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Avant-propos
Le droit des affaires occupe une place très importante dans la société. Il applique
les règles pénales, sociales, fiscales et autres ; il opère la synthèse des approches
publicistes et privatistes du droit.

Toutefois, il fonde les techniques juridiques et les techniques de gestion qui visent
à organiser la vie des affaires dans l’entreprise et à son environnement.

Dans cette perspective, que le présent cours, simple et précis, destiné aux étudiants
du semestre 5 option gestion, est un moyen pédagogique et technique qui présente
quelques techniques juridiques d’échanges (instruments de règlement de créance) ainsi
que le cadre juridique de l’entreprise en difficultés.

Dans le premier chapitre, nous allons traiter les effets de commerce à savoir la lettre
de change et le chèque.

La seconde partie de ce cours, sera consacré à l’étude du droit de l’entreprise en


difficultés selon la loi 73-17.

Mais avant d’aborder ces deux parties ; on va commencer par une introduction
générale sous forme des généralités sur le terme droit, le droit commercial et le droit
des affaires.

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Liste des abréviations

art : article.

al : alinéa.

BO : Bulletin Officiel.

C.A : Conseil d’administration.

C .à. d : C'est-à-dire.

C.C : Code de Commerce.

GATT : Accord Général sur les Tarif Douaniers.

JAL : Journal d’Annonces Légales.

L.C : Lettre de Change.

N.B : Noter Bien.

OMC : Organisation Mondiale de Commerce.

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Introduction générale :
I.Rappel sur la notion « Droit » :
Le mot droit est un terme générique, c’est-à-dire il a plusieurs sens, mais en peut
généralement réduire toutes ces définitions en deux définitions principales : Les droits
subjectifs et le droit objectif.

1. Le droit au sens subjectif :

Ensemble des prérogatives qui sont reconnus à un individu lui permettant de jouir
d’une chose, d’une valeur, ou d’exiger d’autrui une prestation : droit à la nationalité,
droit d’opinion, droit de propriété…Les titulaires des droits subjectifs sont :les
personnes physiques et les personnes morales.

1-1 les sources de droits subjectifs :


A. Les actes juridiques :

L’acte juridique est une manifestation de volontés de la part de leur acteur en vue de
produire un effet de droit, à créer en particulier un droit subjectif. On distingue entre :

❖ Acte unilatéral : L’expression d’une seule volonté qui donne naissance à des
effets de droit : testament, donation.
❖ Acte bilatéral ou multilatéral : L’accord de deux ou plusieurs volontés poursuivant
le même but, dans des conventions et des contrats.
B. Les faits juridiques :

Le fait juridique est un événement sûrement matériel, qui échappe de la volonté de


l’homme et qui est susceptible en particulier de créer ou d’aménager un droit subjectif.

2. Le droit au sens objectif :

Le droit objectif est l’ensemble des règles de conduites juridiques qui gouvernent la
vie des personnes en société, et dont l’inobservation est sanctionnée par les pouvoirs
publics. Les règles se divisent entre celles qui relèves du droit privé et celles qui se
rapportent au droit public.

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2-1.Les règles de droit public :

Les règles qui régissent le fonctionnement des institutions et des administrations


publiques dans leurs relations réciproques ou dans celles qui les lient avec les citoyens :
droit administratif, droit constitutionnel …

2-2.Les règles de droit privé :

Ensemble des règles régissant les rapports entre les personnes (physiques et
morales). Ces rapports peuvent être ordres : familial et socio-familial : droit civil, droit
commercial, droit de travail….

II.Généralités sur le droit commercial :


1. Définition :

Ensemble des règles qui réglementent la profession commerciale qu’elle soit exercée
à titre individuel ou sous forme de sociétés.

2. Domaine de droit commercial :

Le droit commercial a un double objet :

A- Dans sa vision subjective :

Il régit les commerçants juridiquement le commerçant n’est pas seulement celui qui
fait le négoce c’est-à-dire une activité commerciale, mais aussi : l’industriel,
transporteur, assureur, banquier. En vérité, l’homme d’affaires et la figure centrale du
droit commercial.

B- Dans sa vision objective :

Le droit commercial régit les actes de commerces, qui ne sont pas réservés à
l’usage des seuls commerçants :Lettre de change est un acte de commerce …

3. Spécificités du droit commercial :


A- Droit des échanges :

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Le commerce, c’est l’échange, la spéculation. Le droit commercial refuse la gratuit, le
bénévole, et le sentimental.

B- La souplesse :

Limiter au maximum les entraves à l’action des entreprises, le droit commercial


laisse une grande part à la liberté des parties (solution des litiges, la liberté de preuve).

C- La rapidité :

Le temps commercial est plus court que le temps civil. Les commerçants peuvent
conclure leurs contrats par les moyens les plus rapides (tél, fax, net...)

D- Droit De professionnels :

Les acteurs du droit commercial sont des professionnels industriels ou commerçants.


(Art 4 du C.C).

4. Evolution du D.C au Maroc :

Avant le protectorat français, le droit musulman qui été appliqué au Maroc ne fusait
pas la distinction entre droit civil et droit commercial.

Le premier code de commerce au Maroc date du 12 aout 1913. Ce code est inspiré,
bien entendu, du code Napoléonien de 1807.Ce n‘est qu’après 83 ans que le Maroc
optera pour un nouveau code de commerce imposé par les impératifs de l’évolution
économique et les nécessités de la modernité. Il s’agit bel et bien du code de
commerce du 1 août 1996 (abrogé par la loi 15-95 actuellement en vigueur).

III.Généralités sur le droit des affaires :


1 .Sens du terme ‘’Affaires’’ :

• Le terme ‘’Affaire’’ désigne un certain genre d’activités industrielles ou


commerciales.
• Tout ce qui a un trait à la production, transformation, importation, circulation ou
conservation des produits.
• Une ‘’Affaire’’ désigne aussi une négociation.
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• Une ‘’Affaire’’ désigne aussi une unité de production c’est-à-dire une entreprise.

2. Définition et portée du droit des affaires :

Le droit des affaires peut être défini comme étant l’ensemble des règles régissant
l’activité commerciale en général, qu’elle soit exercée par des commerçants ou d’autres
professionnels. Il peut être défini comme l’ensemble des règles applicables à
l’entreprise et à son environnement.

Partant de cette définition, le droit commercial peut apparaitre comme un sous


ensemble du droit des affaires, ce dernier couvre dans une large mesure le droit
commercial, en s’intéressant non seulement au commerçant (personne physique ou
morale), mais à l’entreprise dans sa globalité.

Le droit des affaires régit non seulement les activités commerciales, mais aussi toutes
les activités économiques (agricoles, artisanales, libérales…) sous tous leurs aspects de
droit privé ou public (commercial, social, fiscal, pénal) .
On constate donc que la plus grande spécificité du droit des affaires est d’être
pluridisciplinaire avec plusieurs matières intéressant la vie des affaires.

Ainsi ;

En tant que droit de l’entreprise, le droit des affaires englobe l’étude :

❖ Du droit commercial général, qui régit les commerçants, les activités


commerciales et le fonds de commerce ;
❖ Du droit de sociétés, qu’a pour objet les groupements de personnes ;
❖ Du droit des difficultés de l’entreprise commerciale ;
❖ Du droit de la propriété industrielle,

En tant que droit de l’environnement de l’entreprise, le droit des affaires englobe


l’étude :

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❖ Du droit de la concurrence, qui fixe les normes régissant la libre concurrence et la
rivalité entre agents économiques dans la recherche et la conservation de la clientèle.
❖ Du droit de marketing, qui régit les moyens d’actions utilisés pour acquérir ou
développer des parts de marché et le droit de consommateur.
❖ Du droit fiscal des affaires ;
❖ Du droit bancaire ;
❖ Du droit cambiaire;
❖ Du droit de transport ;
❖ Du droit maritime ;
❖ Du droit pénal des affaires.
A- Sources du droit des affaires :
1 .Les textes :

Il s’agit des actes juridiques édictés sous forme de textes législatifs et réglementaires
par l’autorité publique interne, et les traités et conventions conclus dans le cadre des
organisations internationales compétentes dont la force obligatoire est inégale.

