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IMSTA

CYCLE DE BTS

DROIT DES SOCIETES


COMMERCIALES

DISPENSE PAR :

M. KEULEMBA NGANSOP GISCARD FIDELE


DOCTEUR / FSJP UNIVERSITE DE DSCHANG

ANNEE ACADEMIQUE 2019/2020

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Introduction
Les sociétés apparaissent de nos jours comme les acteurs privilégiés de la vie
économique aux cotés des commerçants personnes physiques et entreprenants. Il n’y a qu’à
considérer le rôle important qu’elles jouent dans l’économie et le développement de nos pays.
Mais en réalité qu’est-ce une société ? Etymologiquement, le mot société évoque une
pluralité de personnes telles que les associations, les syndicats, les partis politiques et
congrégations. Mais la société commerciale n’est pas un groupement ordinaire. Elle se
caractérise par ses spécificités, ce qui permet de la distinguer des autres formes de groupement.
Traditionnellement, elle est définie comme un contrat par lequel plusieurs personnes
conviennent d’affecter un ensemble de biens à une exploitation commerciale dans le but de
partager les bénéfices qui pourraient en résulter (art. 1832 du Code civil). Cette définition est
reprise par l’acte uniforme portant droit des sociétés commerciales en ces termes : « La société
commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat,
d'affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de l'industrie, dans le but de
partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui peut en résulter. Les associés s'engagent à
contribuer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme. (Article 4 de
l’AUSC). La société commerciale est créée dans l'intérêt commun des associés ». Cette
définition pose les critères d’identification ou de définition d’une société commerciale.
Le premier critère est celui de la pluralité la société commerciale est, en principe, créée
par deux ou plusieurs personnes. Toutefois la possibilité de créer une société commerciale avec
une seule personne, dénommée « associé unique » existe (article 5 de l’AUSC). On distingue
ainsi, aux côtés des sociétés pluripersonnelles les sociétés unipersonnelles.
Le second critère qui permet de définir une société commerciale est qu’elle relève de la
catégorie des contrats. Cela reste vrai uniquement dans le cas des sociétés pluripersonnelles. En
tant que tel, les conditions de validité des contrats doivent être réunies à savoir le consentement,
l’objet, la capacité et la cause.
Plus caractéristique encore, est le critère de la mise en commun des biens. En effet, les
associés conviennent d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, ou de
l'industrie. Le code civil en son article 1832 parlait plutôt « d’affecter un ensemble de biens à
une exploitation commerciale ». Ainsi, la société commerciale est créée en vue de l’exploitation
d’une activité commerciale. Pour ce faire, la mise en commun des biens s’avère indispensable.
Enfin, la société commerciale se caractérise par une finalité bien définie. Il s’agit de la
vocation au partage des bénéfices ou au profit de l'économie qui peut en résulter.
Exceptionnellement, les associés s’engagent à contribuer aux pertes.
Mais, plus spécifiquement, le contrat de société comprend trois éléments spécifiques :
La mise en commun des biens; La participation aux résultats et l'affectio societatis : c'est-à-
dire l'élément moral du contrat de société, la volonté commune de plusieurs personnes
physiques ou morales de s'associer pour créer une société.
Ces critères posés permettent de distinguer la société commerciale ainsi des autres
groupements, notamment de l’association, de la société civile et même des sociétés
coopératives.
II- distinction société commerciale des autres groupements
A- Société commerciale et société civile
Le lexique des termes juridiques définit la société civile comme celle dont l’objet
constitue une activité non commerciale et qui n’a pas adopté la forme anonyme, à responsabilité
limitée, en nom collectif…Ces sociétés n’exercent que des activités de nature civile par exemple
agricole, intellectuelle, libérale, immobilière, par opposition aux sociétés commerciales. Pour
leur constitution, les sociétés civiles sont soumises aux mêmes conditions de validité que toutes
les autres sociétés (consentement, capacité, objet, cause). Les associés qui doivent être au moins
deux n’ont pas la qualité de commerçant doivent faire des apports dont l’ensemble constituant

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le capital social lequel est divisé en parts sociales d’égale valeur. Sur le plan de la forme, elle
doit avoir un statut et être publiée au RCCM.
Il existe une diversité des sociétés civiles qui répondent à divers objectifs. On distingue
ainsi :
1. Les sociétés civiles de gestion
Ces sociétés ont pour objet la propriété et la gestion de portefeuilles de titres ou de
valeurs mobilières. Les valeurs mobilières sont des titres émis par des personnes morales
publiques ou privées (cotées en bourse ou non), conférant des droits identiques par catégorie
(actions, obligations…). Ces valeurs mobilières permettent d’accéder au capital de la société
émettrice ou d'obtenir un droit de créance sur son patrimoine . Elles sont représentées par une
inscription dans un compte titres ouvert au nom de leur propriétaire.
2. Les sociétés civiles particulières du secteur immobilier
Ces sociétés civiles ont vocation à détenir des biens immobiliers. Une SCI peut être
propriétaire d’un (ou plusieurs) immeuble (s) qu’elle achète ou qui lui est (ou sont) apporté(s)
par les associés. Ces sociétés sont constituées afin de faciliter la gestion du patrimoine , de
permettre sa répartition et d'optimiser sa transmission.
3. Les sociétés civiles du secteur professionnel
Il s'agit notamment :
- Des sociétés civiles de moyens (SCM):
Elles ont pour objet la mise en commun de prestations de services (secrétariat, services
comptables…) ou la fourniture de moyens matériels (personnel, locaux…) à ses membres, afin
de faciliter l’exercice de leur activité professionnelle. Elles n'ont pas pour objet l'exercice d'une
profession.
- Des sociétés civiles professionnelles (SCP)
Elles ont pour but de permettre à des personnes physiques d’exercer en commun une
même profession libérale soumise à un statut législatif ou règlementaire, ou dont l’exercice est
protégé (notaires, avocats, médecins…).

