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DROIT

CONSTITUTIONNEL

INTRODUCTION :
Le terme « droit » a plusieurs sens possibles. De manière simple, on peut lui donner trois sens :

 On dit souvent que les hommes ont des droits : le droit dont on parle alors est une faculté
d’accomplir certaines actions. Ainsi, lorsqu’on dit qu’un citoyen a le droit de vote, on exprime
l’idée qu’il peut participer aux choix des gouvernants et qu’il est interdit de l’en empêcher ;
 Dans l’expression « le droit civil » ou « le droit constitutionnel », on désigne par le mot
« droit » un ensemble de normes, un ensemble de règles juridiques présentant un caractère
obligatoire pour ceux auxquels ils s’appliquent. Ces règles sont assorties de sanctions dont le
but est de donner une effectivité, une réalité à ce caractère obligatoire. L’existence de ces
sanctions conduit à distinguer le droit d’autres règles qui s’appliquent dans une société (ex :
les règles morales ou les simples règles de convenance) ;
 Le mot « droit » se rapporte à la science qui étudie ces normes. On parle alors de science
juridique. On retrouve ce sens dans les expressions « la faculté de droit » ou « l’étudiant en
droit ».

Le droit constitutionnel peut être conçu d’une part comme un ensemble de normes, une partie du
droit en général et d’autre part comme une discipline qui étudie cet ensemble. Le droit en tant que
discipline scientifique et une science très vaste. Il comporte plusieurs ramifications ou branches. Avec
le progrès technique, la diversité de la science juridique s’accentue (droit économique, droit du
développement, droit des investissements, droit des affaires …). Le droit est traditionnellement divisé
en droit public et droit privé : c’est la<<summa divisio>>ou distinction fondamentale.

Distinction du droit public et du droit privé :

La distinction du droit public et du droit privé que connait le droit malgache a été reprise du droit
français appliqué à M/car sous la colonisation. Le droit français a hérité cette distinction du droit
romain. La distinction traditionnelle entre le droit public et le droit privé a été établi par le
jurisconsulte (théoricien du droit) romain Ulpien (170-228 av. JC) de la manière suivante :

« Dans l’étude du droit, il y a deux aspects : le public et le privé. Le droit public concerne l’état de la
république, le droit privé, l’utilité des particuliers. »

Cette division fondamentale selon laquelle le droit public concerne la République romaine et le droit
privé pour les particuliers a traversé les siècles.

Chez les auteurs politiques du XVIIIème siècle, le terme « droit public » correspond à ce que l’on
appelle aujourd’hui le droit international. Le terme « droit politique » employé par JJ Rousseau
correspond à peu près à notre conception actuelle du droit public en général. Il en est de même de
Montesquieu dont l’opposition entre droit politique et droit civil correspond à la distinction faite par
Ulpien entre le droit public et le droit privé. Dans son ouvrage intitulé Esprit des lois, Montesquieu
écrit :

« Considéré comme vivant dans une société qui doit être maintenu entre les hommes ont des lois
dans le rapport de ceux qui gouvernent et c’est le droit politique, ils en ont encore dans les rapports
que tous les citoyens ont entre eux et c’est le droit civil. » La pérennisation de la distinction droit
public/droit privé résulte aussi de l’enseignement dispensé dans les facultés de droit où la distinction
a pris une importance institutionnelle. Les programmes officiels et les professeurs continuent
aujourd’hui à véhiculer et à transmettre cette distinction.

CHAPITRE I : LES CRITERES DE LA


DISTINCTION

En théorie, le droit public et le droit privé peuvent être distingués sur la base des critères suivants :

1. Le critère organique :
Le droit public est le droit applicable à une relation juridique au sein laquelle une personne publique
est présente. Les personnes publiques sont d’une part l’Etat, d’autre part des personnes morales qui
sont le plus souvent créées par l’Etat affectées par lui à la fonction d’intérêt général et dont il
surveille étroitement le fonctionnement (ex : les provinces, les régions, les communes, les hôpitaux
publics, les universités publiques…). Le droit public règlemente le statut de ces personnes c’est-à-dire
la manière dont elles sont créées, la manière dont elles sont organisées et fonctionnent. Le droit
public régit encore les relations des personnes publiques entre elles. Il s’applique notamment aux
relations entre Etats. C’est ce qu’on appelle le droit international public. Il concerne encore les
relations de l’Etat ou des autres personnes publiques créées dans son cadre (ex : relations
Etat/région, Etat/commune …).

Le droit privé est la partie du droit qui régit les rapports entre les particuliers qu’il s’agisse de
personnes physiques ou de personnes morales de droit privé. Les personnes privées sont d’une part
les individus que l’on appelle personnes physiques et d’autre part les groupements d’individus dotés
de personnalité juridique c’est-à-dire capables comme une personne physique d’avoir des droits et
des obligations que l’on appelle personnes morales (ex : les sociétés commerciales, les associations
…). Le droit privé réglemente le statut de ses personnes ainsi pour les personnes physiques, il règle
les questions de filiation, les questions matrimoniales et successorales. Pour les personnes morales, il
règle les questions de formation (ex : constitution de société) ou de fonctionnement. Le droit privé
règle encore les relations qui s’établissent entre les personnes privées (ex : il pose les règles
applicables au contrat conclu entre ces personnes).

2.Le critère téléologique (par rapport à la finalité) :

 La règle de droit public aurait pour but de promouvoir l’intérêt général, l’utilité publique… le
droit public doit être accompli dans l’intérêt public.
 La règle de droit privé serait au contraire destiné à protéger des intérêts particuliers, des intérêts
privés. D’une manière générale, les actes de droit public doivent être accomplis dans l’intérêt
public et non dans l’intérêt de leurs auteurs. Au contraire, l’acte juridique du droit privé est passé
dans l’intérêt de son auteur ou dans un autre intérêt privé.

2. Le critère formel :
Le droit public est caractérisé par des techniques différentes de celles du droit privé, notamment en
ce qui concerne la forme des règles. La règle de droit public est généralement impérative. Elle se
présente sous la forme d’un ordre ou d’une interdiction. L’acte unilatérale autoritaire par lequel une
personne peut en obliger juridiquement un autre est une technique très souvent utilisé en droit
public parce qu’elle rencontre de la relation politique de subordination de l’individu à l’égard des
autorités étatiques. La règle de droit privé est parfois impérative mais souvent elle se limite à
autoriser une certaine activité donc c’est une règle permissive ou encore à interpréter une attitude
des sujets de droit connu traduisant une certaine intention donc dans ce cas, il s’agit d’une règle
interprétative.

CHAPITRE II : DEFINITIONS ET
CARACTERES FONDAMENTAUX DU
DROIT PUBLIC

Le droit public est constitué par l’ensemble des règles régissant les rapports de droit dans lesquels
interviennent des personnes publiques (Etat, collectivité locale, …), dans le but d’intérêt général et
généralement avec des prérogatives liés avec la puissance publique et celle qui régissent les
relations entre ces personnes publiques et les citoyens.

CAPITRE III : LES BRANCHES DU DROIT


PUBLIC

1. Distinction du droit public interne et du droit public international :


 Le droit public interne est celui qui, pour chaque Etat, fixe le statut des personnes publiques, fixe
leurs relations avec les personnes privées (=droit national).
 Le droit international public est l’ensemble ordonné de règles qui concernent les relations entre
les Etats, et celles qu’ils entretiennent avec les autres entités internationales, c.-à-d. les
organismes internationales (ONU, SADC, …) et d’une manière générale avec la communauté
internationale. (= droit communautaire).

2. distinction à l’intérieur du droit public interne :

Le droit public interne a pour but de fixer quelles sont, à l’intérieur d’un Etat, les règles relatives de la
constitution de la puissance publique et à ses rapports avec les sujets ou les gouvernés. Le droit
public interne comprend 3 branches principales :
 Le droit constitutionnel /droit des institutions politiques ou droit politique : il concerne le pouvoir
de l’Etat, i.e. sa structure, son mode d’acquisition, son fonctionnement. Il concerne
l’organisation de la puissance publique dans ses éléments les plus élevés comme le parlement, le
gouvernement ou encore le pouvoir judiciaire.
 Le droit administratif, qui peut être considéré comme le droit qui règlemente la structure de
l’administration, ses agents et les rapports avec les particuliers (=administrés). Il peut donc être
défini comme l’ensemble de normes relatives à l’ordre public et à la mise en œuvre des activités
publiques destinés à satisfaire au besoin du public.
 Les droits de finance public qui désigne l’étude des règlements des opérations relatives aux
données publiques, comme la loi de finance au budget, les impôts, les dettes publiques… selon le
critère organique, les finances publiques peuvent aussi être présentées comme l’ensemble des
règles gouvernant les finances de l’Etat, celles de collectivités locales, des fonds des
établissement publiques…
N.Bl’étude de différentes taxes est dite: droit fiscale.

LE DROIT CONSTITUTIONEL :
Par certains aspects, le droit constitutionnel se trouve être le fondement de tout droit interne, qu’il
s’agisse du droit publique ou de droit privé car la constitution est toujours la loi fondamentale de
chaque pays.
Constitution
Loi
Décrets
Arrêtés
Principes du droit
La jurisprudence
Coutumes

Hiérarchie des normes : pyramide de KELSEN

Le droit constitutionnel est aussi traditionnellement et principalement une branche essentielle du


droit publique, mais il exerce une influence considérable sur les autres branches du droit public, i.e.
le droit administratif et les finances publiques ; ainsi que sur celles du droit privé comme le droit civil
ou le droit du travail. Le droit positif, i.e. le droit en vigueur dans un pays donné dans un ensemble, y
compris le droit constitutionnel implique la présence d’un Etat, ou du moins, d’un pouvoir
institutionnalisé susceptible de la dicter ou de la sanctionner. C’est par là que le droit constitutionnel
conditionne tout le reste du droit. Ce sont des normes constitutionnelles qui vont définir la manière
dont seront créées les autres règles juridiques i.e. les lois et les règlements… la discussion de justice,
les contrats, les traités internationaux… mais aussi dans certaines mesures, leur contenu. C’est
d’ailleurs ce qui permet de qualifier les règles infra-constitutionnelles d’intérieur.

CHAPITRE I : LA NOTION DE DROIT


CONSTITUTIONNEL
Dans sa description la plus classique, le droit constitutionnel est l’étude de l’ensemble des règles
juridiques d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics ou plus précisément du
pouvoir politique de l’Etat ; tel qu’il est mis en place par un document particulièrement solennel :
La constitution. Comme l’a dit Charles Cadoux : « il peut se définir comme la branche du droit qui
détermine les règles juridiques relatives à la structure de l’Etat et à l’exercice du pouvoir politique »
D4après cette définition, l’objet d’étude du droit constitutionnel comprend 2 éléments :

1. la structure de l’Etat :
Il s’agit de l’organisation interne de l’Etat, l’Etat qui est la forme actuelle de toute société humaine
organisée. Vu de cet angle, le droit constitutionnel, c’est le droit de l’Etat.

2. le pouvoir politique :
C’est le pouvoir de commandement qui appartient à certains individus appelés les « gouvernants », à
l’égard de leurs citoyens dits « gouvernés ». L’épithète constitutionnelle vient du fait que les règles
essentielles de ce droit figurent généralement dans un document que l’on appelle la constitution.

Le droit constitutionnel est défini par HUGUE PORTELLI comme étant l’ensemble des règles
juridiques qui encadrent l’exercice d’un pouvoir politique, et la compétition pour sa conquête dans
l’Etat. C’est le droit de l’autorité politique. Il est indissociable de « politique », le politique peut se
définir comme la lutte pour la conquête et l’exercice du pouvoir dans la société, selon la formule
d’ANDRE HAURIOU, le droit constitutionnel est la branche du droit qui assure l’encadrement
juridique des phénomènes politiques.

CHAPITRE II : L’EVOLUTION DU DROIT


CONSTITUTIONNEL
Jusqu’au XXème siècle, l’enseignement du droit constitutionnel se limitait à l’étude de la constitution,
statut juridique de l’Etat qui fixe l’organisation des pouvoirs publics, de la hiérarchie des normes et
de fondements des citoyens. La tâche essentielle de la science du droit constitutionnel était de
décrire les normes juridiques en vigueur, i.e. les règles du droit positif et d’en éclairer les fondements
à l’aide des grandes doctrines i.e. de la théorie constitutionnelle. Les constitutionnalistes se sont
progressivement aperçus que la simplitude du texte juridique fondamental était insuffisant pour
résoudre et rendre compte du droit constitutionnel. La description des règles constitutionnelles
s’ajoutait que de peu d’éléments nouveaux à la simple lecture des textes constitutionnels. On a
remarqué également qu’il y aurait un décalage entre les règles contenues dans la constitution et la
pratique nulle au sein des Etats. Il y a un écart entre le droit et les faits réels. (ex : de 75-91,
Madagascar portait le titre officiel de République Démocratique, mais le régime politique en vigueur
n’était de loin démocratique).
Enfin, il existe des phénomènes politiques dont la constitution parle très peu mais qui jouent un rôle
très important dans la vie constitutionnelle, c’est le cas des partis politiques qui occupent une place
importante dans l’exercice de la démocratie et le fonctionnement des régimes politiques
contemporains. La constitution malgache ne consacre qu’un seul article (art11) au parti politique sur
les 168 articles que comprend le texte fondamental. Or, la vie politique a montré que les multiples
crises qu’a connues Madagascar étaient liées aux phénomènes des parties politiques.

La 1ère évolution du droit constitutionnel moderne est donc l’influence de la science politique en en
dépassant la simple description des règles juridiques par la description au fonctionnement réel du
système politique. C’est ainsi que les programmes des études de droit ont été modifiés pour faire
figurer dans le titre de cours à côté de l’expression « droit constitutionnel » celle de « science
politique » ou « institution politique ». En ce temps d’évolution du droit constitutionnel résultent des
transformations qui affectent le fond de cette matière juridique, il s’agit principalement du
prodigieux développement de la justice constitutionnelle et du droit de la constitution sanctionné par
un juge. Dans de nombreux pays, des cours constitutionnelles ont été créées, c’est le cas à
Madagascar avec la H.C.C. Ces cours constitutionnelles ont interprété les règles constitutionnelles,
l’ensemble de ces interprétations forme ce que l’on appelle « justice prudence constitutionnelle »,
cette justice prudence est d’une grande partie d’une grande complexité. Ces cours constitutionnelles
vont amener à examiner si les lois sont conformes aux écrits contenus dans la constitution. Elles
contribuent à déterminer les bases des différentes branches du droit comme le droit civil, le droit
pénal, le droit commercial qui se trouvent dans la constitution. La science du droit constitutionnelle
retrouve alors son rôle essentiel, à savoir décrire et commander cette justice prudence des cours
constitutionnelles.
Le droit constitutionnel est bouleversé par cette évolution puisque l’existence d’un juge de la
constitution juridicise considérablement un droit qui auparavant était davantage régi par des accords
conventionnels entre les différents pouvoirs publiques. Le droit constitutionnel apparait aujourd’hui
avec sa pleine normativité.
Aujourd’hui, le droit constitutionnel représente un vaste ensemble qui comprend plusieurs sous-
branches. C’est d’abord un droit clé d’Etat ou plus précisément le droit des activités internes de
l’Etat. Il est élargi à des droits dérivés comme le droit parlementaire qui régit la vie et les activités des
assemblées parlementaires, comme le droit électoral, qui fixe les règles de jeu pour la désignation
des représentants. Ainsi le droit constitutionnel se prolonge par un droit politique qui règlemente
l’activité des partis politiques, qui règlemente le financement de li vie politique, qui règlemente le
statut des élus et des candidats aux élections.

CHAPITRE III : LES OBJETS DU DROIT


CONSTITUTIONNEL
On fait aujourd’hui la distinction entre le droit institutionnel, le droit constitutionnel des libertés et le
droit constitutionnel normatif. Mais le droit constitutionnel moderne est en train de prendre en
considération de nouveaux objets.

2. Le droit constitutionnel des libertés :

Le droit constitutionnel régit les rapports entre gouvernants et gouvernés, entre la puissance
publique et les individus en conférant à ces derniers un certain nombre de droits et libertés
fondamentaux. Il s’agit du droit constitutionnel substantiel. Ces droits et libertés peuvent être
individuelles comme le droit au respect de la vie privée ou collectives comme la participation des
travailleurs à la détermination des conditions de travail. Le droit constitutionnel a pour objet
d’énoncer un certain nombre de droit dont les individus peuvent se prévaloir devant les gouvernants
(ex : les articles 7 à 39 de la Constitution malgache actuelle). En ce sens, le droit constitutionnel est
une technique de liberté. Le droit constitutionnel n’est pas établi dans le seul intérêt des gouvernants
mais surtout dans celui des gouvernés. Il a pour objectif de concilier la liberté des citoyens et la
nécessaire autorité des gouvernants. C’est à travers les règles de droit constitutionnel que l’on va
essayer de tempérer le pouvoir des gouvernants avec le besoin de liberté des citoyens. Cette
conception du droit constitutionnel est née d’un mouvement idéologique puissant du XVIIIème siècle
appelé « constitutionnalisme ». Pour cette doctrine, il n’existe de véritable constitution que libérale,
consacrant les principes supra-positifs les droits de l’Homme et la séparation des pouvoirs destinés à
fixer des bornes au pouvoir. Le droit constitutionnel a aussi un rôle important à jouer en matière
d’études des sociétés démocratiques avec le processus de démocratisation engagé à Madagascar, en
Afrique et en Europe centrale et de l’est à partir des années 90. Le droit constitutionnel est un outil
utile pour comprendre les mécanismes de la démocratie.

3. Le droit constitutionnel normatif :

La création et le régime juridique des normes juridiques, c’est-à-dire des règles de droit constituent
le troisième objet du droit constitutionnel. La Constitution est une norme de production des normes.
Cela signifie que la possibilité d’étiqueté des règles de droit vont puiser leur source dans la
Constitution, la Constitution qui va consacrer leur existence. Ces trois objets du droit constitutionnel
sont interdépendants les uns des autres (ex : l’élaboration d’une loi, création d’une norme juridique
peuvent soulever un conflit politique donc droit constitutionnel institutionnel est porté sur une
question de liberté).

4. Les autres objets du droit constitutionnel :

L’environnement est un nouvel objet du droit constitutionnel. Ainsi la protection de l’environnement


introduite dans la Constitution allemande en 1994 est une nouvelle finalité assignée à l’Etat. Il en est
de même en France avec la loi constitutionnelle relative à la Charte de l’environnement adoptée le
24 Juin 2004. La décentralisation est aujourd’hui considérée comme un objet renouvelé du droit
constitutionnel. La Constitution malgache de la IV République consacre le titre 5, c’est-à-dire les
articles 139 à 160 à l’organisation territoriale de l’Etat et donc à la décentralisation.

CHAPITRE IV : L’IMPORTANCE ET
L’INTERET DU DROIT
CONSTITUTIONNEL
La difficulté d’enseigner le droit constitutionnel vient des missions assignées à cet enseignement, la
première de ces missions est de former l’étudiant c’est-à-dire de l’initier au droit constitutionnel.
Cette matière constitue une véritable introduction au droit. La formation de l’étudiant passe par
l’acquisition d’un vocabulaire aussi précis que possible et par la maîtrise de concept et de mécanisme
juridique. La deuxième mission du droit constitutionnel est d’informer ou plus exactement de créer
chez l’étudiant le réflexe de s’informer. Les problèmes de droit constitutionnel ont des liens étroits
avec l’actualité interne et internationale. La formation du gouvernement d’Union nationale à
Madagascar relève de l’actualité constitutionnelle. Il en est de même de la désignation du nouveau
Premier Ministre grec le 10 Novembre 2011. Pour compléter sa formation et le cours magistral,
l’étudiant devra s’informer et s’intéresser aux problèmes politiques de son pays et aux problèmes
internationaux. La troisième mission concerne la mission traditionnelle de l’université qui a été et
sera toujours un lieu de réflexion sur la société comme l’écrit Claude Leclercq 1 : « le cours de droit
constitutionnel se présente non seulement comme un enseignement d’introduction au droit mais
aussi comme une matière devant inciter les étudiants à la réflexion politique pour leur permettre
de s’intégrer comme citoyen donc être pensant au monde contemporain. » Le droit constitutionnel
doit favoriser la réflexion personnelle de l’étudiant afin qu’il soit capable de juger l’évolution du
monde contemporain au-delà des informations fournies par les médias. Le plan général de ce cours
est basé sur le schéma classique suivant :

Première partie : la théorie générale des institutions politiques

Deuxième partie : les régimes politiques contemporains

ère
1 PARTIE : THEORIE
GENERALE DES INSTITUTIONS
POLITIQUES
Cette théorie consiste à poser le cadre théorique qui peut servir de modèle de référence dans l’étude
pratique des régimes politiques contemporains. Elle permet de présenter et d’expliquer les
principales règles et les mécanismes constitutionnels essentiels, d’étudier les institutions politiques 2
imaginées par les hommes pour leur gouvernement sous l’angle des rapports institutionnels et du
fonctionnement interne de chaque institution. Cette première partie est donc consacrée aux
principaux problèmes théoriques qui concernent les institutions politiques dans le monde
contemporain. Toute étude portant sur les institutions politiques part d’un constat : toute société
humaine se caractérise aujourd’hui par la manifestation d’un phénomène d’autorité ou de pouvoir.
Le point de départ de cette étude sera la cadre d’exercice de ce pouvoir à savoir l’Etat.

2
L’ETAT :
CHAPITRE I : LA NOTION D’ETAT
La question qui se pose est la suivante : qu’est-ce que l’Etat ? La réponse à cette question conduit
d’abord à définir les conditions d’existence de l’Etat.

A. Les éléments constitutifs de l’Etat :

André Hauriou3 a donné de l’Etat la définition suivante : « un Etat est un groupement humain fixé
sur un territoire déterminé et dans lequel un ordre social politique et juridique est établie et
maintenue par une autorité, munie de pouvoir de contraintes. » De cette définition, on peut
conclure qu’en droit, trois éléments sont nécessaires et suffisants pour que l’Etat existe :

 Le territoire
 La population
 Le pouvoir politique

1. Le territoire :

L’Etat a été défini par Maurice Hauriou 4 comme un phénomène essentiellement spatial, le territoire
situe l’Etat dans l’espace par rapport à ses voisins et délimite la sphère d’exercice de ses
compétences. Il ne peut pas y avoir d’Etat sans territoire peu importe que le territoire soit exigu
comme le cas d’un micro-Etat comme Maurice ou très vaste comme celui du Canada ou de la Russie.
En droit, le territoire est l’ensemble spatial délimité par des frontières sur lequel s’exercent les
prérogatives de l’Etat. Le territoire fournit le cadre de l’exercice des compétences étatiques. Il est
l’étendue géographique sur laquelle va s’exercer l’autorité souveraine et exclusive de l’Etat. Le
territoire de l’Etat comprend différents éléments à savoir le territoire terrestre, le territoire maritime
et le territoire aérien. Le territoire peut présenter certaines particularités. Le territoire terrestre peut
être fractionné. C’est le cas des Etats-Unis avec l’Alaska et les iles Hawaii, de l’Indonésie dont le
territoire comprend 13677 îles et des Seychelles dont le territoire est constitué de 115 îles et îlots.
Certains Etats sont enclavés c’est-à-dire cernés de toute part par un territoire étranger (ex : le
Lesotho est enclavé en Afrique du Sud, d’autres Etats sont enclavés par plusieurs Etats. C’est le cas
du Tchad ou du Niger). Le territoire est délimité par des frontières qui seront naturelles ou au
contraire artificielles. Les frontières sont des lignes qui déterminent ou commencent et ou finit le
territoire relevant respectivement de deux Etats voisins. Dans certains cas, le territoire tend à perdre
de son importance avec les tentatives de certains Etats de se regrouper entre eux. C’est le cas de
l’Union européenne qui regroupe 27 Etats de l’Europe en signant le traité de Maastricht le 7 février
1993. Les pays membres de l’Union européenne se sont engagés à réaliser une union politique,
économique et monétaire. Une telle union se traduit par un certain effacement des territoires
3

4
Voir biographie
nationaux. Les zones de libre-échange qui vont s’instaurer au sein de la Commission de l’Océan
indien, au sein du COMESA ou de la SADEC ont aussi pour effet de supprimer certains aspects des
frontières nationales. Malgré ces tentatives de regroupement, le territoire garde de son importance,
des conflits armés continuent de naître en cas de désaccord frontalier. C’est le cas du conflit armé de
Janvier 2011 entre la Thaïlande et le Cambodge. En Europe, l’acte final de la Conférence sur la
sécurité et la coopération en Europe signée en 1975 à Helsinki stipule de droit de tout Etat à vivre
dans des frontières sûres et reconnues. Il affirme l’intangibilité des frontières et déclare que toute
modification ne peut se faire que par des moyens pacifiques. Une telle démarche pacifique a pu être
maintenue pour la réunification de l’Allemagne, pour le tracé de la frontière entre l’Allemagne et la
Pologne. Dans le cas de l’ex-Yougoslavie par contre, des conflits armés ont eu lieu pour délimiter le
tracé des frontières des nouveaux Etats. En Afrique, la Charte de l’organisation de l’Unité africaine a
posé dans son préambule et de ses articles 2 et 3 le principe de l’intangibilité des frontières hérité de
la colonisation c’est-à-dire que les nouveaux Etats africains au moment de l’indépendance devait
garder les frontières artificielles tracées par les puissances coloniales lors de la Conférence de Berlin
de 1885. Lorsque le territoire vient à faire défaut, la souveraineté ne trouve plus à s’exercer et on
peut considérer que l’Etat disparait. C’est le cas lorsque le territoire d’un Etat a été entièrement
conquis ou annexé par une puissance étrangère. C’est le cas de la colonisation de Madagascar au
XIXème siècle. Les gouvernements en exil ne peuvent pas être considérés comme des Etats à part
entière. Ils redeviennent des Etats à partir du moment où leur autorité s’exerce de nouveau sur le
territoire.

2. La population :

Selon Burdeau, Hamon et Troper, « on ne peut parler d’Etat que lorsqu’un ensemble limité
d’hommes est soumis à un ordre juridique déterminé à l’exclusion de tout autre. » C’est un
ensemble délimité par le territoire qu’il occupe de manière suffisamment stable. La population
constitue le groupement humain à la base de l’Etat. Un territoire sans habitant comme l’Antarctique
n’est pas un Etat. La population est formée par l’ensemble des individus vivant de manière
permanente sur le territoire d’un Etat. La population est composée de nationaux c’est-à-dire
d’individus liés à l’Etat par le lien juridique de la nationalité commune. Elle comprend aussi les
étrangers qui résident sur son territoire. Ces derniers possèdent la nationalité d’un autre Etat. A
Madagascar, il y a des Français, des Chinois, des Indiens, etc… La population d’un Etat peut être
homogène ou hétérogène c’est-à-dire qu’elle peut être composée d’une nation unique ou d’un
groupe de nationalités. Il y a donc un rapport entre l’Etat et la nation.

a.Définition de la nation :

Il y a deux conceptions de la nation :

- La conception objective de la nation, qui est la conception allemande, met l’accent sur des
éléments objectifs pour identifier le groupe national. La nation est unie par la langue, la
religion, la culture, la géographie, la race. Cette conception a été développée par des auteurs
allemands comme Fichte ;
- La conception subjective de la nation, qui est la conception française, met l’accent sur des
liens spirituels. La nation est d’abord un vouloir-vivre collectif. La nation est basée sur la
volonté de vouloir vivre en commun. Cette conception a été défendue par les auteurs
français Ernest Renan ou Michelet.

Le territoire est une condition matériellement et psychologiquement nécessaire à l’existence de la


nation. Un Etat se trouve confronter à de graves difficultés lorsque le sentiment national a disparu
(ex : dépolitisation, désobéissance civile, nomadisme et migration massive, etc…)

b. Liens entre l’Etat et la nation :

La population de l’Etat peut être constituée d’une nation unique lorsque le territoire est habité par
une population homogène. On parle d’Etat-nation. Dans ce cas, il y a coïncidence entre l’Etat et la
nation. La France et l’Allemagne sont des Etats-nations. L’Etat et la nation ne coïncident pas toujours.
Il arrive qu’une nation soit divisée en deux ou plusieurs Etats. La nation coréenne est divisée en deux
Etats : la Corée du Nord et la Corée du Sud. Il existe des nations sans Etat comme la nation kurde ou
la nation palestinienne. A l’inverse, un même Etat peut regrouper plusieurs nations à l’intérieur de
ses frontières. L’Etat multinationale est celui dans lequel la population est très différenciée par la
langue, l’origine ethnique, les modes de vie, etc… L’Etat multinational peut être un territoire de
migration comme les Etats-Unis ou le Brésil. Il existe des Etats sans nation comme certains Etats
africains créés artificiellement à partir des anciennes frontières coloniales. L’exemple de l’ancienne
Union soviétique et de l’ancienne Yougoslavie montre que l’Etat multinational peut éclater en
plusieurs Etats nationaux après l’effondrement du communisme dans ces deux pays, chaque nation
principale s’est proclamée Etat souverain. Cette démarche est juridiquement fondée sur le principe
des nationalités d’une part et sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes d’autre part. Ce droit
a été réaffirmé par la résolution n° 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 14 Décembre
1960. Selon ce principe et ce droit, toute nation a le droit de former un Etat. Cependant le droit
international ne reconnait pas de droit à la sécession des minorités au sein d’un Etat indépendant. La
Cour international de Justice a précisé le contenu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans
un avis consultatif de 1975 sur le Sahara occidental. Elle y indiquait notamment que : « une certaine
population ne constitue pas un peuple pouvant prétendre disposer de lui-même ». C’est sur la base
de cette interprétation qu’aucun Etat n’a reconnu l’indépendance de l’île d’Anjouan aux Comores. Il
faut souligner que ce n’est pas l’existence d’une nation mais seulement celle d’une population qui est
une condition d’existence de l’Etat.

