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FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS

ECONOMIQUES ET DE GESTION AND MANAGEMENT


B.P.: 46 –MAROUA CAMEROUN P.O.BOX : 46 –MAROUA CAMEROUN
Département d’Analyse et Politique Economiques Economic Analysis and Policy Department
Email : fseg.uma@gmail.com Email : fseg.uma@gmail.com

HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES


Licence 1
Enseignants : Dr. ABDOUL KARIM et Dr. GOUENET Marcel
Date du cours ou du période du cours : Octobre 2022- Mars 2023
Code U.E : EG112
Semestre : 1
Durée de l’Enseignement : 45 h CM – 15h TPE(Exposé)

1. Objectifs

L’objectif de ce cours est de présenter aux étudiants de licence 1 une brève histoire
économique du monde jusqu’à la fin du 20 e siècle et de faire apparaitre les racines anciennes
plus récentes du développement économique. De façon spécifique, il est question de :
(a) D’expliquer les causes profondes du phénomène de l’industrialisation réussie en
Europe et dans les autres pays développés afin de mieux analyser les obstacles actuels
au développement des pays pauvres.
(b) Présenter succinctement les différentes crises du capitalisme ;
(c) Mettre en évidence l’évolution du système monétaire international ;
(d) Elucider le phénomène de mondialisation ainsi que ses implications.

2. Contenu

CHAPITRE 0 : Pourquoi étudier l’histoire des faits économiques ? (Dr Abdoul karim)
CHAPITRE 1 : La révolution industrielle et ses conséquences économiques (Dr Abdoul
karim)
CHAPITRE 2 : L’évolution du système monétaire international (Dr Abdoul karim)
CHAPITRE 3 : La transition économique et les principales crises du capitalisme (Dr Gouenet)
CHAPITRE 4 : La mondialisation (Dr Gouenet)

3. Prérequis nécessaires :
Les étudiants doivent avoir des connaissances préalables en introduction à l’économie

4. Compétences et apprentissages
Les compétences attendues au terme de ce cours tournent autour des éléments suivants :
(a) L’analyse des différentes vagues d’industrialisation et ses implications ;
(b) La maîtrise des faits marquant l’histoire économique du monde contemporain;
(c) La maîtrise des enseignements théoriques des différentes crises et surtout les
renouvellements des paradigmes en science économique ;
(d) La maîtrise des dimensions de la mondialisation et surtout ses implications sur les
pays en voie de développement.

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5. Programmes et calendrier

Semaines/Dates Contenus Objectifs pédagogiques


06 octobre 2022 Prise de contact et présentation ◘
de l’UE




6. Modes d’évaluation des apprentissages


◘ Contrôle continu (20 %)
◘ Travail personnel de l’Etudiant (10 %)
◘ Examen final (70 %).

7. Bibliographie :
◘ BAIROCH P. (1999), Mythes et paradoxes de l’histoire économique, Ed. LA
DECOUVERTE / Poche.
◘ BEAUD M. (2000), Histoire du capitalisme de 1500 à 2000, Éditions du Seuil,
nouvelle édition.
◘ BRASSEUL J. (2016), Petite histoire des faits économiques des origines à nos jours,
Ed Armand Colin, 5e édition, 2016.
◘ MAZEROLLE F. (2006), Histoire des faits et des idées économiques, Gualino éditeur,
Paris, 2006.

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CHAPITRE 0 : POURQUOI ETUDIER L’HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES

L’introduction du cours s’articule autour de trois points : la définition, l’intérêt du cours et le


contenu.

I- Qu’est-ce que l’histoire des faits économiques


L’histoire des faits économiques se trouve comme son nom l’indique au carrefour de deux
grands domaines de la connaissance à savoir l’histoire et l’économie. Elle est donc la fille de
deux parents longtemps séparés. Leur rencontre sur le terrain de l’histoire des faits
économiques ne va pas sans heurt dans la mesure où ces deux disciplines ont fait preuve non
seulement d’un grand dynamisme mais aussi d’une sorte d’impérialisme vis-à-vis des autres
disciplines. Ce qui la rend difficile à définir.

A- Histoire économique : fille de l’histoire


B- Histoire économique : fille de la science économique

DEFINITION : On peut définir l’histoire des faits économiques comme l’analyse des
phénomènes économiques du passé grâce aux méthodes des sciences historiques (analyse
de documents, récits, archives, prix, sources diverses...) mais aussi naturellement des
sciences économiques au sens des méthodes issues de l’ensemble des théories économiques
(classique, marxiste, néoclassique, keynésienne…) et analyse quantitative (économétrie et
modélisation). Ainsi, la question que l’on se pose est celle de savoir quel est l’intérêt pour un
économiste d’étudier l’histoire de faits économiques ?
II- Utilité de l’histoire des faits économiques
L’utilité de l’histoire des faits économiques peut être recherchée dans trois directions
possibles qui, sans doute complémentaires, font l’objet de préférence des économistes.
A- Instrument de culture
La première façon de considérer l’histoire des faits économiques est d’y voir un instrument de
culture générale. A ce titre, elle donne aux économistes le sens de la perspective historique.
Son apport consiste à montrer comment une science se construit à travers une série
d’influences et dans le choix de certains axes privilégiés. Selon Schumpeter, nul ne pouvait
comprendre les phénomènes économiques s’il s’est privé d’une dose convenable de sens
historique et que la plupart des erreurs en analyse économique sont dues au manque
d’expérience historique.

B- Affinement de la recherche en science économique


Une seconde façon de concevoir l’histoire des faits économiques consiste à y voir un
affinement possible de l’analyse économique. On peut alors estimer que l’étude des
phénomènes passés est susceptible de révéler des raisonnements et des rapports entre ces
raisonnements qui peuvent s’avérer importants pour les recherches actuelles.

C- Réhabilitation des paradigmes


Une troisième manière de concevoir l’utilité de l’histoire des faits économiques, la plus
féconde, est de réhabiliter l’importance des paradigmes 1 dans notre discipline ou si on préfère

1
Un ensemble de modèle appartenant à une famille des penseurs.
3
utiliser un langage plus simple, de prendre conscience que les économistes n’observent
l’économie du même endroit et ne poursuivent un but commun, l’évolution des concepts et
des outils analytiques de l’économie peuvent difficilement détachés de l’environnement dans
lequel ils se sont développés ou des problèmes spécifiques qui les ont inspirés.

