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UE 112 Droit des sociétés

et des groupements d’affaires

Corrigé du devoir 2

Auteur : Catherine Vauthier

EXERCICE 1 CAS PRATIQUES (16 POINTS)


1.  Que pensez-vous de la situation de M.  Director quant au cumul des mandats  ?
(2 points)

Problème de droit
Quelles sont les règles de cumul des mandats d’un dirigeant de SA ?

Règles de droit (1,25 point)


Les règles sur le cumul des mandats de dirigeants de SA sont :
∙ une même personne peut être administrateur de cinq conseils d’administration de SA
ayant leurs sièges sociaux sur le territoire français (art. L. 225‑21 C. com.) ; (0,25 point)
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∙ une même personne peut cumuler cinq mandats de dirigeant de SA ; (0,25 point)
∙ le mandat de directeur général et d’administrateur de la même SA compte pour un seul
mandat ; (0,25 point)
∙ une même personne peut exercer un seul mandat de directeur général ou de membre du
directoire ; (0,25 point)
∙ le cumul global des mandats dans la SA est de cinq. (0,25 point)

Application à l’espèce (0,75 point)


En l’espèce, le mandat d’administrateur exercé dans une société ayant son siège social en
Belgique n’est pas pris en compte. Le mandat de directeur général de la SA BOM se confond
avec le mandat d’administrateur de cette SA. (0,25 point) M. Director est directeur général
d’une seule SA. Les mandats de gérant exercés dans des SCI et le mandat de gérant de SARL
ne sont pas pris en compte. (0,25 point) Sa situation est donc régulière. (0,25 point)

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2. Indiquez les modalités de renouvellement du bail commercial. (2 points)

Problème de droit
Quelles sont les modalités de conclusion d’une convention réglementée ?

Règles de droit (1,25 point)


Les conventions réglementées sont des conventions qui ne sont ni libres ni interdites. Ce
sont les conventions dans lesquelles il existe un conflit d’intérêts entre la SA et l’autre partie
intéressée par la convention. Il s’agit, d’une part, de conventions conclues directement ou
indirectement entre la société et un dirigeant ou un actionnaire détenant plus de 10 % des
droits de vote. (0,25 point) Il s’agit, d’autre part, de conventions conclues entre la société et
une autre entreprise dont l’un des dirigeants de la SA est également propriétaire, associé
indéfiniment responsable ou dirigeant (art. L. 225‑38 s. C. com.). (0,25 point)
La conclusion des conventions réglementées est subordonnée au respect de la procédure de
contrôle. (0,25 point) La convention fait l’objet d’un vote par le conseil d’administration, ce
dernier autorise ou non la convention. L’administrateur concerné ne participe pas. Quel que
soit le résultat du vote du conseil d’administration, la procédure se poursuit. (0,25 point) Le
commissaire aux comptes, s’il en existe, rédige un rapport spécial sur la convention. Ce rap‑
port, destiné à informer les actionnaires, doit être précis, il faut notamment indiquer le type
de convention, les signataires, la durée, le montant. L’AGO se prononce sur la convention.
L’actionnaire intéressé ne prend pas part au vote et ses actions ne comptent pas pour le
calcul de la majorité. Que la convention soit ou non approuvée, la SA est engagée, elle est
alors tenue d’exécuter la convention. Lorsque la convention est approuvée, les consé‑
quences dommageables sont supportées par la SA, dans le cas contraire, les conséquences
dommageables peuvent être mises à la charge de la personne intéressée par la convention.
(0,25 point)

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Application à l’espèce (0,75 point)
En l’espèce, le renouvellement du bail commercial est une convention réglementée, car le
bail est conclu entre la SA et une autre société dont un des dirigeants est également proprié‑
taire, associé indéfiniment responsable ou dirigeant. La personne intéressée est M.  Loc,
administrateur de la SA BOM. Il est aussi dirigeant de la SCI LOCA, signataire du bail com‑
mercial. (0,25 point)
Le renouvellement du bail commercial est soumis à la procédure de contrôle. (0,25 point) Le
renouvellement sera autorisé par le conseil d’administration de la société BOM. M.  Verif
rédigera un rapport spécial, il indiquera notamment que la convention est un bail commer‑
cial, le loyer, la durée de la location et que la personne intéressée par le contrat est M. Loc,
administrateur. Le rapport sera communiqué aux actionnaires de la SA BOM. L’AGO de cette
société se prononcera. Quelle que soit sa décision, la SA BOM sera tenue d’exécuter le bail
commercial. (0,25 point)

3. Les doutes de l’actionnaire de la SA BOM sont-ils fondés ? (1,5 point)

Problème de droit
Quelles sont les conditions de validité de l’émission d’actions de préférence ?

