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Droit constitutionnel

Introduction :

1. Présentation générale

Hector dans La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux “Le droit est la plus
puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement
qu’un juriste la réalité”.
CAD que le droit est une construction de l’esprit ce n’est pas une réalité posée à priori ni une
donnée de la nature
Le droit a un caractère artificiel, il s’agit de modeler un système qui serait efficient à
l’intention d’une société, des Hommes

A. Définition du droit

- sens subjectif : “faculté qu’a un individu ou une personne morale d’accomplir


certaines actions” = perception la + évidente du droit
°ex : faculté d’un individu de circuler librement, d’agir en justice, de disposer de son
patrimoine, de le gérer etc…

- sens objectif : “l’ensemble des règles de conduite humaine édictées et sanctionnées


par l’Etat et destinées à faire régner dans les relations sociales l’autorité et la liberté”
=> organisation de la société, droit = ensemble des règles régissant les relations
sociales
=> c’est ce qui fait appartenir le droit aux sciences sociales
cette notion de société = au coeur de la problématique du droit, cad que là où il y a
une société il y a du droit

En droit on se réfère à l’idée de contrat social tel que développé par Rousseau avec idée
d’une soumission de l’individu à la volonté du peuple, de tous et donc à la loi qui n’est que
l’expression de la volonté générale
° ex : DDCH, volonté de tous

Solon a notamment dit (sage de la Grèce Antique) : “dites moi pour quel peuple à quelle
époque et en quel lieu ?”
=> le droit = relatif en fonction des sociétés, des moeurs, de la géographie, qui influent le
droit

La démocratie serait (ou devrait) être le seul modèle d’organisation étatique


Il est difficile de prétendre qu’il existe un modèle unique d’Etat et que la démocratie = règle
supérieur
° ex : démocratie de Poutine et Xi Xiping, pas réellement démocratie => notion de
démocratie variable dans le temps
Avec le numérique, il y a cette impression d’uniformisation des règles et des modèles
étatiques
La réalité démocratique

Le droit = ensemble des règles en vigueur dans un pays donné à un moment donné

=> on a toujours une vision axiologique du droit cad comme il devrait être et non comme il
est réellement

Le droit peut être distingué d’une autre règle qui relève de la conscience de l’homme

C’est ce que Kant distingue :


- les règles autonomes = règles internes à l’homme, concernent les exigences qu’on
s’impose, correspondent à un impératif qui est determiné que par soi même, peuvent
ressortir de la morale, de la religion et sont sanctionnées de manière très différentes
de la sanction qui existe pour le droit, au contraire le droit obéit à des règles
exterieures à l’individu)
- les règles hétéronomes = règles définies par l’Etat, imposées par lui, qui détient à ce
titre le monopole de la contrainte organisée pour faire respecter ces lois

=> le droit ne correspond donc pas à la morale

Une norme juridique n’est ni vraie ni fausse, on dit simplement qu’elle est valide, en vigueur
et qu’il est nécessaire de se comporter conformément à la prescritption de cette loi sans
avoir besoin de s’interroger sur ce qui est moral et ce qui ne l’est pas, c’est une règle qui
s’impose

=> le droit n’a rien à voir avec la morale ni la religion

° ex : Antigone où ici opposition entre droit et la morale

L’utilité du droit apparaît clairement quand on constate que la majorité des Etats se
prétendent être des Etats de droit
L’Etat de droit = Etat où les gouvernants comme les gouvernés sont tenus de respecter les
règles de droit

B. La distinction entre droit public et droit privé

Dans le système français il est paru logique d’encadrer les rapports juridiques entre les
individus en distinguant selon qu’ils se développent dans la sphère des relations privées et
selon qu’ils se développent dans la sphère publique
C’est donc sur ces bases qu’intervient la distinction entre droit privé et droit public
C’est une distinction certes importante mais qui doit être relativiser
- les raisons de la distinction