B- Société commerciale et association


L’association est, aux termes de l’article 2 de la LOI N° 90-53 DU 19 DECEMBRE
1990 Portant sur la liberté d’association, une convention par laquelle des personnes mettent en
commun leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices.
Il ressort clairement de cette disposition qu’il n’est pas interdit à une association de réaliser des
bénéfices. Mais seulement, si des bénéfices sont réalisés, ils ne pourraient être redistribués à
ses membres, mais plutôt affecter à la l’élargissement du cercle d’intervention de leur
mouvement.
Selon l’article 5 : (1) Les associations obéissent à deux régimes savoir le régime de la
déclaration et le régime de l’autorisation. L’acquisition de la personnalité juridique étant
subordonnée à la déclaration par les fondateurs de l’association à la préfecture du département
ou celle-ci a son siège. Un récépissé leur est délivré dès que dossier est complet si l’association
n’est pas frappée de nullité.
(2) La déclaration indique le titre, l’objet, le siège de l’association ainsi que les noms,
professions et domiciles de ceux qui, à titre quelconque, sont chargés de son administration ou
de sa direction. Toute modification ou changement dans ces éléments devant être porté dans les
deux mois à la connaissance du préfet.

IV- les sources du droit des sociétés commerciales


L’acte uniforme OHADA du 30/01/2014 relatif au droit des sociétés commerciales et
du groupement d'intérêt économique, adopté à Ouagadougou (BURKINA FASO) constitue la
principale source du droit des sociétés dans l’espace OHADA. Cet acte uniforme de 920 articles
qui est entré en vigueur quatre-vingt-dix (90) jours après sa publication au Journal Officiel de

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l'OHADA, est venu remplacer l’acte uniforme du 17 avril 1997 relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d'intérêt économique, entré en vigueur le 1er janvier 1998. Il
institue une nouvelle forme de société, la SAS, tout en prévoyant comme par le passé le droit
commun (première partie) et le droit spécial (deuxième partie) des sociétés commerciales.

Première partie : Le droit commun des sociétés commerciales


Par droit commun, nous entendons l’ensemble des règles qui régissent de manière
générale les sociétés commerciales sans distinction de forme. Ces règles s’appliquent donc aussi
bien aux sociétés de personnes qu’aux sociétés de capitaux dans leur constitution (chapitre 1),
leur fonctionnement (chapitre 2) et dans leur dissolution (chapitre 3).

Chapitre 1 – La constitution des sociétés commerciales


La société commerciale n’est pas comme une personne physique un être réel, concret et
palpable. Bien souvent, il faut l’amener à l’existence. Le procédé par lequel une société
commerciale vient à l’existence est la constitution. Il s’agit en réalité d’un ensemble d’actes à
accomplir pour donner naissance à la société commerciale. Dans cette perspective, la naissance
suppose réunie certaines conditions (section 1) dont le non respect est sanctionné (section 2)

Section 1- Les conditions de formation de la société commerciale


Les conditions de fond et de forme seront envisagées.

Paragraphe 1- Les conditions légales de fond


La création d’une société commerciale n’est soumise à aucune autorisation
administrative ou législative en vertu du principe de la liberté du commerce et de l’industrie.
Toutefois, si l’un des associés est étranger, il lui faut obtenir un agreement, tout comme une
autorisation peut être exigée compte tenu du genre d’activité exploitée (banque, assurance…).
Seules les conditions de fond de droit commun (A) et les conditions spécifiques (B) seront
étudiées.

A- Les conditions de fond de droit commun


Il s’agit du consentement, de l’objet, de la capacité et de la cause.

a) Le consentement
Le consentement est une adhésion d’une partie à la proposition faite par l’autre. C’est
un accord de volonté qui lie les parties. La volonté de s’associer doit exister au moment de la
constitution de la société. Il doit être sérieux et exempt de vices. Selon le droit commun, les
vices de consentements sont le dol, la violence et l’erreur. Le consentement ne doit donc pas
avoir été obtenu par violence, erreur ou dol. Il doit être sérieux en ce sens qu’il ne doit pas être
simulé.

b) La capacité
La capacité est l’aptitude à être sujet de droits et d’obligations et à pouvoir les exercer
soi-même c'est-à-dire les mettre en œuvre. Selon l’article 7 de l’acte uniforme nouveau : « Une
personne physique parmi celles prévues par le présent Acte uniforme ou morale ne peut être
associée dans une société commerciale lorsqu'elle fait l'objet d'une interdiction, incapacité ou
incompatibilité prévue par une disposition légale ou réglementaire ». L’exigence d’une capacité
spéciale pour les parties à un contrat de société dépend non seulement du type de société mais
de la qualité de l’associé.
La capacité commerciale est requise de tous les associés tenus personnellement et
solidairement des dettes sociales parce qu’ils ont la qualité de commerçant. C’est notamment

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le cas des sociétés de personnes (SNC, SCS…) dans lesquelles le mineur non émancipé et les
majeurs incapables ne peut être associé parce qu’ils auront la qualité de commerçant et tenus
au-delà de leurs apport (Cf. art. 8 AUSC). De même, l’acte uniforme dans son article 9 dispose
que : « Des époux ne peuvent être associés d'une société dans laquelle ils seraient tenus des
dettes sociales indéfiniment ou solidairement ». Toutefois, ils peuvent être actionnaires dans
une SAS, une SA ou une SARL tout comme ils peuvent être l’un commandité et l’autre
commanditaire dans une SCS, ou encore les deux commanditaires. C’est dire que dans les
sociétés où la qualité de commerçant n’est pas reconnue à ses associés, les règles de capacité
n’ont aucune influence.

c) L’objet
Le genre d’activité
L’objet social peut désigner l’activité que poursuit la société. C’est ce qui ressort de
l’article 19 de l’acte uniforme qui dispose : « Toute société a un objet qui est constitué par
l'activité qu'elle entreprend et qui doit être déterminé et décrite dans ses statuts ». Cet objet doit
être licite et morale c'est-à-dire qu’il ne doit pas s’agir d’une activité et ne pas être contraire
aux bonnes mœurs. L’objet doit être limité et précisé car c’est lui qui fixe le cadre des pouvoirs
des dirigeants et qui détermine les rapports de la société avec les tiers ou avec les associés. Cette
limitation de l’objet, et donc de la capacité des sociétés est l’application du principe de la
spécialité statutaire.

d) La cause.
Le contrat de société doit avoir une cause. Il s’agit de la raison pour laquelle deux ou
plusieurs personnes s’associent ou une seule personne s’engage à créer une société. C’est la
raison d’être de la société. La cause doit être licite et morale et exister.

