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Business Law - Droit des contrats

Introduction

« Toute société a besoin du droit et tout droit est un produit social »

Ces deux phrases signifient que le droit est le résultat d’un processus répondant à un besoin
social, celui de vivre en société.

Le droit est l’ensemble des règles de conduite qui, dans une société donnée, régissent les
relations entre les Hommes et qui s’imposent à eux. La violation de ces règles pourra, le cas
échéant, être sanctionnée par l’autorité étatique.

En conséquence, le droit ne peut être restreint à la sanction. En cela, la sanction n’est pas
une condition d’existence du droit mais un élément indispensable pour assurer son efficacité
et son application.

Exemple  : Voter en France est un droit et s’abstenir n’est pas sanctionné. La Belgique ou le
Luxembourg par exemple sanctionnent financièrement ceux qui ne votent pas, un récidiviste
encourt une amende de 137€.
La contrefaçon de billet ou de monnaie est passible d’une amende de 450.000€ et de 30 ans
de prison.
La contrefaçon d’ouvrages ou toute reproduction d’une œuvre d’esprit (le plagiat) est puni de
300.000€ d’amende et 3 ans de prison.

Lorsqu’il est édicté et sanctionné par l’Etat, le droit a pour objectif d’assurer au sein des
relations sociales la liberté et l’autorité.
Le droit est un terme général qui correspond en fait à plusieurs catégories ou branches
juridiques :

• La première grande distinction se fait entre droit public et droit privé

Le droit public est l’ensemble des règles qui régissent et organisent les rapports entre l’Etat
et ses administrations, et entre l’Etat et les particuliers
Ce droit vise à soumettre l’Etat au droit et mettre en place un Etat de droit pour éviter qu’il
n’abuse de ses pouvoirs, qu’il recourt à l’arbitraire et pour protéger les droits et libertés des
individus.

Le droit privé est l’ensemble des règles juridiques régissant des rapports entre particuliers,
qu’ils soient des personnes physiques ou personnes morales (groupement de personnes ou
de biens), et dans certaines hypothèses entre des particuliers et l’Etat.
Il regroupe également différentes branches tel que le droit des affaires, le droit du travail, le
droit des sociétés…

Le droit des contrats est l’une des branches du droit privé les plus concrètes utilisées et
utiles pour le monde des affaires. Connaître ce droit constitue donc un atout pour toute
personne qui souhaite agir dans la vie économique ou en tant que simple consommateur.
Exemple  : Tout acte d’achat repose sur un contrat, que celui-ci soit écrit ou oral

I) L’importance du droit des contrats dans le domaine économique

De prime abord, l’économie, l’entreprise et le droit ne semblent pas avoir de liens.


Toutefois, et pour différents aspects, ces 3 éléments sont interdépendants. L’économie peut
être définie comme « l’ensemble des activités humaines et des ressources concourant à la
production et à la répartition des richesses ».

Même pour les plus libéraux au sens économique, la liberté doit s’accompagner de règles.
Le marché et l’économie doivent être soumis à un minimum de normes. De plus, les libéraux
préfèrent le contrat à la loi pour gérer les droits et devoirs de chaque partie, dans le cadre
des relations commerciales.

Des lors, le droit apparaît inséparable du processus économique. Le droit répondant à un


besoin social, il ne doit pas être couper des réalités économiques. Il a pour but d’encadrer
des phénomènes entrepreneuriaux et d’instaurer un climat propice au développement
économique et des sociétés.
Cependant, dans certains cas, le droit peut être considéré comme un obstacle à la vie des
affaires. En effet, d’autres préoccupations de type social ou politique peuvent être
privilégiées au détriment des intérêts économiques.
Dans cette hypothèse, les milieux d’affaires chercheront donc à influencer le contenu des
règles.

Exemple  : Donald Trump souhaiterait abaisser l’Impôt sur les Sociétés (IS) de 35% à 15%.
En France, les règles qui s’imposent aux sociétés dépendent de l’effectif. Ainsi, dès que
l’entreprise dépasse 50 salariés, prés de 35 normes administratives et fiscales
supplémentaires s’appliquent.
L’entreprise et le contrat présentent deux liens majeurs :

- Le contrat est le fondement juridique et l’acte de création de toute société


commerciale. Si l’entreprise est une notion économique, la société constitue
l’encadrement juridique de cette activité. En France, une entreprise devient une
société dès son immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS).
Cette inscription permet à l’entreprise d’obtenir une personnalité juridique qui
permet de la distinguer des membres qui la composent. Cette immatriculation
implique également une séparation des patrimoines entre société et patrimoine des
associés. Créer une société permet de protéger les associés qui voient, dans la
plupart des situations, leur engagement, notamment financier, limité à leur apport.

