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Introduction
Le terme travail vient du mot latin tripalium, un instrument de torture. Le travail est
ainsi souvent associé à la souffrance. Il occupe une certaine importance dans notre
société. On y passe beaucoup de temps, on en tire un revenu et parfois un statut
dans la société.
Le droit du travail porte sur la situation juridique des salariés, qui, travailleurs
rémunérés, sont soumis au droit privé.
Nous trouvons une référence à cela dans le Code du Travail dans le livre 1 er, qui
commence par l’article L1111-1 disposant : « Les dispositions du présent livre sont
applicables aux employeurs de droit privé ainsi qu'à leurs salariés.
Elles sont également applicables au personnel des personnes publiques employé
dans les conditions du droit privé, sous réserve des dispositions particulières ayant le
même objet résultant du statut qui régit ce personnel.».
Remarque : en droit du travail, il ne faut pas oublier le L devant les articles, car
on s’intéresse à la partie législative. Il y a aussi la partie réglementaire (R).
Le droit du travail s’applique aux salariés engagés par un employeur de droit privé. Il
en résulte que sont exclus du domaine du droit du travail les travailleurs du secteur
public, les travailleurs dits indépendants (commerçants, artisans, agriculteurs,
professions libérales, …).
L’art 1111-1 dispose dans son 2nd alinéa, que le Code du Travail s’applique
uniquement si on est employés dans des conditions de droit privé. Le droit du travail
a pour objet le travail subordonné, celui qui s’exécute sous l’autorité, le pouvoir
d’autrui.
Qui dit subordination, dit qu’il y a un certain pouvoir de l’employeur. Même sur
cela, il y a eu des différentes manières d’appréhender le pouvoir de l’employeur.
La doctrine a réfléchi à cette question du pouvoir. Il existe donc différentes théories.
1
Théorie institutionnelle du pouvoir :
On a souvent considéré que la source et les limites du pouvoir se trouvaient en
dehors du contrat de travail. La position du chef d’entreprise dans l’organisation
économique serait la source factuelle du pouvoir. Ainsi, si en pratique le chef
d’entreprise dirige, c’est parce qu’il détient les moyens de la puissance économique,
c’est cela qui lui permet de diriger.
Dans cette théorie, on considère que la dépendance économique du travailleur place
celui-ci, dans les faits, sous le pouvoir de l’employeur.
La théorie en a donc conclu à l’existence d’un pouvoir juridique de l’employeur qui
revient à modifier unilatéralement l’ordonnancement juridique de la relation de travail.
On peut se demander où sont les limites de cette théorie et surtout si les limites
existantes sont suffisantes.
Ici la limite serait uniquement l’intérêt de l’entreprise.
Le droit du travail ne concerne que les cas de travaux rémunérés. Cela exclut le
bénévolat.
Le mot emploi concerne les questions relatives à l’acquisition, à la conservation et à
la demande d’emploi. Il a un gain d’importance avec l’émergence d’un chômage
massif depuis les années 90. Ainsi, questions intégrées dans le droit du travail.
Le droit du travail est un droit « jeune ». En 1789, on était dans une période de
libéralisme individualiste et autoritaire. Le décret d’Allarde (17 mars 1791) a abrogé
les corporations de métier. Ces corporations soumettaient juridiquement les
ouvriers au pouvoir de leurs maîtres.
Expression de la liberté du travail
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La loi Le Chapelier (14 et 17 juin 1791) vise elle à prévenir toute reconstitution
des corporations. Elle est venue sanctionner pénalement tout groupement, de peur
qu’en leur sein d’autres forment un pouvoir. Ce faisant, elle prohibe l’action collective
(grève).
1er Conseil de Prud’hommes : 1806, Lyon. Il n’était pas égalitaire. Aujourd'hui il est
composé de juges et qui sont en partie désignés par la partie employeur et l’autre
partie par la partie salariée.
Années 1830 et 1840 : époque propice aux évolutions, avec la RI. Le mouvement
ouvrier est influencé par les lois sociales.
1ère loi : loi du 22 mars 1841, porte sur le travail des enfants employés dans les
manufactures fixant à 8 ans l’âge d’admission au travail. Entre 12 et 16 ans, les
enfants pouvaient travailler uniquement 72h par semaine.
Le droit du travail en lui-même n’est apparu que sous la IIIème République. La loi du
21 mars 1884, dite loi Waldeck-Rousseau, accorde la liberté aux syndicats
professionnels.
Préambule de 1946 institue beaucoup de droits relatifs au droit du travail. Ce sont les
droits sociaux.