- Le droit privé règle le statut et les relations des personnes privées, qu’ils
s’agisse de personnes privées physiques ou morales (société, entreprise)
Cela intérèsse donc le droit des contrats, de la famille, les relations commerciales, de travail,
CAD tout ce qui relève de la phère des activités privées

Le droit privé repose sur l’idée d’égalité entre les personnes et sur le principe de l’autonomie
de la volonté

Pour l’expliquer, on dit que l’acte type de droit privé = le contrat librement conclu entre les
parties qui repose sur un consentement mutuel
° ex : le mariage

On dit que le droit privé et le droit des personnes égalent par opposition au droit public ou
pour des raisons qui sont liées à l’intérêt général des prérogatives particulières peuvent être
conférées aux personnes publiques
Les personnes publiques possèdent donc des prérogatives exorbitantes du droit commun

- Le droit public règle le statut des personnes publiques, organise les relations
entre elles et les relations avec les personnes privées (Etat, établissements
publics, cad toute entité qui excerce des activités qui intéressent l’intérêt
général, ce qui justifie l’emploi de prérogative particulières)

Il en résulte que le droit public = inégalitaire, il est hiérarchisé dans la mesure où il repose
sur la superiorité de l’Etat par rapport aux autres personnes publiques et aussi par rapport
aux personnes privées

Ce droit est inégalitaire mais pas pour autant arbitraire cad que le droit pose des règles mais
qu’il y a des inégalités dedans, inégalitaire = sans aucune base face au droit

Une personne publique peut prendre des décisions qu’une personne privée ne pourra faire
CAD que les règles qui sont prises doivent obéir à des règles formelles sous peine pour ces
personnes publiques d’être sanctionnées par le juge qui s’assurera de la conformité à ces
règles

L’acte de type du droit public = décisions prises par une ou plusieurs personnes
Ces décisions s’imposent à l’ensemble des personnes
- distinction à relativiser

● Tous les systèmes juridques n’établissent pas cette distinction

En France cette distinction débouche sur une dualité de juridiction : d’un côté la juridiction
civile et de l’autre la juridiction administrative

● Le cloisonnement qui existait entre le droit privé et droit public n’est plus aussi
étanche qu’auparavant

Le droit privé est de + en + influencé par le droit public sans pour autant prétendre à une
superiorité du public sur le privé

- d’une part il faut admettre que c’est l’Etat qui par ses actes règlemente les activités
de droit privé et qui détermine le cadre général dans lequel elles s’appliquent
- d’autre part en raison de l’importance croissante de la jurisprudence du conseil
constitutionnel : on constate qu’il y a une constitutionnalisation des matières qui
traitent de droit privé
° ex : droit du travail, famille, des personnes => trouvent leur origine dans la
constitution

Il en va de même pour le droit pénal “nulle peine sans loi” = principe de la légalité des délis
et des peines CAD on ne peut pas sanctionner une personne si pas de loi

Ce mouvement de constitutionnalisation touche tous les droit


La Cour de Cassation se réfère régulièrement aux textes constitutionnels

● La frontière entre droit privé et droit public = floue depuis longtemps

Il est en effet fréquent que l’Etat confie à des organismes privés des missions qui
normalement devraient lui appartenir
Ces organismes privés assument alors des missisons de service public
° ex : sécurité sociale gérée par des caisses qui ont un statut de droit privé,
fédération sportive, mais elles disposent également de prérogatives de droit public

A l’inverse l’Etat lui même utilise des techniques de droit privé


° ex : en signant des contrat de droit privé pour gérer son domaine privé ou bien
lorsqu’il intervient par le biais d’organismes autonomes dans l’économie CAD des personnes
publiques autonomes qui gèrent des services publics comme le feraient des entreprises
privées (comme SNCF, RATP)
● Si on a pu prétendre que droit privé = droit égalitaire et que le droit public = droit
inégalitaire, il s’agit d’un raccourci simplificatif