- Le contrat est inséparable du fonctionnement d’une société et peut être envisagé


comme un instrument essentiel de la vie économique. Il permet de définir,
d’encadrer, et de prévoir les relations commerciales et les solutions possibles en cas
de conflit entre les partenaires. Certains contrats peuvent être d’une complexité et
d’une quantité importante. Exemple : Le contrat de vente d’un avion commercial
dont l’exploitation et l’entretien peuvent se dérouler sur plusieurs dizaines d’années,
peut contenir 150 pages sans compter les annexes techniques.
Malgré leur caractère privé, de nombreuses règles relatives au contrat ont une origine
publique dans la mesure où les grands principes de ce droit sont définis par le Code Civil.
Dans l’article 1101 du code civil, le contrat est « un accord de volontés entre deux ou
plusieurs personnes destinées à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations ».
De plus, et selon la jurisprudence (décision rendue par les tribunaux), un contrat conclu
entre 2 personnes privées est un contrat de droit privé sauf si l’une des personnes agit pour
le compte d’une personne publique.

Le droit des contrats peut être défini comme l’ensemble des règles juridiques applicables au
contrat et cela de sa formation à son exécution à son extinction et destinées à déterminer
les droits et les obligations de chaque partie (aussi appelés contractants)

Ce droit permet d’anticiper ce qu’il se passe pendant la vie du contrat, de connaître les effets
possibles en cas de contentieux ou en cas de violation par une partie de ces obligations. A
cet égard le contrat est un élément de prévisibilité et de sécurité juridique.

Ces 2 éléments sont importants pour les milieux économiques. En effet, comment
développer une activité, comment investir des sommes importantes, si au préalable des
partenaires.

Le contrat est un acte juridique, ce n’est donc pas un fait juridique. Cette distinction entre
acte et fait est importante :
- Un acte juridique exprime une manifestation de volonté, un acte intentionnel, il
émane d’une personne juridique et est destiné à produire des effets de droits.
- Un fait juridique est un événement qui se produit indépendamment de la volonté de
leurs auteurs mais qui produits des effets juridiques.

L’article 1100 du code civil réaffirme cette distinction en précisant que « les obligations
naissent d’actes juridiques, de faits juridiques ou de l’autorité seule de la loi »

II) Un droit reposant sur les principes essentiels fondant des relations contractuelles

A) L’autonomie de la volonté

Tout contrat repose sur un accord de volonté et implique des obligations pour des parties.
Cela dit, et à cause des interventions multiples du législateur, le principe de l’autonomie ne
constitue plus l’unique fondement de la force obligatoire des contrats.

Selon ce principe, les parties peuvent librement choisir leurs partenaires, de conclure ou non
des contrats et de déterminer leur contenu ou leur clause. Mais cette liberté n’est pas totale.
Certains contrats sont devenus obligatoires ou certains éléments de ceux-ci sont imposés
par le législateur
Exemple  : Tout automobiliste doit avoir absolument un contrat d’assurance auto

B) Le principe de la liberté contractuelle

Certains contrats contiennent des dispositions que les parties ou l’une d’elles ne peuvent
négocier. Ce sont par exemple des contrats d’adhésions qui sont définis par l’article 1100 du
code civil dont les conditions générales sont définies à l’avance par l’une des parties et ne
peut être négocier. Le choix du client se limite à signer ou non le contrat.
A l’inverse, certaines activités ne doivent pas faire l’objet d’un contrat
Exemple  : Prostitution, tabac

C) Le principe de consentement des parties

Le consentement apparaît comme élément majeur du contrat. Selon l’article 1128 du code
civil, le consentement est l’une des trois conditions essentielles pour qu’un contrat soit
valide, c’est à dire doté d’une force obligatoire pour les parties

Le consentement mutuel des parties est nécessaire pour modifier ou pour se retirer d’un
contrat.

D) Le principe de la force obligatoire des contrats

Ce principe fait du contrat l’une des sources principales des obligations que les parties
doivent respecter.
Ce fondement est si majeur que le législateur accorde une force particulière au contrat en
soulignant dans l’article 1103 du code civil que « les contrats légalement formés tiennent
lieu de loi à ceux qui les ont faits »
Cela ne signifie pas que les contrats ont la même valeur juridique qu’une loi. En effet, une loi
s’impose à d’autres personnes que les parties, seul le parlement a le droit d’adopter des lois.
Cela signifie néanmoins que les parties sont tenues d’exécuter leurs obligations dès qu’ils se
sont engagés et ne peuvent s’y soustraire

E) Le principe de foi

Pendant leur négociation, formation et mise en œuvre, les contrats doivent être appliqués
comme le souligne l’article 1104 du code civil.
Ce principe est si important que le code civil précise qu’il est d’ordre public, c’est à dire
prévu et rendu obligatoire par la loi et qui s’impose aux parties qui ne peuvent, même par
accord, s’y soustraire.

