Vous êtes sur la page 1sur 25

LE DROIT DES AFFAIRES

PROFESSEUR: SAFAE EL AMRANI


SOUS-TITRE I:LA NOTION D’ENTREPRISE

 - Le mot « entreprise » a trois significations du point de vue juridique.


Il peut désigner :
- Une activité (Art.723 et s. du DOC° ET 5Art.8 du C. Com)
-Un bien (Art.79 et s. du C. Com)
-Une organisation, conception qui dépasse les deux premières et que l’on
retiendra en tant qu’elle constitue un agent économique.
En effet, la notion d’entreprise est essentiellement économique. Sur le
plan juridique, elle constitue un outil par lequel la règle juridique s’ajuste à la
réalité économique.
CHAPITRE 1:NOTION ECONOMIQUE DE L’ENTREPRISE

- En tant que cellule de base de l’activité économique, l’entreprise est une


unité économique, sociale, humaine, qui se définit par :
 Ses moyens : groupement de personnes, masse de biens ;
 Son objet : production ou distribution de biens ou de services ;
 Son autonomie : elle possède un centre autonomie de décision, qui est au
centre de l’aspect organisation de l’entreprise.
- L’entreprise est une réalité du monde économique qui se présente sous
les formes les plus diverses : groupe international de sociétés, grande entreprise
industrielle, entreprise publique, entreprise agricole, profession libérale,
coopérative, association.
Les économistes étudient l’entreprise sous deux angles :
Sous l’angle d’unité de production, c’est-à-dire, unité de production de
bien ou de services. Elle est alors considérée comme un agent économique, qui
intervient sur un marché et entretient des échanges avec d’autres entreprise ou
avec des consommateurs.
 Sous l’angle d’une organisation humaine, l’entreprise est un système social.
-l’entreprise, cellule de base, ne doit pas être confondue avec:
 Ses subdivisions: la succursale, qui a une autonomie relative, mais qui demeure soumise pour les
décisions importantes au siège central;
 Ses regroupements un groupement d’entreprises ne devient pas lui-même entreprise, si les centres de
décision demeurent au niveau des entreprises membres du groupe.
- Ainsi, l’entreprise est présentée comme<<une organisation unitaire où se combinent divers facteurs
humains et matériels en vue de produire et de vendre sur un marché des biens ou des services en
réalisant du profit>>.
CHAPITRE 2:NOTION JURIDIQUE DE L’ENTREPRISE

-Les juristes ont retenu deux aspects de l’entreprise en considérant qu’elle se caractérise par une
activité économique de production ou de prestation de services et par une organisation de moyens
matériels et humains.
Ainsi, pour certains auteurs l’entreprise est « un groupement de biens et de droits affectés à l’activité
économique de l’entreprise » ; pour d’autres, c’est « un groupement de personnes dont l’activité est
orientée vers un but économique à l’exclusion des biens qui y sont mêlés ».
Ces deux aspects sont en réalité complémentaires : l’entreprise consiste, selon une troisième thèse, en
une organisation de moyens humains et matériels. L’élément humain est nécessaire à la mise en œuvre
de l’élément matériel : « les actions de l’un et de l’autre étant coordonnées en vue d’une activité de
production, de distribution ou de services ».
SOUS-TITRE II: DISTINCTION DES ENTREPRISES

- la distinction des entreprises résulte de l’exercice des différentes activités


énumérées par l’article 6 du Code de commerce ou qui peuvent être assimilées à
ces activités selon l’art 8, dès lors que ces activités sont exercées de façon
habituelle ou professionnelle.
Pour les économistes, ces activités sont classées dans trois secteurs principaux :
la distribution, la production et les services.
CHAPITRE 1:ENTREPRISES SELON LEUR STRUCTURE

- la loi offre plusieurs types d’organisation sociale au choix des associés, personnes
privées ou publiques, Certaines structures sont destinées aux personnes morales de droit
privé et d’autres structures le sont à des personnes morales du secteur public.
Section1:Personnes morales de droit privé

- Ces personnes morales sont constituées par une ou plusieurs personnes. A cet égard, on
distingue entre les sociétés de personnes, les sociétés de capitaux ou par actions et la société
à responsabilité limités.
SS1: les sociétés de personnes