III- Objectif et contenu du cours d’histoire des faits économiques


L’objectif de ce cours est de présenter aux étudiants de licence 1 une brève histoire
économique du monde jusqu’à la fin du 20 e siècle et de faire apparaitre les racines anciennes
plus récentes du développement économique, d’expliquer les causes profondes du phénomène
de l’industrialisation réussie en Europe et dans les autres pays développés afin de mieux
analyser les obstacles actuels au développement des pays pauvres. Ainsi, l’histoire aura
pleinement rempli son rôle qui ne se limite pas à la connaissance du passé mais qui doit
surtout permettre de mieux comprendre les sociétés contemporaines et par là servir de guide à
l’action.
Le cours de cette année s’articule autour de 4 chapitres (confère syllabus)

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CHAPITRE I : LA REVOLUTION INDUSTRIELLE ET SES
CONSEQUENCES SOCIALES (Par Dr. ABDOUL KARIM)
Le terme révolution industrielle a été utilisé pour la première fois en 1837 par l’économiste
français Adolphe BLANQUI dans son ouvrage intitulé « Histoire de l’économie politique »
pour désigner le processus de changement technologiques, économiques et sociaux observés
an Angleterre vers les années 1760. Ensuite, en 1884, l’expression révolution industrielle a été
vulgarisée par le grand historien britannique Arnold TOYNBEE pour désigner le processus
historique du XIXe siècle du fait basculer de manière plus ou moins rapide selon les pays et
les régions une société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et
industrielle dont l’idéologie technicienne et rationaliste. La révolution industrielle (RI) est
considérée comme le tournant le plus décisif de l’histoire de l’humanité puisqu’elle a impacté
presque tous les aspects de la vie en société (agriculture, transport, politique, démographie…).
Des nombreuses tâches quotidiennes autrefois faites à la main comme la couture, la
construction, la production d’aliments et des vêtements étaient désormais réalisées par les
machines. La révolution industrielle est à l’origine du capitalisme industriel qui règne jusqu’à
nos jours. Elle a aussi inspirée les grands économistes dont Adam Smith (le père de la théorie
économique libérale qui publia « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations » en 1776) et Karl Marx (le père du collectivisme qui publia « le capital », une
critique sociale du capitalisme libéral).

Dans ce chapitre, nous cherchons à comprendre les différentes vagues d’industrialisation en


essayant non seulement d’en identifier les principaux facteurs mais aussi et surtout d’analyser
les mutations survenues et ses implications. Comme la RI émerge de façon décalée dans le
temps et dans l’espace, le chapitre sera articulé autour de trois sections : la RI en Angleterre
(Section I), l’industrialisation dans les autres pays (Section II) et les conséquences sociales de
la RI (Section III)

SECTION I : LA REVOLUTION INDUSTRIELLE EN ANGLETERRE

La RI a démarré en Angleterre en 1760 pour ensuite s’étendre dans le reste de l’Europe


occidentale. Des nombreux facteurs ont permis à l’Angleterre de jouer un rôle pionnier dans
le déclanchement de la RI. D’abord, elle disposait d’importants stocks de charbon et d’acier à
l’époque, qui étaient des éléments essentiels pour les industries. Ensuite l’Angleterre était une
société politique stable et disposait du plus grand empire colonial dans le monde, ce qui lui
donnait la possibilité de s’approvisionner facilement en matières premières d’une part et
d’autre part de disposer d’importants marchés pour écouler sa production des biens
manufacturés. Lorsque la demande des biens manufacturés augmentait, les marchands étaient
amenés à rechercher des méthodes de production économiquement plus efficaces ; ce qui les a
conduit à mettre sur pied un système basé sur la manufacture et la mécanisation. Les
principaux facteurs ayant favorisé le déclenchement de la révolution industrielle sont :

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I-1 LA NOUVELLE VISION DE L’ETAT : ETAT GENDARME

I-2 PROGRES AGRICOLE ET REVOLUTION INDUSTRIELLE

I-3 REVOLUTION DU TRANSPORT

I-4 LE FACTEUR DEMOGRAPHIQUE

Dans la plupart des économies contemporaines, la croissance démographique rapide est


perçue comme un problème. Certains pays développés qui avaient pendant les années 1650 et
1960 réussi le planning familial (limitation ou rationalisation des naissances) connaissent
aujourd’hui le revers de la médaille : le vieillissement de la population. En Europe et
Amérique du Nord, le vieillissement de la population est considéré comme un obstacle au
développement de ces pays qui sont obligés de se tourner vers l’Afrique pour favoriser une
immigration sélective, c’est-à-dire celle de la main d’œuvre qualifiée pourtant l’Afrique noire
se plaint au même moment de la jeunesse de sa population qu’elle trouve comme obstacle à
son développement.

Le rôle du facteur démographique dans le processus de développement est donc une question
d’actualité dont on peut trouver les éléments de réponse dans l’histoire de la révolution
industrielle anglaise.

En fait, la population anglaise qui évoluait jusque-là en dent de scie a commencé à


s’accroitre régulièrement et rapidement dès 1750. Elle a doublé en 1771 et 1831, quadruplé
entre 1800 et 1914, passant de 10 millions à 40 millions d’habitants. On se demande quelles
ont été les causes de cette explosion démographique, et surtout on se pose la question de
savoir si cette explosion démographique a été la cause ou la conséquence de la RI ?

I.4.1 les causes de la poussée démographique

Les premières analyses ont attribué cette poussée démographique à la baisse de la natalité
due elle-même au progrès de la médecine. Mais compte tenu du fait que le premier vaccin n’a
été appliqué qu’en 1796 (vaccin anti variole de Jenner). Les recherches ultérieures ont
relativisé l’importance de la chute de la mortalité pour une explosion démographique, qui a
commencé dès les années 1750. La croissance démographique de la période 1750 – 1800 ne
saurait donc s’expliquer par le progrès de la médecine. Plus tard, les chercheurs ont attribué
l’explosion démographique de la période 1750 – 1800 à un double phénomène : le déclin de la
natalité associé au maintien voire à l’augmentation des taux de natalité. En Angleterre, ce
processus est très rapide le taux de mortalité chute rapidement de 37% en 1750 à 22% en
1830 et le taux de natalité augmente de 33.8% à 37% sur les mêmes périodes. Tout en
excluant l’hypothèse que ces deux phénomènes résulteraient du progrès de la médecine, les
chercheurs se sont tournés vers les facteurs économiques pour expliquer ce double
phénomène.
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Le principal facteur économique mis en exergue est l’accroissement de la production
agricole. Une alimentation abondante et diversifiée peut expliquer la chute de la mortalité et la
hausse de la natalité. Le progrès de l’agriculture est donc la cause première de l’explosion
démographique. Cependant, à elle seul, elle n’aurait pas suffi, le progrès de la médecine est
certainement venu renforcer l’effet de l’accroissement et de la diversification de la production
agricole.

I.4.2) la poussée démographique : facteur de développement

L’exemple anglais montre que la poussée démographique est favorable au


développement économique si les conditions et les structures de production sont bonnes. En
effet, l’accroissement de la population signifie que désormais la demande adressée aux
entreprises peut s’accroitre, mais aussi qu’il y a de la main d’œuvre pour permettre à ces
entreprises d’augmenter leur production si elles ont du capital et si l’environnement
institutionnel est favorable. Toutefois, à la fin de 18e s, THOMAS MALTHUS présente une
vision pessimiste de la relation entre croissance démographique et croissance de ressources. Il
annonce la loi de population selon laquelle la population, livrée à elle-même, aurait tendance
à croitre selon une progression géométrique (1, 2, 4, 8) alors que les moyens de subsistance ne
pourraient connaitre qu’une progression arithmétique (1,2,3,4…). L’auteur préconise
l’abstinence sexuelle et le mariage tardif, qui permettent de borner volontairement la
croissance de la population. Le non-respect de ces conditions débouche tôt ou tard sur la
surpopulation (multiplication des pauvres) avec la misère et la famine. KARL MAX conteste
avec vigueur la vision de MALTHUS. Il n’y a pas la loi naturelle et universelle de la
population. En effet, le processus de « reproduction humaine » est un produit du niveau de
développement et du système économique. Selon lui, la surpopulation c’est-à-dire l’excès de
l’offre de travail, telle qu’elle apparait au XIXe s, dérive du processus de production
capitaliste : il n’y a pas excès des hommes mais sous-utilisation de la population ouvrière ; la
sous consommation résulte faible niveau de salaire et du sous-emploi.

