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Cours droit des sociétés

Le droit des sociétés est le droit qui règlemente les sociétés. C’est une matière du droit privé.

Il y a deux sortes d’entreprises :

-les entreprises individuelles et les entreprises constituées de plusieurs personnes.

Sur le plan économique : ce sont les entreprises constituées de plusieurs personnes, soit les sociétés,
qui détiennent l’économie entre leurs mains (banques, assurances, etc.). Notre étude portera sur ces
dernières.

Les sociétés sont des groupements de personnes qui décident de créer ensemble une entreprise.
Elles peuvent être constituées de jusqu’à un million d’associés, ce qui représente une puissance de
frappe. Les multinationales ont des filiales partout dans le monde (exemple : Mc Donald).

A côté des petits épiciers, il y a la grosse banque.

Partie 1 : règles communes à toutes les sociétés

Les entreprises commerciales peuvent être constituées soit sous forme d’entreprises individuelles,
soit sous forme de sociétés [la notion d’entreprise est un terme qui désigne les personnes physiques
et morales. Les personnes morales de droit public sont l’Etat, les collectivités locales, les
établissements publics, les entreprises publiques : elles ne concernent pas notre étude. Les
personnes morales de droit privé sont les sociétés, les associations, les groupements d’intérêts
économiques, les coopératives, les mutuelles : ce sont les sociétés qui nous intéressent].

L’entreprise individuelle appartient à une personne physique qui exerce son activité en son nom
personnel. Cette entreprise se confond avec la personne de son propriétaire, c'est-à-dire qu’elle n’a
pas de personnalité juridique propre [il n’y a pas le commerçant et son entreprise : la personne
physique et l’entreprise forment une seule personnalité morale]. C’est la conséquence du principe de
l’indivisibilité du patrimoine qui interdit à une personne d’avoir plusieurs patrimoines.

La société est un groupement de personnes dotée de la personnalité morale. A coté de la personne


des associés il existe la personnalité de la société [les personnes physiques peuvent subir tous les
événements (les associés peuvent changer, mourir), la société survie quand même. Elle n’est pas
affectée par les événements qui peuvent frapper les associés : ce sont deux vies qui n’interfèrent pas.
Ainsi, des sociétés qui ont été crées au milieu du 19 ème siècle existent encore aujourd’hui. A l’inverse,
pour une entreprise individuelle, elle meurt avec la personne physique. Ces dernières sont fragiles.
Lorsque l’épicier tomba malade, l’entreprise s’arrête. La force des sociétés c’est qu’elles ont leur
propre vie. L’économie mondiale est entre les mains des sociétés. La puissance économique des
sociétés est très importante par rapport aux entreprises individuelles].

La société est définie par l’article 982 du DOC : « la société est un contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois, en vue
de partager le bénéfice qui pourra en résulter ». Dans cette définition il résulte que trois éléments
sont nécessaires pour constituer une société. Premièrement, une pluralité de personnes qu’on appel
associés. Le deuxième élément est la mise en commun de biens ou de travail sous forme d’apport fait
par les associés à la société [on ne peut pas entrer dans une société les mains dans les poches]. Pour
le troisième élément il y a la réalisation et le partage des bénéfices. A coté de ces trois éléments, la
jurisprudence a ajouté un quatrième élément appelé « affectio societatis ». C'est la volonté
commune des associés de réaliser l’objet pour lequel la société a été constituée.

Dans la mesure où la société est un contrat il faut en outre que soit réunies les conditions de
formation du contrat [la société se distingue des autres contrats par des éléments qui luis sont
propres, mais elle demeure un contrat qui doit comporter les éléments propres à tous les contrats].
Lorsque ces éléments constitutifs est ces conditions de formation sont réunis la société va acquérir la
personnalité morale.

Chapitre 1 : les éléments constitutifs de la société

Paragraphe 1 : les associés

La société doit réunir deux ou plusieurs personnes. Cet élément doit se vérifier au moment de la
constitution de la société et pendant toute la durée de vie de la société. A cette règle la loi a apporté
une exception : c’est la possibilité de constituer une société à responsabilité limitée d’associé unique
(SARLAU). Par ailleurs, la loi impose pour certaines formes de sociétés un nombre d’associés
supérieur à deux. C’est le cas de la société anonyme qui doit comprendre au moins cinq associés [on
considère que c’est une forme de société qui doit être réservée aux grandes entreprises]. La loi n’a
pas prévu de nombre maximum d’associés, sauf pour la SARL qui ne peut pas comprendre plus de 50
associés [on estime qu’a partir de 50 associés, la forme de SARL n’est plus adaptée]. Ainsi, une
société anonyme peut être constituée par une multitude d’associés. En France, au l’an demain de sa
privatisation, France télécom s’est retrouvé avec 3 800 000 associés.

Paragraphe 2 : les apports

Chaque associé doit faire un apport à la société. Cet apport peut revêtir trois formes : Premièrement,
un apport en numéraire, c'est-à-dire en argent [dans la pratique, c’est l’apport le plus courant. On ne
peut pas faire des affaires sans argent] ; Deuxièmement, un apport en nature : c'est-à-dire en biens
autre que l’argent. Il peut s’agir soit de biens corporels (mobiliers ou immobiliers), soit de biens
incorporels tel que le fond de commerce, ou les droits de propriétés intellectuelles [les biens
corporels ont un corps, une consistance. Par exemple les marchandises, les véhicules pour les biens
meubles ; un terrain, un immeuble construit pour les biens immeubles. Comme biens incorporels on
a les brevets d’inventions, les marques, les desseins et les modèles ce sont des propriétés
intellectuelles] ; Troisièmement, l’apport en industrie, c'est-à-dire un apport de service, en particulier
la force de travail, l’expérience professionnelle, la notoriété.

L’ensemble des apports en numéraire et en nature forme le capital social. Les apports en industrie ne
participent pas à la constitution du capital puisqu’il s’agit de biens insaisissables [on peut saisir de
l’argent, des biens, mais on ne peut pas saisir le savoir faire d’une personne, sa force de travail]. Le
capital (capital social) est une notion comptable qui s’exprime en chiffres. Deux conséquences en
découlent : premièrement, les apports en nature doivent être évalués en argent et il faut veiller à ce
qu’ils ne soient pas surévalués aux dépens des associés qui ont fait des apports en numéraire
[exemple : j’ai un terrain où on peut construire un immeuble. Je n’ai pas d’argent. J’ai un ami qui me
propose de constituer une société : pour savoir combien mon associé va apporter, il faut évaluer
mon terrain au prix du marché. Si le terrain vaut 100, il doit apporter 100. Mais si mon terrain est
surévalué : 120, au lieu de 100 ; le coassocié va apporter 120. Ce sera donc un préjudice subi par le
coassocié (20). Pour avoir le capital en chiffre, il faut évaluer les apports en nature. La loi exige dans
certains pays l’intervention d’une personne indépendante pour évaluer]. La deuxième
conséquence est que toute société doit avoir un capital. Une société sans capital est nulle (c’est le
cas d’une société qui ne serait constitué que par des apports en industrie). Sur le plan comptable, le
capital est porté au passif du bilan parce qu’il est considéré comme une dette de la société à l’égard
de ses associés. Toutefois, les associés ne peuvent exiger le remboursement de leurs apports qu’au
moment de la dissolution de la société [on considère un apport comme une sorte de prêt fait par les
associés. Sur bilan il est porté dans le passif (tout ce que l’entreprise doit). C’est une dette qui n’est
exigible qu’au jour de sa dissolution)] Sur le plan juridique, le capital constitue la garantie des
créanciers sociaux (créanciers de la société). Ces derniers ont la possibilité de saisir les biens de la
société lorsque leur créance n’est pas payée. C’est pourquoi il est interdit aux associés de prélever à
leur profit des sommes sur le capital, sous peine d’être poursuivi pénalement pour distribution de
dividende fictif (= bénéfice non réalisé).

Paragraphe 3 : les bénéfices

Toute société doit avoir pour but la réalisation et le partage de bénéfices. C’est ce qui distingue les
sociétés des associations qui poursuivent un but non lucratif. Le régime juridique des associations
diffère de celui des sociétés à trois niveaux. Premièrement, sur le plan de la constitution les sociétés
se constituent librement, mais sont soumises à des formalités de dépôts et de publicité. Pour les
associations, il faut une déclaration de l’autorité locale. Cette déclaration est sanctionnée par la
délivrance d’un récépissé qui se suffi à lui-même et qui confère à l’association la personnalité morale
[l’autorité locale est libre de donner ou de ne pas donner le récépissé][Pour constituer une société,
on n’a besoin d’aucune autorisation]. Deuxièmement, sur le plan de la capacité juridique une société
a une capacité qui lui permet d’effectuer toutes sortes d’opérations [dans une société, on peut
prévoir un objectif le plus large possible qui nous permet d’opérer dans tous les domaines]. En
revanche, la capacité des associations est strictement limitée au but qu’elle se propose d’atteindre.
[Une association sportive ne peut pas sortir du domaine sportif]. Troisième niveau de
différenciation : sur le plan de la liquidation, lorsqu’une société est liquidée après sa dissolution,
l’actif net est partagé entre les associés [avec l’actif elle paye le passif. Une fois qu’on a payé toutes
les dettes, le reste est partagé]. Dans les associations, l’actif net ne peut jamais être partagé entre les
membres de l’association. Dans la pratique, l’actif net est affecté à une autre association qui poursuit
un but similaire, ou à une association de bienfaisance [les associations sont régies par le dahir du 15
novembre 1958. Elles peuvent se constituer dans tous les domaines, pourvu qu’elles soient à but non
lucratif (domaine sportif, culturel, politique, caritatif, bienfaisance (ce n’est pas uniquement de l’aide
en argent. C’est également le fait de soigner gratuitement par exemple), médicales, les droits de
l’homme]. Chaque associé a vocation à recevoir une part dans les bénéfices réalisés par la société.
Cette part doit être proportionnelle à sa participation dans la société. Cette règle est d’ordre
publique ; toute clause qui attribue à l’un des associés une part de bénéfice non proportionnelle à sa
participation est nulle et rend nulle la société (règle de la proportionnalité). Les associés sont
également appelés à subir les pertes réalisés par la société, proportionnellement à leur participation.

Paragraphe 4 : l’affectio societatis

Il faut que les associés soient animés par l’esprit de collaborer ensemble activement et sur le même
pied d’égalité pour réaliser l’objet social [c'est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir de différence entre les
associés concernant leur statut : ils ont les mêmes droits et obligations. Il ne peut pas y avoir un lien
de subordination. Tous les associés doivent être égaux]. Il en résulte que tout associé a un droit de
regard sur le fonctionnement de la société et il peut à tout moment en contrôler sa gestion [même si
on n’est pas gérant, administrateur, on a le droit de savoir ce qu’il se passe, de demander des
comptes à ceux qui gèrent, même si je suis associé très minoritaire][un associé qui a une action, a la
même qualité que celui qui a 50% de la société].

Chapitre 2 : conditions de formation du contrat de société

Chapitre 2 : les conditions de formation du contrat de société

La société est un contrat et à ce titre il est soumis aux conditions de formation des contrats, à savoir
des conditions de fond et des conditions de forme. En outre les sociétés commerciales sont soumises
à des conditions de publicité.

Paragraphe 1 : les conditions de fond

Pour la formation du contrat de société il faut la réunion de quatre conditions. Il convient toutefois
de signaler des spécificités pour la capacité et l’objet.

1) La capacité

La capacité des associés diffère selon la nature des sociétés. Pour les sociétés de personnes la loi
exige la qualité de commerçant. En conséquence les associés doivent avoir la capacité pour exercer le
commerce. Dans les sociétés de capitaux la qualité de commerçant n’est pas exigible. Il en résulte
que les mineurs peuvent être associés dans une société de capitaux [les sociétés de personnes ne
peuvent être constituées qu’entre commerçants. Les associés doivent donc nécessairement avoir la
capacité][un mineur représenté par son tuteur peut être actionnaire dans une société de capitaux].

2) L’objet
Toute société doit avoir un objet licite, c'est-à-dire qu’il ne soit contraire ni à la loi, ni à l’ordre public,
ni aux bonnes mœurs [Au Maroc nous avons un ordre public religieux. Il y a aussi l’ordre public
politique et l’ordre public économique. C’est une notion variable selon la philosophie d’une société].

En outre, le contrat de société ne doit pas porter sur des choses prohibées par la loi religieuse
lorsqu’il est contracté par des musulmans [tout ce qui concerne les alcools, les drogues (fabrication
et commercialisation), la viande du porc].

Paragraphe 2 : les conditions de forme

La constitution d’une société commerciale doit être matérialisée par un acte écrit qu’on appel les
statuts [on appel statut le contrat de société]. Ces statuts doivent comprendre un certain nombre de
mentions exigés par la loi, notamment la dénomination sociale (le nom de la société), l’objet, le
siège, le capital, ainsi que les modalités de fonctionnement de la société [l’écrit est une règle qui
déroge du droit commun. Un contrat est valable juridiquement même s’il a été contracté oralement,
sans écrit][dans les contrats commerciaux l’écrit est une condition de validité].

Paragraphe 3 : les modalités de publicité

La loi exige pour la constitution des sociétés commerciales l’accomplissement de trois formalités de
publicité. Premièrement le dépôt au greffe du tribunal (du siège social) d’un exemplaire des statuts.
Le dépôt permet à tout intéressé de prendre connaissance du contenu des statuts [la loi considère
que la constitution d’une société ne concerne par seulement les associés mais aussi toute autre
personne]. Deuxièmement la publication d’un extrait (résumé) du statut dans un journal d’annonce
légale et au bulletin officiel [pour le journal d’annonce légale la loi nous donne le choix du journal et
de la lange de publication (français/arabe). Pour ce qui est du bulletin officiel la publication se fait
obligatoirement en arabe. Il arrive que la traduction du texte en arabe diverge du texte en français.
La jurisprudence applique le texte en arabe]. La troisième formalité est l’immatriculation de la
société au registre du commerce [il nous permet à travers un numéro de connaître la situation d’une
société].

Lorsque les trois conditions sont réunies la société acquiert la personnalité morale.

Chapitre 3 : la personnalité morale

La société a un statut juridique qui est proche de celui des personnes physiques.

Paragraphe 1 : les attributs de la personnalité morale

Une société a un nom, un domicile, une nationalité, un patrimoine et une existence juridique propre.

1) Le nom

Toute société doit être désignée par un nom qui s’appel la dénomination sociale. Ce nom est choisi
librement par les associés [le principe est la liberté de choix. Evidemment il ne faut pas heurter les
bonnes mœurs]. Il faut éviter de choisir un nom qui est déjà utilisé par une autre société, sous peine
d’être poursuivi pour concurrence déloyale [le nom est très important. C’est sur la base de ce nom
que va reposer la notoriété de la société. Il est très facile de prendre le nom d’une société existante
pour profiter de son public. Il faut alors indemniser par des dommages-intérêts]. Pour éviter
l’utilisation d’un nom existant il suffit de demander au registre central du commerce de délivrer un
certificat négatif.

2) Le domicile

La société a un domicile qui s’appel le siège social. Les associés sont libres de fixer le siège social dans
n’importe quelle localité du royaume. En règle générale le siège est fixé dans le lieu où se trouvent
les organes d’administration et de direction de la société et le lieu d’exercice de son activité. C’est
devant les tribunaux du siège social que la société doit être assignée en justice.

3) La nationalité

Elle est définie comme le lien politique qui rattache un individu à un Etat. Trois critères sont
généralement retenus pour attribuer la nationalité aux sociétés. Le premier critère est celui du siège
social [la société a la nationalité du pays où la société a fixé son siège social. C’est le lieu où il exerce
son activité et où se trouvent ses organes administratifs]. Le deuxième critère est celui du contrôle.
C'est-à-dire que la société a la nationalité de ses principaux associés ou de ses principaux dirigeants.
Le troisième critère est celui de l’incorporation. C'est-à-dire que la société a la nationalité du pays où
elle a été incorporée [une société née aux Etats Unis à la nationalité américaine][Google : le critère
d’incorporation permet d’appliquer à une société la loi du lieu où la société a été constitué. Et ce,
quelque soit le lieu où la société exerce son activité].

Au Maroc, une société est marocaine lorsqu’elle a fixé son siège effectif au Maroc, même si elle est
contrôlée à 100% par des étrangers. On ne tient compte que du siège. En revanche une société
marocaine ne peut pas transférer son siège social à l’étranger et perdre ainsi sa nationalité en vertu
du principe de l’allégeance perpétuelle [les marocains personnes physiques ne peuvent pas perdre
leur nationalité. C’est la même chose pour les personnes morales. On leur interdit de transférer leur
siège social].

4) le patrimoine

La société a un patrimoine constitué d’un actif et d’un passif [ce qu’on possède et ce que l’on doit].
Le patrimoine est distinct du patrimoine personnel des associés.

5) L’existence juridique

La société a une existence juridique propre qui lui permet d’accomplir les actes de toute nature
nécessaires à la réalisation de son objet. En particulier la société peut ester en justice sans avoir à
mentionner dans les actes de procédure le nom de ses associés. De même la société peut engager sa
propre responsabilité pour les actes qui sont commis par ses dirigeants ou par ses salariés. En
revanche la responsabilité pénale de la société ne peut en principe être engagée. Seule la
responsabilité pénale des dirigeants peut être recherchée [on ne peut mettre une société en prison.
Ce sont ceux qui ont agi au nom de la société qui sont responsables pénalement].

Paragraphe 2 : naissance et disparition de la personnalité morale

1) La naissance
A cet égard il faut distinguer les sociétés civiles et les sociétés commerciales. Les premières
acquièrent la personnalité morale dès la signature des statuts. Pour les sociétés commerciales la
personnalité morale ne s’acquiert qu’à compter de l’immatriculation de la société au registre du
commerce. Mais on considère qu’une société en formation acquiert la personnalité morale par
anticipation pour permettre aux fondateurs d’accomplir les actes juridiques nécessaire pour la
constitution de la société [ce principe est inspiré des personnes physiques. Un être humain acquiert
la personnalité juridique dès qu’il nait vivant. Mais l’enfant qui se trouve dans le ventre de sa mère
acquiert sa personnalité par anticipation, si héritage].

2) La disparition

La personnalité morale ne disparaît pas avec la dissolution de la société. Elle survit pour les besoins
de la liquidation. Cette survie de la personnalité morale permet au liquidateur de continuer à agir au
nom de la société dissoute.

