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Droit des sociétés commerciales

Chapitre 1- Généralités sur les sociétés commerciales :

Le droit des sociétés commerciales est applicable au commerçant personne


morale.

Section 1-Intérêt de la création d’une société commerciale

Exercer le commerce dans le cadre d’une société peut présenter plusieurs


intérêts d’ordre économique et juridique.

Paragraphe 1- L’intérêt économique :

L’intérêt est d’abord économique ainsi le choix d’une société permet la


réunion de moyens et le rassemblement de capitaux sans lequel certaines
activités commerciales importantes ne peuvent être exercées. Exemple : le
transport aérien, l’activité pétrolière,…

Paragraphe 2- L’intérêt juridique :

La création d’une société permet de réaliser plusieurs objectifs que l’exercice


du commerce à titre individuel ne permet pas. Parmi les avantages de la
société :
1. L’exercice de certaines activités qui sont réservées par la loi aux
sociétés commerciales: banque, assurance,…
2. La pérennité de l’activité commerciale : alors qu’une personne physique se
trouve exposée aux aléas de la vie tels que la mort ou la maladie, une
personne morale échappe à ces aléas d’où une pérennité de l’activité allant
jusqu’à 99 ans et même au-delà.
De même Suite au décès d’une personne, son patrimoine va être transmis de
plein droit à ses héritiers. Si ce commerçant est une personne physique, qui
exerçant à titre individuel, son activité risque d’être condamnée à l’arrêt du
fait de son partage ou alors elle sera cédée et les héritiers vont se partager le
prix. Si l’exercice de l’activité commerciale, se fait dans le cadre de la société,
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la mort d’un associé entrainera le partage des parts sociales ou actions et non
le partage des biens de la société.
Exemple : Une société a dans son patrimoine une usine qui a été apportée par
l’un des associés. L’usine appartient à la société et non à l’associé. Si cet
associé décède, l’usine demeure dans le patrimoine de la société et les
héritiers vont se partager uniquement les droits de l’associé dans la société.
3. La possibilité d’une limitation de responsabilité pour ce qui est des dettes que
peut générer l’exercice d’une activité déterminée. Une personne physique qui
exerce une activité commerciale à titre individuel expose tout son patrimoine
à une saisie éventuelle de ses créanciers. Ils peuvent saisir n’importe quel bien
se trouvant son patrimoine. Il peut même tout perdre à travers l’exercice de
l’activité commerciale. Ce risque peut être limité, lorsqu’une personne choisi
de constituer un certain type de société qui permet aux associés de n’exposer
que ce qu’ils veulent bien exposer aux aléas de l’activité qu’elle exerce. On dit
que la responsabilité des associés est limitée à leurs apports (SA, SARL,
SUARL).

Section 2- La notion de société :

L’article 1249 COC définit la société. Il dispose que : « La société est un contrat par
lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur
travail, ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en
résulter. »

L’article 2 du CSC reprend pratiquement la même définition et il dispose : « La


société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent
d’affecter en commun leurs apports, en vue de partager le bénéfice ou de profiter
de l’économie qui pourrait résulter de l’activité de la société.

Toutefois dans la société unipersonnelle à responsabilité limitée, la société est


constituée par un associé unique. »
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L’article 1249 COC s’applique aux sociétés civiles alors que l’article 2 CSC
s’applique aux sociétés commerciales. La différence entre les deux textes se
situe au niveau :

-De la définition même de la société : les sociétés civiles sont définies


comme un contrat alors que les sociétés commerciales sont définies
comme un acte juridique.

-Du but recherché : la société commerciale peut avoir pour but, outre le
partage de bénéfices, la réalisation d’une économie.

Paragraphe 1 – La société commerciale est un acte juridique :

A l’origine de toute société ,qu’elle soit civile ou commerciale, il faut qu’il y ait
une manifestation de volonté, c’est-à-dire un acte juridique soumis aux mêmes
conditions de validité applicables à tout acte juridique et prévues par l’article 2
COC à savoir :un consentement réel, la capacité de contracter ,un objet et une
cause licite .Mais ,l’acte juridique que suppose la création d’une société
commerciale peut être soit un acte synallagmatique soit un acte unilatéral. C’est
forcement un acte synallagmatique lorsqu’il s’agit d’une société pluripersonnelle
(art.2, alinea1 du CSC) et c’est un acte unilatéral lorsqu’il s’agit d’une société
unipersonnelle (art.2, al.2CSC).Il faut, cependant, relever le caractère
exceptionnel de l’acte unilatéral qui ne peut être constitutif que d’un seul type de
société à savoir la SUARL.