La révolution industrielle infirme la loi de la population car la croissance démographique a


non seulement alimenté l’industrie en main d’œuvre, mais aussi élargi les marchés.

I-5 LA MULTIPLICATION DES INVENTIONS A LA BASE DE LA R.I

La R.I n’aurait eu lieu sans les multiples inventions qui ont permis de dépasser les
méthodes artisanales. Une question importante est souvent posée pour permettre de
comprendre le phénomène de génération et de multiplication de ces inventions : pourquoi
autant d’inventions à la même période en Angleterre ? étaient – elles le fait du génie des
inventeurs ou étaient – elles le fait d’un environnement global favorable ?

I.5.1) Quelques inventions majeurs

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Les inventions majeures qui ont déclenché et entretenu la RI ont eu lieu dans le secteur
textile est dans l’industrie sidérurgique ; mais le plus important, celle qui a eu le plus grand
effet d’entrainement sur l’économie anglaise fût.

SESTION II : L’INDUSTRIALISATION DANS LES AUTRES PAYS

II-1 L’INDUSTRIALISATION TARDIF DU JAPON

Selon W. Rostow, le décollage industriel du Japon intervient au cours de la période 1880-


1890. Jusqu’alors distancé par les économies occidentales, le Japon connait un développement
économique rapide.

1. Le décollage industriel

a) La révolution Meiji

Jusqu’aux années 1850-1860, le Japon était une société féodale entretenant peu des relations
avec l’occident. L’empereur détient une forte autorité religieuse mais ne dispose pas de
pouvoir politique. Celui-ci est assumé par le Shôgun (généralissime) placé au sommet de la
hiérarchie des seigneurs (daymiô). Ce dernier s’appuie sur les samourai, chargés des fonctions
militaires. Ces catégories dominent une société composée pour l’essentiel des paysans (85%
de la population active).

Vers les années 1850-1860, le Shôgun est contraint par les occidentaux d’ouvrir plusieurs
ports aux navires étrangers et d’adopter le libre-échange. Pour une partie des classes
dirigeantes, ces évènements révèlent la faiblesse du Japon par rapport aux puissances
occidentales ; le shôgun est alors contesté et il est renversé en 1868. L’empereur Mutso Hito
assume le pouvoir politique et ouvre « une ère des lumières » (Meiji) au cours de laquelle le
Japon enclenche son processus d’industrialisation.

b) L’essor industriel

La croissance industrielle résulte en partie des transformations de l’agriculture. La production


agricole s’accroit sous l’effet de la hausse des rendements de la terre du fait de l’usage des
engrais naturels et de l’irrigation, mais les techniques de production restent toujours
traditionnelles : l’utilisation de nouveaux équipements agricoles n’intervient que à la veille de
la première guerre mondiale. La croissance de la production agricole favorise l’augmentation
de la population : de 37 millions en 1850, elle passe à 51 millions en 1913. Ainsi, la demande
globale s’accroit et l’industrie dispose d’une main d’œuvre peu coûteuse. De plus, les
exportations des produits agricoles (thé, riz…) financent en partie les importations et la
hausse des revenus agricoles alimente la demande des produits industriels. Par ailleurs, l’Etat
institue en 1873 un impôt couvrant les trois quarts de ses recettes qui lui permet de financer
les infrastructures et l’investissement industriel.
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La croissance industrielle s’appuie sur le développement de l’industrie légère, notamment le
textile (soie, tissus et fils de coton). L’essor du chemin de fer intervient dans les années 1870
et se traduit par une hausse des importations (rails…) car un traité de 1866 interdit au Japon
de mettre en œuvre un tarif protecteur ; il faut attendre le début du XXe siècle pour que la
métallurgie et la sidérurgie se développent à l’abri d’une politique commerciale devenue
protectionniste.

2. Les caractéristiques spécifiques d’un décollage tardif

a) Un Etat très actif

Conformément à l’analyse d’A. Gerschenkron, l’Etat se substitue à l’initiative privée pour


combler au plus vite un retard très important à l’égard des puissances industrielles
occidentales. Ainsi, il attire des spécialistes étrangers chargés de former leur successeur
japonais ; il envoie plusieurs missions d’étude et des stagiaires en occident. Parallèlement, il
institue des écoles techniques et développe l’instruction publique.

Dans le domaine des infrastructures, il prend en charge la construction et la gestion des lignes
de chemin de fer et puis incite les entreprises privées à le faire ; il construit des routes, des
ports… Au cours des années 1870, il crée des entreprises publiques (manufactures textiles,
cimenteries, chantiers navals, mines…) qu’il revend à bas prix au secteur privé, au cours des
années 1880. Ces entreprises privatisées élargissent le périmètre d’activité des Zaïbatsu,
grands groupes familiaux de nature conglomérale, dont les dirigeants collaborent étroitement
avec les représentants de l’Etat. Par ailleurs, à la fin du siècle, l’Etat met en œuvre une
politique commerciale protectionniste, à l’abri de laquelle l’industrie nationale se diversifie.

b) Le rôle des relations avec l’extérieur

Jusqu’aux années 1890, par souci d’indépendance et du fait de la défiance des investisseurs
occidentaux, le Japon recourt faiblement à l’endettement extérieur. De même, les
investissements des firmes occidentales sont très limités. Au début du XXe siècle, la
participation des capitaux étrangers au développement industriel japonais est nettement plus
forte sans pour autant entamer l’indépendance financière du pays.

Le commerce extérieur joue un rôle important dans l’essor industriel du pays : la part des
importations dans le revenu national passe de 5% entre 1885-1889 à 16% en 1914 ; celle des
exportations de 6% à 15%.

Jusqu’aux années 1890, la soie brute représente presque la moitié des exportations :
l’industrie textile est donc dopée. A partir de la fin des années 1890, la part des produits
manufacturés s’accroît (30% en 1914) ; les produits de l’industrie cotonnière (fils et tissus) y
occupent une grande place. Jusqu’aux années 1890, les importations sont principalement

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constituées des biens d’équipement qui dynamisent le tissu industriel, la part des matières
premières (dont le coton) augmente (plus de 50% en 1914).

A la fin du XIXe siècle, le Japon dévient une puissance impérialiste. Sous l’égide de l’Etat
l’industrie d’armement se développe et une flotte puissante est constituée. Une guerre
victorieuse contre la Chine (1894-1895) permet au Japon d’annexer Formose et de recevoir
une forte indemnité de guerre en or et en livres sterling qui constitue la garantie du yen-or,
institué en 1897. Un second conflit victorieux contre la Russie (1904-1905) renforce sa
position en Asie. En 1910, la Corée est annexée. L’empire offre aux zaïbatsu de nouvelles
sources d’approvisionnement en matières premières. C’est également une zone d’accueil pour
une population japonaise devenue très dense.

