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TITRE 3 :

gouvernance et décisions collectives dans les SARL

Thèmes abordés

> règles de nomination du gérant

> cumul mandat social de gérant, et salariat


> rémunération au titre du mandat social
> les deux procédures de révocation : par décision des associés, ou par voie judiciaire ;
> les pouvoirs du gérant vis-à-vis des tiers, et à l'égard des associés ;
> la co-gérance
> décisions collectives dans les SARL : règles générales
> régime juridique et fiscal des cessions de parts sociales dans les SARL

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CHAPITRE I ] la gérance de la SARL

Section 1) statut de la gérance

sous-section 1) règles de nomination

Le gérant est l'organe essentiel de la SARL, qui assure le fonctionnement au quotidien de la société.
Le gérant d’une SARL est obligatoirement une personne physique

Il doit s'agir obligatoirement d'une personne physique (à la différence du Président des SAS et SASU).

Mais il existe par ailleurs une grande liberté dans le choix du ou des gérants, puisque ceux-ci peuvent être :
- un ou plusieurs gérants ;
- associés, ou non de la SARL ;
- nommés sans restriction légale quant à leur âge ; un gérant peut avoir 85 ans ;
- gérants de plusieurs SARL en même temps, ou occuper d'autres mandats ( # SA); grande différence avec les SA
- nommés pour la durée prévue dans les statuts (à défaut, pour la durée de la SARL) et avec un renouvellement possible du mandat
sans restriction légale ;
- être liés ou non par un contrat de travail avec la SARL. Cumul entre mandat social et contrat de travail

...avec cependant la possibilité, dans les statuts d'imposer certaines conditions supplémentaires par rapport à la loi (détention d'un
nombre minimal de parts, possession d'un diplôme, abandon de toute occupation professionnelle, âge minimum ou maximum, etc…).
On peut fixer par exemple une condition de diplôme etc. tant que cette dernière n’est pas discriminatoire.

A) règles de capacité, d'interdiction et d'incompatibilités (pour mémoire)

► Le gérant doit disposer de sa capacité civile d'exercice, et il ne peut donc pas s'agir d'un mineur non émancipé, ni d'un majeur
sous tutelle ou curatelle ;
► la gérance d'une SARL est également incompatible avec diverses activités professionnelles (fonctionnaires, avocats, experts-
comptables, commissaires aux comptes pendant cinq ans suivant la fin de leur mandat…) ;
► les personnes frappées d'une mesure d'interdiction de gérer ou de faillite personnelle ne peuvent pas être nommées gérant de
SARL ;
► les étrangers hors UE résidant en France doivent être titulaires d'une carte de résident ou d'une carte de séjour temporaire
(ressortissants UE résidents : aucune formalité) ;
Ces conditions sont identiques à l'égard du gérant de l'EURL.

B) modes de nomination

B,1) lors de la constitution de la société

Les gérants sont nommés, soit le plus souvent par les associés dans les statuts, ou bien dans un acte postérieur (à intervenir
rapidement, car la publication dans le JAL, donc l'immatriculation au RCS, implique la désignation du gérant).
Les fonctions de gérant doivent être acceptées par celui qui est nommé, soit expressément (formule «bon pour acceptation des
fonctions de gérant»), soit tacitement .

B,2) au cours de la vie sociale

La désignation ultérieure des gérants se fait en principe selon les règles de majorité applicables pour l'adoption des décisions
ordinaires, soit : en générale une seule convocation est nécessaire ;
– à la majorité «absolue» de plus de la moitié du total des parts sociales (sauf clause statutaire plus exigeante) lors d'une
première convocation ;
calcul par rapport au total des parts et pas juste des parts des associés présent.

– puis à la majorité «relatives» des votants (seuls membres présents ou représentés), lors d'une seconde consultation éventuelle,
si la majorité de la 1ère consultation n’a pas été atteinte. Les statuts de la SARL peuvent toutefois écarter cette seconde
consultation.
Majorité relative = part sociales détenues par les associés présent lors de la convocation.

C) publicité de la nomination

► Les règles générales de publicité applicables à tout changement (nomination et révocation) dans les organes de direction des
sociétés commerciales (gérants des SARL, SNC, administrateurs, directeurs généraux, DGD, membres du Directoire ou du Conseil de
surveillance des SA et Présidents des SAS et SASU ) se déroulent en 3 temps :
– insertion d'un avis dans un journal d'annonces légales (JAL) ;
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– dépôt auprès du CFE (ou directement au greffe) du dossier de demande d'inscription modificative au RCS dans le délai d'un
mois à la suite de la nomination (ou cessation), avec un exemplaire de la décision de nomination, l'imprimé CERFA, les
pièces justificatives relatives au nouveau dirigeant, une attestation de parution au JAL ;
– insertion au BODACC par le greffier, dans les 8 huit jours de l'inscription modificative.

► elle rend la nomination opposable aux tiers.


La SARL peut valablement opposer aux tiers les nominations (ou cessations) de fonctions, seulement à compter de l'accomplissement
de ces formalités (date de publication au RCS), sauf si elle peut établir que les tiers avaient personnellement connaissance des
changements intervenus.

sous-section 2) la question litigieuse du cumul entre mandat social et salariat

Cf T3 - annexe 1 : gouvernance des SARL – cumul mandat social et salariat

Gérant de SARL – règles de cumul entre mandat social et salariat

- indemnités de chômage versées par l'UNEDIC au salarié ;


Raisons pour lesquelles le gérant - garantie de versement des arriérés de salaires et indemnités de licenciement par l'AGS, en cas
de SARL peut souhaiter cumuler de RJ-LJ ; (liquidation judiciaire)
un contrat de travail avec son - possibilité plus aisée d'obtenir des "indemnités pour licenciement abusif" (devant les
mandat social prud'hommes) en tant que salarié, que des dommages-intérêts (devant le TC) pour "révocation
Très avantageux pour lui abusive" en tant que dirigeant social. (indemnités bcp plus imposante en cas de licenciement
abusif)
Gérants de SARL pouvant - gérants minoritaires de SARL ; gérant majoritaire pas possible (plus prise en compte des parts
légalement cumuler un contrat de détenu par l’épouse, les enfants etc.)
travail avec leur mandat social - gérants non associés ;
- tous les autres cas empêchent de cumuler un mandat social et un contrat de travail
Conditions à remplir pour - un "lien de subordination" entre le salarié-gérant et sa société ;
cumuler - un travail salarié correspondant à un emploi effectif ; pas d’emploi fictif
contrat de travail et mandat social - des fonctions techniques salariales distinctes de la gérance ;
(valable également lorsqu’un - un contrat de travail "non frauduleux"
président de SAS souhaite
cumuler ses fonction…)
Obligation supplémentaire respect du dispositif sur les "conventions réglementées" : approbation du contrat de travail par
les associés.  la loi impose que ce contrat de travail soit soumis a l’approbation et
l’information des associés

Tableau : remarques complémentaires

1/ les bénéficiaires possibles du cumul :

Le principe est qu'un gérant associé minoritaire (ou un gérant non associé) peut cumuler ses fonctions de gérant avec un contrat de
travail : il sera alors soumis à la fois aux règles du Code de commerce (pour son mandat social) et du Code du Travail (pour son
contrat de travail).

Nota : l'associé majoritaire est celui qui détient, avec son conjoint et ses enfants mineurs non émancipés, plus de la moitié du
capital social de la SARL ;
exemple :
M. DURAND, gérant : 300 parts
Mme DURAND (son épouse) :Mme DURAND : 200 parts
Mle DURAND (sa fille, 15 ans) : 150 parts
M. DUPONT : 600 parts
------------
1 250 parts
Le gérant (M. DURAND) est «majoritaire» car il détient, avec sa femme et sa fille, plus de la moitié des parts  : 650/1250 (52 %),
donc pas de contrat de travail possible. En revanche, si M. DUPONT est nommé gérant, il est un gérant «minoritaire».

Cela signifie à contrario que ni un gérant associé majoritaire ou égalitaire, ni (a fortiori) le gérant associé unique d'une EURL, ne
peuvent être salariés d'une SARL.

Cette problématique existe également à l'égard des associés (non-gérants) de SARL, lorsque ceux-ci détiennent la majorité des parts

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sociales (ou bien sont associés uniques d'EURL).
En revanche, le gérant non associé d'une EURL peut cumuler son mandat social avec un contrat de travail.

