prononcée pour une durée déterminée peut être
renouvelée. Toutefois, elle ne peut être imposée au salarié, en une ou plusieurs fois, pendant
plus de deux mois au cours d’une même période de douze mois (CT, art. 16.1). Au-delà du délai
de deux mois, le salarié peut se considérer comme licencié.
Renouvellement concerté. D’un commun accord, les parties peuvent convenir d’une
prorogation du délai de deux mois pour une période supplémentaire qui ne peut excéder quatre
50
mois. Dans ce cas, l’employeur a l’obligation de verser au salarié le tiers de son salaire
brut. Après ces deux mois, le refus du salarié d’accepter une nouvelle période de
renouvellement du chômage technique équivaut à un licenciement légitime, sauf pour le
travailleur à rapporter la preuve d’une intention de nuire à l’employeur.
Licenciement collectif pour motif économique. Lorsque plus d’un travailleur est licencié
pour refus de renouvellement d’une mise au chômage technique, l’employeur doit suivre la
procédure de licenciement collectif pour motif économique qui est prévue aux art. 18.10 et
suivants du Code du travail.
Le contrat de travail est suspendu pendant les permissions exceptionnelles accordées par
l’employeur à l’occasion d’événements familiaux intéressant directement le foyer du
travailleur.
51
ii) Les absences exceptionnelles
Sont considérées comme absences exceptionnelles, les absences de courte durée motivées
par un événement grave et imprévu, dûment constaté. Ces absences dont la durée doit être en
rapport avec l’événement qui les justifie intéressent directement le foyer du travailleur et
entraînent la suspension du contrat de travail sans salaire.
L’employeur doit être informé de ces absences au plus tard dans les quatre jours francs
à compter de la date de la survenance de l’événement.
D’après l’art. 26 de la CCI, sont considérés comme événements graves et fortuits de nature
à justifier des absences exceptionnelles : l’incendie de l’habitation, le déguerpissement, le
décès, l’accident ou la maladie grave du conjoint ou d’un ascendant à la charge du salarié.
Au cours de son exécution, le contrat de travail peut subir des modifications. Le Code du
travail prévoit à cet égard que toute modification substantielle du contrat de travail requiert
l’accord préalable du salarié (CT, art. 16.6, al. 2). Il résulte de cette disposition que la
modification non substantielle peut être imposée par l’employeur.
52
En principe, toute modification portant sur l’objet du contrat de travail, c’est-à-dire sur
le socle contractuel (la prestation de travail, la rémunération, la qualification professionnelle, la
durée du travail ou le lieu d’exécution du travail), suppose l’accord du salarié. De même, le
retrait de fonctions importantes malgré le maintien du salaire constitue une modification du
contrat.
Cependant la Cour de cassation française admet la modification du contrat fondée sur une
clause de variabilité. Les variantes reposent sur la volonté des parties, exemple : la clause de
mobilité s’agissant du lieu de travail ; la clause de variation de la rémunération.
Exemple les changements d’horaires de travail : les horaires de travail relèvent du pouvoir
de direction de l’employeur. C’est pourquoi, le changement d’horaires constitue un simple
changement des conditions de travail, entraînant une faute disciplinaire si le salarié le refuse.
N.B. Ne pas confondre les horaires et la durée du travail qui ne peut être modifiée sans
l’accord du salarié. La réduction de la durée du travail d’un salarié à temps complet est une
modification du contrat qu’il peut refuser.
53
Section 2. – Les relations collectives de travail
Outre les rapports individuels de travail, le droit du travail régit aussi les rapports collectifs
qui s'établissent entre employeurs et salariés à l'occasion du contrat de travail.
Les cadres d’établissement des relations collectives de travail. Les relations collectives
de travail s’établissent d’abord dans le cadre de l’entreprise que le droit du travail dote d’une
organisation institutionnelle ; le personnel de l’entreprise constitue une collectivité dont la
représentation est assurée (à travers le comité d’entreprise, les délégués du personnel, les
délégués syndicaux). Elles s’établissent également dans le cadre de la branche
professionnelle : c’est dans ce cadre que, traditionnellement, sont constituées les organisations
syndicales de salariés et d’employeurs (CT, art. 51.2), et que, selon la même tradition, ces
syndicats négocient et concluent les conventions collectives. Syndicats et négociations peuvent
s’élargir à un cadre plus vaste encore qui est national et interprofessionnel.
La dimension collective des relations régies par le droit du travail tient fondamentalement
à la prise en considération par ce droit d’intérêts collectifs. Ainsi, c’est aux intérêts
collectifs des salariés de l’entreprise que fait référence la définition légale du comité
d’entreprise CT, art. 63). De même, les règles du droit syndical font référence à la défense
d’intérêts collectifs, particulièrement à celle des intérêts collectifs (des salariés) de la
profession (CT, art. 62.2).
54
§ 1. – Les institutions représentatives du personnel dans l’entreprise
[Travail de recherche à faire par les étudiants : le régime des syndicats professionnels
dans l’entreprise
Les syndicats professionnels sont des associations de personnes exerçant une profession,
des métiers similaires ou connexes ayant exclusivement pour objet l’étude et la défense des
droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels de leurs membres
(CT, art. 51.2).
Adhésion à un syndicat. Les travailleurs ainsi que les employeurs peuvent constituer
librement des syndicats professionnels de leur choix dans le secteur d’activité ou le secteur
géographique qu’ils déterminent. Ils ont le droit d’y adhérer librement, de même que les
personnes ayant quitté l’exercice de leur fonction ou de leur profession sous réserve d’avoir
exercé celle-ci pendant au moins un an. Les mineurs de plus de seize ans peuvent également
adhérer à un syndicat, sauf opposition de leur père, mère ou tuteur. L’appartenance à un syndicat
ne peut constituer un motif pour léser une personne dans sa vie professionnelle du moment où
elle est embauchée jusqu’à la date de son congédiement.
Capacité civile des syndicats. Les syndicats professionnels jouissent de la capacité civile.
Ils ont le droit d’ester en justice et d’acquérir sans autorisation, à titre gratuit ou onéreux, des
55
biens meubles ou immeubles. Ils peuvent passer des contrats ou des conventions avec tout autre
syndicat, société, entreprise ou personne.
Défense des intérêts collectifs de la profession (CT, art. 52.2). Les syndicats
professionnels peuvent, devant toutes les juridictions exercer tous les droits réservés à la partie
civile pour obtenir réparation d’un préjudice direct ou indirect causé par une atteinte à l’intérêt
collectif de la profession qu’ils représentent (CT, art. 52.2).
La représentation des syndicats dans l’entreprise se réalise par le biais de deux institutions :
la section syndicale et les délégués syndicaux.
1 – La section syndicale
Les travailleurs peuvent constituer au sein de l’entreprise des syndicats de base. Les
syndicats de base d’entreprises disposant de plusieurs établissements peuvent être représentés
au sein desdits établissements par des sections syndicales. Les syndicats nationaux peuvent
aussi être représentés par des sections dans les entreprises.
Aucun syndicat de base ou syndicat national ne peut constituer plus d’une section syndicale
dans l’établissement ou dans l’entreprise. La section syndicale jouit de tous les droits conférés
aux syndicats professionnels.
Pour être représentative, une organisation syndicale doit avoir une audience suffisante
dans le secteur d'activité et le secteur géographique qui est le sien (CT, art. 54.1). L'audience
des organisations syndicales est déterminée par les résultats des élections professionnelles.