B- Les conditions de fond spécifiques au contrat de société

Pour être valable, le contrat de société doit remplir les conditions de l’article 4 à
savoir l’existence des apports, la recherche des bénéfices en vue de leur partage, la création de
la société dans l’intérêt commun des associés. Ces trois conditions constituent les
caractéristiques essentiels du contrat de société. Toutefois, il existe une exception s’agissant de
conditions spécifiques pour la création d’une société unipersonnelle par l’acte de volonté de
l’associé unique. Cette exception s’applique uniquement à la société anonyme, à la SARL et à
la SAS. Toutes les autres formes de sociétés nécessitent une pluralité d’associés et cette
exigence doit être considérée comme une condition de validité. Aussi, lorsqu’une société
pluripersonnelle à l’origine se retrouve à un moment donné avec un seul associé, la dissolution
ne peut être évitée que si la pluralité est rétablie dans le délai d’un an à défaut d’une telle
régularisation, la société doit être transformée en une société unipersonnelle.

a) Les apports.
L’apport est bien que l’associé s’engage à mettre à la disposition de la société en vue
d’une exploitation commune. Chaque associé est tenu de faire un apport (article 37, al. 1 de
l’acte uniforme), lequel représente la mesure de son engagement envers la société. L’associé
qui s’est engagé à faire un apport est constitué débiteur envers la société de tout ce qu'il s'est
obligé à lui apporter en numéraire, en nature ou en industrie. Juridiquement, l’opération
d’apport se déroule en deux étapes à savoir la souscription au capital social par l’associé qui
traduit son engagement de participer à la constitution de la société et la libération de l’apport
qui est la mise à disposition effective de ce que l’associé a promis d’apporter. Il existe plusieurs
types d’apports auxquels certains effets sont attachés et qui constituent le capital social.

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1. Les différents types d’apports
Selon l’article 40 de l’acte uniforme, il existe 03 types d’apports à savoir les apports en
numéraire, les apports en nature et les apports en industrie.
L’apport en numéraire est réalisé par le versement d’une somme d’argent promise par
l’associé. Le versement doit se faire intégralement lors de la constitution de la société sauf
disposition contraire. En cas de retard dans le versement, les sommes restant dues à la société
portent de plein droit intérêt au taux légal à compter du jour où le versement devait être effectué,
sans préjudice de dommages et intérêts, s'il y a lieu (art. 43). Les apports en numéraire sont
réalisés par le transfert à la société de la propriété des sommes d'argent que l'associé s'est engagé
à lui apporter (art. 41).
Les apports en nature (art. 45-50 AUSC). Ils correspondent en un transfert des droits
réels ou personnels correspondant aux biens apportés et par la mise à la disposition effective de
la société des biens sur lesquels portent ces droits. En pratique, cela se traduit généralement par
la remise effective à la société des biens sur lesquels portent ces droits. Les apports en nature
portent nécessairement sur des biens en nature, mobiliers ou immobiliers ; corporels ou
incorporels. Ils doivent cependant faire l’objet d’une évaluation par les associés sous le contrôle
d’un commissaire aux apports (art. 49 AUSC). Comme les apports en numéraire, les apports en
nature doivent être intégralement libérés lors de la constitution de la société. L’apport en nature
peut se faire selon deux modalités à savoir en propriété ou en jouissance.
L’apport est en propriété consiste pour l'apporteur en une obligation de donner. Dès lors,
il ya transfert la propriété du bien ainsi que les risques de la chose à la société de l’apporteur à
la société, et, l’apporteur est garant envers la société comme un vendeur envers son acheteur.
Quant à l’apport en jouissance, il s’agit d’une simple mise à disposition du bien à la
société qui acquiert l’usage et pour lequel l’associé s’est réservé le droit de propriété. Ce qui
signifie qu’en cas de dissolution de la société sous réserve des droits des créanciers sociaux,
l’associé a le droit de reprendre le bien apporté en jouissance. Pendant la durée de la société,
l’apporteur en jouissance est garant envers la société comme le bailleur envers son preneur. Il
convient toutefois de distinguer entre apport en jouissance et apport de jouissance qui
correspond en réalité à un usufruit dans lequel l’apporteur perd le droit réel sur la chose apportée
au profit de la société qui peut l’utiliser elle-même ou la donner en location. Ici, l’apporteur
n’est pas tenu de faire en permanence des diligences nécessaires pour que la société puisse jouir
paisiblement du bien apporté.
Enfin, nous avons l’apport en industrie (art. 50-1 à 50-4). L’apport en industrie consiste
aux termes de l’article 40, al. 3 en des connaissances techniques ou professionnelles ou des
services. Les apports en industrie sont réalisés par la mise à disposition effective de la société
desdites connaissances techniques ou professionnelles ou de services. Ils sont interdits dans les
sociétés anonymes. L'apporteur en industrie doit rendre à la société la contribution promise et
lui doit compte de tous les gains qu'il a réalisés par l'activité faisant l'objet de son apport.
Les modalités de libération de l’apport en industrie, la durée des prestations fournies par
l'apporteur, le nombre de titres sociaux attribués en rémunération de ces prestations et les droits
attachés à ces titres dans le partage des bénéfices et de l'actif net sont déterminés par les statuts.
Ceux-ci déterminent également les modalités de liquidation de ces titres en cas de cessation par
l'apporteur de l'activité faisant l'objet de son apport.
Les apports en industrie sont interdits dans les sociétés anonymes (art. 50-1). Il en est
de même de la SARL. Ils restent possibles uniquement dans la SNC, la SCS et
exceptionnellement dans la SAS. Ils ne concourent non plus à la formation du capital social
mais donnent lieu à l'attribution de titres sociaux ouvrant droit au vote et au partage des
bénéfices et de l'actif net, à charge de contribuer aux pertes. Selon l’article 50-3 de l’AUSC les
droits de vote attachés aux titres sociaux résultant d'apports en industrie ne peuvent être
supérieurs à vingt-cinq pour cent (25%) de l'ensemble des droits de vote. De même, la part
totale attachée à ces titres sociaux ne peut excéder vingt-cinq pour cent (25%) des bénéfices, de

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l'actif net et des pertes de la société.
Enfin, les titres sociaux résultant d'apports en industrie ne sont ni cessibles ni
transmissibles. Ils n'ont pas de valeur nominale (art. 50-4).