2 / contrôle du caractère réel des contrats de travail

Evidemment, compte tenu de sa fonction dirigeante, il existe donc des soupçons fréquents de «Pôle Emploi» et des organismes
sociaux (AGS, ASSEDIC) à propos du caractère factice des contrats de travail conclus entre les gérants et leur société, et de
nombreux litiges !

3 / contrat soumis au régime des «conventions réglementées»

Le contrat de travail conclu entre un gérant (ou un associé) de SARL et sa société constitue une «convention réglementée», dont la
conclusion initiale et les modifications ultérieures (augmentation salariale, notamment) doivent être soumises à l'approbation des
associés, et un « rapport spécial» du gérant (ou du CAC) doit chaque année faire état des rémunérations versées au titre de ce contrat
de travail.

sous-section 3) rémunération du gérant au titre de son mandat social (en tant que gérant) (# salariat)

aucune obligation qu’une gérance soit rémunérée. (gérance bénévole))


En l'absence de disposition légale, la gérance de la SARL peut être bénévole : il n'y a pas d'obligation de rémunération (même si celle-
ci est très fréquente). Ce sont les statuts qui, en principe, doivent prévoir le principe même de la rémunération de la gérance et
déterminer son mode de calcul.

Dans les faits, le plus souvent les statuts de SARL pose le principe même de la rémunération, et renvoient à une décision collective
des associés prise en assemblée ordinaire (AG annuelle, par ex), le soin de fixer les règles de détermination ou son montant. (ne pas
les mettre dans les statuts)

Il est toujours impératif qu'une décision collective (ou une décision de l'associé unique répertoriée sur le registre, si EURL) soit prise
préalablement au versement de ces rémunérations.

La jurisprudence (Cass.Com 04/05/2010 n° 09-13.205 ; Cass.Com 04/10/2011 n° 10-23.398) considère que la décision de fixation de
la rémunération du gérant, prise en AG par les associés, ne constitue pas une convention réglementée, ce qui permet au gérant (même
majoritaire) le cas échéant de prendre part au vote, même si cette participation est déconseillée.

En cas de rémunération excessive approuvée suite à un vote auquel a pris part le gérant, il y deux risques juridiques importants, liés au
soupçon de « conflit d’intérêt » en l’espèce :
- le risque pénal, par le biais de condamnation pour «abus de bien social», cette qualification étant retenue par le juge à l’égard de
rémunérations excessives dans deux situations :
> s’il est démontré que ces rémunérations excessives sont à l’origine des pertes subies par la SARL ;
> ou bien s’il est avéré que ces rémunérations sont exagérées par rapport au travail fourni.
- le risque d’une action civile en responsabilité engagée à l’encontre du gérant, s’il est démontré que cet abus de majorité ou cette
infraction pénale a causé un dommage à la société.

A l'inverse, en cas de refus des associés de lui attribuer une rémunération, ou encore de réviser celle-ci, le gérant ne peut pas
s'attribuer une rémunération, et il ne peut pas non plus s'accorder une rémunération supérieure à celle fixée par les associés (fait
constitutif d'un «abus de biens sociaux»).

Nota : intérêt de s'octroyer une rémunération pour le gérant-associé unique d'une EURL.
lorsque le gérant est l'associé unique de l'EURL, l'attribution d'une rémunération au titre de son mandat social fait partie des
précautions à prendre pour éviter les risques de confusion entre le patrimoine personnel et celui de l'EURL.

Le risque majeur de l'EURL est que le gérant, qui a seul le pouvoir de décision, confonde son patrimoine personnel et celui de
l'EURL. Le gérant associé unique doit se comporter comme l'associé d'une personne morale, et non plus comme un entrepreneur
individuel, en veillant à éviter toute confusion entre patrimoine social et personnel.

Cette confusion peut avoir de graves conséquences :


- d'une part, l'associé unique s'expose à ce que les créanciers sociaux le poursuivent, en cas de liquidation judiciaire, sur ses biens
personnels (action en comblement de passif) en raison des «fautes de gestion» commises, et/ou du caractère purement «fictif» de
l'EURL ;
- d'autre part, il encourt une responsabilité pénale pour abus de biens sociaux

Il doit donc prendre certaines précautions impératives pour éviter cette confusion :
◊ ouverture d'un compte bancaire au nom de la société, ayant vocation à enregistrer les seuls mouvements de fonds liés à l'activité
sociale de l'EURL ;

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◊ pas de prise en charge par l'EURL de dépenses personnelles ;
◊ il est souhaitable également que l'associé unique s'attribue, pour l'exercice de la gérance, une rémunération afin de bien marquer la
frontière entre le patrimoine social et le sien propre.

sous-section 4) Durée et cessation des fonctions du gérant de SARL

La cessation des fonctions de gérant peut intervenir en raison, soit de l'arrivée du terme de son mandat, soit de sa démission ou de son
empêchement personnel, soit de sa révocation.

A noter : deux règles destinées à faciliter la continuité de la gérance :


– depuis la loi du 19/07/2019, le CAC- aussi bien que tout associé- peut convoquer l'AG de la SARL en vue de son
remplacement, «si, pour quelque cause que ce soit, la société se trouve dépourvue de gérant » (décès,
empêchement,démission...). Le délai de convocation est alors réduit à huit jours ;
– la suppression du nom du gérant dans les statuts, après cessation de ses fonctions, peut être décidée à la majorité ordinaire
des associés (malgré le fait qu'il s'agisse d'une modification statutaire).

A) l'arrivée du terme du mandat (correspond a 99% des cas)

Le gérant de SARL est en principe nommé pour la durée de la société.


Une durée précise des fonctions peut cependant être fixée par les statuts ou, à défaut, par la décision de nomination.
A l'arrivée du terme du mandat, le gérant cesse de plein d'exercer ses fonctions.
Il est inutile dans ce cas de signifier au gérant son congé ou de lui accorder un préavis.
Ce non-renouvellement de mandat ne lui ouvre droit à aucune indemnisation.
S'il poursuit ses fonctions, il devient «gérant de fait». = gérant qui exerce illégalement.

B) la démission, ou l'empêchement personnel

► l'empêchement personnel : le décès, l'exercice d'une profession incompatible avec les


fonctions de dirigeant social, la faillite personnelle ou l'interdiction de gérer, de même qu'une incapacité (mise sous tutelle ou
curatelle) ou tout autre événement (maladie) l'empêchant d'exercer ses fonctions, oblige le gérant à démissionner (s'il refusait, il
s'agirait d'un juste motif de révocation).

► démission :

Même en dehors des situations précitées, le gérant peut librement démissionner de ses fonctions, qu'il soit associé ou non.

Aucune disposition du Code de commerce ne régit la démission du gérant de SARL : les clauses statutaires peuvent librement
organiser les conditions de cette démission, notamment pour sauvegarder l'intérêt de la société et assurer sa continuité (ex : prévoir un
délai de préavis, ou encore une obligation de poursuite des fonctions jusqu'à désignation du successeur).

Elle produit ses effets (vis-à-vis de la SARL) dès lors qu'elle a été portée à la connaissance de la société (notification en LR avec AR à
chacun des associés dans les SARL, au CA ou Directoire et au conseil de surveillance, dans les SA).

Elle ne nécessite aucune acceptation par la société ou les associés, et ne peut faire l'objet d'aucune rétractation.

Une démission peut être considérée comme fautive (et générée une action en responsabilité) lorsqu'elle est donnée de manière
intempestive, à contretemps, ou avec l'intention de nuire.

C) les révocations

C,1) la révocation par décision des associés : un parcours semé


d'embuches (pour les associés)

Lorsque la décision de révocation doit être prise en assemblée, cela pose plusieurs difficultés.

■ 1er obstacle : les règles de convocation et de fixation de l'ordre du jour


des assemblées générales

Dans les SARL, la loi réserve en principe le soin de convoquer les assemblées au seul gérant (art L223.27, al 1 C.Com), qui fixe
également l'ordre du jour de ceux-ci.

Il n’existe à cela qu’une seule exception : en cas de décès du gérant = convocation possible par le CAC ou par tout associé (qqsoit le
nombre de parts sociales détenu), avec un seul point à l'ODJ : la nomination du nouveau gérant.

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En cas de gérant unique, il possède donc seul en principe la capacité de convoquer une assemblée et il est peu probable qu'il prenne
l'initiative de celle-ci ou accepte de donner suite à la demande des associés, si sa propre révocation est inscrite à l'ordre du jour de
l'AG.

Deux solutions possibles pour contourner cet obstacle :


1 / S'il existe un commissaire aux comptes, celui-ci dispose de la possibilité, en cas de carence du gérant, de convoquer cette
assemblée (art L.223-27 al 2 C.Com), mais toutes les SARL ne disposent pas d'un CAC.