Ex. : liberté syndicale, droit de grève, droit à la protection de la santé, droit de
la participation des travailleurs à leurs conditions de travail, …
Le droit du travail entretient d’importants liens avec les autres branches de discipline
juridiques.
Lesquelles ?
Droit pénal, droit constitutionnel, droit de l’UE, droit administratif, droit commercial, …
Art 55 C° : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque
accord ou traité, de son application par l'autre partie.»
Cela signifie que les stipulations d’un traité international sont d’effet direct, dès lors
qu’elles créent des droits dont les particuliers peuvent se prévaloir et qu’eut égard à
l’intention exprimée des parties et à l’économie générale du traité invoqué, ainsi qu’à
son contenu et à ses termes, elles n’ont pas pour objet exclusif de régir les relations
entre états et ne requièrent l’intervention d’aucun acte complémentaire pour produire
des effets à l’égard des particuliers.
Explication de la C. Cass
Ce qui importe, c’est qu’il faut que ces dispositions créent des dispositions qui
puissent immédiatement produire des effets à l’égard des particuliers.
1966 : 2 pactes de l’ONU, l’un relatif aux droits civils et politiques, l’autre aux droits
économiques, sociaux et culturels.
La C. Cass a retenu l’application directe en se prononçant sur le 2nd.
Ces textes internationaux sont sources de droit protecteur, parfois plus protecteur
que les législations nationales.
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Au sein de l’ONU, agence spécifique s’intéressant au droit du travail :
l’Organisation Internationale du Travail (OIT). C’est elle la principale auteure du
droit international du travail. Elle a été créée en 1919 lors de la Conférence de la
paix et a été rattachée à la société des nations.
Ces conventions doivent être ratifiées pour être obligatoire dans les Etats. L’OIT s’est
rendu compte des limites à sa force sur la scène internationale et a donc adopté une
déclaration du 19 juin 1998 relative aux principes des droits fondamentaux au travail.
Suivant cette déclaration, 8 conventions de l’OIT sont juridiquement impératives
pour tous les Etats membres, même si ces derniers n’ont pas ratifié celles-ci.
Les thèmes de ces conventions considérées comme obligatoires sont d’abord la
liberté d’association, la liberté syndicale, la négociation collective, l’élimination du
travail forcé et du travail des enfants et l’élimination des discriminations en matière
d’emploi et de profession.
Les Etats soumettent des rapports sur l’application des normes à une commission
d’experts. Par ailleurs, des réclamations et plaintes peuvent déclencher des
procédures particulières, spécialement lorsque sont en cause des ppes des droits
fondamentaux.
La CSE a été conclue en 1961 et a été révisée en 1996. Elle a été ratifiée en 1999
par la France. C’est l’un des rares textes internationaux à reconnaître le droit de
grève. On y retrouve également le droit à l’information et la consultation des
travailleurs, le droit à la protection en cas de licenciement, le droit à la dignité dans le
travail, le droit à des conditions de travail équitables à la sécurité et à l’hygiène.
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Il y a également le droit de l’UE. L’UE visait à instaurer un marché commun. Idée de
liberté de circulation des biens et des personnes. Avec la création de la citoyenneté
européenne, on a élargi cela.
Banalisation de la saisine du CC, d’abord aux fins de contrôle d’une loi avant sa
promulgation puis au travers des QPC. QPC introduites par la loi constitutionnelle du
23 juillet 2008, en vigueur depuis le 1 er mars 2010. Ainsi, le droit constitutionnel du
travail s’enrichit.
Un justiciable peut poser une question sur la conformité à la C° d’une disposition
législative à l’occasion d’un litige. Cette question est transmise par le CE ou la C.
Cass au CC.
Cette transmission ne peut avoir lieu qu’à la triple condition :
- La question doit concerner le litige
- Elle ne doit pas déjà avoir été tranchée par le CC
- Elle doit être sérieuse
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L’interprétation de ces termes par la C. Cass est en apparence stricte mais est
finalement assez équilibrée et permissive.
Le CC prend appui sur les normes de la DDHC et du préambule de 1946, ce qui lui a
permis de confirmer la valeur constitutionnelle de certains droits sociaux, sans
régulièrement appliquer la liberté syndicale, dans ses dimensions individuelles et
collectives.