On rencontre des situations égalitaires en droit public et on rencontre des situations


inégalitaires en droit privé
° ex situation égalitaire droit public : les Etats sont dans les principes d’une situation
égalitaire, les collectivités territoriales sont dans une situation d’égalité

En droit privé on rencontre à l’envers du principe qui a été posé des situations inégalitaires
CAD toutes les parties ne sont pas égalitaires sur le point de vue économique

En conclusion :

On peut dire qu’on s’oriente vers une unification du droit autour du droit constitutionnel
puisque le système juridique repose sur une constitution, sur une loi fondamentale à partir
de laquelle toutes les autres règles sont déduites

Droit privé : Droit public :


Droit d’applicant aux personnes privées, Droit s’applicant à l’Etat et aux collectivités
physiques ou morales, et aux rapports publiques
qu’elles peuvent avoir entre elles

Droit civil : étudie les règles de droit qui Droit international : concerne les relations
régissent les rapports des particuliers entre entre les Etats ou les relations entre les
eux, qu’il s’agisse de personnes physiques Etats et organisations internationales, ce
privées ou de personnes morales privées droit repose à priori sur le principe d’égalité
juridique et de souveraineté des Etats (Cf.
cependant droit de véto des 5 membres
permanents de l’onu, mais principe général
reste 1 Etat = 1 voix

Droit commercial : étudier le droit qui régit Droit du l’Union Européenne : pour certains,
les relations des entreprises commerciales il ne doit pas être distingué du droit
international, il s’en différencie tout de
même dans la mesure où il intéresse
uniquement les rapports qui se développent
entre les Etats appartenant à l’UE qui
constitue une organisation d’intégration

Droit du travail : s’intéresse aux règles qui Droit constitutionnel


régissent les rapports entre les
responsables des entreprises et des
salariés

Droit social : concerne les règles qui se Droit administratif : concerne


développent dans le champ de la protection l’administration publique nationale et locale,
sociale : sont aini concernés les aides étudie les structures administratives,
familiales, le droit de la sécurité sociale, le l’action administrative et s’intéresse aux
droit du travail en ce qui concerne les rapports de l’administraition avec les
relations interindividuelles et collectives, la citoyens
lutte contre l’exclusion et la pauvreté (ex :
RSA, APA (aides personnes aĝées)

Droit pénal : s’intéresse aux modalités de Droit fiscal et financier : étudie les
détermination des peines, plus que les institutions financières publiques, le budget
autres matières encore, elle se situe aux de l’Etat, les budgets des organismes
confluents du droit public et du droit privé publics et la politique économique et
financière de l’Etat

2. La spécificité du droit constitutionnel

A. Définition du droit constitutionnel

Historiquement, on a parlé de droit public avant de parler de droit constitutionnel

Le droit public désigne l’ensemble des règles qui déterminent le fonctionnement et l’action
des pouvoirs publics

Le droit public se donne pour objet de savoir quelles sont les lois, les institutions qui
gouvernent l’Etat
De ce pdv dans l’ancien régime il existait bien du droit public à travers l’existence de loi
fondamentales du royaume
Mais il n’existait pas de droit constitutionnel

C’est à partir de 1789 que naît le droit constitutionnel avec la révolution française le peuple
français commence à se doter d’une constitution, d’abord avec la DDHC qui constitue la
première pierre de l’édifice constitutionnel puis avec la Constitution de 1791 qui intègre la
DDHC
Ceci correspond à un mouvement qu’on appelle le mouvement du constitutionnaliste
=> on estime que des constitutions doivent être établies pour protéger les droits des
citoyens face au pouvoir public : DDHC en est une parfaite illustration

La notion de droit constitutionnel apparaît donc très clairement à la fin du XVIIIe s et au


début du XIXe s au moment où on commence à s’intéresser à l’étude d’une Constitution