2. Les effets de l’apport en société


L’apport effectué au moment de la constitution de la société ou lors d’une augmentation
de capital produit des effets à l’égard de l’apporteur lui-même, à l’égard de la société et à l’égard
des créanciers sociaux.
À l’égard de l’apporteur, il faut relever que l’apport est un critère d’identification de
l’associé permettant de distinguer ce dernier d’un préteur, d’un salarié ou de toute autre
personne intervenant dans la vie de la société commerciale. Bien qu’elle ne soit pas un critère
d’acquisition de la qualité d’associé celle-ci s’acquérant dès la conclusion du contrat de société,
l’apport constitue également la mesure de l’engagement de chaque associé dans les sociétés à
responsabilité limitée c'est-à-dire celles où l’obligation au passif de l’associé ne peut excéder le
montant de son apport (SA, SARL, SAS). En contre partie de son apport, l’associé reçoit des
titres sociaux qui représentent ses droits dans la société. Ils sont dénommés actions dans les
sociétés par actions et parts sociales dans les autres sociétés.
Les droits dont il est fait mention sont les droits sur les bénéfices ou l’économie réalisée,
du droit sur les actifs nets de la société en cas de dissolution et de liquidation, du droit de
participer par son vote à la prise des décisions collectives. Ces droits qui sont pécuniaires,
politiques ne doit pas occulter les obligations de l’associé. En effet, celui est tenu de contribuer
aux pertes sociales et de libérer son apport (art. 53 AUSC).
Les droits et l'obligation de chaque associé sont proportionnels à ses apports, qu'ils
soient faits lors de la constitution de la société ou au cours de la vie sociale. Ils ne peuvent être
suspendus ou supprimés que par dispositions expresses du présent Acte uniforme. De même,
sont réputées non écrites les clauses attribuant à un associé la totalité du profit procuré par la
société ou l'exonérant de la totalité des pertes, ainsi que celles excluant un associé totalement
du profit ou mettant à sa charge la totalité des pertes (il s’agit des clauses léonines).
À l’égard de la société, l’apport peut être considéré comme une condition d’existence et
de validité du contrat de société. Celle-ci peut en effet être annulée lorsque les apports effectués
n’ont aucune valeur pécuniaire ou lorsqu’ils sont grevés de passifs qui leur sont supérieur. De
même, si le capital de la société en cours de formation n'atteint pas le montant minimum fixé
par le présent Acte uniforme, elle ne peut être valablement constituée. la société doit être
dissoute si après constitution, son capital est réduit à un montant inférieur au minimum fixé
par le présent Acte uniforme, pour cette forme de société, , à moins que le capital ne soit
porté à un montant au moins égal au montant minimum.
L’ensemble des apports en nature et en numéraire constitue le capital social condition
d’existence de la société car toute société doit avoir un capital social qui est indiqué dans ses
statuts. Le capital social est alors divisé en actions ou parts sociales selon la forme de la société.
Il est divisé en parts sociales dans les SNC ; SCC, SRAL et en action dans la SA et la SAS.
Juridiquement, le capital social constitue aussi le gage commun des créanciers sociaux. Cela
signifie que les associés ne pourront reprendre leurs apports en cas de dissolution de la société
qu’après avoir désintéresser tous les créanciers sociaux.
Le capital social est librement fixé par les associés (art. 65 AUSC) toutefois, un montant
minimum peut être fixé en fonction de la forme ou de l’objet de la société. Ainsi, le montant
minimum du capital de constitution de la SARL est au moins d’un million (1.000.000 fcfa) et
de 10.000.000 fcfa pour la SA.
Le capital social est susceptible de connaitre des fluctuations à la hausse ou à la baisse.
Aussi, il peut être augmenté ou réduit pour chaque forme de société, dans les conditions
prévues pour la modification des statuts (art. 67). Le capital social est augmenté à l'occasion de
nouveaux apports faits à la société ou par l'incorporation de réserves, de bénéfices ou de primes

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d'apports, d'émission ou de fusion.
Il est réduit par remboursement aux associés d'une partie de leurs apports soit en
numéraire, soit par attribution d'actifs, ou par imputation des pertes de la société (art. 67 AUSC).
À l’égard des créanciers sociaux, il faut dire qu’en plus de leur droit de gage général sur
le capital social, ils ont le droit d’agir au nom de la société par la voie de l’action oblique (action
intentée par un créancier au nom et pour le compte de son débiteur négligent et insolvable), afin
de contraindre tout associé récalcitrant à libérer son apport.

b) La vocation aux bénéfices et économies et la contribution aux pertes


Cette exigence est clairement posée par l’article 4 de l’acte uniforme : « La société
commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs personne… dans le but de partager le bénéfice
ou de profiter de l'économie qui peut en résulter. Les associés s'engagent à contribuer aux pertes
dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme ».
La vocation aux bénéfices et économies consiste pour chaque associé à un droit au
partage des bénéfices réalisés lorsqu’une telle distribution est décidée par l’assemblée générale
annuelle. Selon une jurisprudence de la cour de cassation française en date du 11 mars 1914, le
bénéfice est gain pécuniaire qui s’ajoute à la fortune des associés. Il s’agirait donc de
l’accroissement de l’actif du patrimoine des associés résultant de la distribution des bénéfices.
Mais seulement la notion de bénéfice doit également s’entendre dans un autre sens et peut donc
consister en une économie, et dans ce cas, il n’implique pas principalement une plus value ou
un gain positif mais une diminution des charges c'est-à-dire une économie.
Sauf clause contraire des statuts, la distribution des bénéfices se fait
proportionnellement aux apports. La mise en paiement des dividendes devant se faire dans un
délai maximum de neuf (9) mois après la clôture de l'exercice. La prolongation de ce délai peut
être accordée par la juridiction compétente (Article 146).
En ce qui concerne la contribution aux pertes, elle se fait dans les mêmes conditions que
le partage des bénéfices c'est-à-dire qu’elle sera en principe proportionnelle à la participation
de chacun au capital social. Les clauses léonines étant également interdites. Il convient toutefois
de distinguer la contribution aux pertes de l’obligation des associés aux dettes ou au passif
social. La contribution aux pertes concerne en effet les rapports des associés entre eux et est
généralement requise à l’occasion de la liquidation de la société dont le passif est supérieur à
l’actif. Au contraire, l’obligation au passif social concerne les rapports des associés avec les
créanciers sociaux. En cas d’insolvabilité de la société, les associés répondent alors des dettes
de la société envers les créanciers sociaux, soit dans la limite du montant de leurs apports (SA,
SAS, SARL) soit de manière indéfinie et solidaire comme dans les SNC ; SCS, SP.

c) L’affectio societatis
L’affectio societatis ou état d’esprit d’associé définit l’élément intentionnel du contrat
de société. Il s’agit de la volonté de s’associer. La doctrine le perçoit tantôt comme une
collaboration volontaire, active, intéressée et égalitaire, tantôt comme une convergence d’union
ou la convergence d’intérêts entre contractants.
Quoiqu’il en soi, l’affectio societatis présente une certaine utilité et varie d’intensité
selon le type de société. Il n’est pas le même pour l’associé majoritaire ou l’associé minoritaire ;
pour l’associé en nom collectif ou l’actionnaire, et serait ainsi plus marquée dans les sociétés
de personnes que dans les sociétés de capitaux.