Ex. : CC, 4 mai 2012, n°2012-140 QPC (sur le délit de harcèlement sexuel) ;
CC, 4 avril 2014, n°2014-374 QPC (sur le repos dominical) ; CC, 2 mars 2016,
n°2015-523 QPC (sur les congés payés et l’exclusion des indemnités en cas
de faute lourde)
Le domaine des lois est défini à l’art 34 C°. La loi détermine les principes
fondamentaux du droit du travail. Hors de cette matière, c’est au gouvernement de
légiférer par décret en CE. La loi ne peut pas se contenter de céder ses
compétences au profit du pouvoir réglementaire ou des négociations collectives.
CC, 11 avril 2014, N°2014-388 QPC
Loi du 31 janvier 2007 s’agit d’une loi qui a crée une obligation de faire précéder
tout projet de réforme d’une concertation préalable. Cette concertation préalable
comprend notamment la transmission aux négociations collectives d’un document
d’orientation présentant les éléments en 2 diagnostics, les objectifs poursuivis et les
principales options. Ces derniers reçoivent par ailleurs la faculté d’informer du délai
qu’il souhaite négocier.
Le 11 janvier 2008, accord national interprofessionnel sur la modernisation du droit
du travail. Le 27 juin 2008, une loi est adoptée sur le même sujet.
Les règlements sont prévus à l’art 37 de la C°. Ces textes sont réunis dans le Code
du Travail pour faciliter l’accès mais aussi dans une question symbolique.
Dans le Code du Travail, il faut s’arrêter surtout sur la 7 ème partie qui concerne des
secteurs professionnels particuliers alors que d’autres secteurs spécifiques sont
écartés du Code du Travail et relèvent d’autres codes.
Ex. : mannequins, chauffeur VRP, …
Visent l’activité normative des acteurs privés du droit du travail, des salariés, des
syndicats, des employeurs.
On peut citer les conventions collectives, les actes unilatéraux de l’employeur
(engagement unilatéral, règlement intérieur) ou encore les usages d’entreprise ou
les usages de la profession.
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Les sources professionnelles ont commencé à être reconnue au début du XXème
siècle avec le règlement d’atelier.
La convention collective est devenue source en 1919. Les usages de la profession
ont ensuite été reconnus et enfin les engagements unilatéraux de l’employeur. Ici, la
supériorité hiérarchique de la loi est à retenir, càd qu’a priori c’est la loi ou le
règlement qui prime. Mais supplétivité de certaines lois depuis 2008, ce qui veut dire
que la loi ne s’applique que s’il n’y a pas de texte légal régissant la matière.
Également, principe de faveur à prendre en compte.
La convention collective s’applique à tous les salariés des employeurs régis par la
convention collective.
Dès lors que l’on affirme la présence d’un contrat de travail, le Code du Travail
s’applique et le salarié bénéficie de ses protections, comprenant par ex la protection
contre le licenciement, le SMIC, …
D’autres contrats voisins sont à distinguer du contrat de travail.
Pourquoi ?
10
C.Cass, 4 mars 1983. Affirmation constante, notamment dans l’arrêt du
19 décembre 2000, Pourvoi n°9840572, Labanne. Porte sur un contrat de
location de véhicules de taxi. Affirme de manière constante que la
requalification en un contrat de travail dépend des conditions de fait
dans lesquelles est exercée l’activité des travailleurs. C’est pour cette
même raison que la requalification ne cesse d’être demandée devant les
conseils de Prud’hommes.
2 arrêts récents : Take eat easy, C. Cass, 28 novembre 2018, Pourvoi
n°1720279 ; et Uber France, Ch. Sociale, 4 mars 2020, Pourvoi n°19-
13316
Le contrat de travail est le contrat par lequel une personne physique, le salarié,
s’engage à exécuter un travail sous la subordination d’une personne physique ou
morale, l’employeur, en échange d’une rémunération.
Cette jurisprudence opère au cas par cas. Autrement dit, il ne peut pas en être déduit
que la qualification de salariés concerne tous les travailleurs des plateformes
numériques.
Le Code du Travail n’impose pas la rédaction d’un écrit, en vue de la conclusion d’un
CDI. Ceci d’ailleurs n’a pas changé avec l’adoption de 2 directives successives :
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- L’une du 14 octobre 1991
- L’autre du 20 juin 2019
Des exceptions existent où il est exigé par le Code du Travail de rédiger un écrit lors
de la conclusion du CDI, sans pour autant qu’elle ne sanctionne l’absence de l’écrit
par la nullité. (art L7421-1)
L’écrit doit être établi en double exemplaire (l’un pour l’employeur et l’autre pour le
salarié), car contrat synallagmatique. Art 1375 C. Civil
Dans la pratique, il est toutefois admis que les parties rapportent la preuve en un
exemplaire unique, qui vaut commencement de preuve par écrit, lequel peut être
complété par témoignage ou présomption. A défaut de tout écrit, le salarié peut
encore utiliser des présomptions ou des témoignages.
