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Le Droit du travail est une discipline relativement récente. Il est une conséquence de
l’émergence du salariat qui correspond elle-même à une étape de l’évolution de l’histoire du
travail. En effet, l’essentiel du travail dans le monde antique était assuré par les esclaves. Et
la condition servile excluait tout rapport juridique de personne à personne entre le maître et
l’esclave. Les cas dans lesquels l’homme libre était amené à mettre à la disposition d’autrui
sa force de travail moyennant rémunération étaient trop rares et ne suscitaient guère
l’attention des juristes. Cependant, l’évolution des mentalités allait permettre la disparition
progressive de l’esclavage et entraîner de nouveaux types de rapports sociaux dans les
mécanismes de production.
C’est la révolution qui jettera les bases juridiques du capitalisme en France ; elle libère
l’activité économique et le recours au travail d’autrui, autorisant ainsi la constitution d’un
marché du travail. Il en résulte que tout travailleur est libre de s’engager et tout
entrepreneur libre d’engager qui il veut.
La Révolution interdit également les groupements professionnels et coalitions. En effet, aux
termes de la loi le Chapelier des 14 – 17 juin 1791, « … les ouvriers … ne pourront former les
règlements sur leurs prétendus intérêts communs … si les citoyens faisaient entre eux des
conventions tendant à refuser de concert ou à n’accorder qu’à un prix déterminé le secours
de leur industrie, …lesdites conventions sont déclarées inconstitutionnelles … ». Ces
dispositions ont pour objet de s’opposer à la reconstitution des corporations.
Le code civil de 1804, héritier des principes révolutionnaires, laisse le contrat de travail
qualifié de « louage de services » à la volonté des parties. Le droit du travail n’était donc que
le droit d’un contrat civil. La liberté théorique des parties est totale ; à l’employeur et au
travailleur de définir comme ils l’entendent leurs obligations réciproques, l’étendue de la
prestation de travail et le salaire qui en est la contrepartie.
Cependant, la situation d’infériorité économique du salarié rendait le principe de la liberté
contractuelle illusoire puisqu’en fait, l’employeur, fort de sa supériorité, dictait sa loi au
salarié. Le contrat qui liait l’employeur au salarié était un contrat d’adhésion par lequel
l’employeur imposait sa loi au salarié. Il en résulta une incroyable misère de la classe
ouvrière : des journées de travail démesurées (14 à 15 heures par jour), le travail des enfants
dès l’âge de cinq ans etc.
A partir de 1840, la misère ouvrière et l’ampleur prise par le problème qu’elle pose vont
préparer une nouvelle période, celle de l’intervention de l’Etat.
La première loi sociale date du 22 mars 1841. Elle interdit le travail des enfants de moins de
8 ans. Plusieurs autres textes interviendront en la matière. C’est la période de « la loi qui
affranchit », par opposition à « la loi qui opprime ».
1
La loi du 25 mai 1864 supprima le délit de coalition rendant ainsi licite la grève ; celle du 21
mars 1884 reconnut la liberté d’association syndicale. Toutes ces lois seront reprises dans le
code du travail de 1910.
Au regard de ce qui précède, on peut affirmer que l’élaboration d’un corps de règles propres
aux relations de travail procède du constat que, « entre le travailleur et l’utilisateur de la
force de travail le rapport est inégalitaire ». C’est la prise de conscience de cette inégalité
qui a suscité le développement d’un droit du travail dont la plupart des règles s’inscrivent
dans un effort de rééquilibrage. Le droit du travail est donc appelé à l’origine à sortir les
prolétaires de la misère. Il conviendra de mieux cerner ce qu’est le Droit du Travail.
III/ Définition
Malgré sa dénomination, le droit du travail ne saisit pas toute forme de travail. En revanche,
son objet ne se limite pas aux relations du travail proprement dites.
2
Dans le cadre du travail subordonné, les salariés et employeurs sont organisés en
groupement ou syndicats sur le plan national ou régional, dans la profession ou dans une
branche d’activité. Ces organisations dialoguent et négocient entre elles les conditions de
travail, les salaires etc.
Ainsi, à la relation individuelle entre employeur et salarié s’ajoutent ces rapports collectifs
qui font aussi l’objet du droit du travail.
3
Les sources du Droit du Travail sont diverses et quelques unes lui sont propres. Nous
distinguerons les sources internationales, les sources étatiques et les règles d’origine
professionnelle.
a/ La constitution
C’est l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la forme de l’Etat, la
dévolution et l’exercice du pouvoir.
Certains rapports de travail ont des fondements constitutionnels. Il en est ainsi de
l’interdiction de toute discrimination dans le Travail en raison du sexe, des origines des
croyances et opinions, du droit de grève (qui s’exerce néanmoins dans le cadre des lois qui la
règlement), de la liberté syndicale. Ces dispositions sont contenues dans les articles 37 et 39
de la constitution du Togo.
4
La loi Togolaise à vocation à régir tout contrat de travail conclu pour être exécuté au Togo,
quels que soient le lieu de la conclusion du contrat et la résidence de l’une des parties. Un
tel contrat ne peut être régi par une autre loi que si celle-ci est plus favorable au salarié.
Le pouvoir réglementaire occupe une place non négligeable à côté de la loi au sens strict qui
renvoie d’ailleurs très souvent aux arrêtés du Ministre du Travail. Ainsi, les conventions
collectives peuvent être étendues par arrêté du ministre du travail (article 106 CTT).
c/ La jurisprudence
Le juge, en principe, ne crée pas directement la règle de droit puisqu’il ne statue que sur des
cas particuliers. Mais en fait, les règles énoncées par lui à l’appui de ses décisions prennent
valeur obligatoire au moins lorsqu’elles émanent des juridictions suprêmes. Cependant, ces
dernières n’étant jamais totalement liées par les règles qu’elles énoncent, certains auteurs
répugnent à considérer la jurisprudence comme une source de droit. Ils parlent plutôt d’une
autorité.
3) les règles d’origine professionnelle
Il s’agit des conventions collectives, des usages et du règlement intérieur.
5
Les conventions collectives peuvent contenir des dispositions plus favorables aux travailleurs
que celles des lois et des règlements. Mais elles ne peuvent déroger aux dispositions
relevant de l’ordre public absolu.
La conclusion des conventions collectives se fait à la demande de l’une des organisations
syndicales ou l’un des groupements professionnels des travailleurs ou des employeurs
intéressés, considérés comme les plus représentatifs, soit à l’initiative du Ministre du travail.
Dans tous les cas, la réunion de la commission mixte est provoquée par Arrêté du Ministre
du Travail.
En vertu d’un processus récent et commun à la plupart des pays, il s’ajoute au Droit bilatéral
un droit résultant d’une concertation à trois (Etat, patronat, syndicats des salariés). La loi
sanctionne ce que les interlocuteurs sociaux ont préalablement décidé.
Une convention collective peut également par Arrêté et après consultation des organisations
professionnelles, être étendue à l’ensemble des travailleurs compris dans le champ
d’application professionnel et territorial de ladite Convention.
Les travailleurs et employeurs concernés par la convention collective sont tenus de
l’exécuter loyalement.
- Acteurs des conventions collectives
- Représentativité des syndicats.
- Cessation des conventions collectives
- Conventions étendues
- Conventions élargies
b/ Les Usages
Les usages comportent un élément objectif qui se manifeste par une habitude suivie et
pratiquée de longue date dans la profession et un élément psychologique qui est la croyance
en la force obligatoire de cette pratique. On distingue parmi eux, les usages qui ont l’autorité
de véritables coutumes caractérisés par la croyance que cette habitude s’impose et les
usages dits conventionnels qui reposent sur une acceptation tacite et peuvent être écartés
par une disposition expresse des parties.
c/ L’engagement unilatéral
Il convient de signaler également les engagements unilatéraux de l’employeur qui se
rapprochent des usages mais s’en distinguent.
En effet, l’engagement unilatéral de l’employeur suffit à l’obliger et les salariés peuvent s’en
prévaloir. Ces engagements sont pris au cours des réunions avec le comité d’entreprise ou
les délégués du personnel et inscrits au procès verbal. Ils peuvent également figurer dans les
notes de service rendues publiques dans l’entreprise ou des courriers adressés aux salariés.
6
d / le règlement intérieur
Le règlement intérieur est obligatoire dans les établissements où travaillent au moins 11
salariés. Il doit contenir Toute autre clause est considérée comme nulle. Néanmoins,
l’article 127 dernier al. CTT dispose qu’il peut être prévu dans le règlement intérieur les
heures auxquelles les travailleurs absents le jour de la paie peuvent retirer leur salaire.
Le règlement intérieur est élaboré par le chef d’entreprise qui doit le communiquer aux
délégués du personnel, s’il en existe, pour avis. Ce document est ensuite communiqué à
l’inspecteur du travail accompagné de l’avis des délégués du personnel. L’inspecteur du
travail peut exiger le retrait ou la modification des dispositions contraires aux lois et
règlements ou conventions collectives en vigueur. L’inspecteur délivre le visa dans un délai
d’un mois. Le règlement intérieur fixe la date à partie de laquelle il entre en vigueur. Cette
date doit être postérieure d’au moins deux mois de la date du dépôt auprès de l’inspecteur
du travail et des lois sociales (article 89 CTT).
- Fondements du règlement intérieur
7
des règles d’hygiène et de sécurité. Les incriminations pénales peuvent être mobilisées non
seulement par les salariés mais aussi les syndicats et l’inspecteur du travail. L’inspection du
travail est chargée de veiller au respect de la législation et la réglementation du travail et des
conventions collectives. Les inspecteurs du travail ont notamment pour pouvoir de constater
par procès-verbaux les infractions aux dispositions légales. Ils peuvent aussi faire des
injonctions.
Il faut néanmoins souligner que l’ordre public en droit du travail est un ordre public singulier.
Aussi distingue-t-on l’ordre public social et l’ordre public absolu. En effet, l’ordre public en
droit du travail supporte parfois des dérogations en ce qu’il est permis aux parties de
déroger à ces dispositions mais seulement dans un sens favorable aux salariés. Ces
dispositions garantissent ainsi un minimum aux salariés. Ni l’accord des parties, ni les
conventions collectives ne peuvent restreindre ces droits mais peuvent améliorer la situation
du salarié. A côté de cet ordre public social, il existe l’ordre public absolu. Ce sont des
dispositions qui ne supportent aucune dérogation conventionnelle, même dans un sens
favorable au salarié.
Ordre public dérogatoire
2) Un droit particulariste (ou particulier)
Le droit du travail fait une large part au collectif (le personnel de l’entreprise, les syndicats, la
négociation collective …). Ce caractère résulte de la conviction que les salariés ne peuvent
équilibrer le pouvoir des employeurs que par une action collective. En raison de l’inégalité
inhérente au lien de subordination, le droit du travail engendre des rapports asymétriques.
Employeurs et salariés n’ont pas des droits identiques ou équivalents. A titre d’exemple, le
régime du licenciement est plus exigeant que celui de la démission du salarié.
3) Un droit réaliste
Le réalisme ne s’entend pas ici de la soumission des règles juridiques à une réalité socio-
économique. Plutôt, dans la mise en œuvre des règles du droit du travail, il y a une tendance
à s’attacher à ce que les acteurs font et non à ce qu’ils disent ou ont déclaré vouloir faire.
Ainsi, la cour de cassation décide que « l’existence d’une relation de travail (contrat de
travail) ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties ni de la dénomination qu’elles
ont donnée à leur convention mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée
l’activité des travailleurs »1. La cour décide également que la qualification professionnelle du
salarié dépend en principe de la tâche effectivement confiée au salarié et non des mentions
des documents contractuels.
4) Un droit exposé au risque d’ineffectivité
Les dispositions du droit du travail paraissent particulièrement exposées à l’ignorance, au
refus d’application dans un espace ou s’impose le plus souvent le plus souvent le pouvoir
sans partage de l’employeur. Les situations d’ineffectivité se manifestent par le paiement de
salaires inférieurs à ce qui est légalement dû, le non respect du régime du contrat à durée
déterminée, la méconnaissance des normes d’hygiène et de sécurité etc. Les causes de cette
ineffectivité sont multiples. L’ignorance des normes, l’insuffisance des moyens de contrôle
1
Soc. 19 décembre 2000, Dr. Soc. 2001, p. 228.
8
de l’inspecteur du travail, l’absence des institutions représentatives et des syndicats dans
nombre d’entreprises etc.
5) Un droit instrumentalisé et instable
L’Etat n’hésite pas à modifier le droit du travail pour agir sur l’activité économique. Le droit
du travail subit donc une instrumentalisation dans le cadre des politiques publiques, ce qui
accroit son instabilité. Pour améliorer par exemple la compétitivité des entreprises ou inciter
les employeurs à embaucher, il a été créé des formes atypiques de contrat de travail, ou
encore des règles nouvelles sur la révision des conventions collectives ou leur rapport avec
les dispositions législatives.
