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Cours d’Administration et de Gestion des

Entreprises
L’objet de ce cours est d’insuffler à ses destinataires une plus grande
familiarité avec la notion d’entreprise notamment, en ce qui
concerne ses formes juridiques, ses modes d’organisation, de
fonctionnement, d’administration et de gestion
S’agissant des sources, c’est-à-dire les facteurs qui lui donne
naissance, elles sont, à la fois nationales, internationales mais surtout
communautaires. En effet, pour l’essentiel, les sources de la matière
sont conventionnelles. Elles proviennent de l’Organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Cette
organisation intergouvernementale d’intégration juridique créée le
17 octobre 1993 à Port louis, regroupe à ce jour, 17 états membres.
Son objet est de combattre la chute des investissements en Afrique ;
pour ce faire, elle propose un cadre juridique commun dans le
domaine économique et du droit des affaires. Elle vise la mise en
place d’un vaste marché intégré afin de faire de l’Afrique un pôle de
développement attractif pour l’investissement. Les instruments
juridiques qu’elle adopte sont dénommés actes uniformes. Parmi
ceux qui sont entrés en vigueur on peut citer : l’Acte uniforme relatif
aux Droits Commerciales Générales (AUDCG) et l’Acte uniforme
relatif aux Droits des Sociétés Commerciales et du GIE (AUDSCG),
l’Acte uniforme relatif au droit des sureté, l’Acte uniforme portant
organisation des procédures d’apurement du passif, Acte uniforme
relatif au droit de l’arbitrage, Acte uniforme portant organisation et
harmonisation des comptabilités des entreprises, Acte uniforme
relatif à la médiation, ex.
La notion d’entreprise, bien que usitée dans certaines matières de
droit n’a pas fait l’objet d’une définition générale. Par contre la
notion été bien connue en économie, ou elle est définie « comme un
regroupement de moyens humains, financiers, techniques,
matérielles ou immatérielles pour produire des biens ou services
destinés au marché ». Une telle définition bien que correspondant à
une certaine réalité ne présente pas un grand intérêt pour la science
juridique qui met plus l’accent sur le titulaire du groupement que sur
le groupement en tant que tel.
Pour intéresser le droit, le groupement doit acquérir une existence
juridique, elle sera soit une entreprise individuelle, le titulaire est
alors dénommé entrepreneur individuel ou commerçant individuel
(la notion de commerçant est définie par l’article 2 de l’AUDSCG en
ces termes « est commerçant celui qui fait de l’accomplissement
d’acte de commerce par nature sa profession ». L’article 3 du même
acte définie l’acte de commerce par nature comme « l’acte par lequel
une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit
ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de services avec
l’intention dans tirer un profit pécuniaire ») ; soit une entreprise
sociale qui peut être pluripersonnelle ou unipersonnelle, et dans les
deux cas le titulaire sera une société. Les deux axes de ce cours
tournent autour de ces deux types d’entreprises. Ainsi on verra dans
une première partie l’entreprise sociale et dans une seconde
l’entreprise individuelle.

1ere partie : les entreprises sociales
Seront envisagées successivement les règles de droit commun et les
règles spécifiques aux entreprises sociales.

Titre 1 : Les règles communes à toutes les entreprises


sociales
La particularité de ces entreprises est qu’elles sont toutes
commerciales. Cette commercialité est déterminée par la forme
qu’elles adoptent (article 6 AUDSCG), soit alors par l’objet qu’elles
exercent. En partant du droit commun, il nous est possible de classer
les entreprises en deux catégories : les entreprises à risque limité
telle que les SA, SARL, SAS, et ensuite les entreprises à risque illimité
qui sont plus hétéroclites, et qui sont-elles même répartie en deux
catégories, notamment, les entreprises à risques illimité dotées de la
personnalité morale (qui ont donc fait l’objet d’une immatriculation)
c’est le cas pour les sociétés en nom collectif (SNC) et les sociétés en
commandite simple (SCS) ; et les entreprises à risque illimité qui
n’ont pas de personnalité morale (qui n’ont donc pas fait l’objet
d’une immatriculation), c’est le cas de :
- la société en participation(SEP), (qu’on peut définir comme celle
dont les associés ont convenu librement qu’elle ne sera pas
immatriculée au Registre du commerce et du crédit mobilier). Cette
société, faute d’immatriculation, va être dissimulée au tiers,
(entreprise occulte et non ostensible)
- la société de fait, elle était au départ une société immatriculée,
mais, par suite a été annulée ; elle relève de la théorie des nullités. Il
y a également société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales ont constituées entre elles l’une des sociétés
reconnues par l’acte uniforme mais qui comporte un vice de
formation non régularisé ou ont constitué entre elles une société non
reconnue par le même acte uniforme (art 864 et 865 AUDSCGIE)
- la société créée de fait est profondément différente. Là on est
en présence de partenaires économiques qui n’ont pas constitué de
société mais qui se comporte comme de véritables associés sans en
avoir toujours conscience
Ces entreprises lorsqu’elles apparaissent au grand jour se verront
appliquer les dispositions relatives à la SNC qui est par essence la
principale société à risques illimités.
Nous envisagerons dans ce titre : la constitution de l’entreprise
sociale, les droits attachés à la qualité d’associé, la vocation au
résultat la transformation et enfin le contrôle, le règlement des
conflits et la disparition de l’entreprise sociale.