D'après l'art. 54.2 du Code du travail, l'audience d'un syndicat professionnel de travailleurs est
considérée comme suffisante dans le cadre de l’établissement ou de l’entreprise, lorsque ce
syndicat a obtenu, lors des dernières élections des délégués du personnel, au premier ou au
56
second tour, au moins 30% des suffrages valablement exprimés représentant au moins
15% des électeurs inscrits. Aucun autre critère ne peut être retenu.
Révocation. Le délégué syndical peut être révoqué en cours de mandat par l’organisation
syndicale qui l’a désigné, avec l’approbation au scrutin secret de la majorité des travailleurs
(Décret n° 96-207, art. 29). Le cumul du mandat de délégué syndical et de celui de délégué du
personnel est interdit.
b) Les missions du délégué syndical
Le délégué syndical assure la représentation de son syndicat dans l’entreprise, tant à l’égard
de l’employeur que des salariés. Il présente les revendications relatives à l’amélioration des
conditions d’emploi, de travail, de rémunération et négocie les accords collectifs de travail. Ces
revendications ne peuvent concerner l’application des conventions collectives, des
prescriptions légales et réglementaires mais sont liées aux négociations devant aboutir au
changement ou à la révision de ces prescriptions et conventions (CT, art. 62.2).
57
― la représentation de l'ensemble du personnel : ensuite, le délégué syndical a vocation
à agir au nom de l'ensemble des salariés, conformément à la représentativité du syndicat qui le
mandate : il a pour mission de présenter des revendications relatives à l'améliorations des
conditions d'emploi, de travail, de rémunération, et surtout, il est compétent pour négocier et
signer les accords d'entreprise portant notamment sur les salaires et la durée du travail.]
Les représentants élus du personnel dans l’entreprise sont les délégués du personnel et les
membres du comité d’entreprise.
Les délégués du personnel sont des représentants élus. Le nombre de salariés à partir
duquel l’élection de délégués du personnel est obligatoire dans l’établissement est fixé à onze
salariés. (Décret n° 96-207, art. 1er).
Nombre de délégués à élire (Décret n° 96-207, art. 2). Le nombre de délégués à élire est
fonction de l’effectif de l’entreprise ou de l’établissement. Il est fixé comme suit : 1° de 11 à
25 travailleur : 1 délégué titulaire et 1 suppléant ; 2° de 26 à 50 travailleurs : 2 délégués titulaires
58
et 2 suppléants ; 3° de 51 à 100 travailleurs : 3 délégués titulaires et 3 suppléants ; 4° de 101 à
250 travailleurs : 5 délégués titulaires et 5 suppléants ; 5° de 251 à 500 travailleurs : 7 délégués
titulaires et 7 suppléants ; 6° de 500 à 1000 travailleurs : 9 délégués titulaires et 9 suppléants ;
7° Plus 1 délégué titulaire et 1 suppléant par tranche supplémentaire de 50 travailleurs.
Chaque délégué a un suppléant élu dans les mêmes conditions qui le remplace en cas
d’absence motivée, de décès, de démission, de révocation, de changement de catégorie
professionnelle, de résiliation du contrat de travail et de perte des conditions requises pour
l’éligibilité (CT, art. 61.7).
L’élection a lieu au scrutin secret et sur des listes établies par les organisations syndicales
de base, au sein de chaque établissement, pour chaque catégorie du personnel.
Conditions pour être électeur. Sont électeurs les travailleurs des deux sexes âgés de 18
ans accomplis, ayant travaillés six mois au moins dans l’entreprise et jouissant de leurs droits
civiques (art. 15 décret n° 96-207 préc.).
Conditions d’éligibilité. Sont éligibles, les électeurs âgés de 21 ans accomplis, citoyens
ivoiriens, sachant s’exprimer en français et ayant travaillé dans l’entreprise sans interruption
pendant 12 mois au mois Décret n° 96-207, art. 16).
Liste de candidats. Les délégués sont élus d’une part par les ouvriers et d’autre part par
les ingénieurs, chefs de service, techniciens, agents de maîtrise et cadres et assimilés sur des
listes établies par les organisations syndicales. Ces listes sont affichées par les soins du chef
d’établissement trois jours au moins avant le scrutin. Pendant la période comprise entre le dépôt
des listes électorales et le déroulement du scrutin, les candidats bénéficient des mesures de
protection accordées aux représentants du personnel (CCI, art. 88).
59
d’établissement et les organisations syndicales et sont soumis à publicité par voie d’affichage
au moins 15 jours avant les élections. L’élection des délégués du personnel a lieu au scrutin
secret sur des listes établies par les organisations syndicales. Si le nombre de suffrage
valablement exprimés est inférieur à la moitié des électeurs inscrits, il est procédé au second
tour du scrutin. À défaut, d’organisation syndicale ou en cas de carence de liste, un procès-
verbal de carence est dressé par l’inspecteur du travail. Des candidats qui ne sont pas présentés
par des organisations syndicales sont alors susceptibles d’être retenus pour le scrutin
Le délégué du personnel doit être consulté par l'employeur sur de multiples questions telles
que le plan de formation, les licenciements économiques, le reclassement d'un salarié à la suite
d'un accident du travail, la période des congés payés. Les attributions des délégués du personnel
n’ont pas pour effet de priver les travailleurs de la faculté de présenter eux-mêmes leurs
réclamations et suggestions à l’employeur.
60
travail effectif et rémunérées comme tel (Décret n° 96-207, art. 18). Ils bénéficient également
d'un local mis à leur disposition pour les réunions des délégués du personnel et leurs
permanences ainsi que de panneaux d'affichage pour l'information du personnel. Les
panneaux d’affichage mis à leur disposition doivent être installés dans un endroit apparent et
de préférence sur les lieux de passage du personnel (Décret n° 96-207, art. 20).
Réunions à la demande des délégués. Toute demande d’audience doit être formulée
auprès de l’employeur ou son représentant, par écrit, au moins 2 jours avant la date souhaitée
pour une audience avec le chef de service ; 4 jours avant la date souhaitée pour une audience
avec l’employeur. En cas d’urgence, la demande est formulée oralement par deux délégués du
personnel sans qu’aucun de ces détails ne soit applicable.
Les délégués dont le mandat a pris fin continuent de bénéficier de la protection accordée
aux représentants du personnel pendant 6 mois à compter de la date d’expiration du mandat
(CCI, art. 88).
Révocation. Tout délégué du personnel peut être révoqué en cours de mandat sur
proposition de l’organisation syndicale qui l’a présenté, approuvée au scrutin secret par la
majorité du collège électoral auquel il appartient. S’il n’a pas été présenté par une organisation
syndicale, il peut être révoqué sur pétition écrite, signée de la majorité du collège auquel il
appartient et confirmé au scrutin secret par la majorité du collège (décret n° 96-207, art. 26).
2 – Le comité d’entreprise
Le comité d'entreprise (CE) est une instance représentative du personnel obligatoire dans
les entreprises employant au moins 300 salariés (CT, art. 63.1).
