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LA DÉMOCRATIE
AU PÉRIL
DES PRÉTOIRES
DE L’ÉTAT DE DROIT
AU GOUVERNEMENT DES JUGES
Les tribunaux ne pourront prendre directement ou
indirectement aucune part à l’exercice du pouvoir législatif, ni
empêcher ou suspendre l’exécution des décrets du Corps
législatif, sanctionnés par le Roi, à peine de forfaiture.
L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION
DU JUGE
Genèse
LE CONTRÔLE DE PROPORTIONNALITÉ
UNE NOTION AMBIGÜE
LA RÉPUGNANCE À CONTRAINDRE
LES RÉVISIONS CONSTITUTIONNELLES
LE RÉFÉRÉ ADMINISTRATIF
Les procédures d’urgence (référés administratifs) ont transfiguré le
visage de la juridiction administrative, lui permettant d’agir en temps
réel sur l’action des administrations.
Il existe plusieurs types de référés administratifs. Le référé-liberté
occupe une place maîtresse dans cette panoplie. La lecture de l’article
L. 521-2 du code de justice administrative, issu de la loi du 30 juin
2000, suffit à mesurer sa puissance et à comprendre son succès :
« Saisi d’une demande en ce sens justifiée par l’urgence, le juge des
référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde
d’une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit
public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d’un
service public aurait porté, dans l’exercice d’un de ses pouvoirs, une
atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se
prononce dans un délai de quarante-huit heures. » Cet article confère
donc au juge le pouvoir de prendre, dans les délais les plus brefs,
« toute mesure » nécessaire à la protection d’une liberté fondamentale.
Jadis limité à l’annulation des actes administratifs pour excès de
pouvoir et à la condamnation d’une personne publique à verser une
indemnité en réparation d’une faute ou d’une rupture d’égalité devant
les charges publiques, le pouvoir du juge administratif conquiert, avec
le référé-liberté, un nouvel horizon : la capacité de dicter sa conduite
à l’administration au nom des libertés. Il réalise aussi le rêve secret du
juge administratif : faire acte d’administrateur sans être assujetti aux
servitudes de l’administration.
Grâce au référé-liberté, le juge administratif est devenu l’ange
gardien diligent, tangible et efficace du respect des libertés
fondamentales, qu’il conçoit de façon ouverte et libérale. Son mode
d’intervention direct, son vis-à-vis avec les parties en présence
(responsables administratifs et demandeurs), le caractère oral de la
procédure, tous éléments familiers aux tribunaux administratifs mais
inhabituels au Conseil d’État, font du juge des référés-libertés une
sorte de super juge de paix n’hésitant pas, à l’occasion, à donner aux
parties des consignes de négociation.
On n’en donnera qu’un exemple, tiré de la crise sanitaire. Les 1er
et 3 avril 2020, le juge des référés du Conseil d’État tient deux
audiences de plusieurs heures en présence de représentants du
personnel pénitentiaire, des personnes détenues et du ministère de la
Justice. Dans sa décision, il examine le détail des revendications et
vérifie que les mesures déjà prises et celles annoncées lors des
échanges permettent de réduire le risque de contamination au sein des
prisons. Ainsi, s’agissant des mesures demandées par le syndicat de
personnels pénitentiaires, il note que le ministère s’est engagé durant
l’audience à satisfaire la demande des personnels avec une dotation
suffisante de gants à usage unique pour les contacts directs avec les
détenus et une nouvelle livraison de 2 500 litres de gel
hydroalcoolique par semaine. Il rappelle que le ministère a décidé
d’imposer le port d’un masque chirurgical à l’ensemble des agents se
trouvant en contact à la fois direct et prolongé avec les personnes
détenues. Un stock de 260 000 masques chirurgicaux, relève-t-il, a
déjà été alloué à l’administration pénitentiaire à cet effet et la ministre
s’est engagée à assurer, sans rupture, l’approvisionnement de façon à
satisfaire l’ensemble des besoins journaliers (deux masques par agent
pour chaque jour de présence, soit 17 600 masques). En revanche,
contre l’avis de l’administration, le juge des référés estime que le
régime « Portes ouvertes », qui consiste à laisser les portes des cellules
ouvertes pour permettre la circulation des détenus, doit être maintenu
car il est de nature à éviter des tensions et des risques de troubles au
sein des établissements.
Le succès du référé-liberté est tel que c’est aujourd’hui la question
de la self restraint du juge qui se pose. C’est que la procédure du
référé-liberté porte en germe diverses dérives : extension de la notion
de « libertés fondamentales » à toutes sortes de droits, y compris les
droits-créances (droits à) ; acception trop large de l’urgence ou des
« atteintes graves et manifestement illégales à une liberté
fondamentale » ; injonctions trop détaillées (le juge faisant alors office
d’administrateur) ; mesures non immédiatement utiles à la cessation
de l’atteinte alléguée ; prescriptions impossibles (matériellement ou
financièrement) à exécuter.
