Elle doit être fondée sur un juste motif (une faute suffisamment grave ou un désaccord sur la politique sociale), dans le cas contraire, elle va donner lieu à des dommages et intérêts. Outre l’argument tiré de l’absence de juste motif, le DG peut également invoquer la violation du principe du contradictoire. Ainsi malgré l’emploi de la formule « révocable à tout moment », le DG va être mis en mesure de présenter ses observations préalablement à sa révocation. Il peut également obtenir des dommages et intérêts si la révocation est intervenue dans des circonstances injurieuses ou vexatoires Sous-section deuxième : La SA avec Administrateur général La SA avec un administrateur constitue le second mode d’administration et de gestion pour la SA. CE mode d’administration des S.A. est tout à fait nouveau. L’administrateur assure sous sa responsabilité les fonctions d’administration et de direction de la société, à moins qu’il ne soit assisté par un ou plusieurs administrateurs généraux adjoints. Les SA comprenant un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à 3 ont la faculté de ne pas mettre en place un conseil d’administration et désigner, en lieu et place, un administrateur général. A.Nomination et durée du mandat : Le premier administrateur général est désigné dans les statuts ou par l’assemblée générale constitutive ; en cours de vie sociale il est nommé par l’assemblée générale ordinaire, et est choisi parmi les actionnaires ou en dehors d’eux. La durée de son mandat est librement fixée par les statuts, sans pouvoir excéder six ans(6) si la nomination intervient en cours de vie sociale et deux (2) ans en cas de nomination dans les statuts. Il ne peut exercer simultanément plus de trois(3) mandats d’administrateur général de sociétés anonymes ayant leur siège sur le territoire d’un même Etat partie. De même son mandat n’est pas cumulable avec plus de deux (2) mandats de PDG ou de DG de sociétés anonymes ayant leur siège social dans le territoire d’un même Etat partie. L’administrateur général qui, lorsqu’il accède à un nouveau mandat se trouve en infraction avec ce qui précède doit, dans les 3 mois de sa nomination, se démettre de l’un de ses mandats. A l’expiration de ce délai il est réputé s’être démis de son nouveau mandat et doit restituer les rémunérations perçues sous quelque forme que ce soit, sans que soit remise en cause les décisions auxquelles il a pris part. B.Attributions et rémunération de l’administrateur général : L’administrateur représente la société dans ses rapports avec les tiers. Il convoque et préside les assemblées générales. Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom de la société, toutefois ces pouvoirs sont exercés dans la limite de l’objet social. Il engage la société par ses actes qui dépassent l’objet social. Il est chef d’entreprise et représentant légal de la société à l’égard des tiers : il embauche et licencie les salariés, négocie les accords d’entreprise, reçoit les délégués du personnel, signe les contrats au nom de la société, passe les commandes, assure le bon usage des biens sociaux, agit en justice. De même, il est l’interlocuteur des administrations fiscales et sociales. Il peut être lié à la société par un contrat de travail lorsque celui correspond à un emploi effectif. Ce contrat est soumis à l’autorisation de l’assemblée générale ordinaire. Or les sommes perçues dans le cadre d’un contrat de travail et celles allouées, en rémunération de ses activités, il peut se voir attribuer une somme fixe annuelle à titre d’indemnité de fonction. Il peut également se voir allouer des rémunérations exceptionnelles pour les missions et mandats qui lui sont confiés ; l’assemblée générale peut aussi autoriser le remboursement des frais de voyage, de déplacement et des dépenses engagées dans l’intérêt de la société. Le cas échéant elle peut lui attribuer des avantages en nature.