61
a) La composition du comité d'entreprise
Le comité d’entreprise a pour mission d'assurer l'expression collective des salariés afin que
l'employeur puisse prendre en compte leur intérêt dans ses décisions de gestion. À cette fin, le
CE dispose d'attributions d'ordre social et culturel. Il :
― gère les œuvres sociales de l’entreprise, notamment le restaurant d'entreprise, la
bibliothèque, les loisirs, le sport. Elles peuvent bénéficier aux salariés mais aussi aux membres
de leur famille ou bien encore aux anciens salariés de l’entreprise. De même, le comité
d’entreprise peut gérer une mutuelle ou un contrat d’assurance groupe, le négocier, le conclure,
le financer et le proposer aux salariés ;
― s'assure régulièrement du respect par l'employeur de ses obligations en matière sociale,
notamment l'immatriculation du personnel auprès de la CNPS et la déclaration individuelle des
salaires auprès de cette même institution ;
62
A. – Le délit d’entrave aux fonctions de représentant du personnel
Le délit d’entrave est une infraction pénale différente de celle de discrimination. Il est
prévu par plusieurs textes. Ainsi l’art. 102.6 du Code du travail punit d’une amende allant de
1.000.000 à 2.000.000 de francs CFA, l’employeur ou son représentant qui porte atteinte à
l’exercice du droit syndical dans l’entreprise. Est également puni des mêmes peines
l’employeur, son représentant ou le travailleur qui porte atteinte : soit au libre exercice du droit
syndical ou de la liberté syndicale ; soit à l’exercice régulier des fonctions de représentants du
personnel (CT, art. 102.9).
Les sanctions en cas de non-respect cette procédure. Est nul et de nul effet, le
licenciement d’un délégué du personnel effectué par l’employeur sans que les prescriptions
63
légales n’aient été respectées. Le travailleur est en droit de demander sa réintégration dans
l’entreprise par tout moyen laissant trace écrite. Il percevra alors son salaire correspondant à la
période de suspension de son contrat (CT, art. 61.9 à 61.10).
Les bénéficiaires de la protection (CT, art. 61.10). Tous les titulaires d’un mandat de
représentation du personnel bénéficient de la protection. Il en est ainsi pour les délégués du
personnel, les délégués syndicaux, les membres du comité d’entreprise. Elle s’applique aussi
bien aux titulaires qu’aux suppléants.
64
Les niveaux de négociation collective. Le droit à la négociation collective s’exerce au
niveau de l’entreprise ou de l’établissement (accord d’entreprise ou d’établissement), dans
le cadre de la banche professionnelle (convention collective de branche). Traditionnellement,
la négociation collective se déroule au niveau de la branche professionnelle. A négociation
collective de branche concerne une profession particulière ou un secteur particulier, comme la
chimie, la sidérurgie, les transports routiers, le commerce de détail, etc. Mais les négociations
peuvent s’élargir à un cadre plus vaste encore qui est national et interprofessionnel
(convention interprofessionnelle).
Les conventions collectives définissent les règles suivant lesquelles s'exerce le droit des
salariés à la négociation collective, l'ensemble de leurs conditions d'emploi, de formation
professionnelle, de travail et leurs garanties sociales. Les accords collectifs ne concernent
qu'une partie des points ci-dessus ou un ou plusieurs établissements déterminés. Exemple : un
accord sur le temps de travail ou un accord d'entreprise par exemple.
Principe de faveur. La convention collective peut contenir des clauses plus favorables
aux travailleurs que les lois et règlements en vigueur. Elle ne peut déroger aux dispositions
d’ordre public définies par ces lois et règlements.
Champ d’application. La convention détermine son champ d’application (CT, art. 72.3).
Au plan professionnel, ce champ est défini en termes de branche d’activité. Au plan
géographique, il peut être national, régional ou local. Des conventions conclues à un niveau
inférieur peuvent adapter les dispositions d’une convention concernant une ou plusieurs
branches d’activité aux conditions particulières de travail existant à ce niveau, à la faveur des
travailleurs.
65
2 – Les conditions de validité
Durée de la convention. La convention est conclue pour une durée déterminée ou pour
une durée indéterminée (CT, art. 72.5). Quand elle est conclue pour une durée déterminée,
celle-ci ne peut être supérieure à cinq ans. À défaut de stipulation contraire, la convention à
durée déterminée qui arrive à expiration continue de produire effet comme une convention à
durée indéterminée.
b) Les conditions de forme et de publicité
1° Formalisme. La convention collective est établie par écrit, sur papier libre et en langue
française. Elle est signée par chacune des parties contractantes (art. 72.8 ; Décret n° 98-41, art.
1er).
2° Dépôt. Le dépôt s’effectue au greffe du Tribunal du travail ou au greffe de la section
détachée du Tribunal de Première Instance par la partie la plus diligente, à frais commun et en
triple exemplaire. Deux exemplaires sont transmis par le greffier à l’inspecteur du travail sous
66
deux jours, à charge pour ce dernier de transmettre ensuite un exemplaire au ministre chargé du
travail. Le greffier dresse un procès-verbal et en délivre immédiatement récépissé (Décret n°
98-41, art. 2).
3° Publicité. L’employeur ou son préposé communique la convention à toute personne
intéressée (Décret n° 98-41, art. 6)
4° Entrée en vigueur. La convention est applicable, sauf stipulation contraire, à partir du
jour de son dépôt au greffe (Décret n° 98-41, art. 1er). La date du dépôt sur le récépissé délivré
par le greffe fait foi (Décret n° 98-41, art. 2).
Les conventions collectives limitées. Le Code du travail précise toutefois que l’extension
n’est possible que si la situation économique et sociale des entreprises susceptibles d’être
concernées par cette mesure est analogue à celle des entreprises d’ores et déjà liées par la
convention (CT, art. 73.1, al. 2). Si, compte tenu notamment de leurs chiffres d’affaires ou de
67
leurs effectifs, cette condition n’est remplie que par une partie des entreprises, l’extension doit
être limitée à cette seule catégorie (CT, art. 73.1, al 3).
Des conventions collectives sont susceptibles d’être conclues et étendues dans le secteur
public.
Objet de l’accord d’établissement. L’accord a ici pour objet d’adapter aux conditions
particulières de l’établissement ou des établissements considérés les clauses des conventions
collectives nationales, régionales ou locales (CT, art. 73.6). Ils peuvent également prévoir des
stipulations nouvelles, ainsi que des clauses plus favorables aux travailleurs.
68
1 – Le champ d’application de la CCI
[EXPLICATION. Les trois centrales syndicales les plus représentatives en Côte d’Ivoire
sont : UGTCI, FESACI, DIGNITE ; l’UGTCI (fusion de différentes centrales syndicales des
secteurs public et privé, très engagé aux côtés du PDCI-RDA jusqu’en 1990, date à laquelle le
pluralisme a été autorisé) a vu le jour le 04 août 1962].
3 – La structure de la CCI
Elle comprend :
― 8 Titres : Titre I « Dispositions générales » ; Titre II « Exercice du droit syndical » ;
Titre III « Contrat de travail » ; Titre IV « Salaire » ; Titre V « Conditions du travail » ; Titre
VI « Hygiène et sécurité » ; Titre VII « Délégués du personnel, dirigeants syndicaux » ; Titre
VIII « Commission paritaire d’interprétation et de conciliation » ;
― 92 Articles, et
― des annexes : aux termes de l’art. 1er in fine, des annexes par branches professionnelles
formant complément de la présente convention contiennent les clauses particulières aux
69
différentes catégories de travailleurs ; l’art. 92 « Objet des annexes » dispose quant à elle que
« des annexes à la présente convention déterminent les classifications professionnelles pour
chaque secteur d’activité ».