2 / Les associés ne disposant pas de la possibilité de convoquer eux-mêmes l'assemblée (sauf en cas de décès du gérant), vont
pouvoir s'adresser (en l'absence de CAC ) au président du TC pour lui demander de désigner un mandataire chargé de la convocation
et de la fixation de l'ordre du jour.
Mais ce recours au juge suppose d'avoir mis en demeure au préalable le gérant de procéder à cette convocation, et le juge exige que
cette demande «tende à des fins conformes à l'intérêt social», donc soit justifiée par l'intérêt social de la SARL (cela sera le cas si la
révocation s'impose parce qu'un gérant refuse de démissionner malgré son état de santé et son désintérêt pour les affaires sociales).

De plus, il arrive parfois que des gérants soient révoqués par les associés de la SARL, même si ce point n'a pas été inscrit
explicitement à l'ODJ d'une AGOA : cela est admis par le juge lorsque cette décision est le conséquence directe d'une question qui y
est régulièrement inscrite (théorie dite « de l'ordre du jour implicite  ») : une AG convoquée pour statuer sur la probation des comptes
et le « quitus » donné au gérant peut valablement décider corrélativement de se prononcer sur sa révocation.

■ 2ème obstacle : les règles de vote et de majorité.

Le gérant peut être révoqué par simple décision des associés représentant plus de la moitié de l'ensemble des parts sociales, à moins
que les statuts ne prévoient une majorité plus forte (art L223.25 C.Com).
En cas de deuxième consultation, la décision est prise à la majorité des votes émis par les associés présents ou représentés, quel que
soit le nombre des votants.

Mais dans tous les cas, le gérant, s'il est associé, a le droit de participer au vote.

Par conséquent, en cas de gérant majoritaire (ou de gérance «égalitaire»), seule la révocation «judiciaire» sera envisageable.

En pratique, dans les SARL, seuls les gérants non associés, ou les gérants minoritaires, risquent d'être révoqués par les associés.

■ 3ème obstacle : la révocation ne doit être ni «injustifiée»,


ni «abusive».

Les associés doivent, lorsqu'ils révoquent un gérant de SARL veiller :


- d'une part à ce que cette révocation soit effectuée pour des «justes motifs» (# dirigeants de SAS et de SA, où intervient la notion de
révocation «ad nutum») ;
- et d'autre part qu'elle ne soit pas «abusive», c'est à dire qu'elle n'intervienne pas dans des circonstances vexatoires ou injurieuses, ou
bien dans des conditions portant atteintes aux droits de la défense (idem pour les SAS et les SA).

A défaut, il pourra demander au Tribunal de Commerce le versement par la société de dommages-intérêts.

exemple : CA PARIS 20/11/1980 – rev sociétés 1981, p,583 note le cannu : condamnation de la SARL à des dommages-intérêts de
280 000 F , car révocation injustifiée, soit une année de rémunérations de l'ex-gérant.

► la révocation injustifiée :

La révocation d'un gérant de SARL ne peut légalement intervenir que pour de «justes motifs».

Parmi les «justes motifs» constituant des causes légitimes de révocation figurent notamment :
1- les cas de mauvaise gestion de la société ;
2- les manquements à une obligation légale ou statutaire (approbation annuelle des comptes, et le droit de communication des associés
notamment) ;
3- mais aussi des divergences de vues avec les associés majoritaires, dès lors que celles-ci sont de nature à compromettre le bon
fonctionnement de la société (divergence entre le dirigeant et les associés majoritaires sur les mesures à prendre pour redresser la
situation de la société, ou une attitude d'opposition à l'égard de la nouvelle stratégie commerciale de la société, par exemple). == perte
de confiance vis-à-vis du gérant

Dans ce dernier cas de figure, c'est la perte de confiance des associés envers le gérant (même en l'absence de faute de celui-ci) qui
constitue le motif légitime de révocation, dès lors qu'il est étayé par des éléments objectifs (absence d'arbitraire) et que ces
divergences ont une certaine importance.

PROBLEME : la révocation du gérant de SARL n'est pas une révocation «ad nutum» (# SA) et on ne peut donc admettre que
la simple «perte de confiance» des associés constitue un « juste motif », sinon il s'agirait d'une révocation « ad

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nutum déguisée ».
> il faut démontrer que des éléments objectifs prouvent l'existence d'une mésentente profonde, et que cela nuit au bon
fonctionnement de la SARL

En cas de révocation «sans juste motif», le dirigeant se verra accorder par le juge des dommages-intérêts en fonction du préjudice
financier subi, qui pourra résulter par exemple de sa difficulté à trouver à un nouvel emploi, de la nécessité d'accepter un emploi
moins rémunérateur, ou encore de la cession de ses parts sociales dans la SARL dans des conditions peu favorables.

► la révocation «abusive» :

La révocation peut aussi être considérée comme «abusive», compte tenu des circonstances dans lesquelles elle intervient : soit parce
que celles-ci portent atteinte à l'honneur ou à la réputation du dirigeant révoqué compte tenu de circonstances vexatoires ou
injurieuses, soit parce qu'elle est décidée brutalement, sans respecter le principe des droits de la défense.

Deux situations sont donc prises en compte :


– circonstances vexatoires ou injurieuses : il s'agit le plus souvent pour le juge de sanctionner la publicité effectuée autour de
cette révocation, le dénigrement dont a fait l'objet le dirigeant ;
– atteinte aux droits de la défense : est abusive la révocation décidée sans que le gérant ait été préalablement informé des
motifs de celle-ci, et ait été mis en mesure de présenter ses observations.

Ce cas de mise en jeu de la responsabilité de la société étant destiné, dans ce cas, à réparer le préjudice moral subi par le dirigeant, le
juge n'octroie dans ce cas aucune indemnisation en raison des répercussions sur la situation matérielle des intéressés.

■ effets de la décision de révocation

Elle prend effet dès la décision des associés.

Mais, à l'égard des tiers, il est nécessaire que les formalités de publicité aient été effectuées (insertion JAL, dépôt du dossier de
modification auprès du CFE et publicité au BODACC, dans le délai d'1 mois) pour que sa signature n'engage plus la société.

C, 2) la révocation judiciaire pour une «cause légitime»

En dehors de la révocation par décision des associés, il existe toujours la possibilité pour tout associé de SARL de demander au TC la
révocation du ou des gérants (art L223.25, al 2 C.Com) pour une «cause légitime».

C'est une «soupape de sécurité» : cela permet aux associés minoritaires de SARL de sauvegarder leurs intérêts lorsqu'un gérant
majoritaire bloque abusivement toute possibilité de révocation par décision des associés.

C'est une action individuelle, qui implique d'assigner également la société.

La notion de «cause légitime» est similaire à celle des «justes motifs» évoqués précédemment : il ne s'agit pas nécessairement de
sanctionner des fautes intentionnelles graves commises par le gérant, mais d'agir dans l'intérêt de la société en mettant fin aux
fonctions d'un gérant qui, par son attitude, nuit aux intérêts de la communauté des associés (graves divergences entre co-gérants ou
gérants égalitaires, ou un gérant qui se désintéresse de la vie de sa société...).

En cas d'urgence, la révocation judiciaire peut être prononcée en référé.

Illustration
arrêt CA Amiens 15/09/2016 n° 16/00387 «Olivier Ural/ Sté Emballages Découpage»
SARL familiale spécialisée dans la fabrication d'emballage thermoformé. Son gérant est M. Christian U, détenant 80 % des parts
sociales. Les autres associés sont ses deux fils. Après avoir été licenciés pour faute lourde de leurs fonctions salariées, ils ont
engagé une procédure en révocation judiciaire et ont obtenu gain de cause, après que je juge ait constaté que :
- M. Christian U est de plus en plus fréquemment absent, en raison d'une maladie grave, ce qui ne l'empêche pas de percevoir une
rémunération ;
- on constate, pour l'année 2016, des soldes intermédiaires de gestion faisant apparaître une perte de plus de 50 % de la clientèle
et des commandes, ainsi qu'une baisse du «taux de marge opérationnelle » ainsi qu'une absence de R et D ce qui, si cela devait se
poursuivre, peut mettre en cause la viabilité de la société ;
- de graves dissensions entre les différents associés ;
- M. Christian U a créé en 2015 une structure concurrente, dont il est le seul associé.