Chapitre 4 : dissolution et liquidation des sociétés

Paragraphe 1 : les causes de dissolution

Ces causes sont au nombre de trois. Il y a des causes volontaires, légales et judiciaires.

A) Les causes de dissolution volontaires

Elles sont au nombre de deux.

1) la volonté commune des associés

Les associés peuvent à tout moment mettre fin à la vie de la société par une dissolution anticipée
[une société nait à l’origine par un contrat, de la volonté des associés. D’un commun accord les
associés peuvent décider de mettre fin à la vie de la société. Par exemple on a crée une société pour
10 ans mais on remarque qu’on n’arrive pas à s’entendre].

2) Renonciation unilatérale d’un associé

Tout associé peut provoquer la dissolution de la société lorsque la durée n’a pas été déterminée.
C’est une application de la règle du principe selon lequel on ne peut pas s’engager à vie. Toutefois les
autres associés s’ils le souhaitent peuvent continuer la société entre eux, à condition de faire
prononcer par le tribunal l’exclusion de l’associé qui a provoqué la dissolution.

B) Les causes de dissolution légales

1) L’arrivé du terme fixé pour la durée de la société

Lorsque la société est constituée pour une durée limitée elle doit être dissoute à l’expiration de cette
durée. Toutefois les associés peuvent décider la prorogation de la durée de la société. Même si cette
prorogation n’est pas décidée et que les associés continuent à faire des opérations pour la réalisation
de leur objet sociale, la société est sensée être prorogée d’année en année [si la société n’est pas
prorogée par les associés, il y a prorogation tacite dans la mesure où ils ont continué à faire
fonctionner la société comme auparavant].
2) La réalisation de l’objet social ou l’impossibilité de le réaliser

Lorsqu’une société a réalisé l’objet pour lequel elle a été constituée elle n’a plus de raisons de
continuer à exister et doit donc être dissoute [par exemple une société veut acheter un terrain,
construire un immeuble et le vendre. Une fois ces opérations réalisées l’objet a été accompli. Elle n’a
plus raison d’exister].

Il en est de même lorsque l’objet s’est révélé impossible à réaliser [on ne peut exercer certaines
activités que si l’on détient une licence. Par exemple pour prendre le transport public pour aller à un
endroit il faut un agrément. Si on constitue une société de transport et que le ministère du transport
refuse de nous donner l’agrément, alors l’ocnséquence est que l’objet de la société est impossible].

3) La perte de la moitié du capital social

Lorsqu’une société perd la moitié de son capital elle doit être dissoute, sauf si les associés décident
de reconstituer le capital ou de le limiter à la somme restante. Par exemple une société est
constituée d’un capital de 100 000. Elle perd de l’argent. Si elle perd la moitié elle doit être dissoute.
Sauf si les associés remettent de l’argent pour avoir à nouveau un capital de 100 000. Ou bien ils
peuvent décider que le capital de la société n’est plus de 100 000 mais de 50 000.

4) La réunion des parts sociales entre les mains d’une seule personne

Lorsque la société ne comprend plus qu’une seul associé elle doit être dissoute [un associé peut se
retrouver seul dans les cas suivants : deux associés dont l’un veut sortir. L’autre lui achète toute ses
parts ; un père et son fils qui ont constitué une société. Le père décède. Le fils hérite des parts de son
père].

5) les décès, l’absence ou l’incapacité de l’un des associés

L’absence est la situation juridique dans laquelle se trouve une personne qui a totalement disparue
de sorte que l’on ne sait plus s’il est décédé ou non.  Les statuts de la société peuvent contenir une
clause de continuation de la société entre les autres associés. De même les autres associés, si les
statuts n’ont rien prévu, ont la possibilité de continuer la société entre eux en faisant exclure par le
tribunal l’associé décédé, absent ou devenu incapable.

Cependant il y a lieu de noter que les causes 3), 4) et 5) ne ‘appliquent qu’aux sociétés de personnes
et ne reçoivent pas application dans les sociétés de capitaux.

C) Les causes judiciaire de dissolution

1) A la requête d’un associé

Tout associé peut demander au tribunal la dissolution de la société lorsqu’il y a de justes motifs. C’est
le cas lorsqu’il existe entre les associés des divergences graves qui bloquent le fonctionnement
normal de la société.

2) Peine accessoire à une condamnation pénale


Le code pénal prévoit parmi les peines accessoires la dissolution d’une personnalité morale. Ainsi
lorsque le tribunal condamne une personne pour une infraction donnée ou qu’il constate que cette
infraction a été commise par l’utilisation d’une société, il peut à titre de peine accessoire prononcer
la dissolution de la société [par exemple une personne qui réalise un trafic de marchandises à travers
une société. Le juge, s’il constate que la société a été l’instrument de l’infraction, va poncer une
peine accessoire].

Paragraphe 2 : la liquidation

Lorsqu’une société est dissoute il faut procéder à sa liquidation. La liquidation consiste : à terminer
les affaire en cours ; à réaliser l’actif. C'est-à-dire à vendre les biens de la société et à recouvrer ses
créances ; à acquitter le passif. C'est-à-dire payer les dettes de la société, y compris le
remboursement aux associés du montant de leur apport. Ces opérations sont menées par un ou
plusieurs liquidateurs nommés par les associés. Pendant la période de liquidation la société continue
à jouir de la personnalité morale. Une fois les opérations de liquidation terminées le liquidateur
présente aux associés les comptes de la liquidation. Si ces comptes dégagent un excédant d’actif cet
excédant est partagé entre les associés. Ce n’est qu’après la clôture de la liquidation que la société
perd la personnalité morale et disparait définitivement.

Chapitre 5 : classification des sociétés.

Chapitre 5 : typologie des sociétés

Dans la classification des sociétés on distingue d’abord les sociétés civiles et les sociétés
commerciales. Cette distinction repose sur l’objet de la société : toute société qui exerce une activité
civile est une société civile et toute société qui exerce une activité commerciale est une société
commerciale. Toutefois la loi considère que les sociétés en nom collectif, les sociétés en
commandite, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés anonymes sont toujours des sociétés
commerciales quel que soit leur objet. En définitive il ne reste plus qu’un type de société auquel
s’applique le critère de la distinction : il s’agit de la société en participation qui peut être civile ou
commerciale selon son objet.

Les sociétés civiles se retrouvent essentiellement dans le domaine agricole, dans la propriété des
immeubles et dans certaines professions libérales. Les sociétés civiles ne sont soumises à aucune
formalité de dépôt ou de publicité. De même elles ne peuvent faire l’objet d’une procédure de
liquidation judiciaire.

Les associés d’une société civile sont indéfiniment responsables du passif social, c’est-à-dire des
dettes de la société [si la société n’est pas en mesure de payer ses dettes ce sont les associés qui
doivent se substituer à la société. Ils sont responsables indéfiniment, c’est à dire sans limites,
quelque soit les dettes de la société]. Mais il ne peut y avoir aucune solidarité entre les associés [l’un
ne peut jamais payer à la place de l’autre. En supposant que je sois associé pour une participation de
10 %, les créanciers ne peuvent jamais me poursuivre pour payer plus que ma participation. C’est
une règle d’ordre public].

A l’intérieur des sociétés commerciales on distingue trois catégorie de sociétés : les sociétés de
personnes ; les sociétés de capitaux ; les SARL.
1) Les sociétés de personnes

Ce sont des sociétés qui sont constituées sur la base de considérations personnelles. Les associés se
connaissent et se font mutuellement confiance. Autrement dit la personnalité des associés est le
motif déterminant dans la constitution des sociétés de personnes [dans la pratique ce sont souvent
des sociétés familiales ou amicales]. La part de chaque associé n’est pas librement cessible.

Les sociétés de personnes sont au nombre de trois : la société en nom collectif (SNC) ; la société en
commandite simple ; la société en participation.

2) Les sociétés de capitaux

Ce sont des sociétés dans lesquelles l’apport de capitaux est plus important que la personne des
associés. On les appelle également sociétés par actions parce que le capital est divisé en actions. Ils
sont en principe librement cessibles.

Les sociétés de capitaux sont au nombre de trois : la société anonyme ; la société anonyme
simplifiée, la société en commandite par actions.

3) La SARL

C’est un type de société qui est à mi-chemin entre les sociétés de personnes et les sociétés de
capitaux. Elle tient à la fois des sociétés de personnes en leur empruntant certains de leurs
caractères et des sociétés de capitaux en leur empruntant certains de leurs caractères.

Toutes les sociétés qu’elles soient civiles ou commerciales sont régies par le DOC. En outre les
sociétés commerciales sont régies par deux lois spécifiques : la loi 17-95 sur la SA et la SAS ; la loi 5-
96 pour les autres types de sociétés.

Il n’est pas possible de créer au Maroc une société qui ne corresponde pas à l’un des six types de
société réglementés par la loi. Si une société est née sans que les associés ne déterminent la forme
choisie ou si on transpose au Maroc un type de société non règlementé par le droit marocain, on
considère que cette société est une société en nom collectif dans la mesure où c’est la société de
droit commun qui protège le mieux les tiers.

Partie 2 : les règles particulières aux différents types de sociétés

Titre 1 : les sociétés de personnes

Chapitre 1 : les sociétés en nom collectif (SNC)

C’est une société constituée entre commerçants qui acceptent de prendre des risques illimités et qui
s’investissent personnellement dans la gestion de la société. C’est pourquoi elle comprend
généralement peu d’associés (deux ou trois) et qu’elle ne convient qu’aux petites entreprises. La SNC
est régie par les articles 3 à 18 de la loi 5-96. Sur le plan fiscal la SNC est considérée comme une
société transparente dans la mesure où ce n’est pas la société qui est imposée à l’impôt sur les
sociétés mais ce sont les associés qui sont imposés au titre de l’impôt sur le revenu. Toutefois lors de
sa constitution la société peut par déclaration spéciale opter pour l’impôt sur les sociétés [son régime
fiscal est celui des personnes physiques sauf si une déclaration est faite].

La SNC se distingue par trois caractéristiques principales : premièrement la qualité de commerçant.


Tout associé dans une SNC a la qualité de commerçant. Ils doivent donc remplir toutes les conditions
requises pour être commerçant ; deuxièmement il y a une obligation indéfinie et solidaire au passif
social. Les associés sont tenus personnellement des dettes de la société. Lorsque la société ne peut
pas faire face à ses engagements les créanciers sociaux peuvent se retourner contre les associés.
Cette obligation au passif est illimitée, c’est-à-dire que quel que soit le montant des dettes les
associés doivent s’acquitter de cette dette sur leurs biens personnels. En outre cette obligation
indéfinie est solidaire puisque chaque associé peut être poursuivi pour le paiement de la totalité de
la dette. C’est une garantie pour les créanciers qui ne sont pas obligés de diviser leurs poursuites. Ils
peuvent réclamer la totalité de leur créance à l’un quelconque des associés ; troisièmement,
l’incessibilité des parts sociales. Elles ne peuvent être cédées entre associés ou au profit de tiers
qu’avec l’accord de tous les associés. Cette règle est d’ordre public. Toute clause contraire est nulle. Il
en résulte que lorsqu’un associé veut céder ses parts et quitter la société, il peut se retrouver
prisonnier de la société s’il n’obtient pas l’accord de ses coassociés [aujourd’hui je m’associe avec X
que je connais. Je ne veux pas que demain je me retrouve avec un inconnu]. Lorsque la cession est
autorisée elle doit être constatée par un acte écrit à peine de nullité. Pour être opposable à la société
la cession doit lui être notifiée. Pour l’opposabilité aux tiers il faut en outre que la cession soit inscrite
au registre du commerce.

La SNC obéit pour sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution à des règles particulières.

Paragraphe 1 : constitution

Pour la constitution d’une SNC il faut des conditions de fond, de forme et de publicité.

A) Les conditions de fond

Ils concernent essentiellement les associés et le capital.

1) Les associés

Les associés doivent être au minimum deux et doivent avoir la qualité de commerçants.

2) Le capital

La notion de capital est secondaire dans la SNC puisque les associés sont responsables du passif
social, c’est pourquoi la loi n’impose pas un capital minimum. Les associés ont toute liberté pour
déterminer le montant du capital. Le capital peut être purement symbolique [juridiquement une SNC
peut être valablement formé avec deux associés et deux dirhams].

B) Les conditions de forme

Il existe deux conditions.

1) Les statuts (le contrat de société)


Ils doivent être rédigés par écrit soit sous la forme notariée soit sous la forme sous seing privé. Les
statuts doivent contenir 13 mentions obligatoires, dont en particulier l’état civil des associés, la
forme de la société, l’objet, le siège social, le capital, les apports de chaque associé, la durée de la
société et l’état civil du gérant.

Les deux conditions sont prescrites à peine de nullité de la société.

C) Conditions de publicité

Un exemplaire des statuts doit être déposé au greffe du tribunal du siège social dans les 30 jours de
la date de la signature des statuts. Dans le même délai un extrait des statuts doit être publié dans un
journal d’annonce légale et au bulletin officiel. Tout changement qui peut être apporté au statut doit
faire l’objet des mêmes formalités de dépôts et de publications.

Paragraphe 2 : fonctionnement

Le fonctionnement est assuré par trois organes : le gérant ; les associés non gérants ; le commissaire
aux comptes, s’il y a lieu.

A) Le gérant

La SNC est administrée et gérée par un ou plusieurs gérants. Dans la pratique tous les associés sont
gérants.

1) Nomination

Les gérants sont normalement désignés dans les statuts. Au cours de la vie sociale ils peuvent être
nommés dans un acte séparé. Le gérant est désigné parmi les associés ou en dehors des associés. La
gérance peut être assurée par une personne physique ou une personne morale. La nomination des
gérants se fait à l’unanimité des associés sauf disposition contraire des associés.

2) Révocation

La loi prévoit trois modalités de révocation selon le statut du gérant. En premier lieu lorsqu’il s’agit
d’un gérant associé statutaire la révocation doit être faite à l’unanimité des autres associés. Cette
révocation entraîne la dissolution de la société, sauf si la continuation de la société est prévue dans
les statuts ou décidée à l’unanimité des autres associés ; dans le deuxième cas, lorsqu’il s’agit d’un
gérant associé non statutaire, sa révocation peut être décidée dans les conditions prévues par les
statuts ; troisièmement s’il s’agit d’un gérant non associé il peut être révoqué à la majorité des
associés.

Dans tous les cas si la révocation est décidée sans justes motifs elle peut donner lieu à des
dommages-intérêts au profit du gérant révoqué.

3) Pouvoir du gérant
Dans les rapports entre associés les pouvoirs du gérant sont déterminés dans les statuts. En cas de
pluralité de gérants chaque gérant peut agir séparément, sauf la possibilité pour le cogérant de
s’opposer aux opérations de l’autre gérant. Dans les rapports avec les tiers le gérant a tous les
pouvoirs pour engager la société dans le cadre de l’objet social. Toute limitation des pouvoirs légaux
du gérant est inopposable aux tiers [les tiers qui traitent avec la société doit juste vérifier que le vis-à-
vis est le gérant de la société, alors il peut tout signer sans inquiétude. C’est le registre du commerce
qui nous permet de nous en assurer : on va y trouver l’identité du gérant]

En cas de pluralité de gérants chaque gérant peut engager la société à l’égard des tiers. L’opposition
qui peut être formée par le cogérant est inopposable aux tiers.

4) Responsabilité des gérants

Les gérants sont responsables à l’égard des associés et à l’égard des tiers de la violation de la loi, de
la violation des statuts et des fautes commises dans la gestion de la société. La responsabilité est
individuelle lorsque l’acte fautif a été accompli par un seul gérant. La responsabilité est solidaire
lorsqu’on n’arrive pas à déterminer la responsabilité de l’un ou de l’autre des cogérants.

B) Les associés non gérants

Ces associés ont des pouvoirs qui tiennent de la loi ou des statuts.

1) Pouvoirs légaux

En premier lieu la modification des statuts ne peut intervenir qu’à l’unanimité des associés ; en
second lieu les associés doivent être réunis une fois par an dans les six mois de la clôture de
l’exercice pour statuer sur les comptes annuels. Pour les besoins de cette réunion les associés
doivent recevoir une communication dans les quinze jours qui précèdent la réunion le rapport de
gestion établi par les gérants, les états de synthèse et le texte des résolutions proposés ; en troisième
lieu les associés ont un pouvoir de contrôle individuel et qui leur donne le droit, deux fois par an, de
de prendre connaissance au siège social de tous les livres et documents de la société et de poser des
questions au gérant. Ils ont le droit également de prendre copie de tous ces documents [on n’est pas
obligé d’attendre la fin de l’exercice pour savoir ce qui se passe dans la société].

2) Pouvoir statutaire

En plus des pouvoirs légaux les statuts peuvent conférer aux associés le pouvoir d’autoriser certaines
opérations qui relèvent de la compétence du gérant. Ces limitations des pouvoirs du gérant sont
inopposables aux tiers [un tiers ne doit pas rentrer dans la question de savoir si le pouvoirs du gérant
son ou non limités].

C) Le commissaire aux comptes


La nomination d’un commissaire de comptes n’est obligatoire que lorsque la société réalise un chiffre
d’affaire qui dépasse 50 000 000 Dhs. Toutefois les associés peuvent décider à la majorité de
nommer un commissaire aux comptes.

Paragraphe 3 : dissolution

La SNC est soumise aux causes de dissolution commune à toutes les sociétés mais aussi à des causes
particulières qui affectent la personne des associés [la société a un caractère personnel : il est normal
que ce qui touche un associé touche la société].

1) Décès d’un associé

La société prend fin par le décès de l’un des associés. C’est une dissolution de plein droit qui est liée
au caractère personnel de la SNC. Cette dissolution automatique se révèle gênante dans la pratique,
c’est pourquoi la loi prévoit la possibilité d’apporter des aménagements à cette règle. Ainsi les statuts
peuvent prévoir deux clauses de continuation : en premier lieu la continuation avec les associés
survivants. Cette continuation suppose que la société comprend au moins trois associés. Dans ce cas
on doit déterminer la valeur des parts de l’associé décédé dont le montant sera payé aux héritiers ; la
deuxième clause de continuation est celle de la continuation avec les héritiers. Il peut être prévu qu’à
la mort de l‘associé la société continuera avec les associés survivants et les héritiers de l’associé
décédé. Toutefois si un ou plusieurs héritiers sont mineurs ils ne sont pas responsables du passif
social que dans la limite de leur part dans la succession.