4 – Le contenu de la CCI
§ 4. – L’inspecteur du travail
L’inspection du travail et des lois sociales, qui n’est pas un organe autonome mais une
partie de l’administration du travail, est composé du corps des inspecteurs assistés par des
contrôleurs et attachés du travail.
Pour exercer efficacement les compétences qui leurs sont reconnues, les inspecteurs du
travail et des lois sociales jouissent d’un certain nombre de pouvoirs ou moyens d’action.
70
A. – Les missions ou attributions de l’inspecteur du travail
L’analyse des textes en vigueurs fait apparaître quatre sortes de missions assumées par
l’inspecteur du travail :
Pour exercer leurs missions, les inspecteurs du travail et des lois sociales prêtent serment
devant le tribunal ou la section de tribunal du lieu de leur résidence (CT, art. 91.4). Ils ne
peuvent avoir aucun intérêt, direct ou indirect, dans les entreprises placées sous leur contrôle
(CT, art. 91.5).
1 – La mission de contrôle
La mission de contrôle est la mission générale de l’inspecteur du travail. Elle est conçue
de manière large par l’art.91.3 qui dispose que « L’inspecteur du travail et des lois sociales est
chargé de toutes les questions intéressant notamment les conditions de travail, les rapports
professionnels et l’emploi ». Cette disposition signifie que l’inspecteur du travail est chargé de
veiller à l’application des dispositions du Code du travail et des lois et règlements relatifs
notamment aux conditions de travail, aux rapports professionnels et à l’emploi ainsi qu’à celles
des conventions collectives de travail.
La mission de contrôle s’adresse du point de vue des personnes, non seulement aux
employeurs mais aussi aux travailleurs, les uns et les autres étant susceptibles d’ignorer,
d’oublier ou de violer les règles qui s’imposent à eux.
Le contrôle s’étant, quant aux entreprises, tant aux entreprises publiques qu’aux entreprises
privées, aux personnes morales qu’aux personnes physiques, aux entreprises à but intéressé
qu’aux entreprises à but non lucratif. Le contrôle s’exerce tant au niveau des entreprises civiles
(artisanales, agricoles,..) que commerciales, dès lors qu’elles utilisent des travailleurs salariés.
Exceptionnellement, les établissements militaires, employant une main d’œuvre civile,
échappent au contrôle de l’inspection du travail, lorsque l’intérêt de la défense nationale
s’oppose à l’introduction d’agents étrangers au service. Dans cette hypothèse, l’article 91.13
alinéa 1er du Code du travail dispose que le contrôle sera effectué par des fonctionnaires ou
officiers spéciaux désignés par arrêté conjoint des Ministres du travail et de la défense
71
2 – La mission de gestion administrative
Pour des raisons historiques et d’économie de personnel, les inspecteurs du travail sont
intimement mêlés à l’action administrative du ministère du Travail. À ce titre, à l’administration
centrale dudit ministère, ils sont chargés de préparer les avant-projets de lois, de règlements
et les décisions ministériels ; c’est également eux qui établissent les instructions nécessaires à
leur exécution.
3 – La mission de conseil
Également prévue par le Code du travail, la fonction de conseil en matière sociale est
exercée par les inspecteurs du travail au profit des employeurs et des travailleurs. Il y a
lieu d’indiquer que cette fonction de conseil, assumée par les inspecteurs du travail s’étend au
Gouvernement qui peut leur demander des enquêtes et des avis sur des problèmes sociaux.
En dépit de son importance, le rôle de conseil n’est pas toujours bien perçu par les partenaires
sociaux notamment les employeurs, qui auraient pu faire l’économie de certains conflits de
travail souvent collectifs, s’ils s’adressaient assez tôt à l’inspection du travail pour avis ou
conseil.
4 – La mission de conciliation et d’arbitrage
L’exercice de cette mission fait intervenir les qualités humaines, surtout d’habiles
négociateurs des inspecteurs du travail. Mis en œuvre plutôt, l’exercice de cette fonction leur
permet de maintenir des relations aussi bonnes que possibles entre employeurs et travailleurs,
autrement dit assurer la paix sociale.
Si malgré le conseil de l’inspecteur du travail, les conflits venaient cependant à éclater, les
salariés et leurs employeurs doivent recourir avant la saisine des juridictions, à l’inspection du
travail. La fonction de conciliation et d’arbitre amiable s’exerce d’abord en cas de conflits
72
individuels de travail, lorsqu’un employeur ou un travailleur soumet le conflit au règlement
amiable de l’inspecteur du travail.
Enfin, l’art. 82.18 du Code du travail précise que les grèves engagées ou continuées en
violation des dispositions susvisées peuvent entraîner pour les travailleurs la perte du droit à
l’indemnité de préavis et aux dommages et intérêts pour rupture de leur contrat de travail.
La première prérogative, reconnue par l’article 91.8 alinéa 1 du Code du travail, à l’inspecteur
du travail est le droit de « pénétrer librement et sans avertissement préalable à toute heure de
jour et de nuit dans tout établissement assujetti à son contrôle ».
Le caractère imprévu ou inopiné du contrôle, voulu dans un souci d’efficacité par le législateur,
est de nature à inciter les partenaires sociaux notamment les employeurs à l’observation
régulière, quotidienne et scrupuleuse des textes en vigueur.
Le droit de visite des entreprises et établissements peut être exercé à tout moment. Le droit de
libre accès est garanti par la faculté reconnue à l’inspecteur du travail de se faire accompagner
aussi bien par des délégués du personnel de l’entreprise contrôlée, des médecins et autres
techniciens, que par des agents de la force publique. Ces derniers ne sont bien évidemment
73
requis par l’inspecteur du travail que s’il a des raisons de croire ou de craindre que l’accès de
l’entreprise ou des lieux de travail lui sera refusé.
L’inspecteur du travail et des lois sociales est secondé dans sa mission par des contrôleurs
du travail et des attachés du travail ainsi que par les médecins inspecteurs du travail dont
le rôle est de veiller plus particulièrement à l’hygiène et à la protection de la santé des salariés
(CT, art. 91.10).
2 – Le droit de consultation
Si l’inspecteur du travail est tenu, lorsqu’il constate des irrégularités ou la violation des
dispositions du droit social, d’en informer les autorités judiciaires, si ces atteintes constituent
des infractions pénales, au contraire il doit se garder de divulguer les secrets et procédés de
fabrication ou de vente qu’il a pu connaître au cours de son contrôle, (C, art. 91.8).
L’inobservation de cette obligation pour secret professionnel peut être pénalement
sanctionnée.
L’inspecteur du travail en mission de contrôle dans une entreprise possède, aux termes de
l’article 91.6 du Code du travail, le pouvoir de constater les infractions aux lois sociales. Pour
se faire, il peut interroger avec ou sans témoin l’employeur ou le personnel de l’entreprise,
contrôler leur identité, s’informer auprès de toute personne dont le témoignage peut paraître
utile. L’inspecteur a le pouvoir de contrôler les installations et les matières premières utilisées
dans l’entreprise. Il peut prélever et emporter aux fins d’analyses, en présence du chef
74
d’entreprise ou de l’établissement ou de son suppléant et contre reçu, des échantillons des
matières et substances utilisées ou manipulées.
Le contrôle de l’inspecteur peut se traduire par une double conséquence alternative : soit
une mise en demeure soit la constatation d’infraction sous forme de procès-verbal.