On peut articuler le droit du travail autour de deux idées essentielles à savoir l’emploi du
salarié et les relations de travail.
9
Première partie. L’emploi
§ 1. La liberté professionnelle.
La liberté professionnelle est un principe de valeur constitutionnelle (article 37 de la
Constitution togolaise). Elle se présente sous deux aspects à savoir la liberté d’entreprendre
et la liberté du travail.
A) La liberté d’entreprendre
Exercé en recourant au travail d’autrui ou en travaillant soi-même à son propre compte, la
liberté professionnelle prend la forme de la liberté d’entreprendre. Elle est dite également
liberté de commerce et d’industrie. La liberté d’entreprendre conduit en principe à exclure
en principe toute réglementation qui soumettrait l’exercice d’une profession à une
autorisation préalable (Exemple : annulation d’un arrêté municipal qui subordonne l’activité
de photographe sur la voie publique à une autorisation préalable 2 CE 22 juin 1951, D. 1951,
589). La liberté d’entreprendre comporte également la liberté de faire travailler autrui. Le
conseil constitutionnel en a déduit que l’employeur, responsable de l’entreprise, doit
pouvoir choisir ses collaborateurs3.
La liberté d’entreprendre n’exclut pas que l’exercice d’une profession soit soumise à des
conditions définies par la loi. De plus, le législateur peut apporter des limitations visant à
assurer le droit pour chacun d’obtenir un emploi ou à permettre aux travailleurs de
participer à la détermination des conditions de travail ou à la gestion de l’entreprise. Mais
ces limitations ne doivent pas porter à la liberté d’entreprendre une atteinte
disproportionnée au regard de l’objectif poursuivi4.
2
C. E. 22 juin 1951, D. 1951, 589.
3
CC. 20 juillet 1988, D. 1989, J., 269.
4
CC. Décision n° 2001-455, DC, 12 janv. 2002 (Loi de modernisation sociale).
10
B) La liberté du travail.
Exercé en travaillant pour autrui, la liberté professionnelle prend la forme de liberté du
travail. La liberté du travail s’oppose au travail forcé ou obligatoire. En effet, aux termes de
l’article 4 CTT, le travail forcé ou obligatoire est interdit. On entend par travail forcé ou
obligatoire, tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine
quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de son plein gré. La loi apporte
néanmoins des exceptions, notamment :
- Un travail ou un service exigé en vertu des lois et règlements sur le service militaire
obligatoire et ayant un caractère purement militaire ;
- Tout travail ou service d’intérêt général faisant partie des obligations civiques des
citoyens, telles qu’elles sont définies par la loi et les règlements.
- Tout travail ou service exigé d’un individu comme conséquence d’une condamnation
prononcée par une décision judiciaire ;
- Tout travail ou service exigé dans le cas de force majeure, notamment dans les cas de
guerre.
La liberté de travail se définit comme la liberté de travailler ou de ne pas travailler, par
opposition aussi bien à l’interdiction de travailler qu’à l’obligation de travailler. La liberté de
travail proscrit que les grévistes empêchent les non-grévistes de travailler.
La liberté de travail s’oppose aussi à toute intervention administrative autoritaire dans
l’embauche qu’à un engagement illimité vis-à-vis de l’employeur empêchant le salarié de
changer d’emploi.
La liberté du travail connaît des limitations légales qui tiennent à la personne du travailleur
(exp. Conditions d’âge) ou aux exigences particulières des professions réglementées.
- Travail pénitentiaire
§ 2. L’égalité
11
Sur le plan formel, le principe se traduit par l’interdiction des discriminations. En effet, il est
interdit à l’employeur de prendre en considération dans le recrutement, la rémunération, la
carrière et la rupture du contrat du salarié certains critères, sous réserve d’une permission
expresse de la loi. Ainsi, aucun employeur ne doit prendre en compte le sexe, l’âge, la race,
l’ethnie, l’origine sociale, l’appartenance ou non à un syndicat, l’opinion religieuse ou
politique (article 3 CTT).
La discrimination peut être directe ou indirecte. Elle est dite directe lorsqu’elle résulte de
l’intention délibérée de l’employeur. Elle est indirecte lorsqu’une mesure apparemment
neutre a pour résultat objectif le traitement inégal d’une catégorie de salariés.
Il faut relever que l’interdiction des discriminations ne supprime pas l’intuitus personae du
contrat de travail. L’employeur peut donc traiter différemment des salariés présentant des
qualités différentes.
L’interdiction des discriminations pose un problème essentiel qui est celui de la preuve. Il est
toujours difficile au salarié de rapporter la preuve de la discrimination dont il est victime. En
droit français, cette preuve a été facilitée par la loi du 16 novembre. Ainsi, le salarié qui
allègue une discrimination présente les éléments de fait laissant supposer une
discrimination. Il importe alors à l’employeur de démontrer que sa décision est justifiée par
des éléments objectifs étrangers à toute discrimination.
La réalisation de l’égalité concrète conduit à « la discrimination positive » qui autorise des
traitements de faveurs aux catégories défavorisées sur le marché de l’emploi. C’est le cas
des travailleurs handicapés bénéficient d’un quota d’emplois réservés ou encore les mesures
incitatives à l’embauche des personnes handicapées consistant à accorder des avantages aux
employeurs qui engagent des personnes handicapées (Article 32 CTB).
Au Togo, les conditions de travail des personnes handicapées sont déterminées en principe
par décret (art. 153 CTT). Dans tous les cas, ils ne peuvent être affectés ou maintenu dans un
emploi reconnu au dessus de leur capacité (art. 155 CTT).
L’égalité de traitement entre salariés implique aussi une égalité entre les organisations
syndicales.
12
négociation collective sont autant de conditions nécessaires à l’équilibre du marché du
travail.
§1. L’apprentissage
13
L’article 92 CTT définit le contrat d’apprentissage comme « un contrat de type particulier
liant étroitement formation et le travail. Par ce contrat, un artisan ou un chef d’entreprise
agricole, industrielle, commerciale ou de service s’engage à assurer ou faire assurer une
formation professionnelle méthodique et complète à une personne qui s’oblige en retour à
se conformer aux instructions qu’elle reçoit et à exécuter les ouvrages qui lui sont confiés en
vue de sa formation ».
14
Ces arrêtés complètent un autre référencé N° 2005/102/METFP/MTAL du 11 avril 2005
fixant la durée de l’apprentissage selon les différents corps de métiers. Cette durée varie de
2 ans (Cas de la boulangerie) à 4 ans (cas de la mécanique auto).
§ 2. Le stage de formation
L’appréhension de la notion de stage est d’une importance capitale en raison du risque de
détournement de cette institution pour dénier la qualité de salarié au travailleur. La
convention de stage est celle par laquelle un chef d’entreprise ou maître de stage s’engage
à donner, en complément d’une formation théorique initiale, une formation pratique en
entreprise à une personne, le stagiaire qui s’engage à se soumettre aux instructions qui lui
seront données dans le cadre de cette formation.
Le stage est donc destiné à compléter une formation théorique par une expérience en
entreprise.
Le stage est indissociable de la formation. Ainsi, lorsque dans le cadre d’un stage, il est
constaté qu’aucune formation n’a été donnée au stagiaire qui accomplissait plutôt tous les
actes normaux de l’emploi, il y a lieu de requalifier la convention. Selon la Cour de cassation
« Dès lors qu’une personne était intégrée dans un service organisé et a exécuté les tâches
normales d’un emploi dans l’entreprise, sans bénéficier d’aucune formation, un contrat de
travail s’est substitué, dès l’origine au stage non rémunéré prévu par les parties »5. Le stage
ne se confond pas à la période d’essai. A la différence du stage qui vise à acquérir de
nouvelles qualifications ou connaissances, à donner une formation complémentaire, l’essai
a pour objet d’évaluer les aptitudes du salarié à occuper un emploi déterminé.
Lorsque le stage se situe en cours d’exécution du contrat, il constitue seulement une
modalité d’exécution du contrat de travail au service des intérêts de l’entreprise 6.
5
Soc. 27 octobre 1993, Dr. Soc. 1993, 960.
6
P. ETIENNOT, « Stage et essai en droit du travail », RJS 1999, p. 630.
7
Soc. 6 juillet 1976, D. 1978, p. 274. Soc. 15 octobre 1980, Bull. civ. V, n° 736.
15
éventuellement le reclassement8 sollicité avec les rémunérations et avantages
correspondants ou sera débouté faute de remplir les conditions requises.
L’employeur demeure maître de la structure de son entreprise, de la hiérarchie et de la
qualification des emplois offerts. Cette classification des emplois se fait en fonction de divers
critères notamment les connaissances, les responsabilités, les conditions de travail etc.
Une question importante mérite d’être posée. Le salarié de l’entreprise privée a –t-il droit à
une véritable carrière professionnelle dont il franchira les échelons ? Il faut observer que
quand bien même une telle accession pourrait lui être facilitée par une qualification
professionnelle accrue, le salarié ne bénéficiera à aucun titre d’une quelconque garantie de
carrière dans l’entreprise ou la profession. La carrière n’est guère compatible avec le contrat
de travail. L’employeur qui recrute le travailleur avec la qualification convenue, n’est
aucunement tenu d’assurer sa promotion quels que soient les titres acquis, la formation
suivie ou les services rendus.
Il faut relever que le fait de river les salariés à la même tâche sans espoir d’amélioration, est
une des sources essentielles de l’insatisfaction au travail. Néanmoins, un certain nombre
d’avantages légaux ou conventionnels découlent de l’ancienneté acquise par le salarié (Exp.
Prime d’ancienneté).
8
Soc. 18 janvier ; 2000, Dr. Soc. 2000, 344.
16
Chapitre 2. L’accès à l’emploi
L’accès du salarié à l’emploi passe par le recrutement (section I) décidé par l’employeur et
qui se concrétise par la conclusion du contrat de travail. Mais qu’est-ce-que le contrat de
travail ? L’étude de la qualification du contrat de travail (section II) permettra de répondre à
la question. Il existe différentes catégories de contrat de travail (section III) qu’il conviendra
d’étudier.
17
Ces limites sont de deux ordres : il s’agit de la prohibition des discriminations et de
l’interdiction des concurrences déloyales.
Il résulte de la Convention n° 111 de l’OIT et de la Constitution togolaise que nul ne doit être
écarté d’une procédure de recrutement en raison de son sexe, de son origine, de ses
convictions religieuses ou politiques, de ses origines ou de sa race.
Il faut cependant reconnaître qu’il est difficile de sanctionner les discriminations à
l’embauche en raison des difficultés de preuve. En effet, Il est difficile au salarié d’établir que
c’est à cause de sa race, son opinion ou son sexe qu’il a été écarté d’une procédure de
recrutement.
Il faut aussi ajouter que le principe de l’interdiction des discriminations fondées sur l’opinion
connaît des tempéraments dans les entreprises dites de tendances. On appelle ainsi les
entreprises chargées de véhiculées une idéologie. Il en est ainsi des partis politiques. A titre
d’exemple, un parti politique peut légitimement refuser d’embaucher un secrétaire militant
d’un parti politique adverse.
Aux termes de l’article 91 al. 1 et 2 CTT, le travailleur doit toute son activité professionnelle à
l’entreprise sauf dérogation stipulée au contrat. Toutefois, il lui est loisible, sauf convention
contraire, d’exercer en dehors de son temps de travail toute activité à caractère
professionnel non susceptible de concurrencer l’entreprise ou de nuire à la bonne exécution
des services convenus. Il résulte de la combinaison de ces deux alinéas qu’à l’heure du
travail, le salarié est obligé de consacrer toute son activité à l’entreprise, sauf s’ils en
conviennent autrement avec l’employeur. Mais en dehors du temps de travail, il pourra
exercer d’autres activités professionnelles à la seule condition qu’elles ne compromettent
pas la bonne exécution de son contrat. Cette activité ne devra pas non plus concurrencer
celle de l’entreprise.
Des difficultés pourraient se poser en cas de deux ou plusieurs contrats à temps partiels avec
différents employeurs. En réalité, l’interdiction d’exercer au profit d’un autre employeur ne
sera valable qu’autant que l’employeur offre au salarié un contrat à plein temps ou offre une
18
rémunération équivalente. Encore faut-il que cette clause d’exclusivité imposée au salarié
soit nécessaire à la défense légitime des intérêts de l’entreprise. Il faut en effet rappeler que
le principe est celui de la liberté de travail. La chambre sociale de la Cour de cassation a jugé
qu'une clause d'exclusivité qui avait pour effet d'empêcher le salarié d'avoir une activité
professionnelle en dehors de son temps de travail, y compris dans des secteurs d'activité
sans rapport avec celui de l'employeur, était inopposable au salarié 11.