En d’autres termes, les parties peuvent avoir un comportement honnête, intègre, loyal et ne
pas faire preuve de mauvaise volonté ou d’attention malveillante. La bonne foi consiste
également à vouloir respecter les termes du contrat.

F) Une relation contractuelle censé reposer sur l’égalité et l’équilibre entre les parties

Si ces deux aspects sont censés guider le contrat, certaines conventions font apparaître une
inégalité entre les partenaires

Un déséquilibre existe par exemple entre un professionnel et un consommateur ou entre


employeurs et salariés
Premier instrument : Distinction entre obligation de résultat et obligation de moyens

Dans le cadre d’une obligation de résultat, celui qui est soumis à cette obligation où le
débiteur (celui qui doit quelque chose) doit parvenir à un résultat déterminé.
Ne pas parvenir à ce résultat suffit d’engager sa responsabilité pour non respect des clauses
contractuelles sauf non respect du contrat
Exemple  : Le transporteur d’un colis est tenu de le livrer en bon état et parfois à une date
déterminée

Le débiteur est autorisé à tout mettre en œuvre et utilisé toutes les ressources à sa
disposition pour parvenir au résultat espéré. A défaut, sa responsabilité ne sera pas engagée,
seul son manquement à son devoir de vigilance pourra fonder une action en justice.

Deuxième instrument : L’une des parties peut être soumise à une obligation de
renseignement, d’information ou de publicité quant au produit ou service proposé. Dans
certains cas, il doit respecter une obligation de sécurité quand le produit est susceptible de
présenter un risque pour la santé ou la sécurité des personnes
Exemple  : Garagistes, avocats, notaires sont soumis à une obligation de renseignement dans
les contrats de service qu’ils proposent

Troisième instrument : Des lois ont été adoptées afin de protéger les consommateurs qui,
face à des produits ou des services de plus en plus complexe, les placent dans une situation
d’infériorité technique par rapport aux professionnels.

Selon l’article L221-18 du code de la consommation, un consommateur dispose d’un délai de


14 jours pour exercer son droit de rétractation pour un contrat conclue à distance à la suite
d’un démarchage téléphonique ou d’une commande sur internet et ce sans avoir à motiver
sa décision ni à prendre en charge d’autre couts que se lier au renvoi du produit.

Toute clause qui remet en cause ce droit du renvoi est nulle et n’a aucune valeur juridique.

Selon l’article L453-6 du code de la consommation, le fait de délivrer, d’utiliser


frauduleusement le signe Agriculture Biologique est puni d’une amende de 300.000€
d’amende et 2 ans de prison.
III) La diversité des relations contractuelles  : raison d’une multitude de formes de contrat

La diversité des contrats reflète la variété et la complexité des relations familiales, sociales
et/ou économiques.

Un contrat civil peut être conclu par n’importe quelle personne privée physique ou morale.

A) La distinction entre contrat consensuel, contrat solennel et contrat réel

1. Les contrats consensuels

Ce type de contrat nait de la seule volonté et du consentement des parties. Aucune forme
particulière n’est exigée. En conséquence, il peut être écrit ou verbal. Ce dernier pose
toutefois quelques difficultés en terme de preuve, de contenu ou de durée.

2. Les contrats solennels

Ces contrats ne sont juridiquement valables que s’ils respectent des conditions de forme
définies par la loi. Si elles ne sont pas respectées, le contrat est nul et ne produit aucun effet
juridique
Exemple  : CDD, contrat d’assurance, actes établis par notaire

3. Les contrats réels

Ce contrat existe à partir du moment où il y a remise de la chose prévue

B) La distinction entre contrats à exécution instantanée et contrats à exécution successive

Dans le cadre d’un contrat à exécution instantanée, l’accord est réalisé en une seule fois.
Exemple  : un contrat de vente à condition qu’il n’y ait pas de garantie

Les contrats à exécutions successives se déroulent dans la durée. Le facteur temps peut être
un élément majeur de l’engagement contractuel.

C) La classification des contrats selon le code civil

1. Le contrat synallagmatique

Autrefois appelé bilatéral, le contrat synallagmatique correspond au contrat dans lequel les
parties s’obligent réciproquement les unes envers les autres selon l’article 1106 du code
civil.