Le juge des référés du Conseil d’État, bien que généralement plus
prudent que celui des tribunaux administratifs, cède parfois à la
tentation de l’interventionnisme, non sans répercussions importantes
sur la conduite des politiques publiques lorsque l’acte, à l’encontre
duquel les mesures de sauvegarde sont demandées, est un décret
réglementaire.
Tel est le cas du décret du 30 mars 2021 portant diverses mesures
relatives au régime d’assurance chômage. Le 22 juin 2021, le juge des
référés-suspension du Conseil d’État suspend l’entrée en vigueur des
nouvelles règles de calcul de l’allocation chômage figurant dans ce
décret, en considérant que la conjoncture économique et le marché
du travail sont trop incertains pour que ces règles prennent effet le
1er juillet 2021. Avec les nouvelles règles de calcul de l’allocation
chômage, le gouvernement souhaitait favoriser l’emploi durable en
rendant moins favorable l’indemnisation chômage des salariés
alternant périodes d’emploi et périodes d’inactivité. Alors même que
le contexte économique s’améliore ces dernières semaines, estime le
juge des référés du Conseil d’État, de nombreuses incertitudes
subsistent quant à l’évolution de la crise sanitaire et ses conséquences
économiques sur la situation de celles des entreprises qui recourent
largement aux contrats courts pour répondre à des besoins
temporaires. Or, en cas de mauvaise conjoncture, ces nouvelles règles
de calcul des allocations chômage pénaliseraient de manière
significative les salariés de ces secteurs, qui subissent plus qu’ils ne
choisissent l’alternance entre périodes de travail et périodes
d’inactivité. L’appréciation à laquelle se livre ainsi le juge des référés
du Conseil d’État relève d’une expertise prévisionnelle qu’il ne
possède pas. Subjective, elle sera démentie par l’évolution ultérieure
du marché de l’emploi : les intentions d’embauche des entreprises en
2021 sont supérieures à ce qu’elles étaient en 2019, et de nombreux
secteurs font état de difficultés de recrutement.
DU CAPRICE DU PRINCE
AU CAPRICE DU JUGE
Le juge contre l’État régalien
LAÏCITÉ ET COMMUNAUTARISME
LA LOI « ANTI-CASSEURS »
LA LOI « SÉCURITÉ GLOBALE »
LA HAINE EN LIGNE
LES RÉSERVES D’INTERPRÉTATION
Lorsqu’il exerce son contrôle sur les lois ou sur les règlements des
Assemblées parlementaires, le Conseil constitutionnel n’a, en
principe, à répondre que par « oui » ou par « non » à la question :
« Telle disposition est-elle ou non contraire à la Constitution ? » Ce
choix binaire ignore le fait que, souvent, une disposition méconnaîtra
ou non la Constitution selon la façon dont elle sera interprétée ou
appliquée. Va-t-on la censurer du seul fait qu’une interprétation ou
une application inconstitutionnelle est possible ? Pour échapper à ce
dilemme, le Conseil constitutionnel a élaboré la technique des
réserves d’interprétation. Thierry Di Manno en donne la définition
suivante : « Par cette technique non prévue par les textes et purement
prétorienne, le Conseil constitutionnel s’affranchit du carcan du
schéma décisionnel binaire, pour agir directement sur la substance
normative de la loi afin de la mettre en harmonie avec les exigences
constitutionnelles. »
La technique des réserves d’interprétation, qui n’est pas propre au
juge constitutionnel français, permet de déclarer une disposition non
contraire à la Constitution à condition qu’elle soit interprétée ou
appliquée de telle ou telle façon énoncée par le juge. En émettant une
réserve d’interprétation, le Conseil constitutionnel ajoute donc
nécessairement au texte qui lui est soumis. C’est pour la bonne cause
si (et seulement si) l’intention de l’auteur de la norme n’est pas
faussée, que la mise en œuvre de cette norme n’est pas entravée,
qu’elle est seulement guidée dans une direction respectueuse des
règles et principes constitutionnels et que sa censure est évitée
(comme est évité un laborieux retour devant le Parlement).
La première réserve d’interprétation a été émise en 1959, à la
naissance du Conseil, à propos du règlement de l’Assemblée nationale
(2 DC du 17 juin 1959). La première réserve relative à une loi l’a été
dans la décision du 30 janvier 1968 sur la loi relative aux évaluations
servant de base à certains impôts directs locaux. C’est donc une
méthode anciennement pratiquée. Mais elle s’est considérablement
développée depuis les décisions sur la loi « sécurité et liberté »
(20 janvier 1981) et sur les entreprises de presse (11 octobre 1984).