Il est interdit à l’employeur d’embaucher un salarié déjà lié à un autre employeur par un
contrat de travail ou qui a abusivement rompu son contrat. De même, il leur est interdit de
provoquer le débauchage d’un salarié (art. 69 CTT). Dans les deux cas, il est solidairement
responsable des dommages causés au précédent employeur. Il engage également sa
responsabilité s’il a continué à occuper un travailleur après avoir appris que ce dernier était
encore lié à un autre employeur. Cette responsabilité n’a pas lieu s’il n’a été averti qu’après
l’expiration du délai de préavis.
19
La qualification de contrat de travail oblige l’employeur à déclarer le salarié à la caisse
nationale de sécurité sociale. Lorsque survient un accident à l’occasion du travail ou par le
fait du travail, le préjudice est réparé par la sécurité sociale au titre de la législation sur la
réparation des risques professionnels.
12
Trib. des conflits, 25 mars 1996, D. 1996, 735.
20
Le lien de subordination juridique est « caractérisé par l’exécution d’un travail sous
l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives,
d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements de son
subordonné »13. Ainsi le travail subordonné se trouve normalement accompli au lieu
et suivant l’horaire prescrits par l’employeur. Le salarié travaille en principe seul
c’est-à-dire sans auxiliaire rémunéré par lui. Certes, il peut avoir des collaborateurs.
Mais ces derniers sont eux-aussi des salariés payés par l’employeur. Le salarié
travaille avec un matériel et des matières premières fournis par l’employeur et sous
son contrôle.
13
Soc. 15 novembre 1996, Dr. Soc. 1996, 1067, Arrêt Société générale.
21
à l’initiative du salarié. En définitive, le contrat d’entreprise porte sur le produit du travail
plutôt que sur la fourniture de la force de travail.
b) Contrat de travail et mandat
L’article 1984 du C. civ. définit le mandat ou procuration comme un acte par lequel une
personne donne à une autre le pouvoir de faire quelque chose pour le mandant et en son
nom.
Il résulte de ces dispositions que le mandat est un contrat de représentation permettant au
mandataire d’exécuter des actes juridiques ou d’accomplir des opérations pour le compte du
mandant.
La différence avec le contrat de travail réside dans le caractère plus ou moins étroit du lien
de subordination. Le lien de subordination unissant le salarié à l’employeur est en effet plus
appuyé que celui rapprochant le mandataire au mandant.
Il a été jugé qu’un directeur technique d’une SARL, nommé par la suite gérant de cette
société, qui recevait du président du groupe d’intérêt économique incluant la SARL non de
simples directives mais de véritables instructions doit être considéré comme un salarié. Soc
11 décembre 1981, Bull. V, 967.
Par contre, il a été jugé que le président du conseil d’administration, titulaire de l’ensemble
des pouvoirs nécessaires à la direction de la société avec, notamment la possibilité de
nommer et de révoquer tout directeur, ne pouvait avoir la qualité de salarié. (Soc. 12
Décembre 1990, Bull. V, n°658)
22
Il convient de souligner en premier lieu l’indisponibilité de la qualification. En effet,
« L’existence d’une relation de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties ni
de la dénomination qu’elles ont données à leur convention mais des conditions de fait dans
lesquelles est exercée l’activité des travailleurs »14. Les juges du fond doivent se préoccuper
au-delà des termes utilisés par les parties, des conditions d’exercice effectives de l’activité.
L’analyse peut conduire à requalifier le contrat.
S’agissant de la charge de la preuve, il incombe à celui prétend qu’un contrat de travail a été
conclu ou qu’un tel contrat est un contrat de travail d’établir les éléments de cette
qualification, de convaincre le juge qu’ils sont réunis.
Pour identifier les éléments dont la réunion conditionne la qualification, les juges recourent
aux indices. Ces indices sont notamment le comportement des parties, le lieu de travail,
l’horaire de travail, la fourniture du matériel, la direction et le contrôle du travail.
14
Soc. 19 novembre 2000, Dr. Soc. 2001, 227.
15
Soc. 5 février 1960, Bull. civ. IV, n° 112 ;
16
Ass. Plén. 4 mars 1983, D. 1983, 331.
23
Lorsque la prestation n’est pas faite de façon continue suivant un horaire régulier, la
subordination peut résulter de l’obligation de répondre à toute convocation du créancier de
cette prestation17.
4) La fourniture d’une prestation personnelle et exclusive
Le contrat de travail oblige le salarié à fournir en personne une prestation de travail, sans
pouvoir se substituer quiconque, notamment un salarié qu’à son tour il embaucherait. Ainsi,
la qualité de salarié a été refusée à un chirurgien libre de son activité, opérant dans une
clinique avec des infirmières qu’il embauche, rémunère et dirige seul 18.
Si l’exclusivité fait habituellement présumer le lien de subordination, l’exercice simultané par
une personne de plusieurs activités professionnelles n’est pas nécessairement incompatible
avec la qualité de salarié. Le cumul d’un contrat de travail avec une profession libérale
indépendante est possible19.
5) La fourniture du matériel, des matières premières ou des produits.
La dépendance du salarié s’affirme par la fourniture par l’employeur des outils et matériaux
nécessaires à l’exécution de la tâche. Lorsque le matériel est la propriété du travailleur qui
en dispose à son gré, l’autorité du bénéficiaire de la prestation de service s’estompe puisque
le travailleur cesse d’être un simple locateur de services Ainsi la qualité de salarié a été
refusé à l’entrepreneur utilisant son outillage et sa bétonnière. Par contre la qualité de
salarié doit être reconnue à la tenancière d’un kiosque qui vendait au prix indiqué les
marchandises exclusivement fournies par l’employeur et rapportant les invendus.
6) La direction et le contrôle du travail
Il s’agit d’un facteur décisif. Ainsi, le mandataire social d’une filiale que son contrat soumet
aux ordres et directives de la société mère a la qualité de salarié 20. Le point décisif apparaît
être le contrôle de l’activité se traduisant par exemple par l’obligation de rendre compte.
Ainsi, la qualité de salarié a été reconnue à un plongeur sous-marin prospectant des fonds
marins moyennant une rémunération et adressant des comptes rendus, malgré la liberté
inhérente à son éloignement et la technicité de son travail.
L’analyse de la jurisprudence fait aussi ressortir l’importance de l’intégration de l’intéressé
dans un service organisé, même s’il ne s’agit que d’un indice de subordination.
7) La rémunération
Le salaire constitue un élément nécessaire du contrat de travail. Cependant, il arrive aussi
que le travailleur bénévole tire des avantages matériels de son activité, par exemple la prise
en charge des frais. Il faut aussi relever que la signature d’une convention de bénévolat ne
suffit pat à elle seule à exclure le contrat de travail, lorsque certaines conditions sont
réunies. En règles générale, on admet l’existence d’un contrat de travail lorsque les
intéressés perçoivent une somme forfaitaire dépassant le remboursement de leurs frais
réels21.
17
Versailles, 10 juin 1999, RJS 10/99, n° 1439.
18
Soc. 7 mars 1979, Bull, IV, n°145 .
19
Soc. 5 février 1960, Bull. civ. IV, n° 112 ; Soc. 12 mai 1971, JCP 1971, IV, 157
20
Soc. 4 mars 1997, Bull. civ. V, n° 91 ; Grands arrêts, n° 12.
21
Soc. 29 janvier 2002, Dr. soc. 2002, 494.
24
Il faut souligner que le mode de rémunération peut aussi être un indice de subordination. En
effet, la rémunération au temps implique plus certainement la subordination. Celui qui
rémunère à la mesure du temps passé au travail, sans considération de la tâche accomplie,
entend surveiller de près l’activité. En revanche, la rémunération à la tâche ou à la
commission ne constitue pas un indice décisif car elle peut concerner un salarié, un
entrepreneur ou un agent commercial mandataire.
1) La capacité
C’est l’aptitude à avoir des droits et à les exercer. Les mineurs non émancipés sont
incapables dans la mesure définie par la loi. En droit du travail, le mineur peut cependant
s’engager par un contrat de travail à condition qu’il ait atteint l’âge de 15 ans (Art. 150 CTT).
Ce même texte prévoit une dérogation qui pourrait être accordée par arrêté du Ministre du
Travail après avis du conseil National du Travail, compte tenu des circonstances locales et
des tâches qui peuvent leur être demandées.
2) Le consentement des parties
Le contrat de travail n’est conclu qu’à partir du moment où il y a eu rencontre entre la
volonté de l’employeur et celle du candidat à l’emploi. Il ne suffit pas que le consentement
soit donné. Encore faut-il que ce consentement soit exempt de vice. Les vices du
consentement sont l’erreur, le dol et la violence.
3) Objet du contrat.
C’est ce à quoi l’on s’engage. L’article 1126 C. civ. dispose que tout contrat a pour objet une
chose qu’une partie s’oblige à donner, ou qu’une partie s’oblige à faire ou à ne pas faire.
25
L’objet doit non seulement exister mais doit également être licite. Ainsi, une personne ne
peut s’engager valablement à transporter la drogue ou des objets de contrebande.
Juridiquement, l’objet du contrat est pour l’employeur la rémunération d’une prestation de
travail ; pour le salarié, c’est la fourniture du travail.
4) La cause
C’est la raison déterminante de l’engagement, le « pourquoi » de celui qui s’oblige. La cause
doit être licite. Elle est illicite quand elle est prohibée par la loi, contraire aux bonnes mœurs
ou à l’ordre public.
Ainsi en est-il d’un contrat de travail conclu pour assurer le maintien des relations adultères
(Soc 4 octobre 1979, Bull. civ. p 500).
* La fourniture du travail
26
L’employeur doit tout au long du contrat fournir au salarié le travail convenu et les moyens
d’exécuter ce travail. Les moyens consistent notamment dans la fourniture des instruments
de travail.
Le fait pour un employeur de ne pas fournir au salarié le travail qui est la contrepartie de son
salaire, tout en maintenant son salaire (dispense prolongée de travail) peut constituer une
faute contractuelle entraînant pour le salarié un préjudice moral dont il est fondé à en
demander réparation (Lyon, 10 juin 1980, D.O. 1983, 110).
* La rémunération convenue
La rémunération est un élément essentiel du contrat. A qualité égale et à quantité égale d’un
même travail, l’employeur ne peut diminuer unilatéralement le salaire (Soc. 24 novembre
1966, D. 1967, 90)
* La prestation de travail
Le contrat de travail impose au salarié de fournir une prestation de travail qui est la
contrepartie du salaire. Ainsi, il ne peut refuser d’exécuter les tâches entrant dans le cadre
de son emploi.
* Obligation de présence
Le salarié est obligé d’assurer le temps de travail prévu en respectant l’horaire en vigueur
dans l’entreprise, tel qu’il est fixé par l’employeur. Le non-respect de la durée de travail
constitue une cause réelle et sérieuse de licenciement. L’obligation de présence implique
également l’obligation de ponctualité.
* Obligation de fidélité
Cette obligation lui impose une règle de discrétion et lui interdit les agissements qui
constituent une concurrence à l’égard de l’employeur.
22
Soc. 24 février 1992, Dr. soc. 1992, 369 Arrêt expovit ; D.92, somm. 294.
27
L’exigence de la bonne foi implique aussi que l’employeur ne fasse pas un usage abusif des
clauses contenu dans le contrat. Il est tenu aussi à un devoir de loyauté.
Ainsi, dans l’exercice de son pouvoir de surveillance, il ne peut recourir à un dispositif
d’écoute ou de vidéo surveillance sans avoir au préalable informé le salarié. Il en résulte que
dans le cadre d’un contentieux, les preuves obtenues de manière illicite sont écartées par le
juge, alors qu’il relève un fait matériel incontestable.
Pour le salarié, l’exigence de bonne foi se traduit par une obligation de collaboration qui
procède de son obligation de fournir une prestation de travail. Il doit donc communiquer
toute information utile à la bonne marche de l’entreprise23.
23
Soc. 15mars 1999, Dr. soc. 1999, 842, obs. Mazeaud.
28
La jurisprudence admettait que la clause d’essai puisse également intervenir en cours de
contrat lorsqu’ intervient un changement de fonction du salarié 24. Dans trois arrêts du 30
mars 2005, la Cour de cassation considère qu’en présence de deux contrats successifs, la
période d’essai stipulée dans le second à l’occasion du changement de fonction du salarié
n’a plus sa place. Il ne peut s’agir que d’une période probatoire. En effet, le salarié ne peut
valablement renoncer pendant la durée du contrat, par avance, au droit de se prévaloir des
règles légales de licenciement. Il s’ensuit que la rupture de cette période probatoire ne
rompt pas le contrat de travail mais à pour effet de replacer le salarié dans les fonctions
antérieures. A défaut d’une telle remise, la rupture est considérée comme un licenciement
sans cause réelle et sérieuse.
b) La clause de dédit-formation.