La notion de droit constitutionnel = étroitement liée à celle de constitution

On peut donner 2 définitions essentielles de ce qu’on entend par droit constitutionnel :

- une définition formelle : on entend par droit constitutionnel “l’ensemble des normes
qui ont une valeur supérieure à celle des autres normes qui peuvent servir de
fondement de validité à d’autres normes et qui elles-mêmes ne sont fondées sur
aucune norme juridique” (cf. Hans Kelsen et sa pyramide)
- une définition matérielle : le droit constitutionnel concerne l’étude des règles établies
par la Constitution cad les normes énoncées dans un texte qu’on appelle
Constitution, dans la mesure où la Constitution est appliquée et interprétée par les
juges, en général un juge spécial (Cour Constitutionnelle) on considère que cela fait
partie du droit constitutionnel, la jurisprudence qui est inhérente à la Constitution =
ensemble des interprétations faites par les juges, on s’intéresse moins au texte
formel qu’à l’ensemble des règles qui organisent l’Etat, y compris celles qui ne sont
pas écrites dans le constitution, l’approche de la Constitution est plus large, il faut la
comprendre comme synonyme de structure

Droit constitutionnel = ensemble des règles relatives à l’organisation de l’Etat cad la


désignation des hommes qui exercent ce pouvoir, leurs compétences, leurs rapports
mutuels

Les définitions ne coïncident pas vraiment, une norme écrite dans un texte peut être
constitutionnellement correcte mais pas matériellement correcte

A l’inverse ce qui est perçu comme relevant du droit constitutionnel matériel ne relève pas
forcément de la Constitution formelle
° ex : les règles qui sont relatives à l’éléction des parlementaires, rien dans la
Constitution nous précise quel mode de scrutin sera utilisé pour élire les députés et
sénateurs or nécessaire

Si on se réfère à la plupart des systèmes juridiques, c’est le plus souvent à la définition


formelle de la Constitution à laquelle on fait référence, ce sont les normes formellement
constitutionnelles qui font l’attention particulière du juge qui est chargé d’interpréter le texte
et le sanctionner (lorsqu’il n’est pas respecté)
Néanmoins la doctrine n’a pas voulu s’en tenir à la Constitution pour expliquer les règles des
Etats

La doctrine élargit son analyse à d’autres textes et à l’étude des partis politiques

Une Constitution à elle seule ne permet pas de comprendre un régime politique, soit prcq
trop courte et incomplète, soit prcq ne comporte pas des éléments qui font partie intégrante
du champs de l’analyse du droit constitutionnel

Par ailleurs, certaines institutions peuvent parfois être ignorées dans la Constitution alors
même qu’elles vont jouer un rôle important dans la pratique
° ex : le président du conseil (= premier ministre ajd) ne figurait pas dans les lois
constitutionnelles de la IIIe republique, pour autant il est apparu comme une institution cléf
du régime

A l’inverse, certaines règles sont bien énoncées dans la Constitution comme le droit de
dissolution (sous IIIe et IVe rep), l’interdiction des décrets-lois, mais ces règles ne joueront
pas le rôle qu’on leur a assigné

En conséquence :

L’étude seule de la Constitution ne permet pas d’appréhender le droit constitutionnel, c’est


cette analyse qui va progressivement va aboutir à dissocier le droit constitutionnel de la
science politique, ces deux matières intimement liées vont se séparer

B. La distinction droit constitutionnel / science politique

Ces deux disciplines étaient confondues jusqu’au début du XXe s

On pouvait les distinguer dans le sens où le droit constitutionnel s’intéresse au droit tel qu’il
existe, formulé par l’Etat, tandis que la science politique a une approche + théorique, +
sociologique en s’intéressant à la fois à la description des mécanismes et jeux politiques et
en se donnant pour objetctif de découvrir le meilleur système possible, on parlait de théorie
politique