Convient de se référer au droit commun. Pour conclure un contrat, il faut une offre
et une acceptation. A cet égard, on peut évoquer les débats sur la distinction de la
qualification de promesse d’embauche et de simple offre.
La promesse d’embauche est un contrat qui ouvre une option au salarié de
l’accepter. L’employeur ne peut pas se rétracter d’une telle promesse. La levée de
l’option par le salarié dans les délais prévus forme le contrat de travail.
La C. Cass retient que l’écrit qui précise l’emploi proposé et la date d’entrée en
fonction constitue la promesse d’embauche.
C.Cass, pourvoi n°1419-068, 25 novembre 2015
14
Plusieurs arrêts sont venus distinguer la promesse d’embauche de l’offre d’emploi
(ordonnance 10 février 2016, portant réforme du droit des contrats).
L’offre est un acte unilatéral de l’employeur qui précise l’emploi, la rémunération, la
date d’entrée en fonction et la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation.
Elle ne peut être rétractée que si elle n’est pas encore parvenue à son destinataire
avant l’expiration du délai fixé par l’auteur, ou à défaut dans un délai raisonnable (C.
Cass, 21 sept 2017, pourvois n°16-20103 et 16-20104).
Certaines clauses peuvent être insérées dans le contrat de travail en vue d’étendre
le pouvoir de l’employeur.
D’autres types de clauses étendent plutôt le domaine du contrat.
Toute cette réglementation est issue d’une jurisprudence appelée Lebert, 10 juillet
1996, C. Cass, Ch. Sociale.
Les clauses obéissent à certaines règles, d’autant plus que cela étend son pouvoir.
Procède en 2 étapes :
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- Vérifier la validité des clauses. Toute clause limitant les droits des
personnes et les libertés individuelles ou collectives est en principe
nulle. Sa validité ne peut être admise par les juges que si l’employeur
rapporte la preuve que la clause répond aux exigences posées par l’art
L1121-1 Code du Travail.
Vérifier que la mise en œuvre des clauses ne se heurte pas à ses dispositions
(L1121-1 Code du Travail).
- Au moment de sa mise en œuvre, il faut que cette mise en œuvre réponde à
l’art L1121-1 Code du Travail, càd « Nul ne peut apporter aux droits des
personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne
seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées
au but recherché. ».
§1 La clause de mobilité
A tout le moins, il a été confirmé la validité d’une clause fixant ses limites
géographiques à celles du territoire français (C. Cass, 9 février 2014, pourvoi n°13-
11906 et s.). Est également valable la clause qui permet la mobilité dans l’un des
établissements actuels et futurs en France (C. Cass, 14 février 2018, pourvoi n°16-
23042).
Sont nulles les clauses de mobilités intragroupes.
Parfois il est même utilisé que l’employeur ait fondé sa clause sur une manière
loyale. Ne doit pas heurter les possibilités du salarié. Arrêt 13 janvier 2009, pourvoi
n°06-45562.
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Il est possible que le contrat de travail prévoie en plus de la rémunération fixe , l’octroi
d’une prime laissée à l’appréciation de l’employeur, laquelle peut diminuer.
Pour résumer, une clause du contrat de travail peut introduire dans le champ
contractuel un élément qui ne le serait pas en principe. A cette fin, il faudrait que le
contrat le prévoie expressément.
§3 La clause d’essai
Il y a également la clause d’essai. Au lieu de s’engager immédiatement et de
manière définitive, les parties peuvent convenir de procéder à un essai. La période
d’essai permet à l’employeur d’évaluer les compétences du salarié dans son travail,
notamment au regard de son expérience et au salarié d’apprécier si les fonctions
occupées lui conviennent. Art L1221-1 Code du Travail. La période d’essai ne peut
être prévue qu’au moment de l’embauche du salarié.
Les art L1221-19 et s. régissent l’essai en matière de CDI. La clause d’essai doit être
expressément stipulée dans la lettre d’engagement ou le contrat de travail. C’est à
celui qui s’en prévaut d’en apporter la preuve.
Elle est de 2 mois concernant les ouvriers et les employés, elle est de 3 mois pour
les agents de maîtrise et techniciens et 4 mois pour les cadres.
Le comité européen des droits sociaux semble prohiber toutes clauses d’essai d’une
durée supérieure à 1 an (CEDS, 12 mai 2012).