Parfois, en échange du financement de la formation du salarié par l’employeur, le premier
s’engage à rester dans l’entreprise le temps d’amortir cet investissement. La question de la
licéité de ces clauses se pose par rapport à l’interdiction des travaux forcés. La jurisprudence
admet la validité de telle clause à condition que l’employeur ait assuré une formation
entraînant des frais réels au-delà des dépenses imposées par la loi ou les conventions et
qu’elle n’a pas pour effet de priver le salarié de la faculté de démissionner 25. Le montant de
l’indemnité de dédit (c’est-à-dire la somme à verser par le salarié pour pouvoir se dégager
de son obligation de rester dans l’entreprise) doit être proportionné aux frais de formation
engagés et ne doit pas être excessif au point d’être totalement hors de portée du salarié.
c) Les clauses d’objectif
Cette clause est souvent stipulée dans les contrats des salariés chargés d’une fonction
commerciale. La clause ainsi désignée impose au salarié la réalisation d’un résultat à
atteindre. C’est le plus souvent le chiffre d’affaires de l’année à venir. Il importe que le
résultat puisse être chiffré et quantifiable. La doctrine relève que cette clause fait supporter
au salarié une partie du risque de l’entreprise alors que ce risque devrait entièrement être
supporté par l’employeur. En l’état actuel de la jurisprudence, ces objectifs peuvent être
unilatéralement fixés par l’employeur dans le cadre de son pouvoir de direction 26. Mais les
objectifs doivent être réalisables ou raisonnables27.
De plus, la jurisprudence a considérablement limité ces effets. La seule insuffisance des
résultats ne peut constituer en soi une cause réelle et sérieuse de licenciement. Elle doit en
effet résulter d’une faute ou d’une insuffisance professionnelle imputable au salarié 28.
29
Il est reconnu à l’employeur le libre choix des moyens propres à maintenir l’activité de
l’entreprise. Ce pouvoir patronal se manifeste en particulier dans les décisions qui se
rapportent à l’organisation de l’entreprise et qui peuvent affecter de façon immédiate la
situation du personnel.
31
qui tient plus de la sphère privée du salarié en légitimant son geste par le prétendu intérêt
de l'entreprise peut parfois être grande.
Rappelant que le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité
de sa vie privée, la Cour de cassation considère que cette intimité implique en particulier le
secret des correspondances. Dès lors, un licenciement ne peut être fondé sur la teneur de
messages personnels adressés au salarié ou envoyé par lui à l'aide d'un ordinateur mis à sa
disposition à titre professionnel (Soc., 2 oct. 2001, no 99-42.942, Bull. civ. V, no 291, p. 233 ;
voir no 1068).
- Renouvellement
- Prorogation
32
contrat de travail par tous moyens ne doit pas occulter les difficultés auxquelles il sera
confronté. Un contrat correctement rédigé permettra d’éviter des controverses sur
l’étendue des obligations des parties et les éléments du contrat à savoir la qualification du
salarié, le salaire, les indemnités etc.
Le contrat de travail à durée indéterminée est dit contrat de droit commun ; c’est celui qui
est censé conclu lorsque les parties n’ont donné aucune précision particulière.
Ce type de contrat est caractérisé aussi par la liberté de rompre à tout moment par la
volonté de l’une des parties (art. 38 CTT), sauf à donner un préavis et pour l’employeur, à
justifier d’un motif réel et sérieux de rupture29.
29
Ces éléments seront étudiés plus loin.
33
Le travail temporaire est régi au Togo par l’arrêté n° 002/MTESS/CAB/DGTLS du 21 janvier
2010. L’article 2 dudit arrêté précise les conditions dans lesquelles il est recouru au travail
temporaire. Il s’agit de :
- Remplacement d’un salarié pour absence temporaire ;
- Surcroît temporaire d’activité ;
- Remplacement sur un poste appelé à être supprimé ;
- Exécution d’un travail exceptionnel ;
- Attente d’un recrutement ;
- Exécution d’un travail saisonnier.
Les travailleurs temporaires ont les mêmes droits et avantages que les travailleurs
permanents au regard de la protection sociale et des conditions générales de travail.
La technique du travail temporaire permet sur le plan économique de dégager rapidement
un personnel d’appoint en fournissant aux entreprises dans l’embarras les travailleurs
qualifiés dont elles manquent épisodiquement.
Sur le plan social, la formule permet d’employer des travailleurs qui ne peuvent ou ne
veulent s’engager que pour un temps limité.
Le contrat de travail temporaire est un contrat à durée déterminée. Il faut observer que la
notion de travailleur temporaire n’est donc pas la même en droit togolais et en droit
français.
34
Chapitre 3 : Le maintien dans l’emploi
§ 1) L’objet du transfert
Selon la jurisprudence française résultant de l’article L 122-12, al. 2, le transfert peut porter
sur l’entreprise, une activité économique ou une entité économique.
1) Le transfert d’entreprise
Il y a maintien du contrat lorsque le transfert porte sur l’entreprise au sens d’organisation. Il
en est ainsi lorsque les moyens en locaux, en matériels, en capitaux et en personnel sont
transférés.
Lorsqu’une société exploite deux établissements et qu’elle cède un des ces établissements,
les salariés qui travaillent dans le cadre de l’établissement cédé changent d’employeur.
2) Le transfert d’activité économique
La cour de cassation admettait que la perte d’un marché constituait un transfert
d’entreprise. Cette interprétation a été abandonnée par la cour de cassation en Assemblée
plénière le 15 novembre 1985. En effet, il n’y a maintien qu’en cas de modification dans la
situation juridique de l’employeur alors qu’une telle modification ne peut résulter de la
perte d’un marché.
35
3) Le transfert d’une entité économique
La cour applique la règle du maintien du contrat lorsqu’il y a transfert d’une entité
économique autonome. L’entité économique implique « un service distinct disposant de
moyens propres »30.
La directive européenne du 29 juin 1998 donne de l’entité économique la définition
suivante : « un ensemble organisé de moyens, en vue de la poursuite d’une activité
économique, que celle-ci soit essentielle ou accessoire ». Il ne suffit pas qu’il y ait une
activité économique, encore faut-il que cette activité soit autonome. Cette précision joue un
rôle important lorsque l’entreprise décide d’extérioriser un service en le confiant à un tiers.
Le juge vérifiera si cette activité était organisée de façon autonome au sein de l’entreprise.
§ 2) L’acte de transfert
Les termes de la loi qui vise la cession, succession, fusion vente etc.. semblent viser les
hypothèses dans lesquelles il existe un lien de droit entre les employeurs successifs. La
jurisprudence a étendue le maintien du contrat en cas de transfert à titre gratuit comme à
titre onéreux, les actes transférant un simple droit d’exploitation.
Il y a eu des évolutions jurisprudentielles en la matière. En son état actuel, la jurisprudence
décide qu’il n’est pas nécessaire qu’il y ait un lien de droit entre les employeurs successif
pour qu’il y ait maintien du contrat. 31 C’est donc plus la continuité de l’entreprise après
transfert que l’acte de transfert qu’il convient d’analyser pour savoir si les salariés changent
d’employeur.
§ 3) La continuité de l’entreprise
La jurisprudence décide qu’il y a maintien de l’activité économique même lorsqu’il y a une
interruption des activités économique pour de semaines voire des mois. Par contre, lorsque
le cessionnaire modifie immédiatement ne serait-ce que partiellement les activités de
l’entreprise, elle décide qu’il n’y a pas maintien de l’activité économique. Cette solution
apparaît dangereuse pour le salarié car elle incite le nouvel employeur à apporter sans délai
des transformations à l’exploitation pour éluder la charge des contrats conclus par le
prédécesseur.
La cour de cassation décide également que l’entité économique perd son identité lorsqu’elle
passe du secteur public administratif au secteur privé. L’entité économique perd son identité
aussi lorsqu’elle est démembrée à l’occasion du transfert.
§ 4) Existence du contrat de travail au moment du transfert.
En principe, le nouvel employeur ne peut être lié par le contrat de travail auquel était partie
le précédent employeur que si ce contrat était encore en cours au moment du transfert. Si le
salarié a démissionné ou si l’employeur a licencié le salarié pour un motif indépendant de
l’opération de transfert, il n’y a pas maintien du contrat. Par contre si le licenciement a été
prononcé avant le transfert pour éluder les dispositions de la loi, le licenciement est privé
d’effet et le contrat de travail continue à produire effet avec le nouvel employeur.
30?
Soc. 15février 1992, RJS 4/92, n° 408.
31
Soc. 12 octobre 1999, RJS 2000, 4/2000, n° 378.
36
Lorsque le cessionnaire ne se manifeste pas auprès du salarié licencié, ce dernier dispose
d’une option. Soit il demande au repreneur la poursuite du contrat illégalement rompu, soit
il demande à l’auteur de la rupture la réparation du préjudice subi.
Si le salarié demande au cessionnaire la poursuite du contrat et se heurte à son refus, il peut
obtenir la condamnation du cédant et du cessionnaire aux dommages-intérêts réparant le
préjudice subi32. Cette solution résulte aussi d’une décision de la cour d’appel de
Cotonou : « qu’en effet, la rupture du contrat de travail a été faite juste avant le transfert et
qu’il y a eu collusion frauduleuse entre l’ancien et le nouvel employeur qui doivent être
condamnés solidairement à réparation pour rupture abusive du contrat de travail »33
Par contre si avant l’expiration de la période de préavis, le cessionnaire fait connaitre au
salarié son intention de poursuivre le contrat sans modification, le refus du salarié sera
assimilé à une démission. Le salarié ne peut se prévaloir du licenciement irrégulier.
§ 5) Modalités du transfert
La substitution d’un employeur à l’autre se fait de façon automatique de plein droit sans le
consentement des partenaires. L’employeur cédant n’a pas l’obligation d’informer
individuellement chaque salarié du prochain changement d’employeur, du moins lorsqu’il
existe des représentants du personnel dans l’entreprise.
32
Soc . 12 avril 2005, RJS 06/05, n° 603.
33
CA, Cotonou, 18 février 1993, TPOM , p. 5683 cité par Bertin AMOUSSOU , Droit du travail au Bénin, p.
144.
37
comprises. Cette période de suspension du contrat de travail doit être prise en compte pour
l’évaluation de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise.
A la consolidation, lorsque le salarié ne peut reprendre son ancien poste en raison d’une
incapacité permanente, l’employeur doit rechercher avec les délégués du personnel s’il peut
être reclassé dans un autre emploi correspondant à ses nouvelles capacités physiques.
3) La maternité
A l’occasion de son accouchement, toute femme a le droit de suspendre son contrat de
travail pendant quatorze (14) semaines consécutives dont six (6) postérieures à la
délivrance. Cette suspension peut être prolongée de trois semaines en cas de maladie
dûment constatée résultant de la grossesse ou des couches (art. 148 CTT al. 4). Durant la
période de suspension du contrat, elle a droit à la charge de la Caisse nationale de sécurité
sociale à une indemnité égale à la moitié de son salaire. L’autre moitié est à la charge de
l’employeur.
Quand l’accouchement a lieu après la date qui était présumée, le congé est prolongé et la
durée du congé à prendre après l’accouchement ne sera pas réduite (art. 148 al. 3 CTT).
38
Pendant la période des 15 mois qui suit la naissance de l’enfant, la mère a droit à des repos
pour l’allaitement dont la durée ne peut dépasser une heure par jour (art. 149 CTT).
4) La grève et le lock-out
La grève et le lock-out entraînent la suspension du contrat de travail à conditions qu’ils aient
été déclenchés en respectant la procédure de règlement des conflits collectifs.
a) La grève
La grève se définit comme la cessation collective et concertée du travail en vue d’appuyer
des revendications professionnelles. Pour qu’il y ait grève il faut donc :
une cessation effective du travail et non une mauvaise exécution du travail ni un
travail u ralenti.
Une cessation collective et concertée ce qui signifie qu’il ne s’agit pas d’une initiative
isolée d’un travailleur. La cessation du travail par un seul salarié peut donc
s’apparenter à un acte d’insubordination et donner lieu à des sanctions. Se pose le
problème de savoir si un salarié qui travaille seul dans l’entreprise peut-il se mettre
en grève. La Cour de cassation admet que dans un tel cas il est admis que le salarié se
mette seul en grève. Une solution contraire priverait ce salarié d’un droit
fondamental qu’est le droit de grève.
Les revendications professionnelles doivent nécessairement être la finalité de la
cessation de travail.
Effets de la grève
La grève suspend le contrat de travail. Pendant cette période de suspension du contrat
de travail, le salarié est dispensé de son obligation de fournir une prestation de travail et
il perd aussi son droit à rémunération. Cependant, lorsque la grève a été rendu
nécessaire en raison de l’inobservation par l’employeur de ses obligations contractuelles,
il peut être condamné à verser des dommages-intérêts pour compenser la perte de
salaire subie par les salariés.