3. Le pouvoir politique :

L’Etat est une institution, c’est une organisation sociale dotée d’une personnalité juridique autonome
et souveraine. En tant que tel, l’Etat est doté d’une autorité politique qui doit assurer l’unité de la
population et du territoire. En tant que pouvoir, l’Etat est institutionnalisé, c’est-à-dire qu’il est fondé
en droit et qu’il est une construction juridique. La puissance de l’Etat s’exerce selon des règles
juridiques : on parle de pouvoir de droit. Le pouvoir des gouvernants est établi dans une constitution
ou une loi fondamentale. Pour exister, l’Etat ne peut pas se passer du droit. Ce lien entre pouvoir et
droit est clair sur le plan de la durée. Pour que le pouvoir subsiste et se transmette, il faut qu’il soit
impersonnel. Le pouvoir est distinct des individus qui en assurent momentanément la charge (ex :
distinction entre le Président de la République est la personne qui assume cette charge. Un individu
peut perdre le pouvoir (ex : en perdant les élections, ce pouvoir ne cessera pas d’exister en lui-
même). Le troisième élément constitutif de l’Etat est donc l’existence d’un pouvoir politique, qui est
une organisation politique et juridique que l’on appelle aussi appareil d’Etat. Il n’y a pas d’Etat sans
un appareil d’Etat c’est-à-dire sans des institutions ou organes spécifiques ayant un pouvoir juridique
exclusif et effectif.

a.Le pouvoir exerce une autorité exclusive :

Exclusivité ne signifie pas inexistence d’autres autorités au sein de la société. Il y a par exemple
l’autorité familiale comme l’autorité parentale, comme les autorités professionnelles, les autorités
religieuses, les autorités traditionnelles, etc… Exclusivité veut dire qu’il n’y a qu’un seul pouvoir
politique qui s’exerce sur l’ensemble du territoire et sur l’ensemble de la population. Il ne doit pas y
avoir deux autorités politiques concurrentes comme les deux gouvernements à Madagascar pendant
les crises politiques de 1991 et 2002. Si l’organisation politique et juridique que l’on appelle pouvoir
n’exerce pas ses compétences exclusives, il n’y aurait ni indépendance, ni souveraineté de l’Etat.
C’est le principe de la plénitude de compétence de chaque Etat sur son territoire. Ainsi, les
compétences du gouvernement malgache, du Parlement malgache et de la Justice malgache
s’exercent sur l’ensemble du territoire de Madagascar c’est-à-dire à l’intérieur des frontières de
Madagascar. La plénitude des compétences de l’Etat peut faire l’objet de certaines limitations. C’est
le cas d’une concession de base militaire à une puissance étrangère. Les bases militaires étrangères
échappent à la compétence de l’Etat d’accueil. Sous la Première République à Madagascar, les bases
d’Ivato et de Diego Suarez relevaient de la compétence de l’Etat français. Il faut souligner cependant
que cet abandon temporaire de compétence est volontaire de la part de l’Etat d’accueil. D’autre part,
il y a un loyer à payer. Pour leur base militaire à Djibouti, les Etats-Unis payent un loyer de 30 millions
de dollars par an et le Japon, 40 millions de dollars par an.

b.Le pouvoir exerce une autorité effective :

Cela signifie qu’il doit être capable d’assurer réellement et effectivement l’ordre public, d’assurer les
fonctions étatiques et administratives sur son territoire. Le pouvoir politique doit être véritablement
en mesure d’être obéi sur tout son territoire. Pour exercer effectivement son autorité, le pouvoir
étatique a le monopole du recours à la contrainte matérielle. Il est le seul à pouvoir utiliser la force
armée et les forces de police pour se faire obéir. Le monopole de la contrainte matérielle se traduit
par le monopole de l’édiction des règles de droits et de l’emploi de la force publique. Ainsi, au Liban,
la restauration de l’autorité de l’Etat en 1991 après plusieurs années de guerre civile a commencé par
la dissolution des milices et le renforcement de l’autorité de l’armée libanaise c’est-à-dire de l’armée
de l’Etat. Les institutions ou organes qui constituent l’Etat sont appelés à Madagascar au niveau le
plus élevé institutions politiques (ex : le Président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat
ou le gouvernement) et au niveau inférieur institutions administratives (ex : le chef de région, le chef
de district ou le maire). L’existence de l’Etat dépend donc de trois facteurs : un facteur humain, la
population ; un facteur géographique, le territoire ; un facteur politique, le pouvoir d’Etat. Ces trois
conditions d’existence de l’Etat sont cumulatives : dès que l’une d’elles manque, il n’y a pas d’Etat.
C’est le cas de la Somalie où depuis 1991, les institutions étatiques ne contrôlent que la capitale.

B. La spécificité de l’Etat :
Sur le plan juridique, quels sont les critères de l’Etat ? L’Etat est une institution, une personne morale
souveraine, la première condition se rapporte donc à la personnalité juridique de l’Etat et la seconde
condition à la spécificité de l’Etat.

1. La personnalité juridique de l’Etat :

Au sens juridique du terme, les personnes sont les êtres capables de jouir de droits. Les personnes
sont également des sujets de droit. L’Etat est une création humaine. C’est une entité, en terme
juridique, c’est une institution, une personne morale distincte de la personne physique des
gouvernants (ex : lorsque le Premier Ministre X signe un accord avec la banque mondiale, ce n’est
pas lui qui est personnellement engagé, c’est l’Etat malgache). Les gouvernants reçoivent leurs
compétences de l’Etat et l’exercent en son nom. Le pouvoir est attaché à leur fonction et non à leur
être. Symbole de la communauté nationale et titulaire du pouvoir politique, l’Etat est érigé en
personne morale de droit public. Cette personnalité juridique permet d’assurer la continuité de l’Etat
et d’en faire un centre de décision.

2. La souveraineté de l’Etat :

La souveraineté de l’Etat peut s’envisager sur le plan du droit interne et sur le plan du droit
international. Elle a aussi évolué avec le temps en passant de la notion politique à la notion juridique.

a.La notion politique de souveraineté de l’Etat :

Cette notion politique dégagée par Bodin en 1576 établit une équivalence entre souveraineté et
indépendance absolue. Elle consiste à affirmer que l’Etat est affranchi de toute espèce de
subordination vis-à-vis de n’importe quel autre pouvoir. Cette conception de la souveraineté
indépendance est concernée par le droit international. Elle est à la base de la doctrine de
l’indépendance fondamentale des Etats dans les relations internationales et justifie le principe de
non-intervention et de non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Etat.

b.La conception juridique de la souveraineté de l’Etat :

Cette conception consiste à admettre que la souveraineté est la propriété des pouvoirs de
gouvernement. Le gouvernement d‘un Etat met en œuvre un certain nombre de pouvoirs ou de
droits. Droits de législation et de réglementation, droit de police, droit de justice, droit de battre
monnaie5, droit de légation6, droit d’entretenir une armée, etc… L’Etat a la disposition de ses
pouvoirs de gouvernement appelé aussi droit régalien 7 essentiel

c.La doctrine de la souveraineté :

Elle part de la constatation que l’Etat détermine lui-même ses compétences et ses propres règles
fondamentales inscrites dans la Constitution. L’Etat fonde et délimite l’ordre juridique national c’est-
5
Créer de l’argent
6
Droit de se faire représenter à l’étranger
7
Vient du terme roi : le roi détient tous les pouvoirs
à-dire l’ensemble des règles qu’il se donne et des règles qui en procèdent. C’est ce que les auteurs
allemands comme Jelinek traduisent en disant que seul l’Etat a la compétence des compétences.
C’est ce que l’on appelle la souveraineté de l’Etat. En droit, la notion de souveraineté est relative et
divisible. A l’intérieur de chaque Etat, les compétences sont partagées soit entre le pouvoir central et
les collectivités locales soit entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés. Cela dépend de la forme de l’Etat.

CHAPITRE II : LES DIFFERENTES


FORMES D’ETAT
La forme de l’Etat ou la structure de l’Etat ou plus précisément la forme d’organisation de l’Etat est
un problème très important. Au moment de l’élaboration d’une Constitution, la forme à donner à
l’Etat fait toujours partie des principaux sujets de discussions. Ce fut le cas lors de la création des
Etats-Unis d’Amérique ou lors de la Conférence nationale de 2010 à Madagascar au moment de la
discussion sur la Constitution de la IVème République. Parler de la forme de l’Etat conduit à envisager
l’organisation des relations entre l’Etat et les collectivités qui le composent. Tout Etat est totalement
libre de choisir la forme qu’il veut ou d’en changer à un moment donné. Le Cameroun est ainsi passé
en 1972 de la forme fédérale à la forme unitaire. S’il existe aujourd’hui 193 Etats, il y a deux formes
essentielles de l’Etat : l’Etat unitaire et l’Etat fédéral. Des Etats peuvent également se regrouper pour
former une confédération.

A. L’Etat unitaire :

Selon Pierre Pactet, « l’Etat unitaire est celui qui, sur son territoire et pour la population qui y vit,
ne comporte qu’une seule organisation politique et juridique dotée à elle seule de la plénitude de
sa souveraineté ». Comme le précise Delpérée, il s’agit d’un Etat où : « la loi est la même pour tous,
la volonté politique s’y exprime d’une seule et même voix. Elle s’impose à tous individus ou
groupes de collectivités publiques ». L’Etat unitaire se caractérise par le fait que les collectivités
composantes ne disposent pas de la compétence constitutionnelle ni même de la compétence
législative. Suivant le cas, elles peuvent disposer de certaines compétences réglementaires ou
administratives limitées dans l’espace mais ces compétences sont toujours exercées sous réserve du
respect des décisions étatiques. Le maire peut prendre des arrêtés (municipaux, communaux) en
matière d’hygiène ou de circulation dans les limites géographiques de sa commune. La très grande
majorité des Etats existants sont constitués par des Etats unitaires. La France, la Grande-Bretagne ou
Madagascar sont des Etats unitaires. L’Etat unitaire peut être organisé suivant des modalités
diverses. Il pourra être centralisé ou décentralisé.

1. L’Etat unitaire centralisé :


L’Etat unitaire centralisé, c’est l’Etat dans lequel toutes les décisions non seulement dans le domaine
politique mais aussi en matière administrative relèvent des administrations centrales des
administrations de l’Etat. L’Etat est dit centralisé lorsque le gouvernement central dispose de façon
exclusive de l’autorité politique au détriment des autorités locales. Le pouvoir est monopolisé par le
centre. Selon George Burdeau, « partout où s’exerce la puissance publique, c’est au nom de l’Etat et
sous son autorité » il n’y a qu’un seul centre de pouvoir : les autorités nationales ou centrales. L’Etat
unitaire centralisé connait lui-même deux formes d’organisation administrative : la concentration et
la déconcentration. L’Etat unitaire concentré c’est celui dans lequel tout pouvoir de décision émane
de l’Etat et de la capitale. Lorsqu’une question se pose dans une collectivité, l’Etat envoie des agents
spécialisés afin de la résoudre. Dans la réalité, la centralisation totale des décisions est difficile à
mettre en œuvre. A partir d’une certaine dimension, les Etats centralisés sont obligés d’admettre que
les décisions d’intérêt locales doivent être arrêtées au niveau local pour éviter la paralysie de l’Etat.
Les décisions d’intérêt nationales sont prises par le pouvoir centrale tandis que les décisions qui
intéressent directement les administrés des collectivités locales sont prises par les autorités locales.
L’Etat unitaire a toujours deux caractéristiques : d’une part, l’unité des institutions politiques c’est-à-
dire qu’il n’y a qu’un seul gouvernement, un seul Parlement et un seul appareil judiciaire pour
l’ensemble du pays. D’autre part, l’absence d’unité absolue c’est-à-dire qu’il y a toujours des
mécanismes qui permettent d’atténuer la centralisation. Les Etats unitaires modernes peuvent
adopter la formule de la déconcentration. L’Etat unitaire déconcentré c’est celui dans lequel un
pouvoir de décision est reconnu à des agents locaux de l’Etat nommé par le pouvoir central repartie
dans les circonscriptions administratives. Ces agents ne sont pas indépendants mais soumis à
l’autorité hiérarchique de l’administration centrale. Ils doivent obéissance à leurs supérieurs
hiérarchiques c’est-à-dire à leur ministre respectif. La déconcentration ne remet pas en cause le
caractère centralisé de l’Etat.

2. L’Etat unitaire décentralisé :

La décentralisation territoriale consiste dans le transfert de compétences d’ordre administratif du


pouvoir central à des collectivités territoriales qui s’administreront elles-mêmes dans le cadre de lois
qu’elles sont chargées d’appliquer. Les instances dirigeantes des collectivités territoriales sont élues.
L’élection est un élément fondamental de la décentralisation. Dans le cadre de la décentralisation, la
gestion des affaires locales est confiée à des représentants élus par les populations locales (ex : le
maire et les conseillers municipaux ou communaux pour les communes à Madagascar). L’élection
implique que les collectivités territoriales se voient reconnaitre la personnalité juridique. La
collectivité territoriale est érigée en personnes juridiques distinctes de la personne de l’Etat. Elle a
ses services administratifs distincts de ceux du pouvoir central. Les collectivités territoriales assurent
la gestion des affaires locales. Elle ne possède qu’un simple pouvoir administratif. Elles peuvent
prendre des décisions et édicter des normes locales sous réserve du contrôle de tutelle du pouvoir
central. La tutelle est un contrôle exercé par le pouvoir central afin d’empêcher que les décisions des
autorités locales ne portent atteinte à l’intérêt général ou ne viole la loi de l’Etat. Il s’agit d’un
contrôle de l’égalité qui garantit la conformité des décisions des collectivités locales aux lois de l’Etat.

B. L’Etat régional :
L’Etat régional ou la régionalisation qui s’est développé au XXème siècle apparait comme une forme
accentuée de la décentralisation. Elle va consister pour l’Etat à conserver la compétence de principes
et à déléguer des compétences d’attribution aux régions. L’Italie et l’Espagne sont deux Etats dont les
Constitutions illustrent la situation de la régionalisation. L’Etat régional est celui dont lequel les
collectivités supérieures comme les régions en Italie ou les communautés autonomes en Espagne
disposent du pouvoir d’adopter certaines lois dans une série de matières énumérées par la
Constitution. Le régionalisme politique ou décentralisation politique est la forme la plus poussée de
la décentralisation. L’Etat reste unitaire mais il a transféré une partie de ses compétences législatives
aux régions autonomes par le biais de la Constitution. L’Etat régional que l’on appelle aussi Etat
autonomique se rapproche beaucoup plus de l’Etat fédéral que de l’Etat unitaire du fait que les
compétences attribuées aux régions sont très importantes. Théoriquement, de 1998 à 2007,
Madagascar était un Etat régional avec le système des provinces autonomes.

1. Définition de la région :

C’est à partir de la Constitution italienne du 27 Décembre 1947 que l’Etat régional a pu être
conceptualisé. Son article 5 dispose que : « la République I est indivisible, reconnait et favorise les
autonomies locales réalise dans les services qui dépendent de l’Etat la plus ample décentralisation
administrative adapte les principes et les méthodes de sa législation aux nécessités de l’autonomie
et de la décentralisation ». Dans certaines matières énumérées par la Constitution et dans les limites
des principes fondamentaux fixés par les lois de l’Etat, les régions établissent des règles législatives à
condition que ces mêmes règles ne soient pas en opposition avec l’intérêt national et avec celui
d’autres régions.

2. La notion d’autonomie :

Dans le cadre du régionalisme politique, l’autonomie n’est pas celle au sens du droit administratif et
qui n’est qu’une simple catégorie de la décentralisation. Il s’agit ici de l’autonomie au sens du droit
constitutionnel c’est-à-dire de l’autonomie politique. L’autonomie politique présente un double
aspect : il y a d’une part un aspect positif avec le droit pour la collectivité autonome, à la fois
d’adopter des lois et de participer à la propre définition de son statut c’est-à-dire un pouvoir d’auto-
organisation. A Madagascar, les provinces autonomes avaient le pouvoir d’adopter des lois dans
certains domaines déterminés et définissaient leur propre statut avec des lois statutaires. Il y a
d’autre part un aspect négatif à savoir que la collectivité autonome n’est pas indépendante mais se
trouve au contraire dans un état de dépendance par rapport à un ensemble plus vaste : l’Etat central,
avec lequel elle partage les deux droits qui viennent d’être définis. L’autonomie politique implique
l’idée de droit propre de nature politique et l’idée de limite.

3. Les attributions des régions autonomes :

C’est la Constitution qui attribue aux régions leur autonomie politique, administrative et financière.
L’art. 115 de la Constitution italienne qui organise une régionalisation approfondie précise que : « les
régions sont constituées en organismes autonomes ayant des pouvoirs particuliers et des fonctions
qui leur sont propres selon les principes établies par la Constitution ». En Italie, l’art. 117 de la
Constitution confère aux régions le pouvoir d’adopter des lois spécifiques dans plusieurs domaines
comme la pêche dans les eaux intérieures, comme l’agriculture et forêt, comme l’artisanat,
l’urbanisme, le tourisme et les industries hôtelières, etc… Les 15 régions à statut ordinaire et les 5
cinq régions à statut spécial sont dotés de pouvoir législatif et administratif ainsi que de moyens
financiers. La Constitution espagnole du 27 Décembre 1978 a reconnu n droit à l’autonomie des
nationalités et des régions. Les communautés autonomes espagnoles sont dotées de l’autonomie
législative.

C. L’ETAT FEDERAL :

L’Etat fédéral ou le fédéralisme est une structure à base d’association d’Etats. Cette association de
Deux ou plusieurs Etats conduit à la formation d’un super Etat. Le fédéralisme est un mode
d’organisation politique relativement répandu. Une vingtaine de nations a adopté le système fédéral.
Parmi les Etats fédéraux figure la première puissance mondiale : les USA. En Europe, l’Allemagne,
l’Autriche ou la Suisse sont des Etats fédéraux. En Amérique, le Canada, le Mexique, le Venezuela et
l’Argentine sont organisés suivant le modèle fédéral. En Asie, l’Inde, le Pakistan et la Malaisie sont
des Etats fédéraux. En Afrique, la formule fédérale est appliquée au Nigeria et en Ethiopie.

1. Définition juridique :

L’Etat fédéral est une association d’Etats qui se soumettent en partie à un pouvoir central unique et
qui en partie conserve une large autonomie constitutionnelle, législative et juridictionnelle. L’Etat
fédéral se présente comme une union de droits constitutionnels entre des Etats comportant d’une
part un Etat fédéral central à l’étage supérieure et d’autre part une pluralité d’Etats fédérés à l’étage
inférieure. L’Etat fédéral a sa nationalité, son territoire propre et une organisation constitutionnelle
distincte. L’Etat fédéral est unique du point de vue international car il est le seul doté de la
personnalité juridique internationale. Vis-à-vis de l’extérieur, cela signifie que les Etats fédérés ne
sont pas des sujets de droit international. Le droit international ne connait que l’Etat fédéral et
ignore les Etats fédérés. C’est le centre donc l’Etat fédéral est lui seul qui définit la politique
étrangère, conclut et ratifie les traités internationaux et engage la responsabilité internationale de
l’Etat. L’Etat fédéral est un Etat complet au sens propre du mot comme l’Etat unitaire. Les Etats
fédérés constituent des entités étatiques et sont donc différentes des collectivités décentralisées
d’un Etat unitaire. Chaque Etat a droit à une organisation constitutionnelle autonome.

Les principes directeurs du fédéralisme : le fédéralisme n’est pas une structure d’Etat unique dont on
pourrait dégager un certain nombre d’éléments constitutifs. Le fédéralisme canadien n’est pas le
fédéralisme allemand et ce dernier est différent du fédéralisme indien, australien ou argentin. Il y a
en fait autant de fédéralismes qu’il y a d’Etats fédéraux. Chaque Etat fédéral présente des
particularités propres dont il est impossible de faire abstraction. Mais il existe pourtant un fond
commun, un ensemble de traits généraux qui forment ce que l’on peut appeler les principes
directeurs du fédéralisme. Ils sont au nombre de trois. Ils se cumulent et se limitent mutuellement.
Ce sont le principe de l’autonomie, le principe de la superposition et le principe de la participation.

a. Le principe d’autonomie :

Ce principe veut dire que les Etats fédérés donc la périphérie comme les Etats américains, comme
les Länder allemands ou les cantons suisses sont considérés comme des quasi-Etats. Dans le domaine
de leur compétence, ils jouissent d’une véritable autonomie, d’une indépendance relative à l’égard
de l’Etat fédéral. Cette autonomie se traduit par le droit pour chaque Etat fédéré de se donner
librement à une constitution et des institutions politiques propres. Les 50 Etats fédérés américains
ont chacun leur propre constitution, de même les 26 cantons que comptent la Suisse, disposent tous
d’une constitution, d’un Parlement, d’un gouvernement et de tribunaux indépendants. Ils soulignent
leur autonomie en se donnant le titre de République et cantons. L’autonomie est institutionnelle et
organisationnelle. Chaque Etat fédéré est libre d’aménager l’organisation entre le pouvoir exécutif, le
pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. L’autonomie est financière car les Etats fédérés perçoivent
des impôts et décident librement de leur affectation. Les Etats fédérés sont des Etats à part entière
avec un territoire, une population, un pouvoir politique et une politique propre. En Suisse, les
gouvernements cantonaux s’appellent Conseil d’Etat. Si l’autonomie des Etats fédérés est réelle, elle
est cependant relative, c’est-à-dire qu’elle ne peut se déployer que dans le cadre tracé par l’Etat
fédéral. C’est ici qu’intervient le deuxième principe directeur : le principe de superposition.

b. Le principe de superposition :

Il limite le principe d’autonomie. Il signifie que l’ensemble des attributions des Etats fédérés et la
manière dont ils en font usage sont soumis aux exigences d’un ordre juridique supérieure, celui du
centre, celui de l’Etat fédéral comme l’Union aux Etats-Unis, le Bund en Allemagne ou la
Confédération en Suisse. Donc, les Etats fédérés ne sont pas souverains au sens de la plénitude des
compétences. Ils ont des attributions propres mais celles-ci leur sont reconnues ou déléguées par la
Constitution ou par la législation fédérale. Dans l’exercice de leurs compétences, ils doivent respecter
scrupuleusement l’ensemble du droit fédéral supérieur. Le principe de la primauté de l’ordre
juridique fédéral est inhérent à la notion même de fédéralisme. Le fédéralisme implique la
soumission de la périphérie au centre, implique la subordination de l’ordre juridique étatique à
l’ordre juridique fédéral. A l’intérieur de l’Etat fédéral, la supériorité du droit fédéral doit entrainer
l’annulation ou la nullité de toute règle ou décision étatique qui n’est pas conforme à ce droit.

c. Le principe de participation :

Il limite celui de superposition et complète celui d’autonomie. Il permet aux Etats fédérés de
participer à l’exercice du pouvoir fédéral, à l’exercice du pouvoir législatif et constituant. La
participation des Etats fédérés à la direction de la politique fédérale s’opère par le biais de leur
représentation au sein des instances fédérales chargées d’élaborer cette politique. Elle traduit l’idée
d’égalité entre les Etats membres de la fédération. Cette participation se fait au moyen de toute
sorte d’institutions et de règles qui permettent aux Etats fédérés de concourir à la formation et à
l’expression de la volonté fédérale. Dans les Etats fédéraux, il existe en principe à côté d’une
assemblée parlementaire qui représente l’ensemble de la population de la fédération. Donc il existe
une seconde assemblée chargée de représenter les Etats fédérés. En Suisse, l’Assemblée fédérale est
constituée par le Conseil national qui représente le peuple et le Conseil des Etats qui représentent les
cantons. En général, il y a une représentation égalitaire des Etats fédérés au sein de cette 2 nde
assemblée. Aux Etats-Unis, en Suisse, au Mexique ou en Argentine, chaque Etat fédéré droit à 2
sièges, au Brésil, à trois sièges, en Australie à 10 sièges. Les Assemblées qui représentent les Etats
fédérés ont en général les mêmes prérogatives législatives que celles qui représentent le peuple.
Donc, elle participe à l’élaboration des lois fédérales. Les Etats fédérés participent au processus de
révision de la Constitution fédérale qui ne peut être modifiée sans l’accord des 2/3 ou 3 /4 des Etats
fédérés selon les systèmes.

2. La répartition des compétences :


Le fédéralisme implique nécessairement une répartition des pouvoirs et des responsabilités entre
l’Etat fédéral et les Etats fédérés. Cette répartition ne peut être opérée que par la Constitution
fédérale qui se voit ainsi attribuer une fonction spécifique à savoir séparer et coordonner les activités
respectives des deux entités étatiques concernées.

a. Les clés de répartition des compétences :

Il existe deux clés de répartition des compétences : d’une part, la Constitution énumère le plus
souvent les compétences attribuées à l’Etat fédéral. Toutes les autres matières sont laissées aux Etats
fédérés. C’est le cas des USA. Ainsi, on trouve dans les Constitutions de type fédéraliste une liste plus
au moins longue d’attributions diverses qui sont réservées à l’Etat fédéral comme la Défense
national, les relations extérieures, comme la politique économique, l’émission de billets de banque,
la sécurité sociale, la protection de l’environnement, etc… Négativement, ces mêmes Constitutions
indiquent aux Etats fédérés ce qui leur reste comme attributions comme la police, comme
l’assistance publique, les logements sociaux, les cultes, l’éducation, etc… Et toute nouvelle activité
qui ne se trouve pas mentionner ni envisager par la Constitution fédérale. D’autre part, la
Constitution donne la liste des attributions confiées aux Etats fédérés. Seul l’Etat fédéral peut
intervenir dans les autres domaines. C’est le cas du Canada. Afin de garantir à l’Etat fédéral et aux
Etats fédérés le respect de leurs compétences respectives, les Etats fédéraux créent généralement un
organisme juridictionnel qui a vocation à arbitrer les conflits d’attribution éventuels entre la
fédération et les Etats fédérés. La Cour suprême des USA ou le tribunal constitutionnel en Allemagne
sont chargés d’exercer cette police des compétences. En matière de répartition des compétences, le
fédéralisme allemand se distingue des autres. La Constitution allemande organise entre les
compétences appartenant à l’Etat fédéral et celle appartenant aux Etats fédérés un 3 ème secteur
baptisé « compétence, concurrence ». Il s’agit des matières dans lesquelles la fédération et les
Länder vont collaborer. On parle à ce propos de fédéralisme coopératif.

b. Les tendances dominantes de la répartition des compétences :

A travers la diversité des systèmes, quelques dominantes se dégagent. L’Etat fédéral a l’armée sous
son autorité et il dispose des monopoles des relations internationales. Les Etats fédérés ont un
pouvoir de lever des impôts et disposent généralement de compétences plus ou moins étendues
dans le domaine du droit privé comme le statut familial comme le commerce, comme les banques ou
les assurances. Souvent l’enseignement relève des Etats fédérés. Il ne suffit pas de répartir une fois
pour toute les compétences, les circonstances changent, les besoins évoluent, les priorités se
modifient, l’activité étatique s’étend ou se rétrécit et tous ces changements peuvent rendre
nécessaire une modification de la répartition des pouvoirs. Pour opérer cette modification, les Etats
fédéraux utilisent des méthodes et des techniques différentes. Aux USA, c’est la loi fédérale qui peut
étendre la répartition initiale des compétences prévu par la Constitution fédérale sous réserve du
contrôle de constitutionnalité qu’effectue la Cour Suprême fédérale. En Suisse, chaque extension des
compétences fédérales nécessite une révision de la Constitution selon une procédure démocratique
qui exige la majorité des votes des citoyens et la majorité des votes de cantons. L’évolution des
systèmes fédéraux va dans le sens d’un renforcement de l’Etat fédéral au détriment des Etats
fédérés.
CHAPITRE III : LA COOPERATION
INTER-ETATIQUE
A.La confédération d’Etat :

C’est une association d’Etats qui respectent en principe la souveraineté internationale de ses
membres et qui poursuit des objectifs communs. Plusieurs Etats se groupent par le biais d’un traité
international et constituent une communauté organisée appelée « confédération d’Etats ».
Contrairement à la fédération dont le fondement est une constitution, le statut juridique de la
confédération résulte d’un traité international entre les Etats membres. Au regard du droit
international, la confédération ne constitue pas un Etat. Chaque Etat membre conserve sa
personnalité juridique sur le plan international. Il demeure un Etat indépendant reconnu par la
Communauté internationale. La souveraineté n’appartient pas à la Confédération mais à chaque Etat
membre. Le traité constitutif de la confédération peut instituer un organe central compétent pour
exercer un certain nombre de fonctions énumérés par le traité lui-même. Généralement, il s’agit de
fonction de coordination de la politique des Etats membres dans un certain nombre de domaine.
Dans le cadre de la confédération, les décisions les plus importantes sont prises à l’unanimité des
représentants des Etats membres. Certaines décisions peuvent être prises à la majorité si elles ne
portent pas sur des questions jugées essentielles. L’histoire montre plusieurs exemples de
confédérations comme la Confédération américaine, la Confédération helvétique ou la Confédération
de l’Allemagne du Nord. Les Etats membres de ces confédérations ont surtout exercé en commun
des compétences diplomatiques et militaires. Les confédérations n’ont une existence provisoire. Soit
elles se sont dissoutes, soit les liens entre les Etats membres se sont renforcés et la Confédération
s’est transformée en un Etat fédéral comme les Etats-Unis ou la Suisse. Une confédération peut aussi
se transformer en un Etat unitaire comme les Pays-Bas. En Afrique, la dernière Confédération
existante a été la Sénégambie formée par la République du Sénégal et la République de Gambie. Créé
par le pacte confédéral du 17 Septembre 1981, la Confédération de Sénégambie a été dissoute en
1989. La Confédération a connu un regain d’intérêt. La communauté des Etats indépendants (CEI) qui
rassemblent 11 anciens Etats fédérés de l’ex-Union soviétique est une confédération.

C. L’Union européenne :

L’UE constitue une catégorie spécifique d’un regroupement d’Etats. C’est une institution à mi-chemin
entre la Confédération d’Etats et l’Etat fédéral. Par certains côtés, l’UE dispose des caractéristiques
d’un Etat fédéral à savoir des pouvoirs très larges dans des domaines d’une importance capitale,
existence d’organes supranationaux comme la Commission européenne, existence d’un Parlement
européen élu au suffrage universel direct, application directe des normes communautaires appelées
directives sur le territoire des Etats, jurisprudence de la Cour de Justice des Communautés
européennes, existence d’un droit européen. L’Union européenne dispose d’une personnalité
juridique internationale propre. Cependant, l’UE n’est pas un Etat fédéral car l’ensemble des 27 pays
membres ne constituent pas un super-Etat. Le fondement des pouvoirs de l’Union n’est pas une
constitution mais des traités internationaux comme le traité de Rome, le traité d’Amsterdam, le
traité de Maastricht et le traité de Lisbonne. L’UE n’est pas souveraine. Elle ne peut pas édicter
d’elle-même ses propres compétences. Ces dernières lui sont attribuées par les Etats membres. Les
Etats membres de l’UE restent souverains. Ainsi, seuls 17 Etats sur 27 ont adoptés l’euro comme
monnaie unique. Par d’autre côté, l’UE ressemble à une confédération. Elle est fondée sur des traités
internationaux et les Etats membres sont souverains du point de vue du droit international. Mais le
développement des pouvoirs communautaires s’est traduit par une réduction du domaine de
souveraineté de chaque Etat. Juridiquement, l’UE reste une organisation internationale même si ses
pouvoirs vont bien au-delà de ce d’une organisation internationale classique.

L’Etat contemporain est une institution c’est-à-dire une personne morale détentrice du pouvoir
politique. Comme les autres personnes morales, l’Etat ne peut pas exister sans un statut. Le statut de
l’Etat c’est sa Constitution. Tous les Etats du monde ont une Constitution à l’exception de la Libye. La
Constitution a une valeur symbolique. Elle apparait souvent comme l’acte fondateur d’un Etat,
consacrant la naissance et l’entrée d’un nouveau membre dans la société internationale. La
Constitution peut être aussi le symbole d’un changement de régime politique. Elle est l’acte
fondateur d’un régime. Dans certaines circonstances, les peuples aspirent à l’élaboration d’une
nouvelle Constitution qui organise le pouvoir, fixe les règles de son fonctionnement, apporte la
sécurité sur le plan interne et la respectabilité sur la scène mondiale. La Constitution a une portée
philosophique sur le plan de la philosophie politique, se donner une Constitution c’est admettre que
le pouvoir n’est pas illimité. Ces détenteurs, peuple et gouvernant acceptent de lui fixer des bords.
L’idée de limitation du pouvoir est à l’origine de l’élaboration des constitutions. On passe d’un
pouvoir arbitraire auxquels tout est permis à ce qu’on appelle un Etat de droit c’est-à-dire un Etat qui
accepte d’être limité par le droit et le respecter. L’organisation du pouvoir ou plutôt des organes à
qui il est attribué, l’organisation des modalités de son attribution et de la manière dont il l’exerce se
réalise à travers la Constitution.