Les réserves d’interprétation sont vertueuses lorsqu’elles
n’ajoutent pas indûment à la loi et ne dénaturent pas la volonté du
législateur. Ainsi, dans sa décision sur la loi de financement de la
sécurité sociale pour 2003 (no 2002-463 DC du 12 décembre 2002),
le Conseil constitutionnel admet sous deux réserves la
constitutionnalité d’un article qui prévoit de fixer par arrêté un « tarif
de responsabilité forfaitaire » pour tous les médicaments relevant d’un
même « groupe générique ». Il règle ainsi le problème d’égalité d’accès
aux soins posé par un dispositif qui laisse à la charge du patient, sans
encadrement, la partie du prix excédant le tarif de responsabilité. Ces
deux réserves sont les suivantes : en premier lieu, des mesures
d’information et de sensibilisation devront être prises auprès des
médecins, des pharmaciens et des patients pour promouvoir l’usage
des produits génériques dans tous les cas où un tarif de responsabilité
serait instauré ; en second lieu, l’arrêté déterminant ce tarif ne devra
pas fixer celui-ci à un niveau méconnaissant le principe d’accès de
tous aux soins garanti par le onzième alinéa du préambule de la
Constitution de 1946.
Mais il existe aussi des réserves qui sont si directives, qui ajoutent
si substantiellement à la loi qu’elles amendent celle-ci au-delà de
l’intention du législateur, voire contre cette dernière. Ainsi, par une
décision du 24 janvier 2017, le Conseil constitutionnel, statuant sur
deux questions prioritaires de constitutionnalité transmises par la
chambre criminelle de la Cour de cassation, valide à nouveau le
principe des contrôles d’identité sur réquisition du procureur de la
République, mais en émettant trois réserves d’interprétation d’une
précision fort contraignante : la détermination des lieux et périodes de
contrôle doit être en lien avec la recherche des infractions visées par la
réquisition ; le respect de la liberté d’aller et venir fait obstacle au
cumul de réquisitions portant sur des lieux et périodes différents qui
conduiraient à des contrôles généralisés dans le temps et l’espace ; les
réquisitions ne peuvent avoir pour finalité le contrôle de la régularité
du séjour des étrangers.
LA CENSURE PRESCRIPTIVE
« L’AFFAIRE DU SIÈCLE »
DES SECOUSSES SYSTÉMIQUES
LA RÉVOLTE POLONAISE
LA PÉNALISATION
DE LA VIE PUBLIQUE
Le désir du pénal
L’AFFAIRE BENALLA
L’AFFAIRE FILLON
LES AFFAIRES SARKOZY
Avoir confiance dans la justice de son pays, ne pas critiquer
publiquement ses arrêts : voilà des exigences démocratiques
auxquelles je me sentirais viscéralement tenu si certaines des choses
que j’avais apprises, quant au fonctionnement de la justice pénale
dans une société démocratique, avaient encore incontestablement
cours en France.
L’affaire dite des « écoutes », dite aussi « affaire Bismuth », survient
en 2014. Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog sont accusés
d’avoir voulu influencer un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert
Azibert, pour qu’il les renseigne sur des procédures les concernant,
s’agissant notamment de la restitution d’un agenda présidentiel saisi
dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Nicolas Sarkozy, Thierry
Herzog et Gilbert Azibert sont condamnés en mars 2021 à trois ans
de prison, dont deux ans avec sursis, pour « corruption et trafic
d’influence », ainsi que violation du secret professionnel et son recel.
Thierry Herzog cumule une interdiction d’exercer la profession
d’avocat pendant cinq ans. Les trois prévenus ont fait appel du
jugement.
On m’avait appris qu’une qualification pénale aussi infamante que
le trafic d’influence – ou que la corruption – devait reposer sur des
preuves solides. Ou, à défaut de preuves (on en chercherait en vain
dans ce dossier), que de telles qualifications, visant un ancien chef de
l’État, un haut magistrat et un avocat honorable, devaient se fonder
sur un faisceau d’indices graves, précis et concordants.
Où trouve-t-on ce faisceau d’indices à l’encontre de MM. Sarkozy,
Herzog et Azibert ? Comment se contenter d’une simple construction
intellectuelle rapprochant deux bribes de conversation, extraites de
sept mois d’interception cavalière de communications téléphoniques
entre un avocat et son client : la première sur l’état d’esprit (tel que
pouvait le percevoir M. Azibert qui n’était pas membre de la chambre
criminelle) du collège de magistrats de la Cour de cassation, qui
devait statuer sur la demande de M. Sarkozy tendant à la récupération
d’agendas saisis dans le cadre d’une affaire précédente ; la seconde
évoquant, par la bouche de Me Herzog, le souhait de M. Azibert
d’occuper des fonctions juridictionnelles à Monaco ? L’« amitié
étroite » relevée par les attendus du jugement entre MM. Sarkozy
et Herzog, et entre ce dernier et M. Azibert, vaut-elle présomption de
culpabilité ?