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Section 2 ) Pouvoirs du gérant

Cf T3 - annexe 2 : gouvernance des SARL – pouvoirs du gérant

Les pouvoirs du gérant de SARL Dans ses rapports avec les tiers Dans ses rapports avec les associés

- représentant légal de la SARL : est - sauf clause statutaire contraire, il peut


investi des «pouvoirs les plus étendus pour accomplir "tous les actes de gestion dans
agir en toutes circonstances au nom de la l'intérêt de la société" ;
société» ;
- dans ses relations avec les associés, il doit
- engagement de la SARL vis-à-vis des veiller à toujours respecter :
tiers (sauf tiers «de mauvaise foi»*) par 1/ l'objet social ;
tous les actes passés par le gérant, y 2/ l'intérêt de la société ;
Règles générales (également applicables compris ceux : 3/ respecter les pouvoirs attribués par la loi
au gérant unique) 1 / excédant l'objet social ; et les statuts aux associés (notamment les
2 / contraires à l'intérêt social ; modifications statutaires).
3 / dépassant les pouvoirs qui lui sont
attribués par les statuts. - Deux possibilités légales de modifications
statutaires unilatérales par le gérant, avec
- les clauses statutaires limitatives de ratification ultérieure par les associés
pouvoirs sont inopposables aux tiers. (transfert du siège social, et mise en
conformité des statuts avec les nouvelles
règles légales)
* il s'agit d'un tiers dont la société peut
prouver qu'il savait que l'acte dépassait - des clauses statutaires limitatives de
l'objet social, ou qu'il ne pouvait l'ignorer pouvoirs peuvent valablement restreindre
compte tenu des circonstances (étant les attributions du gérant, vis-à-vis des
entendu que la seule publication des associés.
statuts ne suffit pas, à elle seule, à
constituer cette preuve). Très difficile à - en cas de non-respect des principes
prouver. rappelées ci-dessus, les sanctions prévues
sont à la fois "politiques" (révocation),
civiles (mise en jeu responsabilité), voire
pénales (en cas d'ABS, par exemple).
Les pouvoirs du co-gérant de SARL Dans ses rapports avec les tiers Dans ses rapports avec les associés
- principe : chacun des co-gérants dispose
individuellement de tous les pouvoirs de
- principe : droit pour chacun des co- gestion attribués à un gérant unique.
gérants d'agir individuellement et
séparément en engageant la société. - deux limites :
1 / le "droit d'opposition" de l'autre co-
gérant : si celui-ci a connaissance d'un acte
- une seule limite : l'exercice du "droit de excédant l'objet social, contraire à l'intérêt
veto" de chacun des co-gérants. social, ou bien empiétant sur les
Règles applicables en cas de co-gérance compétences des associés, il doit s'y
L'opposition d'un co-gérant au projet d'acte opposer (devoir de vigilance).
d'un autre, est opposable aux tiers Conséquences : cette opposition le dégage
cocontractant, si celui-ci en eu de sa responsabilité vis-à-vis des associés.
formellement connaissance avant la
conclusion de cet acte. 2 / les clauses statutaires répartissant les
pouvoirs entre co-gérants, ou bien
Donc 2 conditions : prévoyant une gérance collective peuvent
- préalable à la signature du contrat ou de être adoptées.
l'acte ; Elles produisent leurs effets dans les
- notification aux tiers. relations "internes", mais sont inopposables
aux tiers.

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sous-section 1) les pouvoirs du gérant unique

Ces pouvoirs du gérant doivent être appréciés de deux manières distinctes, selon qu'il s'agit de représenter la SARL vis-à-vis des tiers,
ou bien vis-à-vis des associés.

A] ses pouvoirs dans les rapports avec les tiers

A l'égard des tiers, le gérant est le représentant légal de la SARL.

Il est donc investi des «pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société» (art L223-18, al 5), et cela
concerne notamment, l'achat et la vente de matériel, les embauches et licenciements, la souscription et résiliation des polices
d'assurance, l'ouverture et fonctionnement des comptes bancaires, les cautions ou garanties accordées à des tiers, le paiement des
sommes dues par la société, les actions en justice, la signature des compromis et...

Cela implique que la SARL est valablement engagée vis-à-vis des tiers (clients, fournisseurs, créanciers, banquiers, assureurs...) par
les actes passés en son nom par le gérant (bien entendu régulièrement désigné et dont la nomination a été publiée au RCS):
- même si ces actes accomplis ne relèvent pas de son objet social ;
- même si ces actes sont contraires à l'intérêt social de la SARL ( sauf le cas d'actes illicites) ;
- même si le gérant a pris une décision excédant ses pouvoirs, car relevant statutairement de la compétence des associés (ou soumise à
autorisation préalable de ceux-ci).

► Donc, vis-à-vis des tiers, la SARL est engagée, même par les actes du gérant ne relevant pas de son objet social (ex :
billet d'avion acheté au nom de la SARL et payé avec les fonds de la société, pour un déplacement personnel).
Une SARL ne pourra se dégager de cette obligation que si elle arrive à prouver que le tiers (dit «de mauvaise foi») avait
connaissance du préjudice subi par elle, et du caractère abusif et frauduleux des engagements souscrits en son nom.

En effet, les SARL (et sociétés de capitaux) sont valablement engagées vis-à-vis des tiers par leurs représentants légaux, même pour
les actes dépassant leur objet social (art L.223-18, al 5 C.Com), sauf si elles prouvent que le tiers (dit « de mauvaise foi ») savait
que l'acte dépassait cet objet, ou qu'il ne pouvait l'ignorer compte tenu des circonstances (étant entendu que la seule publication
des statuts ne suffit pas, à elle seule, à constituer cette preuve), auquel cas elles pourront obtenir son annulation.

► De même, vis-à-vis des tiers, un acte passé par un gérant régulièrement désigné comme représentant légal et agissant en
tant que tel, même s'il est contraire à l'intérêt social de la SARL, est néanmoins susceptible d'engager la société (de lui être
opposable) même si l'opération a été effectuée par un dirigeant à des fins exclusivement personnelles (ex : un emprunt contracté par
un gérant au nom de la société, avec une utilisation des fonds au profit personnel du dirigeant).

► Enfin, toutes les clauses statutaires limitant ses pouvoirs sont inopposables au tiers, même s'ils en ont connaissance.

B) Ses pouvoirs à l'égard des associés : principes et limitations statutaires.

B,1) principes applicables en l'absence de clause statutaire.

En l'absence de clause statutaires déterminant les pouvoirs du gérant, celui-ci peut accomplir «tous les actes de gestion dans
l'intérêt de la société» (art L.221-4 al 1 et L.223-18, al 4 C.Com).

Mais pour être opposables aux associés et ne pas être susceptibles d'engager la responsabilité (civile, voire pénale) du gérant, ces actes
doivent toutefois toujours répondre aux trois séries de conditions suivantes :
- respecter l'objet social  ;
- être conformes à l'intérêt social (et non pas conclus dans le seul but de favoriser l'intérêt personnel du gérant)   ;
- ne pas relever de la seule compétence des associés eux-mêmes (ex  : modifications statutaires).

► vis-à-vis de la société (et des associés), le gérant de SARL doit agir dans la limite de l'objet
social :

Compte tenu du « principe de spécialité » applicable aux sociétés commerciales, un gérant de SARL ne peut pas (de même
que tout mandataire social) agir au-delà de l'objet social de la société, c'est à dire ne pas conclure des conventions ou passer des actes
qui se rapportent à des activités étrangères à son objet social statutaire.

► vis-à-vis de la société (et des associés), le gérant doit agir dans l'intérêt social de la SARL :

Les décisions prises par le gérant doivent être utiles ou profitables à la société et par
conséquent, la conformité d'une décision à cet intérêt dépend donc de son opportunité pour
la société, avec le risque, en cas d'erreur d'appréciation sur ce point (en raison notamment
de «conflit d'intérêts» entre ceux de la société et ceux du gérant), hormis la révocation, de la
condamnation à des dommages-intérêts, voire à des sanctions pénales.
9/22
► vis-à-vis de la société (et des associés), le gérant doit agir dans le respect de la
compétence statutaire des associés :

En principe, les gérants de SARL (de même que les autres dirigeants sociaux) ne peuvent pas
valablement accomplir d'actes entraînant, directement ou non, une modification des statuts,
puisqu'une telle décision relève de l'assemblée des associés (idem pour l'approbation des
comptes annuels).

Si de tels actes (modifications statutaires) sont passés par un gérant de SARL, ceux-ci sont à la fois susceptibles d'engager sa
responsabilité vis-à-vis de la société et d'entraîner sa révocation.