La mort de Mutsu Hito parque la fin de l’ère Meiji mais pas celle de l’industrialisation :
l’économie japonaise n’atteint pas encore le niveau des puissances occidentales mais un
processus irréversible est déclenché.

II-2 DECOLLAGE ECONOMIQUE DE LA RUSSIE

En 1928, l’Union soviétique avait une population quatre fois supérieure à celle de la Grande
Bretagne, mais une production industrielle quatre fois moins importante que la production
industrielle britannique. Cette situation arriérée s’expliquait par l’histoire antérieure de la
Russie caractérisée par le maintien d’institutions et d’usages anachroniques par rapport à
ceux de l’Europe occidentale. A titre d’exemple, le servage avait disparu en Angleterre au
milieu du XVIe siècle ; alors qu’en Russie, deux siècles plus tard, 15 millions d’habitants sur
19 étaient de serfs. Le servage n’a été aboli ici qu’en 1861, un siècle après le début de la
révolution industrielle en Angleterre.

Ces obstacles sociaux, institutionnels et structurels, doublés du manque d’esprit d’entreprise


chez les particuliers, ont déterminé l’Etat à jouer un rôle déterminant dans le processus
d’industrialisation de la Russie. Les premières tentatives de décollage, sous l’impulsion du
Gouvernement de Pierre Legrand (1682 – 1725), inspirées par la nécessité de renforcer
l’armée et la marine de guerre (utilisation des fonds publics et des techniciens étrangers) n’ont
pas connu le succès souhaité. Ce n’est qu’en fin du XIX e siècle et au XXe siècle que le
véritable décollage industriel a été enregistré en Union Soviétique. L’Etat y a joué un
véritable rôle d’entrepreneur. Le gouvernement a financé la construction du réseau
ferroviaire russe ; la Banque d’Etat a aidé les entreprises privées ; le gouvernement a
favorisé l’arrivée des techniciens étrangers et l’introduction des techniques étrangères ; par
10
des taux douaniers il a protégé les industries nouvelles en Russie. Le rôle du gouvernement
dans la planification indicative russe, était plus important que celui de l’Etat dans la liberté
économique en Angleterre.

Mais on ne peut pas apprécier l’efficacité de cette planification indicative russe puisque
quelques années seulement après le début du démarrage, c’est la révolution et la première
guerre mondiale. On assiste à une refonte radicale de la vie politique, sociale et économique
russe. Une planification rigide et le règne absolu de l’Etat – acteur économique remplacèrent
la planification indicative et l’existence des entreprises privées respectivement. Par la
coercition, l’Etat communiste sacrifia la consommation des populations pour relancer les
investissements ; freina l’agriculture pour favoriser l’essor de l’industrie ; mit l’accent sur
l’enseignement des sciences et des techniques. Par ces moyens, l’Etat Communiste obtint
rapidement une production industrielle supérieure à celle de chaque pays d’Europe ; et la
Russie se classa seconde derrière les USA avant la fin de la première moitié du XX e siècle.

Bien que la réussite de l’Union Soviétique montre qu’un développement économique rapide
peut également être obtenu sous un étatisme rigide, on peut identifier et reconnaître quelques
erreurs d’approche :

- Premièrement du fait de la priorité accordée à l’investissement et à l’industrie au


détriment de la consommation et de l’agriculture, le secteur agricole et l’industrie des
biens de consommation ont souffert, freinant de ce fait l’industrie lourde (industrie des
biens de production) que l’Etat voulait propulser. La leçon qu’on en tire est que dans
une industrie précapitaliste, la révolution agricole doit précéder celle de l’industrie
afin qu’une interaction positive favorise l’essor de deux secteurs. En effet, le progrès
de l’agriculture enrichit le monde rural et augmente la demande paysanne des biens de
consommation. Ainsi, l’industrie des biens de consommation (industrie légère) ainsi
que l’industrie lourde (industrie des biens de production) prospèrent en chaine :
l’agriculture tire l’industrie de bien de consommation qui à son tour entraine
l’industrie lourde, sans négliger l’effet positif de la mécanisation de l’agriculture sur
l’essor de l’industrie lourde.

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- Deuxièmement, la planification communiste a fait perdre à la Russie l’efficience
économique qui caractérise le système de marché. Cette perte a surement été
responsable du déclin économique précoce de l’Union Soviétique. En effet, dès le
début des années 1990, des économistes et même des dirigeants Russes deviennent de
plus en plus conscients de la nécessité de rechercher l’efficience économique en
ménageant le jeu des forces du marché. L’économiste LIBERMAN E. G a insisté en
1962 sur la nécessité d’entreprendre des réformes dans ce sens. En 1965, une version
du « libéralisme » est mise en œuvre dans des entreprises industrielles.
Progressivement, cette volonté de réforme a muri et a abouti à la fin des années 1980 à
la Perestroïka qui a réintroduit le système économique de marché dans plusieurs Etats
de l’ex – Union Soviétique.

II.3 LA CROISSANCE ECONOMIQUE DES ETATS – UNIS

Dans l’étude de l’histoire de l’expansion américaines, on relève l’importance des facteurs liés
à l’évolution démographique, des circonstances du début de l’industrialisation, et on retrace
son parcours intéressant depuis le statut de colonie anglaise jusqu’à leur position dominante à
l’époque de la première guerre mondiale

II.3 - 1 : LE FACTEUR DEMOGRAPHIQUE

Les Etats –unis ont enregistré une forte expansion démographique. En 1790 (au lendemain du
traite de Versailles qui fit accéder a l’indépendance les 13 colonies américaines de
l’Angleterre en 1783) la population des Etats – unis d’Amérique ne dépasse pas 4 millions
d’habitants alors que la France en compte déjà 25 millions, la grande – Bretagne 15 millions.
En 1880, les USA comptent 50 millions d’habitants et sont déjà le pays le plus peuplé du
monde occidental. Les USA en comptaient 150 millions en 1950.

Mais cette augmentation rapide de la population laissait relativement faible la densité de la


population grâce à l’extension progressive des territoires vers l’Ouest. Ce n’est qu’en 1950,
quand la conquête de l’ouest s’est achevée, que la densité de la population est passée à 19
habitants au kilomètre carré contre 8 seulement en 1890. L’Amérique a l’avantage d’être à
l’abri de la pression démographique que connaissaient alors les pays d’Europe : en 1950 la

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densité de la population était de 310 au kilomètre carré au Pays – Bas, 282 en Belgique, 208
au Royaume – Uni et 76 en France.

La prise de l’Ouest, en plus de stabiliser la densité de la population, a construit les bases


spirituelles de la puissance américaine : l’amour de la liberté et de la démocratie sont
l’héritage de l’individualisme et de la société démocratique de l’Ouest.