En outre la société doit être transformée, dans le délai d’un an à compter du décès, en société en
commandite dont les héritiers mineurs deviendront des commanditaires. A défaut de cette
transformation la société doit être dissoute.

En conclusion il convient de souligner que la SNC est une forme de société qui n’est pratiquement
plus utilisée dans la pratique en raison des dangers qu’elle représente pour les associés. En devenant
associés dans une SNC on risque de perdre la totalité de sa fortune en raison de l’obligation indéfinie
et solidaire au passif. Ce qui explique le succès de la SARL.

Chapitre 2 : La société en commandite simple

Cette société se distingue par le groupement de deux catégories d’associés : les commandités ; les
commanditaires. Ils sont soumis à des régimes juridiques distincts [dans toutes les autres sociétés on
a une seule catégorie de membres. Ce sont les associés]. Les commandités ont le statut d’associés en
nom collectif, c’est-à-dire qu’ils sont indéfiniment et solidairement responsables du passif social. Ils
assurent seuls la gestion de la société. Les commanditaires se contentent de faire des apports à la
société sans avoir la qualité de commerçants et en limitant leur responsabilité au montant de leurs
apports. En outre ils ne peuvent pas prendre part à la gestion de la société.

Cette spécificité de la société en commandite trouve son origine dans le droit musulman et dans les
pratiques commerciales du moyen âge. Premièrement le droit musulman a mis au point la technique
du Quirad. Cette technique permet de faire participer un prêteur de somme d’argent aux résultats
d’une entreprises sans être tenu des pertes. Elle permet ainsi de tourner l’interdiction du prêt à
intérêts. Deuxièmement au moyen âge on pratiquait dans le commerce maritime le contrat de
command. C’est un contrat par lequel un capitaliste (celui qui a de l’argent) met à la disposition d’un
navigateur un bateau, des marchandises ou une somme d’argent pour entreprendre une expédition
maritime. Les bénéfices générés par cette opération étaient partagés entre le capitaliste et le
commandité (ici le navigateur).

En définitif la raison d’être des sociétés en commandites est de permettre à des bailleurs de fonds
(détenteurs de capitaux) de recueillir les fruits d’une activité commerciale sans l’exercer
personnellement et en limitant leur responsabilité au montant de leurs apports.

Par ailleurs la société en commandite peut résulter d’une transformation d’une SNC lorsqu’à la suite
du décès d’un associé la société continue avec les héritiers de l’associé décédé, parmi lesquels se
trouvent un ou plusieurs mineurs. Cette SNC doit dans le délai d’un an être transformée en société
en commandite dans laquelle les héritiers mineurs seront les commanditaires.

La société en commandite obéit pour sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution aux


mêmes règles que la SNC, sous réserve des dispositions particulières qui sont prévues aux articles 20
à 30 de la loi 5-96.
Paragraphe 1 : les statuts des associés

A) Les commandités

La société en commandite simple comprend au moins deux associés : un commandité et un


commanditaire. Le décès d’un commandité entraîne la dissolution de la société.

B) Les commanditaires

L’apport d’un commanditaire ne peut être fait qu’en numéraire ou en nature. Il ne peut faire
d’apports en industrie. La société continue malgré le décès d’un commanditaire. Il est interdit à un
commanditaire de faire des actes de gestion qui engagent la société vis-à-vis des tiers même en vertu
d’une procuration. Si un commanditaire viole cette interdiction les actes de gestion qu’il a accompli
sont valables, mais il sera tenu solidairement avec les commandités des conséquences des
engagements qu’il aura pris à l’égard des tiers [supposons qu’un commanditaire conclu un contrat de
prêt avec une banque. Ce contrat ne peut pas être remis en cause par la société. Si la société ne paye
pas aux échéances, la banque va se retourner contre le commanditaire qui sera responsable
solidairement avec le commandité pour cette opération].

Paragraphe 2 : décisions collectives des associés

Toute modification des statuts doit être décidée avec le consentement de tous les commandités et
dans la majorité des commanditaires.

La complexité de ce type de société fait qu’elle n’est pratiquement jamais utilisée dans la pratique.

Chapitre 3 : la société en participation

La société en participation se distingue des autres types de sociétés à trois caractéristiques.


Premièrement c’est une société qui n’a pas de personnalité morale, c’est-à-dire qu’elle n’a ni
dénomination, ni siège, ni patrimoine, ni existence juridique propre ; deuxièmement c’est la seule
forme de société qui est commerciale ou civile selon son objet ; troisièmement elle n’est soumise à
aucune mesure de publicité, et elle n’est pas immatriculée au registre du commerce même si son
objet est commercial.

Il existe deux modalités de créations d’une société en participation : elle peut être soit une société
occulte, soit une société ostensible. Dans la société occulte les associés décident de ne pas révéler
l’existence de la société aux tiers [un associé qui ne veut pas apparaître]. C’est la forme traditionnelle
et qui présente le plus d’intérêts. Dans la société ostensible les associés agissent au grand jour en
qualité d’associés, au vue et au su des tiers.

La société en participation jouit d’une grande liberté contractuelle puisqu’elle n’est régie que par
quatre articles de la loi 5-96.

Paragraphe 1 : Constitution

La société en participation est constituée de deux associés au moins qu’on appelle les participants.
Les apports qui sont faits par les participants sont de simples apports de jouissance. Chaque
participant conserve la propriété de son apport [dans les autres sociétés lorsqu’un associé fait un
apport il y a un transfert de propriété de l’apporteur à la société]. Aucune condition de forme ni de
publicité n’est exigée. L’existence d’une société en participation peut être établie par tous les
moyens.

Paragraphe 2 : fonctionnement

A) Dans les rapports entres les associés

Les associés sont libres de fixer les modalités de fonctionnement de la société. Ils peuvent nommer
parmi eux un gérant. Lorsque la société a un objet civil on applique les règles sur la société civile. Si
l’objet est commercial on doit appliquer les règles de la SNC.

B) Dans les rapports avec les tiers

Il faut distinguer entre les deux formules. Premièrement pour les sociétés occultes les tiers, qui par
définition ignorent l’existence de la société, n’ont de rapports qu’avec le gérant. Dans les rapports
avec les tiers le gérant agit en son nom personnel et pour son propre compte. Tout se passe comme
si la société n’existait pas. Autrement dit le gérant constitue un écran total entre les associés et les
tiers. Sur le plan fiscal les bénéfices réalisés par la société sont imposés au nom du gérant.
Deuxièmement, pour les sociétés ostensibles, lorsque les participants agissent publiquement en
qualité d’associés chacun est tenu indéfiniment des dettes sociales si la société est civile,
indéfiniment et solidairement si la société est commerciale.

Paragraphe 3 : dissolution

Lorsque la société est dissoute il n’y a pas de phase de liquidation. Il y a seulement un règlement de
comptes entre les associés. Chaque associé va reprendre l’apport qu’il a fait à la société dans la
mesure où il en a conservé la propriété.

En conclusion la société en participation présente l’avantage de la simplicité, de la souplesse et de la


discrétion. C’est une structure légère dont la constitution et le fonctionnement ne génère pas de
coûts. Ce type de société peut s’adapter à diverses opérations, en particulier aux opérations
ponctuelles ou de courtes durées. C’est le cas de l’achat en commun d’un billet de loterie. C’est le cas
également de la constitution d’un syndicat financier pour placer des titres dans le public [quand on
veut acheter des actions en bourse on ne le fait pas directement. La société qui va émettre des titres
va faire appel aux banques qui ont des agences pour placer les titres. Les banques vont créer entre
elles un syndicat pour placer les titres d’une société : c’est une société en participation]. De même
deux ou plusieurs entreprises constituent un groupement pour soumissionner et réaliser un marché
[on veut construire une infrastructure (ponts, autoroutes, etc.) ou une superstructure (école,
hôpital). L’Etat va confier la réalisation de ces travaux à des entreprises. S’il s’agit de marché simples
généralement c’est une entreprise qui va réaliser l’ouvrage. Quelque fois pour des ouvrages plus
importants, de deux ou plusieurs entreprises vont constituer un groupement qui prend la forme
d’une société en participation]. De même la société en participation est utilisée pour la coproduction
de films [pour un film il faut trois intervenants : un producteur ; un metteur en scène ; des acteurs.
Pour un film on peut avoir deux ou plusieurs producteurs. Ils vont se mettre sous la forme d’une
société en participation].

Ceci étant, la société en participation ne doit pas être confondue ni avec la société de fait ni avec la
société crée de fait.
1) La société de fait est une véritable société qui a été créé en tant que telle avec une forme bien
déterminée, sauf que cette société a été irrégulièrement constituée et par la suite sa nullité a été
prononcée. Normalement la nullité a un effet rétroactif. Autrement dit la société est censée n’avoir
jamais existé [la société a eu des clients, elle a rémunérée des personnes, elle a fonctionnée pendant
un temps. La nullité consiste à faire table rase. Annuler une telle société pose problèmes. C’est pour
cette raison que la notion de société de fait a été créée. Le concept de la société de fait a été
inventée pour éviter les effets néfastes de la rétroactivité. En droit des sociétés on ne peut pas
appliquer la rétroactivité. Il faut faire valider tout ce qui s’est passé]. Les conséquences de cette
rétroactivité peuvent être très graves, notamment sur le plan économique et social. C’est pourquoi la
jurisprudence a depuis longtemps considérée qu’entre la constitution de la société et le jour où la
nullité est prononcée il a existé une société de fait qui doit produire normalement des effets à l’égard
des associés et à l’égard des tiers. Par la suite le législateur est intervenu pour légaliser cette
jurisprudence et lui donner force de loi. En conséquence la nullité d’une société n’a pas d’effets
rétroactifs.

2) La société crée de fait est une notion qui désigne la situation dans laquelle se trouvent deux ou
plusieurs personnes qui se sont comportés en fait comme de véritables associés, mais sans avoir à
aucun moment exprimé la volonté de constituer entre elles une société. Ce n’est que par une analyse
juridique à postériori que les liens existants entre ces personnes seront qualifiés de société. C’est
dans les relations de famille que cette situation se retrouve le plus souvent, en particulier dans les
relations entre époux, et entre parents et enfants [le cas le plus fréquent dans la pratique est l’enfant
qui rentre travailler dans l’entreprise de son père. On ne fait pas de papiers, on est entre famille.
Lorsque le père décède on va ouvrir l’héritage. L’enfant va se déclarer non seulement héritier mais
aussi associé. Si les autres héritiers ne l’approuvent pas il va falloir le démontrer par le biais de la
justice. SI le juge constate que toutes les conditions de formations d’une société ont été présentes, il
va déclarer qu’il existait une société entre le père et le fils. C’est une création d’une société sans les
formalités. Le tribunal va faire une analyse juridique à postériori].

Titre 2 : les sociétés de capitaux

Les sociétés de capitaux sont au nombre de trois : les sociétés anonymes ; les sociétés anonymes
simplifiées ; la société en commandite par actions.

La société en commandite par actions présente par rapport à la société en commandite simple les
différences suivantes : premièrement pour constituer une SCA il faut au minimum un commandité et
trois commanditaires ; les commanditaires détiennent des actions qui sont librement cessibles alors
que dans la commandite simple les commanditaires détiennent des parts qui ne sont pas librement
cessibles ; la SCA est régie à la fois par les dispositions combinées de la loi 5-96 sur les commandites
simples et par les dispositions 17-95 sur les SA. C’est une forme de société qui est très peu utilisée au
Maroc. En France elle est essentiellement utilisée dans des groupes familiaux.

La SA est une société par actions dans laquelle les associés, appelés actionnaires, reçoivent en
contrepartie de leurs apports des titres négociables appelés actions, et dont la responsabilité est
limitée au montant de leurs apports. La SA présente les caractéristiques suivantes : c’est une société
commerciale par la forme, peu importe la nature civile ou commerciale de son objet ; c’est une
société de capitaux dans laquelle la personne des associés a beaucoup moins d’importance que les
capitaux qu’elle amène ; c’est une société par actions. Le capital d’une SA est divisée en actions qui
peuvent être négociées sur le marché boursier. Autrement dit seules les sociétés anonymes sont
cotées en bourse ; c’est une société à risques limitées. Les associés ne sont engagés par rapport au
passif social qu’à concurrence de leurs apports ; c’est une société dont l’organisation est complexe ;
c’est une véritable institution dans laquelle la loi a laissée peu de places à la liberté contractuelle
puisque la plupart des dispositions de la loi 14-5 sont d’ordre public ; cette forme de société est dite
anonyme parce qu’elle ne peut être désignée par le nom de ses associés. Elle est souvent désignée
par l’objet de son activité ou par une dénomination de pure fantaisie. Dans la pratique elle est
désignée par un sigle ; la personnalité morale de la société est totalement distincte de celle de la
personne des associés. La société n’est jamais impactée par les événements qui affectent la situation
juridique des associés ; la SA a été imaginée comme une technique de gestion des grandes
entreprises. Elle permet de réunir un nombre important d’associés et de réunir des capitaux
importants. Elle offre la possibilité aux petits épargnants d’investir dans des affaires importantes sans
courir de risques.

La loi impose la forme de SA pour l’exercice de certaines activités, notamment pour les banques, les
assurances et les sociétés d’investissements.

La SA est régie par la loi 17-95 qui a été modifiée et complétée par la loi 20-05 et par la loi 78-12.
Cette loi est très fortement inspirée de la loi française sur les SA.

[Cette puissance financière peut se transformer en puissance politique. Ils défaisaient des présidents
en organisant des puches par exemple]

[C’est une société qui réunit une multitude d’associés. Elle est plus complexe. On a plusieurs organes
avec une hiérarchie. C’est pour cette raison que la loi y consacre des dispositions nombreuses]

[Le gros de l’économie, dans tous les pays du monde, est entre les mains des SA, donc la
règlementation doit être poussée pour qu’il n’y ait pas de dérapages]

Chapitre 1 : constitution

La loi distingue deux modes de constitution de la SA : avec ou sans appel public à l’épargne (APE).
L’APE est constitué par, premièrement l’admission d’une valeur mobilière à la bourse de Casablanca.
Les valeurs sont essentiellement les actions et les obligations [lorsqu’une société est introduite en
bourse elle est considérée comme faisant APE] ; deuxièmement l’émission ou la cession de valeurs
mobilières dans le public en utilisant le démarchage, ou la publicité, ou en passant par un
intermédiaire financier. Le démarchage consiste en une prise de contacte non sollicitée, par quelque
moyens que ce soit, ou dans le fait de se rendre physiquement au domicile d’une personne ou dans
les lieux de travail [c’est amener quelqu’un à acheter quelque chose. On lui propose de lui vendre
des valeurs mobilières. Par exemple prendre contacte avec quelqu’un par téléphone]. La publicité est
toute communication sous quelque formes que ce soit, qui permet de s’adresser au public pour la
souscription ou l’acquisition de valeurs mobilières [journaux, radio, affiche, etc.]. Les intermédiaires
financiers sont en particulier les banques et les sociétés de bourse [toute les APE ne sont pas des
sociétés cotées en bourse. En effet, toute société, même non cotée en bourse, qui fait soit un
démarchage, …, fait APE].

Section 1 : les règles de constitution


Paragraphe 1 : les conditions de fond

A) Les associés

La loi exige un nombre minimum de 5 actionnaires, qui peuvent être des personnes physiques ou des
personnes morales. Il n’y a pas de conditions particulières de capacité. La qualité de commerçant
n’est pas exigée pour faire partie d’une SA

B) Le capital

La SA doit avoir un capital minimum fixé par la loi à 300 000 dirhams pour les sociétés fermées, et 3
millions pour les sociétés faisant APE. Ce capital peut être constitué d’apports en numéraire ou
d’apports en nature. Pour ce qui est de l’apport en numéraire, la loi n’exige pas le versement de la
totalité des fonds au moment de la constitution, mais seulement le quart. Le reste peut être versé en
un ou plusieurs fois sur une période maximale de trois ans [au départ la société va connaître une
période de démarrage, et elle n’aura pas besoin de la totalité du capital de la société, le temps que
tout soit installé, de prospecter le marché, etc.]. Les fonds provenant de la souscription doivent être
déposés dans un compte bancaire bloqué, ouvert au nom de la société. Ce compte ne peut être
débloqué qu’après l’immatriculation de la société au registre du commerce [c’est une précaution que
la loi a prise pour sécuriser l’argent de la société]. Si la société n’est pas constituée dans un délai de 6
mois après le dépôt des fonds, tout souscripteur peut demander la restitution de son apport [si une
société qui n’est pas constituée au bout de 6 mois, on considère qu’elle ne sera jamais constituée. Il
est inutile de garder cet argent bloqué].

Pour ce qui est des apports en nature, la loi a instituée une procédure de vérification pour s’assurer
de la valeur réelle des apports en nature. Cette vérification est effectuée par un ou plusieurs
commissaires aux apports, nommés par les associés et qui doivent être choisis parmi les experts
comptables inscrits à l’ordre des experts comptables.

La SA ne peut jamais être constituée sur des apports en industrie.

Paragraphe 2 : les conditions de forme

La constitution de la SA doit se matérialiser par l’élaboration d’un acte écrit appelé statuts. Ces
statuts peuvent être établis en la forme notariée ou sous seing privé.

Tous les associés doivent signer les statuts.

Les statuts doivent comprendre des mansions obligatoires, et notamment la forme, la dénomination,
l’objet, le siège, le capital, la durée, les règles de fonctionnement, la répartition des bénéfices et la
nomination des premiers administrateurs et du premier commissaire aux comptes. Si l’une de ces
mentions fait défaut, tout intéressé, ainsi que le ministère public, peut demander en justice que soit
ordonnée sous astreinte l’adjonction des mentions omises.

Paragraphe 3 : les conditions de publicité

La constitution d’une SA donne lieu à l’accomplissement des formalités suivantes : le dépôt au greffe
du tribunal d’un original des statuts, et le cas échéant du rapport du commissaire aux apports ; la
publication d’un extrait des statuts dans un journal d’annonce légal et au BO ; l’immatriculation au
registre du commerce.