La nouvelle directive de 2019 fixe un minimum de durée de 6 mois, tout
renouvellement compris. Admet également des exceptions.
17
n°0744124 écarte la loi française ayant institué le contrat nouvelles
embauches comme étant contraire à la convention n°158).
Au regard de la catégorie d’emploi occupé, les juges doivent vérifier si la durée de
l’essai est raisonnable par application directe de la convention 158 de l’OIT (art 2
§2B)
C.Cass, Ch. Soc, 7 juillet 2021, pourvoi n°1922922
Il revient aux salariés de présenter les éléments de fait laissant supposer l’existence
d’une discrimination directe ou indirecte. Ensuite, il revient à l’employeur de prouver
que sa décision est justifiée par des éléments objectifs, étrangers à toute
discrimination.
C’est la même charge de la preuve en matière de harcèlement sexuel ou moral.
Par ailleurs, le droit de rompre le contrat n’est pas discrétionnaire. Le salarié peut
obtenir des dommages et intérêts s’il rapporte la preuve que l’employeur a agi par
malveillance à son égard ou avec une légèreté blâmable.
Ce n’est que dans des cas particuliers, limitativement énumérés par le législateur
que les employeurs et les salariés peuvent conclure un CDD.
Le principe est que l’on ne peut pourvoir durablement des emplois liés à
l’activité normale et permanente de l’entreprise en ayant recours à un CDD (art
L1242-1 Code du Travail).
Des règles spécifiques relatives à la rédaction du contrat de travail, aux droits des
salariés pendant l’exécution du contrat et à l’échéance du terme, à la clarification du
contrat en cas de renouvellement ou de conclusion de contrats successifs, s’y ajoute.
I) L’évolution législative
Le CDD a toujours été au cœur du débat. Après l’accord carbone européen sur le
travail à durée déterminée, mise en œuvre par une directive n°1999-70 CE, du
conseil du 28 juin 1999, le droit a été modifié une première fois.
La loi du 25 juin a ajouté une nouvelle forme de CDD, le contrat dont l’échéance est
la réalisation d’un objet défini (contrat de projet).
La loi du 17 août 2015 a porté le nombre de renouvellement possible d’un CDD d’1 à
2.
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II) Le droit de recourir au CDD
Quels sont-ils ?
A) L’absence
Un CDD peut être conclu pour remplacer un salarié absent en raison d’une maladie,
d’un congé, d’une maternité. Peut aussi être utilisé pour remplacer un salarié qui a
quitté l’entreprise avant la suppression du poste qu’il occupait.
Le recours au CDD est encore possible dans l’attente de l’entrée en service effective
d’un salarié recruté ou pour remplacer un salarié momentanément indisponible.
Enfin, le CDD peut être conclu pour compléter le travail accompli par un salarié
passé temporairement à temps partiel.
Actualité législative :
Loi du 5 sept 2018, a modifié l’état de droit à titre expérimental jusqu’au 30 décembre
2022. Finalement, une loi du 21 décembre 2022 a renouvelé cette expérimentation.
Dans cette expérimentation, s’agit de conclure un seul CDD pour remplacer
plusieurs salariés absents.
Toutefois, ce pic doit être corrélé à des évènements liés à des saisons ou au rythme
de vie collectif.
Peuvent être conclus dans certains secteurs d’activité, définis par décret ou par
convention/accord collectif étendus afin de pouvoir pourvoir des emplois pour
lesquels il est, dans ces secteurs, « d’usage constant » de ne pas recourir au CDD.
Ceci peut être lié à la nature de l’activité exercée et au caractère, par nature,
temporaire des emplois. Ce type de contrat dépend de l’activité exercée à titre
principal par l’employeur qui est visée soit par l’art D1242-1 Code du Travail
(enseignement, activités d’enquête ou de sondage, déménagement, …), soit par
convention ou accord collectif étendu.
§3 Les sanctions
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La sanction du non-respect des situations posées par la loi est la requalification
en CDI. Art L1245-1 Code du Travail.
C’est le conseil des Prud’hommes qui requalifie, et statue en procédure accélérée.
Enfin, il convient de signaler que le non-respect des règles de recours au CDD peut
également être sanctionnée pénalement. (art L1248-1)
Il convient de souligner que le CDD est établi par écrit. Il comporte la définition
précise de son motif. A défaut, le CDD est réputé conclu à durée indéterminée (art
L1242-12).