Paragraphe 2 : Les conditions de forme


La constitution d’une société commerciale nécessite la rédaction d’un acte de société ou
statut et l’accomplissement des formalités légales de publicité.

A : L’établissement de l’acte de société ou statuts

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L’acte créateur de la société constitue ce qu’on appelle les statuts. Sur la forme, les
statuts peuvent être établis par acte notarié ou par tout acte offrant des garanties d’authenticité
dans l'État du siège de la société déposé avec reconnaissance d'écritures et de signatures par
toutes les parties au rang des minutes d'un notaire. Toutefois, les statuts établis par acte sous-
seing privé reste valable à condition qu’il soit établi en autant d’originaux qu’il est nécessaire
pour le dépôt d'un exemplaire au siège social et l'exécution des diverses formalités requises par
les textes en vigueur et notamment les formalités légales de publicité.
Un exemplaire original doit être remis à chaque associé dans les sociétés en nom
collectif, les sociétés en commandite simple et les sociétés à responsabilité limitée. Pour les
autres sociétés, à ceux des associés qui en ont fait la demande à la signature des statuts ou le
cas échéant, lors de l'assemblée générale constitutive. Il est noter que les statuts peuvent être
modifiés, dans les conditions prévues pour chaque forme de société (art. 72 AUSC).
Sur le fond, les statuts doivent comporter 13 mentions obligatoires dont (art. 13 AUSC):
Une fois rédigés et signés, ils doivent faire l’objet de publicité au RCCM et d’une
insertion dans un journal d’annonce légale.

B : La publicité des sociétés commerciales


La publicité de l’acte constitutif de la société est utile à plus d’un titre. Les associés
doivent révéler aux tiers l’existence de leur société et ses conditions de fonctionnement. Ainsi,
les éventuels créanciers sociaux sauront à quoi s’en tenir à propos de la société avec laquelle ils
souhaitent contracter. De même, les créanciers personnels de chaque associé seront avertis par
la publicité de la mise en société d’un ou de plusieurs des biens de leur débiteur et si cet acte
entraine la diminution de leur gage, de s’y attaquer par les moyens légaux existants (action
oblique, action paulienne). Selon l’article 269 de l’acte uniforme, les formalités de publicité
sont effectuées à la diligence et sous la responsabilité des représentants légaux des sociétés.
Toutefois, si l’une des formalités a été omise ou a été irrégulièrement accomplie et si la société
n'a pas régularisé la situation dans un délai d'un (1) mois à compter de la mise en demeure
qui lui a été adressée, tout intéressé peut demander à la juridiction compétente statuant à
bref délai, de désigner un mandataire à l'effet d'accomplir la formalité de publicité.
La publicité est requise soit après la constitution de la société soit lorsque les statuts ont
subi une modification. Tout avis publié doit obligatoirement comprendre :
1°) la dénomination sociale de la société suivie, le cas échéant, de son sigle ;
2°) la forme de la société ;
3°) le montant du capital social ;
4°) l'adresse du siège social ;
5°) le numéro d'immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier.
Plusieurs formalités réalisent la publicité des sociétés commerciales. Cependant deux
restent très importantes à savoir l’immatriculation au RCCM et l’insertion dans un journal
d’annonce légale.
L’immatriculation au RCCM (registre du commerce et du crédit mobilier) est l’acte par
lequel la société accède à la vie juridique. C’est sa déclaration de naissance. Elle doit être prise
dans le mois de la constitution de la société commerciale auprès de la juridiction de laquelle est
situé le siège social.

L’acquisition de la personnalité juridique ouvre à la société le droit d’avoir un


patrimoine propre, d’être identifiable et capable d’agir pour son propre compte.

Le patrimoine social

La société a un patrimoine propre distinct de celui de ses associés et qui est géré de
façon autonome par elle. Trois conséquences en découlent.

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1- C’est que chaque associé a un droit sur le patrimoine social. Il s’agit en réalité
d’un droit de créance qui porte sur les dividendes, sur la valeur de son apport et sur le boni de
liquidation (c’est un excédant d’actif qui apparait après la liquidation d’une société, lorsque les
créanciers ont été payés et les associés remboursés de leurs apports. Ce boni de liquidation est
partagé entre les associés).

2- Les biens de la société ne constituent pas le gage général des créanciers


personnels des associés mais le gage des créanciers sociaux. Par conséquent, ces derniers ont
un droit de préférence sur les premiers. Les créanciers sociaux ne peuvent se payer en principe
que sur le patrimoine social et les créanciers des associés sur les biens propres de ces derniers.
Mais la situation n’est pas identique dans tous les types de sociétés puisque dans les sociétés de
personnes, les associés étant tenus indéfiniment et solidairement, les créanciers sociaux
pourront en cas d’insuffisance d’actif social de faire payer sur le patrimoine des associés.
3- L’ouverture d’une procédure collective d’apurement du passif (lorsque la société
est en difficulté et n’arrive plus à payer ses créanciers. Il s’agira alors dans ce cas de réaliser
l’actif c'est-à-dire de vendre les biens meubles et immeubles de la société et avec l’actif ainsi
réalisé, payer tout ou partie des dettes), a plus ou moins d’effet à l’égard des associés tenus
indéfiniment des dettes sociales même s’ils ne sont pas eux-mêmes en état de cessation de
paiement. Il y a alors deux procédures ; une pour la société et une pour chacun des associés. En
revanche dans les sociétés anonymes et les SARL, la faillite de la société se limite à celle-ci
sauf s’il y a eu simulation ou déclaration de faillite commune entre la société et un ou plusieurs
dirigeants.

L’identité de la société commerciale.