1.1- Les textes internes :


a- La constitution (1er rang) :

L’article 35 de la constitution de 2011 affirme que l’Etat garantit la liberté


d’entreprendre et la libre concurrence, ce principe qu’on l’on désigne sous le vocable
« la liberté de commerce et de l’industrie ».

b- La loi (2ème rang) :

Elle est la principale source du droit des affaires. Il s’agit des actes votés par le pouvoir
législatif et promulgués dans les formes prescrites par la constitution : code de
commerce, codes des obligations et des contrats (D.O.C) …

c- Les règlements (3ème rang) :


❖ Les textes édictés par le pouvoir exécutif.
❖ Les dahirs sont pris par le Roi.
❖ Les décrets sont pris par le chef du gouvernement.
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❖ Les arrêtés pris par l’autorité gouvernementale compétente, ils complètent les
décrets lorsque ceux-ci prévoient la nécessité de cette décision.

1.2-Les sources internationales :

Le préambule de la constitution énonce que le Maroc, en se souscrivant aux


principes, droits et obligations découlent des organismes internationaux, reconnaît le
principe de la suprématie du droit international sur le droit interne.

A ce niveau, le Maroc a signé assez de traités et conventions parmi lesquels on cite :

• Les conventions qui fixent les règles applicables aux transports internationaux par
mer (convention de Bruxelles du 25 aout 1924) par air (convention de Varsovie du 12
octobre 1929) et par route (convention de Genève du 29 mai 1956).
• L’accord concernant les tarifs douaniers et le commerce « General Agreement on
tarifs and Trade » (GATT) signé le 30 octobre 1947.
• L’accord de Marrakech du 15 avril 1997 qui marque la signature de l’acte final de
l’Uruguay Round du G.A.T.T et qui met en place l’organisation mondiale du commerce
(O.M.C).
2 .Les usages commerciaux :

Ce sont des pratiques commerciales répétées et généralisées dans le temps et


dans l’espace ce qui les transforme en une règle de droit. On distingue ente : Les usages
internationaux et les usages internes.

3 .La jurisprudence :
Ensemble de décisions concordantes rendues par les juridictions à propos d’un
même problème de droit, notamment en cas de carence du législateur ou le caractère
désuet de certaines règles. La jurisprudence interprète la loi, la complète même à la
faire évoluer au gré des besoins.

4 .La doctrine :

Ce sont les réflexions et les travaux de l’ensemble des juristes (théoriciens ou


praticiens) qui participent à la formation, l’analyse, l’interprétation et à l’évolution du
système juridique.

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Il s’agit d’une source indirecte prise en considération par le parlement au moment
de la création d’une loi.

Chapitre 1 : les effets de commerce :


Les règlements des opérations effectuées par les entreprises peuvent être au
comptant (en espèce, par chèques, bancaires ou postaux, virement) ou à crédit.

Les règlements a crédit peuvent être se matérialisés par des effets de commerce qui
sont la lettre de change, le billet à ordre et le chèque. Ils ne sont pas définis par la loi.La
doctrine dominant les définit comme étant des titres négociables qui constatent au
profit du porteur une créance de somme d’argent et servent à son paiement.

L'effet de commerce est :

❖ un titre négociable

❖ à ordre ou au porteur ;

❖ représentant une créance de somme d’argent non encore échue ;

❖ exigible à vue ou à court terme ;

❖ engagement d'une personne de payer ou de faire payer cette somme d'argent à


une échéance déterminée ;

❖ un moyen de paiement.

Dans ce chapitre on va se limiter à étudier la lettre de change (section 1) et le chèque (


section 2).

Section 1 : La lettre de change :


I. Généralités sur la lettre de change :
1. Définition :
Le lettre de change (ou traite) est un écrit par le quel une personne (tireur) donne
l’ordre à son débiteur (tiré) de payer une certaine somme à un tiers appelé

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(bénéficiaire) ou à son ordre (c’est -à-dire à une personne qu’elle désignera
ultérieurement) à une date déterminée.

❖ Provision : la créance du tireur sur le tiré.


❖ Valeur fournie : la créance du bénéficiaire contre le tireur.

La lettre de change est un acte de commerce par la forme, c’est -à-dire quelle est
commerciale :

❖ Quelles que soient les personnes qui l’utilisent (Commerçants ou non)


❖ Quel que soit l’objet de créance (civil ou commercial).

2. Fonctions :
❖ A l’origine: La lettre de change est un moyen de change, c’est-à-dire un
instrument de transport d’argent dans le commerce international.
❖ Elle devient ensuite un instrument de paiement par lequel les débiteurs payaient
leurs créances.
❖ Elle n’est pas monnaie car elle n’est pas libératoire que si elle est effectivement
payée.
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❖ Actuellement, elle est devenue un instrument de crédit car le tireur peut
l’escompter (la céder à un banquier sans déduction d’une commission et des intérêts).

II.L’émission de la lettre de change :


1. La capacité :
• Selon l’art 9 du code de commerce, la lettre de change est toujours un acte de
commerce. De ce fait, tout signataire de la lettre de change doit avoir la capacité de
faire le commerce.
• L’Art 164 C.C prévoit que « la lettre de change son égard, sauf les droits des
parties conformément air droit commun » c’est-à-dire le droit de le poursuivre
civilement.

2. Les mentions obligatoires :


L’art 159 du code de commerce énumère les mentions obligatoires :

❖ La dénomination « lettre de change » insérée dans le texte.


❖ La Mandat pure et simple de payer une somme déterminée.
❖ L’indication de la date et du lieu de création de L.C
❖ Le nom de celui qui doit payer « le tiré »
❖ L’indication de l’échéance.
❖ L’indication du lieu de paiement.
❖ Le nom du bénéficiaire
❖ Le nom du tireur.
Il faut noter que la domiciliation n’est qu’une mention facultative qui rend la traite
payable au domicile d’un tiers et qui permet de faire effectuer le paiement par la
banque. Mais elle est devenue obligatoire dans la pratique.

A défaut de contenir les mentions obligatoires, le titre est nul et le porteur de bonne
foi perd donc toutes ses garanties cambiaires de paiement.

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I.L’acceptation de la lettre de change :
1. Définition :
En vertu de l’art 178 du C.C l’acceptation est l’acte par lequel le tiré s’engage
combiairement à payer le montant à l’échéance au porteur de bonne foi.

2. Formes de l’acceptation :
L’acceptation est exprimée par le mot ‘’acceptée’’ et la signature du tiré au recto (art
176 du C.C).En principe, le tiré est libre d’accepter au de refuser. Toutefois, le tiré est
obligé d’accepter la lettre lorsqu’elle est créée en vue d’une fourniture de marchandise
réalisée entre commerçants, et que le tireur à livrer les marchandises promises (Art 174
al 9 du C.C).

S’il refuse d’accepter, dans ce cas, le tiré perd plein droit le bénéfice du terme (Art 174
al 10 C.C).

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3. Refus de l’acceptation :
En cas de refus d’acceptation, le porteur a deux obligations :
a. Faire constater le refus d’acceptation par protêt :
❖ Le protêt faute d’acceptation est obligatoire à moins que la L.C n’ait été stipulée
« sans frais » ou « sans protêt »
❖ Hors cette exception, le protêt est obligatoire pour que les recours cambiaires
appartenant au porteur, puissent s’exercer immédiatement sans attendre l’échéance.

b. Aviser celui qui a transmis la lettre de change du refus d’acceptation :

Le porteur doit donner avis du défaut d’acceptation ou de paiement à son


endosseur, dans les six jours ouvrables qui suivent le jour du protêt ou celui de la
présentation en cas de retour sans frais.

4. Les effets de l’acceptation :


A. Rapport tireur-tiré :

L’acceptation suppose la provision ; si la lettre de change est acceptée c’est que la


provision existe, et c’est au tiré-accepteur de prouver l’absence de la provision.

B. Rapports tireur-porteur :

La présomption d’existence de la provision n’a aucune importance pour le porteur,


car il agira au titre cambiaire qui est le lien le plus fort qui l’unisse au tiré.

C. Rapports tireur-porteur :

Si le tireur ne paie pas à l’échéance, le porteur peut utiliser son action récursoire de
nature cambiaire contre le tireur (art 196 du c.c).

IV. Les garanties de paiement de la lettre de change :


Pour une efficacité nécessaire au paiement du titre, le législateur prévoit, les
mesures de garantie, suivantes, qui font tout l’intérêt de la lettre de change 1,2 et 3.
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1. Le transfert de la propriété de la provision :
Selon l’art 166 al 4 : « la propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs
successifs de la lettre de change », cela signifie que :

❖ Une fois la lettre émise le tiré (qui en a connaissance par l’acceptation) ne peut
plus valablement payer le tireur (son créancier) ; sinon, il sera tenu à l’échéance de
payer, une seconde fois le porteur.
❖ En outre, par exemple, le décès ou l’incapacité du tireur après l’émission sont
sans influence sur le droit du porteur sur la propriété de la provision.