Section 2 : sanctions de l’inobservation des règles de constitution

Cette problématique met en jeu deux impératifs contradictoires. D’une part si la loi a instituée des
règles de constitution, c’est pour que ces règles soient respectées. D’autre part la nullité d’une
société entraîne sa dissolution et en conséquence la disparition d’une entreprise avec les
inconvénients d’ordre économique et sociale que cette disparition peut engendrer. La loi a essayé de
trouver un équilibre entre ces deux impératifs. Elle a délimité de manière très précise le domaine des
nullités. La nullité ne peut résulter que de trois causes. En premier lieu une disposition expresse de la
loi 17-95 qui doit prévoir que telle ou telle règle est sanctionnée par la nullité. La deuxième cause est
le caractère illicite ou contraire à l’ordre public de l’objet social. La troisième cause est l’incapacité de
tous les associés. La loi restreint de manière très significative le domaine des nullités.

La nullité ne peut être prononcée que par le tribunal, à la requête de toute partie intéressée. Pour
éviter cette nullité la loi a prévue des possibilités de régularisation à postériori. Ainsi, l’action en
nullité est éteinte lorsque la cause de la nullité a cessé d’exister le jour où le tribunal statue au fond.

Lorsque la nullité est prononcée la société se trouve dissoute de plein droit, mais sans rétroactivité.
Autrement dit la nullité ne produit d’effets que pour l’avenir.

L’action en nullité se prescrit par 3 ans, à compter du jour où la nullité est encourue, c'est-à-dire
après l’immatriculation de la société au registre du commerce.

Dans la pratique la constitution des sociétés en général, et de la SA en particulier, est confiée à des
professionnels (notaires, avocats, conseils juridiques, experts comptables), ce qui fait que la
constitution se fait dans le respect des exigences légales [depuis 1913, le protectorat a introduit la
législation sur les sociétés au Maroc. Jusqu’à aujourd’hui, les cas où les tribunaux ont prononcés la
nullité sont rares. On est incapable de constituer une société seule. On est obligé de solliciter les
services d’un professionnel. En règle générale, la constitution se fait de manière régulière].

Chapitre 2 : organisation et fonctionnement de la SA

Du fait que la SA réunit une multitude d’actionnaires, son organisation est plus complexe. Cette
organisation a été conçue à l’image d’un Etat démocratique, avec une constitution (les statuts), un
parlement (les assemblées générales), un gouvernement (le conseil d’administration) et un organe
de contrôle (le commissaire aux comptes).

En définitive, trois organes participent au fonctionnement de la SA : en premier lieu les assemblées
d’actionnaires ; en second lieu l’organe de gestion qui est soit le conseil d’administration soit le
directoire ; en troisième lieu l’organe de contrôle qui est le commissaire aux comptes.

Section 1 : les assemblées d’actionnaires

Les assemblées constituent l’organe le plus élevé dans la hiérarchie. Ce sont les assemblées qui
détiennent le pouvoir suprême dans la SA. C’est dans le cadre des assemblées que le simple
actionnaire peut intervenir dans le fonctionnement de la société en exerçant son droit de vote.
Dans les assemblées c’est la loi de la majorité qui préside à la prise des décisions.

Il existe deux catégories d’assemblées : les assemblées générales et les assemblées spéciales. Toutes
ces assemblées sont soumises à des règles qui leur sont communes, mais elles se distinguent les unes
par rapport aux autres par des règles spécifiques.

Sous section 1 : règles communes à toutes les assemblées

Ces règles concernent la tenue et les délibérations des assemblées.

Paragraphe 1 : la tenue des assemblées

Toute réunion d’une assemblée doit être précédée par la convocation des actionnaires. L’organe
habilité à convoquer l’assemblée est le conseil d’administration. La convocation est faite soit par un
avis publié dans un journal d’annonce légale, soit par lettre individuelle adressée à chaque
actionnaire. La convocation doit contenir la date, l’heure et le lieu de la réunion. Le lieu est
généralement le siège social. Cette convocation doit contenir également l’ordre du jour de la
réunion, c’est à dire toutes les questions sur lesquelles l’assemblée est appelée à délibérer. Cette
exigence s’explique par le fait qu’il faut permettre aux actionnaires de réfléchir aux questions qui
seront débattus pour pouvoir voter en toute connaissance de causes. L’assemblée ne peut délibérer
valablement que sur les points inscrits à l’ordre du jour. Toutes résolutions prises sur une question
qui ne figure pas à l’ordre du jour est nulle. Entre la date de la convocation et le jour de la réunion il
doit s’écouler un délai minimum de 15 jours. Ce délai a été institué pour permettre aux actionnaires
de prendre leurs dispositions suffisamment à l’avance pour assister à l’assemblée, et pour préparer la
réunion. Seuls les actionnaires sont admis à participer à l’assemblée. Toute fois un actionnaire peut
se faire représenter par son conjoint, par un ascendant, par un descendant ou par un autre
actionnaire. A chaque assemblée doit être tenue une feuille de présence qui indique l’identité des
actionnaires et le nombre d’actions qu’ils possèdent. Tout actionnaire qui entre en séance doit signer
la feuille de présence. La feuille de présence doit être également signée par le représentant des
actionnaires absents. La feuille de présence permet de déterminer le quorum, c'est-à-dire le nombre
minimum d’actionnaires qui doit être présent ou représenté pour que l’assemblée puisse se tenir
valablement. Lorsque les actionnaires sont réunis, on doit procéder à la constitution du bureau de
l’assemblée. Ce bureau est composé d’un président qui est généralement président du conseil
d’administration, et de scrutateurs qui sont les actionnaires qui détiennent le plus grand nombre
d’actions. Le bureau ainsi composé nomme un secrétaire qui peut ne pas être un actionnaire et qui
est chargé de dresser le procès verbal de la réunion.

Paragraphe 2 : les délibérations

L’assemblée ne pourra valablement délibérer que si une fraction minimum du capital est présente ou
représentée. Ce quorum permet de savoir si l’assemblée est suffisamment représentative pour
prendre des décisions qui s’imposent à tous. Ce quorum varie suivant la nature de l’assemblée. Il est
fixé par la loi. Les résolutions sont prises à la majorité des actionnaires présents ou représentés.
Cette majorité est également fixée par la loi. Elle varie selon la nature de l’assemblée. Le vote a
généralement lieu à main levée, mais il peut également se faire par bulletin secret ou par appel
nominal.
Dans le calcul de la majorité, chaque action donne droit à une voix, et un actionnaire a autant de voix
qu’il possède d’actions. C’est la règle de la proportionnalité du vote ou du nombre d’actions.

Un actionnaire doit exercer son droit de vote en toute liberté. Toute convention qui porte atteinte à
la liberté de vote est nulle. Les résolutions votées par les assemblées font l’objet d’un procès verbal
qui doit être signé par les membres du bureau et par le secrétaire.

Sous section 2 : les règles particulières

Paragraphe 1 : les règles particulières aux assemblées générales

Les assemblées générales se composent de la totalité des actionnaires de la société sans distinctions.
On distingue deux sortes d’assemblées générales : les assemblées générales ordinaires (AGO) et les
assemblées générales extraordinaires (AGE).

A) Les AGO

1) Attributions

L’AGO est appelée à rendre toute les décisions qui n’entraînent par une modification des statuts.
L’AGO doit obligatoire se réunir une fois par an dans les 6 mois qui suivent la clôture de l’exercice.
Elle peut délibérer sur les questions suivantes : en premier lieu elle entend le rapport de gestion du
conseil d’administration ; en second lieu elle entend le rapport du commissaire aux comptes ; en
troisième lieu elle approuve les comptes de l’exercice ; en quatrième lieu elle statue sur l’affectation
des résultats et fixe le montant des dividendes à distribuer aux actionnaires.

Pour voter en étant suffisamment éclairé, la loi permet aux actionnaires dans les 15 jours qui
précèdent la réunion d’assemblée, de prendre communication au siège social des documents qui
seront présentés à l’assemblée, et notamment le rapport de gestion du conseil d’administration, le
rapport du commissaire aux comptes, le projet d’affectation des résultats et le projet des textes de
résolutions qui seront votées.

2) Délibérations de l’AGO

Pour pouvoir délibérer valablement, l’AGO doit être composée d‘un nombre d’actionnaires
représentant le quart du capital. Si l’assemblée ne réunit pas ce quorum, une deuxième assemblée
doit être convoquée, mais seulement avec un délai de 8 jours, et cette deuxième assemblée peut
délibérer, quelque soit le nombre d’actionnaires présents ou représentants. Autrement dit, il n’y a
plus de quorum dans la deuxième assemblée.

L’AGO prend ses résolutions à la majorité simple, c'est-à-dire la moitié des voix des actionnaires
présents ou représentés + 1 voix.

B) Les assemblées générales extraordinaires

1) Attributions de l’AGE

L’AGE est compétente pour apporter des modifications aux statuts, en particulier elle peut décider de
la modification du capital, du transfert du siège social, du changement de la forme de la société
[souvent quand les entreprises grandissent, la forme de la SARL ne convient plus, on passe alors à la
SA]. Elle peut également modifier l’objet de la société. Elle peut prononcer la dissolution anticipée de
la société.

Cependant, l’AGE n’a pas une compétence absolue. Elle ne peut pas, d’un part augmenter les
engagements des actionnaires, et d’autre part changer la nationalité de la société.

2) Tenue de l’AGE

L’AGE est convoquée et se tient dans les mêmes conditions que l’AGO

3) Délibérations

Le quorum nécessaire à la validité des délibérations de l’AGE est la moitié du capital. Si ce quorum
n’est pas atteint, il convient de convoquer une deuxième assemblée, et cette assemblée ne peut
valablement délibérer que si le quart du capital est présent ou représenté. Si ce deuxième quorum
n’est pas atteint, la deuxième assemblée peut être reportée à une date ultérieure qui ne peut pas
être éloignée de plus de 2 mois, mais le quorum du quart restera toujours exigé.

Les résolutions de l’AGE doivent êtres prises à la majorité des 2/3 des voix des actionnaires présents
ou représentés.

Paragraphe 2 : les assemblées spéciales

Lorsque dans une société, sont créées plusieurs catégories d’actions, les actionnaires d’une même
catégorie se réunissent en une assemblée spéciale pour veiller à la défense de leurs propres intérêts.
C’est le cas notamment lorsque la société crée des actions à vote double, ou des actions à dividende
prioritaire sans droit de vote, ou des actions de préférence [deux vois par action]. Lorsque la société
vient procéder à la modification des droits des catégories d’actions, il faut réunir une assemblée
spéciale pour approuver cette décision. Si cette décision n’est pas approuvée par l’assemblée
spéciale, elle va demeurer sans effets.

Section 2 : les organes de gestion

La loi 17-95 a mis en place deux structures de gouvernance : soit la structure classique et la plus
fréquente dans la pratique, qui est la SA à conseil d’administration. Cette formule est dite moniste ;
soit la structure dualiste qui se distingue par la coexistence de deux organes : le directoire et le
conseil de surveillance

Sous section 1 : la société à conseil d’administration

Il s’agit d’un organe collégial composé de plusieurs membres qu’on appelle les administrateurs. Ce
conseil a à sa tête un président, qui peut être investi de pouvoirs de directeur général et qu’on appel
PDG. Cependant la loi permet de distinguer les deux fonctions en ayant d’une part un président et de
l’autre pat un directeur général.

Paragraphe 1 : le conseil d’administration

A) Composition
Le CA doit être composé de 3 membres au moins et de 12 au plus. Toutefois pour les sociétés cotées,
le nombre maximum peut être porté à 15. Entre le minimum et le maximum on peut librement fixer
le nombre d’administrateurs.

B) Modalité de nomination des administrateurs

Les administrateurs peuvent être nommés de trois manières : premièrement lors de la constitution
de la société, les premiers administrateurs sont nommés dans les statuts pour une période maximale
de 3 ans ; au cours de la vie sociale les administrateurs sont nommés par l’AGO pour une période
maximale de 6 ans ; si un siège d’administrateur devient vaquent à la suite d’un décès, d’une
démission ou de tout autre empêchement quelconque, le conseil peut nommer à titre provisoire un
remplaçant. Cette nomination ne devient définitive que si elle est ratifiée par la prochaine AGO. Cette
procédure s’appelle la cooptation.

C) Conditions d’accès aux fonctions d’administrateur

Il faut distinguer les conditions positives, c’est à dire ceux que l’administrateur doit être, et les
conditions négatives, ce qu’il ne doit pas être.
1) Les conditions positives

Elles sont au nombre de deux : en premier lieu la qualité d’actionnaire. Pour être un administrateur
d’une SA, il faut être actionnaire de cette société. Ce sont les statuts qui fixent le nombre d’actions
qu’un actionnaire doit posséder pour être un administrateur. Dans la pratique une seule action
suffit ; la deuxième condition est qu’il faut avoir la capacité civile, c'est-à-dire avoir 18 ans révolus.

2) Les conditions négatives

Plusieurs textes interdisent à certaines personnes l’accès aux fonctions d’administrateur. Ces
interdictions sont fondées soit sur des considérations de moralité (déchéance), soit sur
l’incompatibilité qui existe entre les fonctions d’administrateur et l’exercice de certaines activités.

a) les déchéances

La loi marocaine et le code des assurances interdisent l’accès aux fonctions d’administrateur des
banques et des compagnies d’assurance, aux personnes qui ont été condamnés, notamment pour
des infractions contre les biens. De même les personnes qui sont frappés de déchéance commerciale
à la suite d’une procédure de règlement d’une liquidation judiciaire, ne peuvent administre une
société.

b) Les incompatibilités

En premier lieu les fonctionnaires ne peuvent pas être administrateurs, à titre personnel, dans une
société [ils peuvent être administrateurs au nom de l’Etat]. En second lieu les experts comptables ne
peuvent pas être administrateurs de sociétés à objet commerciale. En troisième lieu les avocats
peuvent être administrateurs dans une SA, mais ne peuvent être ni président ni directeur général.

D) Cessation des fonctions d’administrateurs

Les fonctions d’administrateur peuvent prendre fin pour diverses causes : l’expiration de la durée du
mandat. Cependant les administrateurs son indéfiniment rééligibles ; le décès ou tout empêchement
quelconque, notamment l’incapacité ou la longue maladie ; la survenue d’une déchéance [un
administrateur d‘une banque condamné pour escroquerie] ; la démission. Un administrateur peut à
tout moment renoncer à son mandat sans avoir à justifier ou à donner des motifs à sa décision. La
société ne peut s’opposer à cette démission. Autrement dit la démission n’a pas à être acceptée ; la
révocation. Les administrateurs sont révocables ad nutum. L’AGO peut à tout moment, sans prévenir,
révoquer un administrateur, même si cette révocation ne figure par à l’ordre du jour. L’assemblée n’a
pas à justifier ou à motiver sa décision. L’administrateur révoqué ne peut pas contester cette
décision. Il ne peut prétendre à aucune indemnité, même si la révocation est injustifiée. Cependant,
le droit de révocation n’est pas absolu. Il est atténué par la théorie de l’abus de droit.
L’administrateur révoqué peut prétendre à des dommages et intérêts lorsque les circonstances dans
lesquelles la révocation est intervenue sont de nature à porter atteinte à son honorabilité. C’est le
cas en particulier lorsque la révocation a été suivie d’insinuations ou de commentaires désobligeants,
ou a fait l’objet d’une publicité déplacée.
E) Les statuts des administrateurs

Le statut concerne les droits et obligations des administrateurs, le cumul avec un contrat de travail et
la rémunération.

1) Les droits et obligations

a) Les droits

Les administrateurs ont un droit d’information et d’investigation, qui leur permet d’obtenir copie de
tous les documents sociaux. Ils ont également accès à tous les locaux de la société. Ces documents
leur sont nécessaires pour pouvoir exercer pleinement leurs fonctions d’administrateurs.

b) Les obligations

Les administrateurs ont l’obligation d’accomplir leurs fonctions avec diligence, en particulier ils
doivent assister à toutes les séances du conseil. Ils doivent également respecter le caractère
confidentiel des informations qui leur sont révélés. Ils ne doivent pas profiter, dans les sociétés
cotées en bourse, des informations privilégiés dont ils peuvent disposer, sous peine d’être poursuivis
pénalement pour délit d’initié [être au courant avant les autres, et en profiter]

2) Le cumul avec un contrat de travail

Le principe est qu’un salarié de la société peut être administrateur de cette société sans perdre le
bénéfice de son contrat de travail. A cet effet trois conditions doivent être réunies : le contrat de
travail doit être antérieur à la nomination du salarié en qualité d’administrateur. Il en résulte qu’un
administrateur ne peut pas pendant l’exercice de ses fonctions, devenir salarié de la société ; le
contrat de travail doit correspondre à un emploi effectif, c'est-à-dire que la personne concernée doit
remplir simultanément des fonctions techniques en tant que salarié, et des fonctions de gestion en
tant qu’administrateur ; le nombre des administrateurs liés à la société par un contrat de travail ne
doit pas dépasser le tiers des membres du conseil

3) Rémunération des administrateurs

Les fonctions d’administrateur peuvent être exercées à titre gratuit. C’est ce qui se passe
habituellement dans les PME. Dans les grandes sociétés, les fonctions d’administrateurs sont en
général rémunérées. La rémunération des administrateurs peut revêtir quatre formes. En premier
lieu les jetons de présence qui rémunère le temps passé par les administrateurs dans les réunions du
conseil. C’est une enveloppe annuelle qui est fixée par l’AGO. Cette enveloppe peut être distribuée
entre les banques, selon la répartition décidée par le conseil ; en deuxième lieu une rémunération
spéciale pour les missions spéciales qui peuvent être confiées à certains administrateurs ; le
remboursement des frais de voyage et de déplacement qui sont engagées par l’administrateur dans
l’intérêt de la société ; un salaire lorsque l’administrateur cumule ses fonctions d’administrateur avec
son contrat de travail.
E) Fonctionnement du conseil d’administration

1) Réunion du conseil

Le conseil est convoqué par son président qui fixe l’ordre du jour de la réunion. Lorsqu’il s’agit de la
réunion du conseil qui arrête les comptes annuels, le président doit également convoquer le
président aux comptes. Les modalités de convocation du conseil sont librement fixées par les statuts.
Le conseil ne délibère valablement que si la moitié au moins de ses membres est effectivement
présente.

Un administrateur peut donner mandat à un autre administrateur pour le représenter à une séance
du conseil.

La loi prévoit que les réunions des assemblées et du conseil peuvent avoir lieu par le système de la
visio conférence.

Les décisions du conseil sont prises à la majorité. Le vote se fait par tête, c'est-à-dire que chaque
administrateur a une voix.