La mise en demeure doit toujours être préalable à la constatation de l’infraction. Elle peut
être faite soit dans le registre de l’employeur soit par lettre recommandée avec accusé de
réception, datée et signée. Elle précise l’infraction ou la violation constatée et fixe à l’employeur
un délai assez bref pour y remédier, notamment en matière d’hygiène et de sécurité au travail.
En cas d’urgence et sous réserve des recours juridictionnels et administratifs, il peut aussi
ordonner ou faire ordonner des mesures immédiatement exécutoires, propres à faire
cesser un danger imminent pour la santé et la sécurité des travailleurs (CT, art. 91.7). Le
procès-verbal est dressé par l’inspecteur du travail, en dehors des cas où la mise en
demeure est obligatoire, pour constater les infractions à la législation du travail. L’inspecteur
a l’obligation de le faire si l’employeur délinquant refuse d’obtempérer à la mise en demeure à
lui adressée préalablement, indique l’article 91.6 alinéa 1. Selon le Code du travail, les procès-
verbaux dressés par les inspecteurs de travail font foi jusqu’à inscription de faux.
Ils peuvent saisir directement les autorités judiciaires compétentes, notamment le Procureur
de la République, qui doit les informer dans les meilleurs délais de la suite réservée aux procès-
verbaux.
Il faut indiquer par ailleurs que l’inefficacité relative de la mission de contrôle tient aussi à
l’insuffisance de moyens matériels et humains mis à la disposition de l’inspection du travail
(CT, art. 91.11). On constate en effet une disproportion assez importante entre les effectifs
réduits de cette administration sociale et le nombre somme toute élevé des entreprises à
contrôler sur le territoire national.
75
SECONDE PARTIE. – LA RUPTURE DU CONTRAT DE TRAVAIL
76
parties tout en qualifiant, cependant, ces départs de départs négociés, créant ainsi une
contradiction évidente
La faute lourde est la faute d’une extrême gravité qui fait disparaître la confiance et le maintien
des liens contractuels.
Ici l’obligation de respecter un préavis, qui s’impose à l’employeur ou au travailleur ayant pris
l’initiative de la rupture des rapports de travail, prévue par l’article18-4 Alinéa1CT, connait
une exception.
L’article 18-7, alinéa 2CT dispose, en effet, que la rupture peut intervenir sans préavis en cas
de faute lourde, sous réserve de l’appréciation de la juridiction compétente, en ce qui concerne
la gravité de la faute.
Cette exception signifie que non seulement la faute lourde justifie la rupture du contrat de
travail, mais autorise aussi le renvoi immédiat de l’employé qui en est l’auteur.
Compte tenu de ses effets spécifiques, assez souvent, la faute lourde va être invoquée par
l’employeur pour se départir d’un travailleur qu’il n’entend pas garder dans son entreprise.
Bien que la loi n’en donne pas la définition, l’examen de la jurisprudence permet de mettre en
relief deux éléments d’appréciation de la faute lourde.
De prime abord, la faute lourde est une faute d’une extrême gravité commise avec ou sans
intention de nuire, commise avec ou sans intention délibérée de ne pas exécuter une obligation
contractuelle.
Ensuite, la faute lourde, est celle qui rend impossible le maintien du contrat de travail, donc des
relations professionnelles pendant le délai de préavis.
La faute lourde, qui peut résulter soit d’infractions disciplinaires, soit de manquements
caractérisés aux obligations du contrat de travail, soit de comportement personnel
particulièrement blâmable, varie logiquement d’une espèce à une autre.
Mais quel que soit sa gravité, la faute lourde doit avoir été commise à l’occasion de l’exécution
du contrat de travail. Si elle a lieu à l’occasion de faits extérieurs au contrat, la faute lourde,
privative de préavis, ne peut enlever au travailleur son droit aux indemnités de rupture, même
si le licenciement est légitimé par la perte de confiance (appel d’Abidjan, 24 février 1984,
inédit).
Selon la jurisprudence ,l’ancienneté du travailleur ( C.Appel d‘Abidjan,15 décembre
1981,inédit) ou attitude de l’employeur (par exemple, insulte au salarié, cour suprêmeC.I.,24
février 1985,inédit, cour suprême ,CI,13 juillet 1984 ,inédit) peut atténuer la gravité de la
faute.
La faute technique n’est pas souvent considérée par la jurisprudence comme une faute lourde,
mais seulement comme justifiant le licenciement(C Appel d‘Abidjan 22 janvier 1982, inédit).
77
La faute lourde ne peut plus être sanctionnée en tant que telle lorsque le licenciement intervient
plusieurs mois âpres sa commission. Ce congédiement tardif supprime le caractère de faute
lourde, décide la jurisprudence (Trib du Travail d‘Abidjan 20 avril 1982, inédit).
En tout état de cause, la cour suprême de côte d’ivoire exige des juges du fond de motiver leurs
décisions sur la faute lourde (C.sup.CI, 11 24 février 1985 T.P.O.M 1987 n° 682, p.442 ;
C.sup CI, 24 juin 1986, inédit). Ainsi ont été considérés comme des fautes lourdes du
travailleur, l’abandon de poste (Appel d‘Abidjan, 29 avril 1983), les retards répétés (Trib.
Travail d‘Abidjan 09 décembre 1986), le vol commis (C Appel d‘Abidjan décembre 1986)
le vol commis par un tiers, mais grâce à la négligence d’un salarié Trib Travail d‘Abidjan 25
1983.
Quant à l’employeur, il commet une faute lourde en ne payant pas les salaires au travailleur qui
a fourni sa prestation de travail.
§ 3. La force majeure
Le licenciement, tout comme la démission du salarié, suppose un acte de libre volonté par lequel
l’employeur prend l’initiative et, par la suite, la responsabilité de la rupture du contrat de
travail ; il en est autrement lorsqu’un événement contraignant et étranger au chef d’entreprise
provoque la cessation des rapports de travail.
En pareille hypothèse, la rupture ne sera pas imputable à l’employeur ou au travailleur, qui en
prennent acte, si l’événement extérieur qui en est la cause présente les caractères de la force
majeure.
En effet, d’après la jurisprudence française qui transporte ici les principes généraux du droit
civil, mais avec une certaine rigueur imposée par le souci de stabilité de l’emploi, le fait étranger
invoqué doit remplir deux conditions.
En premier lieu, il doit être imprévisible de la part de l’employeur et exclusif de toute faute de
ce dernier.
En second lieu, il doit entrainer une impossibilité absolue d’exécution. Ce n’est nullement le
cas lorsque le fait extérieur rend seulement l’exécution plus difficile ou plus onéreuse. Aussi,
ne sont pas considérés comme des cas de force majeure les simples difficultés économiques
ayant motivé la fermeture temporaire de l’entreprise ou le chômage technique du personnel.
Non plus ne constituent pas des événements de force majeure, la faillite et le règlement
judiciaire de l’entreprise, parce qu’ils n’en présentent point le caractère d’imprévisibilité et
constituent un risque normal des affaires dont la responsabilité objective est assumée par
l’employeur.
Le point de savoir si des contraintes et instructions administratives ou politiques doivent être
réputées des cas de force majeure s’est posé en jurisprudence.
L’assimilation n’a pas été admise, et la rupture du contrat de travail notifiée au salarié par
l’employeur, suite à de telles contraintes, est jugée prise à son initiative (exemple licenciement
d’un expatrié pour cause d’ivoirisation des emplois des cadres décidé par le gouvernement).