- les personnes qui se réunissent dans ce type d’organisation sociale le font en


considération de la personnalité de chacun. En effet, l’intuitus personnae, qui
est à la base de la société, implique que l’épargnant s’engage personnellement
et que son risque et illimité puisqu’il est poursuivi sur la totalité de son
patrimoine si la société n’est pas en état de faire face à ses engagements. Donc
dans ce type de groupement, on se choisit et on se supporte mutuellement.
Il s’agit de deux types d’organisation sociale : la société en nom collectif
et la société en commandite simple.
A- LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF (SNC)

- Généralités : la société en nom collectif (SNC) unit deux ou plusieurs associés qui ont tous la
qualité de commerçants et qui « répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales »
(Art. 3).
La personnalité morale de la société s’efface en cas de redressement judiciaire. En effet, les
associées subissent personnellement cette mesure lorsqu’elle est prononcée à l’encontre de la
société. Autrement dit, les associés sont mis en redressement judiciaire et tenus indéfiniment
et solidairement du passif social.
Il convient cependant de signaler que le passif de la société incombe en premier lieu à celle-ci, qui doit le
payer avec son patrimoine propre. Les associés ne sont tenus personnellement sur leur patrimoine personnel
que dans le cas où le patrimoine de la société est insuffisant pour désintéresser les créanciers de la société.
Mais là aussi il faut nuancer, tout d’abord, la dette doit être une dette sociale et doit avoir été contractée
par un gérant agissant au nom de la société et dans la limite de l’objet de la société en demeure de payer.
L’engagement solidaire des associés a une conséquence importante : celui qui entre dans une société en nom
collectif déjà constituée prend la charge personnelle du passif existant déjà au moment de son adhésion,
sauf clause contraire régulièrement publiée. Celui qui se retire de la société reste tenu du passif envers les
créanciers à l’exclusion de celui qui naîtra postérieurement à son départ pour le cas d’un redressement
judiciaire de la société.
Ce type de société est fondé sur l’intuitus personne, c’est-à-dire que la personnalité de chaque associé joue
un rôle déterminant dans la constitution, le fonctionnement et la dissolution de la société.
La gérance de la SNC est confiée à un ou plusieurs gérants pris parmi les associés ou en
dehors d’eux. Ils bénéficient d’une grande stabilité car ils ne peuvent être révoqués qu’à
l’unanimité des autres associés et s’ils sont révoqués sans juste motif, ils ont droit à des
dommage -intérêts. Les statuts peuvent limiter les pouvoirs du ou des gérants, les clauses
de limitation de ces pouvoirs n’ont d’effet qu’entre les gérants et les associés. Autrement
dit, ces clauses sont inopposables aux tiers.
a) La constitution de la société