LA CONSTITUTION :
CHAPITRE I : LA NOTION DE
CONSTITUTION

Le terme « constitution » vient du latin « constitutio » qui veut dire institution, disposition,
organisation. D’après la définition générale, la Constitution c’est l’acte juridique élaboré par une
autorité spéciale, qui au plus haut degré de la hiérarchie des actes juridiques règle la dévolution,
l’exercice et la transmission du pouvoir, la structure de l’Etat, la création et le régime des principaux
actes juridiques, les droits des individus. La Constitution n’est pas qu’un instrument juridique. Elle est
toujours l’expression d’un projet politique globale et traduit un rapport de force politique. Elle
détermine la règle du jeu politique que les gouvernés et les gouvernants doivent théoriquement
respecter. La doctrine reconnait deux sens au terme « constitution » :

- Au sens matériel, au point de vue de son contenu, la Constitution réunit l’ensemble des
règles relatives à l’organisation du pouvoir, à savoir, structures, titulaires, organes, relatives à
son fonctionnement, dévolution, rapports entre les organes, rapports avec les citoyens et au-
delà, à la Constitution elle-même. Elle comprend un certain nombre de matières qui
présentent par nature un caractère constitutionnel comme les règles relatives à
l’organisation du pouvoir, à la forme de l’Etat, à la création des règles de droit, aux droits et
libertés fondamentaux. Les principes idéologiques et politiques qui ont inspiré les rédacteurs
de la loi fondamentale peuvent figurer dans cette Constitution matérielle. La Constitution de
la République populaire de Chine du 10 Janvier 1975 par exemple énumère dans son
préambule une succession d’impératifs qui se terminent par un objectif ultime : « faire de la
Chine un puissant Etat socialiste, de dictature du prolétariat et apporter une plus grande
contribution à l’humanité » ;
- Au sens formel, le mot « constitution » désigne : « l’ensemble des règles quel que soit leur
objet qui sont énoncés dans la forme constitutionnelle ». Généralement contenu dans un
document spécial et doté d’une valeur supérieure à celle des lois ordinaires, ces règles ne
peuvent être révisées que suivant une procédure particulière différente de celles utilisées
pour la loi. L’élément décisif de cette définition formelle, c’est l’idée que les règles
formellement constitutionnelles ont une valeur juridique supérieure à celle de toutes les
autres règles de droit positif. La notion de constitution matérielle et de constitution formelle
ne coïncide pas. A Madagascar, la Constitution formelle c’est-à-dire le document écrit que
l’on appelle Constitution est complété par des lois organiques qui traitent indiscutablement
de questions matériellement constitutionnelles mais qui n’ont pas la valeur de la
Constitution. En revanche, certains Etats comme la Grande-Bretagne n’ont pas de
constitution formelle mais seulement une Constitution matérielle. Aujourd’hui, on ne
s’attache plus qu’à la définition formelle de la Constitution. Une Constitution est donc un
document écrit qui nécessite pour son adoption et sa révision une procédure plus solennelle
que celle applicable aux autres actes juridiques.

CHAPITRE II : LA FORME DES


CONSTIUTIONS

En droit constitutionnel, la distinction est traditionnellement faite entre deux types de Constitutions :
les constitutions non-écrites et les constitutions écrites.

A. Les constitutions non-écrites :


Il arrive que des Etats n’aient pas de Constitutions écrites pour différentes raisons : soit ils ont une
constitution à dominante coutumière, soit ils sont en attente d’une Constitution écrite.

1. Les constitutions coutumières :

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, l’organisation de la société, le statut des institutions étaient fixés par
la coutume. La Constitution pouvait être coutumière, c’est-à-dire ne pas être enfermée dans un texte
écrit. Une constitution coutumière est une constitution dont le contenu réside dans un ensemble de
traditions ou d’usage non-écrit. Au cours du temps, on a pris l’habitude de se comporter d’une
certaine façon en certaines circonstances. Des règles naissent un peu au hasard, s’accumulent et
régissent les institutions. Une constitution coutumière se met peu à peu en place. C’était le cas des
Etats monarchiques. La forme coutumière a progressivement disparu en même temps que la
monarchie absolue.

Actuellement, les constitutions coutumières n’existent pratiquement plus. Le seul pays disposant
d’une Constitution coutumière est la Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni a été le premier pays à se
doter d’une véritable Constitution appelée « Magna Carta » ou la Grande Charte de 1215 où le Roi
renonce à certains pouvoirs au profit des barons et des communes et se déclare lié par la loi et
notamment par certaines procédures légales comme l’interdiction d’emprisonnement arbitraire
appelé aussi Habeas Corpus. Il faut cependant souligner que la Constitution britannique a toujours
été et elle est toujours une Constitution partiellement coutumière c’est-à-dire qu’à côté des règles
coutumières existent des documents écrits ayant valeur constitutionnelle. Elle réunit un ensemble
composite de règles, de lois, de coutumes et de conventions dont certaines remontent à la Grande
Charte de 1215. Malgré ces textes écrits, les règles essentielles relatives au système politique
britannique, comme le droit de dissolution de la Chambres de communes ou l’obligation pour le
monarque de désigner comme Premier Ministre le chef du Parti politique qui a gagné les élections
législatives, sont de nature coutumière avec force obligatoire.

2. L’absence de constitution écrite en Israël :

Depuis sa création, le 14 Mai 1948, Israël n’a toujours pas de Constitution écrite. Pourtant, la
déclaration d’indépendance stipule expressément que : « une Constitution devra être élaborée par
une Assemblée constituante d’ici le 1er Octobre 1948 » Depuis 1948, Israël attend sa Constitution
écrite. Les divergences entre partis laïques et religieux empêchent jusqu’ici la rédaction d’un texte
constitutionnel. Une partie des Juifs religieux rejetaient l’idée d’un document qui aurait pour l’Etat
une autorité supérieure aux textes religieux. Les partis religieux ne veulent pas d’une Constitution
dont certaines dispositions pourraient être contradictoires avec les principes bibliques ou
talmudiques (un des livres sacrés du judaïsme) notamment pour tout ce qui concerne les droits de
l’Homme, pour tout ce qui concerne le statut des non-Juifs vivants en Israël ou la forme de l’Etat. Par
exemple, les partis religieux n’acceptent pas le caractère républicain de l’Etat. Ils sont convaincus que
la Monarchie sera rétablie avec l’arrivée du Messie, descendant en ligne directe du Roi David. Le 13
Juin 1950, la Première Knesset trouva un compromis avec la résolution Harari : « plutôt que de
rédiger immédiatement une Constitution complète, elle chargea son comité de la Constitution des
lois et de la Justice, d’adopter le document chapitre par chapitre. Chacun entrerait en vigueur avec
le caractère de loi fondamentale et ils seraient assemblés en une Constitution après l’adoption du
dernier chapitre. » De 1958 à 1988, neuf lois fondamentales furent adoptées qui disposaient de
l’organisation des institutions politiques. En 1992, la Knesset adopta les deux premières lois
fondamentales relatives aux droits fondamentaux ce qui permit par la suite à la Cour suprême
d’Israël de se déclarer compétente en matière de contrôle de constitutionnalité.

B. Les Constitutions écrites :

Actuellement, presque tous les Etats ont une Constitution écrite. La première de toutes les
constitutions écrites a été celle de la Virginie en 1776, suivi par celles des Etats-Unis d’Amérique en
1787 et celle de la France en 1791. Cette Constitution de 1791 qui est la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen, a eu un impact universel. A cause de cette influence, la pratique des
Constitutions écrites s’est généralisée et s’est étendue pratiquement au monde entier. La première
Constitution écrite de Madagascar date de 1959. Le constitutionnalisme, un courant d’idées, apparut
au XVIIIème siècle en Europe et en Amérique du Nord, préconise l’adoption de constitutions écrites
dans le but de faire obstacle à l’arbitraire du pouvoir. Selon ce puissant mouvement idéologique, la
Constitution est le moyen de limiter le pouvoir politique. Elle a pour objectif d’éviter l’arbitraire en
définissant clairement les règles du jeu politique et en empêchant toutes les interprétations que
permettent les Constitutions totalement coutumières.

CHAPITRE III : LE CONTENU DES


CONSTITUTIONS

Une Constitution peut être très courte comme la Constitution américaine qui à l’origine ne
comportait que sept articles. A l’inverse, une Constitution peut être longue comme celle de l’Inde
avec ses 352 articles. Le contenu d’une Constitution varie selon la longueur, selon qu’elle se limite
aux principes généraux ou entre dans les détails. Une Constitution contient en général les principes
directeurs de l’ordre juridique étatique c’est-à-dire qu’elle définit quelles sont les buts, les finalités
qui doivent guider les opérateurs du droit, les règles de base concernant l’aménagement et la
transmission du pouvoir d’Etat et enfin, elle contient l’énoncé des libertés fondamentales protégées
par l’Etat.

A. Les règles constitutionnelles :

Il s’agit des règles d’organisation et des procédures de fonctionnement des institutions qui forment
en quelque sorte le noyau dur de la Constitution. Elles indiquent à qui appartient l’exercice du
pouvoir politique, elles indiquent la procédure selon laquelle sont désignés les gouvernants, elles
indiquent l’énoncé et la répartition de leurs fonctions, ainsi que les procédures à suivre pour les
accomplir. Ces dispositions concernent par exemple la désignation du chef de l’Etat, l’élection des
députés, la création d’une Cour chargée de veiller au respect de la Constitution, elle concerne la
révision de la Constitution, etc… La caractéristique importante de ses règles est qu’elles sont en
principe obligatoires pour les pouvoirs publics. C’est le domaine de la Constitution-loi. Les
gouvernants sont liés par ces dispositions et ne pas les respecter équivaut à violer la Constitution. Les
règles constitutionnelles comprennent en général les règles relatives à la structure gouvernementale,
les règles étrangères à la structure gouvernementale et les dispositions transitoires.

1. Les règles relatives à la structure gouvernementale :

Le premier objectif des Constitutions est d’organiser l’exercice du pouvoir. Les règles
constitutionnelles vont déterminer qui aura la qualité pour vouloir et pour agir au nom de l’Etat et
qui l’engagera valablement. La Constitution régit le statut des titulaires, des fonctions législatives,
exécutives et judiciaires, c’est-à-dire noms et compositions des organes, mode de désignation de
leurs membres, durée de leur pouvoir, garanti de leur indépendance. La Constitution règle également
les rapports entre les différents organes qu’elle établit, exemple, rapports entre le gouvernement et
le Parlement. La Constitution institue des organes d’Etats qu’on appelle pouvoir constitué et organise
les mécanismes pacifiques visant à assurer leur renouvellement. Ces règles relatives à la structure
gouvernementale conditionnent la légitimité des gouvernants. C’est parce qu’ils dirigent l’Etat sur la
base des règles constitutionnelles et dans les limites fixées par la Constitution que le pouvoir des
gouvernants est légitime c’est-à-dire conforme aux aspirations des gouvernés. La légitimité réside
dans le titre qui justifie l’exercice du pouvoir par les gouvernants. En général, on fait une distinction
entre la légitimité démocratique qui situe l’origine du pouvoir dans le peuple et la légitimité
théocratique qui fait d’un dieu ou d’une quelconque divinité la source de tout pouvoir. Dans le
premier cas, la légitimité des gouvernants provient de leur victoire au cours d’élection démocratique.
Dans le second cas, la légitimité du monarque provient du fait qu’il est le représentant de Dieu sur
Terre. Le régime politique malgache se réclame de la théorie de la légitimité démocratique. L’article
1er alinéa 3 de la Constitution de la IVème République dispose que : « la démocratie est le principe
de l’Etat de droit constitue le fondement de la République ».

2. Les dispositions diverses :

Ce sont des règles inscrites dans la Constitution mais sans rapport avec l’organisation et le rôle de
l’Etat. Ces règles sont qualifiées de formellement constitutionnelles. Elles sont constitutionnelles par
leur forme et leur valeur juridique mais leur contenu matériel devrait relever des lois ordinaires. On
peut y trouver le nom de l’Etat (ex : la République de Chine pour Taïwan qui s’oppose à la République
populaire de Chine pour Pékin.) On peut y trouver le drapeau avec ses couleurs, sigles de la nation.
On peut y trouver la devise nationale. On peut y trouver la capitale de l’Etat, ainsi que l’hymne
nationale et enfin, la langue et la religion officielle.

3. Les dispositions transitoires :

Par définition, elles n’ont qu’un caractère temporaire. Ces dispositions transitoires sont nécessaires
car il faut plusieurs mois entre l’adoption d’une Constitution et la mise en place des institutions
qu’elle prévoit. Les dispositions transitoires se trouvent généralement à la fin de la Constitution. Les
articles 164 à 168 constituent les dispositions transitoires de la Constitution malgache de la IVème
République. Une fois toutes les institutions prévues par une nouvelle Constitution mise en place, les
dispositions transitoires ne s’appliquent plus.

B. Les déclarations des droits :


L’Etat de droit est souvent associé à la garanti des droits et libertés, associé à l’idée moderne de
démocratie. L’Etat de droit constitutionnel suppose que ces droits et leur garanti soient énoncés dans
la Constitution. Cette énonciation peut prendre deux formes :

- D’une part, elle peut prendre la forme d’une Déclaration des droits, séparée de la
Constitution. Une déclaration des droits se présente comme un document empreint de
solennité précédant généralement la Constitution qui vient énoncer les droits et libertés des
individus face à l’Etat. C’est le cas de la France avec la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen de 1789 ;
- L’énonciation peut être intégrée à la Constitution elle-même. C’est le cas de la Constitution
allemande, de la Constitution espagnole ou de la Constitution malgache. La plupart des
Constitutions africaines proclament leurs attachements aux libertés et aux droits
fondamentalement reconnus dans un Etat de droit. Ces constitutions se réfèrent à des
grands textes universels. La constitution malgache actuelle fait référence à la Charte
internationale des Droits de l’Homme, aux conventions relatives aux droits de la femme et de
l’enfant, à la protection de l’environnement, aux droits sociaux, économiques, politiques,
civiles et culturels.

Sur le plan théorique, les constitutionnalistes font la distinction entre déclaration des droits et
garanti des droits. Les déclarations des droits se trouvent dans le préambule des Constitutions. Le
préambule, ce sont les dispositions regroupés dans un texte placé en tête de certaines Constitutions.
Les garantis des droits sont des textes inclus dans le corps de la Constitution c’est-à-dire qu’elles sont
rédigées sous forme d’articles de la loi fondamentale. Les auteurs ont deux conceptions de la valeur
juridique des déclarations des droits de l’Homme. Pour les uns, les déclarations des droits n’ont
jamais de force juridique. Les déclarations des droits qui figurent dans le préambule des
Constitutions n’ont que la valeur d’un exposé philosophique, dépourvu de sanctions juridiques. Pour
les autres, une déclaration des droits doit avoir au moins une certaine force juridique. Seules les
garanties constitutionnelles des droits qui figurent dans le corps même des Constitutions ont une
réelle valeur juridique. A Madagascar, le problème de la valeur juridique du préambule de la
Constitution a été réglé par l’ordonnance numéro 62-041 du 19 Septembre 1962, relative aux
dispositions de droit interne et de droit international privé. L’article 13 de ce texte dispose : « les
principes généraux contenus dans le préambule de la Constitution de la République malgache
s’impose aux juges qui doivent dans tous les cas en faire assurer le respect et l’observation dans e
cadre de la législation en vigueur » Cet article signifie que les principes contenus dans le préambule
n’ont pas la valeur de règles constitutionnelles mais valeur de lois ordinaires. Souvent, la déclaration
des droits ou le préambule est renforcée par un chapitre spécial à l’intérieur même de la Constitution
et que les constitutionnalistes qualifient de garanti des droits. Ces dernières sont rédigées en article
de la loi fondamentale (ex : art. 7 à 39 de la Constitution malgache).

CHAPITRE IV : Les sources du droit


Constitutionnel
Elles sont multiples, les catégories de règles constitutionnelles sont hiérarchisés, au sommet de
hiérarchie des normes constitutionnelles se trouve la Constitution formelle, le doc. Ecrit appelé
Constitution ou loi fondamentale. Mais Les règles à caractère constitutionnelle ne se limitent pas à la
à la Constitution, elles peuvent prendre la forme de lois organiques de règlement intérieur des
assemblées ou de lois ordinaires

A. La constitution écrite :

Le document écrit donne des facilités de preuve, des garanties de certitude, de protection contre
l’arbitraire, des garanties de sécurité. Le caractère écrit donne aussi d’autres garanties qui tiennent à
ce qu’est déterminé l’organe compétent pour la modifier et définit la procédure qui devra être suivie.
Les citoyens sont assurés d’une certaine stabilité des règles constitutionnelles et surtout, les
gouvernants ne pourront pas les modifier à leur gré selon leurs propres intérêts mais les règles à
caractère constitutionnelle ne se limitent pas à la Constitution. Elles peuvent prendre la forme de lois
organiques, de règlements intérieurs des assemblées, de lois ordinaires ou de décisions de justice.

B. Les lois organiques :

L’expression « loi organique » peut désigner deux types de textes qui ont une place différente dans la
hiérarchie des normes. Les lois organiques peuvent être d’abord des lois ordinaires dont le contenu
est matériellement constitutionnel car elles concernent l’organisation et le fonctionnement des
pouvoirs publics. Pris dans ce sens, l’expression loi organique n’est qu’une commodité de langage
sans conséquence juridique. La loi organique a la valeur juridique d’une loi ordinaire.

Les lois organiques peuvent aussi être des lois qui se situent à un échelon intermédiaire entre la
Constitution et la loi ordinaire. C’est dans ce sens que le terme est employé à Madagascar. Dans ce
sens, elles présentent trois caractéristiques :

- Elles sont matériellement constitutionnelles ;


- La Constitution prévoit ces lois organiques pour compléter et préciser le texte fondamental
car elle ne peut pas elle-même énoncé des règles aussi détaillées qu’il serait nécessaire. La
Constitution malgache prévoit une loi organique pour les règles relatives à l’élection du
Président de la République, à l’élection des députés ou des sénateurs pour le code électoral
pour le statut des magistrats, etc… ;
- Elles sont adoptées ou modifiées selon une procédure particulière, procédure plus
contraignante que la procédure législative ordinaire. A Madagascar, le trait le plus marquant
de cette procédure est l’examen par la Haute Cour constitutionnelle de la conformité à la
Constitution de tout projet ou proposition de loi organique. Il s’agit d’empêcher que la loi
organique sous prétexte de compléter la Constitution n’en remette en cause les principes.

C. Les règlements des assemblées :

Les règlements des assemblées parlementaires complètent la Constitution pour tout ce qui concerne
l’organisation interne des assemblées et le travail parlementaire. Le règlement intérieur d’une
assemblée organise en détail la procédure législative, organise le rôle des commissions
parlementaires et celui du bureau permanent de l’Assemblée parlementaire. A Madagascar,
l’Assemblée nationale et le Sénat sont dotés chacun d’un règlement intérieur. Le règlement intérieur
peut être adopté de différentes manières selon le degré d’autonomie des Assemblées
parlementaires. Le système de la plus grande autonomie consiste à donner entière compétence aux
Assemblées parlementaires pour l’adoption de leur règlement intérieur. Le second système est celui
dans lequel le règlement intérieur du ou des assemblées parlementaires est adopté par le pouvoir
exécutif. Un système intermédiaire consiste à laisser les Assemblées parlementaires à adopter leur
règlement intérieur mais sous le contrôle du Juge pour qu’elle ne viole pas la Constitution. C’est ce
système qui est appliqué à Madagascar.

D. Les lois ordinaires :

Il s’agit de lois qui sont relatives à l’organisation et au fonctionnement des pouvoirs publics (par
exemple en France, le mode de scrutin pour les différentes élections fait l’objet d’une loi ordinaire).
L’avantage de la loi ordinaire est que la modification de la loi électorale ne nécessite pas une
modification de la Constitution. Le désavantage est que les majorités parlementaires successives
peuvent être tentées de modifier les règles du jeu pour accroître leur chance de se maintenir au
pouvoir. Au Canada, les principales sources du droit constitutionnel sont les règles législatives. Elles
comprennent les lois constitutionnelles de 1867 à 1882.

E. La coutume constitutionnelle :

Le Constitution coutumière appartient au passé. Le vrai problème qui se pose est la place de la
coutume dans les Etats qui disposent d’une Constitution écrite. La coutume constitutionnelle est
différente de la Constitution coutumière car il s’agit d’une règle coutumière qui complète une
Constitution écrite.

1. Définition de la coutume constitutionnelle :

La coutume constitutionnelle est l’ensemble des usages nés de la pratique d’une Constitution écrite
et considéré comme ayant force obligatoire. Même élaboré avec le plus grand soin, une Constitution
écrite n’est jamais parfaite. Les rédacteurs d’une Constitution ne peuvent pas tout prévoir et tout
régler. Il y a toujours des lacunes que les règles coutumières peuvent combler. Comme dans les
autres branches du droit, la coutume constitutionnelle doit répondre à deux conditions essentielles :

- D’une part, l’existence d’une pratique répétée durant une assez longue durée ;
- Et d’autre part, la conviction généralisée que cette pratique est obligatoire et que l’on
appelle « opiniojuris ».

Les juristes, l’opinion publique et les pouvoirs publics eux-mêmes reconnaissent cette pratique
comme étant le droit. La coutume dure tant que subsiste ce sentiment de contrainte. Une pratique
en sens contraire met en doute la coutume et si cette pratique se répète, il se crée une nouvelle
coutume. L’exemple le plus célèbre concerne le droit constitutionnel américain. Le mandat du
Président y est de quatre ans. Dans sa rédaction de 1787, la Constitution des Etats-Unis ne limitait
pas le nombre de mandats qu’un même homme pouvait exercer. Cependant, le Premier Président
George Washington, après avoir accompli deux mandats, avait renoncé à embringué un troisième et
il fut imité en cela par tous ses successeurs. On était donc en présence d’une coutume
constitutionnelle. Cela n’empêcha pas le Président Franklin Roosevelt d’embringuer avec succès un
troisième et même un quatrième. Pour revenir à la coutume initiale, il a fallu voter un amendement à
la Constitution interdisant à un Président de se présenter pour un troisième mandat.

2. le rôle de la coutume constitutionnelle :

Différentes coutumes constitutionnelles peuvent être distinguées. La coutume interprétative ou


« secundumconstitutionem »vient préciser le sens à donner à des dispositions constitutionnelles
équivoques. Elle est destinée à interpréter la loi constitutionnelle écrite en cas d’incertitude. Elle le
clarifie.La coutume supplétive ou « praeterconstitutionem » constitutionnel apparait dans le silence
de la constitution. Elle est destinée à compléter les lacunes de la Constitution écrite. La coutume
interprétative et la coutume supplétive sont admises par tous les juristes contemporains. Elle joue un
rôle important lorsque la Constitution est courte c’est-à-dire comprend peu d’articles et n’édicte que
des règles générales. Elles permettent également aux régimes d’évoluer en douceur sans avoir à
recourir à des révisions constitutionnelles fréquentes. La coutume abrogative ou « contra
constitutionem » contredit la règle constitutionnelle écrite. Ce type de coutume n’est pas admis. La
coutume ne peut jamais modifier ou abroger une disposition constitutionnelle écrite. La règle écrite
prime toujours sur la règle coutumière.

F. La jurisprudence constitutionnelle :

Le mot jurisprudence a plusieurs sens. Dans un sens, il désigne l’habitude de juger dans un certain
sens, résultat de cette habitude. Dans ce sens, on peut considérer la jurisprudence comme une
source de droits. Dans un autre sens, il désigne la tendance habituelle d’une juridiction déterminée
ou d’une catégorie de juridiction à juger dans un sens déterminé. Dans ce cas, on parle de la
jurisprudence de la Haute Cour constitutionnelle, de la jurisprudence du Conseil d’Etat…

La jurisprudence constitutionnelle est essentiellement constituée par l’ensemble des décisions prises
par la juridiction constitutionnelle dans le cadre du contrôle de constitutionnalité des normes. Il
arrive que les juridictions judiciaires et administratives participent également à l’élaboration de la
jurisprudence constitutionnelle notamment en matière de question relative à la répartition des
compétences et à l’organisation des pouvoirs.

CHAPITRE V : LE FONCTIONNEMENT
DE LA CONSTITUTION

L’examen du fonctionnement de la Constitution va permettre de préciser certains éléments. Son


fonctionnement c’est-à-dire son existence concrète qui commence avec sa naissance, s’achève par sa
disparition que ponctue dans l’intervalle les innombrables transformations que peuvent produire la
pratique ou l’intervention du constituant. Dans la vie constitutionnelle, l’établissement et la révision
de la Constitution sont des évènements importants pour un Etat. Les constitutions formelles écrites
sont adoptées et modifiées par un pouvoir spécial appelé le pouvoir constituant. On appelle pouvoir
constituant le pouvoir d’élaborer ou de modifier la Constitution.

A. L’établissement des Constitutions :

1. Le moment :

La naissance de la constitution résulte d’une décision politique du constituant. L’établissement d’une


constitution a lieu lorsque l’ordre juridique antérieur a disparu ou lorsqu’il est devenu caduque. Une
constitution est élaborée lorsqu’il y a un vide juridique qui peut résulter de diverses circonstances :

 L’élaboration d’une constitution peut avoir lieu au moment de la naissance de l’Etat. Il y


a Etat nouveau lorsque sur un territoire déterminé… La formation d’un Etat nouveau
peut résulter de la décolonisation. Dans les années 1960, la décolonisation a été un
facteur essentiel pour l’apparition de nouveaux Etats issus des nouvelles colonies
anglaises et françaises en Afrique. La sécession conduit à la formation d’un nouvel Etat.
La sécession consiste dans la séparation d’une partie du patrimoine d’un Etat préexistant
et qui laisse subsister celui-ci. Le Bangladesh a été fondé à la suite de la partition du
Pakistan en 1971. La région semi-autonome du Sud-Soudan est devenue totalement
indépendante du Nord. Le nouvel Etat est né officiellement le 9 Juillet 2011. Il y a
création d’un nouvel Etat à la suite de la dissolution d’un Etat préexistant. Il y a
dissolution d’Etat lorsqu’un Etat préexistant éclate en plusieurs Etats nouveaux. La
dissolution touche généralement des Etats fédéraux. Ce fut le cas de l’ex-URSS et de l’ex-
Yougoslavie dans les années 1990. La création d’un Etat nouveau peut résulter de la
fusion d’Etat qui désigne la formation d’un Etat unique à partir de plusieurs entités
distinctes qui disparaissent et qui laissent place à une seule personnalité internationale.
Le Tanganyika et Zanzibar se sont regroupés en 1964 pour former la Tanzanie. La
République arabe du Yémen et la République démocratique et populaire du Yémen se
sont regroupés dans la République yéménite. Il y a également formation d’un Etat
nouveau lorsque plusieurs Etats jusque-là indépendants s’associent pour créer un Etat
fédéral. La première constitution fédérale helvétique (Constitution Suisse) de 1848 a été
établie de cette manière. Il y enfin formation d’un Etat nouveau, lorsqu’un Etat fédéral
impose la… se fut le cas de l’ex Union Soviétique et de l’ex Yougoslavie dans les années
90.
 L’élaboration d’une Constitution peut avoir lieu à la suite d’un changement de régime
dans un Etat existant. Un changement de régime signifie que le régime politique en place
et sa Constitution sont rejetés car ils ne correspondent plus aux aspirations du peuple ou
de la majorité du peuple. A Madagascar, le régime de l’Ière République a été contesté en
1972, celui de l’IIème République en 1991 et celui de l’IIIème République en 2009. Le
changement de régime se traduit par un changement de République.
 L’élaboration d’une nouvelle constitution peut résulter de la prise de conscience par les
gouvernants de la nécessité de changer de régime politique. C’est le cas du Maroc en
2011 qui après les manifestations du Printemps arabe a décidé d’élaborer une nouvelle
constitution qui devrait faire passer ce pays d’un régime de monarchie absolue vers une
monarchie plus proche d’une monarchie constitutionnelle ou parlementaire.
 L’élaboration d’une nouvelle constitution exigeant du temps, le passage d’un régime
politique à un autre est entre groupé par la mise en place d’un régime de transition. A
Madagascar, un régime de transition a été instauré de 1972 à 1975, de 1991 à 1992 et
depuis 2009. Le changement de régime est différent du changement de gouvernement.
Le changement de gouvernement est un procédé normal qui se déroule dans le cadre de
la Constitution et selon les procédures prévues par la Constitution. Il se traduit par un
changement au niveau de membres de l’équipe gouvernemental tandis que le
changement de régime se traduit par l’adoption d’une nouvelle constitution.

2. l’organe compétent :

L’organe compétent, pour établir la constitution est celui qui détient le pouvoir constituant
originaire qui est le pouvoir d’établir les règlements fondamentaux, relatives à la dévolution et à
l’exercice du pouvoir politique. C’est celui qui a adopté le texte initial de la Constitution. Dans le
cas des constitutions écrites, la décision d’adopter une nouvelle constitution est précédée par
une préparation, une mise au point, ce qu’on appelle l’écriture du texte constitutionnel. Le
pouvoir constituant originaire peut appartenir à des organes différents selon le caractère plus ou
moins démocratique de la procédure adoptée. Selon un premier mode d’établissement le
pouvoir constituant originaire appartient à un individu. Cette hypothèse s’est rencontrée dans
certains régimes monarchiques dans lesquelles la constitution appelée « charte » est octroyée
donc concédée par le Roi à ses sujets. Selon cette première modalité, toute intervention du
peuple est exclue. Ce procédé autocratique appartient au passé.

Aujourd’hui, l’idéologie démocratique est dominante. Selon la théorie démocratique, c’est le


peuple qui a le pouvoir constituant originaire. La volonté du peuple est la source du pouvoir en
conséquence, le pouvoir constituant originaire appartient au peuple. La participation du peuple à
l’établissement d’une Constitution peut se faire de différentes manières :

a. Le procédé de l’Assemblée constituante :

Une assemblée constituante est une institution collégiale avec pour tâche la rédaction ou l’adoption
d’une constitution c’est-à-dire le texte fondamental d’organisation des pouvoirs publics d’un pays.
Les membres de l’assemblée sont en général élus par le peuple. L’assemblée souveraine et
temporaire est élue uniquement pour élaborer et voter la constitution. Dès que la Constitution est
rédigée et votée, l’Assemblée constituante est appelée à disparaitre. L’assemblée constituante
tunisienne composée de 217 membres a été élue le 23 Octobre 2011. Elle a pour but de rédiger la
nouvelle constitution de la Tunisie. Elle a eu également pour tâche de désigner un gouvernement
transitoire. Ce procédé de l’assemblée constituante est démocratique car le peuple, titulaire du
pouvoir constituant originaire, délègue ses pouvoirs à ses représentants par l’intermédiaire de
l’élection. Le procédé est également démocratique car il permet une large discussion des dispositions
constitutionnelles au sein de l’assemblée constituante.

b. Le procédé des conférences nationales souveraines :

C’est un procédé qui a été utilisé au début des années 90 par les pays africains francophones en voie
de démocratisation. Contrairement aux assemblées constituantes, les participants à ces conférences
nationales ne sont pas élus par le peuple mais désignés selon des critères censés assurer la
représentativité des différentes catégories de la population. Chargé de débattre des problèmes
nationaux et de l’avenir du pays, certaines conférences nationales comme celles du Mali ou du Congo
se sont autoproclamées souveraines pour élaborer et adopter une nouvelle constitution. Le forum
national comme celui qui a eu lieu à Madagascar en 1992 et la conférence nationale de 2010 n’avait
pas de caractère souverain. S’ils ont débattu de projets constitutionnels, l’adoption définitive de la
nouvelle loi fondamentale est passée par l’organisation d’un référendum.

c. Le procédé de l’assemblée traditionnelle :

C’est un procédé utilisé pour l’élaboration de la nouvelle constitution de l’Afghanistan. La


« LoyiaGirga » ou Grand Conseil est un organe traditionnel qui s’est réuni en Décembre 2003 et en
Janvier 2004 pour élaborer et adopter la nouvelle constitution afghane.

d. Le procédé du référendum constituant :

Le peuple dispose du pouvoir constituant. Il l’utilise en confiant par son approbation par référendum
à un simple projet la valeur et la force d’une Constitution. Dans ce cas, le peuple est appelé à se
prononcer par voie de référendum en répondant par oui ou par non sur un projet de constitution. Un
référendum constituant a eu lieu au Maroc le 1 er Juillet 2011. Il a permis aux électeurs marocains de
s’exprimer sur une réforme constitutionnelle visant à démocratiser les institutions du pays et à
déboucher sur l’adoption d’une nouvelle constitution. Un référendum porte toujours sur un seul
texte juridique mais non sur deux ou plusieurs textes. En matière de référendum constituant, trois
situations sont possibles. Le référendum porte sur un projet de constitution élaboré par le
gouvernement ou par un comité technique quelconque. Au Burkina-Faso, un nouveau projet de
constitution a été élaboré par une commission constitutionnelle puis adopté lors d’un référendum
populaire en 1991. Le référendum porte sur un projet de constitution discuté par un forum national
ou par une conférence nationale. Ce fut le cas à Madagascar pour l’adoption de la Constitution de
IIIème République en 1992 et celle de la IVème République en 2010. Le référendum porte sur une
constitution préparée et votée par une assemblée constituante. Dans ce cas, le peuple élit d’abord
une assemblée constituante et il est ensuite consulté par référendum sur le texte élaboré par
l’assemblée. Ce dernier procédé est le mode le plus démocratique d’élaboration de la constitution
car le peuple intervient une première fois pour désigner ses représentants à l’assemblée constituante
et une seconde fis pour entériner ou rejeter le projet de constitution. La consultation de la
population peut être plus poussée. Au Bénin, une commission constitutionnelle de 15 membres pour
la plupart des juristes a élaboré un avant-projet de constitution qui a été ensuite soumis pour
discussion à la population notamment à travers les autorités locales. La mise en forme définitive du
texte constitutionnel a eu lieu après cette discussion et les Béninois se sont prononcés par
référendum sur ce texte final.