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Règles de droit (1 point)


La création des actions de préférence suppose l’existence d’une clause expresse des statuts
déterminant avec précision les droits spécifiques attachés à ces actions. (0,25 point)
La création de ces actions en cours de vie sociale est une décision collective extraordinaire
relevant de la compétence exclusive des actionnaires, prise aux conditions de quorum et de
majorité des AGE. Le quorum est du quart des actions sur première convocation, du cin‑
quième sur deuxième convocation. La majorité est les deux tiers des actions présentes ou
représentées. (0,25 point)
La décision doit être prise sur rapport du conseil d’administration ou du directoire et rapport
spécial du commissaire aux comptes. La procédure des avantages particuliers doit également
être respectée (évaluation par un commissaire aux apports) si l’émission est faite au profit
de personnes nommément désignées (art. L. 228‑15 C. com.). (0,25 point)
Le droit de vote peut être supprimé. Les actions de préférence sans droit de vote ne peuvent
pas représenter plus de la moitié du capital social dans les sociétés non cotées (art. L. 228‑11
C. com.). (0,25 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, il est envisagé d’émettre des actions de préférence. Les droits particuliers atta‑
chés à ces actions seront d’ordre pécuniaire (majoration du dividende) et d’ordre politique
(suppression du droit de vote). Ces droits sont possibles. Toutefois, ces droits représenteront
60 % du capital social, ce qui est impossible. La limite maximale est de 50 % étant donné
que la SAS n’est pas cotée en Bourse. (0,25 point)
L’émission sera décidée par l’AGO et sans présentation de rapport du commissaire et aux
comptes et de rapport du conseil d’administration, ce qui est incorrect. Les doutes de l’ac‑
tionnaire sont donc fondés. (0,25 point)
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4. Précisez si ces cessions d’actions sont possibles. Dans l’affirmative, que faut-il faire ?
(1,5 point)

Problèmes de droit
Un actionnaire de SA peut-il céder ses actions à un autre actionnaire et à son descendant ?
Quelles sont les modalités de cession d’actions de SA à un autre actionnaire et à un descen‑
dant ?

Règles de droit (1 point)


Le principe est la libre négociabilité des actions de SA. (0,25 point) Toutefois, les cessions
d’actions entre actionnaires de SA non cotées peuvent être soumises à agrément. En
revanche, les cessions d’actions à un descendant demeurent libres (art. L. 228‑23 C. com.).
(0,25 point)
La cession d’actions soumise à agrément nécessite le respect de la procédure d’agrément.
(0,25 point) Le cédant doit notifier à la société son intention de céder des titres. La notifica‑
tion indique le nombre de titres dont la cession est envisagée, les noms et les identités du
cédant et du cessionnaire et le prix de cession. L’organe compétent pour donner l’agrément
est mentionné dans les statuts, il s’agit, sauf exception, du conseil d’administration. La SA a

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un délai de 3 mois à compter de la notification pour se prononcer. Son silence, à l’expiration


de ce délai, vaut agrément. En cas de refus d’agrément, la SA a un délai de 3 mois à partir de
la notification du refus pour faire acquérir les titres ou les acquérir elle-même. Dans ce cas,
elle doit procéder à une réduction de capital social, l’accord du cédant est requis. Le cédant a
aussi d’un droit de repentir, il est en droit de renoncer à la cession projetée. (0,25 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, aucune procédure spécifique n’est à respecter pour la cession des actions à son
fils. (0,25 point) En revanche, M. Director doit respecter la procédure d’agrément pour céder
des actions à un autre actionnaire de la SA BOM. Il devra accomplir la procédure mentionnée
ci-dessus. L’organe compétent pour donner l’agrément sera en droit de refuser la cession
projetée à l’actionnaire. Dans ce cas, le conseil d’administration aura l’obligation de trouver
un nouvel acquéreur si M. Director ne renonce pas à la cession. (0,25 point)

5. Junior Director peut-il être désigné membre du conseil de surveillance de la SA BIM ?


(3 points)

Problème de droit
Quelles sont les conditions pour être désigné comme membre du conseil de surveillance ?