Ce contrat se distingue par une interdépendance d’obligations réciproques pour chaque


partie. En d’autre terme, chaque contractant est à la fois débiteur et créancier

Ce type de contrat doit être rédigé en autant d’exemplaires qu’il y a de parties, sauf si les
parties sont d’accord pour remettre un exemplaire à un tiers
2) Le contrat unilatéral

Selon l’article 1106 du code civil, un contrat est unilatéral « lorsqu’une ou plusieurs
personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres sans qu’il y ait d’engagement de celles-
ci.

Bien qu’il n’y ait qu’un seul débiteur, ce contrat repose toutefois sur un accord de volonté.
Un seul exemplaire du contrat suffit (un seul débiteur)
Exemple  : Un contrat de don ou de prêt non rémunéré

3) Le contrat à titre onéreux

Selon l’article 1107 du code civil, il s’agit d’un contrat où chaque partie reçoit d’une autre un
avantage en contrepartie de ce qu’elle offre (pas forcément de l’argent)
Tous les contrats synallagmatiques sont donc onéreux.

4) Le contrat à titre gratuit (ou de bienfaisance)

Selon l’article 1107 du code civil, il s’agit d’un contrat où l’une des parties offre quelque
chose ou une prestation sans rien attendre en retour
Exemple  : Une donation (manuel ou en prestation)

5) Les contrats commutatifs et les contrats aléatoires

Dans le cadre d’un contrat commutatif, les parties connaissent dès que le contrat est formé
les avantages réciproques. Cet échange n’a pas forcément à être équivalent.

Dans le cas des contrats aléatoires, les parties acceptent de faire dépendre pour au moins
l’une d’elle les avantages ou les prestations d’un événement incertain ou d’un aléa.

Exemple  : l’assuré paye une cotisation, l’assureur ne devra remplir ses obligations que si un
dommage est causé

IV) La réforme entrée en vigueur le 1er Octobre 2016  : Une volonté de moderniser et de
simplifier le droit des contrats

Les grands principes et les principales dispositions de ce droit ont été définis il y a plus de
deux siècles. Certes, des adaptations ou des modifications ont été prévues, soit par la
jurisprudence soit par le droit de l’Union Européenne

Afin de faciliter la compréhension de règles devenues de plus en plus complexe et peu lisible
pour les agents économiques, le parlement et le gouvernement ont décidé de revoir ce droit.

Ces modifications ne s’appliquent pas cependant aux contrats conclu avant ce 1 er Octobre
2016 sauf si la loi est d’ordre public et si les parties refusent d’appliquer les nouveaux textes,
par principe une loi n’est pas rétroactive.
Cette réforme vise à renforcer l’efficacité des règles, la prévisibilité et la sécurité juridique
mais aussi à favoriser l’attractivité du droit français par rapport aux autres droits nationaux.
Il existe en effet une concurrence entre les Etats pour attirer les Investissements Direct à
l’Etranger (IDE) ou bien les contrats internationaux.
L’idée générale est de maintenir un cadre législatif propice aux échanges économiques
protecteurs des acteurs les plus faibles et favorables à l’équilibre des relations
contractuelles.

Cette réforme propose plus des modifications, des évolutions plutôt qu’une révolution. En
effet, cette réforme intègre de nombreux principes ou dispositions dégagés par la
jurisprudence.

1ère partie : La formation du contrat

Certaines règles relatives à la formation du contrat doivent être respectées pour que celui-ci
soit valide ou valable, c’est à dire pour qu’il ait une réalité juridique et dotait d’une force
obligatoire pour les parties

Chapitre 1 : Les éléments précédent la conclusion du contrat

Section 1 : La négociation ; Prémices possibles de la relation contractuelle

Un contrat peut être le résultat de négociations ou de pourparlers qui se déroulent lors de la


période précontractuelle. En général, il n’y a pas de négociation pour les contrats les plus
courants, pour ceux à formation instantanée ou encore pour les contrats d’adhésion. Par
contre, les pourparlers apparaissent nécessaires voire indispensables pour les contrats
particulièrement complexes ou lorsqu’ils nécessitent d’informer les partenaires, ou pour
réfléchir à l’intérêt et à l’utilité de celui-ci (contrat)

Définition : Cette période précontractuelle correspond à « l’ensemble des faits et actes qui
précédent la conclusion du contrat envisagé et qui y mène »

Que ce soit une intention, une proposition, un avant-contrat, les négociations ne sont pas
un véritable contrat. En principe, il n’y a pas d’obligation légale de négocier, les documents
de cette période précontractuelle n’ont donc pas de valeur juridique. Cependant, la cour de
cassation a pu reconnaître qu’un accord de principe ou un document déterminent par une
des parties une valeur juridique

Jusqu'à la réforme de 2016, le code civil ne contenait aucune disposition relative aux
négociations. Seule la jurisprudence avait déterminé quelques règles. La plupart d’entre elles
ont été reprises et/ou complétées par la loi de 2016.
La liberté contractuelle implique que, tant que le contrat n’est pas formellement conclu, les
parties peuvent librement rompre les pourparlers.