B. La révision de la constitution :

Réviser une constitution c’est la modifier en supprimant certains articles ou en rédigeant de


nouvelles dispositions. On parle de révision constitutionnelle ou de réforme constitutionnelle ou
d’amendement constitutionnelle.

1. Le problème de la révision constitutionnelle :


D’une part, une constitution est élaborée pour durer et si possible pour l’éternité. Cependant,
l’immuabilité des constitutions entraine un blocage de la vie politique. Il a un risque de déphasage
entre la constitution et les réalités politique, économique et sociale c’est-à-dire entre la constitution
et l’évolution de la société. A défaut de révision, les changements nécessaires se feront par des
manifestations de rues, par la Révolution. Comme le dit Joseph Owona « une constitution qui
n’évolue pas est une constitution morte et facile à enterrer » D’autre part, la reconnaissance du
droit de révision à tout vent c’est-à-dire à n’importe quel moment est dangereuse car elle
entrainerait une instabilité de l’Etat. Le droit constitutionnel moderne admet le droit de révision des
constitutions pour au moins deux raisons :

- D’une part, ce n’est qu’à l’expérience qu’on sait si une constitution est bonne ou non. En
conséquence, le constituant laisse une porte ouverte à une éventuelle révision de son œuvre
et prévoit dans le corps même de la loi fondamentale la manière dont elle pourra être
modifiée ;
- D’autre part, on estime qu’en adaptant la constitution à l’évolution de la situation politique
par des révisions suffisamment espacées, on accroit considérablement ses chances de durer.
C’est le cas de la constitution des USA. Si le principe de la révision constitutionnelle est
admis, la suprématie de la constitution sur tous les autres textes juridiques implique une
règlementation stricte du droit de révision.

Les constitutions modernes instituent un pouvoir de révision au pouvoir constituant originaire


succède un pouvoir constituant dérivé ou institué. Le pouvoir constituant dérivé c’est le pouvoir de
réviser la constitution. C’est l’autorité qui est habilité spécialement à modifier la constitution déjà
existante. La révision peut aller de la modification mineure d’une disposition à la transformation du
régime. Il y a d’abord les révisions destinées à corriger les lacunes et les imperfections techniques
que peut révéler le fonctionnement des institutions. Il y a ensuite les révisions qui marquent un
tournent ou tout au moins un changement important dans l’orientation politique du pays. C’était le
cas de la révision de la Constitution malgache du 17 Septembre 1995. Si la révision porte sur un très
grand nombre de disposition, et à fortiori si elle est totale, on peut pratiquement aboutir à
l’élaboration d’une nouvelle constitution. C’est une formule très contestable que Liet-Vaux a qualifié
de « fraude à la constitution » et qui a été utilisé à Madagascar pour les révisions constitutionnelles
de 1998 et de 2007.

a. Délimitation entre constitution souple et constitution rigide :

La distinction est fondée sur la plus ou moins grande facilité avec laquelle la constitution peut être
révisée. La constitution est dite souple lorsqu’elle peut être modifiée selon les mêmes règles et les
mêmes formes que la loi ordinaire, selon la procédure législative ordinaire. Ceci implique qu’il n’y a
pas de suprématie de la constitution sur la loi. Les constitutions coutumières sont par définition
souples car elles sont toujours adaptables par la pratique. D’autre part, la constitution peut être
changée par le Parlement en votant une simple loi. Exceptionnellement, une constitution écrite peut
être souple. C’est le cas lorsque la constitution écrite ne prévoit pas de procédure spéciale de
révision. C’est le cas de la Nouvelle-Zélande qui a décidé en 1947 de ramener sa constitution au rang
des lois ordinaires. La constitution chinoise de 1978 laisse l’assemblée nationale populaire libre
d’amender la constitution. La constitution est dite rigide lorsqu’une procédure spéciale est prévue
pour la révision, procédure plus difficile que celle suivit pour la modification de la loi ordinaire. C’est
la constitution elle-même qui organise cette procédure spéciale de la révision qui sera longue et
complexe pour éviter que la constitution ne soit révisée trop facilement. La formulation
« constitution rigide » a été proposée par les juristes anglais Dicey et Bryce au début du XXème
siècle. La procédure spéciale a pour objet de protéger la constitution et de garantir les droits de la
minorité. Presque toutes les constitutions écrites sont rigides. Les constitutions malgaches ont
toujours été rigides.

b. Le moment de la révision :

Le choix du moment de la révision appartient aux gouvernants. Les constitutions prévoient ou ne


prévoient pas des conditions de délai selon deux cas de figure. Dans un premier cas, aucune
condition de délai n’est prévue. Donc la constitution peut être révisée aussi souvent qu’on le désire
avec le risque de désacraliser la loi fondamentale. Dans un second cas, la Constitution impose un
délai entre les révisions. L’article 284 de la Constitution portugaise exige que cinq ans se soient
écoulés depuis la date de la précédente révision.

c. Les raisons de la révision :

Le choix de la révision dépend soit d’un souci d’amélioration technique, soit d’une volonté de
changement politique. La révision de la constitution française du 28 Juin 1999 permettant aux
législateurs de prendre des mesures propres à favoriser l’égalité des femmes et des hommes avaient
un caractère technique. Par contre, à Madagascar, les révisions constitutionnelles ont toujours eu
une connotation politique. Ce fut le cas de la révision de la constitution malgache de l’IIIème
République en Septembre 1995. Pour résoudre un conflit entre le Président de la République Albert
Zafy et le Premier ministre Francisque Ravony. La révision constitutionnelle de Mars 1998 a mis en
place un Etat régional et a renforcé les pouvoirs du Président de la République donc une révision
politique. La révision du 4 Avril 2007 a supprimé les provinces autonomes tout en accentuant le
déséquilibre entre l’exécutif et le législatif donc une révision politique. L’art. 161 de la Constitution
de la IVème République dispose que : « aucune révision de la constitution ne peut être initiée sauf en
cas de nécessité jugée impérieuse ». La notion de nécessité jugée impérieuse est vague et donc
susceptible de plusieurs interprétations. L’instance chargée d’apprécier cette nécessité impérieuse
n’est pas non plus précisée.

2. La mise en œuvre de la révision de la constitution :


1. Le modèle nord-américain :

Le modèle nord-américain qui est le plus ancien est tourné vers la protection du citoyen. Il ne figure
dans la Constitution de 1787. C’est une construction jurisprudentielle de la Cour Suprême des Etats-
Unis à partir de l’arrêt Mallory vs. Madison. La Cour suprême est ainsi le Juge suprême de la
Constitutionalité des lois. Dans ce modèle, la juridiction de contrôle peut être un tribunal
quelconque, inséré dans la hiérarchie juridictionnelle ordinaire et statuant sur toutes les sortes
d’autres affaires. Ce contrôle appelé aux USA « judicialreview » s’effectue à tous les niveaux de
l’ordre judiciaire c’est-à-dire par les juges ordinaires des juridictions des Etats fédérés et de l’Etat
fédéral. On dit qu’il s’agit d’un contrôle diffus ou décentralisé parce qu’il se diffuse dans l’ensemble
de l’organisation judiciaire. Il est exercé par n’importe quel tribunal sous l’autorité régulatrice de la
Cour suprême des USA. Il s’agit d’un contrôle concret car il s’exerce à l’occasion d’une affaire précise.

2. Le modèle européen :

Le modèle européen est celui dans lequel une juridiction est créée pour connaitre spécialement et
exclusivement du contentieux constitutionnel. Une juridiction située hors de l‘appareil juridictionnel
ordinaire et indépendant de celui-ci et des pouvoirs publics. Il est souvent appelé modèle kelsénien
car c’est le grand juriste autrichien Hans Kelsen qui est à l’origine de ce système. Il a été mis en
œuvre pour la première fois avec la Haute Cour constitutionnelle d’Autriche en 1920. Dans ce cas, il
s’agit d’un contrôle concentré ou restreint car le contrôle de constitutionalité est exercé par un
organe spécial. Les tribunaux ordinaires ne peuvent pas statuer sur la constitutionalité d’une loi. Les
décisions rendues par la Cour constitutionnelle ont l’autorité absolue de la chose jugée. Lorsqu’une
loi est déclarée inconstitutionnelle, elle est annulée et disparait de l’ordre juridique. La décision de la
Cour n’est susceptible d’aucun recours, la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a adopté le
modèle européen. Ces Cours ou tribunaux constitutionnels peuvent avoir un caractère politique ou
être un organe mixte juridico-politique d’une part, l’organe de contrôle se présente comme une
juridiction, d’autre part, le recrutement de ses membres obéit à des considérations politiques. Le
caractère politique du recrutement est manifeste en France où les neufs membres du Conseil
constitutionnel sont désignés par les autorités politiques comme le Président de la République, le
Président de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat. Un tel mode de recrutement
n’empêche pas le Conseil constitutionnel d’être indépendant vis-à-vis du pouvoir politique. En
Allemagne, le Tribunal constitutionnel est composé de 16 Juges élus pour moitié par chacune des
deux Assemblées parlementaires. Le recrutement peut être théoriquement moins politique lorsque,
comme à Madagascar, une partie des membres de l’organe de contrôle est désigné par le Conseil
supérieur de la Magistrature. Pour assurer l’indépendance de ce genre d’organe de contrôle, la
Constitution exige parfois que les membres des Cours constitutionnelles soient nommés pour un
temps plus ou moins long, exige qu’ils ne puissent pas être révoqués avant l’expiration de leur
mandat et que leur mandat ne soit pas renouvelable. C’est le cas à Madagascar sous la IVème
République avec un mandat de sept ans non-renouvelables. Toujours dans un souci d’atténuer de
caractère politique de ces organes de contrôle, la Constitution exige de ses membres un minimum de
qualification en matière juridique. En Italie, les juges de la Cour constitutionnelle doivent être
désignés parmi les professeurs de droit, les magistrats ou les avocats ayant 20 ans d’exercice dans la
profession.

C. La procédure de contrôle :

L’organisation générale du contrôle dépend à la fois des personnes qui peuvent en prendre
l’initiative, des procédures qui permettent de la déclencher et du moment auquel il intervient.

1. L’initiative :
L’initiative de contrôle de constitutionalité peut être ouverte, en particulier aux simples citoyens ou
réservé aux seules autorités politiques.

a. L’initiative ouverte :

La solution la plus démocratique consiste à ouvrir au maximum cette compétence à tous les citoyens,
aux personnes morales, aux tribunaux mais aussi aux autorités politiques. L’initiative peut appartenir
à tout citoyen, du moment qu’il a un intérêt personnel à voir déclarer l’inconstitutionnalité d’une
norme juridique. C’est le cas aux USA. Le contrôle ouvert aux citoyens est d’une importance capitale
lorsque l’inconstitutionnalité contient des dispositions relatives aux droits et libertés ou encore
lorsqu’elle renvoie à des déclarations ou préambules. Il leur permet de faire constater l’éventuelle
violation de leur liberté constitutionnelle par la loi et de tenir cette dernière en échec. Ce modèle de
justice constitutionnelle a le mérité de donner la possibilité à tout intéressé de mettre en cause la
conformité de la loi à la Constitution.

b. L’initiative réservée aux acteurs politiques :

La saisine de l’organisation de contrôle peut être fermée ou semi-ouverte c’est-à-dire que la Cour ne
pourra être saisie que par des acteurs expressément désignés comme le Chef de l’Etat, le Chef du
gouvernement, le Président de l’Assemblée parlementaire élu au suffrage universel, etc…. Lorsque le
droit d’initiative est aussi restrictif, il y a un risque qu’il soit de fait réservé au courant majoritaire qui
contrôle ces différents organes. Pour éviter la mise en application d’une loi inconstitutionnelle, il faut
trouver une formule permettant à l’opposition, à la minorité parlementaire de saisir l’organisation de
contrôle.

2. Les techniques de contrôle :

Le contrôle de constitutionnalité effectué par un Juge peut intervenir selon deux procédures très
différentes : le contrôle par voie d’action et le contrôle par voie d’exception.

a. Le contrôle par voir d’action :

C’est un contrôle effectué par un Juge spécialisé devant lequel à l’occasion d’un recours, on lui
demandera de vérifier la constitutionnalité d’une loi. Ce Juge spécialisé siège dans un Tribunal ou une
Cour Constitutionnelle. Le Juge ordinaire est incompétent dans ce domaine. Intenter une action en
justice, c’est engager un procès contre une personne ou un acte en évoquant la violation d’un droit,
dont la source se trouve dans un acte règlementaire, une loi ou une constitution. Dans le cadre du
contrôle de constitutionnalité, la voie d’action permet aux autorités de saisine prévue par la
Constitution de déférer aux Juges compétents c’est-à-dire la Cour ou le Tribunal constitutionnel, la loi
estimée inconstitutionnelle. Le but est de lui faire vérifier la conformité de la loi à la Constitution. On
dit que cette autorité intente une action en inconstitutionnalité. Si le Juge prononce
l’inconstitutionnalité, la loi est annulée ergaomnes c’est-à-dire que la loi est annulée ou bien déclarée
non-valable pour tous et définitivement. La décision du Juge constitutionnel jouit d’une autorité
absolue de la chose jugée. Les effets de la décision concerneront toute la population et pas
seulement les auteurs du recours. En conséquence, le Parlement devra élaborer une nouvelle loi
conforme à la Constitution.
L’effet du contrôle par voie d’action est extrêmement brutal car il aboutit à l’annulation de la loi. Il
est donc dangereux de laisser n’importe quel citoyen soulever une action en inconstitutionnalité car
cela aboutirait à l’insécurité juridique. De manière générale, le contrôle par voie d’action est réservé
à quelques autorités politiques. Le contrôle par voie d’action est soit a posteriori soit a priori. Dans le
premier cas, le Tribunal constitutionnel pourra contrôler une loi déjà promulguée. C’est le cas en
Allemagne ou en Italie. Dans le second cas, le contrôle intervient après le vote de la loi et avant sa
promulgation. C’est le cas en France et à Madagascar. Le contrôle a priori a un inconvénient et un
avantage : il n’est pas systématique si la soumission des lois organiques, des ordonnances et des
règlements intérieurs des Assemblées parlementaires est obligatoire, celle des lois ordinaires peut
être facultative. Certaines lois n’ayant pas fait l’objet d’un recours ne seront jamais contrôlées.
L’avantage est qu’il crée un sentiment de sécurité juridique car avant même de produire des effets,
ces lois sont suspendues une fois promulguées, elles ne seront plus remises en cause.

b. Le contrôle par voie d’exception :

Soulever une exception en justice, c’est demander au Juge de trancher une question de droit avant
d’aller plus loin au cours d’un procès engagé. Le CPVE est un contrôle exercé par un Juge ordinaire,
un Juge non spécialisé à l’occasion d’une quelconque action en justice. Le mécanisme est le suivant :
un procès oppose deux personnes. L’une d’elles invoque à son profit une loi favorable à sa cause. La
partie adversaire invoquera le non-respect de la Constitution par la loi impliquée à son cas. En terme
technique, on dit que ce second plaideur soulève l’exception d’une inconstitutionnalité. Il y a alors
deux possibilités :

1) L’exception constitue pour le Juge saisi du litige une question préjudicielle c’est-à-dire une
question qui oblige le Tribunal à surseoir à statuer jusqu’à ce qu’elle a été soumise à une
juridiction. Dans cette hypothèse, le Juge du procès ne peut pas régler lui-même le problème
de l’inconstitutionnalité de la loi incriminée car la Constitution a prévu un organisme spécial
à cette fin. Cette juridiction spéciale devra donc statuer sur la constitutionnalité de la loi
avant que le procès ne reprenne devant le Juge du litige et avant qu’il ne prononce son
jugement. Si le texte est déclaré inconstitutionnel, il est écarté du procès. S’il est déclaré
constitutionnel, il s’applique normalement pour régler le litige ;
2) L’exception d’inconstitutionnalité constitue pour le Juge saisi du litige une question
préalable c’est-à-dire une question que le Juge doit examiner lui-même avant de résoudre le
problème concret sur lequel porte le fond du litige. C’est le juge du procès et non pas une
juridiction spéciale qui va juger si la loi incriminée est constitutionnelle ou non. Dans le cadre
du CPVE, à l’occasion de son procès, le requérant ne conteste pas directement la validité de
la loi con conforme à la Constitution. Il demande tout simplement qu’on lui fasse exception,
c’est-à-dire que cette loi, en raison de son inconstitutionnalité, ne lui soit pas appliquée pour
son procès. Si le Juge prononce l’inconstitutionnalité d’une loi, à la suite d’une exception, ce
texte n’est pas annulé. La loi inconstitutionnelle est seulement écartée du procès en
question. L’effet du CPVE est donc limité, au parti à un procès déterminé. La loi déclarée
inconstitutionnelle reste valable et applicable à tout le reste de la population. La décision
prononçant l’inconstitutionnalité ne jouit que d’une autorité relative de la chose jugée. Le
CPVE est toujours un contrôle a posteriori c’est-à-dire qu’il intervient après que la loi ait été
promulguée et donc entrée en vigueur. Cela a un avantage, potentiellement toutes les voies
sont susceptibles d’être contrôlées. Cela a un inconvénient : l’insécurité juridique car toute
loi peut être déclarée à un moment ou à un autre inconstitutionnel.

En conclusion, comme le souligne Robert Badinter, ancien Président du Conseil constitutionnel


français, le contrôle de constitutionnalité n’est pas le gouvernement des Juges, d’une part, la
Constitution votée par le peuple souverain a une valeur supérieure aux lois ordinaires. Il faut
donc s’assurer que les lois votées ne méconnaissent pas la Constitution ni les libertés
fondamentales d’où le besoin d’un organe indépendant qui veille au respect de la Constitution
par la majorité parlementaire. C’est un facteur d’équilibre de la démocratie. D’autre part, quand
une loi est déclarée inconstitutionnelle, l’alternative est toujours ouverte : soit voté une
nouvelle loi, conforme à la Constitution, soit modifié les dispositions constitutionnelles elles-
mêmes.

LA DEMOCRATIE

Des relations entre le peuple et le pouvoir sont liées à l’idée de démocratie […] « demos » qui signifie
peuple et « kratos » qui signifie puissance, souveraineté, est le gouvernement de tous, le
gouvernement de l’ensemble du peuple. Selon l’expression de Périclès repris par Abraham Lincoln, la
démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. La démocratie suppose la
réunion de trois conditions :

- La démocratie suppose l’égalité entre les citoyens sans distinction d’origine, de race, de
genre ou de religion. Tous le citoyens sont égaux en droit ;
- La démocratie suppose que les rapports entre les citoyens soient régis par des règles de droit
qui, adoptées par tous, s’appliquent à tous ;
- La démocratie suppose une certaine liberté politique c’est-à-dire une participation aux
affaires publiques.

CHAPITRE I : LA PARTICIPATION DES


GOUVERNES
En démocratie, le peuple participe à l’exercice du pouvoir. Cette participation peut prendre plusieurs
formes qui posent un problème de souveraineté démocratique.

A. La souveraineté démocratique :

Deux conceptions de la souveraineté démocratique sont apparues dans la philosophie des lumières à
savoir la souveraineté populaire et la souveraineté nationale.

1. La souveraineté populaire :

La souveraineté populaire est la possibilité de décision du peuple en dernier ressort. La théorie de la


souveraineté populaire a été développée par Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social. La
souveraineté appartient au peuple, totalité des citoyens qui détient chacun une fraction de
souveraineté. Chaque individu est détenteur d’une parcelle de souveraineté. Ainsi, dans une société
composée de 10.000 citoyens, un citoyen détient 1/10000 de souveraineté. La volonté générale ne
peut être dégagée qu’après la consultation de chaque citoyen. La souveraineté populaire est la
somme des volontés de chaque individu ce qui signifie que la volonté générale sera celle du plus
grand nombre, celle de la majorité. La souveraineté repose sur un ensemble réel, l’ensemble des
citoyens actuels d’un pays. L’adoption de la souveraineté populaire a deux conséquences :

- D’une part, l’électorat devient un droit. Chaque citoyen doit exercer sa part de souveraineté
puisque chaque individu en détient une portion. Le suffrage politique c’est-à-dire le vote est
un droit pour chaque citoyen et il doit être reconnu aussi largement que possible. Tout
individu a le droit de suffrage (comme le droit de vote) et il doit l’exercer personnellement
sans intermédiaire. La conséquence de la souveraineté populaire est l’instauration du
suffrage universel direct ;
- D’autre part, la souveraineté populaire implique un régime républicain. Le peuple peut
choisir ses dirigeants et en contrepartie, il peut les révoquer ou les déposer.

2. La souveraineté nationale :

Dans la doctrine de la souveraineté nationale développée par cette souveraineté se ramène à deux
affirmations :

- La souveraineté conçue comme le droit de commander a pour titulaire la nation ;


- La nation est une personne morale distincte des individus qui la composent. La nation est
une entité collective, abstraite, unique, indivisible, distincte des individus qui la composent et
supérieure à leur somme. C’est une personne morale qui est dotée d’une volonté propre qui
s’exprime par-delà les volontés individuelles qui la composent. La nation, entité abstraite, ne
peut pas gouverner directement. Il convient qu’elle soit représentée par des mandataires, les
élus de la nation. La souveraineté nationale implique un gouvernement représentatif c’est-à-
dire un gouvernement dans lequel ce sont les représentants, personnes physiques, qui sont
chargés d’exprimer la volonté de la nation, personne morale.

La souveraineté nationale implique que l’électorat n’est pas un droit mais une simple fonction
publique qui doit être réservée aux citoyens les plus capables, c’est-à-dire, les citoyens actifs, qui
votent et qui siègent au sein des Assemblées. La souveraineté nationale détermine la nature du
mandat exercé par le représentant. C’est le mandat représentatif.

3. La combinaison de la souveraineté nationale et de la souveraineté populaire :

Le droit malgache combine souveraineté nationale et souveraineté populaire. Selon l’article 5 de la


Constitution de la IVème République : « la souveraineté appartient au peuple qu’il exerce par ses
représentants élus au suffrage universel direct ou indirect ou par la voie du référendum. Aucune
fraction du peuple, aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté ». Cet article est
un compromis entre la souveraineté nationale et la souveraineté populaire. Si le peuple est assimilé à
l’ensemble des électeurs, la formule veut dire que le corps électoral détient le pouvoir de décision
suprême dans l’Etat. C’est l’affirmation que le dernier mot appartient au suffrage universel. La
souveraineté démocratique peut être exercée de deux manières : la démocratie directe et la
démocratie représentative.

B. Démocratie directe et démocratie représentative :

1. La démocratie directe :

Dans une démocratie directe, tous les citoyens sans l’intermédiaire de représentants élus ou
désignés peuvent participer à la prise de décisions publiques. Le peuple souverain exerce lui-même
les fonctions étatiques. Première démocratie du monde, la cité grecque d’Athènes sous l’Antiquité
pratiquait la démocratie directe avec une Assemblée qui pouvait totalisée jusqu’à 6.000 personnes.
Les citoyens venaient à l’Assemblée qui se réunissait fréquemment et se prononçait sur la paix, la
guerre, la législation, etc… Un tel système ne peut recevoir une application pratique à l’échelle d’un
Etat aussi petit soit-il. A Madagascar, les Assemblées générales des « fokotany » sont une forme de
démocratie directe.

2. la démocratie représentative :

Aujourd’hui la forme la plus connue de la démocratie est la démocratie représentative. C’est le


système dans lequel les citoyens choisissent ceux d’entre eux qui exerceront les fonctions étatiques.
Les citoyens élisent des représentants chargés de prendre des décisions politiques, d’élaborer des
lois et d’administrer des programmes pour le bien commun. Au nom du peuple ou au nom de la
nation, ces personnalités peuvent délibérer sur des questions complexes de caractère public de façon
systématique et réfléchi. La théorie de la représentation nationale suppose que les élus représentent
la nation. Il exerce un mandat représentatif qui présente cinq caractéristiques :

1) C’est un mandat global : le mandat est confié par la nation à l’ensemble des représentants ;
2) C’est un mandat général : le mandataire représente la nation et non la circonscription qui l’a
élu (ex : les députés de Madagascar) ;
3) C’est un mandat libre : le mandataire exerce son mandat en toute indépendance et ne reçoit
aucun ordre de ses mandants, donc de ses électeurs ;
4) C’est un mandat irrévocable : le mandataire ou l’élu ne saurait être déni de ses fonctions ;
5) C’est un mandat exercé conformément à la volonté de la nation : la volonté des
représentants ne nécessite aucune ratification de la part du peuple.

La notion de représentation est en partie issue du droit privé. Les décisions du représentant sont
supposées exprimer la volonté du représenté et donc avoir le même sens que cette dernière mais
aussi la même valeur et les mêmes effets juridiques. Le représentant a pour mission de vouloir pour
la nation. C’est la nation souveraine qui est censée s’exprimer par sa bouche et selon Esmein, « elle
lui abandonne pour un temps le libre pouvoir de légiférer pour elle et en son nom ». Cette théorie
produit un certain nombre de conséquences juridiques capitales. D’abord, la loi votée par le
Parlement représentant est l’expression de la volonté générale exactement comme si elle avait été
adoptée directement par le peuple représenté. Ensuite, le système du mandat représentatif a pour
but d’assurer la liberté de l’élu afin de lui permettre de se consacrer au bien du pays. Il existe deux
modalités principales de démocratie représentative : les citoyens élisent au suffrage universel les
seuls parlementaires c’est-à-dire les membres des assemblées législatives. Ce sont les parlementaires
qui désigneront à leur tour directement ou indirectement les organes exécutifs qu’ils contrôlent
c’est-à-dire le Président de la République ou le Premier Ministre. C’est le cas en Italie. Les citoyens
élisent au suffrage universel non seulement les parlementaires mais aussi le Chef de l’Etat. C’est le
cas à Madagascar.
Certains auteurs trouvent que cette forme de participation des gouvernés est insuffisante et propose
d’autres formules comme la démocratie semi-directe.

C. La démocratie semi-directe :

La démocratie semi-directe est une forme de démocratie qui combine à la fois des éléments de la
démocratie directe et de la démocratie représentative. Comme dans une démocratie représentative,
les citoyens élisent leur représentant qu’ils chargent d’établir des lois mais ils peuvent aussi être
amenés lors de référendum à prouver ou refuser des lois ou des constitutions. C’est le cas à
Madagascar où selon l’art. 5 de la Constitution, la souveraineté appartient au peuple qu’il exerce par
ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect ou par la voie du référendum. Cette
forme intermédiaire peut correspondre aux besoins de conserver certaines traditions de la
démocratie directe au sein d’un système obligé d’évoluer vers le système représentatif mais aussi
d’une prise de conscience des défauts de la démocratie représentative dans un contexte marqué par
l’accession des masses à la vie politique. Elle résulte de la volonté d’intégrer dans un système
représentatif classique certains éléments de démocratie directe afin de lui conférer un surcroit de
légitimité. La démocratie semi-directe comprend plusieurs procédés comme le veto populaire,
comme l’initiative populaire, comme le référendum ou comme le rappel.
1. Le veto populaire :

Le veto populaire permet au peuple de s’opposer à la promulgation d’une loi régulièrement votée
par le Parlement. Il consiste dans le dépôt d’une pétition revêtu du nombre de signatures requis par
la Constitution et demandant qu’une loi soit soumise au peuple. Si la pétition est signée du nombre
exigé de citoyens, la loi est soumise au référendum. Si la majorité des électeurs inscrits se
prononcent en faveur du veto, donc du rejet, la loi est retirée et considérée comme n’ayant jamais
existé. En Italie, la pétition doit être signée par 500.000 électeurs ou par 5 Conseils régionaux. Si le
nombre de signatures est atteint, un référendum est organisé pour décider de l’abrogation totale ou
partielle d’une loi ou d’un acte ayant force de loi. En Suisse, au niveau fédéral, la demande
d’organisation d’un référendum doit être présentée par 50.000 citoyens ou par 5 cantons.

2. L’initiative populaire :

L’initiative populaire est une procédure qui permet au peuple de proposer l’adoption d’une
disposition constitutionnelle ou législative. Elle existe notamment en Suisse dans certains Etats des
Etats-Unis (ex : la Californie), dans certains Länder allemands, en Autriche, comme en Italie. Les
constitutionnalistes Jean-Luc Parodi et Olivier Duhamel parlent également d’initiative minoritaire.
Elle comprend trois étapes :

- Il faut d’abord le dépôt d’une pétition présentée par le nombre requis de citoyens qui peut
demander l’organisation d’un vote au Parlement ou un référendum sur un projet de loi, une
révision constitutionnelle, une demande d’abrogation ou de création d’une loi. En Suisse,
pour la révision de la Constitution, il faut 100.000 signatures certifiées, réunies dans un délai
de 18 mois.
- L’initiative est ensuite soumise au Parlement qui peut la retenir ou la rejeter.
- En cas de rejet de l’initiative populaire par le Parlement, elle est soumise à référendum à
l’ensemble des électeurs. Ainsi, le peuple peut arriver à adopter seul des décisions en dehors
des Assemblées représentatives.

