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Théorie Générale

du Droit Constitutionnel
Sanaa DOUKKALI

Année Universitaire 2021-2022


Groupe 1
Objectif du cours:

Maîtriser le cadre conceptuel relatif à la


théorie générale du droit constitutionnel.
Le droit constitutionnel a pour mission
d’organiser les rapports au sein de l’Etat en
conciliant les notions de pouvoir et de
liberté.
Déterminer les domaines du pouvoir des
gouvernants qui agissent au nom de l’Etat et celui
des gouvernants qui ont besoin de liberté
Un cours de droit constitutionnel n’est pas
uniquement une initiation à la chose juridique.

Il permet de développer une réflexion critique et


une perception précise du déroulement des
mécanismes du pouvoir et de l'État.

Sollicite aussi bien l'étudiant, le juriste que le


citoyen.
Plan du cours
Chapitre Introductif

A- La position du droit constitutionnel dans les


sciences juridiques
1) Une branche du droit public
2) Une branche du droit public interne
B – Le contenu (ou l’objet) du droit constitutionnel
1. Les éléments classiques de la définition de ce droit
2. La dilution du droit constitutionnel classique dans la
science politique.
3. Le droit constitutionnel à l’âge des systémistes
4. Le contenu du droit constitutionnel contemporain
Chapitre I
Le siège du pouvoir: L’Etat
1- Les conceptions théoriques de l’Etat

2- La définition juridique de l’Etat

3- Les éléments constitutifs de l’Etat

4- Les formes de l’Etat


Chapitre II
L’encadrement juridique du pouvoir:
La constitution
La notion de Constitution
Aux origines de la notion de constitution
Le contenu de la constitution
Etablissement et révision des constitutions
L’établissement des constitutions
La révision des constitutions écrites
« coutume » et « conventions »
Les tendances actuelles des constitutions
Chapitre III
Le contrôle du pouvoir:
La justice constitutionnelle

Le contrôle non juridictionnel

Le contrôle juridictionnel des lois

Débat sur le rôle du juge constitutionnel


Chapitre IV
La protection constitutionnelle des droits
et libertés fondamentaux

La notion de droits et libertés fondamentaux

La garantie des droits et libertés fondamentaux


Chapitre V
La théorie du pouvoir

Séparation des pouvoirs


La Séparation des pouvoirs
Une séparation fondatrice de la classification des
régimes politiques

La participation des citoyens au pouvoir


Démocratie et représentation
Les techniques de représentation: Elections et vote
Chapitre Introductif

A- La position du droit constitutionnel dans les


sciences juridiques
1) Une branche du droit public
2) Une branche du droit public interne
B – Le contenu (ou l’objet) du droit constitutionnel
1. Les éléments classiques de la définition de ce droit
2. La dilution du droit constitutionnel classique dans la
science politique.
3. Le droit constitutionnel à l’âge des systémistes
4. Le contenu du droit constitutionnel contemporain
A- La position du droit constitutionnel dans les sciences
juridiques

D’un point de vue juridique, le droit constitutionnel se


présente comme l’une des branches du droit public; plus
exactement, il se présente comme une ramification du droit
public interne.
1) Une branche du droit public

Le droit constitue un ensemble de règles (ou normes


juridiques) qui régissent la vie de la société.

Traditionnellement et principalement dans un souci de


pédagogie, on distingue dans cet ensemble le droit privé et
le droit public: la summa divisio
Le droit public, qui concerne l’État, repose sur
l’intervention de la puissance publique, c’est-à-dire l’État et
ses représentants. Dominé par la recherche de l’intérêt
général, il se caractérise par la supériorité des prérogatives
de l’État et des collectivités publiques.

Le droit privé, qui concerne les particuliers, regroupe les


disciplines juridiques qui règlent les rapports entre les
particuliers. Il met en présence des acteurs placés sur un
pied d’égalité.
On peur retenir ces trois critères de différentiation:

Les critères matériels : mettent l’accent sur la différence


entre les règles qui assurent la mise en œuvre de l’intérêt
général (pour le droit public) à côté des règles relatives aux
intérêts des particuliers (pour le droit privé).
Les critères formels soulignent que le mode d’action privilégié des
pouvoirs publics réside dans l’accomplissement d’actes juridiques
unilatéraux, soit des actes qui produisent par eux-mêmes des droits et
des obligations sans rechercher le consentement de leurs destinataires
(droit public).

En droit privé, les relations entre particuliers se nouent sur base de leur
libre consentement (ou accord de volonté) soit sur une base de rapports
contractuels. (l'autonomie de la volonté).

Ce principe veut qu'un individu qui exprime librement sa volonté soit


capable de créer des obligations et donc du droit. L'existence de cette
autonomie se justifie par ce que l'on nomme "les droits naturels",
suivant lesquels l'homme est libre à l'état de nature. Ce courant de
pensée a été porté par différents auteurs majeurs comme Grotius, Lock
ou Rousseau.

Un exemple classique de l'autonomie de la volonté est le fait de pouvoir


passer un contrat avec une autre personne
Les critères organiques, fondés sur la qualité des
personnes, soulignent la distinction fondamentale entre les
gouvernants et les gouvernés : le droit public est
«l’ensemble des règles qui s’appliquent au statut des
gouvernants, à leur pouvoir et à leurs rapports avec les
gouvernés », alors que le droit privé comporte « l’ensemble
des règles concernant les rapports entre gouvernés ».
Voir shémas
Le droit public au sens large comprend:

Le droit judiciaire qui décrit les règles d’organisation et le


fonctionnement des institutions judiciaires;
Le droit pénal et la procédure pénale qui décrit les
incriminations, les peines, la poursuite et le procès pénal;
Le droit fiscal qui comprend les règles en matière d’impôts
et taxes perçus par les autorités publiques.
Au sens étroit, le droit public se limite à trois disciplines :

Le droit constitutionnel : comprend « l’ensemble des règles


essentielles fixant au sein de l’État, d’une part, l’organisation, le
fonctionnement et les attributions des organes supérieurs de la
puissance publique et, d’autre part, le contenu et les garanties des
droits fondamentaux de l’individu ».
Selon la très belle formule d’Hauriou, il est essentiellement, « la
technique de la conciliation de l’autorité et de la liberté individuelle ».