39
- Grève et salaires
-
40
La mise à pied peut être aussi appliquée à titre conservatoire en attendant une sanction
définitive.
6) La détention préventive
On désigne ainsi la période pendant laquelle une personne, poursuivie pour une infraction,
est détenue en attendant sa condamnation définitive. Le contrat de travail est suspendu
durant cette période mais seulement durant les six premiers mois de la détention. Passé ce
délai, l’employeur peut le licencier.
7) Le chômage technique
Le chômage technique se définit comme la suspension de tout ou partie des activités d’une
entreprise, suite à des difficultés économiques graves ou des événements relevant de la
force majeure rendant économiquement et matériellement impossible le fonctionnement de
l’entreprise.
Lorsque l’employeur décide de mettre les salariés en chômage technique, il en informe
l’inspecteur du travail et des lois sociales qui procède aux investigations afin de se prononcer
sur le bien fondé de la mesure. L’employeur devra indiquer la durée du chômage technique
de même que les compensations salariales proposées. La durée du chômage technique,
renouvellement compris ne peut excéder deux mois. Pendant cette période, le salarié a la
possibilité de démissionner sans avoir à observer un préavis ou à payer une indemnité de
rupture du contrat.
Au terme du chômage technique et en cas de non reprise des activités, l’employeur engage
la procédure de licenciement collectif.
41
C/ Les concours de suspension
42
Lorsque le salarié refuse la modification, plusieurs situations peuvent se présenter. Il peut
démissionner de façon non équivoque. Dans ce cas, aucune indemnité ne lui est due.
Lorsque le salarié cesse son travail sans démissionner, il ne pourra faire valoir aucun droit à
l’encontre de l’employeur qui ne prend aucune initiative. Cependant, l’employeur peut lui-
même décider de le licencier pour refus de modification non substantielle du contrat de
travail. Un tel licenciement était considéré comme ayant une cause réelle et sérieuse. Il
donnera lieu à un préavis, à une indemnité de licenciement et éventuellement à une
indemnité compensatrice de congé payé. Mais il ne peut donner lieu à des dommages
intérêts puisqu’il ne s’agit pas d’une rupture abusive c’est-à-dire sans cause réelle et
sérieuse.
b/ La modification substantielle
Lorsque le salarié refuse la modification substantielle de son contrat, c’est le contrat initial
qui continue de s’appliquer. Cependant, l’employeur peut prendre la décision de rompre le
contrat de travail. Une telle rupture est en principe dépourvue de cause réelle et sérieuse.
Elle est abusive. Elle devra donc donner lieu outre les indemnités de licenciement, le préavis
et les indemnités compensatrices de congé payé, à des dommages et intérêts pour rupture
abusive du contrat de travail.
La modification substantielle, lorsqu’elle est justifiée, doit cependant être acceptée par le
salarié : « Attendu que s’agissant de la modification des conditions de travail proposée par
D…, il est de jurisprudence constante qu’à tout moment l’employeur comme le travailleur
peut demander une modification du contrat de travail
Attendu que le fait de proposer au contractant une modification du contrat de travail ne
constitue que l’exercice d’un droit, et la rupture qui peut suivre n’est pas forcément abusive,
si la preuve est faite, que la modification quoiqu’elle soit substantielle est justifiée » (Cour
d’appel du Bénin, 1er mars 1979, cité par Bertin C ; AMOUSSOU, op. cit, p. 134).
La qualification de modification substantielle ou non dépend des circonstances. Ainsi, une
modification du lieu du travail ne sera pas considérée comme substantielle si l’employeur
organise le transport des salariés de leur résidence au lieu du travail et indemnise le temps
de trajet.
2) La solution actuelle en droit français
Elle a été élaborée par la Cour de cassation française. Il n’y a plus lieu d’opposer la
modification substantielle à la modification non substantielle mais de distinguer la
modification du contrat de travail du changement des conditions de travail.
Toute modification du contrat de travail, si minime soit-elle, ne peut intervenir qu’avec
l’accord des deux parties. Il s’agit d’une stricte application du principe de la force obligatoire
des contrats résultant de l’article 1134 C. civ.. En revanche, l’employeur peut modifier les
conditions d’exécution du travail qui elles, relèvent du pouvoir de direction du chef
d’entreprise. Cette jurisprudence suppose que l’on puisse distinguer clairement ce qui relève
du contrat de ce qui est du domaine du pouvoir de direction. Cette distinction n’est pas
encore suffisamment claire. Néanmoins, on s’accorde pour considérer comme constitutifs
43
des éléments du contrat de travail, le salaire (Soc. 3 mars 1998, RJS avril 98, n° 417), la durée
du travail, les attributions professionnelles du salarié.
Modification du contrat et sanction disciplinaire
44
Chapitre 4 : La perte de l’emploi
45
Section II. Le licenciement pour motif personnel
46
Tout licenciement doit être confirmé par écrit au travailleur dans les 8 jours qui suivent (Art.
65 al. 3 CTT). Copie sera adressé à l’inspecteur du travail et des lois sociales. Il doit
comporter nécessairement le motif du licenciement.
Le nouveau code togolais du travail distingue le licenciement irrégulier en la forme du
licenciement abusif. En effet, aux termes de l’article 60 al. 2 CTT, « est irrégulier en la forme
sauf quand il s’agit du licenciement collectif tout licenciement intervenu dans les conditions
suivantes.
- Inobservation de la formalité de notification,
- Non indication du motif.
- Inobservation des procédures disciplinaire définies dans les conventions collectives et
règlement intérieur.
Le licenciement abusif est celui qui est dépourvu de motif légitime. Un licenciement peut
donc être irrégulier en la forme sans être abusif. Les dommages – intérêts alloués en cas de
licenciement irrégulier en la forme ne peut excéder 6 mois de salaire.
47
cas échéant, constituer une cause de licenciement » (Cass. soc., 31 mars 2004, no 02-
40.993 ; dans le même sens : Cass. soc., 9 juin 2004, no 02-43.086).
Ainsi, nonobstant la perte de confiance inutilement invoquée par l'employeur, les faits
reprochés au salarié doivent être examinés par le juge.
b) Incompatibilité d'humeur
L'incompatibilité d'humeur, par nature très subjective, ne peut constituer en elle-même une
cause réelle et sérieuse de licenciement. La lettre de licenciement visant une incompatibilité
d'humeur sans invoquer aucun fait matériellement vérifiable ne répond pas à l'exigence d'un
motif précis tel qu'énoncé dans l'article L. 122-14-2 du Code du travail (Cass. soc., 17 janv.
2001, no 98-44.354, Bull. civ. V, no 13, p. 8).
Ainsi, la jurisprudence admet que si l'incompatibilité d'humeur avec le supérieur
hiérarchique entraîne une dégradation du travail de l'ensemble du personnel et porte un
grave préjudice à l'entreprise, le licenciement procède d'une cause réelle et sérieuse (Cass.
soc., 7 janv. 1998, no 95-44.877). De même, il a été jugé que si l'énonciation dans la lettre de
licenciement d'une incompatibilité d'humeur, sans autre précision, ne constitue pas un motif
de licenciement, la mention de la perturbation du personnel et de la clientèle constitue un
grief matériellement vérifiable qui peut être discuté devant les juges du fond (Soc., 2 avr.
2003, no 01-42.294).
Mais on peut penser que l'incompatibilité d'humeur pourrait à l'avenir connaître le même
sort que la perte de confiance, qui n'est plus considérée par la Cour de cassation comme un
motif de licenciement, même lorsqu'elle repose sur des éléments objectifs.
c) Mésentente
La mésentente n'est pas en soi un motif de licenciement. Pour constituer une cause réelle et
sérieuse de licenciement, la mésentente doit reposer sur des éléments objectifs imputables
au salarié (Soc., 26 mai 1998, no 95-45.561 ; Soc., 1er avr. 2003, no 01-41.772), et avoir une
incidence sur la bonne marche de l'entreprise (Soc., 22 mai 1983, no 80-42.240). Ainsi,
lorsque la lettre de licenciement se borne à viser une mésentente sans autre précision, le
licenciement n'est pas justifié (Soc., 5 févr. 2002, no 99-44.383, Bull. civ. V, no 50, p. 48).
La mésentente peut résulter de divergences de vue avec l'employeur, notamment sur la
politique de l'entreprise ou les méthodes de travail. Pour fonder un licenciement, la
mésentente doit reposer sur des éléments concrets, être imputable au salarié, et
suffisamment grave pour qu'aucune solution de rechange ne s'offre à l'employeur (Soc.,
20 juill. 1989, no 86-45.417, légi. soc. 1991, no 206, p. 74 ; B. Bossu, TPS 1998, chr. 11).
48
établir l’ordre des licenciements, engager des discussions avec les salariés et communiquer
le projet à l’inspecteur du travail.
49
de travail alors que la transaction est destinée à mettre fin à un litige. Ainsi, la résiliation
amiable est exclue dès lors qu’il existe un litige (Soc 26 octobre 1999 Dr Soc 2000, 183). La
transaction ne peut donc intervenir qu’une fois la rupture acquise et le licenciement notifié.
La jurisprudence a admis autrefois que la transaction intervienne de façon concomitante
avec la rupture. Cette solution est aujourd’hui rejetée. L’acte qui entend régler les litiges nés
ou à naître ne peut pas constituer une transaction car il intervient à un moment ou la
rupture du contrat n’est pas encore réalisé. (Soc 16 juillet 1997).
Lorsque les parties au contrat entendent dans le même acte mettre fin au contrat de travail
et régler les difficultés qui pourraient naître de cette rupture, cet accord sera privé de toute
force juridique.
Trois éléments caractérisent la transaction. L’existence d’une contestation, la volonté d’y
mettre fin et l’exigence d’une concession mutuelle.
B) Accords collectifs
a) Les clauses prévoyant que la rupture du contra n’est pas imputable à l’employeur
Il arrive que des clauses des conventions collectives prévoient que, en cas de survenance
d’un évènement précis, la rupture du contrat de travail sera « imputable au salarié » ou ne
sera pas imputable à l’employeur »
A titre d’exemple, « toute absence d’un employé non justifié dans le délai de 48 heures
constitue une rupture du contrat de travail de la part de celui-ci ou encore que l’employeur
peut prendre acte de la rupture du contrat lorsque le salarié est absent pour cause de
maladie depuis plus d’un an ». La cour de cassation a décidé que ces clauses ne lient pas le
juge qui est libre de qualifier la rupture du contrat en appliquant les critères habituels.
50
unilatérale du contrat à durée déterminée n’étant admise que pour faute lourde, le recours
au juge implique-t-il que la résolution ne soit prononcée qu’en cas de faute lourde ou peut-
elle aussi intervenir pour faute sérieuse. La résolution judiciaire en dehors de la faute lourde
ou de la force majeure aurait pour conséquence de fragiliser la situation du salarié.
Aujourd’hui, la résolution judiciaire du contrat à durée déterminée est écartée 34 par la
jurisprudence en France.
Il est acquis que la rupture unilatérale du contrat de travail à durée déterminée par
l’employeur ne peut intervenir que pour faute grave (en France) ou faute lourde (au Togo).
Cette même limite s’impose donc au juge. Il ne peut donc prononcer la résiliation d’un
contrat à durée déterminée qu’autant qu’il relève une faute lourde. Une jurisprudence
récente en France s’oppose dorénavant à la résolution judiciaire du CDD (soc. 15 juin 1999, D
99, 623).
2°) Le contrat à durée indéterminée
Depuis les arrêts Perrier (ch. mixte 21 juin 1974, D 74, 593), il est établi que la résolution
judiciaire du contrat de travail des salariés protégés (représentant du personnel par
exemple) est interdite. La tentative de résolution judiciaire d’un tel contrat est même
constitutive du délit d’entrave. L’employeur ne peut donc échapper à l’exigence d’une
autorisation administrative.
Pour les contrats de travail des salariés non protégés, la résolution judiciaire avait
longtemps été admise et coexistait avec un droit de résiliation unilatérale.
Cette résolution judiciaire permettait à l’employeur d’éviter les contraintes et les aléas du
droit de licenciement. Elle présente aussi l’avantage de la poursuite du contrat lorsque les
motifs évoqués par l’employeur ne sont pas établis.
Cependant cette résolution présente un risque, celui du contournement des règles du
licenciement.
En effet, n’étant pas un licenciement, la résolution judiciaire ne devra pas donner lieu à des
indemnités afférentes au licenciement même en l’absence d’une faute grave du salarié. Pour
diminuer ce risque la jurisprudence a d’abord institué un régime particulier de résolution
judiciaire permettant d’estomper la différence des droits. Le salarié bénéficiait malgré la
résiliation des indemnités de préavis et de licenciement. Il n’en était privé qu’en cas de faute
grave Doc. 9 avril 1987, D 87, 437.