78
Par voie de conséquence, l’employeur invoquera vainement la force majeure compensatrice.
De même, il sera obligé de payer l’indemnité de licenciement et des dommages –intérêts pour
rupture abusive.
Dans un souci de protection du travailleur, le législateur ivoirien lui reconnait dans le code de
travail un droit à percevoir l’indemnité de licenciement, lorsque la rupture du contrat de travail
a été provoquée par un cas de force majeure. Mais la rupture, n’étant pas abusive parce que
justifiée précisément par la force majeure, le travailleur n’aura pas droit à des dommages-
intérêts.
Les effets attachés au décès de l’une des parties au contrat de travail sont différents selon qu’il
s’agit de l’employeur ou du salarié.
S’agissant de l’employeur, le décès n’entraine pas en principe la rupture des contrats de travail
le liant aux salariés. Le décès crée une modification ou un changement dans la situation
juridique de l’employeur.
79
En conséquence, les contrats de travail en cours seront maintenus entre le nouvel employeur et
les travailleurs en application de cette disposition.
Il en irait différemment s’il y a cessation définitive des activités économiques de l’entreprise,
suivie, bien entendu, de sa liquidation.
Concernant le salarié, le décès aura pour conséquence automatique la rupture immédiate du
contrat de travail. En effet, eu égard au caractère intuitu personae du contrat du de cujus,
l’héritier du salarié décédé ne peut prétendre le remplacer dans l’exécution dudit contrat. Sur
ce terrain, l’héritier ne continue pas la personne du de cujus de sorte que si d’aventure le premier
venait à être embauché au poste du second, ce serait un contrat de travail distinct.
La rupture des relations de travail, pour cause de décès du salarié, crée au bénéfice de ses ayants-
droit en application de l’article 42 de la convention collective inter prof, le droit de recevoir
son salaire de présence, l’indemnité compensatrice de congés- payés et les indemnités de
toute nature acquis à la date du décès. Les ayants-droit doivent percevoir, en outre, de
l’employeur une indemnité d’un montant équivalant à l’indemnité de licenciement si le
travailleur comptait au jour de son décès, une année au moins d’ancienneté dans l’entreprise
ou remplissait les conditions de départ à la retraite.
L’employeur est tenu également de participer aux frais funéraires en fonction de
l’ancienneté du travailleur décédé .Il devra enfin assurer les frais de transport de la dépouille
mortelle du lieu du travail au lieu de résidence habituelle, si le salarié avait été déplacé par le
fait de l’employeur.
Section 1. – La procédure
§ 1. – La notification
Le nouveau code du travail stipule à travers son article 18-4 alinéas 2 que « la partie qui prend
l’initiative de la rupture du contrat de travail doit notifier par écrit sa décision à l’autre ». Il
peut s’agir d’une lettre recommandée ou une simple lettre remise au salarié contre reçu en
présence des délégués du personnel ou de tous autres témoins.
Si l’initiative est prise par l’employeur, la notification doit être motivée.
Lorsque la notification aurait été rendue impossible du fait du salarié congédié, l’employeur
peut notifier verbalement la lettre de licenciement à un délégué du personnel, avec copie à
l’inspecteur du travail.
La lettre de licenciement est d’autant plus importante que la date de sa remise constitue le point
de départ du délai de préavis.
80
§ 2. – Le préavis
L’institution du préavis, appelé aussi délai congé, est destiné à éviter une brusque rupture du
contrat de travail, souvent préjudiciable au salarié congédié, qui se retrouverait contre toute
attente sans emploi et sans ressources.
Nous étudierons successivement la condition d’observation du préavis et les effets du préavis.
La seule et unique condition à laquelle est subordonnée l’observation par l’employeur du délai
de préavis est l’absence de faute lourde du travailleur congédié.
Cette condition résulte de l’article 18-7alinéa 2, CT qui énonce que « cependant, la rupture du
contrat peut intervenir sans préavis en cas de faute lourde »
Bien logiquement, l’existence ou non de cette condition légale donne lieu en pratique à des
litiges entre employeur et travailleurs, ceux-ci contestant le caractère « lourd » conféré à leurs
fautes ou manquements par ceux-là.
Le texte de l’article 18-7alinéa 2 CT reconnait au juge du fond pouvoir souverain d’apprécier
la gravité de la faute du salarié, appréciation qui, faite in concreto, doit tenir compte des
circonstances de fait (C Appel d’Abidjan, 27mars 1981, Penant 1982, p100 ;
1erarrêt : faute lourde pour utilisation du véhicule de service à des fins personnelles ;
2er arrêt : maladie imaginaire d’une institutrice, suite au refus du directeur de l’école
de lui confier la classe de CM1 ; trib. Travail Bamako, 11 avril 1994, TPOM 1996
n°839, p.45 : travailleur au courant d’un vol et n’informant pas l’employeur).
Lorsque cette condition « d’absence de faute lourde » est remplie, le salarié, objet du
licenciement doit bénéficier d’un délai de préavis dont la durée varie en fonction de sa catégorie
professionnelle et de son ancienneté dans l’entreprise.
Au terme du décret n°96-200 du 7 mars 1996 relatif à la durée du préavis, ayant repris sur ce
point l’article 34 de la convention collective inter prof. , la durée du préavis à défaut d’une
clause du contrat de travail prévoyant un délai plus long, est fixée comme suit :
CATEGORIE ANCIENNETE DUREE DE
PROFESSIONNELLE PREAVIS
Travailleurs payés à l’heure, à -0 à 6mois - 8 jours
la journée, à la semaine ou à -6mois à 1an - 15 jours
la quinzaine et classé dans les -1 an 6ans - 1mois
cinq premières catégories -6ans à11ans - 2 mois
- 11 ans à 16ans - 3 mois
- Au-delà de 16ans - 4 mois
Travailleurs payés au mois et - jusqu'à 6 ans -1mois
classés dans les cinq premières - 6 ans à 11 ans -2 mois
catégories - 11 ans à16 ans -3 mois
-Au-delà de 16 ans -4 mois
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Travailleurs classés à la 6eme - jusqu'à 16 ans -3 mois
catégorie et au- delà - Au-delà de 16ans -4 mois
Travailleurs de toutes - jusqu'à 6 mois - Délai normal de
catégories frappés d’une - Apres 6 mois préavis
incapacité permanente -2 fois le délai de normal
partielle estimée à plus de
40%
Malgré le silence des nouveaux textes en vigueur, on doit admettre que l’employeur, qui a
décidé de respecter le délai de préavis auquel à droit le salarié licencié est tenu de l’en informer.
Logiquement, la preuve que le délai de préavis a été notifié par écrit incombe à l’employeur.
En pratique, généralement, les employeurs s’acquittent de cette double obligation de
notification du licenciement et du délai de préavis délai par l’envoi d’une seule et unique lettre
annonçant le congédiement et précisant le délai de préavis et son point de départ. Cette pratique
est conforme à la disposition de l’article 33, alinéa 2 de la convention collective inter prof.
B. Les effets du préavis
Ils sont différents selon que les parties respectent ou non en pratique le délai de préavis.
1. Les effets en cas de respect du délai de préavis
Lorsque l’employeur observe le délai de préavis du au salarié licencié, le contrat de travail
initial se poursuit au cours dudit délai.
Par voie de conséquence, les parties se doivent de continuer à exécuter leurs obligations
respectives, c'est-à-dire la fourniture de la prestation de travail et le paiement du salaire
correspondant.