On m’avait appris qu’un pacte de corruption ou qu’un trafic
d’influence se définissait par un échange de services (ou une tentative
effective d’échange de services) constituant une atteinte à l’autorité de
l’État (intitulé du titre du code pénal dans lequel ces infractions sont
définies). Où trouve-t-on ce pacte en l’espèce ? Le service qu’aurait
rendu M. Azibert en influant sur la délibération de ses collègues n’a
pas été esquissé, comme en attestent les membres de la formation de
jugement concernée, laquelle d’ailleurs a pris une décision
défavorable à M. Sarkozy ; la contrepartie n’a pas non plus été tentée,
comme l’affirme la défense sans être démentie par le dossier, et
comme en attestent les autorités monégasques. La chronologie
montre, en outre, qu’à l’heure où le pacte aurait dû être consommé,
M. Azibert n’était plus intéressé par le poste, qui n’était d’ailleurs
considérable ni par le prestige, ni par la rémunération. Et où voit-on,
dans cette affaire, un préjudice subi par la collectivité ?
On m’avait appris que l’audience apportait au déroulement d’un
procès équitable une valeur ajoutée inestimable, tant pour le respect
des droits de la défense que pour la manifestation de la vérité. En
l’espèce, la défense a présenté une argumentation dont la solidité a
frappé tous les observateurs. Or les attendus du jugement rendu le
1er mars en tiennent si peu compte qu’on les dirait rédigés avant
l’audience.
On m’avait appris que ni les réquisitions, ni les attendus d’un
jugement pénal ne devaient comporter d’éléments inutilement
désobligeants à l’égard des prévenus. Ce n’est guère le cas en l’espèce.
On m’avait appris que la peine devait être nécessaire et
proportionnée à la gravité des faits commis. Même en supposant
qu’un « échange de services » ait été un temps imaginé pour supputer
l’issue d’une procédure, la condamnation à trois ans
d’emprisonnement dont deux avec sursis (tempérée, si on ose dire,
par l’« aménagement de la partie ferme de la peine sous le régime de
la détention à domicile sous surveillance électronique », auquel, selon
le tribunal correctionnel, il convient de soumettre l’ancien président
de la République) est-elle nécessaire et proportionnée ? Est-il
proportionné d’imposer pendant un an le port du bracelet
électronique à un ancien président de la République parce que celui-
ci aurait un moment envisagé de recommander à la principauté de
Monaco (pour effectuer des vacations mensuelles payées 350 euros)
une personnalité lui ayant donné son impression de magistrat
(étranger à la prise de décision) sur ses chances de voir aboutir une
demande de restitution d’un agenda ?… L’interdiction professionnelle
de cinq ans (équivalant à une radiation définitive, compte tenu de son
âge) de Me Herzog est-elle nécessaire et proportionnée ? La
déchéance frappant M. Azibert, membre respecté de la Cour de
cassation, est-elle nécessaire et proportionnée ?
Si tout ce que j’avais appris n’est plus valable, n’est-ce pas parce
que la magistrature est juge et partie dans cette affaire, comme elle
l’est dans l’affaire Fillon ? Qu’il s’agit pour des magistrats de
démontrer que d’autres magistrats, au parquet national financier ou
dans les cabinets d’instruction, n’en ont pas trop fait ?
Le calvaire judiciaire déjà ancien de Nicolas Sarkozy semble
arriver à son paroxysme en cette année 2021.
Le 30 septembre 2021, Nicolas Sarkozy est condamné, dans le
dossier Bygmalion, à un an de prison ferme (le maximum de la peine,
mais aménageable en détention à domicile sous surveillance
électronique) pour avoir dépassé, lors de la campagne présidentielle
de 2012, le seuil des dépenses autorisé par le code électoral. Un
principe cardinal du droit répressif, inscrit à l’article 121-3 du code
pénal, est qu’« il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le
commettre ». L’intention de dépassement est-elle établie en l’espèce ?
Compte tenu de l’emploi du temps du chef de l’État au printemps
2012, le suivi des dépenses était intégralement délégué à son équipe
de campagne. Le tribunal correctionnel a-t-il eu conscience du
tourbillon dans lequel évolue un candidat à une élection, à plus forte
raison lorsque c’est une élection présidentielle et que l’intéressé exerce
les accaparantes fonctions de chef de l’État ? A-t-il mesuré qu’un tel
candidat est entouré d’une meute de collaborateurs sur lesquels il
pense pouvoir aveuglément compter et qui se font fort d’aplanir tous
les problèmes ? Ces considérations, pourtant essentielles pour
apprécier l’intentionnalité du dépassement, semblent peser de peu de
poids à côté de la découverte de deux notes appelant l’attention du
candidat sur le risque de dépassement. Mais les a-t-il seulement lues ?
Ce n’est pas établi. L’insouciance (en effet regrettable) du candidat
suffit-elle à en faire un coupable ?