2) Pouvoirs du conseil

La loi a attribuée au conseil des pouvoirs propres qu’il est le seul à pouvoir exercer. Ces pouvoirs sont
de deux sortes : il a des pouvoirs spéciaux et un pouvoir général d’administration.

a) Les pouvoirs spéciaux

C’est le conseil qui nomme les organes exécutifs que sont le président, le directeur général et les
directeurs généraux délégués. De même c’est le conseil qui convoque les assemblées. Il arrête les
comptes annuels, il présente à l’assemblée le rapport de gestion et il propose l’affectation des
résultats.

b) Pouvoir général d’administration

Le conseil est d’abord investi du pouvoir de déterminer les orientations des activités de la société. Il
peut se saisir de toutes questions qui intéressent la bonne marche de la société afin de prendre les
décisions qui s’imposent. Le conseil procède au contrôle et vérifications qu’il juge nécessaire.

Tous ces pouvoirs doivent être exercés dans le cadre de la réalisation de l’objet social. Cependant
dans les rapports avec les tiers, la société est engagée par les décisions du conseil, même si elle ne
relève pas de l’objet social

3) Relations financières entre les administrateurs et la société

Les administrateurs, en règle générale, doivent se garder de toute interférence entre leurs affaires
personnelles et les affaire de la société. La loi a réglementé de manière minutieuse les conventions
qui peuvent être passées entre la société et ses dirigeants. Cette règlementation fait ressortir trois
sortes de conventions : les conventions interdites ; les conventions réglementées ; les conventions
libres.
a) Conventions interdites

Il est interdit à un administrateur d’emprunter, sous quelque forme que ce soit, de l’argent auprès de
la société, ou de ses filiales. Il lui est également interdit de faire cautionner ou faire avaliser par la
société ses engagements personnels envers les tiers. Ces interdictions ne concernent que les
dirigeants personnes physiques. Elles ne s’appliquent pas aux administrateurs personnes morales.

Toute contravention à cette interdiction est sanctionnée sur le plan civil par la nullité de la
convention. Sur le plan pénal, les dirigeants concernés peuvent être poursuivis pour le délit d’abus de
biens sociaux.

b) Les conventions réglementées

Toute convention passée entre la société et l’un de ses dirigeants, directement ou individuellement,
ou par personne interposée, doit être soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration.

La procédure d’autorisation comporte plusieurs étapes : le dirigeant concerné doit informer le


conseil dès qu’il a eu connaissance de la convention ; le conseil doit se prononcer par un vote auquel
l’administrateur concerné ne prend pas part ; le président du conseil communique au commissaire
aux comptes les conventions autorisées par le conseil ; le commissaire aux comptes rédige un
rapport spécial sur la convention ; la prochaine AGO est appelée à statuer sur l’approbation de la
convention, sur la base du rapport du commissaire aux comptes.

C) Les conventions libres

Ne sont pas soumises à autorisation les conventions qui sont passées entre la société et ses
dirigeants, lorsqu’elles portent sur des opérations courantes conclues à des conditions normales. Par
opérations courantes il faut entendre les opérations qui sont effectuées habituellement par la société
dans le cadre de ses activités. Par exemple la vente des produits fabriqués ou commercialisés par la
société. Par conditions normales il faut entendre les conditions qui sont appliquées par la société à
ses clients, notamment au niveau du prix et des conditions de crédit.

G) Responsabilité des administrateurs

Compte tenu des pouvoirs importants que la loi donne au conseil d’administration, les
administrateurs encourent une double responsabilité, civile et pénale

1) Responsabilité civile

A ce niveau, il faut distinguer la responsabilité simple et la responsabilité aggravée

a) Responsabilité simple

La responsabilité des administrateurs peut être engagée dans trois séries de cas. En premier lieu, en
cas d’infraction aux dispositions légales applicables aux SA ; deuxièmement, la violation des statuts,
tel que le dépassement des pouvoirs, ou le dépassement de l’objet social ; la faute de gestion. La
faute doit s’apprécier par rapport à un dirigeant actif, prudent et scrupuleux.

Le juge doit procéder à une analyse in abstracto en tenant compte des circonstances dans lesquelles
s’est trouvé l’administrateur poursuivi. La faute qui est généralement reproché aux administrateurs
découle souvent d’une imprudence, d’une négligence ou d’une abstention. Cette responsabilité peut
être engagée tant à l’égard de la société qu’à l’égard des tiers. Elle peut être individuelle ou solidaire.
Elle est individuelle lorsque la faute peut être imputée à un seul administrateur, sans que les autres
soient impliqués. Elle est solidaire lorsque les décisions contestées ont été prises collectivement. La
mise en cause de la responsabilité des administrateurs peut donner lieu à l’exercice de trois actions.
En premier lieu, une action sociale qui est exercée par la société, en réparation du préjudice qu’elle a
subi ; en second lieu, une action ut singuli. Il peut arriver que la société n’exerce pas l’action sociale.
La loi donne aux actionnaires, agissant individuellement ou en groupe, de poursuivre les
administrateurs à raison du préjudice subi par la société. Cette action peut être exercée par tout
actionnaire, fut-il détenteur d’une seule action. Cette actine présente l’inconvénient d’obliger les
actionnaires à payer de leurs poches les frais de justice et de procédure contre les administrateurs.
Lorsque les administrateurs sont condamnés, le montant de la condamnation tombe dans la caisse
sociale ; l’action individuelle : lorsque la gestion des administrateurs ne porte préjudice qu’à un seul
actionnaire, celui-ci a la possibilité d’exercer une action individuelle en responsabilité. Encore faut il
que le préjudice soit strictement personnel à un actionnaire. C’est le cas lorsqu’un actionnaire s’est
vu refuser la communication de documents à laquelle il a droit, ou s’est vu refuser l’accès à une
assemblée générale, ou lorsqu’il n’a pas perçu sa part dans les dividendes, ou lorsqu’il s’est fondé sur
un rapport ou sur des déclarations inexacts des administrateurs, en achetant des actions de la société
qui se sont révélées par la suite sans grande valeur.

b) Responsabilité aggravée

Cette responsabilité est prévue par le code de commerce lorsqu’une société est mise en règlement
ou en liquidation judiciaire. Trois sanctions sont prévues : lorsque le règlement de la liquidation
judiciaire fait apparaitre une insuffisance d’actif, le tribunal peut le cas d’une faute de gestion ayant
contribué à cette insuffisance d’actif, condamner les administrateurs à supporter cette insuffisance
en partie ou en totalité, avec ou sans solidarité entre les dirigeants. Cette action s’appelle l’action en
comblement du passif [la Samir doit 11 milliards de dirhams à un seul créancier. Si cette insuffisance
d’actif est dû à une faute de gestion, les créanciers peuvent agir contre les administrateurs et leur
demander de payer de leurs poches. Si la faute est légère, le tribunal condamne à combler seulement
une partie. C’est en fonction de l’implication des administrateurs que le tribunal va voir s’il doit y
avoir ou non solidarité] ; le règlement ou la liquidation judiciaire sont étendus aux dirigeants de la
société, notamment en cas d’abus de biens sociaux ou en cas de tenue d’une comptabilité
insuffisante ou irrégulière ; le tribunal peut prononcer à l’encontre des administrateurs la déchéance
commerciale qui leur interdit de diriger ou de gérer une société commerciale. La durée de cette
déchéance ne peut pas être inférieure à 5 ans.

2) Responsabilité pénale

La loi 17-95 a prévue tout un chapitre sur les infractions relatives à l’administration de la société.
Ainsi sont punis d’un emprisonnement de 1 à 6 mois et d’une amende de 100 000 à 1 million de
dirhams, les dirigeants coupables d’un abus de biens sociaux, coupables d’avoir publié ou pressente
des comptes inexacts ou qui ont procédé à la distribution de dividendes fictifs.
Paragraphe 2 : le président du conseil d’administration

I) Statut juridique

1) Nomination

Le président est nommé par le conseil. Il doit être obligatoirement une personne physique. En
général il est élu pour la durée de son mandant d’administrateur.

2) Révocation

Les fonctions du président prennent fin par l’expiration de la durée de son mandat, par le décès, la
démission et par la révocation. Le conseil peut à tout moment révoquer le prédisent sans avoir à
respecter de préavis, ni de motiver sa décision.

3) Rémunération

C’est le conseil qui fixe le montant de la rémunération du président. Cette rémunération s’ajoute aux
autres rémunérations que le président peut toucher en sa qualité d’administrateur.

B) Attributions

Le président représente le conseil d’administration. Il organise et dirige les travaux du conseil. Il fixe
l’ordre du jour des réunions et il doit s’assurer que les administrateurs disposent de l’information
nécessaire pour leur permettre de remplir leurs missions.

Paragraphe 3 : le directeur général

La loi prévoit que la direction générale de la société peut être exercée de deux manières. Soit par le
président, avec le titre de président directeur général ; soit par une autre personne nommée par le
conseil avec le titre de directeur général. En l’absence de dispositions particulières dans les statuts, le
président est de droit directeur général. Si les statuts prévoient la possibilité de dissocier les
fonctions de président et de celle de directeur général, c’est le conseil qui choisit entre ces deux
modalités.

Le directeur général est révocable à tout moment. Lorsque le directeur général n’est pas le président,
sa révocation peut donner lieu à des dommages et intérêts si elle intervient sans justes motifs. Dans
tous les cas, le directeur général assure deux fonctions essentielles. Premièrement la direction
générale de la société. Le directeur général est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toutes circonstances au nom de la société. Toutefois, ce pouvoir subi une double limitation. D’une
part le directeur général doit inscrire son action dans le cadre de l’objet social. D’autre part, il ne doit
pas empiéter sur les pouvoirs qui sont donnés par la loi aux assemblées. Sa deuxième attribution est
de représenter la société dans les rapports avec les tiers. Ainsi c’est lui qui signe les contrats passés
par la société, il signe les chèques, il représente la société en justice.

Dans les grandes sociétés, le directeur général peut se faire assister par un ou plusieurs directeurs
généraux délégués. Le directeur général délégué est nommé par le conseil, sur proposition du
directeur général. Il doit également être une personne physique. C’est le conseil qui détermine
l’étendu de ses pouvoirs. A l’égard des tiers, le directeur général délégué dispose des mêmes
pouvoirs que le directeur général.
Sous section 2 : la société à directoire et conseil de surveillance

La loi permet d’adopter pour la gouvernance de la société, une formule de gestion dualiste, avec
deux organes : le directoire et le conseil de surveillance

Paragraphe 1 : le directoire

A) Composition

Le directoire doit être composé de 2 membres au minimum, et de 5 au maximum. Dans les sociétés
cotées en bourse, le maximum peut être porté à 7.

B) Statut juridique des membres du directoire

1) Nomination

Les membres du directoire, ainsi que le président du directoire, sont nommés par le conseil de
surveillance. Ils doivent être obligatoirement des personnes physiques. Il n’est pas nécessaire qu’ils
soient actionnaires de la société. Dans la pratique ils sont tous des salariés de la société. La durée de
leur mandat doit être comprise entre 2 et 6 ans.

2) Révocation

La révocation des membres du directoire ne peut intervenir que sur une décision de l’assemblée
générale des actionnaires. Si la révocation est décidée sans justes motifs, elle peut donner lieu à des
dommages et intérêts. Le membre révoqué conserve le bénéfice de son contrat de travail.

C) Organisation et fonctionnement du directoire

La loi n’a rien prévu à cet égard. Ce sont les statuts qui déterminent les règles de tenue et de
délibérations du directoire.

D) Attributions du directoire

Le directoire est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la
société, avec les mêmes limitations que pour le directeur général. C’est le président du directoire qui
a le pouvoir de représenter la société à l’égard des tiers.

Paragraphe 2 : le conseil de surveillance

A) Statut juridique des membres du conseil de surveillance

Le conseil de surveillance est composé de 3 membres au moins, et de 12 au plus, 15 pour les sociétés
côtés en bourse.

Les membres du conseil de surveillance sont nommés au départ dans les statuts, et au cours de la vie
sociale par l’AGO. Ils doivent obligatoirement êtres actionnaires de la société. La durée de leurs
fonctions ne peut pas dépasser 6 ans.
Les conditions de leur cooptation, de leur révocation et de leur rémunération sont les mêmes que
pour les administrateurs. Les membres du conseil de surveillance ne peuvent pas être salariés de la
société.

B) Organes et fonctionnement

Le conseil de surveillance est organisé et fonctionne sur le modèle du conseil d’administration.

C) Attributions

1) Attributions générales

Le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la gestion de la société par le directeur.

Ce contrôle porte sur la régularité de la gestion, et en particulier sur la régularité des comptes. Pour
accomplir ses fonctions, le conseil de surveillance dispose de plusieurs prérogatives. En premier lieu il
dispose de moyens d’investigation qui lui permettent, à tout moment, d’opérer les vérifications et les
contrôles qu’il juge utile. En second lieu, il a un droit de communication qui lui permet,
premièrement de prendre connaissance de toutes les informations concernant la vie de la société, et
ensuite de recevoir une fois par trimestre, du directoire, un rapport sur la marche des affaires
sociales ; troisièmement, de recevoir dans les 3 mois qui suivent la clôture de l’exercice, les états de
synthèses et tous les documents qui seront soumis à l’AGE ; quatrièmement de recevoir le rapport du
commissaire aux comptes.

Sur la base des investigations qu’il a effectué et des informations qu’il a reçu, il doit présenter à l’AGO
des observations sur le rapport de gestion du directoire.

2) Attributions particulières

La loi soumet à l’autorisation du conseil de surveillance trois opérations : en premier lieu, la cession
d’immeubles par nature ; en deuxième lieu la cession totale ou partielle des participations de la
société dans d’autres sociétés ; en troisième lieu les cautions et les garanties que la société doit
donner au profit des tiers.

Section 3 : les organes de contrôle

Ce contrôle de gestion de la SA est exercé essentiellement par le commissaire aux comptes. Toutefois
pour certaines sociétés particulières, la loi prévoit l’intervention d’autres organes. C’est ainsi que les
sociétés qui font appel public à l’épargne, sont soumises au contrôle de l’autorité marocaine des
marchés des capitaux. De même, les entreprises publiques constituées sous forme de SA sont
soumises au contrôle de la Cour des comptes. C’est le cas, notamment, de l’OCP, de la RAM, du CIH.

Sous section 1 : statut juridique du commissaire aux comptes

Paragraphe 1 : nomination

Le CAC est un organe légal de la SA. En conséquence, toute SA doit être obligatoirement dotée d’un
commissaire aux comptes au moins. Les sociétés faisant appel public à l’épargne, ainsi que les
sociétés de banques et d’assurance doivent avoir au moins 2 CAC. Les fonctions du CAC ne peuvent
être exercées que par les experts comptables inscrits à l’ordre des experts comptables. Le premier
commissaire est désigné dans les statuts pour une durée d’un an. Au cours de la vie sociale, le CAC
est nommé par l’AGO pour une période de 3 ans.

Paragraphe 2 : les incompatibilités

Le souci du législateur est d’assurer au CAC une totale indépendance par rapport à l’organe de
gestion qu’il doit contrôler. C’est pourquoi la loi a instituée un régime d’incompatibilité qui interdit à
certaines personnes, d’être CAC. Il s’agit premièrement des dirigeants de la société et de ses filiales,
qu’ils soient administrateurs, directeur général, directeur général délégué, membre du directoire ou
membre du conseil de surveillance. Deuxièmement les conjoints, les ascendants et les descendants
jusqu’au deuxième degré des dirigeants ; troisièmement les personnes qui reçoivent de la société ou
de ses filiales une rémunération autre que celle du CAC. La fonction de commissaire aux comptes est
exclusive de toute autre mission rémunérée auprès de la même société. Quatrièmement les associés
d’une société d’experts comptables : lorsque l’un des associés se trouve dans l’une des 3 catégories
précédentes. SI l’un de ces incompatibilités survient au cours du mandat du CAC, celui-ci doit cesser
immédiatement d’exercer ses fonctions, et en informer la société au plus tard dans les 15 jours après
la survenance de l’incompatibilité. Les délibérations prises sur le rapport d’un CAC nommé ou
demeuré en fonctions, alors qu’il est sous le coup d’une incompatibilité, sont nulles. En outre, le CAC
qui enfreint une incompatibilité commet une infraction pénale qui est punie d’un emprisonnement
d’1 à 6 mois et d’une amende de 8000 à 40 000 dirhams.

Paragraphe 3 : cessation des fonctions du CAC

1) L’expiration de la durée de la mission

La mission du CAC peut être renouvelée indéfiniment. Lorsque le conseil propose à l’assemblée de ne
pas renouveler la mission du commissaire, celui-ci peut demander à être entendu par l’assemblée
pour s’expliquer sur les motifs qui ont amené les dirigeants à ne pas proposer son renouvellement.

2) La démission

Le CAC peut démissionner de ses fonctions à tout moment. Il doit cependant établir dans un
document écrit les raisons de sa démission.

3) La récusation

La loi permet à un ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital, de demander au


président du tribunal la récusation du CAC et son remplacement par un autre CAC. Les demandeurs
doivent justifier de motifs légitimes qui les amènent à suspecter la compétence, l’honorabilité ou
l’impartialité du CAC désigné par l’assemblée. Cette demande doit être présentée dans le délai de 30
jours qui suit la nomination du CAC.

4) La révocation

Le commissaire aux comptes ne peut être révoqué que par le tribunal. Cette règle se justifie par le
souci du législateur de ne pas laisser le CAC à la merci des actionnaires. La révocation peut être
demandée par le conseil d’administration, par le conseil de surveillance, par l’assemblée ou par un
ou plusieurs actionnaires représentant au moins 5% du capital. Cette demande doit être motivée soit
par la défaillance du commissaire aux comptes, soit par une incapacité qui l’empêche d’exercer ses
fonctions.

Sous section 2 Le rôle du commissaire aux comptes

Le CAC a pour mission essentielle d’exercer un contrôle permanent sur la situation comptable et
financière de la société. Le CAC a également une mission d’information à la fois en direction des
dirigeants et en direction des actionnaires. Ces deux missions relèvent du rôle traditionnel du CAC.

A côté de ses missions classiques, le code de commerce a confié au CAC une mission d’alerte lorsque
la situation de la société devient alarmante.