Selon les juridictions sociales, le préavis est un délai préfix, insusceptible de suspension ou
d’interruption. Elles n’en déduisent que le délai de préavis continu à courir pendant la maladie
du travailleur (Cass.Soc ,13 novembre 1967, Bull civ V607).
L’effet, peut-être, le plus important du préavis est de permettre au salarié licencié de rechercher
un emploi. A cette fin, l’article 18-6, alinéa 2 CT accorde au travailleur, pendant la durée du
préavis deux jours (au lieu d’un jour par le passé) de liberté par semaine, pris à son choix,
globalement payé à plein salaire.
Considéré insuffisant par les syndicats ouvriers, ce crédit d’heures légal d’absence est porté à
deux jours par semaine par l’article 34 alinéa 3 CCI. Selon cette disposition, le travailleur est
autorisé à s’absenter soit chaque jour de la semaine pendant 3 heures, soit 2 jours pris
globalement par semaine.
L’article 35 alinéas 2CCI dispense le travailleur congédié de l’exécution de reste du délai de
préavis lorsqu’il a trouvé un nouvel emploi devant être occupé immédiatement. Cependant, il
devra observer au moins la moitié du délai de préavis. Il doit également fournir à l’employeur
toute justification utile de son nouvel emploi .En retour l’employeur ne pourra plus lui verser
une indemnité pour le reste du délai de préavis puisque la salarié sera désormais payé par son
nouvel employeur.
82
En cas de faute lourde du travailleur, celui-ci sera renvoyé immédiatement sans aucune
indemnité de préavis pendant l’exécution du délai.
b-2 Les effets en cas de l’inobservation du délai de préavis
Dans l’hypothèse où le licenciement est rendu effectif par l’employeur, sans respect par lui du
délai de préavis, malgré l’absence de faute lourde du travailleur, le chef d’entreprise sera tenu
de verser à celui-ci l’indemnité de préavis. Il en va de même quand la durée du préavis n’a pas
été intégralement exécuter par le salarié du fait de l’employeur. L’indemnité de préavis due au
salarié se trouve aggravée au niveau de son montant par l’effet de l’article 36 CCI. Selon ce
texte, si la rupture du contrat de travail intervient pendant les congés payés annuels du salarié
ou 15 jours avant ou 15 jours après lesdits congés, l’employeur payera une indemnité
supplémentaire égale à deux mois de salaire pour les salariés payés au mois et à un mois de
salaire pour les travailleurs payés à l’heure.
Le licenciement, qu’il soit légitime ou abusif, a pour conséquence principale la rupture des
relations de travail liant l’employeur au salarié.
Il en découle naturellement que ce dernier doit quitter l’entreprise. Aussi, les formalités de droit
commun de départ de l’entreprise doivent-elles être accomplies par l’employeur à la date de
départ effectif du travailleur. Il s’agit comme déjà vu, de la délivrance d’un certificat de travail,
du paiement des frais de voyage et de transport du travailleur et éventuellement du reçu pour
solde de tout compte.
§ 2:L’effet secondaire : l’indemnisation du travailleur
Plusieurs sortes d’indemnités peuvent être versées au salarié licencié suivant les cas :
A. L’indemnité de préavis
Elle est due lorsque le délai de préavis n’a pas été observé par l’employeur, suite à une
brusque rupture des relations de travail, à l’exception du cas de faute lourde du salarié.
B. L’indemnité de licenciement :
Doit être payée à ce dernier dans l’hypothèse de rupture du contrat de travail non imputable au
fait du salarié, telle la force majeure, précise l’article 18-16alinéa1CT.
Il s’ensuit que le salarié n’a pas droit, en principe à l’indemnité de licenciement quand la rupture
est fondée sur sa faute, même légère. Cependant, faisant preuve d’indulgence, la jurisprudence
ne refuse le droit à l’indemnité de licenciement qu’en cas de faute lourde du salarié.
L’article 1, du décret n°96-201 du 7mars 1996 relative à l’indemnité de licenciement
n’attribue cette indemnité qu’aux travailleurs ayant au moins un an d’ancienneté dans
83
l’entreprise, à l’instar de l’ancien code du travail (C .Appel d’Abidjan ; 10juillet 1981, TOPM
1982 n°554, p. 111. Le montant de l’indemnité de licenciement est égal à un certain
pourcentage du salaire global mensuel moyen des douze derniers mois d’activités, pour chaque
année de présence dans l’entreprise.
Reprenant la disposition de l’article 39 de la convention collective inter professionnelle,
l’article 3, alinéa du décret n° 96-201 du 7mars 1996 fixe ce pourcentage à :
Exemple : un employé de la société INP a 12 ans de présence dans ladite entreprise. Il est
licencié pour cause d’insubordination non établie. Son salaire global mensuel moyen de l’année
ayant précédé son renvoi est 250.000F. Quel est le montant de l’indemnité de licenciement qui
lui est due ?
Réponse :
L’indemnité de licenciement due, en raison du caractère abusif de la rupture de son
contrat de travail fondée sur un motif inexistant est de :
De la 1ère à la 5e année
250000 F x 30% = 75000F par an
Pour les 5ans, on a : 75000F x 5 = 375000 F
De la 6e à la 10e année
250000 F x 35% = 87500 F par an
Pour les 5ans (6e à la 10e année) on a 87500 F x 5 = 437500 F
Au-delà de la 10e année
250000 Fx 40% = 100000 F par an
Pour les 2ans, on a 100000 Fx 2 = 200000 F
Total = 375000 F + 437500 F + 200000 F = 1.012.500 F CFA
C. Des dommages- intérêts doivent être payés au travailleur dans l’hypothèse d’un
licenciement abusif, c'est-à-dire sans motif légitime, comme en l’espèce. Son montant
peut atteindre vingt mois maximum de salaire brut du travailleur demandeur.
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Section 3. – La démission
1- La notification de la démission
Le travailleur qui quitte, de son propre gré, l’entreprise doit en informer son employeur. Cette
notification doit se faire par écrit. Elle peut être remise directement à l’employeur ou envoyée
par lettre recommandée (Cour d’Appel d’Abidjan, 2eme ch.soc. arrêt n°431 du15 juillet
2000, Revue Le JURIS-SOCIAL, Avril 2002, n° 16, p.7)
Le souci de protection du travailleur contre toute décision irréfléchie de quitter l’entreprise, ou
toute décision provoquée en ce sens par l’attitude de l’employeur a conduit, fort heureusement,
les tribunaux à ne pas qualifier automatiquement de démission une telle décision du salarié.
Pratiquement, il n’y a démission véritable que si la résiliation des relations de travail est
imputable au salarié, qui a réellement l’intention, mieux la volonté de se libérer sans une
quelconque contrainte de l’employeur. Assi, n’est pas une démission, le départ décidé par le
travailleur, ayant refusé une modification substantielle de son contrat de travail, ou à la suite du
non-paiement du salaire de plusieurs mois d’activité (Trib du travail d’Abidjan, jugt. N°
436/C61/,21Mars 2000, inédit)
Il en va de même si l’employeur a acculé le salarié à la rupture du contrat de travail pour tenter
d’éluder sa responsabilité (cass. Soc.,4 janvier 1979, Bull.civ v, n°7; cass.soc, 26 mars 1981,
J.C.P 1981,IV, p .286 : salarié dont la bonne foi a été surprise et abusée par le patron ; cass.soc,
17 octobre 1970, Bull.civ v, n°410 animosité coupable du patron rendant impossible l’activité
du salarié cass.soc,3 nov.1970 , Bull.civ V, n°494 autoritarisme violent, injures et menaces de
l’employeur).