La distinction paraissait donc difficle à défendre car décrire l’organisation et le


fonctionnement du pouvoir c’est forcément s’intéresser aux règles

Le droit constitutionnel et la science politique devaient donc être considérés comme


complémentaires

Ces 2 matières se sont tout de même progressivement séparées

A partir du début du XXe s, les politistes ont considéré que le fonctionnement de l’Etat et des
institutions politiques ne pouvaient pas se comprendre uniquement à partir du droit établi par
l’Etat à travers la constitution
Le fonctionnement des différents organes ne s’explique pas seulement par les règles

En examinant l’histoire constitutionnelle, on constate que dans de nombreux cas, les


autorités désignées comme les principales détentrices du pouvoir peuvent très bien en
réalité en détenir très peu
=> c’est ce qu’on constate sous la restauration, sous la IIIe république

Les politistes se sont donc attachés à décrire la réelle répartition du pouvoir en essayant de
l’expliquer par différents paramètres, notamment avec les paramètres sociaux

On peut donc dire que d’un côté la science politique s’attache à décrire la réalité en
cherchant à décrire la manière dont le pouvoir s’exerce et qui exerce concrètement le
pouvoir
De l’autre côté, le droit constitutionnel étudie les données constitutionnelles qui établissent
les règles pouvoir

=> d’un côté on cherche le détenteur du pouvoir et de l’autre on cherche le fonctionnement


du pouvoir

La rivalité qui s’était créée entre les 2 disciplines a débouché après la WWII sur un déclin du
droit constitutionnel

On est allé jusqu’à considérer que les nouveaux constitutionnalistes n’apportaient rien par
rapport aux grands juristes que furent Carré de Malberg et Esmein Adhémar

A partir de 1954, changement formel du contenu des études de droit : à côté des termes de
droit constitutionnel on juxtapose les termes de science politique
=> ces termes vont donc être officialisés dans les études de droit

Par extension on peut dire que constitue des institutions politiques tout ce qui relève de la
vie politique, ce qui inclue les règles de droit constitutionnel, l’Etat, les partis politiques

politikos = cité en grec

Années 50 = suprématie de la science politique sur le droit constitutionnel


=> les pdv doctrinaux sont très tranchés

Georges Burdeau dit en 56 “ni dans les faits, ni dans les esprits les constitutions n’occupent
plus cette place prépondérante qui était naguère la leur et qui correpsondait à leur
signification juridique”

De manière + préremptoire il écrit aussi “la constitution n’est plus qu’une survie, qu’un
temple allégorique habité par les autres” “Une survivance : la notion de constitution”, 1956
p.53

Le doyen G. Vedel décrit cette période comme étant celle de “la révolution Duverger”, ce
dernier étant le chef, Duverger invite à cette époque à passer du droit à la sociologie
(politique), seule capable de faire passer l’étude de l’Etat et des constitutions, de l’âge
métaphysique à l’âge positif

Ce qui est réellement applicable, ce qui est positif c’est la science politique

30 ans après : l’échec du “duvergérisme”, le rapport de force s’inverse

Pour Louis Favoreu, le droit peut désormais avoir + d’importance dans l’étude du droit
constitutionnel que la science politique

On va de nouveau considérer que la Constitution tient dans ses dispostitions et procédures,


la réalité, la totalité de la vie politique
=> apparaît donc comme le fondement du système politique et juridique

Cette évolution s’explique par le développement du rôle constitutionnel

La décision du 16 juillet 1971 sur la liberté d’association marque un point de rupture

La réforme de 74 va permettre à 60 députés et 60 sénateurs de saisir le conseil


constitutionnel pour vérifier la conformité d’une loi à la Constitution

Jusque là la saisine pouvait être faite par le président de la République, le 1e ministre et les
2 présidents de l’assemblée

Mais pourquoi cela constitue un bouleversement ?