2. La solidarité :
La solidarité est un principe du droit commercial qui s’applique à la garantie de
paiement de la lettre de change. Il résulté de ce principe que tous ceux qui ont tiré,
accepté, endossé, ou avalisé une lettre de change, c’est-à-dire tous les signataires sont
tenus solidairement envers le porteur.

En cas de non-paiement, le porteur peut agir contre tous les signataires,


individuellement ou collectivement. Le signataire qui a payé peut se retourner contre
ceux qui ont signé lui.

3. L’aval :
L’aval est l’engagement pris par une personne (un tires ou même par un signataire de
la lettre) de payer une lettre de change à l’échéance, dans les mêmes conditions qu’un
autre souscripteur qui a précédemment signé.

Il ressent de cette définition que :

❖ Le donneur d’aval garantit le paiement de tout ou partie de la lettre de change.


❖ L’aval est donné sur la lettre de change ou par acte séparé
(Allonge).
❖ L’aval est exprimé par les mots « bon pour aval » et signé.
❖ L’avaliseur doit préciser pour quel signataire il s’engage. A défaut, il est réputé
donné au tiré.

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❖ L’avaliseur qui a payé pour l’avaliser défaillant, dispose des recours cambiaires
non seulement contre lui, mais contre tout autre signataire de la lettre de change
(principe cambiaire de la solidarité).

V. La circulation de la lettre de change :


La circulation de la lettre de change s'opère par la technique de l’endossement (art
167 du C.C).

L’endossement est l’indication au dos de la lettre, d’en payer le montant à l’ordre


d’une personne désignée, suivi de la signature du stipulant. Le bénéficiaire de
l’endossement est l’endossataire, le stipulant, l’endosseur.

Il existe trois types d’endossements : 1, 2 et 3

1. Endossement translatif de propriété :


C’est celui par lequel la propriété de la lettre est transmise à l’endossataire. Ce
dernier est un créancier de l’endossataire.

❖ L’endossement doit être pur et simple.


❖ Il doit figurer au verso du titre ou sur une allonge.
❖ Il doit avoir lieu pour la totalité de la somme de la lettre.
❖ La signataire de l’endossement et primordiale.

Cet endossement prend les formes suivantes :

A. Nominatif : il porte la mention « payer à l’ordre de x » le nom du bénéficiaire est


alors précisé.
B. En blanc : la simple signature au dos du titre, sans indication du bénéficiaire et
permet le transfert par tradition manuelle.
C. Au porteur : il vaut comme un endossement en blanc.

N.B :

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❖ La lettre de change peut être endossée au porteur, mais il interdit de l’émettre au
porteur !
❖ le tireur peut interdire l’endossement de la lettre en insérant les mots « non à
ordre » ou « non endossable ».

2. L’endossement par procuration :


C’est celui par lequel le porteur confie le soin d’encaisser la lettre pour son compte à
un mandataire qui est le plus souvent un banquier.

L’endossement par procuration résulte de la mention « valeur en recouvrement


« pour rencaissement » ou « par procuration ».

Il donne mandat à l’endossataire, qui est le plus souvent un banquier de recouvrer le


montant de l’effet.

3. L’endossement pignoratif :
C’est celui par lequel le porteur d’une lettre de change remet celle-ci engage à son
créancier. Il s’opère au moyen de la mention « valeur en garantie » ou « valeur engage »
ou toute mention équivalent.

Selon l’art 172 du C.C, l’endossataire peut exercer tous les droits dérivant de la lettre
de change, c’est-à-dire que si son débiteur (l’endosseur) ne lui règle pas la dette à son
terme, il peut présenter la lettre au tiré à l’échéance pour se faire payer de sa créance.

VI. Le paiement de la lettre de change :


1. La présentation au paiement :
La présentation de L.C au paiement est faite par le porteur ou par un mandataire
chargé du recouvrement.

Selon l’art 184 du C.C, la présentation au paiement d’une L.C doit avoir lieu soit le
jour où elle est payable, soit l’un des cinq jours ouvrables qui suive ; au lieu désigné
(domicile du tiré ou domiciliation). Pratiquement il s’agit du domicile de la banque.

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2. La réalisation du paiement :
Avant de payer la dette, le débiteur doit :

❖ Vérifier la légitimité formelle du titre ;c’est-à-dire que la chaine des


endossements est ininterrompue.
❖ Vérifier qu’il n’y a pas d’opposition sauf dans deux cas :
• La perte ou le vol de la lettre du porteur.
• Le redressement ou liquidation judiciaire du porteur.

3. Les obstacles de paiements :


A.L’opposition au paiement :

La loi interdit l’opposition au paiement sauf dans ces deux cas :

a. En cas de perte ou de vol de la L.C :

Il appartient au porteur ayant perdu le titre de faire opposer auprès du tiré afin
d’empêcher le paiement du titre à tout titre illégitime.

C’est le président du tribunal qui donne l’autorisation de paiement à qui de droit


après avoir fait opposition aux mains du tiré, donné caution, et justifié sa propriété de la
L.C.

b. En cas de règlement judicaire du porteur :

Le syndic du porteur en règlement judiciaire pourra faire opposition au tiré et se


faire payer à lui-même pour intégrer la créance dans l’actif de la procédure collective.

B. Le refus de paiement :

Il doit être constaté par un acte authentique appelé « protêt faute de paiement ». Il
doit être établi dans les cinq jours ouvrables qui suivent le jour ou la L.C est payable.

Cependant, si la lettre porte la mention « retour sans frais » ou « sans protêt », le


porteur est dispensé de la procédure du protêt.

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VII. Les recours :
A cet égard, le législateur distingue, le porteur diligent du porteur négligent.

1. Le porteur diligent :
C’est celui qui présente la L.C dans les délais légaux et fait dresser à temps un protêt
en cas de non-paiement. Il peut obtenir remboursement du montant de la lettre, des
intérêts, des frais de protêt… ; En actionnant les signataires ou l’un d’eux devant le
tribunal.

Le même droit de recours appartient à tout signataire qui a remboursé le porteur.

2. Le porteur négligent :
L’art 206 C.C a prévu trois cas de négligence :

❖ La présentation au paiement après le délai stipulé sur la L.C.


❖ La confection du protêt faute d’acceptation ou faute de paiement en dehors des
délais fixés par l’art 197 du C.C.
❖ La présentation au paiement après le délai d’une L .C stipulé « sans frais ».

Dans tous ces cas, le porteur est déchu de ses droits contre tous les signataires de la
traite, sauf :

✓ Contre le tireur qui n’a pas fourni provision ;


✓ Contre le tiré-accepteur ;
✓ Contre l’avaliste qui a donné aval pour le compte du tiré.

3. Les prescriptions des recours :


Ce sont des délais très brefs fixés par le législateur en dehors desquels aucune action
cambiaire ne peut plus exercée ; on dit qu’elle prescrite.
En matière de lettre de change :
❖ L’action cambiaire contre le tiré- accepteur ne prescrit par 3 ans à compter de
l’échéance ;
❖ Celle du porteur contre les endosseurs et contre le tireur par 1ans à dater du
protêt ;
❖ Enfin les actions des endosseurs entre eux et contre le tireur se prescrivent par
6mois à dater du jour de paiement de la lettre.
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Section 2 : le chèque
I. Définition et caractéristiques :
1. Définition :
Le chèque est un écrit par lequel le tireur donne au tiré qui doit être une banque ou
un organisme assimilé, l’ordre de payer une somme déterminée au bénéficiaire ou à son
ordre.

2. Caractéristiques :
❖ Le chèque est un instrument de paiement et non un instrument de crédit ; c’est-à-
dire qu’il est crée en vue de l’exécution immédiate et ne comporte aucune idée de
crédit.
❖ Le chèque est obligatoirement tiré sur un banquier, il est payable à vue.
❖ Dans certain cas le paiement par chèque est obligatoire pour éviter la fraude
fiscale.
❖ Par opposition à la lettre de change, le chèque n’est pas commercial par la forme ;
il est commercial ou civil selon la nature de l’opération de laquelle il est émis.
❖ Contrairement à la lettre de change, le chèque ne peut pas être accepté, car le
tireur est tenu de constituer la provision.