Le 2 novembre 2021, l’ancien chef de l’État fait l’objet d’un
humiliant mandat d’amener pour témoigner devant le tribunal de
Paris dans l’affaire dite des « sondages de l’Élysée ». Le tribunal le
contraint à comparaître pour répondre aux allégations d’un des
prévenus selon lesquelles c’est le Président lui-même qui avait décidé
de se passer d’appel d’offres. Comme l’a estimé à juste titre Nicolas
Sarkozy, ce témoignage, même s’il ne constitue pas une poursuite,
met en cause sa responsabilité pour un acte qui, s’il est avéré, a été
accompli dans l’exercice de ses fonctions présidentielles, alors que le
premier alinéa de l’article 67 de la Constitution écarte toute
responsabilité pénale du Président pour de tels actes.
Depuis la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy a été inquiété, pour
ne pas dire soumis à la question, une douzaine de fois. En dehors des
affaires Bismuth et Bygmalion, les enquêtes et poursuites se sont
soldées par des non-lieux (abus de faiblesse aux dépens de
Mme Bettencourt, vols en jet privé payés par la société de son ami
Stéphane Courbit).
Restent les poursuites en cours. Nicolas Sarkozy est mis en
examen dans l’affaire dite du « financement libyen de sa campagne
présidentielle de 2007 » : pas de preuve, mais, selon l’instruction, un
« faisceau concordant d’indices ». Ledit faisceau repose pour
l’essentiel sur les dires confus et versatiles d’un intermédiaire douteux
qui est revenu plusieurs fois sur ses déclarations. Nicolas Sarkozy a
été placé sous le statut de témoin assisté dans l’affaire Karachi (rétro-
commissions sur des ventes de sous-marins et de frégates au Pakistan
et à l’Arabie saoudite qui auraient servi à financer la campagne
présidentielle de 1995 d’Édouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était
porte-parole). Dans cette affaire, qui traîne depuis un quart de siècle,
Édouard Balladur a été relaxé en mars 2021 par la Cour de justice de
la République.
Au total, rien de probant dans cet interminable feuilleton
judiciaire. Mais l’opprobre jeté est irrémédiable : pour la rumeur
publique, il n’y a pas de fumée sans feu.
Par leur caractère symptomatique, les affaires Sarkozy, venant
après d’autres, posent des questions sur l’état d’esprit qui, depuis une
cinquantaine d’années, gagne une bonne partie de la magistrature, y
compris au sommet de la hiérarchie judiciaire. Que cherche l’autorité
judiciaire en persécutant les responsables publics ? À jouer les anges
exterminateurs ? À affirmer son pouvoir ? À prendre une revanche sur
ses conditions de travail et sur la dégradation de son image ? Tant au
stade de l’enquête qu’à celui de l’instruction, puis du jugement, la
rigueur des solutions retenues contre les détenteurs de l’autorité
légitime contraste avec la mesure dont bénéficient les auteurs
ordinaires d’infractions. Que gagne la justice à l’inversion de la
maxime : « Selon que vous serez puissant ou misérable » ?
L’AFFAIRE DUPONT-MORETTI
Comme il a été dit plus haut, alors que la lutte contre la deuxième
vague de la pandémie requérait, dans l’intérêt supérieur de la nation,
l’entière disponibilité du ministre de la Santé, la Commission de
l’instruction de la CJR dépêchait, en octobre 2020, une escouade
d’enquêteurs perquisitionner le domicile et le ministère d’Olivier
Véran. Pendant l’été 2021, c’est au tour du ministre de la Justice, Éric
Dupond-Moretti. Les principaux syndicats de la magistrature et
l’association Anticor l’accusent de « prise illégale d’intérêts » pour
avoir usé de ses fonctions ministérielles afin d’orienter le traitement de
dossiers dans lesquels il serait impliqué comme avocat.
En quoi consiste l’interférence dénoncée ? Essentiellement dans le
fait d’avoir confirmé, en septembre 2020, l’enquête administrative
(initiée par Nicole Belloubet) portant sur les méthodes utilisées par le
Parquet national financier dans l’affaire dite des « fadettes ». Trois
magistrats du PNF ont en effet exploité, sur une période
inhabituellement longue pour de telles investigations (six ans) et –
comme le relève un rapport de l’inspection générale de la justice –
selon des modalités procédurales présentant des anomalies, des
factures téléphoniques détaillées, en vue d’identifier la « taupe » qui
aurait informé Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu’ils
étaient sur écoute (dans le cadre d’une précédente affaire). Or
nombre des communications téléphoniques ainsi exploitées
concernaient des cabinets d’avocats, et l’un de ces cabinets était celui
de M. Dupont-Moretti. Voilà toute l’infamie imputée à Éric Dupont-
Moretti.