Paragraphe 1 : le rôle traditionnel du CAC

A) Le contrôle du compte

1) Etendu de la mission

Le CAC est le réviseur légal des comptes de la société. Il est investi d’un pouvoir de vérification qui
porte en premier lieu sur les livres et les documents sociaux. En second lieu, la conformité de la
comptabilité aux règles en vigueur. En troisième lieu, la sincérité et la concordance avec les états de
synthèse, des informations données dans le rapport de gestion sur le patrimoine de la société, sur sa
situation financière et sur ses résultats [les dirigeants rendent compte de leur mandat, où ils vont
détailler ce qu’ils ont fait en une année. Les dirigeants, pour embellir la situation de la société,
peuvent annoncer des choses inexactes dans leur rapport. Le commissaire aux comptes va vérifier la
concordance les comptes par rapport au rapport de gestion sur les trois points.]. Dans l’exercice de
ce pouvoir de contrôle, le CAC n’a pas à refaire la comptabilité. Il procède uniquement par sondage.
A cet effet, le CAC peut se faire communiquer tous les documents qu’il estime utile à l’exercice de sa
mission. Cette communication se fait au siège de la société. Le CAC peut se faire assister par des
experts dans des domaines techniques qui échappent à sa compétence. Lorsque la société contrôlée
fait partie d’un groupe de société, la mission du CAC peut être étendue aux sociétés mères et aux
filiales [wafakaj est une société du groupe tijari wafabank. La loi donne au CAC la possibilité
d’étendre sa compétence soit vers la société mère, soit vers une filiale

2) Caractères de la mission

D’abord c’est une mission générale, c'est-à-dire que le CAC peut effectuer tous les contrôles et toutes
les vérifications qu’il juge nécessaire [la société ne peut pas refuser de communiquer un élément].
Ensuite, c’est une mission permanente, c'est-à-dire qu’elle n’est pas limitée dans le temps. Elle peut
être effectuée à toute période de l’année. Enfin, cette mission ne doit comporter aucune immixtion
dans la gestion, c'est-à-dire qu’elle ne doit pas juger l’opportunité des opérations accomplies par les
dirigeants. Il doit seulement vérifier leur régularité [comme un juge administratif].

B) La mission d’information

Pour pouvoir informer, le CAC doit lui-même être informé. A cet égard, la loi lui reconnaît un droit
d’information très étendu. Il doit être convoqué à toutes les assemblées générales. Il doit également
être convoqué à la réunion du conseil d’administration ou du directoire qui arrête les comptes
annuels [parce que c’est là où les chiffres définitifs sont arrêtés. Enfin, le CAC doit recevoir les états
de synthèse et le rapport de gestion, 60 jours au moins avant la convocation de l’AGO annuel.

1) à l’égard des dirigeants

Il doit porter à leur connaissance les contrôles et vérifications qu’il a effectué, les modifications qui
doivent être apportées aux comptes, les inexactitudes et les irrégularités qu’il a relevé, ainsi que les
faits délictueux dont il a eu connaissance, à l’occasion de l’exercice de sa mission.

2) A l’égard des actionnaires

Le CAC doit présenter à l’AGO annuel un rapport général dans lequel il rend compte de l’exécution de
sa mission et prend position sur la certification des comptes. Le CAC peut adopter trois attitudes : soit
il certifie que les états de synthèse sont réguliers et sincères, et qu’ils donnent une image fidèle du
résultat de l’exercice écoulé, ainsi que de la situation financière et du patrimoine de la société ; soit il
certifie les comptes avec des réserves. C’est le cas lorsque le CAC relève des irrégularités sans grande
gravité ; soit il refuse de certifier les comptes lorsqu’il décèle de graves anomalies.

Au-delà des missions de contrôle et d’information, la loi a conféré au CAC des pouvoirs qui lui
permettent d’intervenir dans le fonctionnement de la société. C’est ainsi que le CAC peut convoquer
le conseil d’administration en cas d’urgence ou en cas de défaillance du président. Il peut également
convoquer l’AGO en cas de défaillance du conseil d’administration.

Paragraphe 2 : le devoir d’alerte

Le code de commerce oblige le CAC à informer les dirigeants des faits de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation. Autrement dit, chaque fois que l’exploitation de la société est menacée
et qu’elle risque de s’arrêter, le CAC doit en informer les dirigeants. Cette information doit intervenir
dans un délai de 8 jours, à compter de la découverte de ces faits. L’alerte doit être déclenchée par
lettre recommandée avec accusé de réception, adressée aux dirigeants. Cette lettre doit inviter à
redresser la situation.

Chapitre 3 : les titres émis par la SA

La SA peut émettre trois catégories de titres : les actions, les obligations et les certificats
d’investissement. Ces titres font partie de ce qu’on appel les valeurs mobilières. Elles peuvent être
cotées sur un marché réglementé. Au Maroc il n’y a qu’un seul marché réglementé, c’est la bourse de
Casablanca (seuls 75 sociétés sont côtés à la bourse de Casablanca).

Section 1 : les actions

L’action est un titre de capital qui représente une fraction du capital d’une SA. Autrement dit, le
capital d’une SA est divisé en actions.

Paragraphe 1 : caractères des actions

Premièrement l’action a une valeur nominale qui ne doit pas être inférieur à 50 dirhams. Toutefois
pour les sociétés cotées en bourse, la valeur nominale peut être abaissée jusqu’à 10 dirhams [la
valeur nominale est la valeur de départ. Maroc télécom, aujourd’hui, pour un nominal de 10 dirhams,
l’action vaut 120 dirhams. Sa valeur nominale étant de 10 dirhams, si on veut l’acheter aujourd’hui
en bourse elle vaudra 120 dirhams = valeur réelle] ; deuxièmement la responsabilité de l’actionnaire
est limitée au montant de son apport ; troisièmement, les actions sont négociables, c'est-à-dire
qu’elles peuvent être cédées librement par les procédés du droit commercial, à savoir le transfert et
la tradition. Toutefois, la loi permet d’incérer dans les statuts d’une SA une clause d’agrément au
terme de laquelle toute cession à un tiers étranger de la société doit obtenir l’accord de la société. En
cas de refus d’agrément, la société est obligée d’acheter elle-même, ou de faire racheter par une
autre personne, les actions mises en vente. Cette clause d’agrément ne peut en aucun cas figurer
dans les statuts d’une société cotée, à peine de nullité. En tout état de cause, un actionnaire ne peut
jamais rester prisonnier de ses actions.

Paragraphe 2 : classification des actions

Il existe différents types d’actions qui peuvent être regroupés en plusieurs catégories.

A) Classification fondée sur la forme des actions

On distingue les actions nominatives et les actions au porteur : les actions nominatives appartiennent
aux personnes qui sont inscrites sur les registres de la société. La propriété de ces actions résulte de
l’inscription sur ces registres, de sorte que la société connaît le nom de tous ses actionnaires ; les
actions au porteur sont des titres anonymes dont on ne connaît pas le titulaire. Est propriétaire de
l’action celui qui détient le titre en sa possession.

La forme des actions détermine le mode de leur transmission : pour les actions nominatives, on
utilise la technique du transfert. Le cédant signe au profit du cessionnaire un acte de transfert qui
doit être inscrit sur les registres de la société. Ce n’est qu’à partir de cette inscription que le
cessionnaire devient propriétaire des actionnaires cédées ; pour les actions au porteur, on utilise la
technique de la tradition, c'est-à-dire la remise du titre de la main à la main. Le transfert de propriété
se fait instantanément, sans aucune autre formalité.

B) Classification fondée sur la nature des actions

On distingue les actions de numéraire et les actions d’apport : les actions de numéraire sont remises
aux actionnaires qui ont fait un apport en argent. Cet apport peut être libéré uniquement du quart
de son montant, le reste doit être libéré dans un délai maximum de trois ans ; les actions d’apport
sont attribuées en contre partie d’un apport en nature. Ces actions doivent être entièrement libérées
au départ, puisque la propriété des apports en nature est transférée immédiatement à la société.

C) Classification fondée sur l’étendu des droits attribués aux actions

Le principe est que les actions confèrent les mêmes droits à leurs titulaires. Cependant la loi permet
aux statuts d’accorder des avantages particuliers à certaines catégories d’actions. Il s’agit des actions
de préférence, des actions à vote double et des actions à dividende prioritaire sans droit de vote

1) Les actions de préférence

On les appelle également des actions de priorité ou des actions privilégiés. Ces actions peuvent
conférer à leurs titulaires, soit un supplément de bénéfices qu’on appelle le dividende majoré, soit un
droit de priorité sur le paiement des bénéfices ou sur le remboursement des apports [lorsque la
société se trouve en difficultés, elle a besoin d’argents. Pour attirer de nouveaux actionnaires, elle va
les favoriser : ils vont aider à remonter la pente]

2) Les actions à vote double

La loi a institué comme principe de base la règle de la proportionnalité des voix au nombre d’actions.
Une action = une voix, et un actionnaire a autant de voix qu’il possède d’actions. Toutefois, la loi
permet d’attribuer un droit de vote double aux actionnaires qui remplissent deux conditions : en
premier lieu il doit s’agir d’actions nominatives entièrement libérées ; en second lieu, détenir ces
actions pendant au moins deux ans. Cette exception au droit commun permet d’attacher les
actionnaires à la société et les récompenser par une sorte de prime de fidélité. Lorsque les actions à
vote double sont cédées, elles perdent le vote double.

3) Les actions à dividende prioritaire sans droit de vote

Il s’agit d’encourager les épargnants, qui ne sont pas intéressés par la gestion de la société mais qui
recherchent une meilleure rentabilité de leurs investissements. Moyennant le paiement d’un
dividende prioritaire, ces actions sont dépourvues du droit de vote. Le dividende prioritaire ne doit
pas être inférieur à 7,5 % du montant libéré des actions [7,5% de mon apport]. Si le résultat d’un
exercice ne permet pas la distribution du dividende prioritaire, ce dividende est reporté sur les
exercices suivants. A défaut de paiement de l’intégralité du dividende prioritaire sur trois exercices,
le titulaire acquiert le droit de vote.

Paragraphe 3 : droits et obligations des actions

A) Les droits

Un actionnaire a des droits patrimoniaux (droits pécuniaires) et des droits extrapatrimoniaux (droits
politiques)

1) Les droits patrimoniaux

Premièrement, le droit aux dividendes : l’actionnaire a le droit de percevoir à la fin de chaque


exercice, une part proportionnelle dans les bénéfices distribués par la société ; deuxièmement, le
droit au remboursement du montant de l’apport : ce remboursement ne peut intervenir qu’à la
dissolution de la société ; troisièmement, le droit préférentiel de souscription : c’est le droit qui
appartient aux actionnaires de souscrire, par préférence aux tiers, les actions nouvelles émises par la
société à l’occasion d’une augmentation du capital.

2) les droits extrapatrimoniaux

En premier lieu le droit de vote : tout actionnaire a le droit d’assister et de voter dans les assemblées
d’actionnaires. C’est par ce droit de vote que l’actionnaire peut intervenir dans le fonctionnement de
la société ; deuxièmement, le droit d’information : l’actionnaire a le droit d’obtenir communication
de certains documents sociaux, qui vont lui permettre d’exercer son droit de vote en toute
connaissance de cause.
B) Les obligations

L’obligation principale de l’actionnaire est d’effectuer un apport et de le libérer. Par ailleurs, les
actionnaires doivent respecter les décisions prises régulièrement par les assemblées.

Section 2 : les obligations

L’obligation est un titre négociable émis par une SA et qui représente une fraction de la dette de la
société. C’est un titre de créance, alors que l’action est un titre de capital. L’obligataire est un bailleur
de fond, c'est-à-dire un prêteur, qui reçoit en contrepartie un titre de créance de somme d’argent.

L’émission d’obligations est un mode de financement des entreprises, généralement sur le long
terme. Elle permet à une société de mobiliser des sommes parfois importantes pour réaliser des
investissements, sans avoir à augmenter son capital. Elle présente pour les souscripteurs l’avantage
d’avoir un revenu garanti qui peut être assez élevé par rapport au revenu aléatoire et fluctuent des
actions.

Paragraphe 1 : émission des obligations

A) Les conditions de l’émission

Une SA ne peut émettre d’obligations que si deux conditions sont réunie : avoir deux années
d’existence et avoir clôturé deux exercices successives dont les états de synthèses ont été approuvés
par les actionnaires ; avoir un capital intégralement libéré. On ne peut pas recourir à l’emprunt
obligataire que si les actionnaires ont libéré la totalité de leurs apports.

B) La réalisation de l’émission

Pour les sociétés fermées, qui ne font pas APE, il n’y a aucune formalité à respecter pour émettre un
emprunt obligataire. Pour les sociétés faisant APE, la société est tenue d’établir une note
d’information qui doit être visée par l’autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC, ex CDVM).
Ce visa est indispensable pour pouvoir émettre des obligations dans le public. L’AMMC doit s’assurer
que la situation financière de la société lui permet de recourir à l’emprunt obligataire.

Paragraphe 2 : le statut juridique des obligataires

Les obligataires n’ont pas les mêmes droits que les actionnaires. Ce ne sont pas des associés. Ils sont
simplement des créanciers de la société. Plusieurs conséquences en découlent : l’obligataire perçoit
un intérêt qui est généralement fixe, que la société réalise ou non des bénéfices. Cet intérêt doit être
payé avant toute distribution de dividende aux actionnaires ; lors de la dissolution de la société, les
obligataires passent avant les actionnaires pour le remboursement de leurs obligations ; l’obligataire
ne peut pas, en principe, s’immiscer dans le fonctionnement de la société, et en particulier il ne peut
pas assister aux assemblées d’actionnaires.

En définitif, l’obligataire a deux droits essentiels : la perception des intérêts annuels ; le


remboursement à l’échéance du montant des obligations. La valeur nominale d’une obligation est de
100 dirhams. Ce remboursement peut être garanti par l’Etat ou par des sûretés réelles [une société
publique peut lancer un emprunt obligataire. Pour faciliter l’émission, l’Etat a garanti l’obligation. La
société, pour faciliter la souscription, peut donner des hypothèques sur les biens de la société].
Paragraphe 3 : classification des obligations

Lorsque l’emprunt obligataire s’inscrit sur le long terme il présente l’inconvénient, pour l’obligataire,
de subir les effets de la dépréciassions monétaire [une société émet un emprunt obligataire sur 15
ans, à 10 000 dirhams. Ca va lui rapporter aujourd’hui 4%. Seulement, la société va rendre les 10 000
dirhams dans 15 ans. Au bout de 15 ans, la valeur de l’argent ne sera pas la même. L’argent perd sa
valeur avec le temps, surtout en période d’inflation]. Pour pouvoir attirer les souscripteurs, les
sociétés émettrices ont mis au point des techniques qui permettent de corriger les effets de
l’inflation : les obligations à primes, qui comportent un taux de remboursement supérieur au taux
d’émission. La différence s’appel prime de remboursement [une société décide d’émettre des
obligations de 100 dirhams sur 10 ans. Elle décide d’offrir aux souscripteurs de ne payer que 90
dirhams, avec un remboursement de 100 dirhams] ; les obligations indexées, qui font varier le taux
directement en fonction d’un indice ou d’une échelle mobile. L’indexation peut être interne ou
externe. Elle est interne lorsqu’elle est en rapport directe avec l’activité de l’entreprise émettrice.
Ainsi, l’énergie électrique du Maroc avait émis, au début des années 1950, des obligations indexées
sur le prix du KWh. L’indexation est externe quand elle n’admet pas de corrélation avec l’activité de
l’entreprise. C’est ainsi qu’une société émettrice peut indexer ses obligations sur le coût de la vie ou
sur le SMIG ; les obligations convertibles en actions. Ce type d’obligations permet aux obligataires de
convertir leurs obligations en actions, et de passer du statut de créancier au statut d’actionnaire.
Cette émission doit être autorisée par l’AGE. Il peut être crée deux types d’obligations convertibles :
les obligations convertibles à un moment donné. Elles donnent aux souscripteurs la possibilité,
pendant un délai déterminé, d’exercer une option entre la conservation de ses obligations ou leur
conversion en actions ; les obligations convertibles à tout moment. Elles confèrent le droit de
demander, pendant toute la durée de l’émission la transformation des obligations en actions.

Paragraphe 4 : groupement des obligataires

L’obligataire est un créancier, mais ce n’est pas un créancier ordinaire. La loi lui reconnait un statut
spécial au sein de la société, bien qu’il ne soit pas actionnaire. Ce statut lui confère des droits plus
importants que ceux d’un simple créancier. Les obligataires sont groupés de plein droit en une masse
dotée de la personnalité morale, et ce pour la défense de leurs intérêts. L’assemblée des obligataires
désigne un ou plusieurs mandataires qui disposent d’un certain nombre de droits, et en particulier
l’accès aux assemblées générales, mais sans droit de vote. Ils peuvent également recevoir tous les
documents, dans les mêmes conditions que les actionnaires. Toute décision qui met en cause les
droits des obligataires doit être approuvée par l’assemblée des obligataires. A défaut d’approbation,
si la société passe outre, elle doit offrir aux obligataires qui le souhaitent, le remboursement de leurs
titres dans les trois mois qui suivent la modification [une fusion est réalisée entre deux entreprises.
Une personne qui a souscrit des obligations de la société absorbée peut estimer que cette fusion
diminue ses garanties. Cette fusion va être soumise à l’approbation des obligataires. Soit la société
décide de ne pas fusionner, soit elle passe outre. Alors, elle est obligée de rembourser leurs titres]

Section 3 : les certificats d’investissement

Cette catégorie de valeurs mobilières permet de fractionner en deux les droits attachés aux actions,
et de les représenter par deux titres différents. D’une part, les droits pécuniaires, qui sont
représentés par le certificat d’investissement, et d’autre part les autres droits, en particulier le droit
de vote, qui sont représentés par le certificat de droit de vote. Cette technique permet à un
actionnaire majoritaire de renforcer les fonds propres de sa société sans en perdre le contrôle [un
actionnaire qui a la majorité (50%). Cette société a besoin d’argent. Si on augmente le capital, de
nouveaux investisseurs vont entrer. Alors l’actionnaire majoritaire n’aura plus la majorité du capital.
Il fait augmenter le capital en émettant des certificats d’investissements. Ainsi, il fait rentrer de
nouveaux actionnaires qui n’ont pas le droit de vote. Il garde donc la majorité au sein des
assemblées]. Les certificats d’investissement ne doivent pas représenter plus du quart du capital
social. Leur valeur nominale doit être égale à celle des actions. Ils donnent le droit aux dividendes et
au remboursement des apports au moment de la dissolution. Ils ne donnent pas le droit d’assister
aux assemblés généraux et d’exercent le droit de vote.