La société commerciale a un nom, un domicile et une nationalité.
Le nom
Le nom est l’appellation de la société. Il peut s’agir de la raison sociale pour les sociétés
de personnes et d’une dénomination sociale pour les SA et les SARL et SAS. La raison sociale
comprend le nom de certains ou de tous les associés tenus indéfiniment suivie de la mention et
compagnie. La dénomination sociale peut être fantaisiste mais doit nécessairement être suivie
de l’indication de la forme de la société et du montant du capital social, de l’adresse de son
siège social, de la mention de son immatriculation au RCCM. Elle doit figurer sur tous les actes
et documents émanant de la société et destinés aux tiers. La dénomination sociale n’est pas
figée et les associés peuvent la changer ce qui va entrainer la modification des statuts. Elle est
protégée par l’action en concurrence déloyale contre les usurpations entrainant la confusion
dans l’esprit de la clientèle. De même, la concurrence dite parasitaire (consiste à utiliser le nom
commercial d’autrui dans un domaine d’activité différent) est durement sanctionnée.

Le domicile
Le domicile de la société est son siège social. Celui-ci est distinct du domicile des
associés. Il doit être mentionné dans les statuts et bien localisé. Il faut alors une adresse ou une
indication géographique précise. Le siège social peut être situé au choix des associés soit au
lieu du principal établissement, soit à son centre de direction administrative et financière. C’est
à ce lieu qu’elle doit être assignée lors d’un procès mais il est également admis que les tiers
puissent assigner la société ailleurs qu’à son siège social en vertu de la théorie des gares
principales. Le siège social peut être transféré d’un endroit à un autre de la même ville par
simple décision des organes administratifs. Il peut être transféré en dehors de la ville ou même
du pays sous certaines conditions.

La nationalité
La société commerciale a une nationalité. Celle-ci peut être déterminée en fonction de

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deux critères principaux. Le premier est celui du siège social et la société aura alors la
nationalité de l’Etat dont la loi gouverne le fonctionnement parce qu’elle y a fixé son siège.
Deuxièmement, le critère du contrôle permet également de déterminer la nationalité de la
société. La société serait étrangère bien qu’ayant son siège au Cameroun si elle est composée
d’associés étrangers ou si elle est contrôlée par les étrangers. Mais en général, la jurisprudence
retient le critère du siège social pour la détermination de la nationalité des sociétés
commerciales.

La capacité des sociétés commerciales.


En tant que personne morale, la société a la capacité de jouissance et d’exercice. Elle a
donc l’aptitude à faire des actes juridiques notamment les actes de disposition (acheter, vendre,
recevoir les dons (entre vivant) et legs : libéralité contenue dans un testament) mais elle doit
agir dans la limite de son objet social. La société a aussi le pouvoir d’ester en justice pour
défendre ses droits. Elle sera alors représentée par ses dirigeants sociaux. Sur le plan civil, la
société est responsable des fautes de gestion commises par ses représentants. Sur le plan pénal
cependant, elle continue à demeurer irresponsable, seuls ses dirigeants devant répondre des
infractions commises même dans l’intérêt social
La deuxième formalité est l’insertion dans un journal d’annonce légale. En effet, dans
un délai de 15 jours suivant l’immatriculation de la société et après accomplissement des
formalités de constitution de la société, un avis est inséré dans un journal habilité à recevoir les
annonces légales dans l’Etat partie du siège social. Cette insertion a pour but d’informer le
public de la création d’une nouvelle société. Cet avis est signé par le notaire ayant reçu l’acte
de société ou par les fondateurs lorsque les statuts sont sous-seing privé. Sont habilités à
recevoir cet avis le journal officiel ou tout journal habilité à cet effet par les autorités
compétentes de l’Etat partie. Il en est de même du bulletin national des RCCM ainsi que de tout
quotidien national d’information générale justifiant d’une vente effective paraissant depuis plus
de 6 mois et distribué à l’échelle nationale.

Section II- La sanction des irrégularités de constitution des sociétés commerciales.

À l’occasion de la constitution de la société commerciale, des irrégularités peuvent être


commises par les fondateurs. Ces irrégularités de constitutions devraient entrainer la nullité.
Mais l’annulation d’une société commerciale peu entrainer de lourdes conséquences au regard
du volume des transactions effectuées par la société irrégulièrement constituée. C’est pour cette
raison que le législateur a toujours soumis la nullité des sociétés commerciales à un régime
spécial en privilégiant autant que faire ce peu la régularisation de la société. Dans l’extrême,
lorsqu’elle est prononcée, la nullité n’opère que pour l’avenir.

Paragraphe 1 : Le domaine restreint de la nullité


La nullité peut concerner aussi bien le contrat de société que les actes, décisions ou
délibérations modifiant ou non les statuts.
S’agissant de la nullité des sociétés commerciales, l’article 242 de l’acte uniforme
dispose que: « La nullité d'une société ne peut résulter que d'une disposition du présent Acte
uniforme la prévoyant expressément ou, sous réserve des dispositions de l'alinéa suivant, des
textes régissant la nullité des contrats ». Autrement dit, l’opportunité de prononcer la nullité
n’appartient pas au juge lorsqu’il est saisi d’une action en nullité. Celle-ci ne peut résulter d’une
disposition expresse de la loi. Donc, en dehors des hypothèses prévues le législateur et qui
peuvent entrainer la nullité de la société, le juge est sans pouvoirs.
Selon l’article 242 in fine, la nullité des sociétés à responsabilité limitée et des sociétés
par actions ne peut résulter ni d'un vice de consentement ni de l'incapacité d'un associé à

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moins que celle-ci n'atteigne tous les associés fondateurs. Lue a contrario, elles peuvent
entrainer la nullité des sociétés de personnes. Cette nullité est également encourue pour illicéité
de l'objet social ; il en va de même dans les sociétés en commandite simple, ou en nom
collectif, lorsque l'accomplissement des formalités de publicité est requis à peine de nullité
de la société, de l'acte, de la décision, ou de la délibération, n’a pas été accomplie. Outre
ces hypothèses très restreintes de la nullité, le législateur a aménagé un régime très
souple.

A- Le régime souple l’action en nullité


Le législateur est réfractaire à l’idée de voir annuler une société commerciale. Aussi, a-
t-il prévu les hypothèses de la contourner. Tantôt, il laisse le soin aux juges d’en apprécier le
bien fondé, tantôt il lui adresse des injonctions. Parfois, c’est la régularisation de la société qui
est recommandée.