Règles de droit (2,25 points)


Les conditions suivantes doivent être réunies pour devenir membre du conseil de surveil‑
lance (art. L. 225‑70 et s. C. com.) : (0,25 point par condition)
∙∙ être une personne physique ou une personne morale ;
∙∙ ne pas être membre du directoire de la même SA ;
∙∙ être capable ;
∙∙ ne pas être frappé d’interdiction, de déchéance et d’incompatibilité ;

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∙∙ ne pas être âgé de plus de 70 ans sauf clause contraire des statuts. Dans le silence des
statuts, le tiers des membres du conseil de surveillance en fonction ne doit pas dépasser
70 ans ;
∙∙ respecter le cumul des mandats. Un membre du conseil de surveillance ne peut pas siéger
dans plus de cinq conseils de surveillance de SA ayant leurs sièges sociaux en France sauf
exceptions. Le cumul global des mandats est également à respecter. Une même personne
physique ne peut pas cumuler plus de cinq mandats sociaux dans des SA ayant leurs
sièges sociaux en France ;
∙∙ respecter les éventuelles conditions supplémentaires énoncées dans les statuts.

Il n’est pas nécessaire d’être actionnaire de la SA sauf disposition contraire des statuts.
(0,25 point)
Le membre du conseil de surveillance est désigné par l’assemblée générale ordinaire. La
nomination par cooptation du conseil de surveillance est également possible à condition
que le nombre des membres du conseil de surveillance en fonction ne soit pas inférieur au
minimum légal (trois membres). Dans ce cas, l’assemblée générale ordinaire doit être convo‑
quée en urgence pour désigner un nouveau membre. (0,25 point)
Des formalités de publicité doivent être accomplies par la SA (JAL, RCS Bodacc).

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Application à l’espèce (0,75 point)


En l’espèce, Junior Director est directeur commercial non dirigeant et non actionnaire de la
SA BIM. Junior Director remplit les conditions pour devenir membre du conseil de surveil‑
lance de la SA  BIM. Il ne semble pas frappé d’incapacité, d’interdiction, de déchéance et
d’incompatibilité. Junior Director est âgé de 30 ans, il n’atteint donc pas la limite d’âge légal.
Il n’est pas actionnaire de la société BIM. Cet aspect importe peu, car les statuts n’exigent
pas la qualité d’actionnaire pour être membre du conseil de surveillance de la société.
(0,25 point)
Les règles sur le cumul des mandats sont respectées puisque ce sera le premier mandat de
dirigeant de Junior Director. (0,25 point)
Le conseil de surveillance de la société BIM est composé de trois membres. En cas de démis‑
sion de M.  Pierre, le conseil de surveillance comprendra deux membres. Il sera dès lors
nécessaire de convoquer l’assemblée générale ordinaire en urgence afin de procéder à l’élec‑
tion d’un nouveau membre, en l’occurrence, Junior Director. La cooptation est interdite.
(0,25 point)
La SA BIM accomplira les formalités de publicité relatives aux changements de dirigeants
dans la société.

6.  Junior Director pourra-t-il cumuler ses fonctions de directeur commercial et de


membre du conseil de surveillance de la SA BIM ? (1,5 point)

Problème de droit
Un membre d’un conseil de surveillance peut-il cumuler son mandat de dirigeant avec un
contrat de travail au sein de la même SA ?

Règles de droit (1 point)


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Un salarié d’une SA peut devenir membre du conseil de surveillance de la SA dont il est


­salarié sous réserve que le tiers des membres du conseil de surveillance ne soit déjà pas sala‑
rié de la SA (art. L. 225‑85 C. com.). (0,25 point)
Les conditions du contrat de travail doivent être réunies, ce sont l’existence d’un lien de
subordination (ne pas être actionnaire majoritaire), l’exercice d’un travail effectif, c’est-à-
dire d’un travail qui exige une certaine technicité et la dualité des fonctions. (0,5 point)
Le contrat de travail est une convention réglementée. (0,25 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, Junior Director n’est pas actionnaire de la SA BIM, le lien de subordination est
donc présent. En qualité de directeur commercial, il exerce un travail effectif. Aucun autre
membre du conseil de surveillance n’est salarié, la règle du tiers sera respectée. (0,25 point)
Junior Director pourra cumuler sa fonction de directeur commercial et de membre du conseil
de surveillance de la SA BIM. (0,25 point)

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7. Les actionnaires peuvent-ils révoquer M. Durand ? (1,5 point)

Problème de droit
Des actionnaires d’une SA peuvent-ils révoquer un président du directoire ?