Il existe toutefois deux assouplissements, permettant aux gérants de SARL (et au Conseil d'administration dans les SA) de modifier
seuls les statuts (sous réserve de ratification ultérieure par les associés ou actionnaires) :

A/ le déplacement du siège social sur le territoire français :

L'adresse du siège social étant fixée dans les statuts, son transfert devrait relever en principe, comme toute modification statutaire, de
la compétence exclusive des associés réunis en AGE.

Mais le Code de Commerce prévoit que la décision de transfert du siège social de la SARL peut être décidée par la gérance seule (art
L.223-18, al 8 C.Com) sous réserve d'être ratifiée ensuite par une décision des associés (lors de la l'AG annuelle, par ex), dans un
délai (et selon des modalités) non fixé par la loi.

La décision de transfert peut désormais avoir lieu quel que soit le lieu du territoire français où le déplacement est envisagé.
Le vote de ratification des associés peut désormais avoir lieu selon les règles de vote applicables pour les décisions ordinaires en AGO
(plus de la moitié du total des parts sociales lors de la 1ère consultation ; majorité des parts détenues par les associés présents ou
représentés lors de la 2ème consultation).

B / la mise en conformité des statuts avec les dispositions législatives et réglementaires

L'art L.223-18, al 9 C.Com permet au gérant de mettre les statuts en conformité avec les dispositions des lois et règlements, sous
réserve de ratification ultérieure par les associés.

Ces modifications statutaires doivent toutefois ensuite être soumises ensuite à la ratification des associés.

Cette ratification a lieu désormais également dans les conditions de majorité des AGO, donc à la majorité des parts sociales (puis
éventuellement à la majorité des votes émis).

B,2) les éventuelles limitations statutaires aux pouvoirs du gérant

La loi (art L.223-18, al 4 C.Com) permet aux associés de fixer dans les statuts (et non dans la décision collective de nomination)
l'étendue des pouvoirs de leur gérant.

► nature des limites statutaires :

Des clauses peuvent imposer au gérant de solliciter l'autorisation de l'assemblée des associés pour conclure des conventions
importantes, ou passer des actes ayant un caractère exceptionnel (en prévoyant un chiffrage le cas échéant), en fixant également les
conditions de majorité exigées, alors qu'il peut agir seul pour toutes les autres opérations relevant de la gestion courante :
– acquisition et vente d'immeubles et/ou de fonds de commerce ;
– conclusion des emprunts et engagements au-delà d'un certain montant ;
– apports en société ;
– prise de participation dans une société,...

► effets des limitations statutaires :

Si un acte est passé par le gérant en contradiction avec des limites statutaires, cet acte engagera valablement la société vis-à-vis des
tiers, mais les associés pourront le révoquer (sans indemnité) pour «juste motif» (cf supra) et lui demander réparation pour le
préjudice subi par la société.

sous-section 2) la situation en cas de pluralité de gérants : un renforcement possible du


contrôle du gérant

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La situation de pluralité de gérants (ou de co-gérance) pose des difficultés particulières, car la co-gérance n'est pas un mode de
direction «collectif», dans lequel les décisions ne pourraient être prises que collectivement par les gérants : chacun des gérants est le
représentant légal de la SARL et dispose de la signature sociale.

# à l'égard des tiers : chacun d'eux peut valablement engager la SARL en tant
que représentant légal, sous réserve du «droit de veto» de l'autre co-gérant.

De même qu'en cas de gérant unique, à l'égard des tiers, en cas de pluralité de gérants, chacun peut agir séparément et les clauses
statutaires contraires (répartissant les compétences entre eux, par exemple) leur sont inopposables.

Mais il existe toutefois une exception : le « droit de veto ».

Il est possible pour l'un des co-gérants de rendre opposable aux tiers son opposition vis-à-vis d'un acte qu'un autre co-gérant envisage
de prendre, en notifiant son opposition (par exploit d'huissier, ou par LR avec AR) au tiers, avant la conclusion de cet acte.

Dans ce cas, la SARL ne sera pas engagée vis-à-vis du tiers, qui aura eu formellement connaissance de cette opposition (art L.223-18,
al 7 ex : un emprunt que veut contracter un co-gérant).

# à l'égard des associés : sous réserve de dispositions statutaires


contraires, chacun des co-gérants dispose de tous les pouvoirs de
gestion attribués au gérant unique.

En cas de pluralité de gérants, le principe veut que chacun d'eux puisse accomplir en principe «tous les actes de gestion dans l'intérêt
de la société».

Mais il y a deux limites spécifiques à ces droits, en cas de co-gérance.

A / D'une part, une limite imposée par la loi : le droit d'opposition du co-gérant aux actes de gestion irréguliers qui
seraient commis par l'autre.

Chacun des co-gérants doit bien entendu respecter (de même que le gérant unique) l'objet social, l'intérêt social ainsi que les
compétences des associés dans l'exercice de ses pouvoirs.

Et si un autre co-gérant constate un acte contraire à ces principes, il peut (et même doit) s'y opposer formellement (devoir de
vigilance) avant que l'opération ne soit conclue, ce qui le dégagera de sa responsabilité vis-à-vis des associés.

Donc deux solutions si un des co-gérants accomplit un acte de gestion irrégulier (ex : emprunt bancaire de 50 000 € que l'autre co-
gérant estime inutile ou contraire aux intérêts de la société) :
→ soit l'autre co-gérant manifeste expressément son opposition à cet acte uniquement «en interne», ce qui limitera sa responsabilité
vis-à-vis des associés en cas de litige ultérieur (le défaut de surveillance du co-gérant est une cause de mise en jeu de la responsabilité)
;
→ soit l'autre co-gérant informe également le tiers de son opposition, ce qui non seulement limitera sa responsabilité en cas de litige,
mais a surtout pour effet que la SARL n'est pas engagée.

B / D'autre part, une limite facultative : des clauses statutaires prévoyant une répartition des fonctions entre les co-
gérants, ou bien des décisions conjointes.

Il est en effet possible, vis-à-vis de la société, de prévoir statutairement une répartition de leurs fonctions respectives, ou bien
d'imposer qu'ils devront agir conjointement (mise en place d'un «conseil de gérance») pour certains actes (les plus importants, par
exemple les convocations d'AG, les investissements au-delà d'un certain montant).

Ces clauses statutaires sont toutefois inopposables aux tiers, mais leur non-respect par les co-gérants sera une cause de mise en jeu de
leur responsabilité civile à l'égard de la société (et de révocation).

CHAPITRE II ] Les décisions collectives dans les SARL

Le droit pour les associés de participer à la vie de la SARL implique le droit d'être consultés et de voter, notamment les décisions
importantes : nomination et révocation du gérant, approbation des comptes, affectation du résultat, modifications statutaires.

Les décisions collectives sont prises en principe en assemblées (art L.223-27, al 1 C.Com), même si les statuts peuvent prévoir aussi
la consultation et le vote par correspondance (ou par consultation écrite), voire des décisions collectives prises dans un acte
unanime.

Nota : le vote par consultation écrite est une spécificité des SARL par rapport aux SA, où ce mode de consultation des associés n'est
pas autorisé.

11/22
Seules seront évoquées ci-après, les décisions collectives prises en assemblées.

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Section 1 ] Règles générales de consultation

Cf T3 - annexe 3 : assemblées générales – règles générales de convocation et de vote

Règles applicables Assemblées générales ordinaires Assemblées générales extraordinaires

- lors de l'approbation annuelle des comptes ;


- en cas de réunion demandée par un ou plusieurs associés, représentant au moins, soit à la fois
Cas de consultation obligatoire 10 % des associés et 10 % des parts sociales, soit au moins la moitié des parts sociales ;
des associés en assemblées - pour décider de l'émission d'obligations par la SARL (art L.223-11, al 2) ;
- pour l'approbation d'une modification du capital social prévue par un projet de plan de sauvegarde
ou de redressement de la société (art L.626-3 C.Com).