La démission supposant un acte non équivoque du travailleur, se pose le problème de la
démission implicite ou tacite. Par exemple, le salarié qui s’absente sans autorisation de
l’employeur, ou qui ne reprend pas son poste à la fin des congés payés a-t-il démissionné ?
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Généralement, la jurisprudence fait preuve de grande prudence et analyse ces situations comme
constitutives de faute lourde du salarié justifiant son licenciement (trib travail d’Abidjan, 14
mai 1974, TPOM 1975 N°399, p 303 : absence de sept jours d’un délégué du personnel sans
autorisation préalable du patron.
Il arrive, cependant que la jurisprudence conclut en une démission implicite : par exemple,
l’absence de plusieurs mois du travailleur suivie de son embauche par une autre entreprise, ou
l’installation du salarié à son propre compte.
2-Préavis
Aux termes de l’Article 18-4 alinéa 1 CT « la résiliation du contrat de travail est subordonnée
à un préavis donné par la partie qui prend l’initiative de la rupture »
On en déduit que le travailleur qui démissionne, doit observer le préavis afin d’éviter une
brusque atteinte au bon fonctionnement de l’entreprise. A cet effet, il est tenu de notifier à
l’employeur le délai de préavis du à ce dernier, conformément aux textes en vigueur.
Quant au délai de préavis, il est exactement identique à celui que doit observer l’employeur en
cas de licenciement.
Si le salarié démissionne brusquement et quitte l’entreprise sans observation du délai du préavis,
il s’expose à des dommages-intérêts en faveur de l’employeur, sous forme d’indemnités de
préavis. Mais si celle-ci apparait insuffisante, au regard du préjudice réel subi par l’employeur
et des circonstances du départ du salarié, ce dernier pourrait être condamné à des dommages-
intérêts équivalents à ce préjudice (cass.Soc, 19juin 1959, D. 1959, p 0513 : départ brusque
d’un mannequin). Il est important de noter que le nouveau code du travail limite dans son article
16-11, alinéa 4, à six mois de salaire, le montant des dommages-intérêts que le salarié peut être
condamné à payer à l’employeur pour rupture abusive du contrat de travail.
Le travailleur démissionnaire peut, dans des cas exceptionnels être dispensé de respecter le délai
de préavis : par exemple, dispense volontaire de l’employeur, cas de force majeure, cas de faute
lourde de l’employeur. L’indemnité de préavis doit être payée au travailleur dans ces trois
hypothèses, puisque la dispense ne repose pas sur un fait qui lui est imputable.
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§ 2 : Les effets de la démission
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peut être entreprise par les dirigeants en vue de rendre les salariés plus opérationnels ou
productifs.
La jurisprudence admet comme motif économique la suppression de postes. Cependant, tout
remplacement du salarié par un nouveau au poste prétendument supprimé disqualifierait le
motif économique, même si ce remplacement conduit l’entreprise, par souci d’économie, à
embaucher un travailleur avec un coefficient hiérarchique inferieur.
Notons que suppression de postes ne suffit pas à justifier la rupture du contrat de travail. En
effet, le licenciement n’interviendra légitimement qu’à défaut de possibilité de reclassement du
ou des salariés au niveau de l’établissement ou de l’entreprise, mais aussi au niveau du groupe
de sociétés.
B-Le nombre de salaries licencies : le caractère collectif du licenciement.
C’est le deuxième critère du licenciement pour motif économique. Selon l’article16-7 alinéa
1CT, on ne peut parler de licenciement pour motif économique que si la rupture des relations
de travail concerne plus d’un travailleur. Quant à l’article 38 nouveau CCI, il parle de
plusieurs salariés. Il se pose donc la question de savoir si un licenciement pour motif
économique est nécessairement collectif.
La réponse est non, car le licenciement d’un seul salarié peut revêtir un caractère économique.
Mais il ne sera pas assujetti à la procédure obligatoire prévu par la loi pour les licenciements
économiques collectifs.
Le licenciement collectif se caractérise par deux critères, un quantitatif et l’autre qualitatif.
Concernant le critère quantitatif, il signifie qu’il faut licencier au moins deux travailleurs au
sein de l’entreprise.
Le critère qualitatif suppose que les salariés doivent être licenciés pour un même motif, un motif
économique.
§ 2– La procédure
Cette procédure ne concerne que le licenciement collectif pour cause économique à
l’exclusion du licenciement individuel pour cause économique. Cette procédure est constituée
de deux formalités :
- La convocation et ;
- La réunion de consultation.
A- La convocation
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renseignements utiles : tels la ou les causes du licenciement projeté, les critères du choix des
salariés, la listes des dits salariés et la date du licenciement.
Ce dossier technique doit contenir convocation des représentants du personnel et de
l’administration sociale à la réunion de consultation.
B- La réunion de consultation
Nous verrons le déroulement de la réunion et le contrôle exercé par l’administration du travail.
1-Déroulement de la réunion
Selon le code du travail, le chef d’entreprise qui envisage d’effectuer un licenciement pour
motif économique pour plus d’un travailleur doit organiser avant l’application de sa décision
une réunion d’information et d’explication avec les délégués du personnel qui peuvent se faire
assister de leurs représentants syndicaux.
Participe également à cette réunion l’inspecteur du travail.
Au cours de la réunion, le chef d’entreprise va expliquer et justifier son projet de licenciement
et les diverses mesures qui l’accompagnent.
De leur côté, les délégués du personnel porteront à la connaissance de l’employeur et de
l’inspecteur du travail leurs propositions en vue soit d’éviter le licenciement projeté, soit d’en
limiter l’ampleur.
Quant à l’inspecteur du travail il pourra donner des conseils aux uns et aux autres et faire des
propositions pour compléter ou modifier l’éventuel plan social, en tenant compte de la situation
économique et financière de l’entreprise.
En ce qui concerne les critères de choix des salariés à licencier, l’article 38 alinéa 2 CCI stipule
que seront licenciés en premier lieu, les salariés présentant les moindres aptitudes
professionnelles pour les emplois maintenus. En cas d’égalité d’aptitude professionnelle, les
salariés les moins anciens seront renvoyés. Notons que l’ancienneté est majorée d’un an pour
les travailleurs mariés, et d’un an pour chaque enfant en charge.
En résumé, les critères de choix sont : l’aptitude professionnelle, l’ancienneté, et les charges
familiales.
La réunion de consultation et d’information une fois terminée, doit être constatée par un procès-
verbal signé par toutes les parties y compris l’inspecteur du travail.
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Si la procédure n’a pas été respectée par l’employeur, l’inspecteur du travail qui, malgré tout
venait à être informé du licenciement pour cause économique, devra signifier à celui-ci, par
écrit l’inobservation de ladite procédure.
L’employeur fautif encourt des sanctions civiles et pénales.
Sur le plan civil, il sera condamné à payer des dommages-intérêts aux salariés congédiés sur
requête de ceux-ci.
Sur le plan pénal, il sera condamné à des peines applicables aux contraventions.
Il importe de noter que le non-respect de la procédure n’entraine pas la nullité du licenciement
qui produira tous ses effets
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