Cette formidable expansion démographique est imputable à l’évolution de la natalité et de la


mortalité, mais également à l’immigration. De 1820 à 1920, 36 millions d’immigrants
arrivèrent aux USA alors que 11 millions seulement en repartirent. Ces migrants venaient
d’Angleterre, d’Allemagne, d’Europe méditerranéenne et d’Europe de l’Est.

II.3 - 2 : LES CIRCONSTANCES DE L’INDUSTRIALISATION AMERICAINE

Trois obstacles majeurs ont freiné l’industrialisation des USA : la domination économique de
l’ancienne métropole, la rareté de la main – d’œuvre et l’absence de voies de communication.

Avant l’indépendance, la politique coloniale de l’Angleterre visait à conserver à son profit la


division du travail entre la métropole et les colonies en freinant le développement industriel
de ces dernières. Selon cette division du travail, les colonies exporteraient vers la métropole
les matières premières et les produits alimentaires. Ce maintien dans l’économie primaire
concourait à faire des USA une source d’approvisionnement en matières premières et les
produits et un débouché certain pour les exportations anglaises des produits manufacturés.

Après l’indépendance politique, les USA vont encore rester pendant plusieurs décennies sous
cette domination économique de l’Angleterre ; ils vont rester dans cette division coloniale du
travail. L’insuffisance de l’épargne productive et l’absence des moyens de transports
contribuaient à perpétrer cette dépendance de l’économie américaine vis-à-vis des
producteurs et des banquiers anglais. Un indice de cette domination économique anglais est
l’évolution des échanges entre l’Angleterre et les anciennes colonies. En ce qui concerne les
USA, les importations américaines en provenance de la Grande-Bretagne, en valeur annuelle
moyenne de la période 1783 – 1789, diminuèrent de 14% par rapport à la moyenne annuelle
de la période 1768 – 1774 ; tandis que les importations britanniques en provenance des USA
diminuèrent de 49% entre ces mêmes périodes. Les USA, pays neuf, ne pouvaient se passer
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des produits manufacturés offerts par la Grande-Bretagne tandis que celle-ci pouvait trouver
plus facilement d’autres sources d’approvisionnement en produits agricoles et en matière
premières.

II.3 - 3 : L’EVOLUTION DE LA PRODUCTION

Le démarrage industriel a commencé au Nord-Est des USA à partir des années 1830. La
production des industries de transformation atteignait 86.280.000$ dans le Massachussetts en
1837, 124.750.000$ en 1837, 124.750.000$ en 1845. L’industrie textile a, comme dans le cas
d’Angleterre joué un rôle prépondérant. Les effets d’entrainement de l’industrie textile ont été
accrus avec l’invention de la machine à coudre par l’américain ELIAS HOWE en 1846. La
construction du chemin de fer a également joué un rôle moteur en développement de
l’industrie métallurgique et en favorisant les échanges entre les régions agricoles et
industrielles. Entre 1839 et 1899, la production industrielle américaine, est passé de 1.094
millions de $ à 11.751 millions, soit un taux de croissance décimal moyen de 48,5%. Pendant
cette période, la population américaine a été multipliée par 5 et la production globale par 11 ;
la production par tête s’est donc multipliée par 2,5 en 60 ans.

La croissance économique américaine s’est effectuée en entrainant des modifications


structurelles de la production. La part de l’agriculture dans la production totale est passée de
72% en 1839 à 33% en 1899, pendant que celle de l’industrie augmentait de 17% à 53%. Ce
phénomène caractéristique du développement économique a été constaté dans tous les pays
qui s’est sont industrialisés.

SECTION III : LES CONSEQUENCES SOCIALES DE L’INDUSTRIALISATION

Les nombreuses inventions qui ont marqué la révolution industrielle se sont traduites par la
fabrication des machines et l’augmentation rapide de l’investissement. Cette orientation des
ressources vers l’investissement (accumulation du capital) a eu des conséquences néfastes sur
le niveau de vie. Au cours de premières décennies de la révolution industrielle, on a
également assisté à une exploitation des ouvriers par les capitalistes ; l’histoire de cette
confrontation entre les forts et les faibles résume l’évolution du syndicalisme ouvrier.

III-1 CAPITALISME INDUSTRIELLE ET NIVEAU DE VIE


14
Les conséquences de l’accumulation rapide du capital ont été les mêmes dans les économies
capitalistes du XIXe siècle que dans l’économie socialiste soviétique pendant l’entre deux-
guerres. Suivant la rigueur méthodologique, pour comparer les mécanismes de croissance et
du développement dans différents pays, il faut prendre ces pays au même niveau du processus
d’industrialisation. C’est pourquoi nous pouvons comparer les économies capitalistes du
XIXe siècle et l’économie russe des années 1917-1939. En effet, en 1913, la production
industrielle de la Russie était égale à celle des Etats-Unis en 1877. Au lendemain de la
révolution de 1917, l’économie russe était alors comparable aux économies capitalistes du
XIXe siècle.

Dans ces deux économies et sur les périodes indiquées, la construction des usines et des
machines, c’est-à-dire l’investissement, a été remarquable. Cet investissement n’a été réalisé
qu’au prix d’importantes restrictions de la consommation. La Russie soviétique et les pays
capitalistes de la révolution industrielle ont fait subir à l’ensemble des travailleurs, par des
mécanismes radicalement opposés, les mêmes conséquences sociales de l’industrialisation. La
restriction de la consommation parfois au seuil de la misère, a été le prix des débuts de
l’industrialisation dans les deux pays. François Perroux écrit : « chaque pays ne peut élever
l’investissement d’une période sans diminuer la consommation et … ne peut élever le niveau
de vie des générations ultérieures, sinon en imposant un sacrifice aux consommations
possibles dans le présent. Aucune économie ne peut étendre sans délai et à gré ses ressources
disponibles, c’est-à-dire ne peut échapper au principe de la répartition économique en face
des tâches croissantes, des ressources limitées, pendant une période »2.

Cette restriction de la consommation a été imposée par le marché dans le système libéral
américain (et dans tous les pays capitalistes au moment de la révolution industrielle) alors
qu’elle a été dictée par l’Etat dans le système collectiviste. Mais comment s’obtenait cette
réduction de la consommation au bénéfice de l’investissement ?

Dans les économies capitalistes, l’offre de la main d’œuvre augmentait plus rapidement que la
demande, mettant les employeurs en position de force vis-à-vis des ouvriers. Les employeurs
en ont profité pour verser des salaires de subsistance ou « salaires de famine » aux ouvriers.

2
François Perroux, La coexistence pacifique, PUF, 1958, Tome 1, P.22
15
Ce qui a accru l’inégalité de des revenus, qui freine la consommation et augmente la capacité
d’épargne des capitalistes. On parle de la loi d’Airain, loi de maintien des salaires au niveau
de subsistance : si les salaires vont au-delà du niveau de subsistance, les employés subitement
accroitront la natalité, ce qui accroitra la population active, gonflera le chômage et le salaire
retombera au niveau de subsistance. Le salaire de subsistance est celui qui est juste suffisant
pour permettre à l’employé de renouveler sa force de travail et de produire son remplacement
sur le marché de travail à son départ à la retraite. Il ne permet pas de faire beaucoup d’enfants,
compte tenu des coûts d’entretien et d’éducation de ceux-ci.