- en principe le gérant (ou chacun des co-gérants) ;


- en cas de carence de celui-ci :
1/ soit le CAC (s'il existe) ;
Auteur de la convocation 2/soit un mandataire judiciaire, désigné en référé par le Président du Tribunal de Commerce,
sur demande d'un associé (qqsoit le nombre de parts de celui-ci) ;
- exceptionnellement par tout associé ou par le CAC, pour procéder à la nomination d'un
nouveau gérant en cas de vacance du mandat ;
- convocation par lettre recommandée auprès de chaque associé, sauf acceptation par ceux-ci de la
convocation par voie électronique (décret 2015-545 du 18/05/2015).
Mode et délai de convocation - délai légal de 15 jours (8 jours en cas de décès du gérant) minimum entre envoi de la convocation
et de de tenue de l'assemblée.
- pas de mandat permanent.
Mandat - le conjoint peut-être mandataire, sauf si les époux sont les deux seuls associés.
- un autre associé peut aussi être mandataire, sauf si la SARL ne compte que deux associés.
- un tiers no associé à la SARL peut être mandataire, uniquement si les statuts le prévoient.

a) lors de la première consultation : vote à la


majorité absolue des parts sociales. # SARL créées avant le 4/08/2005 :
- pas de quorum exigé ;
Cette majorité absolue se calcule en tenant - majorité qualifiée d'au moins les ¾ du total des
compte de la totalité des parts sociales parts sociales ;
composant le capital social, et non pas - possibilité d'opter pour le nouveau régime
seulement des parts détenues par les associés applicable aux SARL créées à partir du
présents ou représentés. 4/08/2005 ;

Il faut que la décision soit adoptée par un ou


Règles de quorum et de vote plusieurs associés représentant plus de la moitié
du total des parts sociales de la SARL. # SARL créées à partir du 4/08/2005 :
- quorum d'au moins 1/4 (1ère convocation) puis
b) lors de la seconde consultation (éventuelle), 1/5ème (2ème convocation) du total des parts
vote à la majorité des parts détenues par les sociales (quorum plus exigeant possible
associés présents ou représentés. statutairement) ;
Il faut donc que la décision soit approuvée par - majorité qualifiée d'au moins 2/3 des parts
un ou plusieurs associés représentant plus de la sociales détenues par les associés présents ou
moitié du total des voix représentés lors de l'AG. représentés (majorité plus exigeante possible
statutairement, à l'exclusion de l'unanimité).
Les statuts de la SARL peuvent toutefois écarter
cette possibilité de seconde convocation.
Unanimité obligatoire pour :
→ décision de se soumettre aux nouvelles règles
de quorum et de majorité applicables aux
Exceptions aux règles de majorité qualifiées habituelles lors des sociétés créées depuis le 4/08/2005 (cf ci-dessus)
AGExtraordinaire ;
→ transfert du siège social à l'étranger ou
changement de nationalité de la société ;
→ transformation de la SARL en SAS ;
→ transformation de la SARL en SNC ou

13/22
société en commandite, ou société civile  ;
→ absorption par une SAS ;
→ désignation d'un commissaire aux apports
(CAA) en cas d'augmentation du capital par
apports en nature ;
→ augmentation des engagements des associés
(ex : adoption de la forme de SARL à capital
variable, augmentation du capital par
augmentation du nominal des parts).

Seulement la majorité simple de plus de la


moitié des parts sociales pour :

→ transformation en SA, si les capitaux propres


de la SARL sont supérieurs à 750 000 €, ce qui
est destiné à faciliter la transformation des
«grosses» SARL en SA ;
→ augmentation du capital social, par
incorporation de réserves ou de bénéfices.

Section 2 ) Décisions collectives ordinaires

sous-section 1) Compétences des AGO

Les assemblées «ordinaires» ont pour but de statuer, de manière générale, sur toutes les questions n'entraînant pas modification des
statuts, qu'il s'agisse notamment :
– d'approuver les comptes de l'exercice écoulé (dans les 6 mois de la clôture de l'exercice) ;
– de procéder à la nomination ou au remplacement du gérant (non statutaire) ;
– de procéder à la nomination ou au remplacement des commissaires aux comptes ;
– d'approuver les conventions intervenues entre un gérant ou un associé et la société ;
– d'autoriser la gérance à effectuer telle ou telle opération (subordonnée statutairement à l'accord préalable de l'assemblée des
associés) ; …

L' AGO la plus importante est l'AGOA d'approbation des comptes.

sous-section 2) Règles de majorité applicables aux AGO

Il n'existe pas de quorum obligatoire pour les AGO.

Les décisions ordinaires sont adoptées :

– lors de la première consultation : par un total de voix correspondant à plus de la moitié des parts sociales (majorité absolue ;
ex : SARL de 1000 parts, décision à la majorité de 501 voix), que ce vote soit obtenu par le vote d'un seul ou plusieurs
associés (art L.223-29 C.Com). Cette majorité absolue se calcule en tenant compte de la totalité des parts sociales composant
le capital, et non pas seulement des parts détenus par les associés présents ou représentés.

– lors de la seconde consultation, par la majorité des voix (chaque part sociale = 1 voix) émises (majorité relative), quel que
soit le nombre de votants. Les statuts de la SARL peuvent toutefois écarter cette possibilité de seconde convocation.

Exemple : SARL de 2 000 parts sociales, avec 4 associés détenant respectivement 800 parts (A), 700 parts (B), 300 parts (C) et 200
parts (D).
→ 1ère consultation : la majorité absolue exigée pour l'adoption des résolutions ordinaires est, en tout état de cause, de 1 001 parts,
donc si A et D seuls présents ou représentés, pas d'adoption possible ;
→ 2ème consultation : les associés A, B et D sont seuls présents et représentés. La majorité «relative» à atteindre est de 851 parts
(1700 parts/2 = 850 parts). Si A et D votent ensemble, cela suffit pour obtenir l'approbation des résolutions.
Mais les statuts peuvent toujours prévoir une majorité plus élevée, par exemple des 2/3 ou des ¾ des parts sociales émises.

Section 3) Décisions collectives extraordinaires

sous-section 1) compétences des AGE

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Les assemblées générales dites «extraordinaires» ont pour objet de statuer sur la modification des statuts, avec des règles de quorum et
de majorité distinctes selon les SARL.

Cela concerne notamment les décisions concernant :


- l'augmentation ou la réduction du capital social ;
- la transformation de la SARL...

A noter : intervention sur le régime juridique et fiscal des augmentations et réductions de capital prévue dans le module «droit du
financement des entreprises» (master 1 - semestre 3 – Hervé MENARD)

Sous-section 2) règles de quorum et de majorité applicables aux AGE

Ces règles diffèrent selon la date à laquelle la SARL a été constituée, car la loi 2005-882 du 2 août 2005 a allégé les règles pour les
sociétés constituées à partir du 4 août 2005.

# SARL constituées avant le 4/08/2005 :

Les décisions doivent être prises à une majorité des associés représentant au moins les ¾ (trois quarts) des parts sociales, sans
qu'aucun quorum ne soit requis, sans possibilité statutaire de prévoir une majorité plus élevée.

Conséquence : possibilité pour un associé disposant d'au moins ¼ des voix de bloquer toute modification statutaire («minorité de
blocage»).

Les sociétés concernées par ces règles peuvent décider de se soumettre aux nouvelles règles (cf ci-après), mais par une décision prise
à l'unanimité des associés.

# SARL constituées depuis le 4/08/2005 :


Une double exigence existe.

1 / les associés présents ou représentés doivent posséder un nombre minimal de parts sociales :
– sur première convocation : un quart des parts sociales ;
– sur deuxième convocation (et ultérieure le cas échéant) : un cinquième des parts sociales.

NOTA : à défaut de ce dernier quorum, la 2ème assemblée peut être reportée à une date postérieure de 2 mois au plus à celle à
laquelle elle avait été convoquée, mais pour l'assemblée «prorogée», le quorum du cinquième est à nouveau exigé.

2 / les modifications sont ensuite décidées à la majorité des 2/3 (deux tiers) des parts détenues par les associés présents ou
représentés.

Les statuts peuvent prévoir un quorum et une majorité plus élevée (sans pouvoir exigée l'unanimité).

Exemple :
SARL de 1 000 parts sociales, avec 5 associés détenant respectivement 200 parts (A), 250 parts (B), 250 parts (C), 150 parts (D) et
50 parts (E).

constituée avant le 4/08/2005


→ pas de quorum : l'assemblée peut délibérer quel que soit le nombre de parts que détiennent les personnes présentes ou
représentées ;
→ et la majorité exigée est ensuite des 3/4 des parts sociales détenues : A+B+C+D = 85 % : majorité atteinte.