1. Le pouvoir du juge en matière de nullité


Le juge ne peut prononcer la nullité du contrat de société si aucune disposition expresse
ne le prévoit. De même, saisi d’une action en nullité pour absence de publicité de l'acte, de la
décision, ou de la délibération, la juridiction compétente a la faculté de ne pas prononcer la
nullité encourue si aucune fraude n'est constatée (art. 245 AUSC). Selon l’article 246, l'action
en nullité est éteinte lorsque la cause de nullité a cessé d'exister le jour où la juridiction
compétente statue sur le fond en première instance, sauf si cette nullité est fondée sur le
caractère illicite de l'objet social.
C’est dans la même logique que la juridiction compétente saisie d'une action en nullité
peut, même d'office, fixer un délai pour permettre de couvrir la nullité. Elle ne peut pas
prononcer la nullité moins de deux (2) mois après la date de l'exploit introductif d'instance. Si,
pour couvrir une nullité, une assemblée doit être convoquée et s'il est justifié d'une convocation
régulière de cette assemblée, la juridiction compétente accorde le délai nécessaire pour que les
associés puissent prendre une décision.

2. La régularisation de la nullité
Le législateur accorde aux associés la possibilité de couvrir la nullité en régularisant la
cause objet de nullité. La régularisation peut être demandée par toute personne ayant un intérêt
qui met alors en demeure l’associé dont le consentement a été vicié ou l’associé incapable de
régulariser.
Les actions en nullité de la société, se prescrivent par trois (3) ans à compter de
l'immatriculation de la société ou de la publication de l'acte modifiant les statuts sauf si la
nullité est fondée sur l'illicéité de l'objet social. Les actions en nullité des actes, décisions ou
délibérations de la société, se prescrivent par trois (3) ans à compter du jour où la nullité est
encourue sauf si la nullité est fondée sur l'illicéité de l'objet social. Toutefois, l'action en
nullité d'une fusion ou d'une scission se prescrit par six (6) mois à compter de la date de la
dernière inscription au registre du commerce et du crédit mobilier rendue nécessaire par
l'opération de fusion ou de scission (art. 251 AUSC).

Paragraphe 2 : Les effets de la nullité et la consécration de la société de fait


Si malgré toutes les précautions la nullité doit être prononcée, celle-ci entraine des effets
qui peuvent être limités dans le temps. La nullité de la société emporte sa dissolution suivie de
sa liquidation pour ce qui concerne les sociétés pluripersonnelles.
Contrairement au droit commun, cette nullité se singularise par l’absence d’effets
rétroactifs. La règle ce qui est nulle n’a pu produire aucun effets ne s’applique pas ici comme
l’indique clairement l’article 253 de l’acte uniforme : lorsque la nullité de la société est
prononcée, elle met fin, sans rétroactivité, à l'exécution du contrat ». Hors mis la nullité pour

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vice de consentement ou incapacité, ni les associés, ni la société ne saurait se prévaloir à l’égard
des tiers de bonnes foi de la nullité de la société pour se soustraire à leurs obligations.
La nullité a pour conséquences de mettre en œuvre, selon l’article 256, la responsabilité
des dirigeants sociaux auxquels la nullité est imputable. Ils peuvent en effet être déclarés
solidairement responsables du dommage résultant pour les tiers de l'annulation de la société.
Au-delà de cette solution traditionnelle au droit des sociétés, l’acte uniforme consacre
la société de fait afin de garantir la sécurité juridique des transactions. Par cette solution, les
associés seront tenus, chaque fois qu’ils auront constitués irrégulièrement une société
commerciale, de tous les effets produits par celle-ci au régime de responsabilité des associés
d’une SNC. Cela veut dire qu’ils répondront solidairement et indéfiniment du passif de la
société irrégulièrement constituée. L’article 867 prévoit que la société de fait entre associés peut
être prouvé par tous moyens. Cette preuve résultant dans le cas particulier de l’annulation d’une
société de la décision même du tribunal.

Chapitre II- Le fonctionnement des sociétés commerciales.


Le fonctionnement des sociétés commerciales peut être normal ou anormal. Il est normal
lorsque la société ne connait pas de difficultés de nature à compromettre sa survie. Il est par
contre anormal ou difficultueuse lorsqu’elle fait face à des crises ou de menaces de crise
susceptibles de compromettre son exploitation..
Section 1- Le fonctionnement normal de la société commerciale
Une fois régulièrement constituée et immatriculée, la société fonctionne à travers un
certain nombre d’organe dont les règles de constitution et les pouvoirs sont clairement définies
par la loi. Il s’agit des organes de gestion et de délibération.
Paragraphe 1. Les organes de gestion
On les nomme aussi organes de direction. Ces organes sont incarnés par les dirigeants
sociaux. Selon la forme de la société ils prennent soit le nom gérant, soit celui d’administrateur
ou de président (dans les SAS).
La gérance est le mode normal de gestion des petites et moyennes entreprise telles que
les SNC ; SCS, SARL. Quant à la SA, elle peut être gérée par un conseil d’administration qui
nomme parmi ses membres un président-directeur général, un président du conseil
d’administration et un directeur général. Si la SA comporte un nombre d’actionnaire égal ou
inférieur à trois (03), les actionnaires peuvent ne pas constituer de conseil d’administration et
désigner dans ce cas un administrateur général qui assume sous sa responsabilité les fonctions
d’administration et de direction. Quant à la SAS, elle est gérée par un président.
Indépendamment de cette appellation, ils sont soumis à un régime commun en ce qui concerne
leurs pourvoir et leur statut. Ce sont les personnes habilitées à représenter, diriger ou administrer
la société.

Paragraphe 1- Désignation et révocation des dirigeants sociaux.


Sous réserve des exclusions fondées sur les règles d’incompatibilité, d’incapacité ou
d’interdiction, toute personne peut accéder aux fonctions de dirigeants d’une société
commerciale si telle est la volonté des associés. Il revient donc à ces derniers de désigner leur
dirigeant et cas de désaccord, les tribunaux peuvent être amenés à designer un administrateur
provisoire ou un syndic dont les pouvoirs sont toujours déterminés et temporaires.
Dans les sociétés commerciales, le dirigeant social peut être un associé ou un tiers au
contrat de société. Il peut être statutaire ou désigné par un acte postérieur. Il peut être lié à la
société par un contrat de travail. Ses fonctions peuvent être gratuites ou rémunérées. La
révocation des dirigeants relève également de la compétence de l’assemblée générale des
associés. Dans les sociétés de personnes et la SARL, la révocation doit se faire pour juste motifs,
elle peut également résulter d’une décision judiciaire pour causes légitimes. Si la révocation se

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fait sans justes motifs, la société peut être condamnée à payer au dirigeant des dommages-
intérêts. Dans les SA par contre, les dirigeants ont un statut précaire étant donné qu’ils sont
révocables ad nutum c'est-à-dire à tout moment, sans justification et sans préavis.