Chapitre 1 : La constitution de l’entreprise sociale : le
contrat de société (statuts)
L’entreprise sociale est créée par une ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat d’affecter à une activité des biens en
numéraire (argent), en nature ou en industrie dans le but de partager
le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Elle
s’engage à contribuer aux pertes (article 4 AUDSCG). Elle peut
également être créée par une seule personne appelée associé
unique, par un acte écrit.
Une personne physique ou morale peut être associée dans une
entreprise commerciale lorsqu’elle fait l’objet d’auune interdiction,
incapacité ou incompatibilité. Ce sont les empêchements à l’exercice
du commerce. Dès lors leur profession ou une condamnation
judiciaire vont constituer un obstacle à l’acquisition de la qualité
d’associé
Les professions suivantes : fonctionnaires, personnels des
collectivités publiques et des entreprises à participation publique,
auxiliaires de justice, expert-comptable agréé, comptable agréé,
administrateur et liquidateur judiciaire, commissaire aux comptes et
aux apports, conseil juridique, courtier maritime, sont incompatible
avec la qualité d’associé
Quant à l’interdiction, elle résulte d’une condamnation pénale
définitive prononcée, à titre de peine principale privative de liberté,
ou en peine complémentaire, pour crime de droit commun, ou à une
peine d’au moins trois d’emprisonnement non assorti de sursis pour
un délit contre les biens ou une infraction en matière économique ou
financière. Elle peut être prononcée par une juridiction
professionnelle, et sera définitive ou temporaire ; elle ne peut
prendre fin qu’après la réhabilitation du condamné.

Section première : les conditions de droit communs


Il s'agit du consentement, de la capacité et de l'objet social.

A. Le consentement :
On le défini comme l'acceptation de l'offre de contracter. Il se réalise
par la rencontre de volontés particulières qui va donner naissance à
une volonté unique, celle de réaliser le contrat.
Le consentement doit exister et être extérioriser par écrit, par la
parole ou par un geste ou comportement, à l'exclusion du silence ; en
effet qui ne dit pas mot ne consent pas en droit. Le consentement ne
doit pas être vicié. Il doit être donné en toute liberté et en
connaissance de cause. Enfin il ne doit pas être simulé. Par la
simulation l'individu fait semblant de s'associer alors que son acte
cache une réalité différente. La simulation peut porter sur l'existence
du contrat dans ce cas les prétendus associés n'ont aucune intention
de créer une entreprise, celle-ci étant purement fictive (donations
déguisées, apports simulés pour échapper à une saisie). Elle peut
également porter sur la personne de l'associé, dans ce cas celui qui se
prétend comme tel n'est, en réalité, que le prête nom du véritable
associé qui préfère agir en coulisse (personne en situation
d'incompatibilité ou frappée de faillite personnelle)

B. La capacité :
Il s’agit de la capacité d'exercice et non la capacité de jouissance.
L'acquisition de la qualité d'associé peut avoir de lourdes
conséquences dans certains cas. C'est pourquoi le législateur dans un
souci de protection a posé des limites à l'endroit de certaines
catégories de personne. Ainsi un mineur et un majeur incapable ne
peuvent avoir la qualité d'associé d'une entreprise dans laquelle ils
seraient tenus des dettes sociales au-delà de leur apport. Cette
interdiction ne s'applique pas au mineur émancipé. De même deux
époux ne peuvent être ensemble associés dans une société dans
laquelle ils seraient tenus solidairement et indéfiniment du passif
social (il y a là un souci de protéger le patrimoine familial). Cela
signifie, concrètement, qu’ils ne peuvent être tous deux associés
d’une Société en Nom Collectif, ils ne peuvent, non plus avoir
ensemble, la qualité d’associés commandités dans une société en
commandite simple.