II. Les conditions de validité du chèque :


A côté des conditions de fonds(le consentement, l’objet, la cause, et la capacité), la
création du chèque est soumise à des conditions de formes très strictes, dont on
distingue entre ① et ② :

1. Les mentions obligatoires :


❖ La dénomination « chèque » ;
❖ L’ordre de paiement pur et simple « payez » ;
❖ La somme à payer en chiffres et en lettres ;
❖ Le nom du tiré «la banque » ;
❖ Le lieu de paiement (adresse de l’agence bancaire) ;

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❖ Date et lieu de création ;
❖ La signature du tireur, qui doit être manuscrite.

Le titre ne comportant pas ses mentions ne vaut pas comme chèque sauf dans les
cas suivants :

➢ A défaut d’indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré est réputé
être le lieu de paiement.
➢ Le chèque sans indication du lieu de sa création est considéré comme souscrit
dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.

2. Les mentions facultatives :


Ce sont les mentions que les parties demeurent libres de porter sur le chèque :

A. Le nom du bénéficiaire :

A l’opposition de la lettre de change ; il n’est pas obligatoire de mentionner le nom du


bénéficiaire sur le chèque, il peut être émis au porteur ou en blanc, sans aucune
indication, il est alors considéré émis au porteur, il peut aussi être stipulé payable à
personne dénommée ou à son ordre (chèque nominatif), dans ce cas le bénéficiaire ne
peut le transmettre que par endossement.

B. Le barrement :

Le barrement s’effectue au moyen de deux barres parallèles au recto et qui ne


peut, à raison de ce barrement être payé qu’a un banquier ou à un centre de chèques
postaux ou à un client du tiré.
On distingue entre deux types de barrement :
❖ Général : le cas où le chèque ne porte entre les barres aucune désignation ou la
mention « établissement bancaire» ou une expression équivalente.
❖ Spécial : si le nom d’un établissement bancaire est inscrit entre les deux barres.

Le porteur d’un tel chèque ne pourra se faire payer qu’en l’endossant par
procuration à son banquier qui approvisionnera son compte bancaire du montant du
chèque encaissé par ledit banquier.
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Afin d’éviter les risques de perte ou de vol des chèques ; le chèque barré ne peut être
qu’à une banque, mais l’endossement rend l’effet de cette technique limité.

C. La clause non endossable ou non à ordre :

Cette clause interdit l’endossement translatif de propriété du chèque. Mais elle


n’empêche pas l’endossement par procuration.
Elle est utile dans le cas où le chèque est nominatif ; puisque le chèque au porteur
ou à blanc est transmissible par simple tradition.
Cette clause a deux objectifs :
❖ Comme sécurité en cas de perte ou de vol.
❖ Comme preuve au paiement des dettes.

D. La certification :

La certification de chèque remplace l’acceptation en matière de lettre de change. Elle


résulte de l’apposition au recto du chèque par le tiré au moyen d’un procédé mécanique
de marquage, d’une formule comportant sa signature (certifié).
Elle a pour effet de bloquer la provision au profit du porteur, sous la responsabilité du
tiré, et ce, jusqu’au terme du délai de la présentation (20jours).

I. La vie du chèque :
1. L’émission du chèque :
Avant de se dessaisir du chèque en le remettant au bénéficiaire la provision doit
être faite par le tireur. Elle doit être constituée par la créance de somme d’argent dont
est titulaire le tireur à l’encontre du tiré.

La provision du chèque peut être constituée par ;


❖ Le dépôt de fonds chez la banque (versement d’une somme d’argent) ;
❖ La remise d’effets de commerce pour escompte ou par encaissement, mais
la provision dans ce cas ne sera constituée qu’après inscription de leur montant sur le
compte du client ;

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❖ Elle peut aussi résulter d’une ouverture de crédit (à distinguer avec les
facilités de caisse).
A l’opposition de la lettre de change dont la provision n’est exigible qu’à l’échéance,
le chèque doit avoir provision (certaine, liquide, disponible) dès le moment de la
présentation du chèque au paiement.

2. La circulation du chèque :
Le chèque avec stipulation « à ordre » est transmissible par la voie d’endossement.
Qui peut être translatif de propriété ou à titre de procuration, mais le chèque ne peut
jamais être transmet à titre de garantie, car il est un instrument de paiement à vue, il
ne peut pas se servir d’instrument de crédit.

A. Endossement translatif de propriété :

Cet endossement peut être nominatif, au porteur ou en blanc. Il doit remplir


certaines conditions (a) et il produit des effets (b).

a) Conditions de validité :

❖ Il doit être pur et simple, est avoir lieu pour la totalité de la somme
mentionnée sur le titre.
❖ Il doit être inscrit au verso du titre ou sur une allonge.
❖ La signature de l’endosseur est très importante.
❖ L’endossement doit être fait avant la confection du protêt faute de
paiement. A défaut, il ne produit que les effets d’une session ordinaire.

b) Les effets de l’endossement :

Une fois réalisé, l’endossement produit les mêmes effets de la lettre de change. Le
porteur acquiert la propriété de la provision (art 256 al 1ᵉᴿᵉ du c .c), et si le chèque était
certifié, il bénéfice du blocage de la provision.

B. Endossement de procuration :

23
Il s’agit-là d’un simple mandat donné par l’endosseur à l’endossataire pour encaisser
le montant porté sur le chèque pour son compte. Les mêmes expressions utilisées pour
la lettre de charge sont valables pour le chèque (Art 262 C.C).

3. Le paiement du chèque :
L’étude du paiement du chèque conduit à traiter successivement la présentation au
paiement (A), le paiement du chèque (B) et les recours cambiaires (C).

A. La présentation au paiement :

Le chèque est un titre payable à vue, il peut être présenté au paiement dès le jour
de son émission. S’il porte une date non-échue il est néanmoins payable dès le jour de
sa présentation (Art 267 du C.C).
Pour garder le bénéfice des recours cambiaires en cas de défaut de paiement, le
porteur doit présenter le chèque dans les délais suivants :
❖ 20 jours pour le chèque émis et payable au Maroc
❖ 60 jours pour le chèque émis hors Maroc et payable au Maroc.
➢ Le point départ de ces délais est le jour porté sur le chèque comme date
d’émission (Art 268 Al dernier).
➢ Le tiré doit payer le chèque approvisionné malgré une présentation tardive
(Art 271 Al1).
➢ Le chèque doit être présenté au paiement au lieu indiqué sur le titre
(banque du tiré en général).

B. Le paiement du chèque :

B-1 La réalisation de paiement :

Après la vérification de la régularité apparente du chèque, le banquier a l’obligation


de payer le chèque dans la limite de la provision disponible. Lorsque la provision ne
permet pas le paiement intégral du chèque, le tiré a l’obligation de proposer au porteur
un paiement partiel que ce dernier ne peut refuser (Art 273 al 2 C.C). Dans ce cas, le
porteur est tenu de faire protester le chèque pour le surplus.

B-2 Les incidents de paiement du chèque :


24
a. L’opposition
C’est un acte par lequel on interdit au banquier de payer le montant porté sur le
chèque qui lui sera présenté en effet, l’opposition n’est admise que dans cinq cas :

❖ En cas de perte du titre ;


❖ En cas de vol ;
❖ En cas d’utilisation frauduleuse ;
❖ En cas de falsification ;
❖ En cas de redressement ou liquidation judiciaire du porteur.

L’opposition doit être confirmée par un écrit accompagné des justifications et des
documents nécessaires.

b. Le refus de paiement :
On distingue entre un refus légitime et un refus illégitime. Le refus de paiement est
légitime lorsqu’il est basé sur un motif susceptible de ne pas engager la responsabilité
du tiré : l’opposition du tireur, l’absence de provision, ou l’insuffisance de provision.
Dans ce cas le porteur a le droit d’exercer des recours contre les endosseurs, le tireur et
les autres obligés.
En revanche, le refus est illégitime lorsque le tiré a refusé le paiement d’un chèque
régulièrement assigné sur caisses, il est tenu de réparer le dommage que son refus a pu
causer au tireur.

c. Formalités consécutives au non-paiement du chèque :


c.1 Protêt du chèque :
Le porteur d’un chèque non approvisionné doit faire établir un protêt pour constater
le non-paiement du chèque, et peut se réserver le droit d’exercer ses recours
ultérieurement contre les différents signataires du chèque (Art 283 du C.C)
Toutefois la clause de « retour sans frais » ou toute autre formule équivalente dispense
le porteur pour exercer ses recours, de faire établir un protêt (Art 286 du C.C).