=> signifie que désormais la minorité parlementaire à la possibilité de contester la validité


d’une loi qui est adoptée par la majorité parlementaire

La majorité politique pas forcément raison prcq elle est majoritaire, elle peut avoir tort, donc
le conseil constitutionnel là pour censurer, rectifier

=> distinction entre approche juridique et politique

Depuis lors on parle de juridicisiation de la vie politique

Dans la mesure où aucun acteur politique ne peut désormais agir sans se référer au droit
Louis Favoreu affirme que désormais la “politique est saisie par le droit” titre d’une de ses
ouvrages, 1988

On assiste à un renversement des données, certains auteurs ne vont pas hésiter à parler de
revanche du droit constitutionnel là où auparavant on parlait de survivance

Les réformes des études de droit de 1993/97 vont se consacrer à cette évolution (il y a
désormais un cours de droit constitutionnel)
Conçu ainsi, le cours de droit constitutionnel n’est pas simplement l’étude de la manière dont
le pouvoir s’acquiert, s’exerce et se transmet, il a d’autres objets : étude des normes, de la
protection des normes à travers la justice constitutionnelle

Pour autant l’approche du droit constitutionnel ne peut être débarassée de toute analyse
politique : on peut aussi considérer que le droit est saisi par la politique car ce sont les
acteurs qui donnent vie et substance au droit : impossible d’analyser les règles de droit sans
analyser les pratiques politiques

Benjamin Constant “tant qu’on n’a pas essayé une constitution par la pratique, les formes
sont une lettre morte, la pratique seule en démontre l’effet et en détermine le sens”

Dans le droit constitutionnel il faut donc étudier la pratique


Partie 1 :
Théorie générale de l’Etat et des systèmes constitutionnels

Titre 1 :
Les fondements de l’Etat

Chapitre 1 :
La souveraineté de l’Etat

L’Etat constitute la notion cardinale du droit constitutionnel, le droit constitutionnel c’est l’Etat
du fait de sa souveraineté qui commande l’organisation de la vie politique, qui permet des
rapports juridiques organisés, avec les autres collectivités humaines dans le cadre des
relations internationales

L’Etat est le support de toutes les institutions existantes, sur le plan international comme
interne

Maurice Auriou “l’Etat est la + éminente des institutions sociales”

Hegel “l’Etat c’est Dieu sur terre”

Il n’existe aucune forme juridique qui soit parvenue à supplanter l’Etat

Les organisations internationales existent sur le plan universel comme sur le plan régional,
elles ont une importance de + en + grande, notamment dans le cadre de l’Europe

Ce sont les Etats qui donnent forme et vie à ces organisations internationales par le biais
des traités

L’Etat est une réalité incontournable

Il est donc difficile de prétendre qu’on assiste à un processus de dépérissement de l’Etat

L’Etat doit don être étudié en tant que notion pour ensuite étudier les pouvoirs de l’Etat
notamment avec le principe de la séparation des pouvoirs
Section 1 :
La notion d’Etat souverain

La difficulté à appréhender la notion d’Etat vient à la fois d’une réalité sociologique, d’une
abstraction (= construction de l’esprit) qui va avoir des conséquences juridiques

L’Etat est d’abord une donnée de fait, de ce pdv on désigne par Etat les personnes censées
le représenter cad les gouvernants que l’on va différencier des gouvernés

Dans cette acception l’Etat désigne l’ensemble des pouvoirs publics qui définissent les
règles d’organisation d’une société

Pour Léon Duguit “les gouvernants possèdent la puissance politique” cad une puissance de
contrainte irrésistible, on peut donc dire qu’ils disposent du monopole de la contrainte
organisée

Olivier Beaud “ils disposent du monopole d’édiction du droit politique”

L’Etat serait donc qlqch de palpable, concret, sensible dans la vie tous les jours

Les gouvernants n’ont de pouvoir que par le fait des gouvernés, ce sont les gouvernés qui
choisissent les gouvernants dans un régime démocratique

L’Etat est une abstraction qui a des conséquences juridiques

L’Etat est un fait et une abstraction : ces deux approches ne doivent pas être oppposées,
elles font toutes deux reposer l’Etat sur un postulat premier : c’est l’existence d’un fait de
solidarité sociale, d’une union des membres ou simplement un principe d’unité

Il existe donc un Etat que s’il y a une cohésion sociale, s’il y a une solidarité entre les
individus appartenant à une communauté

Existe-t-il des critères de l’Etat ?