Selon l’article 1112 du code civil, « l’initiative, le déroulement et la rupture des négociations
précontractuelles sont libres ». Cependant, cette liberté n’est pas absolue et les parties ne
peuvent pas agir comme elles le souhaitent, elles doivent faire preuve de bonne foi et ne pas
rompre selon la cour de cassation de manière brutale et unilatérale des négociations très
engagées.
De même, la rupture abusive des négociations, l’intention de nuire ou un manquement à
l’obligation de loyauté peut engager la responsabilité de leurs auteurs. En d’autres termes, la
personne qui subit un préjudice suite à une rupture abusive peut obtenir des dommages
intérêts notamment si elle a engagé des frais significatifs pendant la discussion.

Le facteur temps peut être un indicateur du caractère engagé ou non des négociations mais
pas une garantie. Par contre, la personne lésée ne peut invoquer la perte d’avantages ou de
bénéfices attendue du contrat non conclu pour obtenir des dommages intérêts
supplémentaires. Ce refus est notamment justifié par le fait que la vie des affaires est
toujours marquée par un facteur risque. L’article 1112-2 du code civil insiste sur le fair-play
des négociations en considérant que la partie qui utilise ou divulgue une information
confidentielle engage sa responsabilité. De plus, la partie qui a connaissance d’une
information déterminante pour son possible partenaire doit la lui communiquer. Ce devoir
d’information concerne les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le contenu
du contrat ou la qualité des parties. Ne pas respecter ce devoir peut entrainer le versement
de dommages intérêts voire l’annulation du contrat. Quelque soit la faute commise, la
jurisprudence refuse d’imposer la conclusion du contrat au nom des principes contractuels
et du consentement

Section 2 : L’existence du contrat ; La nécessaire rencontre entre une offre et une
acceptation

L’information du contrat nait de la rencontre d’une offre et d’une acceptation, rencontre qui
exprime une manifestation de volonté.

Paragraphe 1 : L’offre ou la pollicitation

L’offre ou la pollicitation correspond au fait pour une personne appelée l’offrant de proposer
à un tiers, appelé le sollicité. L’offre n’est pas un contrat car elle n’est qu’une manifestation
unilatérale de volonté. L’offre n’est pas nécessairement écrite, elle peut être faite à une
personne déterminée ou non. L’offre doit être suffisamment précise et contenir des
éléments essentiels du contrat et contenir les éléments essentiels du contrat tel que la chose
ou le produit vendu et le prix afin notamment de la distinguer d’une simple négociation.
L’offrant peut retirer sa proposition quand il le désire sauf si elle a été acceptée ou si elle est
parvenue à son destinataire. Ce principe est toutefois nuancé car la loi et la jurisprudence
considèrent qu’un délai raisonnable doit être respecté.
Des dommages et intérêts peuvent être accordés aux sollicités qui auraient subi un préjudice
en raison du retrait anticipé de l’offre mais cette préparation ne doit pas compenser la perte
des avantages qui auraient pu résulter du contrat s’il avait été conclu. Si l’offre mentionne
un délai, l’offrant ne peut la retirer avant la fin de celui-ci.
En cas de litige relatif au délai, le juge pourra décider que le contrat est bien formé si
l’acceptation a eu lieu dans le délai imparti.
Paragraphe 2 : L’acceptation de l’offre

Par l’acceptation, le sollicité exprime son intention définitive de conclure le contrat aux
conditions proposées par l’offrant. L’acceptation doit être identique à l’offre. A défaut, et si
le sollicité souhaite discuter une disposition, il fera une contre-proposition. En principe, et
selon la loi, le silence du sollicité face à une proposition ne vaut pas acceptation. Cette règle
a pour but d’éviter une vente forcée en envoyant par exemple un objet non commandé.
Dans certaines hypothèses et pour certains contrats, des exceptions sont prévues,
notamment par la loi ou par les usages commerciaux. Cela signifie donc que parfois, le
consentement est admis en cas de silence.

Exemple  : Reconduction tacite d’un contrat de bail, ou bien si l’offre est dans l’intérêt exclusif
du destinataire

Dans certaines hypothèses, et pour certains types de contrat, le sollicité peut se rétracter,
même s’il a accepté l’offre, alors qu’en principe, cette possibilité n’est pas permise.

Exemple  : Dans les contrats à distance, un délai de rétractation ou de réflexion est possible.

En matière de contrat, l’une des questions importantes, notamment en cas de litiges, est
celle de la date de conclusion de l’accord, notamment quand les parties ne sont pas en
contact direct.