Ce même article prévoit d’autres mentions obligatoires :
- Poste de travail
- Le terme prévu
- Le nom et la qualification du salarié remplacé
§1 Le terme du CDD
Le terme du CDD doit être précis. Depuis les ordonnances de 2017, il faut d’abord
vérifier si convention ou accord de branche étendue relatif à la durée. A défaut,
maximum légal de 18 mois qui s’applique (art L1242-8-1). Existe des dérogations.
A l’échéance du contrat, les salariés ont en principe droit à une indemnité de fin de
contrat (art L1243-8 Code du Travail). Cette indemnité est appelée indemnité de
précarité. Elle est due à l’échéance du terme lorsque les relations contractuelles ne
se poursuivent pas par un CDI.
Indemnité pas généralisée car exclue des CDD saisonniers et des contrats
d’usage. Ce qui est intéressant c’est que des personnes ont cherché à contester
cette exclusion en justice car ils ont dit que problème d’égalité. Cette distinction ne
méconnaît ni le principe d’égalité (CC, 14 juin 2013, n°2014-402 QPC), ni le principe
22
de non-discrimination en fonction de l’âge (CJUE, 1er octobre 2015, C43214).
L’indemnité est calculée en fonction de la rémunération du salarié et de la durée du
contrat. Correspond en principe à 10% de la rémunération totale brute due au
salarié.
A) Le renouvellement
Consiste pour les parties à repousser le terme alors que les autres éléments du
contrat restent identiques. A défaut de stipulations d’une convention ou d’un accord
de branche étendue, le nombre maximum de renouvellements possibles est de 2.
B) La succession
Alors que la succession immédiate de CDD, sur des postes différents, n’est en
principe pas autorisée, et conduit à la requalification, il convient de mentionner
les exceptions.
Il s’agit de contrats pouvant remplacer un salarié absent (Ch. Soc, 17 novembre
2021, pourvoi n°20-18336),
La succession immédiate est également possible quand le contrat de travail est
suspendu pour effectuer un travail saisonnier, pour remplacer un salarié ou des
contrats d’usage (art L1244-1)
23
Titre 4 – Le maintien de l’emploi
Chapitre 1 – Le transfert d’entreprise
Le caractère intuitu personae du contrat de travail devrait conduire à la rupture de
celui-ci lorsque l’un des contractants n’est plus en mesure de l’exécuter.
En raison de l’effet relatif des contrats (art 1199 C. Civil), la cession de
l’entreprise entraînant le départ de l’employeur initial devrait logiquement
s’accompagner de la rupture des contrats liant l’employeur aux salariés engagés.
24
L’autonomie au sens de la C. Cass ou la poursuite d’un objectif propre au sens de
la CJUE est exclue dès lors que les juges relèvent que le service n’est qu’un
démembrement des services centraux de l’entreprise tant dans ses moyens
personnels que dans l’organisation de sa production. (Ch. Soc, 18 juillet 2000,
Société Perrier-Vittel France).
L’activité économique doit être organisée de manière stable et complète par d’autres
éléments. Renvoie à des éléments tels que le personnel la composant, son
encadrement, les méthodes d’exploitation ou encore le cas échéant, les moyens
d’exploitation à sa disposition (CJUE, 25 janvier 2001).
§2 L’acte de transfert
Il convient de préciser que les dispositions s’appliquent sans égard à la nature
conventionnelle du transfert, ou à sa qualification de fusion.
Art L1224-1 Code du Travail contient non limitativement différentes opérations
supposant un lien de droit entre les employeurs. Peut être une succession, une
vente, une fusion, une mise en société, …
L’art L1224-1 s’applique en l’absence d’un lien de droit entre les employeurs
successifs à tout transfert d’une entité économique conservant son identité et dont
l’activité est poursuivie ou reprise.
§3 La continuité de l’entreprise
L’activité économique de l’entité doit d’abord être poursuivie ou reprise. C’est le cas
alors même qu’il y a eu une interruption provisoire de l’activité. Elle doit encore viser
le maintien de l’identité de l’entité économique.
A cet égard, la C. Cass considère que des changements importants intervenant dans
les techniques de fabrication et dont les tâches confiées aux salariés ne sont pas
suffisantes pour nier l’identité de l’entité économique (Ch. Soc, 12 mai 1998).
25
A) La question spécifique du maintien de l’identité en
présence d’un transfert du secteur privé au secteur
public
26
Lorsque l’entité économique est transférée du secteur public administratif vers
le secteur privé, les fonctionnaires et agents publics ne peuvent pas invoquer le
bénéfice de la directive et les dispositions relatives au ?
Le législateur a toutefois adopté une disposition particulière, art L1224-3-1 introduit
par la loi du 3 aout 2009.