Le droit administratif est une sorte de prolongement du droit


constitutionnel en ce qu’il décrit les règles, institutions et moyens
d’action des administrations qui mettent en œuvre les politiques
décidées par les gouvernants qui ont été traduites dans des lois et
règlements. Il s’agit de les exécuter au jour le jour, l’administration
étant en quelque sorte en charge de la gestion quotidienne de
l’exécution des décisions des gouvernants.
Le droit des finances publiques comprend l’ensemble des règles
relatives au budget de l’État, soit les ressources qui proviennent des
impôts et taxes et qu’il consacre au financement du fonctionnement de
ses institutions et à la mise en œuvre de ses politiques.

Encore faut-il ajouter le droit international public, qui régit les


rapports entre États au sein de la société internationale et leurs modes
de collaboration.
Figure 1: Les branches du Droit
2) Une branche du droit public interne

Une seconde classification vient s’ajouter à celle qui oppose


le droit public au droit privé, à savoir celle qui distingue le
droit international et le droit interne.

Le droit public est, schématiquement, le droit de l’État, on


distingue en son sein, selon qu’il s’agit des relations de
l’État avec d’autres États (ou entités internationales) ou des
relations de l’État avec les gouvernés ou avec ses propres
composantes, le droit public international et le droit public
interne.
Pour résumer, alors que le droit public international (DIP)
s’applique aux rapports entre États, le droit public interne
s’intéresse aux questions soulevées par l’intervention de la
puissance publique à l’intérieur d’un État déterminé.

Nb. : Le droit public interne comporte plusieurs sous-


ensembles :
le droit constitutionnel, le droit administratif, les finances
publiques …
B – Le contenu (ou l’objet) du droit
constitutionnel
Naissance du droit constitutionnel
B – Le contenu (ou l’objet) du droit constitutionnel

L’objet du droit constitutionnel ne peut être


saisi que par des approches successives:

1. Les éléments classiques de la définition de


ce droit
2. La dilution du droit constitutionnel
classique dans la science politique.
3. Le contenu du droit constitutionnel
contemporain
1. Le droit constitutionnel classique

Pendant très longtemps, le droit constitutionnel


a été un droit constitutionnel exégétique et a
eu pour objet principal l’étude des institutions
et de leur pratique.

Pour cette raison, ce droit fut souvent considéré


comme « la partie du droit public interne qui a
trait à l’organisation politique de l’État » ou
comme «l’ensemble des institutions
grâce auxquelles le pouvoir s’établit, s’exerce
ou se transmet dans l’État».
Autrement dit, le droit constitutionnel est
appréhendé essentiellement sous l’angle des
institutions, c’est-à-dire comme un droit
institutionnel.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le droit


constitutionnel, tel qu’il apparaît dans les
manuels de droit et tel qu’il est enseigné dans
les universités, se présente comme une
discipline juridique dont la structure est très
liée à celle de la Constitution et du régime
constitutionnel en vigueur:
Décrire de manière formelle les dispositions
constitutionnelles en analysant les règles
purement juridiques du jeu politique,
notamment les rapports fonctionnels entre le
pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le
pouvoir judiciaire, totalement isolés des
phénomènes socioéconomiques et des
comportements réels des acteurs politiques
• Approche confinée à l’étude des seuls
gouvernants en passant sous silence toute
référence aux autres institutions sociétales

• Conséquences néfastes de cette obsession


textuelle qui ne voit dans le fonctionnement
des institutions politiques que le technicité
juridique qui entraine souvent des lectures
idéalistes, artificielles et déformatrices des
pouvoirs publics et une mystification de la
réalité politique
• La méconnaissance des règles juridiques qui
régissent le fonctionnement des pouvoirs
constitués est certes dangereuse.

• En revanche, on ne peut pas comprendre de


tels pouvoirs publics qu’à travers le seul et
unique prisme juridique.

• La vraie vie politique se déroule loin et en


marge des règles constitutionnelles, d’où
l’apport de la science politique.
2) Le droit constitutionnel « politiste »

Le droit constitutionnel classique de premier âge a connu


une longue période de léthargie et de déclin.

Après la Seconde Guerre mondiale, le contenu du droit


constitutionnel évolue sous l’influence de la science
politique, initiée par Maurice Duverger. (Révolution
Duverger).

L’étude de l’Etat et des constitutions passe de l’âge


métaphysique à l’âge positif.
Cette nouvelle démarche soutient que, si
l’on peut étudier les régimes politiques en
ne les abordant que du point de vue du
droit, on ne peut les comprendre sans
philosophie politique, sans interprétation de
l’histoire des idées politiques, sans science
politique, à laquelle le modèle anglo-saxon
réserve une place d’honneur.
Nouvelle dynamique impulsée à la « chose
constitutionnelle »:

Au droit constitutionnel réputé comme étant élitiste,


conservateur et un moyen de faire dissimuler la
domination de certains groupes sur d’autres et de la
faire accepter va succéder un droit constitutionnel
contestataire, démystificateur et au service des masses.