1) les règles de fond


- Comme pour toute autre forme de société, le consentement des associés doit être réel exempt de
vice, c’est-à-dire, une volonté conscience, que celui qui exprime possède l’intelligence nécessaire
pour comprendre et pour vouloir.
- Capacité : les membres d’une SNC ayant la qualité de commerçant, nul ne peut faire partie de
cette société s’il n’a pas la capacité requise pour faire le commerce : la société est dissoute en
principe si un associé est frappé d’incapacité ou de l’interdiction d’exercer une profession
commerciale (Art. 18).
Pour cette raison, un mineur même émancipé ne peut pas entrer dans une SNC (pour le cas où il
hériterait d’une part sociale), chaque associé est soumis aux obligations qui pèsent sur les
commerçants. Les noms des associés doivent tous figurer dans l’extrait de l’acte de société qui est
publié (Art. 5) les tiers ont intérêt à les connaître.
En outre, sans être à proprement parler frappé d’incapacité certaines personnes, en raison de
circonstances particulièrement (nature de l’activité sociale, qualité d’étranger, condamnation en
justice…) ne peuvent pas entrer dans une SNC ou doivent, pour cela, remplir des conditions spéciales.
- Incompatibilité : ne peuvent pas être commerçants, les fonctionnaires et généralement tous les membres
de professions libérales réglementées ne peuvent participer à une SNC.
 Personnes morales : les personnes morales peuvent être associées dans une
SNC. Mais si une personne morale est gérante, ses dirigeants sont soumis aux
mêmes conditions et obligations et encourent les mêmes responsabilités
comme s’ils étaient eux-mêmes gérant en leur propre nom(Art ­6 Al. 2)
 L’objet: la rédaction de l’objet dans les statuts revêt une importance
particulière : elle conditionne la compétence des gérants et constitue
l’unique moyens pour les associés, responsables indéfiniment et solidairement
des dettes sociales, de se protégé contre certaines décisions abusives des
gérants. Comme nous le verrons, ces derniers disposent de pouvoir très
étendus, toute limitation statutaire étant inopposable aux tiers, mais
seulement pour les actes <<entrant dans l’objet social>> ( Art. 8) .
 Nombre d’associés: La SNC ne peut être constituée valablement que si elle
comprend au moins deux associés. Aucun maximum n’est fixé à la différence
de la SARL.
 Juridiquement, la SNC entre époux devrait être interdite, car il s’agirait
indirectement d’une société unipersonnelle qui n’existe pas en matière de
SNC.
 En outre, même si avec les époux, il existe un 3ème associé, la règle du vote
sera perturbée. C’est pourquoi il est prévu dans le droit civil français un alinéa
1 dans l’Art.1420 qui interdit la société entre époux pour ce type de société.
L’Art 982 du DOC n’a pas apporté cette précision car le texte est également
inspiré du droit musulman qui prévoit << une séparation des patrimoines
entre époux>>, ce qui est contraire au système juridique de ce type de
groupement.
 Les Apports: les apports faits par les associés peuvent être faits en argent ou en nature. En cas
d’apport en argent, les intérêts sont dus de plein droit à partir du jour où l’apport devait être
réalisé. Les apports en nature sont évalués dans l’acte de société et cette valeur, étant acceptée
par tous les associés, ne peut plus être ensuite discutée. L’ensemble des apports forme le
capitale social.
 Parts sociales: les parts sociales sont nominatives et ne peuvent être cédées à des tiers ou à des
associés qu’avec le consentement de tous les associés. La règle est d’ordre public( Art 15). Les
parts sociales ne peuvent donc être représentées par des titres négociables .
Il convient de préciser que la cession des parts doit être constatée par un acte écrit( Art 16), qui
peut être authentique ou sous seing privé. L’écrit ne fait que constater l’accord de volontés
préalables et le cession devient parfaite par cet accord entre les parties, mais elle n’est opposable
que par la notification, qui résulte soit de l’acceptation de la société par acte ayant date certaine,
en vertu de l’Art 195 du D.O.C, soit par le dépôt d’un original de l’acte de cession au siège social
contre remise d’une attestation de dépôt(Art 16). Le tout, après publicité au registre de commerce.
 Capitale social: la loi ne fixe aucun capital minimum.
-Dénomination sociale: la SNC, comme toute société commerciale, doit être
désignée par une dénomination sociale, à laquelle peut être incorporé le nom
d’un ou de plusieurs associés, mais précédée ou suivie de la mention <<société
en non collectif>>(Art4).
2)Conditions de forme et de publicité

Statuts: les statuts doivent être établis par écrit, dont le contenu doit contenir les mentions obligatoires
prévues par l’Art 5:<<
1. Les: prénom,nom,domicile, de chacun des associés ou, s’il s’agit d’une personne morale, ses
dénominations, forme et siège;
2. la constitution en forme de société en nom collectif;
3. La dénomination sociale
4. L’objet de la société;
5. Le siège social;
6. Le montant du capital social;
7. L’apport de chaque associé et, s’il s’agit d’un apport en nature, l’évaluation qui lui a été donnée;
8. Le nombre et la valeur des parts attribuées à chaque associé;
9) La durée pour laquelle la société a été constituée;
10) Les prénom, nom, domicile des associés ou des tiers pouvant engager la société, le cas échéant;
11) Le greffe du tribunal où les statuts seront déposés;
12) La signature de tout les associés>>.
 Publicité: indépendamment de la présentation des actes constitutifs à l’enregistrement, il est
nécessaire de procéder aux formalités de publicité suivantes:
 Insertion dans un journal d’annonces légales;
 Dépôts au greffe du tribunal de commerce des statuts, de l’acte de nomination des gérants (s’ils
n’ont pas été désignés dans les statuts) et de la déclaration de conformité;
 Demande d’immatriculation de la société au registre du commerce;
 Insertion au bulletin officiel
b) Le fonctionnement de la société