Chapitre 4 : les modifications du capital social

Le capital d’une société est amené à connaître des modifications au cours de la vie sociale, dans le
sens de l’augmentation ou de la réduction. Dans les deux cas, s’agissant d’une modification des
statuts, il faut une décision de l’AGE.

Paragraphe 1 : augmentation du capital

L’augmentation du capital peut se faire en utilisant l’une des quatre techniques suivantes : nouveaux
apports en numéraire ou en nature ; incorporation des réserves au capital ; compensation des
créances sur la société ; conversion d’obligations en actions

A) Emission de nouvelles actions contre de nouveaux apports

C’est le procédé classique d’augmentation du capital. Cette technique ne peut être utilisée que si le
capital initial est intégralement libéré. La réalisation de cette augmentation du capital se fait dans les
mêmes conditions que pour la constitution de la société, à savoir, la signature d’un bulletin de
souscription, la déclaration de souscription et de versement, le dépôt de fonds dans un compte
bloqué, et les formalités de dépôt et de publicité. L’émission de nouvelles actions ne se fait pas de la
même manière, selon que la situation de la société est difficile, ou au contraire prospère. Dans le
premier cas, la société a accumulé des pertes et il convient d’assainir la situation avant de procéder à
l’augmentation du capital. Si la société a des réserves, elle peut épargner les dettes par
compensation avec les réserves. Si la société n’a pas de réserves, ou si les réserves sont insuffisantes,
la société doit procéder à une double opération qu’on appel dans la pratique « le coup
d’accordéon ». Il convient de procéder simultanément à une réduction du capital pour éponger les
dettes, et ensuite de procéder à une augmentation du capital. Lorsque la situation de la société est
confortable, en particulier lorsque la société a constitué des réserves importantes, il faut, au moment
de l’émission des actions, tenir compte de la valeur réelle des actions existantes. S’il est supérieur à
la valeur nominal, et ce pour ne pas favoriser les souscriptions des nouveaux actionnaires au
détriment des anciens actionnaires, les actions nouvelles seront émises à la valeur réelle. Pour tenir
compte des intérêts légitimes des anciens actionnaires, deux techniques peuvent être utilisés : le
droit préférentiel de souscription ; la prime d’émission.

1) Le droit préférentiel de souscription

C’est le doit que confère la loi à un actionnaire de souscrire, par préférence aux tiers, les actions
nouvelles émises par la société à l’occasion d’une augmentation du capital. Ce droit peut s’exercer à
double titre : soit à titre irréductible, c’est à dire que chaque actionnaires a le droit de souscrire les
nouvelles actions proportionnellement au nombre d’actions qu’il détient ; soit à titre réductible,
c'est-à-dire que lorsque certains actionnaires n’ont pas exercé leurs droits préférentiels, les actions
nouvelles restantes seront attribuées aux actionnaires qui le désirent et qui ont déjà épuisé leurs
droits irréductibles.

2) la prime d’émission

Cette prime d’émission constitue une sorte de droit d’entrée dans la société. C’est la contre partie
que doivent payer les nouveaux souscripteurs, en contre partie des réserves constituées par les
anciens actionnaires [Google : Lorsqu’une SA ou une SARL entreprend une augmentation de capital,
elle est susceptible de faire entrer de nouveaux investisseurs, qui vont apporter en numéraire ou en
nature, une somme correspondant au montant nominal des actions ou des parts sociales souscrites.
Néanmoins, le versement de ce prix est parfois insuffisant. En effet, les actionnaires ou associés les
plus anciens disposent de droits sur les réserves et sur l’actif qu'à développé la société depuis sa
création. Il faut donc égaliser les droits entre les actionnaires ou associés les plus anciens, et les
nouveaux investisseurs. C’est dans ce cas qu’intervient la prime d’émission]. Pour rétablir l’équilibre
entre les anciens et les nouveaux actionnaires, les actions nouvelles seront émises avec une prime
d’émission, et qui vient s’ajouter à la valeur nominale. Soit une société avec un capital de 1 000 000
DH, divisé en 10 000 actions d’une valeur nominale de 100 DH. Cette société a des réserves de
500 000 DH. Si on ajoute les réserves au capital, la valeur réelle de l’action est de 150 DH. Pour
maintenir la valeur réelle de l’action, la société va émettre les nouvelles actions avec un nominal de
100 DH et une prime d’émission de 50 DH [les nouveaux actionnaires vont payer 150].

B) L’incorporation des réserves au capital

Lorsqu’une société a des réserves, elle peut augmenter son capital en incorporant les réserves au
capital. C’est un simple jeu d’écriture comptable par lequel le montant des réserves est visé au poste
capital social. Cette augmentation peut se faire soit par la création de nouvelles actions qui seront
remises gratuitement aux actionnaires, soit par l’augmentation de la valeur nominale des actions.
Soit une société au capital de 1 000 000 DH, divisé en 10 000 actions de 100 DH, avec 500 000 DH de
réserve. Cette société décide d’incorporer les réserves au capital. Elle a le choix entre deux solutions :
soit elle émet 5 000 actions nouvelles de 100 DH qu’elle distribuera gratuitement aux actionnaires, à
raison d’une action nouvelle pour deux actions anciennes ; soit elle décide d’augmenter la valeur
nominale des actions qui va passer de 100 à 150 DH.

C) La compensation avec des créances sur la société

Le capital peut être augmenté par la transformation des dettes sociales en actions. Encore faut-il,
pour opérer cette opération, que les créances sur la société soient certaines, liquides et exigibles.
Cette opération ne peut se réaliser qu’avec l’accord des créanciers. Ainsi, les créanciers vont passer
de la situation de créanciers à la situation d’actionnaires.

D) La conversion d’obligations en actions

Lorsque la société émet des obligations convertibles en actions, et lorsque les obligataires optent
pour la conversion, le capital se trouve automatiquement augmenté du montant des actions
convertis.
Paragraphe 2 : réduction du capital

Dans la pratique, la réduction du capital intervient dans deux cas. Il peut s’agir premièrement d’une
réduction d’allégement, lorsqu’on considère que le capital est disproportionné par rapport aux
besoins financiers de la société. Dans ce cas, soit on dispense les actionnaires de libérer le surplus si
le capital n’est pas entièrement libéré, soit on rembourse aux actionnaires une partie de leurs
apports. Il peut s’agir encore d’une réduction d’assainissement, lorsque la société a réalisé des pertes
et que le capital se trouve partiellement ou totalement absorbé par les dettes.

Cette réduction peut se faire de deux manières : on peut réduire le nombre d’actions en maintenant
leur valeur nominale, comme on peut maintenir le nombre d’actions en réduisant leur valeur
nominale. Soit une société au capital de 1 000 000 DH divisé en 10 000 actions, de 100 DH chacune.
Cette société a accumulé des pertes d’un montant de 500 000 DH. Pour assainir la situation, elle
décide d’éponger les pertes par une réduction de son capital de 500 000 DH. Elle a le choix, soit de
maintenir la valeur nominale des actions à 100 DH et de réduire le nombre d’actions de 10 000 à
5 000, de sorte que chaque actionnaire va perdre la moitié des actions qu’il détient et qui seront
annulés ; soit elle décide de maintenir les 10 000 actions en réduisant la valeur nominale de 100 à 50
DH.

Chapitre 5 : dissolution de la SA

La Sa est soumise à des causes de dissolution qui lui sont particulières. Ces causes sont au nombre de
quatre : lorsque les états de synthèse font apparaître que la situation net de la société est devenue
inférieure au capital social, il convient de réunir une AGE pour décider, soit la dissolution de la
société, soit la continuation. Si l’assemblée décide la continuation de la société, il faut qu’au plus tard
à la clôture du deuxième exercice qui suit celui au cours duquel les pertes ont été constatés, soit de
reconstituer le capital, soit de le réduire au montant existant. Ainsi, la société dispose de
pratiquement trois ans pour régulariser sa situation ; lorsque le nombre des actionnaires est réduit à
moins de 5 au delà d’une année, tout intéressé peut demander la dissolution de la société. Toute
fois, le tribunal saisie de la demande de dissolution peut donner à la société un délai maximum de 6
mois pour régulariser sa situation ; lorsque le capital social est devenu inférieur au minimum légal,
tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société. La société peut régulariser sa
situation tant que le tribunal n’a pas statué sur le fond.

Section 2 : les obligations

L’obligation est un titre négociable émis par une SA et qui représente une fraction de la dette de la
société. C’est un titre de créance, alors que l’action est un titre de capital. L’obligataire est un bailleur
de fond, c'est-à-dire un prêteur, qui reçoit en contrepartie un titre de créance de somme d’argent.

L’émission d’obligations est un mode de financement des entreprises, généralement sur le long
terme. Elle permet à une société de mobiliser des sommes parfois importantes pour réaliser des
investissements, sans avoir à augmenter son capital. Elle présente pour les souscripteurs l’avantage
d’avoir un revenu garanti qui peut être assez élevé par rapport au revenu aléatoire et fluctuent des
actions.

Paragraphe 1 : émission des obligations


A) Les conditions de l’émission

Une SA ne peut émettre d’obligations que si deux conditions sont réunie : avoir deux années
d’existence et avoir clôturé deux exercices successives dont les états de synthèses ont été approuvés
par les actionnaires ; avoir un capital intégralement libéré. On ne peut pas recourir à l’emprunt
obligataire que si les actionnaires ont libéré la totalité de leurs apports.

B) La réalisation de l’émission

Pour les sociétés fermées, qui ne font pas APE, il n’y a aucune formalité à respecter pour émettre un
emprunt obligataire. Pour les sociétés faisant APE, la société est tenue d’établir une note
d’information qui doit être visée par l’autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC, ex CDVM).
Ce visa est indispensable pour pouvoir émettre des obligations dans le public. L’AMMC doit s’assurer
que la situation financière de la société lui permet de recourir à l’emprunt obligataire.

Paragraphe 2 : le statut juridique des obligataires

Les obligataires n’ont pas les mêmes droits que les actionnaires. Ce ne sont pas des associés. Ils sont
simplement des créanciers de la société. Plusieurs conséquences en découlent : l’obligataire perçoit
un intérêt qui est généralement fixe, que la société réalise ou non des bénéfices. Cet intérêt doit être
payé avant toute distribution de dividende aux actionnaires ; lors de la dissolution de la société, les
obligataires passent avant les actionnaires pour le remboursement de leurs obligations ; l’obligataire
ne peut pas, en principe, s’immiscer dans le fonctionnement de la société, et en particulier il ne peut
pas assister aux assemblées d’actionnaires.

En définitif, l’obligataire a deux droits essentiels : la perception des intérêts annuels ; le


remboursement à l’échéance du montant des obligations. La valeur nominale d’une obligation est de
100 dirhams. Ce remboursement peut être garanti par l’Etat ou par des sûretés réelles [une société
publique peut lancer un emprunt obligataire. Pour faciliter l’émission, l’Etat a garanti l’obligation. La
société, pour faciliter la souscription, peut donner des hypothèques sur les biens de la société].
Paragraphe 3 : classification des obligations

Lorsque l’emprunt obligataire s’inscrit sur le long terme il présente l’inconvénient, pour l’obligataire,
de subir les effets de la dépréciassions monétaire [une société émet un emprunt obligataire sur 15
ans, à 10 000 dirhams. Ca va lui rapporter aujourd’hui 4%. Seulement, la société va rendre les 10 000
dirhams dans 15 ans. Au bout de 15 ans, la valeur de l’argent ne sera pas la même. L’argent perd sa
valeur avec le temps, surtout en période d’inflation]. Pour pouvoir attirer les souscripteurs, les
sociétés émettrices ont mis au point des techniques qui permettent de corriger les effets de
l’inflation : les obligations à primes, qui comportent un taux de remboursement supérieur au taux
d’émission. La différence s’appel prime de remboursement [une société décide d’émettre des
obligations de 100 dirhams sur 10 ans. Elle décide d’offrir aux souscripteurs de ne payer que 90
dirhams, avec un remboursement de 100 dirhams] ; les obligations indexées, qui font varier le taux
directement en fonction d’un indice ou d’une échelle mobile. L’indexation peut être interne ou
externe. Elle est interne lorsqu’elle est en rapport directe avec l’activité de l’entreprise émettrice.
Ainsi, l’énergie électrique du Maroc avait émis, au début des années 1950, des obligations indexées
sur le prix du KWh. L’indexation est externe quand elle n’admet pas de corrélation avec l’activité de
l’entreprise. C’est ainsi qu’une société émettrice peut indexer ses obligations sur le coût de la vie ou
sur le SMIG ; les obligations convertibles en actions. Ce type d’obligations permet aux obligataires de
convertir leurs obligations en actions, et de passer du statut de créancier au statut d’actionnaire.
Cette émission doit être autorisée par l’AGE. Il peut être crée deux types d’obligations convertibles :
les obligations convertibles à un moment donné. Elles donnent aux souscripteurs la possibilité,
pendant un délai déterminé, d’exercer une option entre la conservation de ses obligations ou leur
conversion en actions ; les obligations convertibles à tout moment. Elles confèrent le droit de
demander, pendant toute la durée de l’émission la transformation des obligations en actions.

Paragraphe 4 : groupement des obligataires

L’obligataire est un créancier, mais ce n’est pas un créancier ordinaire. La loi lui reconnait un statut
spécial au sein de la société, bien qu’il ne soit pas actionnaire. Ce statut lui confère des droits plus
importants que ceux d’un simple créancier. Les obligataires sont groupés de plein droit en une masse
dotée de la personnalité morale, et ce pour la défense de leurs intérêts. L’assemblée des obligataires
désigne un ou plusieurs mandataires qui disposent d’un certain nombre de droits, et en particulier
l’accès aux assemblées générales, mais sans droit de vote. Ils peuvent également recevoir tous les
documents, dans les mêmes conditions que les actionnaires. Toute décision qui met en cause les
droits des obligataires doit être approuvée par l’assemblée des obligataires. A défaut d’approbation,
si la société passe outre, elle doit offrir aux obligataires qui le souhaitent, le remboursement de leurs
titres dans les trois mois qui suivent la modification [une fusion est réalisée entre deux entreprises.
Une personne qui a souscrit des obligations de la société absorbée peut estimer que cette fusion
diminue ses garanties. Cette fusion va être soumise à l’approbation des obligataires. Soit la société
décide de ne pas fusionner, soit elle passe outre. Alors, elle est obligée de rembourser leurs titres]

Section 3 : les certificats d’investissement

Cette catégorie de valeurs mobilières permet de fractionner en deux les droits attachés aux actions,
et de les représenter par deux titres différents. D’une part, les droits pécuniaires, qui sont
représentés par le certificat d’investissement, et d’autre part les autres droits, en particulier le droit
de vote, qui sont représentés par le certificat de droit de vote. Cette technique permet à un
actionnaire majoritaire de renforcer les fonds propres de sa société sans en perdre le contrôle [un
actionnaire qui a la majorité (50%). Cette société a besoin d’argent. Si on augmente le capital, de
nouveaux investisseurs vont entrer. Alors l’actionnaire majoritaire n’aura plus la majorité du capital.
Il fait augmenter le capital en émettant des certificats d’investissements. Ainsi, il fait rentrer de
nouveaux actionnaires qui n’ont pas le droit de vote. Il garde donc la majorité au sein des
assemblées]. Les certificats d’investissement ne doivent pas représenter plus du quart du capital
social. Leur valeur nominale doit être égale à celle des actions. Ils donnent le droit aux dividendes et
au remboursement des apports au moment de la dissolution. Ils ne donnent pas le droit d’assister
aux assemblés généraux et d’exercent le droit de vote.

Chapitre 4 : les modifications du capital social

Le capital d’une société est amené à connaître des modifications au cours de la vie sociale, dans le
sens de l’augmentation ou de la réduction. Dans les deux cas, s’agissant d’une modification des
statuts, il faut une décision de l’AGE.

Paragraphe 1 : augmentation du capital

L’augmentation du capital peut se faire en utilisant l’une des quatre techniques suivantes : nouveaux
apports en numéraire ou en nature ; incorporation des réserves au capital ; compensation des
créances sur la société ; conversion d’obligations en actions

A) Emission de nouvelles actions contre de nouveaux apports

C’est le procédé classique d’augmentation du capital. Cette technique ne peut être utilisée que si le
capital initial est intégralement libéré. La réalisation de cette augmentation du capital se fait dans les
mêmes conditions que pour la constitution de la société, à savoir, la signature d’un bulletin de
souscription, la déclaration de souscription et de versement, le dépôt de fonds dans un compte
bloqué, et les formalités de dépôt et de publicité. L’émission de nouvelles actions ne se fait pas de la
même manière, selon que la situation de la société est difficile, ou au contraire prospère. Dans le
premier cas, la société a accumulé des pertes et il convient d’assainir la situation avant de procéder à
l’augmentation du capital. Si la société a des réserves, elle peut épargner les dettes par
compensation avec les réserves. Si la société n’a pas de réserves, ou si les réserves sont insuffisantes,
la société doit procéder à une double opération qu’on appel dans la pratique « le coup
d’accordéon ». Il convient de procéder simultanément à une réduction du capital pour éponger les
dettes, et ensuite de procéder à une augmentation du capital. Lorsque la situation de la société est
confortable, en particulier lorsque la société a constitué des réserves importantes, il faut, au moment
de l’émission des actions, tenir compte de la valeur réelle des actions existantes. S’il est supérieur à
la valeur nominal, et ce pour ne pas favoriser les souscriptions des nouveaux actionnaires au
détriment des anciens actionnaires, les actions nouvelles seront émises à la valeur réelle. Pour tenir
compte des intérêts légitimes des anciens actionnaires, deux techniques peuvent être utilisés : le
droit préférentiel de souscription ; la prime d’émission.

1) Le droit préférentiel de souscription

C’est le doit que confère la loi à un actionnaire de souscrire, par préférence aux tiers, les actions
nouvelles émises par la société à l’occasion d’une augmentation du capital. Ce droit peut s’exercer à
double titre : soit à titre irréductible, c’est à dire que chaque actionnaires a le droit de souscrire les
nouvelles actions proportionnellement au nombre d’actions qu’il détient ; soit à titre réductible,
c'est-à-dire que lorsque certains actionnaires n’ont pas exercé leurs droits préférentiels, les actions
nouvelles restantes seront attribuées aux actionnaires qui le désirent et qui ont déjà épuisé leurs
droits irréductibles.