Constituées à partir du 4/08/2005 :

→ 1ère convocation :
– quorum : les associés présents ou représentés doivent détenir au moins 250 parts (1000 x 1/4)
– majorité des 2/3 : si A, B et C présents, la majorité à atteindre est de 467voix (700 x 2/3 = 466). B (250) et C (250)
pourront adoptés les résolution en votant de concert.
→ 2ème convocation :
– quorum : les associés présents ou représentés doivent détenir au moins 200 parts (1000 x 1/5)
– majorité des 2/3 : si A, B, C et E présents, la majorité à atteindre est de 501 voix (750x 2/3 = 500).

# exceptions à ces règles de quorum et de majorité des AGE  :

L'unanimité est exigée pour :


→ décision de se soumettre aux nouvelles règles de quorum et de majorité applicables aux sociétés créées depuis le 4/08/2005 (cf ci-
dessus) ;

15/22
→ transfert du siège social à l'étranger ou changement de nationalité de la société ;
→ transformation de la SARL en SAS ;
→ transformation de la SARL en SNC ou société en commandite, ou société civile  ;
→ absorption par une SAS ;
→ désignation d'un commissaire aux apports (CAA) en cas d'augmentation du capital par apports en nature ;
→ augmentation des engagements des associés (ex : adoption de la forme de SARL à capital variable, augmentation du capital par
augmentation du nominal des parts).

A l'inverse, certaines modifications les statutaires peuvent être prises seulement à la majorité de plus de la moitié des parts sociales
:

→ transformation en SA, si les capitaux propres de la SARL sont supérieurs à 750 000 € (cf module «  transformation des sociétés »),
ce qui est destiné à faciliter la transformation des « grosses » SARL en SA ;
→ augmentation du capital social, par incorporation de réserves ou de bénéfices (les associés représentant la moitié des parts sociales
suffit).

Par ailleurs, bien entendu, dans tous les cas où des modifications statutaires sont adoptées en AGE (ou par un autre moyen), cela
implique le respect des règles de publicité, dans le mois qui suit l'assemblée : avis à insérer dans un JAL, dépôt au greffe, RCS et
BODACC.

16/22
CHAPITRE III ] Régime juridique et fiscal des cessions de droit sociaux dans les SARL

Dans les sociétés de personnes (SNC), l'agrément de tous les associés est imposé pour que l'un d'entre eux puisse céder ses parts (quel
que soit le cessionnaire).

Le caractère «hybride» de la SARL (inspiré à la fois des sociétés de personnes et de capitaux) apparaît très nettement à propos du
régime de la cession des parts sociales, nécessitant fréquemment, contrairement aux SA, l'agrément du cessionnaire par les autres
associés.

17/22
Section 1] Régime juridique

Sous-section 1 ) Règles générales applicables aux cessions de parts sociales de SARL

1/ les parts sociales cédées doivent avoir été intégralement libérées par le cédant.

2 / Les cessions impliquent dans certains cas, l'accord nécessaire de l'époux commun de biens avec le cédant.
En effet, si un époux envisage de céder des parts sociales de SARL dépendant de la communauté conjugale (parce qu'il est marié sous
le régime de la communauté légale), il doit en avertir son époux et obtenir son accord, à peine de nullité de la cession  : sous peine de
déconvenue, le cessionnaire doit donc toujours s'informer du régime matrimonial du cédant.

2 / Dans tous les cas, les cessions de parts sociales doivent être obligatoirement constatées par écrit (sous forme d'actes sous seing
privé, ou d'acte notarié), en autant d'exemplaires que de parties, plus un exemplaire pour l'enregistrement et un pour le dépôt au greffe
(soit 4 au minimum).

Mais surtout, le droit de céder ses parts sociales n'est pas libre, avec une procédure d'agrément qui peut être soit obligatoire,
soit facultative.

Sous-section 2 ] l'agrément obligatoire en cas de cession à un tiers

Alors que le principe est celui de la liberté de cession lorsque l'acquéreur est un autre associé, le conjoint, un ascendant ou descendant
du cédant, en revanche, vis-à-vis des tiers, cette cession est soumise à l'agrément des autres associés.

La procédure prévue par la loi (et auxquels les statuts ne peuvent déroger) permet à la fois de concilier les intérêts des associés (qui
doivent agréer en principe le futur acquéreur) et du vendeur de parts (qui aura toujours la possibilité de quitter la société, même si
l'acquéreur n'est pas agréé).

Cette procédure concerne toutes les opérations de cession de parts de SARL à des tiers, même si elle est effectuée dans le cadre
d'une saisie ou d'une procédure collective ; seules y échappent (sauf clause statutaire contraire), les cessions de parts sociales
intervenant dans le cadre des fusions ou scissions.

Elle est notamment applicable lors d'une opération d'augmentation de capital, si des parts sociales nouvelles sont souscrites par des
personnes non associées : ces personnes doivent être préalablement agréées par les autres associés, selon les règles de majorité
décrites ci-après (majorité des associés, représentant au moins la moitié des parts sociales).

Le non-respect de cette procédure entraîne la nullité de la cession.

En cas de défaut de notification préalable du projet de cession et/ou de non soumission de ce projet à une décision collective des
associés (si le cédant est un gérant majoritaire), la cession est en principe nulle (car la procédure prévue est d'ordre public), et la
société ou les associés peuvent engager une action en nullité dans un délai de 3 ans à compter du dépôt au greffe de l'acte de cession
des parts.

La procédure (art L.223-14 C.Com) implique le respect de plusieurs étapes essentielles (4) :

A ] la notification par le vendeur du projet de cession à la SARL et aux autres


associés.

Le vendeur des parts doit notifier le projet de cession, à la fois à la SARL (donc à son gérant) et à chacun des associés, par lettre
recommandée avec AR (ou par acte d'huissier), préalablement à la réalisation de la cession, en identifiant précisément l'acquéreur
(personne physique ou morale), en précisant le nombre de parts sociales dont la cession est envisagée et le prix offert.

C'est une étape indispensable de la procédure, à laquelle on ne peut se soustraire par d'autres voies : le défaut de notification entraîne
la nullité de la cession.
En outre, ces notifications font courir le délai permettant ensuite au cédant d'effectuer la cession projetée.

B ] la consultation des associés sur le projet de cession

Dans le délai de 8 jours suivant la notification du projet de cession à la société (cad à son représentant légal, le gérant), le gérant doit
convoquer l'assemblée générale des associés pour délibérer sur le projet de cession (ou bien les consulter par écrit, si les statuts le
prévoient).

A partir de là, quatre solutions sont envisageables :

18/22
Agrément tacite Autorisation obtenue tacitement, à l'expiration d'un délai de 3 mois à compter de la notification du projet de
cession (en cas d'absence de soumission par le gérant du projet de cession à la décision collective des associés).
Agrément exprès Décision expresse par l'assemblée des associés, à la majorité (en nombre) d'entre eux, représentant au moins la
moitié des parts sociales (sauf stipulation statutaire plus exigeante)
le cédant peut prendre part au vote.
obligation de Si la majorité n'est pas obtenue, les associés de la SARL sont tenus dans un délai de 3 mois, d'acquérir ou de faire
rachat, en cas de acquérir les parts sociales du cédant (sauf si le cédant les possède depuis moins de 2 ans).
refus d'agrément
Agrément par En cas de refus d'agrément, et passé le délai de 3 mois, si les parts ne sont pas rachetées, l'associé-cédant peut
déchéance réaliser la cession prévue.

C ] la notification au cédant de la décision prise par les associés

Si une décision favorable d'agrément est prise par les associés, celle-ci est ensuite notifiée au cédant, en LR avec AR.
Il en est de même du refus d'agrément.

D ] l'obligation de rachat des parts, en cas de refus d'agrément

La décision de refus d'agrément doit être notifié par la SARL (en LR avec AR) à l'associé cédant.

Celui-ci peut alors obliger ses co-associés à acheter la totalité de ses parts, ou à les faire acheter par un tiers ou par la société elle-
même (art L223-14, al 3 et 4 C.Com), à la condition qu'il les détienne depuis au moins deux ans.

En cas de rachat par la SARL de ces parts, on devra procéder à l'annulation de celles-ci et à une diminution du capital social.

Ce «rachat forcé» en cas de refus d'agrément pose évidemment la question du prix de rachat.

Il est fixé en principe d 'un commun accord entre les parties et il peut s'agir du prix initialement convenu dans le projet initial de
cession (ce qui ne posera pas de difficulté), mais peut faire aussi l'objet de contestation.

Le cédant a toujours la possibilité de renoncer à la cession qu'il envisageait initialement (art L.223-14, al 3 et 7 C.Com), notamment
si les conditions financières (valeur des parts) du rachat envisagé par les autres associés ou la société ne le satisfont pas.