Démocratisation de l’objet du droit constitutionnel en


s’intéressant aussi bien aux gouvernants qu’aux
gouvernés, aux pouvoirs constituées qu’aux pouvoirs
non constitués.
La vie constitutionnelle se trouve mêlée
intimement à la vie politique:

Analyse des acteurs et des forces politiques


aussi bien constitutionnelles qu’extra
constitutionnelles (partis politiques, groupes
de pression, techniques de représentations,
modes de scrutin, rapport de force ambiant
dans une société…
Les institutions politiques prennent place à
côté du droit constitutionnel
Cette nouvelle approche, aussi féconde soit-elle,
n’est pas exempte de tout reproche:

Ne s’intéresser qu’à des phénomène en lien avec


les institutions politiques, laisse de côté les
systèmes normatifs et les droits et les libertés
fondamentaux (composantes du droit
constitutionnel contemporain)

Confusion entre ce qui est normateur et relève de


la science juridique, et ce qui relève de
l’observation des phénomènes politiques, ce qui
induit dans les faits, à nier l’existence des aspects
juridiques des phénomènes politiques.
3) Le droit constitutionnel à l’âge des
systémistes

Pour mieux cerner la question du pouvoir et


le fonctionnement réel des institutions
politiques, il faut faire une analyse en
termes de systèmes
Le système politique est, la résultante du jeu des
forces politiques, et principalement des partis, dans un
certain cadre institutionnel et juridique, compte tenu
des cadres historiques, idéologiques, économiques et
sociologiques propres à cet Etat » (P. Pactet): Saisir les
systèmes politiques dans leur environnement propres

Approche prenant des mesures d’analyse trop


générales et traversée par des présupposés
idéologiques
Approche prenant de la distance vis-à-vis des règles
et des mécanismes juridiques.
4) Le droit constitutionnel contemporain

Un histoire marquée non pas par une lignée de substitution


mais par superposition de strates constitutionnelles
(élargissement d’objet, transformation de nature)
4) Le droit constitutionnel contemporain

Plusieurs facteurs participent à la revalorisation du droit


constitutionnel au sein de la science juridique et de la
science politique:
• Expansion du constitutionnalisme dû au phénomène de
la décolonisation
• Développement de la justice constitutionnelle
(Prolifération des cours et des conseils constitutionnels
• Diffusion de l’idéologie des droits de l’Homme
• Apparition d’une nouvelle génération de droits et sa
constitutionnalisation
• Un retour à la source, au texte, au droit mais autrement:

• Non pas au premier mouvement comme une lecture


exégétique, mais tel qu’il est interprété par un organe
extérieur au jeu politique: L’instance de contrôle de
constitutionnalité des lois

• Le droit constitutionnel devient de plus en plus


jurisprudentiel: Intérêt accru aux décisions et arrêts des
conseils et cours constitutionnelles, ainsi qu’à
l’interprétation du « bloc de constitutionalité »
De nos jours, le droit constitutionnel ne peut plus être enseigné comme
il l’était au XIXème siècle et au début du XXème siècle.

Dès lors, les définitions données précédemment ne correspondent plus


tout à fait à la réalité du droit constitutionnel qui présente, en réalité,
un triple objet :
• Le droit constitutionnel institutionnel :
Le droit constitutionnel régit les relations
entre les pouvoirs publics. En fait, il règle les
relations entre les pouvoirs constitués, c’est-
à-dire entre le pouvoir législatif et le
pouvoir exécutif. Il s’intéresse, aussi, à la
dévolution du pouvoir, à son exercice ainsi
qu’à sa transmission.
- Le droit constitutionnel des libertés :

Le droit constitutionnel régit les relations entre les


individus et la puissance publique, en conférant à
ceux-là un certain nombre de droits et libertés
fondamentaux.
Le droit constitutionnel normatif :

La création et le régime des normes juridiques


forment le troisième objet du droit
constitutionnel. En effet, la Constitution se
présente comme une « norme de production
des normes », ce qui signifie que les
compétences normatives puisent leurs sources
dans la Constitution, qui va consacrer leur
existence et leurs principales règles d’édiction.
Le droit constitutionnel peut, aujourd’hui,
être défini comme l’ensemble des règles
juridiques qui déterminent les relations
entre les pouvoirs publics, les droits et
libertés fondamentaux ainsi que la création
et le régime des normes juridiques.
Chapitre I
Le siège du pouvoir: L’Etat
1- Les conceptions théoriques de l’Etat

2- La définition juridique de l’Etat

3- Les éléments constitutifs de l’Etat

4- Les formes de l’Etat


Introduction du chapitre 1

Au sens juridique, le pouvoir politique est le phénomène


d’autorité ou de puissance détenu par les gouvernants;

Au sens de fonction, il correspond à un ensemble de


compétences (législatif, exécutif et judiciaire)

Au sens sociologique, Max Weber le définit comme « toute


chance de faire triompher au sein d’une relation sociale sa
propre volonté, même contre des résistances ».

Le pouvoir politique dispose du monopole de la violence


physique légitime.
Introduction du chapitre 1

Le support moderne du pouvoir politique est l’Etat.

Structure de commandement institutionnalisée soumise à


un droit spécifique, ayant pour support une personne
morale territoriale de droit public et souveraine.
Introduction du chapitre 1

Sur le plan historique, l’Etat est une forme de pouvoir politique


particulière qui s’est constituée en occident.

Structure spécialisée et stable.

Disposant du monopole de la contrainte légitime.

Suppose la dissociation entre les organes dirigeants et la


personne des ses titulaires.

Ses gouvernants sont soumis à la règle de droit.

Suppose le consentement à ses règles des gouvernés.