Là encore, la Commission des requêtes de la CJR, censée filtrer
les plaintes contre les ministres, a jugé les plaintes recevables. Là
encore, la Commission de l’instruction de la CJR a décidé une fouille
des locaux professionnels, ce qui nous a valu, le 1er juillet 2021, le
spectacle surréaliste et consternant d’une justice perquisitionnant le
ministère de la Justice. Dix heures au cours desquelles ont été saisis
les ordinateurs de la direction des affaires criminelles et des grâces et
les téléphones des membres du cabinet… Et – détail ô combien
allégorique ! – ont été ouverts au chalumeau de vieux coffres-forts
vides… Sans attendre les (improbables) résultats de cette perquisition,
la Commission de l’instruction a convoqué le garde des Sceaux, le
16 juillet, en vue de sa mise en examen. A été fort heureusement
enterrée par le chef de l’État, à cette occasion, l’imprudente « doctrine
Balladur », selon laquelle la mise en examen d’un ministre entraînait
son départ du gouvernement.
Ces outrances laissent sans voix la grande majorité des
commentateurs et de la classe politique. C’est que la seule expression
de « prise illégale d’intérêts », par ses relents sulfureux, suggère le pire
(le public comprend qu’il y a eu enrichissement illicite). Elle impose à
chacun un silence craintif, mais assourdissant.
Constitue une prise illégale d’intérêts, aux termes de l’article 432-
12 du code pénal, « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité
publique ou chargée d’une mission de service public ou par une
personne investie d’un mandat électif public, de prendre, recevoir ou
conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans
une entreprise ou dans une opération dont elle a, au moment de
l’acte, en tout ou partie, la charge d’assurer la surveillance,
l’administration, la liquidation ou le paiement ». C’est, on le voit, en
vertu d’une lecture bien extensive de ces dispositions que la
Commission des requêtes de la CJR, puis sa Commission de
l’instruction, emboîtant le pas aux syndicats de magistrats,
poursuivent le garde des Sceaux dans cette affaire des fadettes.
M. Dupont-Moretti a entendu que soit menée à son terme une
enquête administrative justifiée et présentant toutes garanties
d’impartialité. Il s’est rangé à l’avis préalable de ses services. Il a par
ailleurs délégué au Premier ministre toute initiative qu’il y aurait
ultérieurement lieu de prendre (saisine du Conseil supérieur de la
magistrature, seule entité compétente en matière de discipline des
magistrats) au vu des résultats de l’enquête. Un décret a été pris en ce
sens le 23 octobre 2020 interdisant au ministre de connaître « des
actes de toute nature […] relatifs à la mise en cause du comportement
d’un magistrat à raison d’affaires impliquant des parties dont il a été
l’avocat ou dans lesquelles il a été impliqué » et transférant ses
compétences sur ces affaires au Premier ministre. Dès sa prise de
fonctions, Éric Dupont-Moretti s’était désisté du recours qu’il avait
auparavant formé contre les méthodes du PNF… Que lui fallait-il
faire de plus ? Enterrer ce dossier pour la seule et étrange raison qu’il
a été victime des agissements sur lesquels il porte ?
Un train peut en cacher un autre. En l’espèce, la prétendue prise
illégale d’intérêts, de la part du ministre poursuivi, fait apparaître le
véritable conflit d’intérêts du côté des poursuivants. Depuis son
entrée en fonctions, l’actuel garde des Sceaux est vilipendé par une
bonne partie de la magistrature, que celle-ci s’exprime par la voix de
ses syndicats, qui voient dans sa nomination une « déclaration de
guerre », ou d’une haute hiérarchie judiciaire qui ne craint pas de le
morigéner publiquement. Ces mêmes hautes autorités pèsent sur le
fonctionnement de la CJR et n’ont pas le réflexe de se déporter. Ainsi,
M. Molins, procureur général près la Cour de cassation et, en cette
qualité, ministère public devant la CJR, a corédigé une tribune
critique, parue en septembre 2020 dans Le Monde, sur l’ouverture de
l’enquête administrative concernant les trois magistrats du PNF. Ni
cette tribune, ni l’avis favorable qu’il aurait officieusement donné au
ministre sur la poursuite de l’enquête administrative, ne l’ont
apparemment gêné, quelques mois plus tard, pour inviter la
Commission des requêtes de la CJR à recevoir les plaintes dirigées
contre Éric Dupont-Moretti. Quant aux magistrats de la CJR encartés
(le corps judiciaire est l’un des plus syndiqués de la fonction
publique), on attend de voir s’ils estiment déontologique d’instruire et
de juger les plaintes présentées par leurs syndicats.
Dans cette affaire encore, comment ne pas penser à un règlement
de comptes ? Tout se passe, en effet, comme si, mécontente de son
ministre, la magistrature cherchait à s’en débarrasser par le biais
pénal. La partie parlementaire de la CJR renâcle, en revanche, à se
laisser ainsi instrumentaliser puisque deux de ses membres ont
démissionné, refusant de prendre part au « semblant de justice » que
constitue, à leurs yeux, la mise en cause du ministre de la Justice.