Depuis un arrêt du 9 mars 1999, la C. de cassation s’oppose dorénavant à la résolution
judiciaire du contrat de travail. « il appartient à l’employeur, s’il estimait que le salarié ne
respectait pas ses obligations, d’user de son pouvoir disciplinaire et de prononcer le
licenciement de l’intéressé (Soc., 9 mars 1999, D. 99, 365. Cette résolution a été confirmée
par un arrêt du 13 mars 2001, D soc 2001, 629).
34
Soc. 4 nov. 2001, Bull. civ. V. n° 369 .
51
pas droit à l’indemnité de licenciement. Il lui sera plutôt versé une allocation dite
« indemnité de départ à la retraite ». Cette indemnité est fonction de l’ancienneté dans
l’entreprise et de l’âge du salarié au moment de la mise à la retraite.
En réalité, aucune disposition légale ne fixe un âge à partir duquel le salarié doit
obligatoirement quitter son emploi et prendre sa retraite. Cependant, la loi n° 2008-004 du
30 mai 2008 portant modification des articles 26, 27, 28 et 30 de l’Ordonnance n° 39 du 12
Novembre 1973 portant code de la sécurité sociale fixe l’âge à partir duquel le salarié peut
faire valoir sous certaines conditions son droit à une pension vieillesse. Il s’agit donc pour le
salarié de faire valoir son droit à la retraite et non d’une obligation qui s’imposerait au
salarié et à l’employeur. Ces conditions sont :
- Le salarié doit avoir atteint l’âge de 60 ans,
- Avoir accompli au moins 180 mois d’assurance
- Cesser toute activité salariée.
L’assuré qui a atteint l’âge de 55 ans et qui remplit les conditions susmentionnées peut
bénéficier d’une pension anticipée lorsqu’il y a usure prématurée de ses facultés physiques
et mentales le rendant inapte à exercer une activité salariée.
Par ailleurs, l’assuré qui a accompli au moins 12 mois d’assurance et qui ayant atteint l’âge
de 60 ans cesse toute activité salariée alors qu’il ne remplit pas les conditions de 180 mois
d’assurance requise pour avoir droit à une pension vieillesse, reçoit une allocation vieillesse
sous forme d’un versement unique.
52
B/ Le certificat de travail
A l’expiration de son contrat, le travailleur peut avoir intérêt à établir qu’il a été au service
d’un employeur déterminé pendant une certaine période et que son engagement a pris fin. Il
peut alors exiger de l’employeur un certificat de travail. Ce dernier ne peut sous peine de
dommages-intérêts refuser de lui délivrer ledit certificat. S’agissant du contenu du certificat
de travail, l’article 78 N CTT dispose que le travailleur peut exiger un certificat indiquant
exclusivement la date de son entrée celle de son départ, la nature des emplois
successivement occupés et le temps pendant lequel ils l’ont été. L’employeur peut donc
refuser d’y porter d’autres mentions, en particulier sur les qualités morales ou
professionnelles du travailleur, et ce dernier peut également exiger que le certificat se limite
aux mentions prévues par la loi. Le certificat de travail peut cependant comporter des
mentions complémentaires lorsque les deux parties les acceptent.
En cas de refus de l’employeur de délivrer le certificat de travail, le travailleur peut le faire
condamner sous astreinte à lui remettre un certificat régulier sans préjudice des dommages
intérêts.
53
Deuxième partie : Les relations collectives de travail
Aux termes de l’article 142 CTT, dans toutes les entreprises, même d’enseignement ou de
bienfaisance, la durée de travail des employés ou ouvriers de l’un ou de l’autre sexe ne peut
excéder 40 heures par semaine. C’est la durée hebdomadaire de travail à raison de 8 heures
par jour. Il importe cependant de préciser que dans les entreprises agricoles, la durée légale
54
de travail est de 46 heures par semaine. Cette limitation de la durée du travail n’équivaut
pas à une interdiction formelle d’excéder ce volume horaire. En sens inverse, le salarié ne
peut prétendre travailler au moins 40 heures par semaine ou exiger de percevoir le salaire
correspondant à cette durée. En effet, la durée légale et la durée effective ne se confondent
pas. Seulement, les heures effectuées au-delà de cette limite légale sont soumises à un autre
régime. Ce sont les heures supplémentaires.
Les heures d’équivalence : dans certaines professions, il existe des temps morts
pendant lesquels le salarié n’a rien à faire (absence de clientèle). Lorsque ces temps
morts sont habituels, la législation prévoit qu’un certain nombre d’heures de
présence au travail équivaut à un nombre d’heures de travail effectif. Ainsi 46 heures
de présence hebdomadaire au sein de l’entreprise peuvent être considérées comme
équivalentes à 40 heures de travail effectif et payées comme telles. Ce sont les
heures d’équivalence.
55
Les heures de récupération : lorsque la durée normale d’une semaine de travail a été
exceptionnellement réduite, l’employeur peut organiser la récupération des heures
perdues en dessous de la durée légale de travail. Bien que les heures récupérées
obligent le salarié à travailler plus de 40 heures par semaine, elles ne sont pas
considérées comme les heures supplémentaires. Les heures récupérées sont traitées
comme les heures normales.
Aux termes de l’art. 38 CCIP, l’employeur conserve la possibilité de récupérer les jours fériés
chômés, compte tenu de la réglementation en vigueur concernant les possibilités et
modalité de récupération.
§ IV : Le travail de nuit
Le travail de nuit est celui accompli entre 22 heures et 5 heures (art. 144 CTT). Le travail de
nuit est interdit aux travailleurs de moins de 18 ans sauf dérogation le ministre chargé du
travail après avis du conseil national.
Les heures de tr avail effectuées de jour comme de nuit sont rémunérées aux taux normal,
sous réserve des dispositions favorables des conventions collectives.
56
Paragraphe II : Les jours fériés et les jours chômés
Les jours fériés sont outre le dimanche, les jours de fêtes légales qu’il s’agisse de fêtes civiles
ou religieuses (exp. Le 1er janvier). Les jours chômés sont ceux pendant lesquels le travail est
suspendu.
Les jours fériés chômés et payés sont ceux prévus par la législation en vigueur (art.38 C. C. I.
P.). La rémunération versée au travailleur durant les jours fériés, chômés et payés est égale à
huit fois le salaire horaire effectif de l’intéressé sans majoration pour les heures
supplémentaires. Cependant, aucun paiement n’est dû aux ouvriers qui n’auront pas
accompli la dernière journée de travail précédant le jour férié et la première journée suivant
ledit jour férié. Il n’en sera autrement que lorsqu’il s’agit d’une absence spéciale
préalablement autorisée (art. 38 C. C. I. P.). Aucune indemnisation n’est due au salarié
lorsque le 1er mai coïncide avec un jour de repos, c’est-à-dire lorsque la journée n’aurait pas
été de toute façon travaillée dans l’entreprise.
Modalités d’attribution des congés : les congés peuvent être accordés par roulement
ou par fermeture annuelle de l’entreprise pour congé. Lorsque les congés sont
accordés par roulement, la date de départ de chaque travailleur est fixée d’un
commun accord entre l’employeur et le travailleur. Cette date étant fixée, le départ
ne peut être retardé ou avancé d’une durée supérieure à 3 mois.
Durée des congés : aux termes de l’art. 158 al.1 CTT, le salarié a droit à la charge de
l’employeur à un congé de 2 jours et demi par mois de service effectif, soit un mois
de congé par an. En cas de rupture ou d’expiration du contrat de travail avant que le
travailleur ait acquis droit au congé, une indemnité est accordée au salarié à la place
du congé. C’est l’indemnité compensatrice des congés payés. En dehors de ce cas, il
est interdit d’octroyer une indemnité compensatrice au lieu et place du congé.
57
Les primes de rendement et les indemnités constituant un remboursement de frais
professionnels (sommes versées aux travailleurs en remboursement de dépenses
professionnelles) ne sont pas pris en compte pour le calcul de cette indemnité (art.
160 al. 1 CTT).
Paragraphe I. Le salaire
Le salaire doit être un chiffre déterminé non susceptible de variation arbitraire. A
conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement, le salaire
est égal pour tous les travailleurs quels que soient leur nationalité, leur sexe, leur âge et
leur statut. Les méthodes d’évaluation des emplois doivent reposer sur des
considérations objectives basées essentiellement sur la nature des travaux que ces
emplois comportent (art. 118 al. 4 CTT).
La paye est faite en principe sur le lieu de travail ou au bureau de l’employeur, lorsqu’il
est voisin du lieu de travail, sauf cas de force majeure. Aux termes de l’art. 126 al. 4 CTT,
elle ne peut en aucun cas être faite dans un débit de boisson ou dans un magasin de
vente, sauf pour les travailleurs qui y sont normalement occupés.
Le paiement de tout ou partie du salaire en alcool ou en boissons alcoolisées est interdit
(art. 126 al. 2 CTT). De même, le paiement de la totalité du salaire en nature est interdit.
Lorsqu’en raison du lieu de l’exécution du travail, le salarié ne peut par ses propres
moyens obtenir un ravitaillement régulier en denrées alimentaires de premières
nécessités, l’employeur est tenu de le lui assurer (art. 119 al. 3 CTT). Cette prestation
constitue alors un élément du salaire.
On rencontre deux modalités de calcul du salaire : le salaire au temps (qui est fonction
du temps passé au travail) et le salaire à la tâche ou au rendement (salaire à la pièce, la
commission) qui est fonction des résultats obtenus par le salarié. Le salaire au
rendement peut se combiner au salaire au temps. Souvent, d’autres primes viennent
compléter le salaire pour tenir compte soit des qualités propres aux travailleurs, soit des
sujétions particulières de sa tâche.
58
Paragraphe II : Les compléments de salaires
On distingue les gratifications, les pourboires, les primes et les indemnités.
A/ Les gratifications
La gratification consiste normalement en une somme d’argent remise par l’employeur
pour marquer au personnel sa satisfaction du travail accompli pour la prospérité de
l’entreprise, ou plus rarement à l’occasion d’événements familiaux intéressant
personnellement le salarié (naissance, mariage etc.).
Il faut cependant distinguer les gratifications qui restent des libéralités de celles qui
constituent des compléments de salaire. La gratification de « caractère facultatif,
bénévole et variable » constitue une libéralité. Elle est sans contrepartie. De ce fait, le
taux et les conditions d’attribution demeurent à la discrétion de l’employeur et le salarié
ne peut en exiger le renouvellement Ch. Réunies, 5 août 1941, G. A. J. Soc. N° 99.
Cette gratification échappe au régime juridique du salaire (il n’en sera pas tenu compte
dans le calcul des indemnités de préavis, de congés payés …).
A l’opposé selon la Cour de cassation, « le paiement d’une prime est obligatoire pour
l’employeur lorsque son versement résulte d’un usage répondant à des caractères de
généralité, constance et fixité ». La généralité signifie qu’elle s’applique à l’ensemble du
personnel ; la constance exclut qu’il s’agisse d’un acte occasionnel. La fixité implique que
le montant n’est pas variable en fonction de la volonté de l’employeur.
Ces gratifications constituent alors des compléments de salaires et sont soumis au même
régime.
B/ Les pourboires
Le pourboire est une somme d’argent versée non par l’employeur lui-même mais par les
tiers avec lesquels le salarié est entré en relation à l’occasion de ses fonctions.
De plus en plus, les rapports entre clients et salariés sont passés au second plan. Le
rapport juridique entre le client et l’employeur se substitue aux relations directes entre
clients et salariés, surtout lorsque le pourboire figure dans la note. Le pourboire tend à
s’intégrer dans le contrat conclu entre le client et l’employeur.
Le pourboire perçu par le personnel ne saurait être confondu avec le salaire fixe et lui
être substitué, mais s’y ajoute.
C/ Les primes
Elles sont inspirées par le souci de l’employeur d’obtenir un résultat par l’encouragement
des salariés. On distingue notamment :
La prime de panier : elle est accordée aux travailleurs effectuant au moins six heures de
travail de nuit ou aux travailleurs qui effectueront une séance ininterrompue de travail
de dix heures dans la journée. Son montant est égal à trois fois le salaire horaire d’un
manœuvre ordinaire (art. 32 CCIP).
La prime d’ancienneté : c’est une fraction du salaire accordée à tout travailleur après
deux années de service effectif. Elle est de 2 % après deux années de présence (art. 32
59
CCIP). A partir de la troisième année, la majoration est de 1 % jusqu’à concurrence de 25
%. Les périodes d’indisponibilité résultant des maladies dûment constatées (dans la
limite des 6 mois), de congés de maternité, de grève ou lock-out sont considérés comme
temps de présence effectif dans l’entreprise.