25
Mais la clause ne dispense pas le porteur de la présentation du chèque dans le délai
prescrit, ni des avis à donner. La preuve de l’inobservation du délai incombe à celui qui
s’en prévaut contre le porteur (Art 286 al 2 du C.C).

c. 2 Avis du défaut de paiement :


Le porteur doit donner avis du défaut de paiement à son endosseur, et au tireur
dans les huit jours ouvrables qui suivent le jour du protêt, et en cas de clause de retour
sans frais, le jour de la présentation (Art 285 al 1 du C.C).
Chaque endosseur doit, dans les quatre jours ouvrables qui suivent le jour où il a reçu
l’avis, faire connaître à son endosseur l’avis qu’il a reçu.
Le non-respect de cette disposition n’entraîne pas la déchéance, mais celui qui n’a
pas donné l’avis dans le délai indiqué est responsable du préjudice causé par sa
négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le montant du chèque
(Art 239 al. Dernier du C.C).
c.3 Attestation du non-paiement :
Tout établissement bancaire qui refuse le paiement d’un chèque pour défaut de
provision, doit remettre au porteur ou à son mandataire un certificat de refus de
paiement (art 309 al 1du C.C). Cette attestation ne fait pas double emploi avec le
protêt, qui demeure le seul acte valable pour sauvegarder les recours cambiaires du
porteur.
C. L’exercice des recours cambiaires :
C .1- Conditions d’exercice des recours :
Le porteur d’un chèque impayé dispose d’action cambiaire contre tous les signataires
du titre. Toutes ces personnes obligées sont solidairement tenues envers lui par
conséquent il a droit contre elles individuellement ou collectivement, sans être astreint
à observer l’ordre dans lequel elles se sont obligées.
En principe, seul le porteur diligent, c’est-à-dire qui présente le chèque au paiement
et dresse protêt faute de paiement dans le délai légal avec sa notification aux
26
intéressés, peut bénéficier de cette action. Toutefois, par exception un porteur même
négligent, donc frappé de la déchéance pour non-respect des formalités évoquées ci-
dessus, garde son action contre le tireur qui n’a pas fait provision et les autres obligés
qui se seraient enrichis injustement.
Par cette action cambiaire le porteur obtient paiement du montant indiqué sur le
chèque impayé, les intérêts calculés à partir du jour de la présentation, les frais du
protêt, ceux des avis donnés ainsi que les autres frais.
C-2 Prescription des recours :

Les recours cambiaires relatifs au chèque se prescrivent de la manière suivante :

❖ Les actions en recours du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres
obligés se prescrivent par six mois à partir de l’expiration du délai de présentation.
❖ Les actions en recours des divers obligés au paiement d’un chèque les uns contre les
autres se prescrivent par six mois à partir du jour ou l’obligé a remboursé le chèque ou
du jour où il a été lui-même actionné.
❖ L’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un an à partir de
l’expiration du délai de présentation.

Chapitre 2 : Le droit de l’entreprise en difficultés


Une nouvelle loi pour la sauvegarde des entreprises en difficultés est entrée en
vigueur, publiée au bulletin officiel le 23 avril 2018, la loi N°73-17 prévoit une procédure
de sauvegarde des entreprises pour les protéger de la faillite.

La loi N° 73-17, abrogeant et remplaçant le livre V de la loi N° 15-95 formant code


de commerce relatif aux difficultés de l’entreprise, met en place des mécanismes
d’accompagnement des entreprises en situation difficile et entend améliorer la
situation.

Ainsi l’art 545 de cette loi prévoit que l’entreprise en difficultés est tenue de
procéder par elle-même à travers la prévention interne des difficultés au redressement

27
permettant la continuité de l’exploitation. A défaut, le président du tribunal intervient à
travers la prévention externe.

Cet article prévoit, aussi, un recours à la procédure de sauvegarde« à travers un plan de


sauvegarde soumis au tribunal pour approbation ».

Le traitement des difficultés de l’entreprise intervient à travers le redressement


judiciaire par la mise en place d’un plan de continuation au d’un plan de cession. Les
difficultés peuvent aboutir, également, à la fin de continuation de l’exploitation par la
mise en liquidation judiciaire.

Section1 : Les procédures de prévention des difficultés de


l’entreprise
Lorsqu’une entreprise n’est pas en cessation des paiements, mais elle se trouve en
difficultés, la loi prévoit un dispositif d’alerte tendant à appeler l’attention des
dirigeants sociaux sur la nécessité pour eux de prendre des mesures en vue de redresser
cette situation prévention interne (I). A défaut, le président du tribunal intervient à
travers la prévention externe (II) et peut aussi nommer un mandataire privé ou bien la
nomination d’un conciliateur.

I. La prévention interne :
Le législateur prévoit que la commissaire aux comptes ou tout associé informe le
chef de l’entreprise des faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation
dans un délai de huit jours(8j) de la découverte des faits par lettre recommandée avec
accusé de réception.

Le chef de l’entreprise dispose d’un délai de quinze jours (15j) à compter de la


réception pour parvenir à un « résultat positif ». A défaut, il est tenu de faire délibérer
l’assemblée générale pour y statuer sur rapport du commissaire aux comptes s’il existe
(Art 547 de la loi 73-17).

28
A défaut de délibération de l’assemblée générale ou si la délibération laisse à
penser que la continuité de l’exploitation demeure compromise, le commissaire aux
comptes ou le chef d’entreprise ou par un associé en informe le président du tribunal.

II- La prévention externe :


Cette prévention s’applique lorsque la continuité l’exploitation de l’entreprise est
compromise, le président du tribunal convoque le chef de l’entreprise afin que soient
envisagées les mesures propres à redresser la situation.

Appréciant les difficultés de l’entreprise, le président du tribunal, s’il estime que


celles-ci sont surmontables, peut désigner soit un mandataire spécial (1) ou un
conciliateur (2).

1. Le mandataire spécial :
Le président du tribunal peut désigner un mandataire spécial proposé par le chef
de l’entreprise. Cette option est possible lorsque les difficultés aux quelles fait face
l’entreprise s’avèrent surmontables.

Le mandataire est chargé d’atténuer « les difficultés pouvant nuire à la continuité


de l’entreprise ».Elles peuvent êtres sociales comme en cas de conflit entre les salariés
impayés et le management.

Le mandataire spécial est désigné pour une mission et une période déterminée. En
cas d’échec, il doit présenter « en urgence » un rapport au tribunal. Deux options sont
possibles. Soit le mandat est prorogé, soit le mandataire est destitué. Le chef
d’entreprise doit donner son accord.

2. La conciliation :
Selon l’art 551 de la loi 73.17, la procédure de conciliation est ouverte à toute
entreprisse qui, sans être en cessation de paiement :

❖ Eprouve une difficulté économique ou financière.


❖ A des besoins ne peuvent être couverts par un financement adapté aux
possibilités de l’entreprise.
29
2-1 Les parties de la conciliation :

A – le chef de l’entreprise :

C’est au chef de l’entreprise et à lui seul qu’il appartient de solliciter une


conciliation, par une requête comportant un exposé sur la situation économique
financière et sociale de l’entreprise, les besoins de financement ainsi que les moyens d’y
faire face.

B- le président du tribunal :

Le président du tribunal peut obtenir communication, par tous les moyens possibles,
des renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation
économique et financière de l’entreprise. Il peut charger un expert d’établir un rapport
sur la situation économique, sociale et financière de l’entreprise.

Après avoir s’assurer de la situation exacte du l’entreprise, il ouvre la procédure de


conciliation et désigne un conciliateur.

C- Le conciliateur :

Le législateur n’a pas définit le conciliateur et les conditions dont il doit disposer,
mais on peut dire qu’il doit être expert en gestion, et en négociation.

La mission principale du conciliateur est d’aplanir les difficultés financières ou


économiques, en recherchant la conclusion d’un accord avec les créanciers. Le mandat
du conciliateur est fixé dans une période de 3mois renouvelable une seule fois à sa
demande. (art 553 Al 1 de la loi 73-17).

Le conciliateur, comme le chef de l’entreprise, peut saisir le président du tribunal


pour une suspension provisoire des poursuites.

30
Le président du tribunal peut rendre une ordonnance fixant la suspension pour
une durée n’excédant pas le terme de la mission du conciliateur et après avoir recueilli
l’avis des principaux créanciers.