1- Les conceptions théoriques de l’Etat
Les conceptions théoriques de l’Etat

Les représentations théoriques de l’Etat sont multiples:

• Conception des philosophes (XVII et XVIII siècle): L’Etat


est un phénomène contractuel.

• Conception sociologique: L’Etat est un phénomène


conflictuel et produit d’un rapport de forces au profit
d’un petit nombre de gouvernants

• Conception juridique: Approche normativiste et


approche institutionnelle
Les conceptions théoriques de l’Etat
1.1 Théories philosophiques de l’Etat:
L’Etat comme expression d’un contrat social

L’Etat a pour origine un contrat conclu entre les hommes


lors du passage de « l’état de nature » (la vie n’est réglée
par aucune loi) à la « société civile » (organisant les
relations individuelles et les règles régissant celles-ci).

Ce contrat est pensé différemment selon les théoriciens:


a) Thomas Hobbes Le Léviathan (1651) (Voir vidéo)
- L’homme est naturellement mauvais

- Souscription tacite et par résignation à un contrat confiant le


pouvoir à une autorité incontestable qui lui garantirait l’ordre et
la paix civile.

- Aucun engagement personnel du Léviathan par ses dispositions

- la sécurité des personnes et des biens/renoncement à leur droit


individuel naturel au profit du seul souverain/ pouvoir absolu
(politique et religieux)
a) Thomas Hobbes Le Léviathan (1651) (Voir vidéo

- L’Etat forme une personne distincte de tous les individus qu’il


réunit/ une rupture entre l’agrégat social et l’Etat

- Le pouvoir est artificiel et illimité. Les abandons succèdent aux


abandons et rien ne reste en propre à l’homme.
- Ce contrat n’intéresse que les individus et le souverain n’y a
aucune part.

- Il n’est astreint à aucune obligation envers ceux qui ont choisi


de devenir ses sujets.

- Ceux-ci ont voulu en fait éviter l’anarchie qui caractérise l’état


de nature, préexistant à ce contrat.
b) John Locke (Traités du gouvernement civil (1690))

- Pour cet auteur du XVII e siècle, cet état de nature est au


contraire pacifique.

- C’est pour mieux garantir leur bonheur que les


individus ont choisi, individuellement, de passer un
contrat avec leur futur prince, charge à lui de pourvoir
au bien public en protégeant la liberté et la propriété,
sauf à rencontrer la résistence légitime des gouvernés.
b) John Locke (Traités du gouvernement civil (1690))

- L’homme est un être naturellement bon, raisonnable et


libre

- L’Etat n’est donc utile et légitime qu’autant qu’il permet


aux hommes de
« sauvegarder mutuellement leurs vies, leurs libertés et
leurs fortunes »

- Méconnaissance des droits individuels naturels donne


un droit légitime à l’insurrection/« trust » c'est-à-dire un
pouvoir confié dans les limites
(d) Jean Jacques Rousseau ( le contrat social)

Selon Rousseau les hommes sont initialement heureux et


libres dans l’état de nature, mais la civilisation a introduit
l’inégalité et l’esclavage.
Dès lors pour retrouver sa liberté,

« chacun de nous met en commun sa personne et toute sa


puissance sous la suprême direction de la volonté générale,
et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout. Chaque associé s’unit à tous et ne
s’unit à personne en particulier, il n’obéit ainsi qu’à lui-
même et reste aussi libre qu’auparavant. » (J.J.
ROUSSEAU, Du contrat social, 1762).
(d) Jean Jacques Rousseau ( le contrat social)

Ce contrat n’est pas un contrat entre les individus, ni entre


ceux-ci et leur prince. Le souverain n’est pas le prince, mais
la volonté générale dans laquelle chacun peut se
reconnaitre. La loi est l’expression de cette volonté.
L’intérêt de ces approches théoriques est de fonder le
pouvoir politique et donc l’Etat sur le libre accord des
individus.

Conception contractuelle rejetée en France en 1791 (La


nation institue de manière unilatérale le statut du pouvoir)

Influence la notion moderne de constitution pensée comme


la confirmation du pacte social même si les constitutions
modernes apparaissent comme l’expression unilatérale de
la volonté du peuple.
2. Théories de l’Etat chez les sociologues:

L’Etat est un phénomène conflictuel et produit d’un rapport


de forces au profit d’un petit nombre de gouvernants opposés
à un grand nombre de gouvernés.

Thèse soutenue par Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels


(1820-1895)

L’Etat n’est que le résultat de lutte de classes et la domination


de l’une d’elles (la bourgeoisie) sur l’autre (le prolétariat).

Nie que puisse exister un intérêt général –Res publica-


surplombant l’intérêt particulier des gouvernants ou de la
classe dominante dont la sauvegarde et la promotion sont
confiés à l’Etat.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche normativiste
Identifier le droit à l’Etat

Regarder l’Etat comme un ordre juridique

Hans Kensel: « L’Etat est un ordre juridique » et seulement


cela.

L’Etat est un ensemble structuré et hiérarchisé de normes,


ayant la Constitution au sommet, et couvrant une
population et un territoire donnés, eux-mêmes définis pars
des normes juridiques.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche normativiste

« Etat et droit coïncidant » Kans Kelsen: L’Etat n’est rien d’autre


que la personnification d’un ordre juridique.

Cet ordre juridique se distingue par l’institution de la contrainte:


C’est un ordre de contrainte

L’Etat n’a pas d’existence en tant qu’entité distincte du droit et


extérieure à lui.