Le salaire ainsi bloqué, la répartition des revenus devenait progressivement inégalitaire au


profit des employeurs. Ces derniers pouvaient alors financer des investissements plus
importants. La capacité de production augmentait ainsi au prix d’une réduction ou d’une non-
augmentation de la consommation ouvrière. Non peut donc dire que qu’une répartition
équitable qui aurait attribué aux ouvriers une masse salariale plus élevée, aurait ralenti le
processus d’industrialisation. Pouvons-nous en déduire que la recherche de justice sociale
(lutte contre la pauvreté, réglementation du marché du travail…) est un frein au
développement des pays d’Afrique de ce siècle ? Autrement dit, une plus grande inégalité
entre riches et pauvres, entre capitalistes et ouvriers, peut-elle favoriser le développement
économique des pays sous-développés ?

John Maynard Keynes écrivait en 1920 dans les conséquences économiques de la


paix : « L’Europe (celle du XIXe siècle) était organisée socialement et économiquement de
telle sorte que l’accumulation du capital fût possible… la structure sociale orientait une
grande partie de l’augmentation du revenu vers la classe sociale la moins susceptible de la
consommer…

C’était précisément cette inégalité dans la distribution de la richesse qui a rendu possible
cette vaste accumulation du capital fixe et le progrès technique qui ont été la marque
distinctive de cette époque. C’est cela la justification essentielle du régime capitaliste »

Dans l’économie socialiste russe, ce n’est pas le marché mais l’Etat qui a réduit la
consommation des populations. La loi d’Airain a cédé la place à l’Etat, et les résultats ont été
les mêmes. L’Etat russe, entre 1917 et 1939, a réduit significativement et autoritairement la
16
consommation pour favoriser les investissements. Le libéralisme économique et la
planification totalitaire peuvent donc aboutir aux mêmes conséquences en ce qui concerne le
volume de l’investissement et de la consommation.

III-2 REVOLUTION INDUSTRIELLE ET SITUATION OUVRIERE

La révolution industrielle a dégradé la situation ouvrière en Angleterre, en France et même


aux Etats-Unis. Il était prévu par les économistes classiques que les travailleurs subiraient à
jamais les caprices des capitalistes employeurs. « L’homme qui, en échange des produits réels
et visibles du sol, ne peut offrir que son travail, propriété immatérielle, et qui ne peut subvenir
à ses besoins de chaque jour que par un effort de chaque jour, est condamné par la nature à
se trouver presque absolution à la merci de celui qui l’emploi… il n’est pas possible que les
arguments philanthropiques aient jamais assez de force pour déterminer la masse des
employeurs à augmenter les salaires des employés : car c’est par un ensemble des
circonstances inéluctables - que ni patron, ni l’ouvrier ne peuvent modifier à leur gré – que
sont réglées les demandes de celui-ci et les concessions de celui-là », écrit EDE en 1797 dans
the state of the poor Mais les entrepreneurs sont allés plus loin en exploitant abusivement
femme et enfant.

En Angleterre, l’exploitation du travail des enfants et des femmes était d’ailleurs encouragée
par le gouvernement en place. On rapporte que « lorsque les manufacturiers anglais vinrent
dire à M. PITT que les salaires élevés de l’ouvrier les mettaient hors d’état de payer l’impôt »,
il répondit par « prenez les enfants ». C’est ainsi que dès l’âge de 4 ans, les enfants étaient
obligés de travailler par la société anglaise. Ils étaient soumis à un discipline cruelle,
travaillaient environ quatorze heures par jour.

En France, en plus des salaires insuffisants, du travail interminable et accablant,…, les


ouvriers étaient à la merci de la maladie et du chômage, leur emploi dépendait entièrement
des caprices du marché libre. Le travail des enfants qui restaient 16 à 17h par jour, fut
dénoncé dès la fin des années 1840.

La même misère ouvrière ne fut pas vécue aux Etats-Unis où l’insuffisance de la main
d’œuvre favorisait le paiement des salaires raisonnables. Avant 1840, le salaire réel de

17
l’ouvrier qualifié était plus élevé aux Etats Unis qu’en Angleterre. Contrairement aux pays
d’Europe, le progrès technique n’a pas induit l’exode des paysans vers les villes américaines.
L’expansion vers l’ouest résorbait toujours la main d’œuvre rurale supplémentaire, les
entreprises industrielles du Nord-Ouest ne pouvaient embaucher que les immigrants. C’est
ainsi que l’introduction de la machine n’a pas créé de chômage aux Etats Unis.

III-3 DROIT DU TRAVAIL ET SYNDICALISME

Au début du développement capitaliste dans les pays développés, l’Etat et les employeurs ont
refusé aux employés une protection légale susceptible de limiter la durée du travail, de leur
permettre d’exiger une amélioration des conditions de travail et de rémunération. Mais peu à
peu, le droit de travail s’est constitué et le mouvement syndical s’est développé.

A- La naissance du droit du travail


En Angleterre, pour la première fois le 22 juin 1802, une loi réglementant le droit des enfants
fut adoptée. Elle comportait les prescriptions sanitaires, la séparation de dortoirs garçons de
ceux des filles, la limitation de la durée du travail, l’obligation des employeurs d’envoyer les
enfants à l’école…, et surtout l’inspection du travail du travail pour vérifier l’application de
ces dispositions et sanctionner les contrevenants.

Les patrons protestèrent d’abord contre cette atteinte à leur liberté (pétition du 11février
1802), avant de trouver les moyens de contourner cette loi qui ne s’appliquait pas aux enfants
recrutés sans contrat d’apprentissage. En 1833, une loi créa des inspecteurs de travail
permanents dans l’industrie textile, tous rémunérés par l’Etat. En 1844, une nouvelle loi sur le
travail des femmes et des enfants fut adoptée. Elle ramène le travail des enfants à une mi-
temps, l’autre demi-journée devant être consacré à l’école.

En France, la première loi dans ce domaine, celle de mars 1841, était également consacrée au
travail des enfants. Cette législation, plus sévère que celle prise par l’Angleterre en 1802, eut
pourtant une moindre portée réelle, faute d’un système d’inspection. En février 1848, le
gouvernement créa la « commission du Luxembourg » où employeurs et ouvriers sont
représentés, et c’est sur proposition de cette commission que la loi du 02 mars 1848 réduisit la
journée de travail à 10h et à 11h dans les autres provinces.

18
B- Les débuts du syndicalisme ouvrier
A la différence du droit de travail qui s’est constitué progressivement par le pouvoir public, le
mouvement syndical est l’émanation des ouvriers eux-mêmes ; il se constituait même de haute
lutte, conte la volonté de l’Etat et de la classe bourgeoise.