3. Le référendum :

La troisième et principale technique demeure le référendum c’est-à-dire la consultation des électeurs


sur une question ou sur un texte qui ne devient définitif qu’en cas de réponse positive. Lors d’un
référendum, il est demandé au peuple de répondre par oui ou par non à la question posée.

a. Les différents objets du référendum :

Le référendum pourra porter sur des objets variables. Il peut être de consultation. Il s’agit de
connaitre avec certitude l’opinion du peuple qui est seulement appelé à donner son avis. Le
référendum peut être deux propositions. Il s’agit de connaitre la décision du peuple au sujet d’une
initiative directe à introduire dans l’ordonnancement juridique. C’est le référendum d’initiative
populaire. Le référendum peut être d’abrogation. Il s’agit de la seconde étape du veto populaire. Le
référendum permet d’abroger totalement ou partiellement le texte d’une loi déjà adoptée par le
Parlement. Le référendum peut être de ratification ou d’adoption. Le référendum de ratification
intervient après l’adoption d’un texte qui doit être ratifié par le peuple. Le référendum d’adoption
intervient directement sans adoption préalable d’un texte. Le peuple statue sur un projet qui lui est
demandé d’adopter. C’est le cas du référendum du 5 Juin 2005 pour l’adhésion de la Suisse aux
Accords de Schengen instaurant l’Europe sans frontières. Si le référendum porte sur un projet de
Constitution, on parle de référendum constituant. Si le référendum porte sur un projet de texte,
révisant la Constitution, on parle de référendum constitutionnel. Le référendum malgache du 17
Novembre 2010 et le référendum marocain du 1 er Juillet 2011 étaient un référendum constituant. Les
référendums malgaches du 17 Septembre 1995, du 15 Mars 1998 et du 4 Avril 2007 étaient des
référendums constitutionnels sous la IIIème République. Le référendum peut porter sur un projet de
texte de loi ordinaire. On parle alors de référendum législatif. Dans un autre domaine, le référendum
peut porter sur l’auto-détermination d’un territoire. On parle alors de référendum d’auto-
détermination. C’est le cas du référendum organisé au Sud Soudan en Janvier 2011. Le référendum
peut encore être utilisé dans d’autres circonstances. C’est le cas pour l’adhésion de la Suisse à l’ONU
en Mars 2002.

b. Référendum obligatoire et référendum facultatif :

Le référendum obligatoire est celui dont la Constitution requiert l’organisation pour rendre régulière
une décision de portée juridique. La Constitution malgache de la IVème République prévoit que le
référendum est obligatoire pour la révision de la loi fondamentale. Le référendum est facultatif
lorsque c’est l’Assemblée législative ou l’exécutif qui décide s’il y a lieu ou non à consultation
populaire.

c.Référendum et plébiscite :

Sur le plan théorique, la distinction est simple : le référendum porte sur un texte (ex : un projet de
constitution, un projet de texte modifiant la constitution ou un projet de texte législatif ordinaire). Le
plébiscite se présente comme un vote de confiance du peuple envers un homme qui a pris le pouvoi r
ou un vote approuvant un acte de cet homme. Dans la pratique, la distinction est plus difficile à faire
car il y a souvent confusion entre le texte et l’auteur du texte. D’autre part, l’exigence d’une réponse
unique pour plusieurs questions est également un facteur de confusion (ex : le référendum du 21
Décembre 1975 à Madagascar avec trois questions dont deux portant sur des textes à savoir la
Charte de la Révolution socialiste et la constitution de la IIème République et une troisième question
portant sur un homme, Didier Ratsiraka).

d.Référendum et fonctions :

Dans le cadre de la procédure du référendum, les représentants c’est-à-dire, le Parlement ou le


gouvernement prépare un texte sur lequel tous les citoyens sont appelés à se prononcer au suffrage
universel. Il y a option si l’on propose aux citoyens non pas un seul texte à approuver ou à rejeter
mais plusieurs textes entre lesquels ils doivent choisir.
e.Référendum et démocratie :

Sous des régimes dictatoriaux, la technique du référendum est utilisée par les gouvernants pour se
maintenir au pouvoir. L’initiative de la consultation du peuple doit être laissée comme en Suisse et
aux Etats-Unis aux seuls citoyens. L’autre problème est le manque de compétence du corps électoral
lorsqu’il donne son opinion. Comme l’a souligné Jacques Georgel, dans son livre intitulé Référendum
et plébiscite : « on peut accepter ou refuser un Roi, être favorable à la monarchie ou à la
République pour ou contre le suffrage féminin, mais un référendum qui porte sur un projet de
constitution ou sur un projet de loi minutieux long de plusieurs articles n’a pas de sens. Ce n’est
pas abuser du peuple que le demandait s’il veut élire directement un Chef de l’Etat mais on se
moque de lui en proposant 106 articles de constitution comme en 1946 ou 567 articles traitant de
la régionalisation comme en 1969 ». Dans les Etats démocratiques, la démocratie semi-directe
n’apparait plus comme impossible et dangereux. Démocratie semi-directe et démocratie
représentative sont devenues complémentaires. Dans les deux cas, l’expression de la souveraineté
par le citoyen se traduit par le droit de suffrage.

CHAPITRE 2 : LE DROIT DE SUFFRAGE


Le droit de suffrage ou droit de vote permet à tout citoyen d’exprimer librement sa volonté par le
biais d’un scrutin et ainsi d’élire ses représentants et ses gouvernants ou de répondre à une question
posée par un plébiscite ou un référendum. C’est un des droits civiques de base de la démocratie.

A. Les modalités du droit de suffrage :

Le droit de suffrage est théoriquement reconnu par tous les Etats. Il a été admis progressivement
depuis le XVIIIème siècle. Ce droit de vote est susceptible de modalités diverses.

1. L’étendue du droit de suffrage :

Dans la plupart des Constitutions, le droit de suffrage est reconnu mais il s’agit de savoir qui peut
réellement voter. Sur ce plan, deux modalités sont possibles : le suffrage restreint et le suffrage
universel.

a. Le suffrage restreint :

Le suffrage est restreint lorsque les électeurs sont sélectionnés en fonction de critères divers
préétablis par les lois. Le suffrage restreint peut prendre plusieurs formes mais n’est plus connu sans
le suffrage censitaire et le suffrage capacitaire. Le système censitaire consiste à ne donner le droit de
vote qu’au seul personne qui paye un impôt d’un montant précis appelé « cens ». Ici le critère de
sélection est la fortune ou plus précisément le revenu. Le système censitaire a été pratiqué en
Grande-Bretagne et en France de 1814 à 1848. Dans le cas du suffrage capacitaire, le droit de vote
est réservé au citoyen ayant fait la preuve de leur capacité intellectuelle. Cela peut se traduire par
l’exigence d’un diplôme ou d’une décoration ou l’exercice d’une fonction. Lors de l’élection de la
première constituante française du 21 Octobre 1945, seuls les Malgaches ayant un certain niveau
d’instruction avaient le droit de vote.

b. Le suffrage universel :

Le suffrage universel est le système dans lequel le droit de vote est reconnu à tous les citoyens sans
condition de fortune, de capacité intellectuelle, d’appartenance politique, religieuse ou autre
différence. Il est basé sur le principe : un homme, une voix. Il est incontournable en démocratie. Le
suffrage est universel lorsqu’il appartient à tous les citoyens sous certaines conditions minimales qui
tiennent à la nationalité, à l’âge, à la jouissance des droits civiles et civiques, etc…

Condition de nationalité :

Normalement, le droit de vote est réservé aux nationaux de l’Etat. A Madagascar, il est réservé aux
Malgaches, aux Etats-Unis aux Américains, etc… Les étrangers sont exclus du droit de vote. En
Allemagne, la Cour constitutionnelle a estimé que la participation des étrangers aux scrutins
municipaux était inconstitutionnelle. Selon la Cour : « le pouvoir étatique de la République fédérale
est l’émanation des ressortissants allemands en vertu de la loi fondamentale. Seuls les Allemands
peuvent donc participer aux élections même au niveau communal ». Pourtant, dans certains pays, le
droit de vote a été élargi aux étrangers. Cet élargissement concerne souvent les élections locales.
Aux Pays-Bas, depuis une loi votée en 1985, un étranger qui y réside d’une façon continue depuis 5
ans peut participer aux élections municipales en tant qu’électeurs ou en tant que candidats. En
France, depuis l’adoption du traité de Maastricht en 1992, le droit de vote aux élections locales est
acquis pour tous les habitants de l’Union européenne. Il arrive plus rarement que des étrangers aient
le droit de vote pour des élections nationales. En Côte d’Ivoire, de 1990 à 1995, les étrangers
d’origine africaine ont eu un droit de vote pour les élections présidentielles, législatives ou locales.

Condition d’âge :

Le droit de vote est lié à la notion de majorité électorale ou politique. Cette majorité coïncide
généralement avec la majorité civile qui est de 21 ans. Elle est abaissée à 18 ans comme aux Etats-
Unis, au Canada, en Grande –Bretagne ou à Madagascar (en 1972). En Iran, cette majorité est de 15
ans.

Condition de dignité :

Des citoyens considérés comme indignes sont exclus du droit de vote. Il s’agit de personnes
condamnées par des tribunaux pour des délits graves. Il s’agit des interdits et des aliénés.il s’agit des
commerçants en faillite non réhabilités. On dit que ces individus sont déchus de leur droit civique.

Le droit de vote des femmes :

Pendant longtemps, le suffrage universel est exclusivement masculin. La Nouvelle-Zélande fut la


première démocratie à donner le droit de vote aux femmes en 1893 suivie par l’Australie en 1902,
par la Finlande en 1906 et par la Norvège en 1913. En Grande-Bretagne, les femmes ont obtenu le
droit de vote en 1918 et aux Etats-Unis en 1919. Les Indiennes et les Turques étaient devenues elles
aussi des citoyennes à part entière en 1921 et 1934. En France, il fallut attendre l’ordonnance du 21
Avril 1944 pour les femmes soient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.
Au niveau fédéral, la Suisse n’a accordé le droit de vote aux femmes qu’en 1971 et au niveau des
cantons, la reconnaissance de l’égalité des sexes n’a été adoptée par référendum qu’en 1980. Des
Etats minoritaires comme certaines monarchies du Golfe arabo-persique refusent systématiquement
le droit de vote aux femmes. Au Koweït, les femmes étaient autorisées à voter et à se présenter aux
élections pour la première fois lors des élections législatives du 29 Juin 2006.

2. L’exercice du suffrage universel :

En démocratie, il faut relever quatre traits caractéristiques du droit de vote :

- Le vote est égal : chaque citoyen dispose d’une voix et d’une seule. On fait la distinction
entre suffrage égal et suffrage plural. Dans ce dernier cas, certains électeurs ont droit à
plusieurs voix en raison d’une qualité qui leur est propre. Par exemple, il a pu s’agir de
diplôme universitaire comme en Grande-Bretagne au XIXème siècle ou du vote familial ou le
chef de famille a autant de voix qu’il a d’enfants. Le suffrage plural appartient au passé.
- Le vote est secret : la meilleure façon de garantir la liberté démocratique c’est de maintenir
le secret du vote. Un vote à bulletin secret ou scrutin secret désigne toute méthode de vote
ou chaque électeur donne son suffrage sur la proposition sans que les autres votants
puissent prendre connaissance de son choix ni au moment de l’expression, ni en analysant
les bulletins après le vote. Concrètement, cela se traduit par l’usage d’un isoloir au bureau de
vote. Le secret garantit que l’électeur effectuera son choix en toute liberté sans être soumis à
des pressions, intimidations ou menaces de ceux qui l’entoure ou des autorités publiques. Le
secret du vote garantit l’indépendance de choix de l’électeur. Le vote secret est devenu la
règle générale pour les élections politiques comme les législatives ou la présidentielle ainsi
que pour les élections locales.
- Le vote est direct ou indirect : le vote est direct lorsque les citoyens élisent eux-mêmes sans
intermédiaire leur représentant. C’est le cas de l’élection du Président de la République et
des députés à Madagascar. Le vote est indirect lorsqu’il comporte deux ou plusieurs degrés
d’élections. Les citoyens élisant certains d’entre eux qui éliront ensuite leur représentant. Le
suffrage indirect comporte plusieurs phases. Les électeurs désignent d’abord des
délégués appelés grands électeurs qui doivent à leur tour élire les gouvernants ou les
représentants. Les intermédiaires ou grands électeurs forment le collège électoral. Ce collège
électoral peut être spécialement élu en vue d’une élection bien déterminée. Aux Etats-Unis,
les électeurs élisent des grands électeurs qui vont ensuite élire le Président des Etats-Unis.
Les intermédiaires peuvent aussi être des élus procédant d’une élection antérieure. A
Madagascar, sous l’IIIème République, le Collège sénatorial était composé des membres des
conseils régionaux et des maires.
- Le vote est facultatif ou obligatoire : l’exercice du suffrage universel se traduit par l’exercice
du droit de vote. Il arrive que des citoyens n’exercent pas ce droit par inconscience, soit par
paresse soit par empêchement soit par dépolitisation. Cet acte par lequel un citoyen renonce
à participer à une élection est qualifié d’abstention. L’abstentionnisme électoral pose un
problème sérieux au moment il devient important. La légitimité des élus peut être mise en
cause lorsque 40% ou plus des électeurs n’ont pas participé aux votes. Lorsqu’elle atteint
60%, comme lors des législatifs malgaches de 2007, un problème de légitimité se pose. En
Russie, l’élection présidentielle n’est pas validée si 50% des électeurs n’ont pas participé aux
votes. Pour empêcher l’abstention, certains pays ont instauré le suffrage obligatoire qui
sanctionne l’abstention par le payement d’une amende. On rencontre ce genre de législation
en Belgique, au Luxembourg, en Grèce et en Australie. Au Luxembourg, les sanctions en cas
d’abstention sont de 100 à 250€ pour une première abstention non justifiée et de 500 à
1.000€ en cas de récidive dans les 5 ans suivants la première faute. Le vote obligatoire est
cependant critiquable car le droit de vote est une liberté fondamentale. Il faut laisser le
citoyen libre de voter ou de s’abstenir. Voter est un acte civique et la qualité de citoyens
implique l’idée de participation à un vote. Presque partout, le suffrage est facultatif.

B. L’organisation des élections :

L’organisation des élections est une technique qui exige des opérations minutieuses sur le plan
matériel et juridique. L’ensemble de ces opérations est appelé droit électoral. Elire signifie choisir
pour que les résultats du choix des électeurs soient parfaits ou au moins acceptables. Trois
conditions sont nécessaires.

1. Il faut respecter l’égalité des chances des candidats :

a. La campagne électorale :

La campagne électorale est la période officielle prévue par les textes pendant laquelle les candidats
sont autorisés à faire leur propagande électorale et à utiliser pour cela tous les moyens utilisés par la
loi de façon à informer les électeurs sur leur candidature et leur programme. La campagne électorale
est donc essentiellement une période précédant les scrutins. La campagne électorale pose d’abord le
principe de la neutralité de l’administration. Les autorités chargées d’organisées les opérations
doivent faire preuve d’impartialité et de neutralité. Il est interdit à un agent public d’user de sa
qualité et de son autorité en faveur d’un candidat. C’est à cause de l’insuffisance sinon de l’absence
de neutralité de l’administration que dans certains pays africains, l’organisation des élections n’est
plus confiée au Ministère de l’Intérieur mais à un Conseil ou Comité National Electoral Indépendant.
Tel est le cas de la Commission Electorale Nationale Indépendante à Madagascar. La campagne
électorale pose ensuite le principe de la loyauté des procédés. Les candidats ne doivent pas
employés des moyens déloyaux susceptibles d’altérer la sincérité du scrutin. Ils ne peuvent bien
entendu pas recourir à l’injure, à la diffamation ou à la violence. La campagne électorale pose enfin le
principe de l’égalité des candidatures. Il faut l’égalité dans l’affichage de la propagande électorale.
Les candidats doivent disposer des mêmes tableaux officiels, de la même surface aux mêmes
endroits. A Madagascar, ce sont les panneaux en bois de même dimensions utilisés pour les
affichages officiels et ceux de candidats pendant les campagnes électorales. Il faut ensuite assurer
l’égalité de la répartition du temps de parole des candidats ou des formations politiques sur les
moyens audiovisuels publics. Il faut le même temps de parole aux candidats, au bon moment
d’écoute. A Madagascar, la SENI est chargée de répartir les temps d’antenne à la radio et à la
télévision nationales entre les groupements autorisés à faire campagne. Enfin, l’Etat doit fournir aux
candidats les mêmes avantages en prenant en charge une partie des frais d’élections. L’Etat assure
généralement l’acheminement des bulletins de vote jusqu’aux différents bureaux de vote.
L’impression des bulletins de vote peut être prise en charge par l’Etat ou être à la charge des
candidats. L’impression des bulletins uniques est à la charge de l’Etat. En France, l’Etat rembourse les
frais de campagnes électorales des candidats ayant obtenu 5% des voix au premier tour de l’élection
présidentielle. L’égalité des candidatures pose essentiellement la question des moyens de
financement des campagnes électorales. Le financement de la campagne électorale peut être
réglementé comme en Allemagne ou en France. Ce n’est pas encore le cas à Madagascar.

b. Le problème des inéligibilités et des incompatibilités :

Les conditions relatives à l’éligibilité :

L’éligibilité désigne la réunion par une personne des conditions requises pour être éligible, pour être
candidat à une élection. Eligible désigne la possibilité d’accéder à un mandat électif. L’éligibilité est
constituée par les conditions d’aptitude exigées pour être élu et en ce sens, il s’agit de limitation
posée à la liberté de choix de l’électeur. La première de ces conditions est que ne peuvent être
éligibles que les électeurs c’est-à-dire les membres du corps électorale. L’électeur qui vient du latin
« elector » c’est-à-dire celui qui choisit est la personne qui dispose de la faculté d’exprimer un choix
en faveur de l’attribution à un ou plusieurs candidats d’un mandat ou d’une fonction. Les droits de
vote et d’éligibilité sont indissociables. Cependant, cette condition nécessaire n’est pas à elle seule
suffisante et la loi électorale apporte un certain nombre de conditions supplémentaires qui
restreignent encore au sein des électeurs le nombre de ceux qui sont susceptibles d’être éligible. A
Madagascar, sous la IVème République, les candidats à la présidence de la République doivent avoir
la nationalité malgache, être âgé de 35 ans révolu le jour du dépôt de candidature, jouir de leurs
droits civils et politiques, c’est-à-dire n’avoir jamais été condamné pour crime ou délit, résider à
Madagascar depuis au moins 6 mois avant la date de clôture du dépôt de candidature.

Les cas d’incompatibilité :

L’incompatibilité désigne l’interdiction de cumuler un mandat électif avec une autre fonction
présumée nuisible à celui-ci. A la différence de l’inéligibilité, l’incompatibilité ne fait pas obstacle à la
candidature mais elle impose ensuite au candidat élu de choisir entre le mandat électif et une autre
fonction incompatible avec celui-ci. Il y a donc un choix qui devra s’effectuer après l’élection. Par
exemple, la fonction de Président de la République à Madagascar est incompatible avec toute
fonction publique élective, avec toute autre activité professionnelle, et toute activité au sein d’un
parti politique ou d’un groupement de partis politiques ou d’une association et de l’exercice de
responsabilité au sein d’une institution religieuse (ex : Ravalomanana).

2. Il faut assurer la sincérité du vote des citoyens :

a. le recensement de tous les citoyens admis à voter :

Chaque année, une commission électorale remet à jour la liste électorale, qui est la liste des citoyens
admis à voter. On dit qu’on procède à la révision périodique de la liste électorale. A Madagascar, la
Commission Nationale Electorale Indépendante et ses démembrements procèdent à la révision
annuelle de la liste électorale. Comme le précise le Code électoral, du 1 er Décembre au 31 Janvier de
l’année suivante, la liste électorale est révisée annuellement. L’opération de révision consiste à
ajouter les noms de ceux qui auraient été précédemment omis, le nom de tous ceux qui ont
nouvellement acquis les qualités exigées par la loi pour être électeurs. Elle consiste aussi à retrancher
les noms des individus décédés, de ceux qui ont perdu les qualités requises par la loi, de ceux dont la
radiation a été ordonnée par l’autorité compétente, de ceux reconnus avoir été indument inscrits,
même si leur inscription n’a pas été contestée. La liste électorale doit être arrêtée définitivement le
15 Avril de chaque année. En cas d’élection, il peut être procédé à une révision spéciale de la liste
électorale. Selon l’art. 34 du Code électoral malgache « avant toute consultation électorale, une
mise à jour de la liste électorale débute 48h après la date de publication de l’acte portant
convocation des électeurs.La liste électorale est définitivement arrêtée 15 jours avant la date du
scrutin ». Chaque citoyen a le droit de voir la liste électorale et il peut contester la liste électorale.
Cependant, malgré toutes ces précautions, il faut reconnaitre qu’il y a toujours une marge d’erreur
inévitable, la marge d’erreur habituellement acceptable est de l’ordre de 2%.

b. L’information objective des citoyens :

Il faut que les électeurs soient informés au maximum du programme de chaque candidat ou de
chaque formation politique. La campagne électorale a justement été instituée pour permettre
l’information des citoyens. Les moyens de propagandes sont multiples (affichages, tracts, meetings,
porte-à-porte, pancartes publicitaires dans les journaux, spots publicitaires à la radio et à la
télévision…) La propagande se limite à l’information des citoyens. Les pressions et menaces ne
relèvent plus de la propagande ainsi que les achats de voix. A Madagascar, l’utilisation des pratiques
coutumières pour contraindre un électeur à voter pour un candidat est interdite.

c. Le caractère personnel du vote :

En principe, le vote de l’électeur est personnel. Il ne peut en principe voter qu’en plaçant lui-même
personnellement son bulletin de vote dans l’urne. Le vote personnel pose la question du vote de
l’électeur empêché. Les électeurs qui pour une raison justifiée sont absents peuvent voter par
procuration c’est-à-dire choisir un autre électeur qui votera à la place de l’électeur empêché. Le
porteur de la procuration doit être inscrit sur la liste électorale de la même circonscription que
l’électeur empêché. Ce système brise le secret du vote car l’électeur empêché doit indiquer au
porteur de la procuration dans quel sens ou en faveur de qui il doit voter. Il existe égalent la
possibilité du vote par mandat. L’électeur remplit lui-même son bulletin de vote mais il confie à un
autre électeur le soin de le déposer dans l’urne. Il y a enfin le vote par correspondance. Dans ce cas ,
l’électeur remet son bulletin de vote sous double enveloppe à une autorité désignée par lui ou
directement au bureau de vote. Dans certains pays, ce système qui utilise les services de la poste se
trouve réservés à une certaine catégorie de citoyens comme les voyageurs de commerce, comme les
marins ou les militaires basés à l’étranger.

3.Il faut assurer le respect des résultats :

Lorsque le scrutin est clos, il faut procéder au dépouillement du vote.

a. Le dépouillement des résultats :

Le dépouillement c’est l’opération qui consiste à dénombrer le nombre de bulletins de vote et à


donner le résultat des élections dans chaque bureau de vote. Le dépouillement des résultats doit
être public pour éviter les fraudes. Les représentants des différents candidats sont autorisés à
assister au dépouillement. Tout citoyen qui constate des irrégularités dans les opérations de
dénombrement doit les signaler au procès-verbal de dépouillement. Le résultat du scrutin peut faire
l’objet de contestation et conduire à un contentieux électoral.
b. Le contentieux électoral :

La régularité des élections constitue l’une des conditions de légitimité du pouvoir. La fraude et des
erreurs donnent naissance à ce qu’on appelle le contentieux électoral. La contestation peut porter
sur l’éligibilité du candidat, ou sur le résultat du scrutin. Ce qui conteste la régularité d’une élection
peuvent demander son annulation à juge électoral. Le contentieux peut être soumis à des juridictions
différentes ou à une juridiction unique. Au moment de l’indépendance, le législateur malgache a
confié le droit du contentieux électoral à deux instances juridictionnelles : le juge administratif pour
le contentieux communal, et le conseil supérieur des institutions pour les élections législatives et
présidentielles. L’IIème République a simplifié la question en réalisant l’unité de compétence pour le
règlement des contentieux. La HCC avait une compétence générale de droit commun pour connaître
de tous les contentieux relatifs aux élections présidentielles, législatives et territoriales, c’est-à-dire
relatives aux collectivités décentralisées. La troisième et la quatrième république pose le système de
la double juridiction. Le contentieux relatif au référendum, à l’élection présidentiel, aux élections de
députés de sénateurs relèvent de la compétence de le HCC. Le contentieux relatif aux élections
provincial, régional et communal, relève de la compétence des tribunaux et du conseil d’Etat. Dans
l’exercice de ces attributions, le juge électoral peut être amené à prononcer l’annulation soit des
résultats soit es élections elle-même. L’annulation des résultats s’impose quand le juge de l’élection
constate l’existence d’irrégularité qui n’est pas assez graves mais qui doivent être sanctionnés. Le
juge peut décider l’annulation partielle du scrutin. Dans la jurisprudence électorale malgache, les
votes multiples, les votes des mineurs, les votes d’électeurs omis ou radiés de la liste électorale,
l’émargement de la liste électorale par une tierce personne, ou par un membre du bureau de vote et
non par l’électeur lui-même. Les votes d’électeur dans un bureau de vote autre que celui indiqué sur
la carte électorale sont considérés comme des causes d’annulation partielle du scrutin. Le juge
électoral peut désigner l’annulation totale des opérations électorales d’un bureau de vote. C’est le
cas de la fermeture de l’urne par une seule serrure, la clôture du scrutin avant l’heure légale et avant
épuisement total de la liste électorale, de la fonction de scrutateurs assurés par des électeurs ne
sachant ni lire ni écrire, du défaut de signature des feuilles de dépouillement et de pointage de
scrutateurs... l’annulation des élections est la mesure la plus grave que peut prendre le juge
électoral. L’annulation des élections n’intervient qu’à de très strictes conditions. L’examen de la
jurisprudence de la HCC permet de constater que les vices ayant affectés la validité même des
élections ont pour cause première la carence de l’appareil administratif. La défaillance de
l’administration est telle qu’aucune confirmation des élections n’est concevable. C’est le cas lorsque
l’administration n’a pas acheminé les bulletins de vote de certains candidats dans tous les bureaux de
vote d’une circonscription électorale.

CHAPITRE III : L’ORGANISATION DU


POUVOIR
Etudier l’organisation du pouvoir c’est se pencher sur les problèmes de la structure
gouvernementale. C’est la description des institutions gouvernantes que sont l’organe exécutif et
l’organe législatif ainsi que leurs relations. Pour se faire trois séries de problème doivent être
examinés, à savoir : la désignation des gouvernants, les différentes formes d’institutions
gouvernantes, les principaux mécanismes de gouvernants.

A. la désignation des gouvernants :

Il y a trois grands procédés de désignation des gouvernants :

1) Le procédé de l’hérédité ;
2) Le procédé de la cooptation ;
3) Le procédé de l’élection.

1. le procédé de l’hérédité :

C’est le procédé par lequel la transmission du pouvoir politique se fait automatiquement en vertu de
la loi du sang. Le successeur du gouvernant est prédéterminé et les gouvernés n’ont pas à choisir de
gouvernants. Le procédé de l’hérédité a été le plus répandu dans l’histoire de toutes les civilisations
humaines. Le procédé est aujourd’hui en déclin car c’est un procédé monarchique. La légitimité de ce
procédé a été liée à une conception de l’ordre politique et de l’ordre social, ainsi qu’à beaucoup de
croyances religieuses. Il y avait d’une part la conception patrimoniale du pouvoir politique. Ce dernier
est considéré comme étant une propriété personnelle du souverain et qui peut être transmis à ses
héritiers. Il y avait d’autre part la théorie de la monarchie de droit divin selon laquelle le Monarque
représente Dieu ou une quelconque divinité sur Terre. Dans la monarchie de droit divin, le pouvoir
est légitimé par un lien spirituel qu’entretiendrait le tenant du pouvoir avec la ou les divinités. La
monarchie est un système politique où l’unité du pouvoir est symbolisée par une seule personne
appelée « Monarque ». Selon la définition de Montesquieu, une monarchie se définit par le
gouvernement absolu d’un seul mais ce pouvoir est limité par des lois. Le monarque héréditaire peut
être Roi ou Reine comme dans la plupart des monarchies européennes mais aussi grands Ducs ou
grandes Duchesses comme au Luxembourg, Princes comme à Monaco, Emirs comme au Koweït ou
Empereur comme au Japon. Le procédé de l’hérédité est en déclin mais il n’a pas totalement disparu.
Il est encore appliqué directement dans les régimes monarchiques contemporains qui se divisent en
deux catégories : les monarchies absolues et les monarchies constitutionnelles :

- Selon Henri Morel, l’absolutisme ou monarchie absolue est un type de régime politique où
« le détenteur d’une puissance attachée à sa personne concentrant en ses mains tous les
pouvoirs gouverne sans aucun contrôle ». Le monarque absolu ne rend pas compte de ses
actes politiques au public parce que celui-ci n’existe pas. L’Arabie Saoudite ou le Royaume du
Swaziland en Afrique austral sont des monarchies absolues ;
- Une monarchie constitutionnelle est un type de régime politique qui reconnait un monarque
come chef de L’Etat mais où une constitution limite les pouvoirs du monarque. Les
monarchies constitutionnelles modernes sont le plus souvent des monarchies parlementaires
avec un système de séparation du pouvoir où le monarque est le chef symbolique du pouvoir
exécutif. Ce pouvoir est en pratique dévolu à un Premier Ministre qu’il a nommé devant avoir
le soutien du Parlement et envers lequel son gouvernement est seul responsable. Ainsi, le
monarque parlementaire règne mais ne gouverne pas ou pour le reprendre la formule exacte
d’Adolph Thiers « le Roi n’administre pas, ne gouverne pas, il règne ».
2. le procédé de La cooptation :

La cooptation est un mode de recrutement consistant pour une Assemblée à désigner elle-même ses
membres. En droit constitutionnel, la cooptation est un procédé de désignation par lequel les
gouvernants en fonction choisissent eux-mêmes leur successeur. La cooptation n’est pas un procédé
démocratique mais autocratique. Elle entre dans la logique interne des dictatures où à cause de la
concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul homme la désignation du chef de l’Etat
appartient au seul dictateur. Le procédé de cooptation a été utilisé en Espagne par le général Franco
pour désigner le Roi d’Espagne Juan Carlos comme son successeur à la tête de l’Etat en 1975. La
cooptation institutionnelle est aussi pratiquée au cours d’une période transitoire. La loi
constitutionnelle provisoire malgache du 7 Novembre 1972 avait prévu un procédé de cooptation
pour la succession du chef du gouvernement. La passation de pouvoir entre le Général Gabriel
Ramanantsoa et le Colonel Richard Ratsimandrava le 6 Février 1975 s’est faite par cooptation.

3. Le procédé de l’élection :

L’élection est la désignation par le vote d’électeurs de personnes destinées à occuper une fonction
politique. L’élection est un procédé démocratique car les gouvernants sont choisis par les gouvernés
au suffrage universel. C’est le point de départ nécessaire pour arriver à un régime démocratique.
Dans une élection, les citoyens votent pour désigner des individus à une certaine fonction (Président
de la République, député, sénateur, etc…). Les élections sont à la base des gouvernements
représentatifs démocratiques car dans une démocratie, l’autorité des gouvernants vient du
consentement des gouvernés. Le principal mécanisme qui traduit ce consentement en autorité
gouvernementale est la tenue d’élections libres et honnêtes. Le procédé de l’élection peut être
combiné avec d’autres procédés. En Grande Bretagne, deux institutions sont fondées sur le principe
de l’hérédité : le monarque et la Chambre des Lords qui est la seconde Assemblée du Parlement
britannique. Une institution est fondée sur le principe de l’élection, la Chambre des Communes qui
est l’Assemblée des députés.

B. Le problème de la répartition du pouvoir :

La forme d’un régime politique dépend de la façon dont les fonctions sont réparties entre les
diverses autorités politiques. Dans le cadre du système représentatif qui est la caractéristique des
Etats modernes. La manière dont sont distribuées les taches donne naissance à des formes de
gouvernements très variés d’où l’intérêt de l’étude des rapports entre les deux principales
institutions gouvernantes : le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

Le problème de la répartition des pouvoirs est lié à la théorie de la séparation des pouvoirs qui a son
origine dans la philosophie politique du siècle des Lumières c’est-à-dire au XVIIIème siècle. En 1690,
le philosophe anglais John Locke a été le premier théoricien de la séparation des pouvoirs. Dans son
œuvre capital intitulé Twotreaties of Government (Essai sur le Gouvernement Civil). Dans son
ouvrage intitulé L’esprit des loispublié en 1748, le philosophe et juriste français Montesquieu prônait
une séparation et un équilibre entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, moyen idéal selon lui
de garantir la liberté de l’individu. L’objectif de la séparation des pouvoirs est de s’assurer que la
puissance politique ne soit pas concentrée dans une seule des trois branches de l’Etat. James
Madison le principal responsable de la rédaction de la Constitution américaine écrivait
« l’accumulation de tous les pouvoirs législatif, exécutif et judicaire entre les mêmes mains peut
être justement considéré comme étant la définition même de la tyrannie ». La théorie de la
séparation des pouvoirs est basée sur la distinction de trois fonctions dans l’Etat : la fonction
législative, qui est la fonction des dictions des règles générales appelées « lois » ; la fonction
exécutive, qui est la fonction d’exécution des mêmes règles ; la fonction juridictionnelle, qui est la
fonction de règlement des litiges. A cette distinction des fonctions correspond une séparation des
pouvoirs. Le pouvoir législatif exerce la fonction législative, le pouvoir exécutif exerce la fonction
exécutive et le pouvoir judiciaire exerce la fonction juridictionnelle.

A la séparation des pouvoirs correspond une séparation organique des pouvoirs. Chaque pouvoir est
confié à des organes différents. Le pouvoir législatif est confié aux Assemblées représentatives ou
Parlements, le pouvoir exécutif est confié au gouvernement à la tête duquel se trouve un chef de
l’Etat ou d’un gouvernement. Le pouvoir judiciaire est confié aux tribunaux. L’objet de la théorie est
de limiter le pouvoir en divisant. Montesquieu a clairement défini cet objectif de la manière
suivante « pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le
pouvoir arrête le pouvoir ».