2-2 Les effets de la suspension provisoire des poursuites :

A-Pour les créanciers :


❖ Suspend ou interdit toute action en justice de la part de tous les créanciers dont
la créance à son origine antérieurement à la dite ordonnance (paiement d’une dette,
résolution d’un contrat pour défaut de paiement).
❖ Arrête ou interdit toute mesure d’exécution de la part de ces créanciers tant sur
les meubles que sur les immeubles.
❖ Arrête les délais impartis à peine de déchéance ou de résolution des droits.
B-Pour le chef de l’entreprise :
❖ Interdit le débiteur de payer en tout ou partie une créance quelconque née
antérieurement à cette décision.
❖ Interdit le débiteur de faire un acte de disposition étranger à la gestion normale
de l’entreprise.
❖ Interdit au débiteur de consentir une hypothèque ou nantissement sans
autorisation du président du tribunal.

N.B : Ces interdictions ne s’appliquent aux créances résultant du contrat de travail.

3. Les effets de la conciliation :


Lorsqu’ un accord est conclu avec tous les créanciers il est homologué par le
président du tribunal et déposé au greffe.

Si un accord est conclu avec les principaux créanciers le président du tribunal peut
également l’homologuer et accorder au débiteur les délais de paiement prévus par les
textes en vigueur pour les créances non incluses dans l’accord. Dans ce cas, les
créanciers non inclus dans l’accord et concernés par nouveaux délais doivent en être
informés.
31
Les créanciers qui avaient consenti, dans le cadre d’une procédure de conciliation
un nouvel apport en trésorerie de l’entreprise, sont payés par priorité avant toutes les
autres créances.

En cas d’inexécution des engagements résultant de l’accord, le président du


tribunal constate par ordonnance non susceptible d’aucun recours la résolution de
l’accord ainsi que la déchéance de tout délai de paiement accordé. Il renvoie l’affaire
devant le tribunal aux fins d’ouverture de la procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire.

Reste à signaler que le nouveau régime des entreprises en difficulté à intégrer un


plan de sauvegarde détaillé dans les articles 560 à 574 de l aloi 73-17.

Section2 : la procédure de sauvegarde


La procédure de sauvegarde a pour objet de permettre à l’entreprise de surmonter
ses difficultés afin de garantir la poursuite de son activité, le maintien de l’emploi et
l’apurement du passif. Elle n’avait pas d’existence dans la loi 15-95, elle est considérée
parmi les évolutions majeures de la nouvelle loi 73-17.

I. Les caractéristiques de la procédure de sauvegarde :


❖ Elle est volontaire exercée par le chef de l’entreprise qui dépose sa demande au
secrétariat greffe du tribunal compétent.
❖ Le chef de l’entreprise assure les opérations de gestion, et demeure sous le
contrôle du syndic en ce qui concerne la procédure de sauvegarde.
❖ La durée de l’exécution du plan de sauvegarde ne doit excéder à 5 ans.

II. Les conditions d’ouverture de la procédure :


❖ Elle s’applique à toute entreprise qui est, selon l’art 546 de la loi 73-13, le
commerçant personne physique ou la société commerciale.
❖ L’entreprise fait face à des difficultés sans être en cessation de paiement (à défaut
on passe au redressement).

32
❖ Le tribunal s’assure de l’existence des difficultés mentionnées dans la demande
du débiteur par tous les moyens autorisés par la loi.

III. Etapes d’ouverture de la procédure de sauvegarde :


❖ Demande du chef de l’entreprise au tribunal compétent, accompagnée des
documents prévus à l’art 577 et d’un projet de plan de sauvegarde.
❖ Le tribunal statue sur cette demande après avoir entendu le chef de l’entreprise
en chambre du conseil, dans un délai de 15 jours du dépôt de la demande.
❖ Le jugement d’ouverture de la procédure prend effet à partir de sa date. Il est
mentionné sans délai aux registres du commerce local et central, dans un journal
d’annonces légales, au bulletin officiel et dans les livres de la conservation foncière.

IV. Les effets du jugement d’ouverture de la procédure de


sauvegarde :
1. Pour le chef de l’entreprise :
❖ Il assure les opérations de gestion ;
❖ Il est soumis en ce qui concerne les actes de disposition et l’exécution du plan de
sauvegarde au contrôle du syndic ;
❖ Il est tenu de dresser un inventaire du patrimoine de l’entreprise ainsi les
garanties qui le grèvent :
➢ Cet inventaire est mis à la disposition du juge commissaire plan de sauvegarde et
du syndic.
➢ Doit être accompagné d’une liste des biens susceptibles d’être revendiqués par
un tiers.

2. Pour le syndic :
❖ Il est nommé par le jugement de l’ouverture de procédure de sauvegarde ;
❖ Il contrôle l’exécution du plan de sauvegarde.
❖ Il contrôle les actes de disposition du débiteur.
❖ Il dresse au juge commissaire un rapport détaillé sur le bilan financier,
économique et social de l’entreprise.
33
❖ Le syndic propose au tribunal soit l’approbation du projet du ou sa modification,
soit le redressement de l’entreprise ou la liquidation judiciaire.

Section 3 : La procédure de redressement judiciaire


Le législateur ne prévoit plus uniquement une solution de liquidation judiciaire à la
constatation de la cessation à traiter les difficultés de l’entreprise.
Ainsi, et selon l’art 595 de la loi 73-17, le syndic avec le concours du chef de l’entreprise
et l’assistance éventuelle d’un ou plusieurs experts, doit dresser dans un rapport
détaillé le bilan financier, économique et social de l’entreprise.

Au vu de ce bilan financier, économique et social, le syndic propose soit un plan de


redressement assurant la continuation judiciaire ou sa cessation à un tiers, soit la
liquidation judiciaire (art 595 al 2 de la loi 73-17).

L’ouverture de toute procédure suppose le respect des conditions de fond et de


forme.

I. Les conditions d’ouverture de la procédure :


1. Les conditions de fond :
1-1 Les personnes juridiques concernées :

L’art 575 de la loi 73-17 dispose que la procédure de redressement judiciaire


s’applique à toute entreprise commerciale : le commerçant personne physique ou la
société commerciale. (Art 546 la loi 73-17).

La procédure peut être ouverte à l’encontre du :

❖ Commerçant qui a mis fin à son activité ou qui est décédé, dans l’année de sa
retraite ou dans les six mois suivant la date de son décès si la cessation de paiement est
antérieure à ces événements.
❖ Un associé tenu solidairement dans une société en nom collectif dans le délai
d’un an de sa retraite, si la cessation de paiement est antérieure à cette retraite.

34
1-2 Cessation de paiement :

Elle est définit comme étant l’impossibilité pour une entreprise de faire face au
passif exigible avec son actif disponible, y compris les créances résultant des
engagements pris dans le cadre de l’accord amiable prévu à l’art 556 de la loi 73-17.

Les dettes exigibles doivent être mesurées à l’actif disponible et réalisable. Cela
signifie, que l’entreprise doit disposer de disponibilités immédiates (ou à moyen terme)
pour payer le passif échu.

1. Les conditions de forme :


2-1 : La saisine du tribunal :

❖ Le chef de l’entreprise doit demander l’ouverture de cette procédure au plus tard


dans les trente jours qui suivent la date de la cessation de paiement.
❖ La demande est déposée au greffe, et énonce les causes de la cessation de
paiement.
❖ La demande doit être accompagnée des documents mentionnés dans l’art 577 al
2 de la loi 73-17.
❖ Le débiteur doit verser, sans délai, à la caisse du tribunal un montant pour couvrir
les frais de publicité et d’administration de la procédure.
❖ La procédure peut être ouverte sur l’assignation d’un créancier quelque soit la
nature de sa créance, ou sur requête du ministère public ou du président du tribunal (la
limite de sa compétence en matière de prévention externe)
❖ Le tribunal compétent est celui du lieu principal d’établissement du commerçant
ou du siège social de la société.

2-2 Le jugement d’ouverture de la procédure.

❖ Le tribunal statue sur l’ouverture de la procédure après avoir entendu ou dument


appelé le chef de l’entreprise en chambre du conseil.

35
❖ Le tribunal peut entendre toute personne lui parait.
❖ Le tribunal statue au plus tard dans les quinze jours de la saisine, après avoir
vérifié la réunion des conditions.
❖ Le jugement doit fixer la date de la cessation des paiements et désigner les
organes de la procédure à savoir le juge commissaire, le syndic et les contrôleurs.
❖ Le jugement prend effet à partir de sa date, et il est prononcé s’il apparait que la
situation de l’entreprise n’est pas irrémédiablement comprise.
❖ La publication du jugement est la même mentionnée pour la procédure de
sauvegarde.