« Sous réserve de l'application de dispositions législatives ou réglementaires
spéciales, lorsque l'activité d'une personne morale de droit public employant des
agents non titulaires de droit public est reprise par une personne morale de droit
privé ou par un organisme de droit public gérant un service public industriel et
commercial, cette personne morale ou cet organisme propose à ces agents un
contrat régi par le présent code.
Le contrat proposé reprend les clauses substantielles du contrat dont les agents sont
titulaires, en particulier celles qui concernent la rémunération.
En cas de refus des agents d'accepter le contrat proposé, leur contrat prend fin de
plein droit. La personne morale ou l'organisme qui reprend l'activité applique les
dispositions de droit public relatives aux agents licenciés.»
Le contrat proposé doit reprendre les clauses substantielles du contrat dont les
agents sont titulaires. En cas de refus des agents d’accepter le contrat proposé, leur
contrat prend fin de plein droit, selon le droit qui régit les agents licenciés.
Toutefois, il s’agit de vérifier que le licenciement n’ait pas été prononcé pour éluder
(=contourner) l’application de l’art L1224-1.
Dans l’affirmative, càd s’il y a contournement, le licenciement serait privé d’effet
et le contrat de travail continuerait à produire des effets avec le nouvel employeur
(Ch. Soc, 20 janvier 1998, Guermonprez).
Dans ce cas, lorsque le repreneur de l’entité économique a proposé au salarié, avant
le terme du préavis, de continuer à exécuter le contrat, le salarié ne peut pas se
prévaloir du licenciement irrégulier en vue d’obtenir des indemnités de l’auteur du
licenciement. (CH. Soc, 11 mars 2003). Est considéré comme démissionnaire.
En revanche, lorsque le cessionnaire de l’entreprise ne s’est pas manifesté auprès
du salarié licencié, ce dernier peut à son choix demander au repreneur la poursuite
27
du contrat de travail inégalement rompu ou demander à l’auteur du licenciement
illégal la réparation du préjudice en résultant. (Ch. Soc, 20 mars 2002).
Enfin, il s’agit d’évoquer les cas des salariés dont le contrat de travail a été
rompu peu avant le transfert et qui sont ensuite engagés par le repreneur.
Selon la C. Cass, la démission donnée à l’ancien employeur ou le licenciement
prononcé par ce dernier, ne peut faire échec à l’application de l’art L1224-1 et l’acte
juridique demeure sans effet.
Hormis les cas relevant du champ d’application de l’art L1224-1, qui est d’ordre
public, il s’agit d’ouvrir une parenthèse sur la possibilité pour les employeurs
successifs d’organiser des transferts de contrats de travail. L’application
volontaire de la disposition peut soit être établie à titre individuel, soit résulter d’un
accord collectif.
Le transfert ne peut pas être imposé au salarié sans son accord. Si les parties
devaient avoir consenti au transfert conventionnel, le licenciement du salarié en
violation de celui-ci serait considéré comme nul. Le salarié peut demander soit le
maintien du contrat auprès du cessionnaire, soit l’indemnisation de son licenciement
nul auprès du cédant l’ayant licencié. (Ch. Soc, 10 nov 2021, pourvoi n°19-24302).
I) La maladie et l’accident
§1 L’indemnisation
La période de suspension dans l’hypothèse d’une maladie ou d’un accident,
d’origine non-professionnelle, s’initie par l’envoi par le salarié d’un arrêt de travail
établi par le médecin.
Pour un accident du travail, la période de suspension commence à la date de
l’accident qui est déclaré par l’employeur, ou à défaut par le salarié.
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travail. Le paiement des indemnités intervient pendant une durée maximale de 12
mois.
/!\ Peut aller jusqu’à 3 ans dans l’hypothèse d’une ALD.
L’employeur est tenu de compléter les indemnités journalières reçues jusqu’à 90%
du salaire pendant 30 jours et 60% pendant les 30 jours suivants. Art L1226-1 et
D1226-1.
Ces périodes de 30j sont augmentées en fonction de l’ancienneté et le complément
est plafonné à 180 jours.
Pour les salariés victimes d’un AT ou d’une MP, le licenciement est nul, sauf faute
grave du salarié ou impossibilité pour l’employeur de maintenir le contrat pour une
raison étrangère à la maladie ou l’accident. Art L1226-9 et L1226-13.
La faute grave ne peut résulter ici que d’un manquement du salarié à son obligation
de loyauté. Peut se référer à des comportements déloyaux pendant ou avant la
période de suspension.