C. L'objet social :
La notion d'objet recouvre en droit de l'entreprise deux situations
distinctes mais complémentaires. En effet on distingue entre l'objet
statutaire, qui consiste en une déclinaison de programmes d'activités
dont l'exécution est conditionnée par l'évolution du patrimoine de
l’entreprise ; il y a ensuite l'objet réel qui correspond à l'activité
concrètement exercée par l'entreprise et qui fixe le cadre du pouvoir
des dirigeants.

Section deuxième : les conditions spécifiques du


contrat de société
Seront envisager l'exigence d'apports et les types d'apports

I. L'exigence d'apports
Sans apports il n'y a pas d'entreprise. L'apport est défini comme le
contrat par lequel un individu affecte un bien ou un droit à une
entreprise en constitution en contrepartie de la remise des titres
sociaux. Le total des apports représente le capital social.

II. Les types d'apports


L'AUDSCG prévoit trois types d'apports : l'apport en numéraire,
l'apport en nature et l'apport en industrie.

A. L'apport en numéraire
C'est une somme d'argent que l'apporteur met à la disposition de
l'entreprise en constitution. A ce propos on distingue entre la
souscription et la libération. La souscription est l'engagement pris par
un individu d’effectuer un apport, la qualité d’associé s’acquiert au
moment de la souscription (CCJA,3° ch., n° 268, 27-12-2018) ; par
contre la réalisation des apports en numéraire s’effectue par le
transfert à la société de la propriété des sommes d’argent que
l’associé s’est engagé à lui apporter. C’est-à-dire par le versement de
la somme d’argent promise par l’associé, soit en une seule fois lors
de la constitution de la société, soit en plusieurs fois selon les vœux
des associés. Sauf disposition contraire du présent Acte uniforme, les
apports en numéraires sont libérés intégralement lors de la
constitution de la société. Ne sont considérés comme libérées que les
apports en numéraires correspondant à des sommes dont la société
est devenue propriétaire et qu’elle a intégralement et définitivement
encaissées.
En cas de retard dans la libération, les sommes dues portent de plein
droit intérêt au taux légal à compter du jour ou le versement aurait
dû être effectué, sans préjudice de dommages-intérêts, s’il y a lieu.
B. L'apport en nature
Par l'apport en nature l'apporteur met à la disposition de l'entreprise
un bien matériel (meuble, immeuble) ou immatériel (clientèle
commerciale, brevet d'exploitation ou d'invention).
Les apports en nature sont réalisés par le transfert des droits réels ou
personnels correspondant aux biens apportés et par leur mise à
disposition effective de la société des biens sur lesquels portent ces
droits
La mise à disposition de l’apport en nature s’effectue suivant deux
procédés : il peut s’agir d’un apport en nature en propriété et dans ce
cas les droits que l’apporteur avait sur le bien sont transférés à la
l’entreprise et, des lors, il doit à cette dernière une garantie contre
les vices cachés (c’est à dire contre les défauts qui rendent le bien
impropre à l’usage auquel il est destiné ou qui diminue tellement cet
usage que l’acquéreur ne l’aurait pas acheté ou l’aurait acheté à
moindre prix s’il en avait eu connaissance) ; et une garantie l’éviction
(qui a pour objet d’assurer à l’acquéreur la possession paisible de la
chose vendue après délivrance de celle-ci) ; il peut également
prendre la forme d’un apport en nature en jouissance, dans ce cas
l’apporteur conserve la propriété du bien apporté, quant à
l’entreprise elle va s’arroger d’un droit d’usage sur le bien apporté,
durant son existence
La particularité de l’apport en nature en jouissance c’est qu’en cas
de dissolution non justifiée par des difficultés financières, l’apporteur,
non seulement reprend son bien mais il a également droit à la remise
d’une somme correspondant à la valeur de son apport.
C. L’apport en industrie
Un individu ne disposant pas de fortune personnelle ou de biens de
valeur, mais qui dispose d’un talent en matière technique, une
spécialité professionnelle ou un crédit, peut les mettre à la
disposition de l’entreprise en constitution à titre d’apport en
industrie.

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