II. La gestion de l’entreprise pendant la période d’observation :


Une fois la procédure ouverte : le tribunal ne peut pas prononcer immédiatement le
redressement judiciaire ou la liquidation judiciaire de l’entreprise. Sa décision sur le sort
de celle-ci n’intervient qu’à l’issue d’une période d’observation.

Pendant cette période d’observation, l’activité de l’entreprise doit être poursuivie, en


évitant que la situation ne continue à s’aggraver, et aussi donner un certain temps pour
déterminer ses difficultés réelles. L’objectif est de permettre aux organes de la
procédure et aux débiteurs de chercher les moyens de sauver l’entreprise.

Toutefois, à tout moment le tribunal peut ordonner la cessation totale ou partielle


de l’activité ou la liquidation judiciaire. Lorsque l’activité est poursuivie, il prévoit
quelques aménagements.

Section 4 : choix de la solution


L’article 622 de la loi 7317 prévoit que le tribunal décide soit la continuation de
l’entreprise, soit sa cession, soit sa liquidation judiciaire sur la base du rapport du syndic
et après avoir entendu le chef de l’entreprise, les contrôleurs et les délégués du
personnel.

36
I.Plan de continuation :
Le tribunal décide la continuation de l’entreprise lorsqu’il existe des possibilités
sérieuses de redressement et de règlement du passif.

1. Elaboration du plan :
❖ Le plan mentionne les engagements souscrits qui sont nécessaires au
redressement de l’entreprise.
❖ Il indique les modifications apportées à la gestion de l’entreprise.
❖ La continuation de l’entreprise peut être décidée sous condition d’une
restructuration sous la forme d’un arrête, d’une adjonction ou d’une cession d’une
branche d’activités.
❖ Il mentionne aussi les modifications de statuts nécessaires à la continuation de
l’entreprise.
❖ La résiliation des contrats de travail est réputée avoir lieu pour motif économique
nonobstant toute disposition légale contraire.
❖ La durée du plan est fixée par le tribunal sans pouvoir excéder dix ans.

2. Effets du plan :
Le plan de continuation a plusieurs effets parmi lesquels on cite :

❖ Le jugement optant pour un plan de redressement met fin à la période


d’observation.
❖ Suspension de l’interdiction d’émettre des chèques en raison de faits antérieurs
au jugement.
❖ Inaliénabilité de certains biens que le tribunal estime indispensables à la
continuation de l’entreprise.
❖ Le tribunal donne acte des délais et remises acceptés par les créanciers au cours
de la consultation. Il peut, le cas échéant, réduire ses délais et remises.
❖ Le tribunal peut imposer aux créanciers qui n’ont pas consenti de délais ou de
remises, des délais uniformes.

37
❖ Si l’entreprise n’exécute pas ses engagements fixés par le plan ou si ce dernier
n’est exécuté dans les délais le tribunal peut d’office ou à la demande d’un créancier et
après avoir entendu le syndic et appelé le chef de l’entreprise, prononcer la résolution
du plan de continuation et décider la liquidation judiciaire de l’entreprise.
❖ Si l’entreprise exécute le plan de continuation le tribunal prononce la clôture de la
procédure.

II. Plan de cession :


La cession a pour but d’assurer le maintien d’activités susceptibles d’exploitation
autonome, de tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d’apurer le passif.
Elle peut être totale ou partielle. Dans le premier cas l’intégralité de l’actif est alors
cédée au cessionnaire, ce n’est pas celui qui offre un prix d’achat le plus important qui a
la priorité, mais celui qui propose un rachat qui préserve au mieux les entreprises.
Dans le second cas, la cession porte sur un ensemble d’éléments d’exploitation qui
forme une ou plusieurs branches d’activités autonomes.
La loi soumet la cession de l’entreprise en difficultés à des conditions particulières
dérogatoires des cessions classiques (1) et lui fait produire un certain nombre d’effets
(2).

1. Les conditions de la cession :


L’article 636 de la loi 73-13 st suivants, précisent les modalités de la cession, Ainsi toute
offre doit être communiquée au syndic dans un délai qu’il fixe et qu’il porte à la
connaissance des contrôleurs.
A défaut d’accord entre le chef de l’entreprise, le syndic et les contrôleurs, un délai de
quinze jours doit s’écouler entre la réception d’une offre par le syndic et l’audience au
cours de laquelle le tribunal examine cette offre.
Toute offre doit comporte l’indication :
a) Des prévisions d’activité et de financement ;
b) Du prix de cession et ses modalités de règlement ;
c) De la date de réalisation de la cession ;
d) Du niveau et des perspectives d’emploi justifiés par l’activité considérée ;
e) Des garanties souscrites en vue d’assurer l’exécution de l’offre.
38
f) Des prévisions de vente d’actifs au cours des deux années suivant la cession.

Sont joints à l’offre, les documents relatifs aux trois derniers exercices lorsque
l’auteur de l’offre est tenu de les établir. Le juge commissaire peut demander des
indications complémentaires.

Le syndic joue un rôle très important dans cette opération, il passe tous les actes
nécessaires à la réalisation de la cession. Et il peut sous sa responsabilité confier au
cessionnaire la gestion de l’entreprise cédée, dans l’attente de l’accomplissement de ces
actes. Sa mission dure jusqu’à la clôture de la procédure.

2. Les effets de la cession :


2-1 A l’ égard du cessionnaire :
❖ Reçoit les contrats déterminés par le tribunal et qui sont nécessaires au maintien
de l’activité ; il s’agit des contrats de crédit-bail, de location ou de fournitures de biens
ou services.
❖ Payer le prix de cession dont le montant, les modalités de paiement et les
garanties sont fixées par le tribunal.
❖ Il ne peut pas céder les biens compris dans la cession s’il n’a pas payé l’intégralité
du prix.
❖ Il rend compte au syndic de l’exécution du plan de cession, à défaut le tribunal
prononce la résolution du plan.
❖ Il informe préalablement le syndic de toute aliénation d’un bien cédé.
2-2 A l’ égard des créanciers :
❖ Le prix de cession est reparti par le syndic entre les créanciers suivant leur rang.
❖ Le jugement du plan de cession totale rend exigibles les dettes mon échues.
❖ Les créanciers titulaires de suretés spéciales grevant des biens inclus dans la
cession se partagent en priorité une quote-part du prix de cession.
❖ Pour les titulaires de suretés immobilières spéciales qui ont servi à accorder un
crédit à l’entreprise pour le financement d’un bien, la charge de suretés est transférée
au repreneur qui doit honorer les échéances postérieures à la gestion.

39
❖ Les créanciers titulaires du droit de rétention ne subissent pas les conséquences
de la cession. Ils ne sont pas dessaisis du bien légitimement retenu.
❖ Pour les salariés, les contrats de travail sont maintenus sous réservé des
licenciements prévus par le plan.

Section 5 : La liquidation judiciaire


Selon l’art 651 de la loi 73-17, la procédure de liquidation judiciaire est ouverte
lorsque la situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise. Il y a donc
impossibilité de redresser l’entreprise ; la cessation d’activité s’impose.

La liquidation judiciaire peut être demandée par le chef de l’entreprise (le débiteur),
un créancier ou par le ministère public. Le tribunal peut également se saisir d’office.

Le jugement qui prononce la liquidation judiciaire emporte le plein droit


dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens,
même de ceux qu’il a acquis à quelque titre que ce soit, tant que la liquidation n’est pas
clôturée.

Le jugement charge le syndic de gérer les droits et les actions du débiteur


concernant son patrimoine. Les règles de procédures prévues aux articles575 à 585 sont
applicables à la liquidation judiciaire.

I. Les effets de la liquidation :


1. A l’ égard du débiteur :

Le débiteur peut exercer les actions personnelles ; il peut se constituer partie civile
dans le but d’établir la culpabilité de l’auteur d’un crime ou d’un délit dont il serait
victime ; toutefois, les dommages et intérêts qu’il obtiendra, bénéficieront à la
procédure ouverte.

2 .A l’égard du liquidateur :

Le jugement charge le syndic de gérer toutes les actions découlant des droits du
débiteur, et durant toute la durée de la liquidation judiciaire.

40
Sa mission consiste donc dans la réalisation des opérations de liquidation de
l’entreprise. A cette fin la loi lui donne le pouvoir de procéder aux licenciements
résultants de la décision judiciaire de liquidation.

Le syndic procède à la vérification des créances sous le contrôle du juge-


commissaire. Il tient informer le juge-commissaire et procureur du roi du déroulement
des opérations.