L’une d’eux dénonce « le désir non dissimulé d’une poignée de
magistrats de réduire à l’impuissance politique un garde des Sceaux
disqualifié dès sa nomination ».
Rapprochées des affaires intéressant MM. Fillon, Sarkozy et
d’autres, les procédures tonitruantes visant MM. Véran et Dupont-
Moretti soulèvent deux interrogations relatives à la pénalisation de la
vie publique et, plus généralement, aux dérèglements de la séparation
des pouvoirs affectant la démocratie contemporaine.
La première concerne le projet de loi constitutionnelle déposé par
le gouvernement en 2018, qui (comme il a été dit plus haut)
rapprochait du droit commun la mise en cause de la responsabilité
pénale des ministres dans l’exercice de leurs fonctions, au motif que
les dispositions actuelles, relatives à la CJR, seraient trop favorables à
l’exécutif. Quand on voit à quelle brutalité et à quelle indifférence
à l’égard du bon fonctionnement des pouvoirs publics conduit
l’application des actuelles dispositions, on n’ose imaginer ce que
produiraient des dispositions moins « complaisantes ».
La seconde interrogation est structurelle. La justice veut affirmer
son indépendance, fort bien. Mais a-t-elle besoin pour autant de
camper un contre-pouvoir purificateur et d’alimenter la crise de
confiance qu’éprouve notre pays envers son État ? L’indépendance de
la justice est aujourd’hui entière. Après le « mur des cons », c’est son
impartialité qu’elle devrait manifester. Quel bénéfice peut trouver la
magistrature à concourir au discrédit des institutions, au moment où
celles-ci devraient se montrer soudées face à la crise sanitaire,
économique et sociale, comme face à la violence civile, à la
délinquance et au terrorisme ?
Si, dans sa figuration symbolique, la justice a les yeux bandés,
c’est pour inciter le juge à tenir en équilibre les plateaux de la balance,
et non à les faire pencher dans le sens de son esprit de corps, de ses
préjugés ou de ses passions.
LIBÉRER GULLIVER
Aujourd’hui, les pouvoirs publics issus de l’élection sont entravés
et tourmentés par le pouvoir juridictionnel, national et supranational,
comme Gulliver par les Lilliputiens. Comment faire revenir le pouvoir
juridictionnel à sa juste place (réguler, sans les inhiber, les fonctions
régaliennes) ?
L’idéal serait que le pouvoir juridictionnel se convertisse
spontanément à ce que les juristes anglo-saxons appellent le « self
restraint ». Rien d’autre ne serait alors à modifier dans notre
ordonnancement institutionnel et juridique… Mais c’est une vue de
l’esprit : les prétoires sont trop nombreux, l’entraînement mimétique
trop grand, les pressions sur le juge trop fortes, les jurisprudences trop
cristallisées. Il faut donc libérer Gulliver des liens qui l’étouffent.
Libérer Gulliver impliquerait d’abord de dénoncer ou renégocier
nos engagements internationaux pour s’affranchir du trop-plein de
tutelles juridictionnelles ou parajuridictionnelles supranationales. Il
faut notamment renégocier les traités européens pour passer d’une
Europe des institutions à une Europe des coopérations.
S’agissant du droit européen, les modifications doivent se faire à
l’unanimité (traités) ou à la majorité qualifiée (droit dérivé). Elles
exigent donc de nouer des alliances. Un certain nombre de directives
devraient être renégociées, par exemple celle prohibant les
« discriminations indirectes » sur les lieux de travail, qui interdit aux
règlements intérieurs de fixer des règles qui, même sans intention
discriminatoire, désavantagent objectivement certaines expressions
religieuses, ce qui est une prime aux religions les plus exhibitionnistes.
La France pourrait aussi suspendre unilatéralement l’application
de telle ou telle règle du droit européen ou l’observation de telle ou
telle jurisprudence de la Cour de justice de l’Union (par exemple, la
jurisprudence Digital Rights et celle relative au temps de travail des
militaires) pour un motif d’intérêt national impérieux ou pour
sauvegarder son identité constitutionnelle. Les deux attitudes
(recherche d’un accord et geste unilatéral) ne sont pas inconciliables :
la seconde peut être un catalyseur de la première.
S’agissant de la Convention européenne de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales, la France pourrait
suspendre sa participation. N’avait-elle pas fait initialement une
réserve (levée en 1981) au recours individuel devant la Cour de
Strasbourg ? Ou, plus simplement, y mettre fin.
S’agissant de la Cour de justice de l’Union européenne, les traités
européens pourraient être modifiés pour priver de valeur normative la
Charte européenne des droits fondamentaux et exclure sans
contestation possible la compétence de la Cour dans les domaines
régaliens.
Dans l’ordre juridique interne, la révision constitutionnelle permet
de restituer aux pouvoirs publics des marges de manœuvre dans des
domaines où existent des obstacles constitutionnels (ou surtout
résultant de la jurisprudence des cours suprêmes) à l’efficacité des
politiques publiques.