Maurice hauriou reproche à cette définition kelsénienne d’être


« exclusivement idéaliste »: l’Etat apparait comme un système de
normes et de procédures duquel ont disapu les acteurs, les êtres
réels (Hauriou)
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche normativiste

Or, l’Etat ne peut être réduit à un ordonnancement de règles,


l’Etat reste une réalité politique qui n’est pas à l’abri des guerres,
des révolutions ou coup d’Etat, ce qui impose que des décisions
soient prises indépendamment des normes juridiques formelles.

La situation normale étant la seule envisagée par la théorie


normativiste, et étant la seule à fonder la validité normative.
Une norme n’est valide que lorsqu’elle est posée conformément à une
autre norme du système
(Constat: aporie du normativisme)
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

Selon cette approche, l’Etat est une institution

C’est le résultat d’un processus d’institutionnalisation du


pouvoir, qui s’inscrit dans le temps.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

Maurice Hauriou (1856-1929), doyen de la faculté de droit


de Toulouse, a présenté l’Etat sous la forme d’une
institution, d’une personne morale et en tant qu’institution,
il dispose d’un statut dont les créateurs déterminent
librement le contenu.

L’état est une personne morale de droit public. Cette


affirmation conduit d’abord à dire que l’état n’a pas
d’existence concrète, physique.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

L’état existe car il est pensé, c’est un concept. Mais l’Etat existe
bel et bien. L’état a tout de même une existence juridique. Il est
possible de parler de droit et d’obligation de cette personne
morale qu’est l’état.

Sa personnalité morale est le résultat d’une institutionnalisation


du pouvoir politique donc dire l’état est une personne morale
c’est dire que l’état est une personne juridique se détachant de la
personne physique des gouvernant.
L’état n’est pas les gouvernant mais une institution qui ne se
confond plus avec la personne qui l’exerce.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

D’une part à l’origine de l’état il y d’abord une volonté


d’atteindre un triple objectif:

Renforcer la légitimité de ceux qui détiennent le pouvoir en


faisant oublier les circonstances de leur venue au pouvoir, mieux
gérer les successions et assoir leur suprématie sur les autres
pouvoirs en affirmant leur souveraineté.

Cela ne peut être atteint que par une institutionnalisation qui


transfert le pouvoir de personnes à une entité abstraite, l’Etat.

.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

D’autre part, avec le pouvoir individualisé, la vie sociale


est mise en danger lorsque le pouvoir devient vacant,
lorsque le chef disparait. C’est pour cette raison que le
pourvoir doit pouvoir se transmettre pacifiquement.

Il est donc indispensable d’impersonnaliser le pouvoir et


ainsi assurer sa pérennité. Pour ce faire, il faut en arriver au
pouvoir fonction qui repose sur la dissociation des
individus qui l’exercent. Il faut objectiver le pouvoir. Ainsi,
il va se séparer de la personne qui l’exerce et
s’institutionnaliser.
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

L’institutionnalisation du pouvoir est donc la création de l’Etat


en tant que support permanent du pouvoir, indépendant de la
personne éphémère des gouvernants.

Une institution est une création explicite de la volonté des


hommes, elle n’est pas un phénomène naturel, qui a vocation à
durer au-delà d’une vie d’homme et qui se caractérise d’abord
par sa permanence.
Forme stable d’organisation sociale qui a vocation à durer, donc
à survivre aux hommes qui l’incarnent et la font agir dans la vie
concrète
3. Théories de l’Etat chez les juristes:

a) Approche institutionnaliste

Georges Burdeau

« Les hommes ont inventé l’Etat


pour ne pas obéir aux hommes »
2- La définition juridique de l’Etat
La L’Etat est une « personne morale » de droit
public, dont la souveraineté la distingue des
autres personnes morales.

• Cette personne est certes fictive (elle n’a pas


d’existence physique), mais c’est une fiction
nécessaire et utile pour régler les rapports entre
les hommes sur des bases autres que la force.

• L’Etat n’est pas la seule institution à qui est


reconnue la personnalité juridique.
2.1- L’Etat est une personne morale:

Une personne juridique est un sujet de droits et


d’obligations.

La personne juridique est un « être juridique » original, qui


a un nom qui lui est propre, une volonté qui lui est propre.

Ceci à la différence des choses, objets et non sujets qui n’ont


pas de volonté et ne peuvent pas agir ni être des acteurs de
la vie juridique.
2.1- L’Etat est une personne morale:

On distingue les personnes morales des personnes


physiques.

La personne physique: Tout être humain en sa qualité


d’être humain , est une personne physique.

Le droit le constate, en prend acte et en tire les


conséquences.
2.1- L’Etat est une personne morale:

En revanche, la personne morale est un concept juridique,


une construction intellectuelle, un produit de la raison.

Assimilée à de la fiction, car elle a une existence juridique


dans le monde des idées mais pas de constance physique.
2.1- L’Etat est une personne morale:

Plusieurs groupements humains ont une personnalité morale:


Une société civile, une association, un syndicat, un parti
politique.
Existence d’une volonté propre, et d’intérêts particuliers distincts
de celles et de ceux de ses membres (personnes physiques), et
distincts aussi de celle et de ceux des personnes qui les
représentent (organes).

La raison d’être est alors la sauvegarde et la promotion de


l’intérêt propre du groupement, qui ne se confond pas avec celui
de ses membres.
2.1- L’Etat est une personne morale:

L’Etat est donc une construction juridique destinée à


prendre en charge de façon permanente les intérêts
communs à une population, au-delà des intérêts
individuels de chacune des personnes physiques
composant cette population, et indépendamment des
personnes physiques (le gouvernants) qui agissent en son
nom.
2.1- L’Etat est une personne morale:

Distinction entre la personnalité de l’Etat et la personnalité


physique des gouvernants qui sont « la figure visible d’une
réalité invisible » Philippe Braud
2.1- L’Etat est une personne morale:

L’Etat est une personne morale de droit public (à la


différence d’une société, d’une association, d’un syndicat,
d’un parti politique qui sont des personnes morales de
droit privé.