Règles de droit (1 point)


Le président du directoire est révocable ad nutum par le conseil de surveillance, il demeure
membre du directoire. (0,25 point) L’AGO peut indirectement révoquer le président du direc‑
toire en mettant fin à son mandat de membre du directoire. (0,25 point) Un juste motif est
nécessaire, la violation de la loi ou des statuts et la faute de gestion commise par le dirigeant
sont des justes motifs. (0,25 point) La révocation prononcée sans juste motif donne lieu au
versement de dommages et intérêts (art. L. 225‑61 C. com.). (0,25 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, les actionnaires peuvent, en AGO, mettre fin au mandat de membre du direc‑
toire du président. Indirectement, ses fonctions de président cesseront. (0,25 point) La révo‑
cation est justifiée. Il existe un juste motif de révocation. Le président a commis des fautes
de gestion, fautes qui ont amené le commissaire aux comptes a certifié les comptes avec
réserves. (0,25 point)

8. Que pensez-vous du projet des statuts ? (3 points)

1er point : adoption de l’ensemble des décisions à l’unanimité. (1,5 point)

Problème de droit
Est-il possible d’adopter l’ensemble des décisions à l’unanimité dans une SAS ?

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Règles de droit (1 point)
Les décisions dans la SAS sont adoptées selon les modalités prévues dans les statuts
(0,5  point) à l’exception de certaines décisions qui exigent l’unanimité des membres
(art. L. 227‑19 C. com.). (0,5 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, le projet des statuts prévoit que l’ensemble des décisions seront adoptées à
l’unanimité des membres. Cette disposition est valable. (0,5 point)

2nd point : le président de la SAS est obligatoirement un actionnaire de la SAS. (1,5 point)

Problème de droit
Le président d’une SAS doit-il obligatoirement être un actionnaire de la SAS ?

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Règles de droit (1 point)


Le seul organe de direction obligatoire est le président de la SAS. (0,5 point) La seule condi‑
tion imposée est d’être une personne capable, non frappée d’incompatibilité, d’interdiction
et de déchéance. (0,25 point) Les statuts déterminent les conditions pour être président de
SAS (art. L. 227‑6 C. com). (0,25 point)

Application à l’espèce (0,5 point)


En l’espèce, le projet des statuts de la SAS prévoit que le président doit être un actionnaire.
Cette condition est légale. (0,5 point)

EXERCICE 2 ANALYSE D’UNE DÉCISION DE JUSTICE (4 POINTS)


1. Exposez les faits à l’origine de l’affaire. (1 point)
M. Z, associé de la SAS LOG, a été exclu de la SAS par une décision de l’assemblée générale de
la SAS. Cette exclusion a été prononcée sur le fondement de l’article 14 des statuts de la SAS.
Le motif de l’exclusion prévu dans l’article 14 des statuts est l’exercice d’une activité concur‑
rente à la SAS par l’associé. (0,5 point) M. Z… n’a pas participé au vote sur la décision d’exclu‑
sion. M. Z… invoque l’irrégularité de l’article 14 des statuts, il demande donc l’annulation de
la décision de l’assemblée générale qui a prononcé son exclusion. (0,5 point)

2. Formulez le problème de droit. (1,5 point)


Un associé de SAS peut-il être privé du droit de voter sur sa décision d’exclusion ?

3. Quelle est la solution de la Cour de cassation ? (1,5 point)


La Cour de cassation a décidé que tout associé de SAS a le droit de participer aux décisions
collectives et de voter. (0,5 point) Seule une disposition légale peut déroger à cette règle. Les
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statuts d’une SAS ne peuvent donc pas prévoir qu’un associé de SAS ne pourra pas participer
aux décisions collectives et voter. (0,5 point) Il en résulte qu’un associé de SAS a le droit de
voter sur sa propre décision d’exclusion. À défaut, la décision d’exclusion peut être annulée.
(0,5 point)

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