Une option serait d’inscrire dans la Constitution une possibilité
parlementaire de « passer outre » aux jurisprudences paralysantes des
cours suprêmes. On peut imaginer à cet égard de « forcer » le maintien
en vigueur d’une disposition législative déclarée inconstitutionnelle
par le Conseil constitutionnel, ou contraire au traité par une cour
supranationale, dès lors que le Parlement se prononcerait
expressément en ce sens par un vote de chacune de ses chambres, se
prononçant chacune à la majorité des membres la composant, dans
un certain délai à compter de la censure.
S’agissant du droit international, une autre option, plus puissante
encore, serait de modifier l’article 55 de la Constitution (qui proclame
la supériorité du traité sur la loi) en limitant cette supériorité du droit
international aux lois antérieures. Serait ainsi rétablie la situation
juridique qui prévalait devant les juridictions nationales avant les
arrêts Jacques Vabre (Cour de cassation, 1975) et Nicolo (Conseil
d’État, 1989).
Ces changements seraient considérables, mais ils tendraient à
reconfigurer l’État de droit et non à y renoncer.
Ils auraient une portée utile, car, en l’état des jurisprudences de
nos cours suprêmes, seule une modification de sa Constitution
permettrait à la France, par exemple, de placer en rétention
administrative les radicalisés ; de déchoir les djihadistes de la
nationalité française ; de plafonner les flux migratoires ; de donner
une portée normative à tout ce que la laïcité à la française comporte
de coutumier, notamment la discrétion religieuse dans l’espace public
et sur les lieux de travail ; de maintenir dans des centres fermés les
demandeurs d’asile tant que leur dossier est en cours d’examen ; de
faire pratiquer des contrôles d’identité par les forces de l’ordre sans
avoir à recueillir un agrément judiciaire préalable ; ou de mettre fin,
au profit du juge administratif, à la double intervention des deux
ordres de juridiction en matière d’éloignement des étrangers.
Seule une modification du droit européen permettrait à la France,
par exemple, de rétablir des contrôles frontaliers ; de placer
rapidement en centre de rétention administrative les étrangers en
situation irrégulière ne présentant pas de garanties de représentation
suffisantes ; de prévoir une procédure d’examen accélérée des
demandes d’asile présentées pour la première fois sur le territoire de
la République ; d’édicter des obligations de neutralité religieuse sans
se voir taxée d’atteinte à la liberté religieuse ou de discrimination
indirecte.
Seule une dénonciation ou une modification de la convention de
Genève (ou du moins une suspension de sa participation à cette
convention) permettrait à la France de « faire le tri » en cas de trop-
plein de demandeurs d’asile.
Il conviendrait également de dépénaliser la vie publique en
mettant fin aux infractions non intentionnelles des ministres, afin
d’éviter que la tentation d’ouvrir un parapluie pénal ne produise des
comportements inappropriés (évitement, dilution des responsabilités,
surréaction).
Il conviendrait, en outre, de supprimer la question prioritaire de
constitutionnalité et de revoir les procédures de référé administratif
dans un sens moins intrusif pour l’administration (au moins en en
excluant les actes réglementaires). La République a longtemps vécu
sans l’une ni l’autre. Les citoyens n’en étaient pas pour autant
opprimés, ni les libertés publiques pour autant bafouées.
RÉFORMER LA JUSTICE
1. Michel Onfray, « Le droit à la sécurité », Front populaire, no 6, automne 2021.
© Éditions Gallimard, 2022.
JEAN-ÉRIC SCHOETTL
LA DÉMOCRATIE
AU PÉRIL
DES PRÉTOIRES
DE L’ÉTAT DE DROIT
AU GOUVERNEMENT DES JUGES
Couverture
Titre
Exergue
Introduction
Genèse
Procédés
Le contrôle de proportionnalité
L'État de droit
Les droits fondamentaux
La répugnance à contraindre
Le référé administratif
Laïcité et communautarisme
L'affaire Bensoussan
La loi « anti-casseurs »
La haine en ligne
La censure prescriptive
« L'affaire du siècle »
La révolte polonaise
Le désir du pénal
L'affaire Benalla
L'arbitrage Tapie-Crédit lyonnais
L'affaire Fillon
L'affaire Dupont-Moretti
Conclusion. Que faire pour restaurer une plus juste séparation des pouvoirs ?
Libérer Gulliver
Réformer la justice
Copyright
Présentation
Achevé de numériser
Cette édition électronique du livre
La démocratie au péril des prétoires de Jean-Éric Schoettl
a été réalisée le 17 mars 2022
par les Éditions Gallimard.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage
(ISBN : 9782072984266 - Numéro d’édition : 440919)
Code Sodis : U44846 - ISBN : 9782072984273.
Numéro d’édition : 440920
Le format ePub a été préparé par PCA, Rezé.