Cette date est importante pour notamment déterminer le début du délai de prescription
(période pendant laquelle on peut exercer une action en justice)
Afin de renforcer la sécurité juridique des contrats, la réforme du 1 er Octobre 2016 imposait
la règle suivante. Le contrat est conclu dès que l’acceptation parvient à l’offrant. En d’autres
termes, la date de réception de l’acceptation est désormais la date de conclusion du contrat.

Section 3 : La promesse unilatérale de contrat, étape possible précédant la conclusion de


l’accord contractuel

Depuis la réforme de 2016, la promesse de contrat est définie et encadrée par la loi. Selon
l’article 1124 du code civil, cette promesse est une convention par laquelle une partie
appelée promettant accorde à un bénéficiaire le droit d’accepter ou non un contrat dont les
éléments essentiels ont été déterminés. Pour que le contrat soit parfaitement formé, il ne
manque plus que le consentement du bénéficiaire. Si une promesse unilatérale a été faite, le
contrat qui serait conclu avec un tiers qui en la connaissance serait nul, et il n’aurait aucune
existence juridique.

Section 4 : Les règles relatives à la formation des contrats électroniques

La plupart des règles applicables aux contrats classiques le sont également aux contrats
électroniques, cependant des dispositions spécifiques ont été prévues. Un écrit électronique
est l’équivalent d’un écrit papier et est parfaitement admis pour la conclusion des contrats
où la forme écrite est requise. Cependant, deux séries d’exception viennent tempérer ce
principe :
- Si une mention écrite de la main de celui qui signe est exigée, celui-ci pourra apposer
sa signature à condition qu’un procédé fiable d’identification soit utilisé.
- Pour les actes relatifs au droit de la famille, aux successions, pour les hypothèques et
pour les gages

Un écrit électronique doit être obligatoirement conservé pendant 10 ans lorsqu’il vise les
contrats conclus avec les consommateurs et pour un montant égal ou supérieur à 120 euros.
La voie électronique peut être utilisée pour communiquer les termes contractuels ou les
infos demandées par le sollicité. L’acceptation est soumise au droit commun. Le sollicité doit
donc pouvoir vérifier le détail de sa commande, le prix total, corriger d’éventuels erreurs et
confirmer son acceptation. Un accusé de réception valide la commande. L’offrant reste
engagé tant que l’offre est accessible par voie électronique et par la volonté de l’offrant. Cela
signifie que la responsabilité de l’offrant ne pourra être engagé si un site quelconque
reprenait et diffusait l’offre alors que ce site n’est plus disponible.

Chapitre 2 : Les éléments nécessaires à la validité du contrat

Selon l’article 1128 du code civil, la capacité de contracter (le droit de conclure un contrat),
le consentement et le contenu licite et certain de l’accord sont les éléments nécessaires pour
qu’un contrat soit légalement former.

Section 1 : La capacité de contracter

Selon l’article 1145 du code civil, « toute personne physique peut contracter sauf en cas
d’incapacités prévues par la loi ». Les majeurs protégées (curatelle (on peut signer certains
actes) ou tutelle (ne peut quasiment rien signer)), et les mineurs non émancipés ne peuvent
donc conclure des contrats.
Un contrat conclu par une personne incapable sera nul et n’aura aucune conséquence
juridique. Il faut également être sain d’esprit pour signer un contrat.

Section 2 : Le consentement, élément indispensable de la formation du contrat

Paragraphe 1 : La notion de consentement

Le contrat est avant tout l’expression d’un échange de consentement. Cette rencontre de
volonté est l’une des conditions premières pour que le contrat soit valablement formé.

Paragraphe 2 : Les vices du consentement, causes de nullité des contrats

Un contrat ne peut être valablement formé s’il est vicié, c’est-à-dire entaché de vice ou
altéré. Selon l’article 1130 du code civil, le consentement n’est pas valable en cas d’erreur,
de dol, ou de violence et si ces comportements ont été déterminants dans l’intention de
l’une des parties de conclure le contrat.
Ce caractère déterminant est apprécié selon les circonstances et les personnes.
Ces vices portent atteinte à la liberté ou à la lucidité du consentement et peuvent entrainer
la nullité du contrat.

A. La consécration législative de la distinction majeure entre nullité relative et nullité


absolue

La nullité a pour conséquence de sanctionner le non respect d’une condition de formation


du contrat ou l’absence de l’un des éléments constitutifs de l’engagement. La distinction
entre nullité absolue et relative dépend essentiellement des intérêts à protéger. Quand il
s’agit de protéger l’ordre public, les bonnes mœurs ou l’intérêt général, l’Etat ou toute
personne qui a un intérêt à ce qu’un contrat soit annulé peut demander sa nullité qui sera
alors absolue.