En cas de contestation (et si le cédant maintient son projet), le prix doit être fixé par un expert évaluateur désigné, soit par les parties,
soit, à défaut d'accord entre elles, par ordonnance du président du TC (statuant en référé, sans recours possible) → art 1843-4 C.Civ et
L.223-14, al 3 C.Com.

Le rachat doit intervenir en principe dans un délai de 3 mois à compter du refus d'agrément (sauf prolongation de ce délai, de 6 mois
maximum, par le Président du TC, sur demande du gérant).

A défaut de rachat dans ce délai, le cédant peut réaliser la cession initialement prévue.

Sous-Section 3] l'agrément facultatif en cas de cession à un autre


associé, un conjoint, descendant ou ascendant

Le principe est celui de la libre-cessibilité :


- vis-à-vis des autres associés, des conjoints, ascendants et descendants ;
- et en cas de transmission de parts par voie de succession (décès d’un associé), ou par suite de liquidation de communauté de bien
entre époux.

Mais il est possible de prévoir statutairement une procédure d'agrément telle que celle prévue pour les cessions à des tiers (cf. ci-
dessus), pour tout ou partie des personnes concernées (par exemple, seulement les conjoints et ascendants), avec des conditions de
délais et de majorité qui peuvent être, soit les mêmes, soit différentes de celles exposées ci-dessus, sous réserve que deux éléments
soient respectés :
- les délais prévus ne peuvent pas être plus longs que ceux déjà évoqués (ex : pas + de 3 mois pour agrément tacite) ;
- la majorité exigée pour l'agrément ne peut pas être plus forte que celle de l'art L.223-14 du C.Com (double majorité en nombre de
parts et en nombre d'associés).

Bien entendu, si une clause statutaire prévoit un agrément, en cas de refus de celui-ci, l'obligation de rachat examinée précédemment
s'applique dans les mêmes conditions (avec le respect du délai de 3 mois).

Une clause statutaire peut même prévoir (art L.223-13, al 3 C.com) qu'en cas de décès d'un associé, la société continuera avec les
seuls associés survivants, en évinçant donc par avance tout héritier (sil n'est pas déjà associé), qui aura droit alors à la valeur des droits

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sociaux du défunt (estimée au jour du décès).

Sous-Section 4] Des règles de publicité et d'enregistrement à respecter


dans tous les cas

1 / les formalités de publicité

Une fois l'acte de cession de parts sociales signé par les parties (avec l'agrément des autres associés le cas échéant), certaines
formalités de publicité doivent être réalisées pour que cette cession (et le changement d'associé) soit opposable, à la fois à la société et
aux tiers.

■ pour l'opposabilité à la société : une notification

Pour être opposables à la SARL, les cessions de parts doivent être «notifiées» à la société (par voie d'huissier ou par le dépôt au siège
social d'un original de l'acte de cession contre remise par le gérant d'une attestation de ce dépôt), à moins que celle-ci n'y est déjà
«consenti».

■ pour l'opposabilité aux tiers : un dépôt au greffe, pour une inscription


modificative
Dans le délai d'un mois suivant la signature de l'acte de cession, dépôt par le gérant de la SARL au greffe du TC :
– d'un exemplaire de l'acte de cession,
– ainsi que des statuts de la SARL mis à jour
– et du procès-verbal de l'AGE ayant procédé à cette modification

Une insertion dans un JAL n'est pas obligatoire, sauf en cas de changement de gérant.

2 / la formalité de l'enregistrement

Les cessions de parts sociales sont soumises à la formalité de l'enregistrement auprès d'un service des impôts, dans le délai d'un mois
maximum après la signature de l'acte de cession, avec le paiement (en principe) d'un droit de 3% à acquitter par le cessionnaire = cf.
ci-après.

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Section II ] régime fiscal des cessions de parts sociales de SARL

Sous-section 1) régime général de taxation

Une cession de parts doit être enregistrée, et cet enregistrement rend exigible en principe un droit de 3 %, en principe à la charge du
cessionnaire (25 € minimum).

En principe, les cessions de parts sociales, autres que celles de sociétés à prépondérance immobilière (5 % sans abattement), donnent
ouverture à un droit d'enregistrement de 3 %.

Ce droit est liquidé en principe sur le prix exprimé dans l'acte, augmenté des charges éventuelles.

Un abattement égal au produit de 23 000 € par le pourcentage que représente le nombre de parts cédés par rapport au nombre total de
parts émises par la société s'applique sur le prix de cette cession.

EXEMPLE :

Lors de son départ en retraite, un associé majoritaire (à 70 %) d'une SARL souhaite céder ses parts à un investisseur qui est disposé
à les acquérir au prix demandé par le cédant, soit 600 000 €.

En l'absence de transformation, la cession des parts sociales de la SARL sera taxable aux droits d'enregistrement au taux de 3 %,
après application d'un abattement de 23 000 € rapporté au pourcentage des titres cédés, soit :
- prix de cession : 600 000 €
- abattement : 23 000 € x 70/100 =16 100 €
- base taxable : 583 900 €
- droits exigibles au taux de 3% = 17 517 €

Ces droits sont beaucoup plus élevés que ceux exigibles lors des cessions d'actions : 0,1% sur les cessions d'actions (sauf si la société
est à prépondérance immobilière : 5%) et aucun droit si la cession porte sur des actions d'une société cotée non constatée dans un
acte.

Il est donc tentant, pour atténuer la charge fiscale supportée par le cessionnaire, de modifier la forme sociale de la société (SARL en
SAS), avant d'en céder le contrôle.

Cette opération de transformation n'est pas constitutive d'un «abus de droit fiscal», si le but poursuivi n'est pas exclusivement fiscal.

Si la cession de parts intervient après la transformation en SAS, elle porte donc sur des actions de SAS, et le taux applicable est de 0,1
% (sauf si la société par actions est une société à prépondérance immobilière -SCI essentiellement- : un taux de 5 % est appliqué dans
ce cas, et sans abattement de 23 000 €).

Dans l'hypothèse précédente, les droits exigibles seront alors de 600 000 € x 0,1% = 600 €, soit environ
17 000 € d'économie d'impôt pour le cessionnaire.

Sous-section 2 ) l'abattement de 300 000 € sur les cessions de parts


représentatives d'un fonds de commerce

Les cessions de parts sociales représentatives d'un fonds de commerce bénéficient, sous certaines conditions, d'un abattement de 300
000 € sur l'assiette des droits d’enregistrement dû (art 732 ter du CGI).

Pour une même cession de parts, cet abattement peut se cumuler avec celui de 23 000 €.

Conditions cumulatives à remplir :

– exercice par l'entreprise d'une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale (exclusion des activités
patrimoniales et civiles) ;
– le vendeur doit avoir détenu ces titres pendant au moins deux ans ;
– l’acquéreur doit être, soit un salarié ou un apprenti de l’entreprise dont les titres sont cédés, soit l’un des membres du cercle
familial proche du cédant ;
– l'acquéreur doit poursuivre l'exploitation du fonds pendant au moins 5 ans et assurer la direction effective de cette entreprise.

EXEMPLE

Une SARL (non immobilière) X dont l'actif brut total est évalué à 650 000 €, comprenant notamment un fonds de commerce de 250

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000 €, et dont le capital est divisé en 1 000 titres (chaque titre vaut donc 650 €).

600 titres sont cédés à un acquéreur pour un prix de 390 000 € (= 600 x 650 €) qui se répartit comme suit :
- 150 000 € correspondant à la fraction de la valeur des titres représentative du fonds (390 000 € x 250 000 € / 650 000 €) ;
- 240 000 € correspondant à la fraction de la valeur des titres représentative des autres éléments d'actif (390 000 € - 150 000 €).

L'abattement s'applique sur la fraction de la valeur des titres représentatifs du fonds, soit 150 000 €. Le reliquat (150 000 €) n'est
imputable ni sur les autres éléments d'actif cédés de façon concomitante, soit au cas particulier 240 000 €, ni sur la valeur taxable
d'une éventuelle cession ultérieure entre les mêmes parties.

La valeur totale taxable de la cession s'élève à 240 000 € (après abattement sur les 150 000 €) et les droits de 3 % sont liquidés
comme suit :
abattement de 23 000 x 60/100 = 13 800 €
240 000 € - 13 800 € = 226 200 € x 3 % = 6 786 €

Remarque : le régime de taxation des plus-values de cession de valeurs mobilières, applicable au vendeur de parts sociales de
SARL (associé particulier ou entreprise) n'est pas examiné ici.

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