L’Etat est lui seul en charge de l’intérêt général, de la Res


publica –la chose commune à tous- contrairement à la Res
privata.
2.1- L’Etat est une personne morale:

Pas de confusion avec intérêt collectif.

Les collectivités territoriales (Régions, Préfectures et


provinces, communes) ainsi que les établissements publics
(Hôpitaux lycées universités) sont aussi en charge d’un
intérêt général, mais c’est un intérêt général subordonné ,
intérêt local ou un intérêt public (objet plus restreint): des
personnes morales créées et contrôlées par l’Etat. C’est la
personne morale initiale
2.2- La continuité de l’Etat:

Les actes de l’Etat engagent celui-ci indépendamment de


ceux qui les ont pris en son nom- les gouvernants-

Sur le plan intérieur: Ex les grands emprunts


Su le plan extérieur: Les traités internationaux
Ces actes continuent d’avoir des effets juridiques après le
départ ou la disparition des gouvernants.

Exception lors des situations révolutionnaires où il y a un


renversement de l’ordre politique et social (ex la révolution
bolchévique de 1917)
2.2- La continuité de l’Etat:

De façon générale, les lois de l’Etat continuent de rester en


vigueur même après abrogation de certaines d’entre elles .

Les lois appliquées par un Etat sont parfois très anciennes.


Ex en France le code civil napoléonien reste en vigueur
même sensiblement remanié.
• Le Code civil ou Code Napoléon, regroupe les lois
relatives au droit civil. ... Il a été promulgué le 21 mars
1804, par Napoléon Bonaparte sous le nom de Code
civil des Français, il prend le nom de Code
Napoléon en 1807.

• En Europe, la Belgique, les Pays Bas (Code néerlandais


de 1838), l'Italie (Code italien de 1868), l'Espagne et le
Portugal s'en inspirent. Aux Etats Unis, l'Etat de
Louisiane utilisa le Code Napoléon comme source de
base de son propre code.
2.3- La souveraineté de l’Etat:

Signifie qu’aucune organisation ne lui est supérieure ou


concurrente.
Différente de la souveraineté dans l’Etat qui désigne
l’autorité détentrice du pouvoir en son sein.
2.3- La souveraineté de l’Etat:

La souveraineté à l’intérieur:
Autorise l’Etat à commander et à régir la population placée
sur son territoire.

L’Etat fixe ses attributions et les règles qui les organisent


(sa constitution)

« Il a la compétence de la compétence » selon la formule du


juriste allemand Jellinek
2.3- La souveraineté de l’Etat:

La souveraineté extérieure lui permet de décider et d’agir


en toute indépendance.

Sur le plan intérieur, l’Etat est la source du droit et sur le


plan extérieur, il n’a aucune limitation sauf le respect des
droits des autres Etats.
• Quelles sont les limitations à la souveraineté
de l’Etat?
Les éléments constitutifs de l’Etat

Le territoire

L’Etat exerce son autorité sur un territoire


Délimité par des frontières.
Contribue à forger un sentiment d’identité commune pour
tous les habitants.
Il n’y a pas d’Etat sans territoire.
Pour Maurice Hauriou, l'Etat est "un phénomène essentiellement spatial" ; il
n'y a pas d'Etat sans territoire.
La dimension territoriale est sans effet sur l’Etat
Les îles Nauru (21 km2)
La France et ses départements d’outre mer
Les Etats Unis avec l’Alaska et et les iles Hawaï
Les éléments constitutifs de l’Etat

Le territoire

Frontières naturelles et frontières artificielles

Naturelles: lignes de crête, de partage des eaux (le Rio


grande entre le Mexique et les USA) ou le Rhin entre la
France et l’Allemagne.
La modification naturelle peut provoquer des conflits
(l’opposition entre l’ex union soviétique et la Chine lorsque
le fleuve Amour changea le cours de son lit)

Artificielles: Lignes, géométriques, courbes


Les éléments constitutifs de l’Etat

Le territoire
Frontières terrestres, frontières maritimes et frontières aériennes

Terrestres: Sol et sous sol

Maritimes: Leur délimitations suscitent quelques difficultés surtout lorsque


unilatérales
Convention de l’ONU 1982 ( 12 miles nautiques à partir de ses eaux intérieures
Les frontières de l’Etat s’étendent à 200.000 miles sur lesquels s’exerce le droit
d’exploitation et de protection de ressources naturelles.
La haute mer est accessibles à tous les Etats « patrimoine commun de
l’humanité »
La définition de frontières et de délimitations en milieu maritime a des enjeux
considérables du point de vue du partage des ressources (halieutiques,
énergétiques, minières) et de la gestion des droits de passage.

Aériennes: L’espace situé au dessus du territoire terrestre et maritime, à


l’exception de l’espace atmosphérique
Les éléments constitutifs de l’Etat

Le territoire
Le territoire d’un État doit être doublement respecté.

D’une part, il doit être respecté par les autorités de l’État lui-
même car il définit les limites de leurs compétences: au-delà des
frontières nationales, les autorités nationales sont incompétentes,
elles ne peuvent plus agir.

D’autre part, il doit être respecté par les États étrangers qui ne
doivent rien entreprendre qui porterait atteinte à son intégrité
(principe du respect de l’intégrité territoriale des États en droit
international public). Et corrélativement, l’État a le droit de
défendre l’intégrité de son territoire. C’est une de ses fonctions
régaliennes (fonctions que seul l’État peut et doit accomplir, sans
possibilité de délégation à des personnes privées).
Les éléments constitutifs de l’Etat

Le territoire

La souveraineté est intimement liée au territoire

Le contenu de la souveraineté territoriale de l’État sur son territoire:


Seul l’État est en droit d’intervenir en légiférant, en réglementant, en
menant des opérations matérielles (intervention de ses agents sur le
terrain).