Exemple  : en cas d’absence de consentement, d’absence d’objet, ou lorsque que celui-ci est
impossible à réaliser ou illégal, ou en cas de non respect des règles de forme imposée à la loi.

Lorsqu’il s’agit de protéger un intérêt privé, la nullité sera relative et ne pourra être
invoquée que par l’une des parties du contrat. Rien n’empêche une victime d’un vice de
consentement de renoncer à demander la nullité. La nullité peut être prononcée par un juge
ou bien, et ce depuis la réforme de 2016, par les parties, si elles trouvent un accord à
l’amiable, pour constater la nullité.
La nullité est rétroactive, cela signifie qu’elle produit des effets non seulement pour
l’avenir mais aussi pour le passé. Le contrat est donc censé n’avoir jamais existé. En
conséquence, les choses doivent être rendues ou remise en l’état. Si la restitution n’est pas
possible, elle se fera par équivalent en valeur (en argent ou sous forme d’indemnisation).

Cette nullité rétroactive est aussi appelée résolution du contrat (≠ résiliation). L’annuité
entraine un effacement des conséquences juridiques pour les parties mais aussi pour les
tiers. Si le contrat est nul, tous les contrats établis à sa suite seront remis en cause.

Lorsque le contrat est nul, les contrats qui ont été établis à sa suite sont également remis en
cause.

B. L’erreur

C’est le fait de se tromper ou de commettre une fausse appréciation de la réalité. Cette


erreur est commise par la personne qui se trompe et ne provient pas du co-contractant.
Aucune des parties n’a été abusée par l’autre. L’erreur existe quand elle porte sur l’un des
éléments importants du contrat.
Schématiquement, deux cas principaux d’erreurs existent :
- L’erreur sur la personne  Elle peut porter soit sur l’identité soit sur les qualités
essentielles de la personne. Dans cette hypothèse, le contrat doit avoir été conclu
intuitu personae, c’est-à-dire en fonction de la personne. L’erreur sera alors reconnue
lorsque la personne apparaît comme déterminante pour la conclusion du contrat
(Exemple : contrat de travail ou contrat de mariage)
- L’erreur de droit ou de fait, si elle porte sur les qualités essentielles de la chose qui
constitue le contrat. Cette erreur peut concerner l’origine, l’utilisation de la chose ou
son authenticité. (Exemple : achat d’une œuvre du 19ème siècle en pensant qu’elle
date du 18ème siècle)

L’erreur en elle-même n’est pas une cause de nullité. Ce n’est que lorsque certaines
circonstances sont réunies que ce sera le cas. Toute erreur ne remet pas en cause la validité
du contrat.
Exemple  : l’erreur inexcusable ne sera pas admise. Ce caractère inexcusable sera déterminé
en fonction de l’âge, de l’expérience, des aptitudes professionnelles ou du degré
d’information de la personne qui invoque l’erreur. Ainsi, un professionnel averti pourra
difficilement invoquer ce vice à propos d’un contrat portant sur son domaine d’activité.
De même, une erreur sur de simples motifs n’ayant aucun lien avec les qualités essentielles
ne peut être une cause déterminante. Sauf si ces motifs constituent des éléments essentiels
pour les parties mais à condition qu’elle l’exprime explicitement.

C’est à celui qui invoque l’erreur de la prouver, et ce par tout moyen. Afin d’éviter qu’un
contractant de mauvaise foi n’invoque l’erreur pour mettre à terme le contrat, la
jurisprudence considère qu’il faut se placer au moment de l’échange pour connaître l’état
d’esprit de celui qui estime s’être trompé.

C. Le dol ou l’intention de tromper le co-contractant

Le dol est un comportement malhonnête d’une partie envers l’autre qui résulte de
mensonges, de manœuvres ou de tromperies. Sans ces pratiques, l’une des parties n’aurait
pas signer le contrat. Le dol peut aussi être la conséquence de la dissimulation volontaire
d’une information par l’une des parties, information qu’elle sait déterminante pour son
partenaire. Cette situation est aussi appelée réticence dolosive. Le dol doit avoir été
déterminant dans l’intention des parties.
Exemple  : Faire croire à son partenaire qu’on dispose d’une compétence élevée dans un
domaine afin de le convaincre de contracter.
Le dol est aussi sanctionné s’il a été commis par un tiers de connivence. Le dol ne se
présume pas, et peut être prouvé par tout moyen. En plus de la nullité du contrat, la victime
peut obtenir des dommages intérêts.