1) La gérance
Définition: le gérant est chargée de la gestion quotidienne de la société. Il
constitue l’organe social essentiel car la collectivité des associés n’est consultée
que par intermittente, habituellement une fois par an(Art 9 ou 10)
- Les associés peuvent ne rien convenir sur la gérance. Dans ce cas tous sont
gérants et chacun peut faire séparément tous les actes nécessaires à
l’administration. Ils sont censés s’être donné réciproquement pouvoir d’agir l’un
pour l’autre(Art 6) .le plus souvent l’administration est confiée à un gérant, qui a
seul la signature sociale.
I- Nomination du gérant

Liberté de choix: l’Art 6 laisse une grande liberté aux associés pour la
nomination des gérants. C’est ainsi que:
 Le gérant peut être désigné soit par les statuts, soit par acte ultérieur;
 Il peut être désigné un ou plusieurs gérants;
 Le gérant peut être associé ou une personne tierce. Dans ce dernier cas , il
agit comme un mandataire non commerçant. Son nom ne doit pas figurer dans
la dénomination sociale;
 Il n’est pas interdit de désigner comme gérant une personne morale, étant
précisé que les dirigeants sont soumis aux mêmes conditions, obligations et
responsabilité comme s’ils étaient gérants en leur nom propre;
 Le gérant peut être de nationalité étrangère (Art 16 du C.Com).
II- pouvoirs des gérants
Pouvoirs des gérants dans leurs rapports avec les associés: les associés déterminent librement dans
les statuts les pouvoirs des gérants (Art7). Les statuts peuvent en effet prévoir ces pouvoirs, en
précisant notamment les actes importants que le gérant ne peut accomplir qu’avec l’autorisation
des associés, sous peine d’engager sa responsabilité.
En principe, les statuts doivent déterminer les conditions d’habilitation du gérant de passer ces
actes. A défaut, le consentement de tous les associés est exigé car l’unanimité est la règle de
principe dans SNC
En l’absence de clause déterminant les pouvoirs du gérant, celui-ci peut accomplir seul tous les
actes de gestion dans l’intérêt de la société.
Pouvoirs des gérants dans leurs rapports avec les tiers: a l’égard des tiers, le gérant engage la
société par les actes entrant dans l’objet social . les clauses statutaires limitant ses pouvoirs sont
inopposables aux tiers.
La sécurité des tiers est donc au détriment des intérêts des associés.
Le gérant peut engager la responsabilité solidaire de ces derniers, même par un acte effectué au mépris d’une
clause des statuts limitant se pouvoirs. l’objet social constituant la seule limite aux pouvoirs de gérant. Les
fondateurs d’une SNC agiront prudemment en évitant dans la rédaction de cet objet les formules imprécises ou
trop générales.
 Pluralité de gérant: ceux-ci peuvent séparément engager la société par les actes entrant dans l’objet social.
 Si les statuts n’ont rien prévu, les pouvoirs des gérants sont réglés comme suit(Art8 Al2)
 Chaque gérant a le pouvoir de faire tous les de gestion dans l’intérêt de la société.
 Chaque gérant a le droit de s’opposer à toute opération projetée par un autre gérant avant qu’elle ne soit
conclue. Dans ce cas, si l’acte n’est pas contraire aux statuts, les autres associés, statuant à l’unanimité,
pourront lever l’opposition.
 Si les statuts ont déterminé les pouvoirs des gérant, les clauses relatives à ces pouvoirs sont valables dans
les rapports des gérants avec les associés. Les statuts peuvent répartir les tâches des gérants en fonction
des compétences de chacun d’eux: direction technique et direction commerciale …mais ils ’agit là d’une
mesure d’ordre interne qui ne saurait empêcher chaque gérant de faire opposition aux actes d’un autre
puisque tous les gérant sont responsables de la gestion.
Responsabilité du ou des gérants: le gérant est civilement responsable envers la société de ses fautes
(violation de la loi ou des statuts ou faute de gestion). Les gérants sont responsables individuellement ou
solidairement vis à vis des associés (selon le cas) des actes accomplis contrairement à la loi ou aux statuts
de la société.
La responsabilité pénale est engagée si le gérant vient à détourner les fonds de la société, car il se rend
ainsi coupable d’abus de confiance(5 ans d’emprisonnement et amende). L’abus de biens sociaux n’est
pas applicable dans la société en nom collectif.

Vous aimerez peut-être aussi