C. La validité des conventions conclues par
l’administrateur Le législateur règlemente librement les conventions passées par l’administrateur général en vue de veiller à la loyauté de ce dirigeant et de protéger l’intérêt social. Ainsi il doit présenter à l’assemblée générale ordinaire qui statue sur les états financiers de synthèse, un rapport sur les conventions qu’il a conclues avec la société, directement ou indirectement, par une personne interposée, et sur les conventions passées avec une personne morale dont il est propriétaire, associés indéfiniment responsables d’une manière générale. Ensuite il doit aviser le commissaire au compte dans un délai d’un mois de toutes les conventions qu’il a conclues avec la société. Ce rapport énumère les conventions soumises à l’approbation de l’assemblée générale, en précise la nature, mentionne les produits ou les services faisant l’objet de cette convention, leurs modalités de conclusion, notamment les prix ou les tarifs pratiqués, les ristournes ou commissions consenties. Les conventions approuvées ou désapprouvées produisent leurs effets à l’égard des contractants et des tiers. Toutefois les conséquences dommageables des conventions désapprouvées par l’assemblée générale peuvent être mises à la charge de l’administrateur général. En combinant ces dispositions avec ce qui a été dit plus tôt, l’on pourra dire que l’assemblée générale peut constituer un contrepoids à l’omnipotence (puissance absolue) de l’administrateur général. Dans la pratique cela n’est possible que dans le cas où l’administrateur général est en même temps l’actionnaire minoritaire CHAP 2 La société à responsabilité limitée La SARL est une société hybride qui emprunte ses règles de fonctionnement à la fois aux entreprises à risques limités qu’à celles à risques illimités. Elle se rapproche des sociétés anonymes par le régime de ses associés mais elle s’en éloigne par le régime de ses titres sociaux (qui ne sont pas négociables). Elle se rapproche de la SNC par sa dimension très modeste, mais également par le fait d’être constituée intuitu personae (en considération de la personne). Elle s’éloigne de la SNC parce que ces associés vont se livrer à une exploitation commerciale sans pour autant acquérir la qualité de commerçants. L’article 309 la définie comme une société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à hauteur de leur apport et dont les droits sont représentés par des parts sociales. La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être obligatoirement ,suivie ou précédée des mots « Société à responsabilités limitées » ou di sigle « SARL ». L’objet de la création de cette entreprise est d’en faire le régime de référence pour les petites et moyennes entreprises, en assouplissant leurs règles de fonctionnement. C’est donc un outil idéal pour l’exploitation de telles entreprises. Cette forme sociale a dès le départ connu un franc succès qui ne s’est pas démenti depuis. Ainsi au Sénégal 80% des entreprises sont des SARL, alors qu’en France c’est plus de la moitié des entreprises sociales. La responsabilité limitée au montant des apports semble dans certain cas purement théorique pour les associés, car les banques leur imposent de s’engager comme caution, et lorsqu’ils sont dirigeants, leur responsabilité personnelle est souvent engagée lorsqu’une procédure collective est ouverte en l’encontre de l’entreprise. Seront envisagés le capital social et la gérance de la SARL.
Section première : le capital de la SARL
L’article 311 de l’AUDSCG dispose « sauf dispositions nationales contraires », le capital de la SARL doit être d’un million de francs au moins. Il est divisé en parts sociales dont la valeur nominale ne peut être inférieure à 5000 francs. Les états parties ont compris, à partir de l’expression « sauf dispositions nationales contraire », que l’organisation leur octroie la possibilité de fixer un capital différent de celui qu’elle a établie, ils n’ont pas manqué d’exploiter cette brèche ouverte. La brèche a été exploitée de manière différente suivant le souci de chaque Etat partie. Ainsi certains états ont préféré laisser aux associés la liberté de fixer eux-mêmes le montant du capital de leur SARL. C’est le cas : - Du bénin (décret 2014-220) (chap. 4 art 6 « Le capital social de la Sarl est librement déterminé par les associés ; il est divisé en part sociales de valeur nominale égale ») De la Cote d’ivoire (ordonnance 2014-161 du 2 avril 2014 art 5). « Le montant du capital social de la Sarl est librement fixé par les associés. Par contre, d’autres Etats ont