D/ Les indemnités
Elles sont destinées à rembourser sur justifications ou forfaitairement des dépenses liées
à l’activité professionnelle. Il en est ainsi de l’indemnité de déplacement. Elle est
accordée au travailleur appelé occasionnellement à exercer sa profession hors du lieu
habituel d’emploi lorsque le déplacement entraîne des frais supplémentaires (art. 31
CCIP). L’indemnisation est accordée dans les conditions suivantes :
60
Chapitre 2. L’administration du travail
- Un Conseil National du travail et des lois sociales : il est chargé d’étudier les problèmes
concernant le travail et la main d’œuvre, d’émettre des avis et formuler des propositions sur
la réglementation à intervenir. Il est composé des représentants des travailleurs et des
représentants des employeurs. Il est présidé par le Ministre du travail ou par délégation par
le Directeur Général du Travail et de la main d’œuvre.
- Une commission nationale d’orientation professionnelle : elle est consultée sur toutes les
questions relatives à l’orientation et à la formation professionnelle des travailleurs. Elle est
présidée par le Ministre du travail ou par délégation par le Directeur du Travail et de la main
d’œuvre.
Il faut signaler qu’à l’échelle régionale, il y a une commission qui accomplit les missions
dévolues au Conseil national du Travail et à la commission nationale d’orientation.
61
Section II. Les services extérieurs
Il s’agit de l’inspection du travail et des lois sociales, de l’inspection médicale du travail et du
service de la main d’œuvre et de l’emploi. Il faut signaler que le nouveau code du travail du 5
décembre 2006 a substitué l’Agence National Pour l’Emploi au service de la main d’œuvre.
La mission de contrôle : ils sont chargés aux termes de l’art. 183. 1 CTT de veiller à
l’application des dispositions édictées en matière de travail, de rapports individuels
et collectifs, et informer l’autorité compétente des infractions constatées. Ainsi, ils
assurent la fonction de police judiciaire dans le monde du travail puisqu’ils doivent
relever par procès-verbaux les infractions aux dispositions de la législation sur la
réglementation du travail. Avant l’établissement des procès-verbaux, l’inspecteur du
travail met en demeure le chef d’établissement. Lorsque l’employeur n’en a pas tenu
compte au terme d’un délai imparti, l’inspecteur dresse procès-verbal après constat
(art. 187 al. 2 CTT). Mais en cas d’urgence, l’inspecteur peut dresser procès verbal
sans mise en demeure préalable.
L’inspecteur peut aussi proposer une transaction au contrevenant aux termes de
l’article 187 al. 6 CTT. En cas de refus de paiement de la transaction dans un délai de
trois mois, il est dressé un procès–verbal aux fins de poursuites.
Les procès-verbaux sont établis en trois exemplaires dont l’un est transmis au
procureur de la République. Les procès-verbaux font foi jusqu’à preuve du contraire.
Les inspecteurs ont l’initiative de leurs tournées et de leurs enquêtés. Ils disposent en
principe en permanence des moyens en personnel et en matériels nécessaires à
l’exercice de leurs fonctions.
La mission de conseil : ils éclairent de leurs conseils et de leurs recommandations les
employeurs et les travailleurs. Il peut s’agir des questions afférentes aux relations
individuelles de travail entre le travailleur et son employeur.
62
La mission de conciliation : les inspecteurs du travail ont vocation à concourir au
règlement amiable des conflits individuels (art. 143 al. 4 ou 183. 3 CTT)) et collectifs
(art. 211 CTT ; art. 257 CTT). Ainsi tout conflit collectif doit être immédiatement
signalé par les parties à l’inspecteur du travail.
La mission d’étude : les inspecteurs du travail peuvent être chargés par le directeur
général de l’étude de la conjoncture économique et sociale, des rapports
contractuels (conventions collectives et contrat de travail).
- procéder à tous les examens et contrôle nécessaires pour s’assurer que les
dispositions légales sont observées. Ils peuvent notamment prélever et emporter aux
fins d’analyse des échantillons des matières et substances utilisées, requérir la
production de tout document ou registre dont la tenue est prescrite par loi et
interroger l’employeur de même que le personnel de l’entreprise.
- Requérir l’avis des médecins et techniciens notamment en ce qui concerne les
prescriptions d’hygiène et de sécurité.
Dans leurs visites, les inspecteurs peuvent se faire accompagner par un interprète
assermenté, des délégués du personnel de l’entreprise visitée et par des médecins.
Comme il a été précédemment signalé, les inspecteurs du travail peuvent dresser des
procès-verbaux en cas d’infraction. Ces procès-verbaux sont transmis au parquet. Ils sont
habilités à saisir directement les autorités judiciaires compétentes.
63
Enfin, les inspecteurs du travail ne pourront avoir un intérêt quelconque direct ou
indirect dans les entreprises placées sous leur contrôle (art. 185 CTT).
64
Chapitre 3. La représentation des salariés
Le salarié est à l’égard de l’entreprise dans un état de sujétion. Il met sa force de travail à la
disposition de l’employeur. Celui-ci en dispose librement et n’est tenu qu’au paiement du
salaire
Par ailleurs, les relations entre employeur et salarié fondées sur le contrat sont purement
individuelles. Les salariés ne forment pas au sein de l’entreprise une collectivité. Pour lutter
contre cet état de choses, il importait non seulement d’organiser les salariés en une
collectivité susceptible de s’exprimer mais aussi de déterminer le rôle de cette collectivité au
sein de l’entreprise. Les institutions répondant à ces impératifs sont les délégués du
personnel, les comités d’entreprise et les syndicats des salariés représentés dans l’entreprise
par la section syndicale. Il faut déjà signaler que les attributions du comité d’entreprise sont
cumulées par les délégués du personnel au Togo.
Aux termes de l’article 212 CTT les délégués du personnel sont élus pour une durée de deux
ans. Ils sont rééligibles. Pour être éligibles, il faut être âgé d’au moins 21 ans et ne pas être
un proche parent de l’employeur, notamment un ascendant ou un descendant, frère ou
sœur ou allié au même degré que le chef d’entreprise. Pour être il faut être âgé de 18 ans
au moins et n’avoir pas encouru une condamnation entraînant la perte des droits civiques.
Sont électeurs tous les salariés de l’entreprise ayant une ancienneté de six mois au moins
dans l’entreprise (Article 20 Arrêté n° 021/MTESS/DGTLS portant institution des délégués du
personnel dans les entreprises du secteur privé et parapublic).
Les contestations relatives à l’élection, à l’éligibilité des délégués du personnel ainsi que la
régularité des opérations électorales sont de la compétence des tribunaux du travail. Ils
statuent en urgence en premier et dernier ressort par décision susceptible de pourvoi en
cassation devant la chambre judiciaire de la cour de cassation (article 213 CTT). Chaque
65
délégué du personnel titulaire a un suppléant, élu dans les mêmes conditions, qui le
remplace en cas d’absence, de décès ou de démission
66
aussi se faire assister par d’un représentant de son organisation syndicale. L’horaire de
travail du délégué du personnel est l’horaire normal de l’établissement. Il ne peut prétendre
à un changement d’emploi en invoquant sa qualité de délégué du personnel. Cependant,
pour l’exercice de sa fonction de délégué du personnel, il dispose de 30 minutes par jour soit
15 heures par mois. Pendant les heures de délégations, les délégués du personnel peuvent
circuler librement dans l’entreprise, sous réserve des mesures de sécurité ou se déplacer à
l’extérieur dans le cadre de leur mission.
67
Le délégué du personnel ne peut être déplacé de son établissement contre son gré pendant
la durée de son mandat. En cas de désaccord, l’inspecteur du travail appréciera l’opportunité
de cette affectation.
Toute modification intervenue dans les statuts, dans la direction ou dans l’administration du
syndicat doit être portée à la connaissance des mêmes autorités. L’article 30 CTT dispose
que des unions de syndicats peuvent se constituer sous quelque forme que ce soit. Ces
unions sont tenues en plus des formalités susmentionnées, de faire connaître le nom et le
siège des syndicats qui les composent.
68
Paragraphe II : La liberté syndicale
69
* Rapports de syndicats et de l’Etat
Aux termes de l’art. 39 al 2 de la constitution Togolaise, les travailleurs peuvent constituer
des syndicats ou adhérer à des syndicats de leur choix. Pour être constitués, les syndicats
n’ont donc pas besoin de l’autorisation de l’Etat. Les formalités de dépôt des statuts ne
doivent pas être considérées comme une autorisation.
* Rapport entre l’employeur et le syndicat
Aux termes de l’article 9 CTT, « L’employeur ou ses représentants ne devront se servir
d’aucun moyen de pression en faveur ou à l’encontre d’une organisation syndicale
quelconque ». L’employeur ne doit rien faire pour entraver l’exercice de l’action syndicale au
sein de l’entreprise.
D’ailleurs, aux termes de l’article 6 de la convention collective interprofessionnelle, des
panneaux d’affichage en nombre suffisant doivent être réservés aux communications
syndicales et à celles de délégués du personnel.
Pour terminer il faut signaler que la violation par l’employeur du principe de la liberté
syndicale, qu’il s’agisse de la liberté individuelle ou collective pourra donner lieu à des
sanctions pénales et au paiement des dommages intérêts.
70
* Droit d’acquérir des biens
Aux termes de l’art 20 CTT, les syndicats peuvent acquérir sans autorisation, à titre onéreux,
des biens meubles et immeubles. Notamment, ils peuvent affecter une partie de leurs
ressources à la création des logements de travailleur, à l’acquisition de terrains de culture ou
de terrain d’éducation physique à l’usage de leurs membres.
Ils peuvent d’une part créer, administrer ou subventionner des œuvres professionnelles ou
sociales telles que les institutions de prévoyances, caisse de solidarité. D’autre part ils
peuvent passer des contrats ou convention avec toute personne physique ou morale.
Lorsque leurs statuts les y autorisent et à condition de ne pas distribuer des bénéfices, ils
peuvent acheter pour le louer, ou répartir entre leur membre tout ce qui est nécessaire à
l’exercice de leur profession.
Les statuts peuvent déterminer d’autres conditions à remplir pour être dirigeants. Les
statuts peuvent également organiser librement l’administration du syndicat
En pratique, l’Assemblé générale prend les décisions les plus importantes notamment la
modification des statuts et la désignation des administrateurs. Les statuts déterminent les
contrôles financiers qui s’exercent sur les dirigeants. Généralement cette mission est confiée
à une commission élue par l’assemblée générale.
b/ Les adhérents
La seule condition exigée par la loi pour être membre d’un syndicat est l’exercice de la
profession ou de l’une des professions que regroupe le syndicat. Il s’agit en fait des
conditions requises pour la fondation des syndicats. A cette exigence légale, les statuts
peuvent librement en ajouter d’autres. En effet, le syndicat comme tout groupement privé
reste maître de son recrutement. Les mineurs âgés de plus de 16 ans peuvent adhérer au
syndicat, sauf opposition de leur père, mère et tuteur (art. 12 CTT).
71
c/ Contrôle du syndicat sur les adhérents
L’adhésion entraîne un certain nombre d’obligations, qui peuvent être sanctionnées et que
définissent les statuts. La principale de ces obligations est la cotisation syndicale dont le
montant est généralement fixé par les statuts.
Plus généralement, les statuts imposent le respect de la discipline syndicale notamment
l’obligation d’obéir aux ordres de grève.
Les statuts prévoient les sanctions de ces obligations, la plus grave de ces sanctions et
l’exclusion. Les statuts prévoient en général dans quel cas (faute disciplinaire) et selon quelle
forme (procédure disciplinaire) le syndiqué pourra être exclu du syndicat. L’exercice du
pouvoir disciplinaire est soumis au contrôle des tribunaux.
b) Dissolution statutaire
Il y a dissolution statutaire lorsque les statuts ont envisagé un terme (syndicat formé pour
une durée déterminée) ou une condition résolutoire (le syndicat sera dissout si tel
évènement ou fait se produit).
c) Dissolution judiciaire
Elle intervient à titre de sanction des règles légales relatives tant à la formation qu’à l’action
des syndicats. En cas d’irrégularité, la dissolution du syndicat peut être demandée par le
Ministère public. Elle est prononcée par le juge.
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A défaut de dispositions statutaires, la dévolution se fait conformément à la volonté de
l’Assemblée générale des adhérents.
Les biens des syndicats dissous ne peuvent être répartis entre les adhérents (art. 17 CTT).
Il importe de distinguer la scission de la dissolution ou encore de l’exclusion d’un syndicat
d’une confédération.
La scission c’est l’éclatement du syndicat par suite de dissensions internes. C’est l’opposé de
la fusion. Souvent la scission se produit lorsqu’une partie des adhérents veut entraîner le
syndicat à adhérer à une nouvelle confédération contre le gré des autres adhérents. Ces
divisions aboutissent à la création d’un syndicat nouveau.
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Chapitre 4. Les conflits de travail
La matière est régie par le titre IX du code Togolais du travail intitulé « Des différends du
travail ». Les conflits du travail s’entendent de tous les différends nés entre les salariés et les
employeurs à l’occasion du travail. Le code du travail distingue d’une part les conflits ou
différends individuels du travail et de l’autre les différends collectifs (article 223 CTT).