Concernant l’impossibilité de maintenir le contrat, la C. Cass a décidé qu’il devait
s’agir d’une cause exceptionnelle telle que la cessation d’activité pure et simple. (Ch.
Soc, 15 mars 2005).
A cet égard, la présence de difficultés économiques ou l’application des critères
d’ordre du licenciement ne serait pas suffisante.
Les autres salariés concernés par des maladies non-professionnelles peuvent être
licenciés pour faute ou motif économique. L’employeur peut également démontrer
que la durée de l’absence du salarié, ou la répétition des absences rend nécessaire
son remplacement définitif. (Ch. Soc, 13 mars 2001, Herbaut).
Doit établir l’absence et la nécessité de procéder au remplacement définitif. En lisant
la jurisprudence, on constate qu’elle sanctionne plus les absences de courte durée
mais répétitives.
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La jurisprudence considère que le remplacement est définitif dès lors qu’il est
effectué dans des conditions similaires.
A) La visite de reprise
Le terme est en principe constitué par la visite de reprise effectuée par le médecin du
travail. Tant que la visite n’a pas eu lieu, le contrat de travail est toujours considéré
comme suspendu.
La visite est obligatoire après une MP, une absence de + de 30j consécutive d’un AT
ou une absence de +de 60j après un autre accident ou une autre maladie.
La visite doit être organisée le jour même de la reprise ou au plus tard dans les 8j de
celle-ci. Il convient de se rappeler que la visite a pour objet d’établir l’aptitude
médicale du salarié à reprendre son poste et à préconiser éventuellement des
aménagements de poste.
Au cas où un avis d’inaptitude serait rendu, celui-ci devrait répondre à une procédure
particulière comprenant des visites médicales ainsi que l’étude du poste et des
conditions de travail.
Enfin doit avoir lieu des échanges respectivement avec l’employeur et le salarié. Un
2nd examen n’a lieu que si le médecin l’estime nécessaire et se déroule dans les 15j.
Ch. Soc, 7 décembre 2022, pourvoi n°21-17927
B) La réintégration
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A la suite de la période de suspension du contrat de travail, l’employeur doit
réintégrer le salarié sur le fondement de l’avis d’aptitude. La réintégration doit
s’effectuer sur son ancien poste de travail, ou à défaut dans un emploi similaire.
L’inexécution de l’obligation de réintégration conduit à une indemnisation équivalente
à un licenciement nul. Arts L1226-15, L1235-3-1. Se cumule avec l’indemnité
compensatrice de préavis et l’indemnité spéciale de licenciement correspondant au
double de celle qui est accordée normalement.
C) Le reclassement
Le contrat de travail du salarié peut être visé par des modifications. Les réserves
contenues dans l’avis d’aptitude consistant en de nombreuses préconisations
d’aménagement du poste de travail. (Ch. Soc, 24 mars 2021, pourvoi n°19-16558)
La modification ne s’impose au salarié que s’il accepte.
Le contrat de travail peut être rompu. Le salarié licencié ne perçoit pas d’indemnité
compensatrice de préavis, dans la mesure où il n’a pas la possibilité d’exécuter son
préavis.
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En cas d’accident du travail, ou de MP, le montant de l’indemnité légale de
licenciement est doublé.
Dans cette dernière hypothèse, le salarié perçoit également l’indemnité
compensatrice de préavis.
Ici, licenciement sans cause réelle et sérieuse. Sont également dues les
indemnités de préavis et de licenciement.
§2 Le congé maternité
Durée de 16 semaines 6 semaines avant la date présumée de l’accouchement
puis 10 semaines après l’accouchement.
Si l’accouchement a lieu avant la date prévue, la salariée bénéficie de l’intégralité de
son congé par apport des périodes dues avant l’accouchement.
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Existe différentes hypothèses dans lesquelles le congé est allongé.
Pendant le CM, le contrat de travail est suspendu. Au terme du CM, la salariée
retrouve son emploi précédent, ou à défaut un emploi similaire avec rémunération =.
Art L1225-25 Code du Travail.
Sa rémunération tient compte des augmentations générales ainsi que de la moyenne
des augmentations individuelles perçues pendant la durée du CM par les salariés
relevant de la même catégorie professionnelle, ou à défaut de la moyenne des
augmentations individuelles de l’entreprise.
1) La protection absolue
2) La protection relative
La protection relative n’emporte pas interdiction de tout licenciement, càd qu’il est
possible qu’on soit licencié durant cette période en cas de faute grave ou
d’impossibilité de maintenir le contrat pour un motif étranger à la grossesse et
à l’accouchement.
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