C. Les différentes formes d’institutions gouvernantes :

Dans l’Etat, il y a deux formes d’institutions gouvernantes :

- L’organe exécutif ou gouvernement ;


- L’organe législatif ou Parlement.

1. La fonction exécutive :

a. Le concept de fonction exécutive :

Au début, la fonction exécutive avait un sens très strict. Elle était conçue comme une fonction
d’exécution stricte des lois. La tâche des autorités exécutives consistait seulement à faire des actes
matériels et à donner des ordres nécessaires pour que la loi soit exécutée. La fonction comprenait
donc la Direction de l’Administration, mais aucun pouvoir règlementaire. Plus tard, la fonction
exécutive a pris un sens large. Elle comprend l’exécution matérielle et la direction de
l’administration. Elle comprend la conduite des relations internationales, le pouvoir règlementaire et
l’initiative des lois. A ces compétences que les gouvernements tiennent de la Constitution s’ajoute un
rôle politique. Dans cette conception, la fonction exécutive reste subordonnée. Le gouvernement
peut faire des règlements mais seulement pour appliquer les lois. Il peut élaborer une politique qui
se traduira par le dépôt de projet de loi mais il faudra que les lois soient votées par le Parlement. Dès
le début du XIXème siècle, le gouvernement dispose d’un ensemble de moyens pour faire adopter
ses projets de lois. Certains sont juridiques et découlent de la Constitution, comme le droit d’entrée
et de parole au Parlement, comme la pression sur les députés par la question de confiance, comme la
menace de dissolution du Parlement, comme certaines interventions dans la procédure législative.
D’autres moyens ne sont pas prévus par la Constitution. C’est le cas de la direction de la majorité
parlementaire. Lorsqu’on parle de fonction exécutive, il ne s’agit plus de la simple exécution des lois
mais de l’ensemble des activités exercées par l’organe chargé par la Constitution de la fonction
exécutive. Comme l’organe chargé de la fonction exécutive est souvent appelé gouvernement, on
désigne également cette fonction comme la fonction gouvernementale.

b. La structure de l’organe exécutif :

L’organe exécutif peut être moniste, collégial ou dualiste.

L’exécutif moniste :

On appelle moniste un exécutif comportant un organe unique. L’exécutif est de type moniste ou
monocratique en régime de monarchie absolue, de dictature et en régime présidentiel. L’exécutif
moniste peut se retrouver dans un régime autoritaire. Il peut aussi fonctionner dans un régime
démocratique comme le régime politique américain où le Président est l’exécutif mais où ses
pouvoirs ne sont pas illimités. Les pouvoirs du Président sont limités par les pouvoirs aussi
importants du Parlement. Ce type d’exécutif concentre la fonction gouvernementale en la personne
d’un seul organe. Il met en place un seul décideur au gouvernement, une seule tête. On parle aussi
d’exécutif monocépale.

L’exécutif collégial :

Un exécutif collégial c’est un exécutif formé de plusieurs individus qui exercent ensemble les
pouvoirs de décisions. Les deux traits de l’exécutif collégial sont les suivants :

- Il y a une stricte égalité entre tous les membres de l’organe collégial. Aucun membre n’a de
voies prépondérantes sur les autres ;
- Le pouvoir est exercé collégialement et collectivement. Toute décision est prise
théoriquement à l’unanimité mais en pratique, on utilise la règle de la majorité.

Le seul exécutif collégial réel est l’exécutif suisse composé de 7 membres placés sur un pied de stricte
égalité.

L’exécutif dualiste :

On appelle dualiste un pouvoir exécutif comportant deux organes : un chef d’Etat et des ministres qi
vont se répartir le pouvoir de décision.

L’exécutif dualiste classique :

il fait apparaitre deux éléments : le chef de l’Etat d’une part, le cabinet ou gouvernement dirigée par
un Premier Ministre d’autre part. dans ce cas, le dualisme permet, grâce à la permanence du chef de
l’Etat, d’assurer malgré les changements de ministères de gouvernement la continuité au moins
symbolique du pouvoir. D’autre part, il conduit à la répartition des tâches. Le chef de l’Etat assure
une fonction de représentation mais n’a pas de pouvoir réel. On dit qu’il est politiquement
irresponsable. Le gouvernement dirigé par le Premier Ministre exerce la réalité du pouvoir c’est-à-
dire qu’il est le véritable pouvoir de décision. Il est politiquement responsable. Il est contrôlé par le
Parlement (ex : la Reine et le Premier Ministre en Grande Bretagne, le Président de la République et
le Chancelier en Allemagne). L’exécutif dualiste classique connait deux sortes d’altération : l’exécutif
dualiste orléaniste et l’exécutif dualiste monocéphale.

L’exécutif de type orléaniste :

Dans ce système, le chef de l’Etat est politiquement irresponsable mais il détient des pouvoirs réels.
Le chef de l’Etat détermine les grandes orientations pour laisser au gouvernement la gestion
quotidienne. Il y a alors véritablement deux têtes pour l’exécutif car il y a partage du pouvoir entre le
chef de l’Etat et le Premier Ministre. On parle alors d’exécutif bicéphale. L’exécutif malgache est
dualiste de type orléaniste. Avec le bicéphalisme, il y a un risque de friction entre le chef de l’Etat et
le Parlement qui veut chacun imposer une politique différente au gouvernement. Ce dernier se
trouve souvent dans une situation difficile car il est à la fois responsable devant le chef de l’Etat et le
Parlement. D’autre part, il y a des risques de frictions entre le chef de l’Etat et le Premier Ministre qui
peuvent ne pas être d’accord sur les politiques à suivre. Le cas se présente lorsque le chef de l’Etat et
le Premier Ministre viennent de courant politique différent sinon opposé dans un schéma de
cohabitation comme en France de 1986 à 1988, de 1993 à 1995 et de 1997 à 2002.

L’exécutif dualiste monocéphale :

Dans ce cas de figure, le chef de l’Etat est en même temps Premier Ministre c’est-à-dire chef du
gouvernement. Le chef de l’exécutif va avoir des attributions étendues car il exerce deux fonctions à
la fois : celle de chef de l’Etat et celle de chef du gouvernement. Sous la Ière République à
Madagascar, le Président de la République était en même temps chef du gouvernement.

2. La fonction législative :

a. Le concept de fonction législative :

La fonction législative consiste dans la confection des lois. Selon la définition formelle, on appellera
« loi » toute norme qui a été posée une certaine forme c’est-à-dire par un certain organe, le
Parlement au terme d’une procédure particulière. La définition formelle est aussi quelques fois
appelée organique. En droit positif malgache, la conception de la loi est formelle. La loi est définie
comme l’acte votée par le Parlement. Cependant, la fonction législative n’est pas le monopole des
Parlements. Il existe un système de législation délégué qui permet à l’exécutif d’édicter des règles de
valeur législative avec les ordonnances. De même, il arrive très souvent que l’initiative des lois soit
partagée entre le Parlement et l’exécutif. La fonction législative s’exprime essentiellement à travers
la procédure législative. C’est-à-dire un ensemble d’opérations intellectuelles et de formalités
nécessaires à l’adoption de la loi.
b. La structure de l’organe législatif :

La composition du Parlement :

Une Assemblée parlementaire est une assemblée composée de députés élus. Le Parlement est par
définition, le représentant de la volonté du peuple. Il se compose d’un certain nombre d’individus qui
doivent être représentatifs. Ces individus sont normalement élus et parfois nommés. Dans la
Constitution malgache de la IVème République, les 2/3 des sénateurs sont élus et le 1/3 restant est
nommé par le Président de la République. Dans certains pays, il arrive qu’un quota de siège au
Parlement soit réservé aux minorités ethniques. En Inde, l’Assemblée nationale compte 545 sièges,
deux parlementaires représentant la communauté anglo-indienne sont nommés par le Président de
la République. Parmi les 543 sièges élus, 79 sont réservés aux « dalits » et 41 aux « adicasi » les
habitants originels de l’Inde. En principe, ce sont les élus de la nation qui siègent au Parlement. Leur
nombre varie et dépend de la démographie du pays c’est-à-dire du nombre total d’habitants. Pour
fixer le nombre des parlementaires, deux méthodes sont possibles :

- On peut déterminer le nombre de parlementaires en proportion de la population (ex : un


député pour 30.000, 50.000 ou 100.000 habitants) ;
- On peut fixer dans la Constitution ou dans la loi un nombre fixe ou un minimum et un
maximum. Sous l’IIIème République, le nombre de députés à Madagascar était fixé par la loi
A-127.

Le nombre de Chambres :

Les parlementaires sont regroupés en une ou deux Assemblées ou Chambres pour une durée
déterminée que l’on appelle législature. Le nombre de Chambres au Parlement varie selon les pays.

Le monocamérisme ou le monocaméralisme :

le Parlement monocamérale est un parlement composé d’une seule chambre, composé d’une seule
Assemblée parlementaire. Théoriquement, c’est le système le plus logique pour un Etat unitaire.
L’Assemblée représente la volonté du peuple qui est une et indivisible. Des critiques sont cependant
formulées contre le monocamérisme. On fait valoir que le Parlement a une seule chambre aboutie à
l’abus de pouvoir de cette chambre. Le monocamérisme risque également d’entrainer un mauvais
travail législatif, un travail trop hâtif et techniquement insuffisant. Dans la pratique, ces reproches
sont injustifiés. Le monocamérisme est un système répandu dans le monde et il fonctionne bien
comme dans les pays scandinaves comme le Danemark, la Finlande, la Norvège ou la Suède. En
Afrique, le monocamérisme est également répandu. Le Parlement malgache était monocaméral sous
la IIème République avec l’Assemblée nationale populaire. L’adoption du monocamérisme par les
pays en développement est justifiée par des motifs d’efficacité et d’économie. En fait, le principal
souci des dirigeants de ces pays est d’avoir une assemblée docile, coopérante avec l’exécutif. De
telles pratiques transforment les parlements en simples chambres d’enregistrements.

Le bicamérisme ou le bicaméralisme :

C’est un système dans lequel le Parlement est composé de deux Chambres, de deux Assemblées.
L’une des chambres au moins est élue au suffrage universel direct. L’origine du bicamérisme est
historique. Il est apparu avant le monocamérisme car il est né avec l’institution parlementaire en
Grande Bretagne. Au départ, le bicamérisme avait un caractère aristocratique avant d’avoir d’autres
justifications.

-Le bicamérisme aristocratique :

Au XVIIème et au XVIIIème siècle, la seconde Chambre du Parlement était de conception


aristocratique. On estimait nécessaire qu’à côté de la Chambre représentant le peuple, il y ait une
Chambre représentant l’aristocratie. Cette Chambre aristocratique était considérée comme plus
éclairée et devait corriger les abus et les excès de la première Chambre qualifiée de Chambre basse.
Dans une monarchie constitutionnelle, les membres de la Chambre aristocratique sont héréditaires
ou nommés par le Roi. C’est le cas de la Chambre des Lords en Grande-Bretagne.

-Le bicamérisme fédéral :

Le bicamérisme est nécessaire dans un véritable Etat fédéral, la Première Chambre représente la
volonté du peuple, la deuxième Chambre représente la volonté des Etats fédérés. Elle permet aux
Etats fédérés de participer à l’exercice du pouvoir fédéral car elle reflète en principe l’égalité des
Etats membres.

-Le bicamérisme dans un Etat unitaire :

Dans un Etat unitaire, le bicamérisme est généralement présenté comme une formule de sagesse
politique. La seconde Chambre complète la première. Elle est censée influer en les améliorant, les
décisions de la première Chambre. Dans ce cas, le bicamérisme ne se justifie que si les deux
chambres ne sont pas composées de la même manière. On s’efforcera de donner à la seconde
Chambre une base sociologique différente de celle de la première. Ce rôle modérateur de la seconde
Chambre est possible grâce à son mode de recrutement différent de celui de la Première Chambre.
Cela peut se faire par des aménagements techniques, les circonscriptions électorales ne seront pas
les mêmes. Le mode de scrutin sera différent. Il est aussi possible de prévoir que la durée du mandat
des deux chambres sera différente. Elle sera généralement plus longue pour la seconde. Les
conditions d’éligibilité peuvent être différentes. Généralement pour la seconde Chambre, la
candidature sera réservée à des citoyens plus âgés. Cela peut se faire également par le recours à un
corps électoral différent. Il consiste à faire désigner la seconde Chambre par les groupes sociaux et
économiques qui pourront ainsi exprimer les préoccupations et défendre leurs intérêts. Dans
certains pays, la seconde Chambre représente les groupes économiques et sociaux les syndicats de
travailleurs et de chefs d’entreprise, des organismes professionnels, les syndicats agricoles, etc… Le
Parlement malgache de l’IVème République est bicaméral. L’Assemblée nationale représente le
peuple, le Sénat est à la fois le représentant des collectivités territoriales décentralisées et celui des
forces économiques et sociales. Dans le système bicaméral, la deuxième Chambre participe au travail
législatif. Elle peut corriger le travail de la Ière Chambre grâce à la procédure de la navette c’est-à-
dire, la discussion et l’examen des textes législatifs successivement par chaque chambre en vue d’une
mise au point sur le fond et sur le forme. Le projet de texte fait un va-et-vient entre les deux
Chambres jusqu’à ce qu’elle se mette d’accord sur la rédaction finale de la loi. La navette peut être
limitée dans le temps ou dans l’espace.

CHAPITRE IV : LES PRINCIPAUX


MECANISMES DU GOUVERNEMENT
En principe, l’exécutif et le législatif fonctionnent sur une base indépendante mais cette
indépendance ne signifie pas séparation totale car il y a nécessairement des contacts entre les deux
organes institutionnels. Etudier les mécanismes gouvernementaux c’est s’intéresser au moyen
d’action réciproque entre le gouvernement et le Parlement.

A. les moyens d’actions possibles du gouvernement sur le parlement :

1. L’intervention de l’exécutif dans la désignation des membres du parlement :

C’est un procédé anti-démocratique qui peut prendre essentiellement deux formes :

- L’exécutif nomme tous les parlementaires, c’est une technique qui relève de la dictature ;
- Le gouvernement peut nommer un certain nombre de parlementaire , avec un objectif
précis. Soit l’exécutif veut donner à une chambre un degré de représentativité des forces
économiques et sociales. C’est le cas du Sénat de la IVème République à Madagascar soit
l’exécutif veut garantir la représentation des minorités ethniques religieuses ou sociales.

2. L’intervention de l’exécutif dans l’organisation interne du Parlement :

Dans tous les pays du monde, le chef de l’Etat ou le chef du gouvernement convoque le Parlement en
session ordinaire ou extraordinaire. La constitution peut prévoir que le gouvernement fixe l’ordre du
jour des assemblées ou qu’il ait la priorité. A Madagascar, l’ordre du jour comporte en priorité les
projets de lois déposés par le Premier Ministre. Cette intervention du gouvernement dans
l’organisation interne du Parlement est acceptable à condition qu’il n’abuse pas de ce droit.

3. L’intervention de l’exécutif dans l’activité des Assemblées :

a. L’initiative des lois :

L’initiative de la loi est le fait de déclencher le mécanisme législatif par le dépôt sur le bureau de
l’Assemblée d’un projet de loi ou d’une proposition de loi. Le projet de loi est le texte de loi en
discussion dont l’origine est gouvernementale. L’initiative du projet de loi vient du gouvernement. La
proposition de loi est le texte discussion dont l’origine est parlementaire. L’initiative de la proposition
de loi vient du Parlement. Généralement, l’initiative de la loi est partagée entre le gouvernement et
le Parlement. A Madagascar, l’art. 86 de la Constitution dispose que l’initiative des lois appartient
concurremment au Premier Ministre, aux députés et au Sénateur. S’il y a un partage de l’initiative
des lois entre l’exécutif et le législatif, en fait la majorité des lois sont d’origine gouvernementale.

b. La participation aux débats :

Le droit d’accès et de parole aux Assemblées peut être reconnu aux membres du gouvernement qui
viennent défendre leur projet de lois et s’expliquer devant les parlementaires.

c. Le droit de message du chef de l’Etat :

Il peut s’agir d’un message écrit transmis aux Assemblées ou d’un message lu par le Président lui-
même. A Madagascar, l’art. 94 de la Constitution prévoit que le Président de la République
communique avec le Parlement par un message qui ne donne lieu à aucun débat. Donc les députés
et les sénateurs se contentent d’écouter le message du Président.

4. L’intervention de l’exécutif au stade de l’adoption de la loi :

Le Chef de l’Etat dispose du pouvoir de promulgation des lois (voir art. 59 de la Constitution
malgache). La promulgation c’est l’acte par lequel le Chef de l’Etat constate officiellement l’existence
de la loi et la rend exécutoire. Cette authentification de la loi se fait par l’apposition de la signature
du Chef de l’Etat au bas du texte. Cette signature donne à la loi sa force juridique. Il restera à la
publier au Journal officiel pour la rendre opposable à tous. La Constitution doit prévoir un délai de
promulgation. Il est de trois semaines à Madagascar à compter de la transmission de la loi
définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Pendant le délai de promulgation, le Chef de l’Etat
a le droit de renvoyer la loi au Parlement pour une nouvelle délibération. Il peut demander à
l’Assemblée de revoir l’ensemble du texte ou certains de ses articles. Cependant, le Parlement est
souverain c’est-à-dire qu’il peut adopter le même texte sans le moindre changement. Le pouvoir du
Chef de l’Etat est cependant limité car passer le délai de promulgation, il doit signer la loi votée par le
Parlement. Le refus de signer est un cas de haute trahison qui engage la responsabilité pénale du
Chef de l’Etat. Certaines constitutions donnent au Chef de l’Etat un droit de veto suspensif. Le Chef
de l’Etat peut retarder ou empêcher l’adoption de la loi en utilisant son droit de veto. Le Parlement
peut lever le veto à condition de revoter la loi à une majorité qualifiée (ex : le Président des USA a un
droit de veto suspensif. Le congrès peut surmonter ce veto en revotant la loi à la majorité des 2/3).
La Constitution peut prévoir une substitution de l’exécutif au Parlement. Dans ce cas, l’exécutif prend
des actes de valeur législative qui devrait normalement être pris par le Parlement. Cette substitution
de l’exécutif au Parlement fait l’objet d’une autorisation à l’Assemblée qui détermine par une loi dite
loi d’habilitation législative les conditions de fonds et de durée de cette délégation de pouvoir. Cette
technique des ordonnances est reprise par la Constitution malgache. L’art. 104 prévoit une
délégation du pouvoir de légiférer au Président de la République en Conseil des Ministres. La loi
d’habilitation législative doit être votée à la majorité absolue par l’Assemblée nationale et le Sénat.
D’autre part, la délégation de pouvoir n’est possible que pendant un temps limité et pour un objet
déterminé. La technique de l’ordonnance est applicable aussi à l’adoption du budget. L’art. 92 alinéas
7 de la Constitution malgache précise que si le budget n’est pas voté par le Parlement avant la
clôture de la seconde session ordinaire annuelle, le projet de loi de finance peut être mis en vigueur
par voie d’ordonnance. Donc en cas de blocage, au niveau du Parlement, l’exécutif se substitue au
législatif pour l’adoption du budget par voie d’ordonnance.

5. L’intervention de l’exécutif sur l’existence du Parlement :

C’est le droit de dissolution du Parlement par l’exécutif. Le droit de dissolution est l’acte par lequel le
Chef de l’Etat ou le gouvernement met fin par anticipation au mandat de l’ensemble des membres
d’une Assemblée parlementaire. Cela consiste à mettre fin à l’existence d’une Assemblée
parlementaire avant la fin normale de la législature et à provoquer de nouvelles élections législatives.
On parle alors d’élections législatives anticipées. Traditionnellement, la dissolution sert à équilibrer
les pouvoirs mais aussi à résoudre les conflits pouvant survenir entre eux. En permettant à l’exécutif
de mettre fin au mandat des députés, la dissolution garantit son indépendance. Ce moyen d’action
de l’exécutif permet d’équilibrer le moyen d’action du Parlement c’est-à-dire le renversement du
gouvernement. Dans le régime parlementaire, le gouvernement exerce le pouvoir en accord avec le
Parlement. Quand un désaccord apparait entre les deux organes, soit le cabinet en prend acte et
démissionne, soit il estime qu’il a raison et il peut user de la dissolution pour faire trancher le litige
qui l’oppose à l’Assemblée par le peuple.

B. les moyens d’actions possibles du parlement sur l’exécutif :

1. L’intervention du Parlement dans la désignation des membres de l’exécutif :

Dans certains régimes où le Parlement est théoriquement puissant, c’est lui qui choisit le
gouvernement. En Suisse, les sept membres du gouvernement sont élus par le Parlement. On dit
qu’on a à faire à un régime d’assemblée. Dans le cas de l’exécutif dualiste, si le Président de la
République n’est pas élu au suffrage universel direct, il est élu par le Parlement. C’est le cas en
Allemagne ou en Italie. En régime parlementaire, le Chef du gouvernement est investi par le
Parlement. La Constitution exige un vote pour l’investiture du Chef de gouvernement. L’investiture
c’est le vote par lequel l’Assemblée accorde sa confiance au Chef du gouvernement et l’autorise à
former le gouvernement.

2. L’intervention du Parlement dans l’activité de l’exécutif :

Le Parlement peut toujours émettre des avis ou des vœux par exemple sous la forme d’une
proposition de résolution. Contrairement à la proposition de loi, la proposition de résolution n’est
qu’une mesure d’ordre intérieure prise par une Assemblée dans le cadre de son règlement intérieur.
Elle permet au parlementaire de formuler un souhait et d’attirer l’attention de l’exécutif sur des
problèmes politiques. Le Parlement peut contrôler l’exécutif grâce aux commissions d’enquêtes et de
contrôle. L’intervention du Parlement peut également se faire par l’intermédiaire des questions et
des interpellations.

a. Les questions :
Elles se divisent en deux catégories :

La question écrite :

Elle est posée par un parlementaire à un membre du gouvernement. Chaque député a la faculté de
poser par écrit autant de questions qu’ils souhaitent aux membres du gouvernement. Il n’existe
aucune autre condition à l’exercice de ce droit que la brièveté raisonnable du texte de la question et
l’interdiction de toutes mises en causes personnelles. La réponse écrite du ministre intéressé doit
être donnée en principe dans un délai déterminé qui peut être de un à deux mois. Toutes les
questions ainsi que les réponses sont publiées au Journal officielle. C’est une prérogative personnelle
du parlementaire. Son groupe politique n’exerce pas de contrôle sur le contenu de la question ou sur
son opportunité. Tous les sujets techniques ou généraux, locaux ou nationaux peuvent être abordés.
En France, les députés font un large usage de cette possibilité puisque plus de 15.000 questions sont
posées chaque année. A Madagascar, la question écrite est très peu utilisée ;

La question orale :

Les questions orales sont de deux sortes : les questions avec débat et les questions sans débat.

La question orale avec débat :

Elle est posée à ministre par un parlementaire à l’occasion d’une séance au Parlement. D’autres
parlementaires peuvent se faire inscrire pour prendre la parole sur le même sujet. Le ministre répond
à la question initiale. Le parlementaire et ses autres collègues disposent de quelques minutes (ex : 30
min) pour répliquer. Le ministre donne des précisions et répond aux interrogations des
parlementaires. Aucun vote n’intervient à la fin des débats. Les questions restent du domaine de la
simple critique.

La question orale sans débat :

Elle est posée par le parlementaire à un ministre à l’occasion d’une séance au Parlement. Le ministre
ou son représentant y répond. Le parlementaire dispose de quelques minutes (ex : 5min) pour
demander des précisions et le ministre interrogé réplique. Une question orale sans débat n’est suivie
d’aucune discussion. Les questions orales sont extrêmement utilisées en Grande-Bretagne ou 60 à
100 questions par jour sont posées aux Ministres. En France, les questions au gouvernement font
l’objet de 2 séances hebdomadaires d’une heure. Elles sont retransmises en direct à la télévision. Les
questions au gouvernement ont été créées en 1974. Il s’agissait alors de pallier les insuffisances de la
procédure des questions orales. Chaque semaine, une brève séance permet aux députés de la
majorité et de l’opposition d’interroger à « brûle-pourpoint» les membres du gouvernement sur des
sujets d’actualité. Les ministres répondent sur-le-champ souvent sans avoir pu préparer leur réponse.

b. L’interpellation :
L’interpellation est une question orale avec débat suivi d’un vote par lequel l’Assemblée fait
connaitre sa position sur le problème abordé. Si le vote est favorable, le gouvernement a la confiance
du Parlement et reste en place. Si au contraire, le vote est défavorable, on en déduit que le
gouvernement n’a plus la confiance du Parlement et on estime qu’il doit démissionner.
L’interpellation est un procédé dangereux car une simple question orale posée par un parlementaire
peut conduire à la chute du gouvernement.

3. L’intervention du Parlement sur l’existence de l’exécutif :

Cette intervention se fait à travers la mise en cause de la responsabilité des membres de l’exécutif à
deux titres différents : la responsabilité pénale et la responsabilité politique.

a. La responsabilité pénale :

Il s’agit d’une responsabilité individuelle du Chef de l’Etat, du Chef du gouvernement et des


Ministres. S’ils ont commis un crime ou un délit dans l’exercice de leur fonction, les membres de
l’exécutif peuvent être poursuivis en justice. Mais ils bénéficient d’un privilège de juridiction c’est-à-
dire qu’ils seront traduits devant un tribunal spécial qui peut être une Haute Cour composée de
parlementaires comme en France, qui peut être une Haute Cour de Justice composée de
parlementaires et de magistrats comme à Madagascar ou une Chambre du Parlement comme en
Grande-Bretagne.

b. La responsabilité politique :

C’est une responsabilité collective du cabinet et également du Chef de l’Etat si l’exécutif est
monocéphal. La responsabilité politique est propre au régime parlementaire. Les mécanismes de la
responsabilité politique conduisent à tester la confiance du législatif envers l’exécutif. Ils ont pour
nom « vote de confiance », « interpellation » ou « motion de censure ». L’usage de tous ces

2ème PARTIE : LES REGIMES


POLITIQUES
CONTEMPORAINS
Les types de régimes
politiques
Le régime politique est la forme d’organisation du pouvoir au sein d’un système politique, un régime
politique c’est un ensemble concret de mécanisme constitutionnel, de force politique qui agissent sur
ces mécanismes et d’idées politiques qui inspirent les institutions. A l’heure actuelle, le principal
critère de classification des régimes politiques est celui de la séparation des pouvoirs. Sur cette base,
on peut faire la distinction entre trois régimes politiques : à savoir, le régime de séparation des
pouvoirs, les régimes de collaboration des pouvoirs et le régime de confusion des pouvoirs.

CHAPITRE I : LE REGIME DE
SEPARATION DES POUVOIRS
Le régime présidentiel reste de nos jours la seule variété de séparation des pouvoirs. Il est aussi
qualifié de régime de séparation stricte ou de séparation tranchée des pouvoirs. Le régime
présidentiel est un régime politique représentatif dont la constitution organise la séparation des
pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il s’analyse comme un régime dans lequel la distinction entre
pouvoir exécutif et pouvoir législatif est fondamentale. C’est deux institutions sont indépendantes
l’une de l’autre car les moyens d’action réciproque sont réduits au minimum. Les pouvoirs exécutif et
législatif sont tous les deux élus et sont donc également légitime. Le pouvoir judiciaire qui peut se
trouver amener à arbitrer les différends entre l’exécutif et le législatif, a donc une place
particulièrement importante.

A.Les éléments fondamentaux du régime présidentiel :


Le régime présidentiel comprend trois éléments fondamentaux :

1.L’élection du Chef de l’Etat par la nation :

Dans le régime présidentiel, le Président est élu par le peuple. De cette élection, le Président jouit
d’une forte légitimité qui fonde les larges pouvoirs dont il dispose qui lui donne une autorité
politique considérable, qui lui permet d’assumer ses fonctions constitutionnelles de Chef de l’Etat et
du gouvernement. Il exerce pleinement le pouvoir exécutif soit directement soit par l’intermédiaire
de ses collaborateurs. L’exécutif est monocéphale car le Président est à la fois Chef de l’Etat et Chef
du gouvernement. Il est titulaire du pouvoir exécutif aussi bien du pouvoir réel effectif que nominal.
Le Président est élu le plus souvent pour un temps réduit et il est assisté d’un vice-président. Le
Président a le pouvoir de nommer et de révoquer librement ses ministres et il a autorité sur eux. Les
ministres ne forment pas un gouvernement. Ils sont de simples collaborateurs du Président, des
conseillers du Président chargés de mettre en œuvre la politique du Président. Ils ne sont
responsables que devant lui et doivent se conformer à sa volonté.

2.L’indépendance réciproque du Président et du Parlement :


Cette indépendance se traduit par deux traits :

 le Parlement est le législatif et seulement le législatif, le Président est l’exécutif et seulement


l’exécutif. Cela signifie que l’organe législatif dispose pleinement du pouvoir législatif et l’organe
exécutif c’est-à-dire le Président dispose pleinement du pouvoir exécutif. Un organe ne peut
jamais interférer dans les fonctions dévolues à l’autre. Le Président ne peut pas participer à la
fonction législative. Il ne dispose pas de l’initiative des lois.Le Parlement a la pleine maitrise du
vote des lois et le monopole de l’initiative législative. Le Parlement ne peut pas intervenir dans le
fonctionnement de l’exécutif.
 Les deux pouvoirs exécutif et législatif ne disposent que de moyens d’action réduits. Le
Parlement ne peut pas renverser le Président, il ne peut pas le contraindre à démissionner ni lui
donner aucun ordre. L’exécutif est donc politiquement irresponsable. En contrepartie, le
Président ne peut pas dissoudre le Parlement. Une fois élu, chaque organe est assuré de
demeurer au pouvoir pour la durée de son mandat. L’organe exécutif et l’organe législatif sont
condamnés à vivre ensemble et à s’entendre pour éviter de provoquer une grave crise politique,
une crise de régime. Les deux pouvoirs sont séparés et égaux. Dans le régime présidentiel, il y a
un équilibre des pouvoirs. L’exécutif est puissant, mais il a en face de lui un législatif également
puissant.

3.La valorisation de la justice :

Le rôle important du pouvoir judiciaire : le dernier trait caractéristique du régime présidentiel vient
de ce qui l’entraine en principe et en pratique, une revalorisation du pouvoir judiciaire conçue selon
Philippe Lauvaux comme « une pouvoir à part entière ». Cette revalorisation tient aux fonctions qui
lui sont dévolues à savoir assurer le respect de la Constitution à travers le contrôle de la
constitutionnalité des lois mais aussi opérer un arbitrage entre les deux pouvoirs séparés que sont
l’exécutif et le législatif.

B.Les déformations du régime présidentiel :

Il y a déformation lorsqu’on assiste à un déséquilibre important des pouvoirs entre l’exécutif et le


législatif. Généralement, ce déséquilibre existe au profit du Président. On se trouve dans le cas du
présidentialisme ou régime présidentialiste. A la différence du régime présidentiel, qui est un
système démocratique, le régime présidentialiste est un système autocratique. Il a été appliqué dans
la plupart des Etats d’Amérique latine et d’Afrique noire avant le changement démocratique qui s’est
opéré chez certains d’entre eux dans les années 90. Au moment des indépendances en Afrique, les
régimes politiques africains ont évolué vers des formes spécifiques de présidentialisme. Ces régimes
vont consister dans l’amalgame des techniques du parlementarisme rationalisé français de 1958 avec
les avantages propres au régime présidentiel authentique de type américain. Les régimes
présidentialistes africains se caractérisent par la prépondérance du Chef de l’exécutif. La position du
Chef de l’Etat est renforcée et les autres organes lui sont subordonnés.

Trois moyens permettent de renforcer le statut du Président :

- L’élection du Chef de l’exécutif au suffrage universel direct fait du Président le délégué


direct de la souveraineté populaire ou nationale ;
- Le deuxième moyen est la rééligibilité illimitée combinée avec la longue durée du mandat
présidentiel qui peut aller de 5 à 8 ans, entraine de très longues présidences sinon des
présidences à vie ;
- Le troisième moyen consiste à proclamer l’absence de responsabilité politique du Président
devant le Parlement. Comme en régime présidentiel américain, le Président ne peut pas être
révoqué par le Parlement. Il n’est responsable que devant le parti qui l’a investi et le peuple
qui l’a élu.