Les États étrangers ne le peuvent pas sans son accord (compétence


territoriale exclusive).

Sur son territoire, l’État est libre de ses choix politiques: il choisit sa
législation, sa réglementation, et plus largement son organisation
politique (compétence territoriale absolue).
Les éléments constitutifs de l’Etat

La population

Communauté humaine vivant sur le territoire de l’Etat

On distingue au sein de la population les nationaux et les non


nationaux ou étrangers

Pas de coïncidence entre population d’un Etat et les nationaux


d’un Etat

Les nationaux ne résident pas tous sur un territoire alors que les
étrangers peuvent y vivre

La population peut être très réduite: Ile de Nauru 6000 habitants,


Monaco. Il suffit que la collectivité internationale reconnaisse
l’existence del’Etat
La Nation est un groupement humain uni par des liens de
solidarité matérielle et spirituelle qui la distingue des
autres nations.

Conception objective, d’origine allemande: La nation est


un agglomérat d’éléments objectifs tels que la langue, la
religion, la culture et surtout la race (thèse allemande de
Fichte).
Nazisme de Hitler : Supériorité de la race Aryenne qu est la
race allemande (la sang et la langue)
Le volk: Le peuple allemand élu « le génie culturel »
Conception subjective: D’origine française

Retient des éléments ethniques en leur ajoutant des


données historiques économiques et spirituelles mais met
surtout l’accent sur l’aspect volontariste à savoir le désir
de vivre ensemble.
L’idée de la Nation se caractérise par le sentiment de
solidarité et le désir de vivre ensemble Michelet et Rénan
La nation c’est un rêve d’avenir partagé G. Burdeau:
Accent mis sur l’avenir. La communauté des rêves (A.
Malraux)
• L’Etat Nation subit une crise profonde (Affirmations de
particularismes ethniques, régionaux, linguistiques,
culturels religieux ) rendant problématique l’identité
nationale.

• Au Maroc , selon le préambule de la constitution, la


nation est l’aboutissement de la convergence de
plusieurs composantes arabo islamique, amazighe et
arabi hassanie en se nourissant et en s’enrichissant de ses
affluents africains, andalous, hébraïque et
méditerranéen.
Pas de coïncidence obligatoire entre l’Etat et la nation.

Etat composé de plusieurs nations: Ex URSS et actuelle


Russie, Union indienne
Les éléments constitutifs de l’Etat
Une organisation politique et juridique

Désigne l’appareil d’Etat, le gouvernement au sens large

Cette organisation soit détenir le monopole de la contrainte organisée et


légitime (Max Weber): En dehors de son consentement aucun autre pouvoir ne
peut s’imposer.

Doit exercer un contrôle effectif siur son territoire

Doit être en mesure d’être obéie


Coexistence de : - Gouvernants disposant de l’administration et du monopole
de la contrainte légitime
- Investis de compétences les autorisant à commander et à faire appliquer les
décisions de l’Etat, - Gouvernés acceptant ses ordres et respectant ses décisions.

La nature autoritaire ou démocratique n’affecte en rien l’existence de l’Etat et


sa continuité
Les formes de l’Etat

L’Etat unitaire

C’est la forme la plus simple de l’organisation adoptée par de nombreux pays:


Maroc, Tunisie, Algérie, France, Grande Bretagne.

Il se caractérise par l’unité du pouvoir qui apparait par le fait qu’il existe un
seul appareil gouvernemental qui adopte une seule constitution, et applique
une seule législation sur l’ensemble du territoire.

Au sein de l’Etat unitaire, le pouvoir central peut devenir l’essentiel de


l’autorité ou se décharger au profit des collectivités de certaines compétences:
Les formes de l’Etat

L’Etat unitaire

Il existe plusieurs modalités d’organisation de l’Etat unitaire:

La centralisation
La déconcentration
La décentralisation
La régionalisation
La centralisation

Un Etat est centralisé lorsqu’aucune personne publique n’existe en dehors de


lui et que les organes dirigeants de l’Etat exercent toutes les compétences.

Une seule personne morale assume seule l’exercice du pouvoir , et détient


seule la souveraineté.

Système anachronique, loin d’être démocratique

Alourdit le processus de prise de décision (devoir remonter au niveau central


pour la gestion quotidienne des affaires des citoyens

Dans les Etats modernes, situation érodée par la mondialisation et par la


décentralisation
La déconcentration
Moyen utilisé par l’Etat pour améliorer son efficacité et pour éviter
un regorgement en délégant localement aux autorités locales une
partie de ses pouvoirs.

Certaines décisions sur le plan local seront prises par les agents
locaux et non par le pouvoir central.

Ces agents sont tenus par un pouvoir hiérarchique et y sont


entièrement soumis.

A l’avantage de prendre en considération les besoins locaux, mais


limité politiquement car la population locale n’est pas consultée et
ne peut pas décider elle-même.

Au Maroc, le wali et le gouverneur sont des autorités déconcentrées


par excellence
La décentralisation

La décentralisation est un processus d’aménagement de l’État


unitaire qui consiste à transférer des compétences administratives
de l’État vers des entités (ou des collectivités) locales distinctes de
lui, jouissant de la personnalité morale sous le contrôle de l’Etat.