2) la prime d’émission

Cette prime d’émission constitue une sorte de droit d’entrée dans la société. C’est la contre partie
que doivent payer les nouveaux souscripteurs, en contre partie des réserves constituées par les
anciens actionnaires [Google : Lorsqu’une SA ou une SARL entreprend une augmentation de capital,
elle est susceptible de faire entrer de nouveaux investisseurs, qui vont apporter en numéraire ou en
nature, une somme correspondant au montant nominal des actions ou des parts sociales souscrites.
Néanmoins, le versement de ce prix est parfois insuffisant. En effet, les actionnaires ou associés les
plus anciens disposent de droits sur les réserves et sur l’actif qu'à développé la société depuis sa
création. Il faut donc égaliser les droits entre les actionnaires ou associés les plus anciens, et les
nouveaux investisseurs. C’est dans ce cas qu’intervient la prime d’émission]. Pour rétablir l’équilibre
entre les anciens et les nouveaux actionnaires, les actions nouvelles seront émises avec une prime
d’émission, et qui vient s’ajouter à la valeur nominale. Soit une société avec un capital de 1 000 000
DH, divisé en 10 000 actions d’une valeur nominale de 100 DH. Cette société a des réserves de
500 000 DH. Si on ajoute les réserves au capital, la valeur réelle de l’action est de 150 DH. Pour
maintenir la valeur réelle de l’action, la société va émettre les nouvelles actions avec un nominal de
100 DH et une prime d’émission de 50 DH [les nouveaux actionnaires vont payer 150].

B) L’incorporation des réserves au capital

Lorsqu’une société a des réserves, elle peut augmenter son capital en incorporant les réserves au
capital. C’est un simple jeu d’écriture comptable par lequel le montant des réserves est visé au poste
capital social. Cette augmentation peut se faire soit par la création de nouvelles actions qui seront
remises gratuitement aux actionnaires, soit par l’augmentation de la valeur nominale des actions.
Soit une société au capital de 1 000 000 DH, divisé en 10 000 actions de 100 DH, avec 500 000 DH de
réserve. Cette société décide d’incorporer les réserves au capital. Elle a le choix entre deux solutions :
soit elle émet 5 000 actions nouvelles de 100 DH qu’elle distribuera gratuitement aux actionnaires, à
raison d’une action nouvelle pour deux actions anciennes ; soit elle décide d’augmenter la valeur
nominale des actions qui va passer de 100 à 150 DH.

C) La compensation avec des créances sur la société

Le capital peut être augmenté par la transformation des dettes sociales en actions. Encore faut-il,
pour opérer cette opération, que les créances sur la société soient certaines, liquides et exigibles.
Cette opération ne peut se réaliser qu’avec l’accord des créanciers. Ainsi, les créanciers vont passer
de la situation de créanciers à la situation d’actionnaires.

D) La conversion d’obligations en actions

Lorsque la société émet des obligations convertibles en actions, et lorsque les obligataires optent
pour la conversion, le capital se trouve automatiquement augmenté du montant des actions
convertis.
Paragraphe 2 : réduction du capital

Dans la pratique, la réduction du capital intervient dans deux cas. Il peut s’agir premièrement d’une
réduction d’allégement, lorsqu’on considère que le capital est disproportionné par rapport aux
besoins financiers de la société. Dans ce cas, soit on dispense les actionnaires de libérer le surplus si
le capital n’est pas entièrement libéré, soit on rembourse aux actionnaires une partie de leurs
apports. Il peut s’agir encore d’une réduction d’assainissement, lorsque la société a réalisé des pertes
et que le capital se trouve partiellement ou totalement absorbé par les dettes.

Cette réduction peut se faire de deux manières : on peut réduire le nombre d’actions en maintenant
leur valeur nominale, comme on peut maintenir le nombre d’actions en réduisant leur valeur
nominale. Soit une société au capital de 1 000 000 DH divisé en 10 000 actions, de 100 DH chacune.
Cette société a accumulé des pertes d’un montant de 500 000 DH. Pour assainir la situation, elle
décide d’éponger les pertes par une réduction de son capital de 500 000 DH. Elle a le choix, soit de
maintenir la valeur nominale des actions à 100 DH et de réduire le nombre d’actions de 10 000 à
5 000, de sorte que chaque actionnaire va perdre la moitié des actions qu’il détient et qui seront
annulés ; soit elle décide de maintenir les 10 000 actions en réduisant la valeur nominale de 100 à 50
DH.

Chapitre 5 : dissolution de la SA

La Sa est soumise à des causes de dissolution qui lui sont particulières. Ces causes sont au nombre de
quatre : lorsque les états de synthèse font apparaître que la situation net de la société est devenue
inférieure au capital social, il convient de réunir une AGE pour décider, soit la dissolution de la
société, soit la continuation. Si l’assemblée décide la continuation de la société, il faut qu’au plus tard
à la clôture du deuxième exercice qui suit celui au cours duquel les pertes ont été constatés, soit de
reconstituer le capital, soit de le réduire au montant existant. Ainsi, la société dispose de
pratiquement trois ans pour régulariser sa situation ; lorsque le nombre des actionnaires est réduit à
moins de 5 au delà d’une année, tout intéressé peut demander la dissolution de la société. Toute
fois, le tribunal saisie de la demande de dissolution peut donner à la société un délai maximum de 6
mois pour régulariser sa situation ; lorsque le capital social est devenu inférieur au minimum légal,
tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société. La société peut régulariser sa
situation tant que le tribunal n’a pas statué sur le fond.

Titre 3 : la société à responsabilité limitée (SARL)

La SARL est une société commerciale par la forme, constituée entre des associés qui n’ont pas la
qualité de commerçant, et dont la responsabilité est limitée au montant de leurs apports. C’est une
société hybride et qui tient à la fois des sociétés de personnes et des sociétés de capitaux. En effet,
elle présente des caractéristiques communes aux deux catégories de sociétés. Par rapport aux
sociétés de personnes, la SARL est une entreprise de taille moyenne, adaptée aux PME. Elle ne peut
pas regrouper plus de 50 associés. Aucun capital minimum n’est exigé. Elle est dominée par l’intuitu
personae, ce qui explique d’une part que le capital est divisé en parts sociales qui ne sont pas
librement cessibles, et d’autre part que pour les décisions importantes, la loi exige, outre la majorité
en capital, la majorité en nombre en nombre d’associés. La SARL ne peut pas émettre de titres
négociables, elle ne peut pas faire APE. Par rapport aux sociétés de capitaux, les associés ne sont
tenus des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports, d’où le nom de société à responsabilité
limitée. Les événements qui affectent la situation personnelle des associés n’ont pas en principe
d’incidences sur la vie de la société.

La SARL est régie par les articles 44 à 87 de la loi 5-96.

Dans la pratique, la SARL connaît un succès foudroyant, puisque sur 100 constitutions de nouvelles
sociétés, 98 sont des SARL. Ce succès s’explique non seulement par les caractéristiques propres à la
SARL, mais aussi par le fait que la SARL peut être constituée d’un seul associé.

Section 1 : constitution de la SARL

Il faut la réunion de conditions de fond, de conditions de forme et de conditions de publicité. Le non


respect des ce conditions est assorti de sanctions.

Paragraphe 1 : les conditions de constitution

A) Conditions de fond

1) l’objet social

Le principe est que toute activité licite peut être exercée en SARL. Toutefois, la loi interdit la forme
de SARL aux sociétés de banque, de crédit, d’assurance, de capitalisation et d’épargne (tout ce qui à
trait à la fiance).

2) Les associés

La SARL est la seule forme de société dans laquelle la loi n’exige pas un minimum de deux associés.
La SARL peut donc être constituée d’un seul associé. Il s’agit donc d’une entreprise unipersonnelle à
responsabilité limitée. Par ailleurs, la SARL est la seule forme de société dans laquelle la loi fixe un
nombre maximum d’associés. En cas de dépassement du nombre maximum, la société doit être
transformée en SA dans un délai maximum de deux ans. Si à l’expiration de ce délai la
transformation n’intervient pas, la société est dissoute de plein droit.

3) Le capital social

la loi n’exige plus de capital social minimum. Lors de l’entrée en vigueur de la loi 5-96, les SARL
devaient avoir un capital minimum de 100 000 dirhams. En 2006 est intervenu la loi 21-05 qui a
réduit le montant minimum à 10 000 dirhams. En 2011, la loi 24-10 a supprimé toute exigence de
capital minimum. En conséquence, les associés sont libres de fixer le montant du capital. Toutefois,
dans la pratique, lorsque la société recours au crédit bancaire, les banques exigent
systématiquement la caution du personnel des associés, ce qui revient, pour les associés, à engager
vis-à-vis des banques la totalité de leurs fortunes [responsable indéfiniment, mais seulement à
l’égard de la banque, non à l’égard des tiers]. Le capital ne peut être constitué en principe que par
des apports en numéraire et des apports en nature. Les apports en numéraire doivent être libérés du
quart au moins de leur montants. Le reste doit être libéré sur une période maximale de 5 ans.
Lorsque le capital dépasse 100 000 dirhams, les fonds provenant de la souscription du capital doivent
être déposés dans un compte bloqué qui ne sera débloqué qu’après l’immatriculation de la société
au registre du commerce. Pour ce qui est des apports en nature, l’évaluation des apports doit être
faite au vue d’un rapport établi par un commissaire aux apports qui doit être choisi parmi les experts
comptables. L’intervention de cet expert indépendant a pour but d’éviter le risque de surévaluation.
A titre exceptionnel, la loi permet de faire des apports en industrie, sous certaines conditions.

4) Le régime juridique des parts sociales

Le capital doit être divisé en parts égales dont la valeur nominale est librement fixée par les associés.
Les parts sont librement cessibles entre associés, conjoints et parents. Elles peuvent également être
transmises par voie de succession. Les parts ne peuvent être cédées à des tiers qu’avec le
consentement de la majorité des associés représentant les trois quarts du capital social. Il s’agit
d’une double majorité : la majorité en nombre d’associé et la majorité des trois quarts en capital [soit
une SARL composée de trois associés. X a 80% des parts, les autres se partagent 20%. X décide de
céder ses parts à un tiers. Pour que cette cession se réalise il faut la double majorité. X a la majorité
du capital, mais il faut encore que l’un des deux donne son accord pour avoir la majorité des
associés. Si les deux refusent, alors la cession est impossible]. En cas de refus d’agrément, les
associés sont tenus, dans un délai de 30 jours, à compter de ce refus, d’acquérir ou de faire acquérir
les parts mises en vente. Dans tous les cas, la cession doit être constatée par un acte écrit, à peine de
nullité. Pour que la cession soit opposable à la société, il faut lui notifier l’acte de cession. Pour les
tiers, la cession ne leur est opposable que si elle est inscrite au registre du commerce.

B) Conditions de forme

Les statuts doivent être établis par un acte écrit, notarié ou sous seing privé. Tous les associés
doivent signer les statuts. Ces statuts doivent contenir des mentions obligatoires, à peine de nullité,
en particulier l’identité des associés, la forme de la société, l’objet, la dénomination, le siège, la
durée, le montant du capital, les apports, l’état civil des gérants, la date et la signature des associés.

C) Conditions de publicité

La SARL est soumise aux mêmes formalités de publicité que les autres sociétés, à savoir le dépôt des
statuts au greffe du tribunal, l’immatriculation au registre du commerce et la publication d’un extrait
des statuts dans un journal d’annonce légal et au BO.

Paragraphe 2 : les sanctions de l’inobservation des conditions de constitution

Les irrégularités qui entachent la constitution d’une SARL sont soumises au même régime juridique
que pour les SA.

Section 2 : organisation de la SARL (fonctionnement)

La SARL, à l’instar des sociétés de personnes, se distinguent par la simplicité de son organisation. Il
n’existe qu’un seul organe qui assure l’administration et la direction de la société : c’est le gérant.
Toutefois, la loi permet aux associés non gérant d’intervenir dans le fonctionnement de la société.
Enfin, la loi a institué, pour les SARL les plus importantes, un commissariat aux comptes.
Paragraphe 1 : le gérant

A) Statut juridique

1) Nomination

La SARL est gérée par une ou plusieurs personnes physiques choisies parmi les associés ou en dehors
des associés. Le nombre de gérants est laissé à l’appréciation des statuts. La nomination se fait
habituellement dans les statuts, au moment de la constitution de la société. Au cours de la vie
sociale, il est nommé par décision d’un ou de plusieurs associés représentant les ¾ du capital social.

2) Cessation de fonctions

Le gérant peut être nommé pour une durée limitée ou illimitée. Dans le silence des statuts le gérant
est nommé pour une durée de 3 ans. Les fonctions de gérant prennent fin par l’expiration de la durée
de son mandat, par démission ou par la révocation. Le gérant peut à tout moment démissionner de
ses fonctions sans avoir à justifier sa décision. Il peut être révoqué à tout moment par une décision
d’un ou de plusieurs associés représentant les ¾ du capital social. Toutefois, lorsque la révocation
n’est pas fondée sur un juste motif, le gérant révoqué peut prétendre à des dommages et intérêts. Il
suffit que le gérant possède plus de 25% du capital pour être à l’abri de toute révocation par les
associés. C’est pourquoi la loi permet aux associés de demander en justice la révocation du gérant, à
condition de justifier d’un motif légitime.

B) Pouvoirs du gérant

1) Dans les rapports avec les associés

Les pouvoirs du gérant sont déterminés par les statuts qui peuvent moduler librement ses pouvoirs.

2) Dans les rapports avec les tiers

Le gérant est investi par la loi des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société en toutes
circonstances. Cependant, ces pouvoirs doivent être exercés dans le respect de l’objet social, et dans
le respect des pouvoirs accordés par la loi aux associés. Toute limitation des pouvoirs légaux du
gérant est inopposable aux tiers. De même, en cas de pluralité de gérants, chacun des gérants peut
engager la société par sa seule signature.

C) Responsabilité du gérant

1) Responsabilité civile

Le gérant est responsable envers la société et envers les tiers, soit des infractions aux dispositions de
la loi sur la SARL, soit de la violation des statuts, soit de ses fautes de gestion. Chaque gérant est
responsable de ses propres actes. Si plusieurs gérants ont opéré ensemble, ils engagent leur
responsabilité solidaire. La mise en œuvre de la responsabilité civile du gérant peut donner lieu à
l’exercice de trois actions : l’action sociale exercée par la société contre le gérant ; l’action sociale
exercée par un ou plusieurs associés, à condition de représenter au moins 25% du capital ; l’action
individuelle en réparation du préjudice personnel subi par un associé.
2) Responsabilité pénale

La loi a prévu un certain nombre d’infractions qui peuvent être commises par le gérant, notamment
l’abus de biens sociaux, la distribution de dividendes fictifs, la présentation ou la publication de
comptes inexacts. Les peines peuvent varier pour l’emprisonnement d’un mois à 12 ans, et pour
l’amande de 2000 à 400 000 dirhams.

Paragraphe 2 : les associés non gérants

La loi reconnaît aux associés non gérants, des droits individuels et des droits collectifs.

A) Droits individuels

1) droit d’information

Ce droit est double : d’abord il y a un droit d’information périodique qui permet à un associé, 15
jours avant la réunion de l’assemblée générale annuelle, de recevoir les documents qui seront
présentés lors de cette assemblée, et en particulier le rapport de gestion du gérant, les états de
synthèse, les projets de textes de résolution, et s’il y a lieu, le rapport du commissaire aux compte ; le
droit d’information permanent. Un associé peut à tout moment obtenir, au siège social,
communication de tous les livres et de tous les comptes de la société pendant les trois derniers
exercices.

2) droit de vote

Chaque associé a le droit de participer à la prise des décisions collectives. Il dispose d’un nombre de
voix égal au nombre de parts qu’il possède.

3) Le contrôle de la gestion

Ce contrôle s’exerce de deux manières : il y a le droit de poser des questions. Tout associé non gérant
peut, deux fois par exercice, poser par écrit des questions au gérant sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation. Le gérant doit également répondre par écrit ; le droit
de demander une expertise de gestion. Un ou plusieurs associés représentant 25% du capital au
moins, peuvent demander en justice la désignation d’un ou de plusieurs experts chargés de faire un
rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.

B) Les droits collectifs

La loi prévoit que les décisions qui excèdent la compétence du gérant doivent être prises par la
collectivité des associés. Cette prise de décisions peut être faite de deux manières : soit dans le cadre
d’une assemblée générale ; soit dans le cadre d’une consultation écrite. Dans le premier cas, la loi
exige la réunion d’une assemblée lorsqu’il s’agit d’approuver les comptes annuels. Pour le reste, les
statuts peuvent prévoir que les décisions seront prises par consultation des associés. Les associés
vont recevoir les projets de résolution et ils vont voter sur ces résolutions par écrit. Autrement dit,
les associés ne se déplacent pas, et chaque associé vote séparé. Lorsqu’il s’agit de décisions qui
entraînent la modification des statuts, il faut la majorité des ¾. Pour les autres décisions, il suffit de la
majorité de plus de la moitié du capital.
Par ailleurs, la loi 5-96 a transposé à la SARL les règles de la SA concernant les conventions qui
peuvent être passées entre la société, son gérant ou l’un de ses associés.

Paragraphe 3 : le commissaire aux comptes

En règle générale, la nomination d’un CAC n’est pas obligatoire dans la SARL. Cependant la
nomination d’un CAC peut intervenir dans trois cas : lorsque le chiffre d’affaire annuel de la société
dépasse 50 000 000 Dhs HT ; les associés peuvent par décision, à la majorité des ¾, nommer un
commissaire aux comptes ; un ou plusieurs associés représentant au moins le ¼ du capital, peuvent
demander en justice la nomination d’un commissaire aux comptes. Cette disposition a pour but de
protéger les intérêts des minoritaires.

Section 3 : dissolution

La SARL peut être dissoute dans les conditions du droit commun qui s’appliquent à toutes les
sociétés, et en outre, lorsque l’un des deux événements suivants survient : lorsque la société
comprend plus de 50 associés et qu’elle n’a pas été transformée en SA dans les deux ans ; lorsque la
situation nette de la société est devenue inférieure au ¼ du capital à la suite des pertes accumulés.
Dans ce cas, la société a le choix entre deux solutions : soit reconstituer son capital ; soit réduire son
capital au montant qu’il reste.

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