Concentration du pouvoir exécutif et subordination des autres organes constitutionnels au


Président ont été les deux grandes orientations du présidentialisme africain. En règle général, le
Président est proclamé Chef de l’Etat et Chef du gouvernement suivant le modèle monocéphale
américain. Les termes utilisés par les constitutions sont significatifs. La Constitution malgache de
1975 avait proclamé le Président de la République, organe suprême du pouvoir d’Etat. Les
Constitutions africaines ont présenté les autres organes de l’Etat comme assistant simplement le
Président. A la différence du régime présidentiel, caractérisé par l’équilibre des pouvoirs, le
Parlement et le pouvoir judiciaire n’échappe pas à cette subordination. De par son statut
électoral et par l’aménagement de ses attributions, le Parlement apparait presque toujours
comme un sous-pouvoir, comme une simple autorité déléguée à la fonction législative face à un
Président omnipotent. Le Parlement ne fait pas contrepoids à la volonté du Président. De plus , le
Chef de l’Etat a le pouvoir de dissoudre le Parlement alors qu’il n’est pas politiquement
responsable devant l’Assemblée.

CHAPITRE II : LE REGIME DE
COLLABORATION DES POUVOIRS

Le régime de séparation souple ou de collaboration des pouvoirs est caractéristique du régime


parlementaire ou parlementarisme. La seule présence d’un Parlement ne suffit pas à faire qualifier
un régime politique de régime parlementaire. Le régime parlementaire peut se définir comme un
régime caractérisé par la collaboration de l’exécutif et du législatif. Le premier étant indépendant
mais responsable devant le second. Les deux organes ont un maximum d’actions réciproques sans
que cela nuise à leur indépendance.

A. Les éléments fondamentaux du régime parlementaire :

Le parlementarisme repose sur trois mécanismes :

1. Le dualisme de l’exécutif :
En régime parlementaire, il y a une dissociation entre les fonctions de chef de l’Etat et de Chef du
gouvernement. Ces deux fonctions sont confiées à deux organes différents. D’un côté, il y a un chef
de l’Etat, héritier de l’ancien monarque absolu, monarque ou Président de la République, il est
politiquement irresponsable, c’est-à-dire que le Parlement ne peut lui manifester sa méfiance en le
déposant ou en le contraignant à démissionner. Il est assuré de demeurer en fonction pour la durée
de son règne s’il s’agit d’un monarque ou pour la durée de son mandat s’il s’agit d’un Président de la
République. Le Chef de l’Etat ne participe pas ou participe très peu à l’exercice du pouvoir en dehors
de la nomination du Chef du gouvernement. Il incarne la continuité de l’Etat et l’indépendance de
l’exécutif à l’endroit du Parlement. D’un autre côté, il y a le gouvernement ou cabinet qui est formé
de l’ensemble des ministres, dirigé par un Chef du gouvernement. Il exerce l’autorité exécutive
réelle. Il élabore et conduit la politique de l’Etat. Il assume la conduite de la politique nationale sous
le contrôle des Assemblées parlementaires. L’autorité et la responsabilité politique sont ainsi
étroitement liées. Le gouvernement est un organe collégial et solidaire sous l’autorité du Chef du
gouvernement. Cela veut dire que les décisions gouvernementales sont prises collectivement, sont
prises ensemble, et en engagent tous les ministres. Ces derniers sont collectivement responsables de
l’ensemble de la politique gouvernementale devant le Parlement. On parle alors de solidarité
gouvernementale. En régime parlementaire, les ministres ne sont pas des administrateurs mais des
hommes politiques, des hommes de partis politiques lorsqu’ils gouvernent, ils appliquent la politique
de leur parti.: le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont placés sur un pied d’égalité

2. L’existence de moyens d’action réciproques entre les deux pouvoirs :

Les deux pouvoirs ont des moyens réguliers d’agir l’un sur l’autre avec la responsabilité politique du
gouvernement pour le Parlement et le droit de dissolution du Parlement pour le gouvernement.

a. La responsabilité politique du gouvernement :

La principale caractéristique du régime parlementaire réside dans l’idée de responsabilité politique


du gouvernement devant le Parlement. Le gouvernement définit librement sa politique mais il ne
peut pas la mettre en œuvre et rester au pouvoir sans la confiance du Parlement ou plus exactement
de la majorité parlementaire. La responsabilité politique peut avoir deux significations :

- D’une part, le gouvernement pose la question de confiance ou engage sa responsabilité


devant le Parlement. Poser la question de confiance est le droit reconnu au cabinet de
mettre de lui-même son existence en cause pour obtenir du Parlement l’approbation de de
sa politique et les moyens nécessaires à son action. La question de confiance est un moyen
de pression du gouvernement sur sa majorité;
- D’autre part, la mise en œuvre de la responsabilité du gouvernement relève d’une initiative
des parlementaires et logiquement, des parlementaires de l’opposition. Il s’agit d’un moyen
d’action de l’Assemblée sur le gouvernement. Les parlementaires veulent obtenir la
démission du gouvernement parce qu’ils désapprouvent sa politique. Pour mettre en cause la
responsabilité gouvernementale, les parlementaires déposent une motion de censure qui
doit être votée par la majorité des membres du Parlement pour que le gouvernement soit
renversé. L’adoption d’une motion de censure est le moyen le plus solennel pour le
Parlement d’exprimer sa défiance vis-à-vis du cabinet.

b. La dissolution du Parlement :

La dissolution est la faculté reconnue à une institution classiquement, le Chef de l’Etat à la demande
du Chef de gouvernement de mettre prématurément fin au mandat de la Chambre élue par le peuple
si le Parlement est bicaméral ou au mandat d’un Parlement monocaméral. Le droit de dissolution est
présenté comme la seule arme vraiment efficace du cabinet contre le Parlement et comme la
garantie du bon fonctionnement du régime parlementaire. Dans la théorie du régime parlementaire,
la dissolution est décrite comme la contrepartie de la motion de censure. Si le Parlement peut
renverser le gouvernement, celui-ci peut renvoyer les députés devant les électeurs pour permettre à
ceux-ci d’arbitrer le différend entre l’exécutif et le législatif. C’est à cause de ce droit d’arbitrage du
peuple que le régime parlementaire est également qualifié de « gouvernement d’opinion ». Les
électeurs vont trancher, soit en élisant une nouvelle majorité soit en reconduisant la précédente. Le
renversement du gouvernement ou la dissolution du Parlement apparait ainsi comme deux
mécanismes de régulation permettant de surmonter les tensions qui peuvent survenir entre le
gouvernement et sa majorité.

3. La collaboration entre les deux pouvoirs :

Le fonctionnement des régimes parlementaires implique une étroite collaboration entre le


gouvernement et le Parlement. Cette collaboration entre les deux pouvoirs se manifeste de
différentes manières. Tout d’abord, les ministres sont normalement issus du Parlement. C’est la règle
normale en ce sens que ce sont les représentants de la formation politique qui a obtenu la majorité
au Parlement qui accède au gouvernement. Les ministres et les députés de la majorité sont donc
membres du même parti ou des mêmes formations politiques en cas d’alliance gouvernementale. La
règle du ministre parlementaire n’est plus absolue. Il y a parfois des gouvernements qui
comprennent des ministres techniciens ou issus de la société civile. Ensuite, les ministres ont leur
entrée au Parlement. Normalement, ils peuvent accéder aux deux Chambres si le Parlement est
bicaméral. En Grande-Bretagne, la règle est plus stricte. Les ministres membres de la Chambre des
communes n’ont entrée qu’à la Chambre des communes, les ministres non-parlementaires n’ont pas
d’entrée au Parlement. Enfin, le gouvernement partage avec le Parlement l’initiative de la loi. Il
participe de manière active à l’élaboration des lois par le biais de la présentation d’un projet de loi,
par le biais de sa discussion et de sa défense devant les parlementaires. Pour que le régime
parlementaire fonctionne, il doit y avoir un dialogue permanent entre le gouvernement et le
Parlement.
B. les régimes mixtes :

Les régimes mixtes combinent les éléments empruntés aux régimes parlementaires et les éléments
empruntés au régime présidentiel.

1. Les emprunts aux régimes parlementaires :

En droit, les régimes mixtes ont une constitution d’inspiration parlementaire. Juridiquement, ce sont
des régimes parlementaires. Ils empruntent aux régimes parlementaires un certain nombre de
mécanisme. L’exécutif est dualiste avec un Président de la République et un Premier Ministre, Chef
du gouvernement. Le Chef du gouvernement est distinct du Chef de l’Etat. Le gouvernement est un
organe collégial et solidaire, responsable devant l’Assemblée élue au suffrage universel direct. Le
Chef de l’Etat dispose du pouvoir de dissolution de l’Assemblée. Le gouvernement dispose
d’importantes prérogatives dans la procédure législative et l’activité gouvernementale est contrôlée
par le Parlement. L’exécutif et le législatif ont des moyens d’action réciproques et sont amenés à
collaborer.

2. Les emprunts au régime présidentiel :

Les régimes mixtes empruntent aux régimes présidentiels l’élection de l’élection du Président de la
République au suffrage universel direct ce qui lui confère une autorité certaine. D’autre part, il peut
disposer de pouvoir considérable, il choisit et révoque les membres du gouvernement s’il dispose
d’une majorité parlementaire conforme à ses vues. Il promulgue les lois adoptées par le Parlement et
peut demander une nouvelle délibération. Il préside le Conseil des Ministres, signe les ordonnances
et les décrets au sein du Conseil. Il dispose du droit de recourir au référendum, du droit d’adresser
des messages au Parlement. Le régime mixte ne peut fonctionner qu’en cas d’accord entre le Chef de
l’Etat et la majorité parlementaire. Dans une telle configuration, le Chef du gouvernement est
doublement responsable devant le Président de la République et devant le Parlement. En Autriche,
en Irlande et en Islande, le régime se rapproche beaucoup plus du régime parlementaire. Bien qu’élu
au suffrage universel direct, le Chef de l’Etat n’a qu’un pouvoir limité, principalement de
représentation. On parle alors de régime semi-parlementaire. En France et au Portugal par contre, le
Chef d’Etat élu a des prérogatives significatives et n’est pas effacé sauf en période de cohabitation.
On parle alors de régime semi-présidentiel. Sur le plan théorique, le régime politique malgache de la
IVème République est un régime semi-présidentiel.

CHAPITRE III :LE REGIME DE


CONFUSION DES POUVOIRS

Selon la typologie classique à partir de Montesquieu, il y a régime de confusion des pouvoirs lorsque
tout le pouvoir est exercé par un seul organe. Si c’est le Roi, il s’agit d’une monarchie absolutiste qui
peut dériver en gouvernement despotique car qui a le pouvoir aura tendance à en abuser. Il est de
même si c’est le peuple. La République populaire peut elle aussi devenir despotique.

C’est une notion duale c’est-à-dire qu’il existe une définition positive et négative. D’un point de vue
positif, la confusion des pouvoirs correspond à la domination d’un des trois pouvoirs sur les deux
autres. En général, c’est l’exécutif mais la domination des autres pouvoirs est possible. D’un point de
vue négatif, la confusion des pouvoirs se caractérise par l’absence d’équilibre et de séparation
fonctionnelle des pouvoirs. S’il n’y a pas toujours séparation fonctionnelle, c’est-à-dire qu’un pouvoir
dominant assure plusieurs fonctions, il y a en revanche à chaque fois séparation organique. Selon la
typologie actuelle et moderne, on distingue différents régimes de confusion des pouvoirs. Lorsque
cela se fait au profit de l’exécutif, on parle de monarchie absolue, de dictature ou encore de
théocratie, c’est-à-dire un pouvoir exercé par les religieux. Lorsque cela se fait au profit du législatif,
on parle de gouvernement d’Assemblée ou gouvernement conventionnel. Le régime d’Assemblée est
un système institutionnel dans lequel tous les pouvoirs procèdent d’une Assemblée élue au suffrage
universel direct. Celle-ci élit en son sein des comités qui exercent les fonctions exécutives et le cas
échéant judiciaire. Ce type de régime n’est le plus souvent pratiqué qu’à titre transitoire par des
Assemblées chargées d’élaborer une constitution. Lorsque cela se fait au profit du judiciaire, on
parlera de gouvernement des Juges. Il n’y a pas d’exemples connus d’un tel type de confusion de
pouvoir. Tout au plus, pourra-t-on parler de risque de gouvernement des Juges lorsque certaines
Cours suprêmes ou constitutionnelles s’opposent à certaines époques systématiquement au pouvoir
exécutif et législatif pour des raisons moins de droits qu’idéologique.

A. les régimes représentatifs :

L’étude des régimes politiques représentative et contemporains est consacrée à l’analyse des
modèles de régimes et de leur altération. Dans le domaine des institutions politiques, certains
systèmes politiques sont devenus des modèles qui servent de référence pour les Etats, qui sont à la
recherche d’un régime constitutionnel. L’étude des régimes politiques contemporains permet de
connaitre ces modèles dans leur signification technique et politique et de confronter la théorie
constitutionnelle à la réalité. La distinction classique entre les régimes représentatifs s’articulent
autour de la notion de séparation des pouvoirs. On va classer les différents types de démocratie
représentative en fonction du caractère plus ou moins marqué de la séparation entre les pouvoirs ou
entre les organes de l’Etat. L’analyse moderne fait référence à deux grands modèles : le régime
parlementaire et le régime présidentiel.

1. Le Premier Ministre :

Bien qu’il est fonctionné en pratique dès le XVIIIème siècle, l’existence du Premier Ministre n’a été
reconnu que tardivement par la loi en 1917 et en 1959. Le Premier Ministre est le leader du parti
majoritaire. Cette situation politique conditionne son statut juridique bien que choisi théoriquement
par la Reine, il est imposé par la conjoncture politique pratiquement, il est indirectement désigné par
les électeurs. Lors des élections législatives, les électeurs se prononcent par-delà le candidat qu’ils
élisent pour un programme, pour un parti, et surtout pour son Chef appelé en cas de victoire à
devenir Premier Ministre. Théoriquement, au regard de ses collèges, le Premier Ministre est le
« primus inter pares » (premier d’entre ses pères). En fait, son titre de leader du parti majoritaire lui
assure la maitrise du cabinet. Les compétences personnelles du Premier Ministre dérivent surtout de
simples pratiques ou conventions de la Constitution. Vis-à-vis du gouvernement, il propose tous les
membres du Ministère et les Ministres. Il peut demander à ces derniers de démissionner ou la Reine
de les révoquer. Son approbation est nécessaire pour la nomination des hauts fonctionnaires, des
directeurs de départements ministériels, des dirigeants d’entreprises publiques. Le Premier Ministre
décide si telle ou telle tâche gouvernementale doit être affectée à tel ou tel département ministériel
ou si ces départements doivent être réunifiés, divisés ou supprimés. Il peut lui-même s’intéresser à
certains domaines gouvernementaux. De temps à autre, on le verra même prendre en charge un de
ces domaines et gouverner à travers le ministre qu’il a nommé. C’est le cas pour la Défense, les
affaires étrangères ou l’économie. Le Premier Ministre se réserve aussi la possibilité de s’occuper
d’affaires brûlantes. Il le fera également lors des réunions de Conseil restreint ou de Comité
interministériel sans attendre une réunion du cabinet. Parce qu’il préside les réunions du cabinet, le
Premier Ministre peut contrôler ses discussions internes et décider de son ordre du jour. A la
différence des autres ministres, le Premier Ministre a plus souvent l’occasion de présenter et
défendre la politique gouvernementale devant le Parlement. Il répond aux questions des membres
de la Chambre des communes tous les mardis et jeudis. Enfin, il contrôle la communication des
informations gouvernementales à la presse. Vis-à-vis du Parlement, le Premier Ministre est
juridiquement responsable devant la Chambre des communes mais pratiquement il y a peu de
chances qu’il soit renversé aussi longtemps qu’il n’a pas été désavoué par son parti. Toutefois, s’il ne
risque rien sur le plan parlementaire, il a tout à redouter de la future consultation électorale. L’échec
de son parti aux élections législatives risque de lui faire perdre son titre de leader, comme ce fut le
cas pour Gordon Brown à la suite de la défaite électorale du parti travailliste en 2010. Il faut donc
pour le Premier Ministre tout à la fois gouverner et gouverner de telle sorte que son parti soit
victorieux aux prochaines élections. Vis-à-vis du Parlement, le Premier Ministre exerce une
compétence essentielle : la dissolution de la Chambre des communes qui a aujourd’hui surtout un
but électoral à savoir choisir le meilleur moment pour provoquer des élections anticipées en fonction
des sondages.

2. La responsabilité ministérielle :

Elle fait allusion aussi bien à la responsabilité collective que les Ministres partagent pour la politique
et les actions gouvernementale qu’à la responsabilité individuelle des ministres devant le Parlement
pour le travail de leur département. La doctrine de la responsabilité collective signifie que le cabinet
agit à l’unanimité même si les Ministres ne sont pas tous d’accord sur un sujet. La politique d’un
département ministériel doit être compatible avec la politique gouvernementale qui forme un tout.
Une fois que la politique gouvernementale sur une question est déterminée, chaque ministre est
supposé le soutenir et si ce n’est pas le cas, celui qui n’est pas d’accord doit démissionner. Cette
responsabilité collective implique que le Premier Ministre et les autres ministres sont collectivement
responsables devant le Parlement et ne particulier devant la Chambre des communes pour la
conduite des affaires nationales. Aussi longtemps que le parti gouvernemental est majoritaire aux
communes, le Premier Ministre ne peut être forcé à démissionner ou a exercé son droit de
dissolution. Quand le Premier Ministre meurt ou démissionne, le nouveau Premier Ministre peut
renouveler tous les postes ministériels. Le cabinet a peu de chances d’être renversé car il a presque
toujours le soutien d’une majorité de députés disciplinés à la Chambre des communes. Sa véritable
responsabilité, il la joue devant le peuple à l’occasion des « General Elections ».

La responsabilité individuelle d’un Ministre pour le fonctionnement de son département signifie qu’
en tant que Chef politique de son ministère, il est comptable de tous les actes et lacunes de ce
dernier, il doit porter les conséquences d’une faute quelconque de son administration d’une
éventuelle injustice contre un individu ou d’un aspect quelconque de sa politique qui pourrait être
critiquée par le Parlement, qu’il soit personnellement responsable ou non. Les Ministres avec
portefeuilles décident normalement de toutes les matières relevant de leur responsabilité mis à part
les questions politiques importantes pour lesquelles ils consultent habituellement de manière
collective leurs collègues que ce soit dans le cadre du cabinet ou des comités de cabinet. Une
décision prise par un ministre lie l’ensemble du gouvernement.

Les ministres sont responsables devant le Parlement. Le fait de savoir que chaque action du ministère
peut être rapportée et discutée au Parlement décourage la prise de décision arbitraire et irréfléchie.

B. Un monocamérisme de faits :

Le Parlement est l’autorité législative suprême. Au sens large, il est composé du souverain, de ses
ministres de la Chambre des Lords et de la Chambre des communes. Formellement, l’accord de
toutes ces autorités est nécessaire pour que les lois soient valables mais en pratique, cet accord n’est
plus utile. D’une part, l’assentiment royal « Royal Assent » est automatique, d’autre part, la Chambre
des Lords a vu ses prérogatives d’opposition considérablement réduites.

Juridiquement et au sens strict, le Parlement est composé de deux Chambres : la Chambre des Lords
et la Chambre des Communes. C’est donc un Parlement bicaméral. Le bicamérisme est inégalitaire
compte tenu des faibles compétences de la Chambre des Lords.

Sa composition très varié ne doit rien à l’élection, elle comprend un peu plus de mille membres mais
il y a rarement plus de 150 personnes en séance. Elle est composée environ de 900 paires
héréditaire, de 150 paries nommés à vie par le souverain, de 26 Lord spirituels ou évêques
représentants l’église anglicane d’Angleterre. En pratique, la chambre est présidée par le Lord des
chanceliers, ministre du gouvernement. Au XXème siècle, la chambre des Lord perd la
prépondérance qu’elle avait à l’origine du parlementarisme britannique. D’une part, le premier
ministre ne vient plus de la chambre des Lord, d’autre part la chambre des Lord perd le pouvoir de
voter la loi à égalité avec la chambre des commune. C’est la conséquence de deux lois
constitutionnelles ou Parlement Acts Selon la loi constitutionnelle de 1911, les lois financières, les
Money Bills ne peuvent pas être modifié par les Lord, ces lois sont promulguées dans les 30 jours
quel que soit l’attitude des Lord qu’il y ait eu rejet ou modification. Concernant les lois ordinaires, les
Lord peuvent s’y opposer pendant un an. Cela revient à un veto suspensif. Au total, la chambre des
Lord est devenue presque une chambre d’enregistrement n’utilisant efficacement que son droit
d’amendement. Sa existence continue cependant à se justifier pour deux raisons. La chambre des
Lord n’est pas seulement une deuxième chambre législative c’est aussi la juridiction suprême de la
Grande Bretagne, celle qui tranche le litige en dernier ressort et.. Lorsque la chambre des Lord doit
statuer comme juridiction, seuls siègent les 15 Law lords qui sont au fait des magistrats. En faisant
connaitre leur opposition à un projet de loi, les lords peuvent freiner le cabinet ou la chambre des
communes. Elle joue donc un rôle de contre-pouvoir. Si juridiquement, la chambre des lord a peu de
pouvoir, en réalité elle jouit d’un grand prestige en Grande Bretagne, si bien que ses décisions ont
une grande incidence sur l’opinion publique.

1. la chambre des communes :

C’est la chambre des députés qui exercent effectivement le pouvoir législatif

a. Composition :

L’origine de la chambre des communes remonte au 14eme siècle, c’est-à-dire à l’époque ou le conseil
féodale fut divisé en deux chambre, mais le caractère d’assemblée démocratique est plus récent, il
remonte à la réforme électorale de 1832. Depuis 1983, la chambre des communes comprend 650
députés élus au suffrage universel direct, la chambre est élu au scrutin uninominal majoritaire à un
tour chaque circonscription est représenté par un député. Le candidat qui obtient le plus grand
nombre de voie à une circonscription est élu quel que soit son avance sur les autres candidats. La
durée de la législature est théoriquement de 5 ans mais la chambre des communes est souvent
dissoute durant la dernière année de la législature et une élection générale a lieu avant la fin du
terme normal. Le mandat des députés a été prolongé par la loi dans de rare circonstance comme
dans les deux guerres mondiales. La dissolution des communes est la lettre officielle a l’organisation
d’une élection régionale sont ordonnée par la reine sur le conseil du premier ministre.

b. Fonctionnement :

L’organisation des communs est caractérisé par un encadrement statutaire et politique, les débats
sont strictement règlementés afin de respecter le jeu parlementaire. Le respect du jeu parlementaire
est assuré par le speaker qui est le chef du bureau de la chambre des communes élu par les députés
pour présider la chambre durant toutes la durée de la législature, d’autres membres du bureau qui
officient en tant qu’adjoint du speaker sont également par les députés. Parmi les membres du parti
gouvernemental et du parti d’opposition.

Le speaker et ses adjoints ne participent pas aux débats ni aux votes des exercices de leur fonction.
L’autorité du speaker repose sur son indépendance et son impartialité, son prestige tient aussi
naturellement à son pouvoir, il désigne le président des commissions, assure la police du débat et
peut prendre des sanctions contre les députés. L’encadrement politique des députés est assuré par
des leaders et des whips, les leaders sont les chefs des partis élus par les groupes parlementaires, le
leader de la majorité parlementaire est le premier ministre, les whips sont les députés chargés de
transmettre les consignes de vote et vérifier si les députés de base respectent les disciplines
partisane et parlementaire comme les députés doivent leurs élections aux partis qu’ils en attendent
l’investiture par les élections suivantes. Ils sont contraints de se plier à ses consignes. A la différence
des commissions permanentes du parlement malgache du parlement français ou du congrès
américain, celle de la chambre des communes ne sont pas spécialisés. Elles sont désignées par des
lettres de l’alphabet et c’est le speaker qui repartie entre elles les projets de lois à examiner. L’avis du
parlement est divisé en session, chacune dure habituellement un an, elle commence et se termine la
plupart du temps en octobre ou novembre, elle est entre coupée par des ajournements la nuit, le
weekend end, à Noel, à Pâque, pour la journée de banque et durant les vacances d’été qui
commencent fin juillet ou début aout. Le nombre réel de jour de session s’élève en moyenne à 170
jours pour la chambre des communes. Chaque session se termine par une prorogation qui met fin à
presque tout le travail législatif en particulier les lois qui n’ont pas été promulguées à la fin de la
session sont perdues.

c. Les pouvoirs de la Chambre des Communes :

La Chambre des Communes détient l’essentiel du pouvoir législatif et du contrôle du cabinet. La


Chambre des Communes a le monopole du pouvoir législatif, elle a la plénitude des compétences en
matière législative. Elle a le pouvoir de voter les lois « public bills » qui peuvent être d’origine
gouvernementale que l’on appelle « gouvernment bills » ou parlementaire ce qu’on appelle « private
member’s bills ». En fait, 90 pour cent des lois sont d’origines gouvernementales. Le pouvoir de
proposer, de voter et d’amender les lois de la Chambre des Communes est devenu de plus en plus
formelle car elle est prisonnière de la discipline majoritaire. En matière financière, le pouvoir des
Commune est limitée, si la Chambre des Communes votent les crédits et les dépenses budgétaires,
les députés n’ont pas l’initiative en matière de recettes ou dépenses, c’est-à-dire qu’un député ne
peut proposer ni des recettes supplémentaires ni des dépenses nouvelles. La Chambre des
Communes a le pouvoir de contrôler l’exécutif. Elle exerce un contrôle étroit et suivi sur la politique
du cabinet. Les moyens de contrôle sont multiples :

- Les débats de politique générale au moment du discours du trône. Au début de chaque


session parlementaire, la reine lit le discours du trône qui définit les grandes lignes de la
politique gouvernementale et son programme législatif pour l’année. En réponse au discours,
le parlement vote une adresse de remerciement qui permet à l’opposition de préciser sa
position sur la politique du gouvernement. Le débat sur le discours du trône dure une
semaine.
- La procédure des questions orales ou question time : il s’agit de la procédure des questions
au gouvernement, une séance hebdomadaire est réservée aux questions posées aux
Ministres et au Premier Ministre, questions posées moitié par l’opposition, moitié par la
majorité. L’objectif est de soutirer des informations sur les intentions du gouvernement.
C’est aussi un moyen de discuter, d’obtenir des corrections ou d’adresser des plaintes au
gouvernement. Les députés peuvent aussi des questions écrites aux Ministres afin d’obtenir
des réponses écrites.
- La motion de censure : dans le régime britannique, la responsabilité du cabinet peut être
mise en œuvre par la motion de censure, par le rejet du budget ou par le vote d’un
amendement à l’adresse. La Chambre des Commune est la seule Chambre à pouvoir
renverser le cabinet à la suite d’un rejet de la question de confiance posée par le
gouvernement ou à la suite du vote d’une motion de censure. Ce n’est qu’un pouvoir de
façade, aucun cabinet n’a été obligé de démissionner sauf en 1924 et en 1979 au XXème
siècle. Cela s’explique par le fait que le gouvernement est toujours soutenu par sa majorité
parlementaire.
- Les commissions parlementaires : le pouvoir de contrôle de l’exécutif se traduit aussi par
l’existence de quatorze commissions spéciales créées en 1979 afin d’examiner les dépenses,
l’administration et la politique au sein des principaux départements ministériels et des autres
organismes publics ou encore l’établissement de « special standing system » chargés
d’examiner les projets de loi. Les cabinets et la Chambre des Communes sont les deux
organes d’action du système politique britannique dont le fonctionnement va dépendre des
rapports entre ces deux organes de pouvoir.

Le fonctionnement du régime britannique :

Le fonctionnement du régime britannique est inséparable du bipartisme ou « two paty system ». Ce


bipartisme se traduit par le fait que bien qu’il existe plusieurs partis politiques, seuls deux grands
partis jouent un rôle essentiel dans la vie politique du pays. Ce sont le parti conservateur et le parti
travailliste.

Les éléments du bipartisme :

Depuis le XVIIIème siècle, deux grands partis ont dominé la vie politique en Grande Bretagne. A
l’origine, il y avait une opposition entre deux groupes politico-religieux sans structure et disciplines
avec d’une part les anglicans orthodoxes défenseurs de la couronne appelés « Tories », d’autre part
les puritains ou cavaliers partisans du parlement appelés Whigs. U début du 19 ème siècle, des clubs se
forment pour organiser la propagande en faveur de la réforme électorale lorsque celle-ci a lieu en
1832, ces deux groupes se transforment en parti politique au sens moderne du terme. Les Tories
deviennent les partis conservateurs et les Whigs devient le parti libéral. Le développement de la
classe ouvrière est l’élargissement du suffrage produisent un changement politique majeur pour faire
adopter une politique favorable aux travailleurs. Les syndicats fondent un nouveau parti : le parti
travailliste. A partir de 1929, le parti libéral est sous-planté par le parti travailliste qui est issu des
milieux ouvriers. Le parti conservateur est un parti de cadres. On peut affirmer que c’est le parti de la
défense du capitalisme et du maintien des rapports étroits avec les pays du common wealth. Le parti
travailliste était autre fois celui de la classe ouvrière. Aujourd’hui, il a abandonné le socialisme, la
gestion collective des moyens de production et les liens organiques avec les syndicats. Le parti
travailliste ne remet pas en cause le socle libéral de l’économie britannique tout en voulant renforcer
la protection sociale des Britanniques. C’est la troisième voie entre le capitalisme et le socialisme
théorisée par l’ancien Premier Ministre Tony Blair. Depuis 1929, ces deux principaux partis alternent
au pouvoir. Le parti libéral démocrate issu d’une fusion du parti libéral et du parti social-démocrate
en 1988, essaie de mettre fin à ce bipartisme.

- L’influence du mode de scrutin :

Les députés de la Chambre des Communes sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Ce
mode de scrutin favorise naturellement les deux principaux partis en écrasant les formations
intermédiaires. Puisqu’il n’y a qu’un seul tour, l’électeur britannique vote utile, c’est-à-dire pour un
parti qu’il estime capable de gouverner, naturellement, son choix va se porter sur les deux plus
grands partis.

- Le caractère des partis britanniques :

Le bipartisme britannique est de type rigide. Cette rigidité se manifeste surtout par la discipline de
vote de la Chambre des Communes ou le parti majoritaire soutient dans tous les votes le Premier
Ministre. Par exemple la coalition actuelle des Conservateurs et des Libéraux démocrates soutient
systématiquement le cabinet du Premier Ministre Cameroun lors des votes à la Chambre des
Communes. Si un député ne respecte pas les consignes du parti, il s’expose à des sanctions qui
peuvent aller jusqu’à l’exclusion. Il arrive cependant que des députés du Parti majoritaire ne
soutiennent pas le cabinet sur une question déterminée. La liberté de vote est accordée dans les cas
de conscience comme l’entrée en guerre en Irak en mars 2003 ou l’adoption de la loi anti-terroriste
en 2005.