Les premières associations ouvrières vinrent le jour en Angleterre dans l’industrie textile
pendant la seconde moitié du 18 e siècle. En 1799, le parlement est saisi d’une pétition des
constructeurs des moulins demandant à être protégés d’une dangereuse coalition ouvrière
formée contre eux. Bien sûr, William Pitt réagit favorablement et fit adopter la même année
une loi interdisant toute coalition ouvrière. Le droit à la coalition ne sera plus reconnu aux
ouvriers qu’en 1823, après une campagne déclenchée par Francis Plate en 1822. Les années
1820 virent une multiplication des associations ouvrières qui furent finalement trop
nombreuses pour être efficaces. Mais en 1834, Robert Owen va regrouper toutes ces
associations dans son Great Consolidated Trade Union. Trop puissant, le Great Consolidated
Trade Union fut interdit par le gouvernement et ses premiers adhérents condamnés pour
activités illégales.

CONCLUSION

En présentant l’exemple de la révolution industrielle dans les pays développés, l’on espère
attirer l’attention des étudiants sur certains favorables ou défavorables au développement
économique des pays d’Afrique Noire contemporains. L’un de ces facteurs est le facteur
institutionnel (lois, règlements, cultures, habitudes, etc.) : l’Afrique Noire n’a pas encore subi
la révolution institutionnelle qui la rendrait capable de prendre le train du capitalisme
mondial. Un autre facteur important est d’ordre démographique : tous les gouvernements
d’Afrique Noire ont, en ce début du 21e siècle, des difficultés à contenir la jeunesse de leurs
populations ; ils ont fini par présenter cette jeunesse comme un problème. En réalité, la
jeunesse d’une population est un atout pour le développement des pays qui savent planifier et
exploiter cette main d’œuvre abondante.

19
Par ailleurs, nous retenons que les inventions n’interviennent que pour résoudre un problème
auquel la société fait face. Il n’y a pas d’invention ex-nihilo. Mais ces inventions ne sauraient
avoir un impact sur les économies que si elles sont suivies d’innovations.

Les voies de communication sont aussi présentées comme un facteur qui a eu un effet positif
important sur les économies développées du 18 e siècle. Elles restent le véritable obstacle au
développement des pays d’Afrique Noire dont certaines régions demeurent enclavées et
inaccessibles. Tant que les différentes régions d’un pays ne peuvent pas être reliées par des
voies fiables (routes, chemins de fer, voie aérienne), ce pays ne doit pas aspirer à un
développement économique rapide.

20
CHAPITRE II : L’EVOLUTION DU SYSTEME MONETAIRE
INTERNATIONAL (SMI) par Dr. ABDOUL KARIM
Le système monétaire international désigne le mode d’organisation des paiements
internationaux, c’est-à-dire des relations qui existent entre les différentes monnaies nationales.
Ces relations entre les monnaies doivent elles-mêmes refléter les rapports de force entre les
différentes économies nationales. Jusqu’à la 1ere guerre mondiale, les paiements
internationaux étaient organisés autour de l’or, dans un système dit étalon-or, caractérisé par
la primauté de la livre sterling et la puissance économique du Royaume Uni. Mais dès 1919,
avec la montée de l’économie américaine et du dollar, le système d’étalon-or se transforme en
système de change-or ou Gold Exchange Standard. Ce système sera en vigueur jusqu’à la fin
de la 2nde guerre mondiale. Au lendemain de cette dernière, un autre système qualifié de
Bretton woods fut adopté comme système monétaire international.

SECTION I- LE SYSTÈME D’ETALON-OR

Lorsqu’on évoque le système de l’Etalon-or, on retient sur le plan théorique deux idées
principales : l’usage exclusif de l’or comme moyen de paiement international, et la garantie
d’un équilibre automatique intérieur et extérieur des économies nationales. C’est pour cela
que, devant les déséquilibres économiques cumulatifs du monde contemporain, la réflexion
sur ce système dans ses origines, dans la théorie qui le sous-entend ainsi que dans ses
mécanismes de fonctionnement revêt une importance particulière.

I.1 LES ORIGINES DE L’ETALON-OR

Les origines de l’Etalon-or se situent dans l’échec du bimétallisme or-argent. En effet, au


cours du XIXe siècle, trois systèmes concurrents ont existé dans le monde : le
monométallisme-or, le monométallisme-argent, et le bimétallisme or-argent. La production
abondante de l’or dans la seconde moitié du siècle favorisa la disparition monométallisme-
argent et consacra la primauté et la généralisation du monométallisme-or. Lorsque le stock
d’or mondial augmenta de 13.000 tonnes entre 1848 et 1900, tous les pays qui pratiquaient le
monométallisme-argent abandonnèrent l’argent et optèrent pour l’or afin de stabiliser le prix
du métal jaune. Certains adoptèrent monométallisme-Or, d’autres le bimétallisme or-argent.

21
I.1.1 Le monométallisme-or

On dit qu’un pays pratique le monométallisme-or lorsque la valeur de sa monnaie nationale


est donnée en rapport au seul métal or.

Au cours du XIXe siècle, l’Angleterre est le premier pratiquant et défenseur du


monométallisme-or instauré en Angleterre par la loi de 1816. Cette loi donna une définition-
or de la valeur de la Livre Sterling : une Livre Sterling vaut 7,988 grammes d’or fin. La
Livre est la principale monnaie du Royaume-Uni avec pouvoir libératoire tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur mais cette loi crée également une monnaie secondaire appelée le Shilling. Un
Shilling vaut 1/20 de la Livre ou 5,23 grammes d’argent fin. Le rapport entre la valeur-or de
la livre, la valeur argent du Shilling et la valeur du Shilling en Livre permet alors de
déterminer la valeur de l’or en agent et vice-versa.

1 Livre 7,988 grammes d’or fin

1= (1/20) Livre 5,23 grammes d’argent fin

On en déduit le poids argent, la valeur argent du Livre : 20 x 5,23 grammes = 104,6 grammes.

La valeur monétaire de 104,6 gramme d’argent fin est donc la même que celle de 7,988
grammes d’or fin. L’or vaut alors 14,29 fois plus que l’argent.

Les pièces d’or frappées librement et ont cours libératoire illimité tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur. Le pouvoir libératoire signifie que ces pièces sont acceptées dans tous les
paiements. Des billets (monnaie fiduciaire) gagnés sur l’or, c’est-à-dire émis suivant une
rigueur stricte et en fonction du stock d’or, ont également pouvoir libératoire à l’intérieur et à
l’extérieur.

Par contre, les pièces d’argent dont la frappe est limité et contrôlée n’ont cours légal et
pouvoir libératoire qu’à l’intérieur de l’économie anglaise. Elles servent ainsi exclusivement
comme monnaie d’appoint.

Le Bank Act de 1844 lia étroitement l’émission des billets à l’encaisse-or. Les billets émis et
en circulation doivent être entièrement couverts par l’encaisse métallique, c’est-à-dire que la
valeur de tous les billets en circulation ne devrait pas excéder celle du stock d’or disponible à
22
la Banque d’Angleterre. Cette loi visait tout simplement à assurer la convertibilité illimitée
des billets en or.

On voit donc que du point de vue de ce système monétaire international, l’Angleterre


pratiquait le monométallisme-or pendant XIXe siècle. L’émission des billets et des pièces
d’or ayant cours libératoire illimité à l’intérieur et à l’extérieur était strictement liée au stock
d’or. C’est le fonctionnement du système de l’Etalon-or.