Le différend individuel peut se définir comme celui qui oppose, en cours d’emploi ou à
l’occasion de la rupture du contrat de travail, un travailleur et un employeur (art. 224 NCTB).
c) Le résultat de la conciliation
En cas conciliation, la formule exécutoire est apposée sur le procès-verbal de conciliation en
vertu d’une ordonnance du président du Tribunal du travail à la requête de l’une des parties.
Le procès verbal a alors force exécutoire comme un jugement du tribunal.
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En cas d’échec du règlement amiable, l’action est introduite par déclaration orale ou par
requête déposée au greffe du tribunal du travail par l’une des parties (demandeur). Cette
action ouvre la phase judiciaire du règlement du conflit.
Le règlement judiciaire des conflits est confié au tribunal du travail. En France, on parle des
conseils de prud’hommes. Il conviendra d’étudier leur composition, leur compétence et la
procédure du règlement judiciaire.
a) Le président
C’est un magistrat professionnel nommé décret en conseil des ministres sur proposition du
conseil supérieur de la magistrature. Pour chaque affaire le président désigne un assesseur
employeur et un assesseur travailleur appartenant à la catégorie intéressée (Catégorie du
salarié concerné et de l’employeur concerné par le différend).
b) Les assesseurs
Ils ne sont pas des magistrats professionnels mais des salariés et employeurs. Ils sont
désignés par arrêté du Ministre du travail. Ce dernier les choisit sur des listes présentées par
les organisations syndicales les plus représentatives ou par le Directeur général du travail. La
durée de la fonction d’assesseur est d’un an renouvelable. Les assesseurs doivent jouir de
leur capacité civile et politique. Les assesseurs peuvent être récusés quand ils ont un intérêt
personnel à la contestation, s’ils sont employeurs ou travailleurs de l’une des parties ou
lorsqu’ils sont parents ou alliés de l’une ou l’autre partie. La récusation est formée avant
tout débats (article 245 CTT).
En cas d’empêchement, les assesseurs titulaires sont remplacés par les assesseurs
suppléants. L’employeur est tenu de laisser aux assesseurs le temps nécessaire à
l’accomplissement de leurs fonctions. Avant leur entrée en fonction, ils doivent prêter
serment. La fonction d’assesseurs du tribunal de travail est gratuite. Cependant des
indemnités de séjour et de déplacement peuvent leur être allouées (art 238 N C T T.).
c) Le greffier
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a) Compétence d’attribution (art. 230 CTT.)
Les tribunaux du travail connaissent des différends individuels pouvant s’élever à l’occasion
de l’exécution du contrat de travail entre les travailleurs et leurs employeurs. Il s’agit donc
en premier lieu des litiges qui dérivent non seulement du contrat de travail notamment des
contestations relatives à l’existence même du contrat, (contrat fictif ou contrat nul), à
l’exécution du contrat (paiement du salaire par exemple), à la cessation du contrat
(licenciement) mais aussi les différends individuels relatifs aux conventions collectives. La
compétence des tribunaux du travail s’étend également aux conflits dérivant du contrat
d’apprentissage. Lorsque le litige a sa source dans un autre contrat, le tribunal de travail
n’est pas compétent même si le litige oppose le salarié à l’employeur. Il en est ainsi d’un
contrat de prêt distinct de l’avance sur salaire alors même que l’employeur serait le prêteur
et le salarié l’emprunteur. (Soc. 25 mai 198I Bull. civ, V, n° 462)
Relèvement également de la compétence des tribunaux du travail les différends ayant pour
origine l’application de la législation en matière de sécurité sociale (accident du travail et
maladie professionnelle, prestation familiales).
Enfin leur compétence s’étend aux différends nés entre travailleurs à l’occasion du travail. Il
en est ainsi des actions des non-grévistes contre les grévistes (Soc 3 mars 1983, Bull. civ. V,
n°129 ; Dr. Soc. 1983, 638).
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a) La comparution des parties
Dans les deux jours à dater de la réception par le tribunal de la demande en justice, le
Président du tribunal cite les parties à comparaître dans un délai qui ne peut excéder en
principe 12 jours (art. 240 CTT).
La citation doit contenir le nom et profession du demandeur, l’indication de l’objet de la
demande, l’heure et le jour de la comparution. La citation est faite au domicile par un agent
administratif spécialement commis à cet effet ou par lettre recommandée avec avis
réception. En cas d’urgence, elle peut être faite par voie télégraphique.
Les parties sont tenues de comparaître au jour et à l’heure fixée par le Tribunal du travail.
Elles peuvent se faire assister ou représenter soit par un travailleur ou un employeur
appartenant à la même branche d’activité, soit par un avocat ou un représentant des
organisations syndicales ou professionnelle. Sauf en ce qui concerne les avocats, le
mandataire de l’une des parties doit être muni d’une procuration écrite.
b) La conciliation
Cette phase de conciliation devant le tribunal (art. 246 CTT) doit être distinguée du
règlement amiable confié à l’inspecteur du travail. Aux termes de l’art 246 CTT, lorsque les
parties comparaissent devant le tribunal, il est procédé à une tentative de conciliation.
Lorsque la tentative de conciliation aboutit à un accord amiable, il est établi un procès verbal
de conciliation. Ce procès verbal de conciliation signé du Président et du secrétaire greffier
vaut titre exécutoire. En cas de conciliation partielle le procès verbal signé du président et du
greffier vaut titre exécutoire pour les points sur lesquels il y a eu accord. Un procès verbal de
non conciliation est dressé pour les points sur lesquels il n’y a pas accord.
Lorsqu’il n y a pas accord ou lorsqu’il y a accord partiel, le tribunal doit retenir tous les points
sur lesquels il n’y a pas accord et procéder immédiatement à leur examen.
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c) Le procès
L’audience est publique sauf au stade de la conciliation. Le juge peut ordonner des mesures
d’instruction notamment la descente sur les lieux, la comparution personnelle des parties,
les constats et expertises.
Le déroulement du procès est dominé par le principe de l’oralité et celui de la contradiction.
En effet, le président du tribunal dirige le débat, interroge et confronte les parties sur leurs
demandes. Le jugement peut ordonner son exécution immédiatement nonobstant l’exercice
des voies de recours.
* L’opposition
Lorsque le jugement est rendu par défaut, sa signification (notification) est faite à la partie
défaillante à son domicile ou par lettre recommandée par le secrétaire greffier du tribunal.
Le défaillant dispose d’un délai de 10 jours après signification pour faire opposition au
jugement. Lorsqu’il y a opposition, le tribunal convoque à nouveau les parties pour un
nouveau jugement (art. 251 CTT). Si dans ce délai la partie défaillante ne fait pas opposition,
alors le jugement est exécutoire
* L’appel
Les jugements du tribunal de travail sont susceptibles d’appel devant la cour d’appel.
Cependant, lorsque la demande n’excède dix fois le salaire minimum interprofessionnel
garanti (SMIG), le tribunal statue en premier et dernier ressort (art. 252 CTT). C’est dire que
sa décision n’est pas susceptible d’appel mais seulement d’un pourvoi en cassation. Le délai
d’appel est de 15 jours à compter du prononcé du jugement.
A l’expiration du délai de 15 jours, l’acte d’appel est transmis au greffe de la cour avec les
documents et mémoires déposés par les parties à l’inspection du travail ou au secrétaire
greffier du tribunal du travail. Lorsque les parties n’auront pas déclaré vouloir être
entendues ou représentées, l’appel sera jugé sur pièces
Aux termes de l’article 256 CTT, « Le conflit collectif est celui qui oppose une collectivité de
salariés organisés ou non en groupement professionnel à un employeur ou un groupe
d’employeurs.
Il est caractérisé par la nature collective de l’intérêt en jeu.».
Le différend collectif suppose la réunion de deux éléments, le premier intéressant les parties,
le second, l’objet du litige.
Pour qu’il y ait conflit collectif, il est d’abord nécessaire qu’une collectivité de salariés soit
partie au litige. Il peut s’agir d’une collectivité organisée tel un syndicat, ou inorganisé tel le
personnel d’une entreprise. Du côté patronal, le conflit demeure collectif même s’il oppose
un groupe de salariés à un seul employeur.
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Ensuite, le conflit doit porter sur des droits ou des intérêts communs ou collectifs : la durée
du travail, les conditions de sécurité etc.
Il faut ajouter que le litige peut avoir pour objet l’interprétation ou l’application du droit
existant. Par exemple les salariés reprochent au patron la violation d’une convention
collective. Mais le plus souvent, les parties sont en désaccord non pas sur le droit existant
mais sur la nécessité de le modifier et le sens à donner à cette modification. Le règlement
des conflits collectifs fait appel à des procédés particuliers. Le code togolais du travail plus
précisément le chapitre II du Titre IX institue une phase obligatoire de tentative de
conciliation et en aval un conseil arbitral qui sera saisi en cas d’échec de la tentation de
conciliation.
A) Le procédure de conciliation
La mission de conciliation dans les conflits collectifs est assumée en 1 er lieu par l’inspecteur
de travail. La tentative de conciliation est obligatoire dans tous conflits collectifs. Aux termes
de l’article 257 CTT, l’inspecteur du travail saisi du litige, doit sans délai, prendre l’initiative
du règlement devant intervenir entre les parties.
Les parties sont tenues de répondre à toutes les convocations et de se rendre aux réunions
de concertations.
Lorsque l’une des parties ne comparaît pas, elle est convoquée à nouveau dans un délai qui
ne peut excéder quarante-huit (48) heures. Cette partie peut aussi être condamnée à une
amende par la juridiction compétente, sur procès verbal dressé par l’inspecteur du travail et
des lois sociales. A l’issue de la tentative de conciliation, l’inspecteur du travail et des lois
sociales dresse un procès-verbal constatant les résultats de la conciliation.
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du travail et lui propose de désigner les membres du conseil d’arbitrage qui doit être saisi du
différend.
A) La composition du conseil
Le conseil d’arbitrage doit être désigné dans les huit jours qui suivent l’envoi du rapport au
Ministre du travail (art. 260 al. 2 CTT).
Le conseil d’arbitrage est présidé par le président de la cour d’appel territorialement
compétent ou un conseiller délégué (juge à la cour d’appel). Il est en outre composé :
- d’un magistrat de la cour d’appel désigné par le président de la cour d’appel
- du président du tribunal du travail ;
- d’un inspecteur du travail qui n’a pas eu à connaître de la conciliation et désigné
par le ministre du travail ;
- d’un assesseur employeur et d’un assesseur salarié nommés par le ministre
chargé du travail et désignés sur la liste des assesseurs du tribunal du travail
Les personnes qui ont participé à la conciliation ou qui ont un intérêt direct dans le différend
ne peuvent être membre du conseil d’arbitrage.
Aux termes de l’article 261 CTT le conseil d’arbitrage ne peut statuer sur d’autres objets que
ceux déterminés par le procès verbal de non conciliation ou ceux qui, résultant d’évènement
postérieurs au procès verbal sont la conséquence directe du différend en cours. Ainsi le
conseil d’arbitrage ne peut statuer non seulement sur les points qui ont fait l’objet d’accord
mais aussi ceux qui n’ont pas fait l’objet de tentative de conciliation devant l’inspecteur et le
Directeur général du travail.
Le conseil dispose de très larges pouvoirs lui permettant de s’informer sur la situation
économique de l’entreprise, de procéder à des enquêtes et consulter des documents. Il peut
recourir aux offices d’experts et de toute personne susceptible de l’éclairer.
Le conseil d’arbitrage statue en droit dans les différends relatifs à l’interprétation et à
l’exécution des lois, règlements et conventions collectives en vigueur.
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Il statue en équité sur les autres différends notamment ceux portant sur les salaires, les
conditions de travail et les différends relatifs à la négociation et à la révision de la clause de
conventions collectives. Il s’agit dans ce dernier cas des litiges portant sur la nécessité ou
non de faire évoluer le droit existant (art. 261 al. 1 et 2).
Le conseil d’arbitrage doit se prononcer dans les 15 jours de sa saisine. Cependant lorsque
les circonstances l’exigent ce délai peut être prorogé par décision du Ministre du travail.
Cette prorogation ne peut excéder 8 jours.
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2. Pour les travailleurs, la perte du droit à indemnité de préavis, à l’indemnité de
licenciement et aux dommages-intérêts pour rupture du contrat.
Tout mouvement de grève ou le lock-out déclenché après formation de l’opposition à la
sentence arbitrale n’entraîne pas la rupture du contrat de travail.
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tout moment, procéder à la réquisition de ceux des travailleurs qui occupent des emplois
indispensables à la sécurité des personnes et des biens.
Le travailleur réquisitionné et qui ne se présente pas commet une faute lourde.
Aux termes de l’article 274 CTT, la liste des entreprises qui fournissent un service essentiel
est établie par décret en conseil des ministres.
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