D. La violence

Selon l’article 1140 du code civil, la violence peut être définie comme la contraire illicite ou
comme une crainte ou une menace qui expose un individu, ses biens ou ses proches à un
« mal considérable », pour l’obliger à signer le contrat. La violence peut être physique,
corporelle, matérielle ou psychologique, notamment quand la conclusion d’un contrat est
liée à des actes d’intimidation. La vente d’une maison a une secte a été annulée en raison de
pression physique et psychique exercée à l’égard du vendeur.
La violence peut aussi résulter d’un abus d’un état de dépendance dans lequel se trouve une
partie, et qui permet à son auteur de « tirer un avantage manifestement excessif ».
La violence peut aussi provenir d’un tiers. La personnalité de la victime ou les circonstances
de l’affaire seront prises en compte en cas de procès.
La nullité du contrat pour violence peut être complété de dommages intérêts voire de
sanctions pénales si le fait en question est pénalement incriminé.

Remarque générale : le délai pour agir en nullité ou de prescription est de 5 ans et


commence au jour où l’erreur ou le dol ont été découvert et à partir du jour où la violence a
cessé.
Section 3 : Le contenu du contrat, entre règles obligatoires et liberté relative laissée au
contractant

Selon l’article 1128 du code civil, le contenu du contrat constitue l’une des conditions
nécessaires à la validité du contrat.

Paragraphe 1 : L’obligation de respecter les règles relatives à l’ordre public

Selon l’article 1122 du code civil, les buts et termes du contrat ne doivent pas être contraires
à l’ordre public. Par ordre public on entend la sécurité publique, la tranquillité, la salubrité,
ou bien encore la moralité et la dignité humaine.
Exemple  : la vente d’une clientèle médicale à l’occasion de la cession d’un cabinet n’est pas
illégale à condition que le patient ait la liberté de choix
Toute disposition peut figurer dans un contrat à condition qu’elle ne remette pas en cause
l’ordre public ou la loi.

Paragraphe 2 : Les règles relatives à l’objet du contrat et au prix

L’objet est en fait la matière de l’engagement, il contient les éléments principaux du contrat.
En conséquence, toute disposition contractuelle qui empêcherait le débiteur de respecter
ses obligations serait réputé non écrite, c’est-à-dire sans aucune existence juridique.

Si l’objet était détruit avant la conclusion du contrat, ce dernier ne serait pas valablement
formé.
L’objet est donc censé exister au moment de la signature du contrat. Toutefois l’accord peut
porter sur une chose future, comme par exemple des voitures de luxe. La chose peut être
corporelle (ou matérielle), tel qu’un meuble ou bien incorporelle (ou immatérielle), tel que
des créances ou des droits d’auteurs.

L’obligation doit porter sur une chose qui doit être déterminée ou déterminable, c’est-à-dire
qui pourra être déterminée avec précision lors de la mise en œuvre du contrat. Cette règle
permet aux parties de connaître la nature et l’ampleur de leur engagement.
On s’est posé la question de savoir si le prix devait être connu lors de la formation du
contrat. Pour les contrats de vente classiques, le prix doit être connu à l’avance. Pour
certains autres contrats, notamment en matière de distribution, le prix peut ne pas être
déterminé lors de la conclusion du contrat. L’idée est de pouvoir adapter ces contrats à
l’évolution de la demande ou aux coûts du marché.

Depuis la réforme du 1er Octobre 2016, une partie a le droit de fixer seul le prix. Pour éviter
les abus, un juge pourra être saisi et alloué des dommages intérêts à la partie abusée, voire
prononcer la nullité quand le contrat est un contrat cadre.
Cette règle s’applique également au contrat de prestation de services.
Chapitre 3 : la lutte contre les clauses abusives, condition nécessaire pour éviter les
déséquilibres dans les relations contractuelles

La plupart des contrats sont conclus sans négociation. Dès lors le risque qu’ils contiennent
des clauses abusives, notamment au détriment des consommateurs ou des non
professionnels est réels. De telles clauses, notamment entre consommateurs et
professionnels, seront réputés non écrites notamment si elles créent des déséquilibres
significatifs entre les droits et les obligations des parties.
Depuis la réforme de 2016, des clauses seront aussi sanctionnées lorsqu’elles sont présentes
dans les contrats d’adhésion. La remise en cause des ces clauses abusives ne doivent pas
avoir pour conséquence de remettre en cause l’objet principal du contrat ou le prix. En
d’autres termes, la clause abusive ne sera pas appliquée et le contrat continuera d’exister.
On ne peut se servir d’une clause abusive pour mettre fin au contrat.

Selon la CJUE (Cour de Justice de l’Union Européenne), présente au Luxembourg, un juge


peut apprécier d’office le caractère abusif ou non d’une clause.

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