Paragraphe 1 :
Les éléments constitutifs

Toutes les collectivités humaines ne forment pas d’Etat

On considère qu’il existe 3 éléments constitutifs de l’Etat (pas des éléments alternatifs, mais
cumulatifs) :
- une population
- un territoire
- un pouvoir effectif (cad un gouvernement)
A. La population

=> pas de population pas d’Etat (population concrétise l’Etat)

L’Etat est fondé sur un commandement sur les êtres


=> principe d’imperium

Cette collectivité humaine doit être homogène, doit avoir une réelle unité, idée d’Etat nation

Esmein : Etat = une personnification juridique de la nation

Il n’existe pas de définition claire du terme nation, seulement des courants doctrinaux pour la
caractériser

On oppose classiquement la doctrine allemande et la doctrine française de la nation qui ont


essayé de définir les critères de la nation

1. Les doctrines allemande et française des nationnalités (ou de la nation)

La doctrine allemande, à la suite de l’approche matérialiste de Hegel et et Herder, met en


avant les éléments objectifs, en insistant sur les critères de la race, de la langue, de la
religion, de l’histoire, de la culture ou de la géographie

Selon cette doctrine, les populations qui seraient de même langue, religion, race ou
contenues dans un même espace géographique, constituent une nation

Cette approche a été critiquée dans la mesure où elle relève d’une vision étriquée de la
notion de nation

On a critiqué la notion de race qui est contestable, aussi bien dans son acception
scientifique qu’historique

On a également condamné les aboutissants politiques de cette théorie

Suivant cette doctrine, l’Etat pourrait légitimement s’étendre dès lors que les territoires
conquis seraient peuplés de gens de race identique, et quand bien même ils ne le seraient
pas, on aurait vite fait de leur découvrir une origine commune en manipulant l’histoire

La doctrine française a une approche différente, elle est développée chez Michelet, Fustel
de Coulanges, Emile Boutroux et surtout Ernest Renan

Elle adopte une conception subjective de la nation en insistant sur l’aspect volontariste

Pour la doctrine française la nation est avant tout un fait de conscience au lieu d’être une
fatalité de la nature et de l’histoire
La démarche est volontariste car la nation repose sur une volonté de vivre en commun,
volonté sur laquelle aucun des éléments objectifs ne peut prévaloir (on peut vouloir vivre
ensemble alors qu’on est de religion, de langue différente)

C’est ce qui fait dire à Renan dans sa conférence du 9 mars 1882 à la Sorbonne “la nation
est une âme, une principe spirituel”

On a également critiqué cette conception comme trop libérale

En suivant cette approche, n’importe quel groupe territorien dès lors qu’il en manifeste la
volonté, pourrait se séparer
=> porte ouverte à un processus de dilution des Etats, de désordre international, possibilité
de guerre entre et dans les Etats

2. Les insuffisances du critère de la nation

Le critère de la race ou de l’ethnie ne permet pas de caractériser l’Etat, sur cette base
certains prétendent qu’il existerait 3 à 5 000 nations, peuples, ou ethnies

Dans l’ONU il n’y a pourtant que 193 Etats membres

Avant, existence d’Etats multinationaux (URSS, Autriche Hongrie, Yougoslavie)

Ajd, il en existe encore comme la Chine, de nombreux Etats d’Afrique => fonction =
unificatrice mais qui ne correspond pas à une réalité ethnique