La question a été posée de savoir si la société n’est qu’un contrat ou s’il s’agit
d’une institution. Aujourd’hui, cette discussion est dépassée .La société est plutôt
présentée comme une simple technique .C’est un instrument utile pour atteindre
un objectif. Cet objectif peut être économique (rassembler les moyens et les
capitaux sans lesquels certaines activités ne peuvent être exercées, partager les
bénéfices…) ou juridique (la pérennité de l’activité, la limitation de la
responsabilité des associés…).La plupart de ces objectifs ne peuvent être réalisés
qu’à travers la reconnaissance de la personnalité juridique de la société.
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Paragraphe 2 - La société est une personne morale:

La société peut être définie comme un acte juridique mais cet acte a une

Spécificité très importante qui est celle de donner naissance à un véritable être

Juridique : une personne morale.

A - L’attribution de la personnalité juridique à la société.

L’article 4 CSC dispose : « Toute société commerciale donne naissance à une


personnalité morale indépendante de chacun des associés, à partir de la date de
son immatriculation au registre de commerce, à l’exception de la société en
participation. »

La personnalité juridique est un don de la loi et le législateur tunisien a choisi de


l’attribuer aux sociétés commerciales (et aussi civiles) à l’exception de la société
en participation. Celle-ci est un contrat par lequel les associés déterminent
librement leurs droits et obligations réciproques ainsi que leur contribution aux
pertes et leur part dans les bénéfices ou dans l’économie qui pourrait en résulter.
Malgré l’existence de tous les éléments constitutifs de la société à la base de la
société en participation, il existe un contrat qui ne donne pas naissance à une
personne morale. Il en découle les conséquences suivantes :

- La société en participation n’apparait pas aux tiers.


- Les associés sont indéfiniment et personnellement tenus des dettes
sociales.
- Le gérant agit en son propre nom.
- La société n’existe qu’entre les associés.
- Il s’agit d’une technique souple adaptée aux petits projets ou aux projets
qu’on veut tenir secret.
- Si cette société apparait aux tiers, les associés seront tenus dans les mêmes
conditions que les associés d’une société en nom collectif (SNC) .
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B - Les conséquences de l’attribution de la personnalité juridique à la


société :

La société est un groupement. La personne morale permet de distinguer


l’entité sociale de chacun des membres qui composent le groupement d’où
une reconnaissance sur le plan juridique d’une autonomie de cette entité.

La personne morale a les attributs suivants :

1 – Le patrimoine : le patrimoine de la société est un patrimoine


distinct du patrimoine des associés :

Chaque personne a un patrimoine propre même s’il est vide. Le patrimoine


est un attribut de la personnalité juridique. Le patrimoine de la société doit
être distingué du patrimoine de chacun des associés. Par conséquent :
- L’associé n’a pas un droit direct sur les Biens de la société.
- Distinction entre les créanciers personnels de chacun des associés et les
créanciers de la société elle-même c'est-à-dire que si l’un des associés est
tenu d’une dette, son créancier personnel n’a aucun droit à faire valoir sur
les biens de la société, il ne peut saisir que les biens se trouvant dans le
patrimoine de l’associé (exemple : actions ou parts sociales) et
inversement, le créancier de la société, ne peut agir contre l’associé pour se
faire rembourser mais cette affirmation n’est pas absolu, tout dépend du
type de la société considérée ainsi :
 Dans la société anonyme et la SARL, le créancier de la société ne peut
saisir que les biens qui se trouvent dans le patrimoine de la société.
Il ne peut saisir les biens personnels de l’associé car ils se trouvent
dans un patrimoine distinct.
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 Dans la SNC, le créancier de la société peut saisir d’abord les biens


de, son débiteur direct, la société. Il peut, ensuite faire valoir ses
droits contre les biens des associés car, dans ce type de société il y a
une responsabilité personnelle des associés pour les dettes sociales.

2 - Les conséquences autres que patrimoniales :

-La société a la capacité juridique : elle a la capacité de jouissance mais elle


n’a pas la capacité d’exercice puisqu’elle n’a pas d’existence physique. Elle doit
être représentée par un représentant légal (personne physique ayant la
capacité juridique).

-La société a un nom : Il s’agit de « la raison sociale » lorsqu’il se rapporte à


une société de personne et de « dénomination sociale ou commerciale
lorsqu’il se rapporte à une S.A ou une SARL. Ce nom est protégé contre la
concurrence déloyale.

-La société a un domicile : C’est le siège social. Il est défini comme le lieu où la
société à son principal établissement, celui où se trouve les organes de
direction et les services administratifs. Il ne correspond pas nécessairement au
lieu de l’exploitation. Le siège social a un intérêt très important sur le plan de
la détermination de la nationalité de la société, sur le plan procédural et sur le
plan fiscal.

-La société a une nationalité : Toute société est juridiquement rattachée à un


Etat. Chaque société a une seule nationalité. La notion de société
multinationale est une notion uniquement économique. En droit tunisien, une
société est tunisienne lorsque les critères suivants sont réunis, à savoir :

- La société doit être constituée selon la loi tunisienne.


- Son siège social doit être situé en Tunisie.
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- La moitié du capital social doit être détenu par des personnes


physiques ou morales de nationalité tunisienne.
- Le conseil d’administration doit être constitué d’une majorité de
tunisiens et le PDG doit être tunisien.

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