I.1.2 Le bimétallisme- or-argent

Dans certains pays par contre, l’émission des billets était fondée simultanément sur l’or et
l’argent. Les pièces d’or et d’argent sont frappées librement et ont pouvoir libératoire illimité.

En France par exemple, suivant la loi du 23 mars 1803, un France Germinal était défini par
une pièce de 5 grammes d’argents fin. Cette loi précisait aussi qu’on pouvait frapper 155
pièces de 20 francs avec 1 Kg d’or fin, c’est-à-dire que 20F x 155 = 3.100F avec 1.000
grammes d’or fin, soit 3,1 Francs pour 1 gramme d’or fin. (faire tout simplement la règle de
trois).

On en déduit que la valeur monétaire de l’or fin était de 15,5 fois celle de l’argent fin. Tel fut
le rapport légal et fixe entre la valeur monétaire des deux métaux. De plus, l’émission de la
monnaie fiduciaire était fondée simultanément sur l’or et l’argent.

Dès le début de la seconde moitié du XIXe siècle, le fonctionnement du bimétallisme est mis
à mal à cause de l’écart qui s’est créé entre le rapport légal de la valeur deux métaux et le
rapport commercial. En effet, à cause de la disparition de l’étalon argent (monométallisme
argent), et de l’adoption par plusieurs pays du monométallisme-or, la valeur commerciale de
l’argent ne cessa de chuter par rapport à celle de l’or.

C’est ainsi que l’or s’installa comme le principal moyen de paiement international. Les pays à
régime bimétalliste. Utilisaient alors prioritairement l’or dans leurs paiements extérieurs, car
les pays pratiquant le monométallisme-or ne pouvaient accepter le règlement de leurs
créances en argent qu’à la valeur commerciale dépréciée de ce métal. Il était alors plus
économique pour les pays bimétallistes de régler leurs paiements en or, perdant ainsi l’or (le

23
précieux métal) et gardant l’argent (moins précieux). C’est pour cela que l’économiste
Gresham dit que La mauvaise monnaie classe la bonne. Le stock d’or des pays
monométallistes s’augmentait alors que celui des pays bimétallistes baissait.

Afin d’arrêter la saignée-or des pays bimétallistes, il faut stabiliser le prix commercial de
l’argent au tour de son prix officiel. C’est ce qui expliqua les mesures de suppression de la
frappe illimitée des pièces d’argent ainsi que de leur pouvoir libératoire prises dans certains
pays : les USA en 1878, les pays de l’Union Latine (France, Italie, Suisse, et Belgique) en
1865. Ces pays ont démonétisé l’argent. L’or est resté alors le seul roi, le monométallisme-or
s’est installé presque partout ces mesures ont en effet transformé les derniers bimétallismes
officiel en un monométallisme de fait.

I.2 THEORIE ET MYTHE DE L’ETALON-OR

L’Etalon-or tel qu’il a fonctionné jusqu’à la première Guerre Mondiale avait des
caractéristiques essentielles qui se conjuguaient pour assurer l’équilibre automatique des
balances de paiement extérieurs. Pour faire jouer pleinement ces forces automatiques, les
autorités monétaires des différents pays étaient tenues d’observer certaines règles du jeu dans
la conduite de la politique monétaire.

I.2.1. Les caractéristiques de l’étalon-or

Comme système international, l’étalon-or avait les caractéristiques suivantes :

- L’unité monétaire nationale de chaque pays était définie par un certain poids d’or (par
exemple 100F correspond à 2 grammes d’or). La Banque Centrale était tenue
d’acheter et de vendre de l’or (ou au voisinage de ce prix).

- Les pièces de monnaie en or étaient frappées librement mais en respectant le poids


d’or (par exemple 100F correspond à 2 grammes d’or). La Banque Centrale était
tenue d’acheter et de vendre de l’or à ce prix (ou au voisinage de ce prix).

- Les pièces de monnaie en or étaient frappées librement mais en respectant le poids


d’or (par exemple une pièce de 2f doit contenir 2/5 grammes d’or) ; et les billets

24
étaient totalement convertibles en or (c’est-à-dire tout détenteur de billet pouvait
exiger l’équivalent-or auprès de la Banque Centrale).

- Le taux de change entre deux monnaies, c’est-à-dire le rapport entre les valeurs de ces
devises, était déterminé par le poids d’or contenu dans chacune d’elles.

- Les mouvements internationaux (importation et exportation) de l’or étaient libres, ils


déterminaient la masse monétaire dans chaque pays. Du fait de cette liberté des
mouvements internationaux, l’équilibre économique intérieur dépendait de l’équilibre
extérieur et vice-versa. En effet, lorsque le compte extérieur d’un pays était
excédentaire l’or affluait dans le pays et la masse monétaire gonflait. Le gonflement
de la masse monétaire créait l’inflation qui décourageait les exportations et
encourageait les importations, faisant ainsi disparaitre l’excédent du compte extérieur
de l’économie nationale. En cas de déficit extérieur, les mêmes forces automatiques se
mettaient en branle, en sens inverse, aboutissant au rééquilibre de la balance.

I.2.2 Les règles du jeu

C’est un ensemble des dispositions de politique monétaire destinées à accompagner les forces
vertueuses de stabilisation contenues dans le système de l’étalon-or. Ainsi :

- Lorsque la balance extérieure est déficitaire et que l’or es par conséquent entraine de
sortir du pays, la Banque Centrale était tenue d’augmenter le taux d’escompte, c’est-à-
dire le prix de l’argent, afin d’accélérer la déflation étant donné que la déflation
relancera les exportations en décourageant les importations, pour un retour rapide à
l’équilibre de la balance extérieure.

- En cas d’excédant extérieur, la Banque Centrale était tenue de baisser le taux


d’escompte, ce qui devrait accélérer l’inflation, et rétablir rapidement l’équilibre du
compte extérieur.

- L’Etalon-or du 19e siècle a donc eu pour principal avantage d’assurer l’équilibre


automatique du compte extérieur et la stabilité du taux de change des pays
participants. C’est ce qui explique la quasi-inexistence de déséquilibre insurmontable

25
de balance des paiements pendant le 19e siècle, ainsi qu’un développement
harmonieux de toutes les économies l’ayant adopté. Ces avantages ont été présentés et
soutenus par les défenseurs de l’étalon-or et les partisans du retour à ce système
monétaire international dont l’économiste Français Jacques Rueff (1963).

Keynes avait plus tôt (1923) que les règles du jeu de l’étalon-or amenaient les autorités
monétaires nationales (Banque Centrale) à sacrifier l’équilibre économique intérieur, la
stabilité des prix intérieurs, l’emploi intérieur, bref la bonne santé de l’économie nationale,
sur l’autel de la stabilité des taux de change et des relations économiques internationales.
Keynes se montrait ainsi partisan de la supériorité des objectifs internes sur les objectifs
externes, d’une économie nationale forte comme objectif prioritaire de toute politique
économique.
SECTION II SYSTEME MONETAIRE DE 1944 à 1971 OU SYSTEME DE BRETTON
WOODS

SECTION III SYSTEME MONETAIRE DE 1972 à NOS JOURS

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