Bcp d’Etats se disent multiraciaux : USA, Canada, France etc…

De nombreux Etats ne sont pas marqués pas l’unité de langue : l’existence d’une langue
unique officielle = fait rare dans les Etats, de même pour l’unité de religion

La conception subjective de la nation est elle-même théorique

De nombreuses populations souhaitent se constituer en Etat sans jamais y parvenir

Pour définir la notion de nation on préfère recourir à une 3e voie qui ne s’imposait comme
telle au départ

En reprenant la définition proposée par un juriste italien Mancini (XIXe) “la nation est une
société naturelle d’hommes que l’unité de territoire, de moeurs et de langue mène à la
communauté de vie et de conscience sociale” => il juxtapose les données objectives et
subjectives

Selon cette approche, c’est la conscience d’éléments communs qui fait naître chez un
peuple un sentiment politique
Il est en conséquence impossible de définir l’Etat par le biais de la notion de nation

On remarque que la population d’un Etat ne constitue pas toujours une nation, un Etat peut
être constitué de plusieurs nations et une nation peut être répartie entre plusieurs Etats
° ex : nation yéménite, allemande, la Corée

Il est simplement nécessaire pour un Etat d’avoir une population sans qu’elle soit une
forcément une nation

Il existe des Etats comptant un nombre très réduit de population

B. Le territoire

Le territoire est l’espace qui délimite la sphère de compétence étatique

1. La théorie ancienne des frontières naturelles

Les auteurs anciens ont tenté de définir les frontières naturelles

L’étendue de chaque Etat aurait été naturellement délimité par Dieu et la nature en tenant
compte des lacs, fleuves et de la montagne

Cette idée a été utilisée par des gouvernants (Louis XIV, Napoléon, Hitler, Mussolini)

Cette approche est donc contestable puisqu’elle ne repose sur aucun critère scientifique

2. Les techniques de délimitation du territoire étatique

De façon concrète les frontières sont délimitées de multiples façons

On peut recourir à des éléments naturels (montagnes, fleuves) mais on aussi à des traités
internationaux, soit grâce à des traités bilatéraux, soit des traités multilatéraux de
délimitation du territoire
° ex traité multilatéral : traité de Versailles

Toujours possible de délimiter les frontières avec la notion de conquête territoriale,


l’appropriation de territoires coloniaux
° ex : conférence de Berlin

On peut aussi procéder à des délimitations territoriales par le biais de cession territoriale,
par des ventes
° ex : Louisiane, Alaska

Peut aussi être délimitées par le biais de lignes artificielles


° ex : frontière USA, Canada
3. Le contenu du territoire étatique

Le territoire étatique se compose de 3 éléments :


- territoire terrestre : inclut le sol et sous-sol
- espace maritime : zones où la souveraineté de l’Etat s’exerce pleinement, eaux
intérieures, territoriales, mais aussi au dessus de ces eaux là avec la ZEE, zone
contigue, plateau continental, (ici l’Etat n’exerce que des droits)
- espace aérien : situé au dessus du territoire terrestre et au dessus du territoire
maritime sur lequel s’exerce la souveraineté de l’Etat, totalement assimilé à l’espace
terrestre sur lequel s’exerce la pleine souveraineté => on excut l’espace extra
atmosphérique sur lequel l’Etat n’exerce pas de souveraineté, cette notion a une
importance sur le plan juridique puisque cela permet de délivrer des autorisations de
survols

Tous les Etats disposent d’un territoire, le + souvent le territoire est d’un seul tenant mais les
Etats peuvent également être constitués de territoires dispersés
° ex : USA, la France

Sur le plan juridique la Palestine ne constitue pas d’Etat : on a affaire à des provinces
autonomes

Mais il y a eu une évolution significative avec la résolution du 29/11/92 qui la fait passer du
simple statut d’observateur à Etat observateur nommant

=> défaut de reconnaissance internationale de la Palestine dans son identité

C. Le Gouvernement

D.

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