Le syndic agit au nom et dans l’intérêt des créanciers, sous réserve des droits
reconnus aux contrôleurs et à l’assemblée des créanciers, il prend toute mesure pour
les informer et les consulter.

3. A l’égard de l’entreprise :

La liquidation judiciaire met fin en principe à l’activité de l’entreprise. Toutefois, si


l’intérêt-général ou celui des créanciers l’exige, le tribunal peut autoriser la continuation
de l’activité pour une durée qu’il fixe, soit d’office soit à la demande du syndic ou du
procureur du Roi.

II. Les opérations de la liquidation :


La liquidation judiciaire se caractérise par deux types d’opérations ; la première à
trait à la réalisation de l’actif du débiteur ; la seconde consiste à apurer le passif et à
répartir le produit des ventes des éléments d’actif entre ayant déclare les créances.

1. La réalisation de l’actif :
❖ Les ventes d’immeubles ont lieu suivant les formes prescrites par le code de
procédure civile en matière de saisie immobilière avec cette dérogation qu’à le juge
commissaire de fixer la mise à prix et les conditions essentielles de la vente (art. 654 al.
1 de la 73-17).
❖ Le juge commissaire peut autoriser soit la vente par adjudication amiable sur la
mise à prix qu’il fixe soit de gré à gré.
❖ Les unités de production de tout ou partie de l’actif mobilier ou immobilier
peuvent faire l’objet d’une cession globale.

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❖ Le juge commissaire ordonne la vente de bien meuble aux enchères publiques ou
de gré à gré.
❖ Le juge commissaire choisit l’offre qu’il lui apparaît le plus sérieuse et qui permet
dans les meilleures conditions d’assurer durablement l’emploi et le paiement des
créanciers.
❖ Le jugement d’ouverture de la liquidation judiciaire rend exigible les créances non
échues.

2. L’apurement du passif :
Le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire entraîne la déchéance
du terme, les créances qui n’étaient pas arrivées à échéance deviennent
immédiatement exigibles, l’opération de l’apurement du passif se réalise de la manière
suivante : en cas de distribution des sommes avant la répartition du prix des
immeubles, les créanciers privilégiés et hypothécaires admis concourent à cette
répartition dans la proportion de leurs créances totales , par contre après la vente des
immeubles et le règlement définitif de l’ordre entre les créanciers hypothécaires et
privilégiés , ceux d’entre eux qui viennent en rang utile sur le prix des immeubles pour la
totalité de leur créances ne perçoivent le montant de leur collocation des sommes ainsi
déduites profitent aux créanciers chirographaires , le montant de l’actif , abstraction
faite des frais et dépenses de la liquidation judiciaire , des subsides accordés par le juge
commissaire au chef d’entreprise ou aux dirigeants ou à leurs familles et des sommes
payées aux créanciers privilégiés , et reparti entre les créanciers au prorata de leurs
créances admises.

3. La clôture des opérations de la liquidation judiciaire :


L’art 669 de la loi 7317 prévoit que à tout moment, tribunal peut prononcer, même
d’office, le chef d’entreprise appelé et sur rapport du juge commissaire, le clôture de la
liquidation judiciaire :

❖ lorsqu’il n’existe plus de passif exigible ou que le syndic dispose des sommes
suffisantes pour désintéresser les créanciers ;

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❖ lorsque la poursuite des opérations de liquidation judiciaire est rendue impossible
en raison de l’insuffisance de l’actif.
Le syndic procède à la reddition des comptes.

Toutefois, la réouverture de la procédure de liquidation judiciaire peut, à la demande


de tout intéressé, être prononcée par décision motivée, dès lors qu’il apparaît
l’existence d’actifs non réalisés ou d’actions non exercées au profit des créanciers et qui
sont susceptibles de reconstituer l’actif de l’entreprise.

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Sommaire :
Avant propos : .............................................................................................................................................................
Liste des abréviations : ...............................................................................................................................................
Introduction générale : ..............................................................................................................................................
I.Rappel sur la notion « Droit » : ..................................................................................................................................
II.Généralités sur le droit commercial : .......................................................................................................................
III.Généralités sur le droit des affaires : ......................................................................................................................
Chapitre 1 : les effets de commerce : .........................................................................................................................
Section 1 : La lettre de change : ..................................................................................................................................
I.Généralités sur la lettre de change :..........................................................................................................................
1.Définition : ................................................................................................................................................................
2.Fonctions : ................................................................................................................................................................
II.L’émission de la lettre de change : ...........................................................................................................................
1.La capacité : ..............................................................................................................................................................
2.Les mentions obligatoires : .......................................................................................................................................
III.L’acceptation de la lettre de change : .....................................................................................................................
Définition : ................................................................................................................................................................
2.Formes de l’acceptation : .........................................................................................................................................
3.Refus de l’acceptation : ............................................................................................................................................
4. Les effets de l’acceptation : .....................................................................................................................................
IV.Les garanties de paiement de la lettre de change : ................................................................................................
1.Le transfert de la propriété de la provision ..............................................................................................................
2.La solidarité : ............................................................................................................................................................
3.L’aval : .................................................................................................................................................................
V.La circulation de la lettre de change : ......................................................................................................................
1.Endossement translatif de propriété :......................................................................................................................
2.L’endossement par procuration : .............................................................................................................................
3.L’endossement pignoratif : .......................................................................................................................................
VI.Le paiement de la lettre de change : .......................................................................................................................
1.La présentation au paiement : .................................................................................................................................
2.La réalisation du paiement : .....................................................................................................................................
3.Les obstacles de paiements : ....................................................................................................................................
VII.Les recours :............................................................................................................................................................
1.Le porteur diligent : ..................................................................................................................................................
2.Le porteur négligent : ...............................................................................................................................................
3.Les prescriptions des recours : .................................................................................................................................
Section 2 : le chèque....................................................................................................................................................
I.Définition et caractéristiques : ..................................................................................................................................
1.Définition : ................................................................................................................................................................
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2.Caractéristiques : ......................................................................................................................................................
II.Les conditions de validité du chèque : .....................................................................................................................
1.Les mentions obligatoires : .......................................................................................................................................
2.Les mentions facultatives : .......................................................................................................................................
III.La vie du chèque : ....................................................................................................................................................
1.L’émission du chèque : .............................................................................................................................................
2.La circulation du chèque :.........................................................................................................................................
3.Le paiement du chèque : ..........................................................................................................................................

Chapitre 2 : Le droit de l’entreprise en difficultés : ............................................................


Section1 : Les procédures de prévention des difficultés de l’entreprise : ..................................................................
I.La prévention interne : ..............................................................................................................................................
II.La prévention externe : ............................................................................................................................................
1.Le mandataire spécial : ............................................................................................................................................
2.La conciliation : .........................................................................................................................................................
3.Les effets de la conciliation : ....................................................................................................................................
Section 2 : la procédure de sauvegarde : ....................................................................................................................
I.Les caractéristiques de la procédure de sauvegarde : ..............................................................................................
II.Les conditions d’ouverture de la procédure : ..........................................................................................................
III.Etapes d’ouverture de la procédure de sauvegarde : .............................................................................................
IV.Les effets du jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde : ...................................................................
1.Pour le chef de l’entreprise : ....................................................................................................................................
2.Pour le syndic :..........................................................................................................................................................
Section 3 : La procédure de redressement judiciaire : ................................................................................................
I.Les conditions d’ouverture de la procédure : ...........................................................................................................
1.Les conditions de fond : ............................................................................................................................................
2.Les conditions de forme : .........................................................................................................................................
II.La gestion de l’entreprise pendant la période d’observation : ................................................................................
Section 4 : choix de la solution ....................................................................................................................................
I.Plan de continuation :................................................................................................................................................
1.Elaboration du plan : ................................................................................................................................................
2.Effets du plan : ..........................................................................................................................................................
II.Plan de cession : .......................................................................................................................................................
1.Les conditions de la cession :....................................................................................................................................
2.Les effets de la cession : ...........................................................................................................................................
Section 5 : La liquidation judiciaire : ............................................................................................................................
I.Les effets de la liquidation : .......................................................................................................................................
1. A l ’ égard du débiteur :………………………………………………………………… …………………………………… ...............................
2. A l’ égard du liquidateur : .......................................................................................................................................
3. A l’ égard de l’entreprise : .......................................................................................................................................
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II.Les opérations de la liquidation : .............................................................................................................................
1.La réalisation de l’actif : ............................................................................................................................................
2.L’apurement du passif : ............................................................................................................................................
3.La clôture des opérations de la liquidation judiciaire : ............................................................................................

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