L’Etat leur délègue, par voie législative, un certain nombre de


compétences: Compétence d’attribution, dont l’Etat fixe lui-même
les limites.
Au Maroc, les origines de la décentralisation remontent à la charte
communale de 1960 mais c’est surtout la loi-délégation constituée par le
Dahir du 30/09/1975 sur l’organisation communale qui a donné à la
décentralisation une teneur plus importante.

Ce dahir sera modifié par le Dahir du 03 octobre 2002, la loi n° 78.00


portant charte communale et la loi organique n°113-14 (2014) relative aux
communes.
La régionalisation

Conçue comme un moyen pour élargir le champ démocratique et


pour impulser le développement économique et social.

Suppose la reconnaissance à la collectivités régionales plus vaste


que la collectivité locale d’une large autonomie administrative,
économique et parfois politique qui se traduit par l’élection au
suffrage universel direct d’une assemblée régionale et de différents
organes délibératifs.
La régionalisation

Des modalités variables et à différents niveaux:

Volume des compétences déléguées par le pouvoir central aux


collectivités régionales

La taille des collectivités régionales et leur poids démographique et


économique

L’importance des ressources financières et fiscales de l’entité


régionale
La régionalisation

Distinction entre:

la régionalisation de type aménagement du territoire (forme de


déconcentration dans le domaine économique)

La régionalisation politique en tant que forme de décentralisation


plus accentuée ( Italie, Espagne, Grande Bretagne, France…)
Les formes de l’Etat

L’Etat fédéral

Répond à un double besoin d’unité et de diversité: Créer un pouvoir unique


permettant de satisfaire certains besoins communs des collectivités sociales
distinctes tout en conservant à celles-ci lleur particularisme.
Apparu e, 1787, il est de nos jours très répandu: La suisse, l’Allemagne, les
Etats Unis, la Russie, le Canada, le Mexique, le Brésil, l’Australie, l’Afrique du
sud, la Belgique, l’Argentine, le Venezuela, l’Autriche, l’Inde; la Malaisir, le
Nigeria, l’Irak

Deux formes de fédéralisme:


Le fédéralisme par association: Etats Unis, Suisse

Le fédéralisme par dissociation: Belgique


Le fédéralisme par association

Le fédéralisme par association, intégration ou agrégation peut


être qualifié comme cette situation où un ensemble d’Etats
désirent mettre en commun leurs moyens tout en conservant
leur indépendance.

En guise d’exemple, on peut citer les 13 premières colonies


britanniques d’Amérique du Nord qui se rassemblèrent à la
fin du XVIIIème siècle pour former les ETATS-UNIS.

Autre exemple historique : les 10 cantons suisses qui vont


unir leur volonté à partir du XIVème siècle pour donner
naissance à la confédération helvétique, qui est bien une
fédération d’Etats.
Le fédéralisme par dissociation
Le fédéralisme par dissociation, désintégration ou
désagrégation évoque l’idée d’un ETAT unitaire qui se
décompose en plusieurs entités auxquelles est confiée
l’autonomie politique et juridique.

On peut citer comme exemple l’ancienne URSS qui était


auparavant un empire appelé la RUSSIE et que l’on va
décomposer en plusieurs Etats après la révolution
d’octobre 1917.

On peut donc considérer que la fédération est une


concrétisation d’une idée de rencontre ou de séparation.
Les principes du fédéralisme
https://www.youtube.com/watch?v=-DKeu6bkzS4

Ces principes sont consacrés explicitement par les


constitutions fédérales des Etats.

a- Le principe d'égalité
Le principe d'égalité est l'un des piliers du système fédéral, il
garanti aux Etats membres une égalité de traitement sans
aucune distinction liée à l'ancienneté ou au poids politique,
démographique au sein de l'union.
Les principes du fédéralisme

b- Le principe participation
La participation des Etat fédérés à la direction de la
politique fédérale s'opère par leur participation au sein des
instances fédérales chargées d'élaborer cette politique, et
d'effectuer les révisons du pacte fédéral.

Ce principe est une certaine garantie de leur implication à


toutes modifications du traité qui leur confère leur droit. Le
fait qu'il y ait plusieurs dirigeants politiques (issus des
Etats fédérés) associés à l'action du gouvernement fédéral
rend cette action beaucoup plus transparente et intensifie
la démocratie (séparation des pouvoirs, liberté et
autonomie des institutions...) au sein de l'Etat fédéral.
Les principes du fédéralisme

c- Le principe d'autonomie
Parmi les principes précités, le principe d'autonomie est celui qui permet le
développement des institutions, des normes juridiques propres au territoire de
l'Etat fédéré.

Cette autonomie est une autonomie de décisions, de gestion dans plusieurs


domaines (fiscalité, police, éducation...) sans qu'aucune tutelle de l'Etat fédéral
ne soit crainte.

Les compétences entre l'Etat fédéral et les Etats fédérés sont réparties sur la
base du principe de subsidiarité, ce qui empêche l'Etat fédéral d'intervenir
dans les domaines qui ne sont pas les siens.
La confédération d’Etats
• Une confédération est un mode d’association entre différents États. Ceux-ci
restent indépendants, mais ils concluent entre eux un accord par lequel ils
se lient afin de gérer en commun certains de leurs intérêts. La confédération
a donc pour source un traité de droit international et est régie par les règles
du droit international.

• Dans une confédération, les États ne confient que des compétences


restreintes au niveau de pouvoir commun, c’est-à-dire à l’organe créé pour
gérer les matières mises en commun (le plus souvent, il s’agit d’une
assemblée délibérante fonctionnant sur le mode de la conférence
diplomatique). En règle générale, ces compétences se limitent à une
association économique, monétaire, douanière et militaire.

• Dans une confédération, la structure commune n’a de lien politique direct


qu’avec les États membres, jamais avec leurs habitants.

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