Les effets du bipartisme :

Le bipartisme britannique a deux effets a priori contradictoire, d’une part il se traduit par une
concentration des pouvoirs au profit du parti majoritaire, d’autre part il limite en même temps ses
pouvoirs

- Le bipartisme et la concentration du pouvoir :

Tout d’abord, puisque le premier ministre est le leader de la majorité, ily a peu de chance qu’il soit
renversé par les députés même s’il arrive qu’il soit mis en minorité sur un projet de loi particulier,
par exemple par suite de désaccord au sein de la majorité il n’est pas contraint de démissionner et il
ne le fera que si le vote met en cause sa politique générale. Il se maintient donc jusqu’à la fin de la
législature sauf dans le cas très rare ou des dissidents du parti majoritaire se joigne à l’opposition
comme cela s’est produit au mois de mars 1979. Ensuite le cabinet qui est formé des dirigeants du
parti dispose d’une autorité suffisante sur ses membres pour obtenir que la majorité adopte les
projets qu’il soumet aux communes. Le bipartisme a pour conséquence d’entrainer une implacable
concentration du pouvoir du fait du bipartisme rigide, le cabinet concentre ans ses mains tous les
pouvoirs en contrôlant a la fois le cabinet et les communes, c’est-à-dire les deux organes qui
exercent effectivement le pouvoir. Le parti … on est loin du schéma du régime parlementaire, il n’y a
ni prédominance du parlement sur le cabinet ni même équilibre du pouvoir. La concentration du
pouvoir entre les mains du parti majoritaire amplifie (…) du cabinet sur le Parlement. Il n’y pas
d’avantages de séparation fonctionnelle des pouvoirs mais au contraire concentration d’un pouvoir
et normes entre les mains du cabinet et spécialement entre celles du Premier Ministre. Les
mécanismes classiques du régime parlementaire que sont la dissolution du Parlement et la
responsabilité politique du gouvernement se trouvent donc transformé. La dissolution ne peut
remplir toutes les fonctions que lui attribue la théorie classique du régime parlementaire et
notamment celle de provoquer l’arbitrage du corps électoral en cas de conflit entre les pouvoirs. La
dissolution des Communes entrainant des élections générales devient un moyen de provoquer les
élections à une date favorable aux partis majoritaires et comme le moyen normal de poser une sorte
de question de confiance à l’opinion publique. Ce mécanisme qui consiste à donner périodiquement
la parole au peuple a permis de caractériser le gouvernement britannique comme un gouvernement
d’opinion permettant aux électeurs de désigner eux-mêmes le Premier Ministre. Il y a donc une
concentration du pouvoir entre les mains des partis majoritaires. Une telle situation pourrait être
dangereuse (…) si le bipartisme n’est pas en même temps un facteur de limitation du pouvoir.

- Le bipartisme et la limitation des pouvoirs :

La concentration des pouvoirs ne signifie pas que le groupe qui le détient soit homogène. Ce groupe,
c’est la majorité parlementaire qui comprend le Premier Ministre, le cabinet, les députés de base. Si
c’est incontestablement le Premier Ministre et le cabinet qui exercent le pouvoir, ils sont contrôlés
non seulement par l’opposition mais aussi par leur propre parti. L’intérêt du parti est de rester
majoritaire s’il sent que l’opinion penche vers l’opposition, que la politique menée par le Premier
Ministre le mène à la défaite électorale, il s’efforcera par tous les moyens de la fléchir. S’il ne
parvient pas à changer la politique du Premier Ministre, il ne lui qu’à changer de leader, c’est-à-dire
de Premier Ministre. L’accaparement définitif du pouvoir par un parti est rendu difficile par le
phénomène de l’alternance. Les élections générales garantissent l’alternance au pouvoir. Une telle
alternance apporte une soupape de pureté démocratique à la toute-puissance du parti au pouvoir
durant la législature. D’autre part, bien qu’il contrôle à la fois le cabinet et les communes, le parti
majoritaire n’exerce pas un pouvoir absolu et les pouvoirs du Premier Ministre sont limités par le rôle
de l’opposition. Fait unique dans les régimes parlementaires contemporains, l’opposition est
institutionnalisée et bénéficie d’un véritable statut lui permettant de jouer pleinement son rôle de
surveillance dans les limites du fait majoritaire. Le Chef de l’opposition aux communes est un
personnage officiel qui reçoit le titre de Leader de l’opposition de sa majesté appointé au trésor
public. Il dirige le cabinet fantôme ou Shadow Cabinet composé des parlementaires de l’opposition
qui sont à titre de Ministre de l’ombre, les interlocuteurs privilégiés des Ministres en exercice. Le
leader de l’opposition est consulté par le Premier Ministre en cas de problèmes graves. Il bénéficie
du même temps que lui aux communes. Enfin, l’opposition bénéficie de la séance des questions
orales à égalité de temps avec la majorité, elle peut poser des questions au cabinet qui peut être mis
en difficulté s’il n’arrive pas à répondre correctement.

La remise en cause du bipartisme :

A l’issu des élections législatives de Mai 2010 avec 36,1% des suffrages, 307 députés conservateurs
siègent à la Chambre des Communes après la victoire du parti conservateur. Ce résultat a été malgré
tout insuffisant pour leur donner automatiquement le droit de former un gouvernement qui
nécessite une majorité absolue de 326 sièges. Au pouvoir depuis 1997, le parti travailliste a obtenu
258 sièges avec 29% des suffrages exprimés. Le parti libéral démocrate a décroché 57 sièges avec
23% des suffrages. L’absence de majorité absolue a fait naître le premier parlement suspendu qu’on
appelle « hung parliament » depuis 1974. L’élection n’ayant pas permis d’élire une majorité
directement, c’est-à-dire un parti ayant la majorité absolue à la Chambre des Communes. Les
observateurs ont dû former une coalition avec les libéraux démocrates.

Le bipartisme américain :
Naissance et influence des partis politiques :

Les Etats Unis furent le premier pays à créer des partis de dimension nationale et à transférer le
pouvoir exécutif d’une formation politique à une autre par des élections en 1800. La création des
partis politiques fut étroitement liée à l’extension du droit de vote qui cessa d’être limité aux
propriétaires terriens au début des années 1800. L’électorat s’étant considérablement développé, il
fallut trouver un moyen de mobiliser des électeurs en place. Les partis politiques s’organisèrent pour
accomplir cette tâche essentielle. Ils sont nés dans le cadre de cette révolution démocratique et font
partie de puis les années 1830 des paysages politiques américains. Actuellement la distinction entre
les deux partis relève d’une question économique. Les démocrates sont plutôt associés à la classe
ouvrière et à la classe moyenne. Tandis que les républicains sont proches du monde des affaires et de
l’industrie. Les démocrates sont favorables à l’accroissement du rôle du gouvernement central dans
le domaine des affaires sociales. Tandis que les républicains sont hostiles à l’intervention du
gouvernement central dans les secteurs de la vie publique. Aujourd’hui, les partis démocrates et
républicains dominent la vie politique. L’influence des deux partis se manifeste dans les institutions.
Les deux grands partis dominent la présidence, le congrès, les postes de gouverneur et les
Assemblées législatives des Etats.

Un bipartisme souple :

Le bipartisme et souple lorsque deux grands partis qui animent la vie politique ne sont pas soumis à
une discipline interne rigoureuse. Au moment des votes à la Chambre des représentants ou au Sénat,
il n’y a pas de directives de parti et le parlementaire est totalement libre de voter selon ses choix
personnels et selon sa conscience. Lors des votes au congrès, il y a des majorités changeantes qui
varient suivant la nature des questions et des textes soumis au Parlementaire. On assiste
fréquemment à des votes où certains républicains ajoutent leur voie à celle des démocrates et où
des démocrates viennent grossir les votes républicains. Les alliances entre Parlementaires issus de
partis différents sont courantes. Le Président ne peut partir du principe que les parlementaires du
parti dont il est issu soutiendront fidèlement son programme. Si le Président n’est jamais assuré du
soutien de son propre parti, inversement il peut bénéficier de l’appui de divers membres du parti
adverse. La souplesse du bipartisme américain et les alliances interpartis ouvre la loi au compromis
entre le Président et le congrès et ont permis jusqu’ici d’éviter le blocage du système et de
provoquer une crise grave du régime.

La procédure de l’empêchement est très peu utilisée car il est difficile d’engager des poursuites
contre une personnalité aux responsabilités aussi écrasantes. Dura nt la présence du Président sur le
banc des accusés, il y a une désorganisation totale de la conduite des affaires de l’Etat. Même si un
acquittement risque de ne pas laver entièrement le Président de tout soupçon, sa capacité de
gouverner serait affaiblie pendant le reste de son mandat. Aux Etats Unis, l’inamovibilité de la
fonction présidentielle est un trait marquant du système politique, aucun Président n’est contraint
de démissionner si mauvaise que soit ses relations avec le congrès ou sa réputation à la suite d’un
scandale. Le Président doit remplir son mandat jusqu’au bout.

Le pouvoir législatif : le congrès


Le congrès ou Parlement fédéral est l’organe législatif de la fédération. Le Parlement américain est
composé de deux Chambres : la Chambre des représentants et le Sénat. Le bicamérisme s’explique
d’une part par la volonté d’éviter la domination et la concentration du pouvoir entre les mains d’une
Assemblée unique et d’autre part par la volonté des Etats fédérés de conserver à la fois une
autonomie importante et une influence dans les décisions fédérales.

La composition des deux Chambres :

La Chambre des représentants des Etats Unis représentent les citoyens au sein de l’union. Depuis
1941, elle est composée de 435 députés élus au suffrage universel direct. Les représentants sont élus
au scrutin majoritaire à un seul tour dans le cadre des Etats. La Constitution prévoit que le nombre de
représentants est proportionnel au nombre des habitants de chaque Etat. Le mandat des
représentants est très court, deux ans, de manière qu’il soit soumis à un contrôle fréquent. La courte
durée du mandat a un inconvénient, aussitôt élus, leur représentants doivent songer à leur
réélection et sont en campagne en permanence. Le Sénat des Etats Unis est la représentation
politique égalitaire des 50 Etats de l’union. Chaque Etat est représenté par deux Sénateurs quel que
soit sa superficie et sa population. Le Sénat comprend donc 100 Sénateurs élus pour six ans au
suffrage universel direct au scrutin majoritaire uninominal à un tour par le peuple des Etats. Le sénat
est renouvelable par tiers tous les deux ans. Les élections des Sénateurs à renouveler a lieu en même
temps que celle pour la Chambre des représentants.

Le fonctionnement du congrès :

Le Parlement fédéral a une session annuelle assez courte de sept mois. Aucune Chambre ne peut
s’ajournée plus de deux ou trois jours sans l’accord de l’autre pour éviter tout obstruction dans
l’exercice de la fonction législative. Le Parlement fédéral adopte en moyenne une quinzaine de lois
importantes par an. La Chambre des représentants est présidée par le speaker qui est une
personnalité politique engagée et qui s’efforce de facilité la réalisation du programme législatif de
son parti dans l’exercice de ses fonctions. La présidence du Sénat est assurée par le vice-président
des Etats Unis mais il s’agit d’un titre purement honorifique. Le Sénat est présidé de fait par un
Sénateur, le leader de la majorité sénatorial qui est tenu par l’impartialité et n’a pas le droit de vote
sauf en cas de partage des voies. Il n’a que peu de pouvoir. Les présidents de la Chambre des
représentants et du Sénat ne peuvent pas diriger efficacement les deux Chambres car ils ne
disposent pas de moyens de contrainte sur les parlementaires. Le congrès est caractérisé par
l’individualisme de ses membres qui n’obéissent pas à des consignes de parti. Les commissions
parlementaires jouent un rôle important dans le système politique américain : en l’absence d’une
direction centralisée, les Chambres du congrès sont sous le contrôle de toute une infrastructure des
commissions autonomes qui sont des véritables organes de décisions qualifiées de petites
assemblées législatives. Il s’agit de commission permanente et spécialisée au sein de chacune d’elle,
le parti majoritaire dispose de la majorité des sièges et de la présidence. Les commissions jouent un
rôle de préparation de travail législatif. Certaines propositions de lois préparées par les commissions
sont d’une telle perfection qu’elles peuvent être envoyées devant les Chambre en procédure
limitée : toutes propositions d’amendement deviennent impossibles. Par contre, une loi à laquelle la
commission n’est pas favorable peut être soumise à la procédure ouverte qui permet à ses
adversaires de la tuer à coup d’amendement. Si la commission est saisie d’une proposition de lois,
elle peut refuser de l’examiner et ainsi l’enterrer. Les commissions parlementaires ont aussi un rôle
d’enquête et d’investigation. Ce pouvoir a été exprimé par la cours suprême fédérale dans un arrêt
de 1957 dans ces termes : « le pouvoir du congrès d’ouvrir une enquête est inhérente à la fonction
législative. Il inclut la critique des déficiences de notre système social, économique et politique afin
de permettre au congrès d’y remédier. » il comprend le droit d’inspecter les différents département
ministériel pour y traquer la corruption, l’inefficacité et le gaspillage. Les commissions et sous-
commissions du congrès ont le pouvoir de faire comparaître devant elles éventuellement sub poena
(sous peine). Toutes personnes simples particulières ou membres de l’exécutif susceptible d’éclairer
et de renseigner le congrès. Elles peuvent interroger les fonctionnaires et les hauts représentants des
différents départements ministériels sur les activités et les moyens de leur service.

Les compétences du congrès :

Le congrès américain est chargé d’élaborer, de discuter et de voter les lois bien que le congrès soit
désigné comme le pouvoir législatif, il exerce des compétences qui relèvent de toutes les fonctions
de l’Etat. Les deux Chambres du congrès sont juridiquement égales, c’est-à-dire qu’elles ont
globalement des pouvoirs égaux. En matière législative, seuls les membres du congrès ont le droit
d’initiative des lois. Ils exercent ce droit en déposant leur proposition de lois ou bills sur le bureau de
leur Chambres respectives qui les examinera avant de les transmettre à l’autre Chambre si elles les
approuvent. Théoriquement, le Président ne peut pas déposer le projet de lois. En réalité, il peut
faire déposer des projets de lois par un représentant ou un Sénateur (ami) ou en les annexant au
message annuel sur l’Etat de l’union. Si les deux Chambres sont à égalité pour l’initiative de la loi, la
majorité des propositions des lois vient de la Chambre des représentants. Pour devenir une loi,
chaque texte proposé au congrès doit être accepté sous une forme identique par la Chambre des
représentants et par le Sénat. N cas de désaccord entre les deux Chambres, une commission mixte
paritaire qui réunit des représentants des deux assemblées est chargée de rédiger un texte
acceptable par les deux Chambres. Si cette commission échoue à élaborer un texte commun, ou si ce
texte commun n’est pas adopté par les deux Chambres, il est considéré comme rejeté. En général, les
lois fédérales sont un compromis entre les deux Chambres. S’il est adopté, le texte est transmis au
Président qui dispose d’un droit de veto. La proposition de lois doit être votée dans les mêmes
termes par les deux Chambres dans la limite des deux années qui constituent le mandat de la
Chambre des représentants. En fait, comme le congrès ajourne normalement ses sessions avant la fin
du mandat de deux ans, les propositions de lois disposent de moins de deux années pour acquérir
force de loi. Les propositions de loi, qui n’ont pas été adoptées avant l’interruption définitive des
travaux du congrès sont automatiquement caduques et doivent être présentés au nouveau congrès.
Le congrès exerce également un pouvoir sur les dépenses fédérales en matière budgétaire ou fiscale,
la procédure est différente comme en Angleterre, la Chambre des représentants a seule initiative
mais en pratique, le projet de budget est préparé par la présidence. Le congrès dispose du pouvoir
constituant dérivé, il partage l’initiative de la révision constitutionnelle avec les Etats. Les
amendements, c’est-à-dire les lois de révision peuvent être proposée soit par les deux tiers des
membres de chacune des deux Chambres soit par les deux tiers des Etats. Dans le domaine
spécifique qui concerne l’ordre exécutif, le Sénat bénéficie d’une certaine primauté par rapport à la
Chambre des représentants. Le Sénat est investi par la Constitution du droit de donner son
consentement : « advice and consent » à deux types de décision du Président, d’une part l’accord du
sénat est obligatoire pour la nomination de certains (…) notamment celle des secrétaires d’Etats, des
Ambassadeurs et des juges fédéraux, en particulier les juges de la cours suprême fédérale. Les
personnes proposées par le Président font l’objet d’un examen en public par une commission
sénatoriale souvent très longuement. Les investigations du Sénat peuvent conduire à un refus auquel
le Président ne peut passer outre. D’autre part, les traités internationaux négociés et conclus par le
Président doivent recueillir l’accord du Sénat à la majorité des deux tiers. Pour éviter tout risque de
blocage dans la conduite des relations internationales, le Président fait appel à la pratique des
« executive agreements ». Ces derniers sont des accords en forme simplifiée signés par le Président
ou son représentant et non soumis à la ratification du Sénat. La constitutionnalité de cette procédure
a été admise par la cours suprême fédérale depuis les arrêts Etats Unis contre Belmont en 1937 et
Etats Unis contre Pink en 1946. Le congrès a des pouvoirs diplomatiques. Il a le pouvoir
constitutionnel de déclarer la guerre mais dans la réalité, le Président s’est souvent efforcé d’agir seul
par exemple, c’est sans l’accord formel du congrès qu’ont été déclenchée la guerre de Corée en
1950, la guerre d’Indochine en 1964, la guerre du Golfe en 1990 ou celle du Kossovo en 1999. Par
contre, la guerre d’Afghanistan en 2001 et la guerre d’Irak en 2003 se sont faites avec l’accord du
congrès. Le congrès a des fonctions d’ordre juridictionnel. Il dispose de l’arme pénale de
l’empêchement. Le Président et le Vice-Président des Etats Unis et tous les fonctionnaires fédéraux
peuvent être empêchés pour corruption, crime pour la chose publique ou délit grave. La Chambre
des représentants décident de l’inculpation. Les personnes ainsi accusées sont alors jugées par le
Sénat qui peut prononcer la destitution à la majorité des deux tiers. Dans le cadre des poursuites
contre les membres de l’exécutif, le congrès a adopté une loi instituant pour ce genre d’affaire un
procureur spécial totalement indépendant et doté de très vastes pouvoirs. Le Sénat est
politiquement plus important à cause du prestige personnel des Sénateurs. Cela tient à la durée de
leur mandat qui est de six contre deux ans pour les représentants et d’autre part à leur qualité de
représentant fédéré.

Les moyens d’action officiels :

Le droit de message :

Chaque année en Janvier, le Président prononce devant les deux Chambres du congrès réunis en
séance plénière, son message sur l’état de l’union. Dans ce discours traditionnel, le Chef de l’exécutif
rend compte chaque année au Parlementaire de la situation du pays et des grandes lignes de la
stratégie de l’exécutif. C’est une occasion pour lui d’exposer un véritable programme législatif. Dans
ce cadre, il peut préparer des projets qui seront présentés sous la forme d’une proposition de lois par
un membre du congrès. Il peut proposer en annexe à son message annuel sur l’état de l’union :
« telle mesure qu’il estimera nécessaire et opportune. » (Projet de lois) Le message sur l’état de
l’union est donc un droit d’initiatives législatives indirectes du Président. En dehors du message sur
l’état de l’union, le Président a le droit d’adresser des messages au congrès à n’importe quel moment
de la session parlementaire.

Le droit de veto législatif :


Le Président a la faculté d’empêcher une loi puisqu’il peut en application de l’article premier section
7 de la Constitution, renvoyer un texte de loi soumis à sa signature. La Constitution prévoit que si le
Président n’appose pas son veto à un projet de lois dans les dix jours ouvert suivant sa transmission,
ce projet ou « bill » devient loi ou acte. Par contre, il peut renvoyer le texte aux Chambres en
demandant une nouvelle lecture (examen). Ce veto peut être renversé par une majorité des deux
tiers dans chacune des Chambres. Le veto présidentiel est un système efficace car la majorité
qualifiée des deux tiers est souvent difficile à obtenir. Le droit de veto ne s’applique pas à une partie
de la loi mais à son ensemble. Le Président dispose de dix jours à compter de la réception du texte de
loi pour se prononcer. S’il garde le silence pendant ce délai, sa signature est supposée acquise. La
menace de l’utilisation du veto fait partie des armes à la disposition du Président dans le cadre de ses
incessantes négociations avec le congrès. En annonçant à l’avance qu’il s’opposera à une proposition
de lois si elle devait comporter ou au contraire ne pas comporter telle ou telle disposition, le
Président oblige les Parlementaires initiateurs de lois à la retrancher ou à l’insérer sous peine de ne
pas voir leurs efforts aboutir. A côté du veto suspensif qui est un droit institutionnalisé, il existe un
veto de fait appelé veto de poche ou pocket veto. Ce dernier ne peut être utilisé qu’en fin de session
parlementaire si durant le délai de dix jours de réflexion du Président, le congrès s’est ajourné parce
que l’on se trouve en fin de session parlementaire et que le Président n’a pas fait connaître son avis,
la loi adoptée en fin de session devient caduque et il faudra reprendre tout le processus
d’élaboration de la loi lors de la prochaine session parlementaire .

L’exécution de la loi :

Constitutionnellement, « le Président doit veiller à la fidèle exécution des lois ». En principe, cette
disposition fait de lui l’exécutant des volontés du congrès. En pratique, le Président a pris une large
liberté dans l’interprétation de la législation et sa manière de veiller à son exécution dépend souvent
de l’appréciation qu’il porte sur son opportunité.

Les moyens d’action officieux :

En plus des moyens d’action officiels, le Président dispose de multiples moyens d’action officieux qui
sont des moyens de persuasion et de pression sur le congrès.

Le Parlementarisme de couloir :

Le sort des projets présentés dans le cadre du message sur l’état de l’union est suivi en permanence
par la Maison Blanche et par les départements ministériels intéressés. De multiples fonctionnaires
s’efforcent de convaincre les congrès mêmes du bien-fondé des demandes présidentielles. En cas de
difficulté, le Président intervient lui-même auprès des Présidents de commission compétente. Il suit
personnellement les travaux du congrès. Chaque semaine en principe, il réunit autour de lui les
leaders de son parti et parfois ceux du parti adverse dans les deux Chambres pour leur faire part de
ses vœux et des appréhensions que peuvent faire naître tel ou tel texte d’initiative parlementaire.
Les moyens d’action du Président sur le congrès sont de divers ordres et relèvent plus du
marchandage que de la technique juridique.
Le soutien de l’opinion publique :

Puisqu’il est le seul élu de l’ensemble du peuple américain, et qu’il est le centre d’impulsion du
système politique américain, le Président peut user de son prestige pour gagner à sa cause l’opinion
publique. La pression du corps électoral sur des élus est très forte en raison de ma fréquence des
élections. C’est donc au peuple directement que le Président doit s’adresser pour obtenir du congrès
le vote des textes et des crédits dont il a besoin. Lorsque le Président jouit de la confiance du peuple,
c’est-à-dire qu’il est populaire dans les sondages, les membres des Chambres parlementaires n’osent
pas bloquer les projets présidentiels sous peines de perdre les élections. Etant donné que le
consentement du congrès est nécessaire à la mise en œuvre de tout programme politique, le
politologue R. Neustadt a pu dire du Président des Etats Unis qu’il possède « non pas le pouvoir de
commander mais le pouvoir de convaincre ».

2. L’équilibre relatif des pouvoirs :

Dans la pratique, le régime américain est caractérisé par le rôle prépondérant du Président. Cette
suprématie du Président a quand même des limites, ce qui permet au système de ne pas verser dans
la dictature.

a. Le rôle prépondérant de Président :

Les causes de la prééminence du président par rapport ont congrès sont (…) et variés ; on peut citer
d’abord le recul du parlement et l’accroissement des pouvoirs exécutifs. Ce sont des phénomènes
que l’on retrouve actuellement dans tous les régimes politiques. Le Président des Etats Unis étend à
lui seul l’exécutif. L’accroissement des pouvoirs de ce dernier se traduit par un renforcement des
pouvoir s du Président. La personnalisation du pouvoir accentue le rôle dirigeant du Président. Il est
le seul élu au suffrage universel quasi direct et au niveau de l’ensemble de la nation. D’autre part,
l’attention des médias est focalisée sur le Président, ce qui renforce son audience auprès de l’opinion
publique. Pour la presse américaine et internationale, les Etats Unis c’est le Président. En matière de
politique intérieure, le rôle du Président résulte de l’extension des compétences de l’Etat fédéral
pour les affaires économiques et politiques d’intérêt général. L’accroissement des pouvoirs et des
responsabilités de l’Etat fédéral a essentiellement profité au Président.

En matière de politique internationale, le rôle de superpuissance joué par les Etats Unis depuis 1945
a renforcé les pouvoirs du Président qui est le seul à pouvoir parler au nom des Etats Unis et le seul à
agir au nom de l’union. C’est le Président qui décide de l’attitude des Etats Unis en politique
internationale. Si les pouvoirs du Président sont importants, le Chef de l’exécutif ne risque pas de se
transformer en dictateur grâce à des mécanismes qui limitent ses pouvoirs.

b. Les limites à l’autorité du Président :

Les limites traditionnelles :


- Le Président des Etats Unis est puissant, mais cette puissance ne s’exerce que dans le
cadre des compétences fédérales. Le pouvoir du Président s’exerce dans les matières les
plus importantes et d’intérêt général comme les affaires étrangères, la défense ou
l’économie, par contre, il existe toujours des domaines réservés aux Etats fédérés qui
échappent à l’autorité du Président.
- La séparation des pouvoirs oppose le congrès et la cour suprême fédérale à l’action du
Président. L’application de la politique du Président dépend de la bonne volonté du
congrès que le Chef de l’exécutif doit convaincre de la justesse de sa politique. Le
Président Barack Obama fait face depuis les élections législatives de 2010 à une Chambre
des représentants dont la majorité est républicaine. La cohabitation entre un congrès
dominé par l’un des deux grands partis et un Président appartenant à l’autre formation est
un cas de figure très courant dans l’histoire américaine. Cette situation comporte un risque
de sérieux blocage mais n’a jamais jusqu’à présent conduit à une paralysie d’une action
gouvernementale. Tel a été le cas en Juillet 2011 avec le bras de fer entre le Président
Obama et la majorité républicaine à la Chambre des représentants à propos de la
réévaluation du plafond de la dette américaine et de la baisse des dépenses fédérales.
- Le Président doit également tenir compte de la cour suprême qui peut toujours annuler
une décision présidentielle pour inconstitutionnalité. Or la Constitution pose les principes
d’un régime démocratique, toute dérive vers une dictature serait déclarée
inconstitutionnelle.

Les limites tenantes aux structures de la société américaine :

- Les hommes-politiques américains ne sont que des mandataires de la volonté populaire. La


fréquence des élections à cause de la brièveté des mandats exclus toute possibilité de
dictature. Le Président des Etats Unis n’est rééligible qu’une seule fois, donc il ne peut
exercer ses fonctions que durant huit ans au maximum.
- La croyance du peuple américain dans la supériorité des valeurs du libéralisme et du
capitalisme se traduit par une méfiance systématique à l’égard de tout interventionnisme
de l’Etat fédéral et par un refus de tout pouvoir despotique.
- Il faut compter sur l’importance des groupes de pression appelé « lobbies/lobby ». depuis
1946, les lobbies ont un statut officiel, ce qui permet de rendre publiques leurs activités et
de les contrôler. Des groupes de pression comprennent les groupements d’intérêts
économiques et commerciaux, les syndicats, les groupes ethniques et rations, les
organisations professionnelles, les groupes de citoyens, et les représentants d’intérêt
étranger. Ces groupes de pression peuvent agir directement à la base pour influer sur
l’opinion publique ou exercer des pressions sur les membres du congrès pour parvenir à
leur fin.
- Enfin, aux Etats Unis, la presse joue le rôle de « watchdog », c’est-à-dire de chien de garde
donc de contre-pouvoir. Selon la théorie traditionnelle, la presse est là pour informer
l’électorat souverain de ce que les responsables prévoient de faire. La presse opère alors
un sondage dans l’opinion publique et indique l’humeur de la population afin que les
responsables puissent répondre de façon approprié aux désirs des électeurs. Selon cette
conception, la presse se considère comme un adversaire du gouvernement et joue le rôle
de chien de garde pour le compte de l’électorat. Tous les gouvernants, en particulier le
Président sont constamment surveillés par la presse.

mécanismes de gouvernement varie selon les types de régimes politiques.

ème
3 PARTIE : LE REGIME
POLITIQUE MALGACHE

CHAPITRE I : LE CADRE
CONSTITUTIONNEL DE LA REPUBLIQUE
DE MADAGASCAR
Un projet de Constitution est soumis à un référendum le 17 Novembre 2010. Il est adopté avec la
victoire du « oui » à 74,19% contre le « non » à 25,81% et avec un taux de participation de 52,61%. La
loi fondamentale entre en vigueur le 10 Décembre 2010 date de sa promulgation.

A. Les principes de base de la République de Madagascar :

1. Rappel, sommaire des principes classiques :

a. Le principe de la souveraineté nationale :

Ce principe est affirmé par les articles suivant de la Constitution :

- Article premier : « le peuple malgache constitue une nation organisée en Etat souverain,
unitaire, républicain et laïque », alinéa 3 : la démocratie et le principe de l’état de droit
constituent le fondement de la République.
- Article 5 : « la souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir qui l’exerce par
ses représentants élus au suffrage universel directe ou indirecte ou par la voie du
référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’attribuer l’exercice de
la souveraineté.»

La souveraineté nationale s’exerce par le suffrage universel donc à travers les représentants du
peuple. Le référendum n’est prévu qu’à titre secondaire pour la révision de la Constitution ou toute
autre question importante à caractère national. Le référendum prévu par les articles 5, 55 et 162 de
la Constitution est la marque de la combinaison entre la souveraineté populaire et la souveraineté
nationale. Sous la IVème République, il signifie en théorie que les questions les plus importantes
doivent être soumises au peuple. En d’autres termes, cela signifie que le dernier mot appartient au
peuple.

b. Le principe de la reconnaissance des libertés publiques :

Le préambule de la Constitution fait référence à la charte internationale des droits de l’homme qui
comprend la déclaration universelle des droits de l’homme, des Nations Unis de 1948, référence
relative au convention relative, au droit de l’enfant, au droit de la femme, à la protection de
l’environnement, aux droits sociaux, économique, politique civil et culturel.

Le préambule reconnaît le respect et la protection des libertés et droit fondamentaux. L’esprit


spiritualiste apparaît également dans le préambule qui affirme la croyance du peuple malgache en
l’existence de Dieu créateur « Andriamanitra Andriananahary ». L’esprit libéral du régime est
reconnu à travers l’affirmation du libéralisme politique, articles 10 et 14 de la Constitution et du
libéralisme économique, articles 37 et 38 de la Constitution. Selon l’article 6 alinéa 2 de la
Constitution : « tous les individus sont égaux en droit et jouissent des mêmes libertés
fondamentales protégées par la loi sans discrimination fondée sur le sexe, le degré d’instruction, la
fortune, l’origine, la race, la croyance religieuse ou l’opinion ». Selon l’article 10 de la Constitution,
les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de presse, d’association, de réunion, de
circulation, de conscience et de religion sont garanties à tous. Les garantis des droit ont cependant
leurs propres limites. Il y a l’insistance sur les devoirs autant que les droits, il y a des limites
habituelles à l’exercice des libertés et se trouvent dans la formule finale : « ne peuvent être limitées
que par le respect des libertés et droit d’autrui et par l’impératif de sauvegarde de l’ordre public »
article 10 de la Constitution et avec des limites plus restrictives que sont la dignité nationale et la
sécurité nationale. Il y a des limites particulières et précises dans certains cas, article 25 de la
Constitution : « droit à l’enseignement privé et liberté d’enseigner sous réserve des conditions
d’hygiène de moralité, de niveau de formation fixé par la loi », article 33 de la Constitution : « droit
de grève dans les conditions fixées par la loi et à condition de ne pas porter atteinte aux principes de
continuité du service public ni aux besoins fondamentaux de la nation. Article 37 de la
Constitution : « liberté d’entreprise dans la limite du respect de l’intérêt général, de l’ordre public,
des bonnes mœurs et de l’environnement ». Selon l’article 14 alinéa 2 de la Constitution : « toute
personne a le droit de constituer librement des partis politiques en posant ainsi comme règle
constitutionnelle le pluralisme. La loi fondamentale interdit absolument l’institution du parti unique
de droit ou de fait. »

c. Le principe de l’indépendance judiciaire :

Ce principe est reconnu par le préambule qui évoque : « l’instauration d’un Etat de droit dans lequel
le peuple et les pouvoirs publics sont soumis aux mêmes normes juridiques sous le contrôle d’une
justice indépendante ».

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