préféré fixer eux-mêmes la montant du capital social de la SARL : c’est le cas : - Du Cameroun, loi n° 2016/014 du 14 décembre 2016(art 2-1 « le capital social de la Sarl est fixé à cent milles(100000) Frs CFA » ; le recours à des statuts notariés est désormais facultatif) - Le Gabon = loi 013/2016 du 5/09 2016 art 2 « le capital social de Sarl est fixé à cent milles (100000) frs CFA - Du Togo (décret 2014-119 PR du 19mai 2014 art 2 « Le capital de Sarl est fixé à cent milles (100000) Frs CFA - Du Sénégal qui a, par deux lois successives procédé, à la modification du capital social de la société à responsabilité limitée. D’abord, le législateur adopte la loi de 2014-20 du 14 avril 2014 dont l’article 2 fixe le capital de la Sarl à 100000 francs. Ensuite, revirement de situation, un an après, il promulgue la loi 2015-07 du 19 Avril 2015, qui abroge la loi 2014-20. L’article premier de cette dernière dispose « Le capital social de la société à responsabilité limitée est fixé par les statuts. Ce qui signifie que désormais le Sénégal libéralise le capital social de cette forme sociale ; ainsi, il s’avère possible de constituer une SARL avec un capital social de 1000 francs, 5000 francs, 10000 francs. Cette réforme a été diversement appréciée par les spécialistes. Pour certains « la réforme offre une plus grande liberté aux opérateurs économiques en leur permettant de fixer librement le montant du capital social de la SARL, ainsi que la valeur nominale des parts sociales. Ils considèrent que la libéralisation du capital de cette forme sociale va contribuer à la lutte contre le phénomène de l’informel dans le marché africain de l’espace OHADA ». Pour d’autres, cette réforme n’est pas exempt de critiques, au regard de ses conséquences pour l'environnement des affaires de notre pays dans lequel, près de 80% des entreprises ont la forme juridique de la SARL. Pour les détracteurs de la réforme, par l’adoption celle-ci, l'Etat entend poursuivre implicitement sa boulimie financière, afin d'élargir son assiette fiscale, en vue de recouvrer plus d'impôts et de TVA. En augmentant l'attractivité de cette forme sociale par ce biais, il risque d’attiser la méfiance des investisseurs d’avoir à contracter avec une SARL dont le capital social s’élève à 1000, 5000 10000 ce qui, à l’évidence est insuffisante en terme de garantie. Section deuxième : La gérance de la SARL L’accent sera mis sur l’organisation de la gérance, ensuite sur le pouvoir des gérants et enfin sur leurs responsabilités. A.L’organisation de la gérance LA SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques qui sont soit des associés soit des tiers non associés. Leur nomination peut résulter soit des statuts soit d’un acte séparé. Dans cette dernière hypothèse, sauf si une clause statutaire n’exige une majorité supérieure, la décision est prise par une majorité des associés représentant plus de la moitié du capital social. Toute délibération prise en violation de ces règles de majorité est nulle. En l’absence de dispositions statutaires, le ou les gérants sont nommés pour une durée de 4 ans, et sont rééligibles. Les fonctions de gérant sont gratuites ou rémunérées dans les conditions fixées dans les statuts. Le ou les gérants statutaires ou non sont révocables par décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Toute clause contraire est réputée non-écrite. Si la révocation est décidée sans juste motif elle peut donner lieu à des dommages et intérêts. Le gérant peut également être révoqué, pour cause légitime, par la juridiction compétente en la matière, dans le ressort de laquelle est situé le siège social. Le ou les gérants peuvent démissionner librement, toutefois si la démission est faite sans juste motif, la société peut réclamer en justice la réparation des dommages. B.Pouvoir des gérants Dans les rapports entre associés, et en l’absence de détermination des pouvoirs par les statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société. En cas de pluralité de gérant, ceux-ci détiennent séparément tous les pouvoirs, sauf le droit pour chaque gérant de s’opposer à toute opération avant qu’elle ne soit conclue. La gestion est donc personnelle et non collective comme dans les SA. L’opposition d’un gérant à l’acte d’un autre gérant, permet au 1er de dégager sa responsabilité à l’égard des associés, si l’opération n’a pas prospéré, conformément aux attentes de ces derniers et de la société. Aucune condition de forme n’est exigée pour l’opposition, mais il faut qu’elle soit affirmée. Par contre les tiers eux sont bien protégés, ainsi l’opposition formée par un gérant aux actes d’un autre gérant est sans effet à leur égard sauf s’il est établie qu’ils n’en ont eu connaissance. La société est engagée même par les actes des gérants qui ne relèvent pas de l’objet social à moins d’apporter la preuve que les tiers savaient que l’acte dépassait cet objet ou qu’ils ne pouvaient l’ignorer compte tenu des circonstances. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants, sont inopposables aux tiers de bonne foi. C. La responsabilité des gérants : Les gérants sont responsables individuellement et solidairement selon les cas, envers la société et envers les tiers, soit des infractions ou dispositions légales ou réglementaires applicables au SARL soit des violations statutaires soit enfin des fautes commises dans leur gestion. Si plusieurs gérants ont coopéré au même fait fautif, la juridiction compétente va déterminer la part contributive de chacun dans la réparation du préjudice. Outre la réparation du préjudice personnellement subit, les associés représentant le quart en nombre et le quart en part sociale peuvent, soit individuellement soit en se groupant, Intenter l’action sociale en responsabilité contre le gérant. Les requérants sont habilités à réclamer la réparation de l’entier préjudice subi par la société a qui, le cas échéant, des dommages et intérêts sont allouées. Les actions à responsabilités ci-dessus se prescrivent par 3 ans à partir de leur commission ou, si les faits ont été dissimulés, à partir de leur révélation. Lorsque les faits sont qualifiés de crime le délai de prescription est porté par 10 ans. Section troisième : les opérations relatives aux parts sociales : cession et transmission A) La cession des parts entre vifs 1° Forme de la cession Entre vifs la cession doit être constatée par écrit, elle n’est opposable à la société qu’après l’accomplissement de l’une des formalités suivantes : - Signification de la cession à la société par exploit d’huissier ou notification par tout moyen permettant d’établir la réception effective par le destinataire ; - Acceptation de la cession par acte authentique (par un notaire ou un avocat) ; - Dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social contre remise d’un récépissé de dépôt. La cession n’est opposable aux tiers qu’après l’accomplissement de l’une des formalités ci-dessus, et la modification des statuts et leur publication au RCCM. 2° Modalité de la cession a. La cession entre associés Si les statuts n’organisent pas les modalités de cession entre associés, entre conjoints, descendants ou ascendants, celle-ci est réputée libre. b.La cession à des tiers Les statuts organisent librement les modalités de la cession des parts sociales à des tiers étrangers à la société. A défaut, la cession ne sera possible qu’avec le consentement de la majorité des associés représentants les ¾ des parts sociales, déduction faite des parts de l’associé cédant. Le projet de cession doit être notifié à la société et à chacun des associés. Si la société n’a pas fait connaître sa décision dans un délai de trois mois à compter de la dernière notification, le consentement à la cession est réputé acquis. Si la société refuse de consentir à la cession, les associés sont indéfiniment et solidairement tenus dans le délai de trois(3) mois qui suit la notification du refus à l’associé cédant, d’acquérir les parts à un prix qui, à défaut d’accord entre les parties, est fixé par un expert nommé par la juridiction compétente, à la demande de la partie la plus diligente. Le délai de trois mois peut être prorogé une seule fois par décision de la juridiction compétente, sans que cette prorogation ne puisse excéder cent vingt jours. Dans ce cas les sommes dues portent intérêt au taux légal. La société peut également, avec le consentement de l’associé cédant, décider, dans les mêmes délais, de réduire le montant de son capital social du montant de la valeur nominale des parts de cet associé et de racheter ces parts au prix fixé d’un commun accord entre les parties, ou déterminé conformément à l’alinéa 4 du présent article. Est nulle toute cession de parts intervenue en violation de clauses statutaires établies conformément à l’alinéa1°, ou, à défaut, en violation des alinéas 2 et suivants du présent article Si à l’expiration du délai impartis aucune des solutions, n’est intervenue, l’associé cédant peut librement réaliser la cession initialement prévue ou, s’il le juge préférable, renoncer à la cession et conserver ses parts. MASTER 2 GM 7/03/23
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