Paragraphe 2- Les pouvoirs des dirigeants sociaux.


Le problème que pose la détermination des pouvoirs des dirigeants sociaux est celui de
savoir à quelles conditions leurs actes engagent la société ? Pour y répondre, il convient
d’envisager l’étendue des pouvoirs de dirigeants dont le dépassement peut entrainer la mise en
œuvre de leur responsabilité.

A- L’étendue des pouvoirs


À l’égard des tiers, l’article 121 de l’acte uniforme dispose : « les organes de gestion,
de direction et d'administration ont, dans les limites fixées par le présent Acte uniforme pour
chaque type de société, tout pouvoir pour engager la société, sans avoir à justifier d'un mandat
spécial. Toute limitation de leurs pouvoirs légaux par les statuts est inopposable aux tiers de
bonne foi ». L’article 122 va plus loin en retenant que la société reste engagée par les actes des
ses dirigeants même lorsque ces derniers outrepassent leurs pouvoirs en agissant au-delà de
l’objet social. Désormais investis de véritable pouvoirs légaux, les dirigeants des sociétés
commerciales ne sont plus considérés comme de simples mandataires. Ils sont investis des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société. L’étendue de
leurs pouvoirs témoigne du souci d’assurer la sécurité des tiers avec lesquels ils concluent au
nom de la société ; toute remise en cause par la société de telles transactions pouvant être
préjudiciables au cocontractant.
À l’égard des associés cependant, les pouvoirs de dirigeants restent limiter par les
statuts. C’est ce qui ressort de l’article 123 de l’acte uniforme : « Dans les rapports entre
associés et sous réserve des dispositions légales spécifiques à chaque forme de société, les
statuts peuvent limiter les pouvoirs des organes de gestion, de direction et d'administration. Ces
limitations sont inopposables aux tiers de bonne foi ». Dans ce cas, si les dirigeants outrepassent
leur pourvoir, il reste personnellement responsable et leur responsabilité peut être mise en
œuvre.
Au-delà de leurs pouvoirs de gestion courante de la société, il est des actes que les
dirigeants ne peuvent accomplir qu’après avoir obtenu l’autorisation de l’assemblée générale
des associés. Le défaut d’autorisation entrainant leur responsabilité personnelle.

B- La responsabilité des dirigeants sociaux.


Les dirigeants sociaux, qui dans l’exercice de leurs fonctions commettent des fautes
peuvent voir leur responsabilité aussi bien civile que pénale mise en cause. La responsabilité
pénale résulte de la commission d’une infraction.
Tandis que la responsabilité civile qui résulte d’une faute de gestion peut être aussi bien
individuelle que sociale. Aux termes de l’article 161 de l’acte uniforme que : « Sans préjudice
de la responsabilité éventuelle de la société, chaque dirigeant social est responsable
individuellement envers les tiers des fautes qu'il commet dans l'exercice de ses fonctions. Si
plusieurs dirigeants sociaux ont participé aux mêmes faits, leur responsabilité est solidaire à
l'égard des tiers ». Toutefois, dans les rapports entre eux, la juridiction compétente détermine
la part contributive de chacun dans la réparation du dommage.
Ainsi, tout associé ou un tiers ayant subi un préjudicie consécutif à la faute du dirigeant
social peut exerce contre lui une action individuelle en réparation de son dommage
conformément au droit commun de la responsabilité civile délictuelle. Il devra ainsi justifier
d’un préjudice, d’une faute et d’un lien de causalité. La juridiction compétente pour connaître
de l'action individuelle est celle dans le ressort de laquelle est situé le siège de la société.
Cette action se prescrit par trois (3) ans à compter du fait dommageable ou, s'il a été

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dissimulé, de sa révélation. L'action individuelle se prescrit par dix (10) ans pour les crimes.
En cas de succès, les dommages sont alloués à la victime tiers ou associé.
2) l’action sociale
De même, la société commerciale victime d’une faute de gestion du fait de son dirigeant
pourra agir en responsabilité contre ce dernier en vue de la réparation du préjudice subit. Cette
responsabilité est mise en œuvre au moyen de l’action sociale laquelle abouti en cas de succès
à l’octroi des dommages et intérêts à la société. Aux termes de l’article 166 : « L'action sociale
est l'action en réparation du dommage subi par la société du fait de la faute commise par le ou
les dirigeants sociaux dans l'exercice de leurs fonctions ».
Cette action doit en principe être exercée par le dirigeant social seul représentant de la
société. Mais, un ou plusieurs associés peuvent intenter l’action sociale après une mise en
demeure des organes de compétent non suivit d’effets dans un délai 30 jours. Lorsque l’action
est intentée par les associés, elle est dite UT SINGULI. Les statuts ne peuvent subordonner
l'exercice de l'action sociale à l'avis préalable ou à l'autorisation de l'assemblée, d'un
organe de gestion, de direction ou d'administration ou comporter par avance renonciation à
l'exercice de cette action. De même, aucune décision de l'assemblée des associés, d'un organe
de gestion, de direction ou d'administration ne peut avoir pour effet d'éteindre une action en
responsabilité contre les dirigeants sociaux pour la faute commise dans l'accomplissement de
leurs fonctions.
La juridiction compétente pour connaître de l'action sociale est celle dans le ressort de
laquelle est situé le siège de la société. L'action sociale se prescrit par trois (3) ans à compter
du fait dommageable ou, s'il a été dissimulé, de sa révélation. Si c’est un crime, elle se prescrit
par dix (10) ans.
Il existe toutefois la possibilité pour un dirigeant de s’exonérer de sa responsabilité. I
peut à cet effet faire usage de son droit d’opposition qui est la faculté qui lui est accordée, en
cas de gestion collégiale, de s’opposer, par écrit, à une décision à prendre avant que celle-ci ne
soit prise. De même, la possibilité est accordée de conclure une transaction avec le ou les
dirigeants contre lequel ou contre lesquels l'action est intentée pour mettre fin au litige (art. 168
AUSC).
Paragraphe 2- L’assemblée générale
L’assemblée générale regroupe tous les associés de la société commerciale. Elle assure
une double fonction d’organe de délibération et d’organe de contrôle.
A- La notion d’associé
La qualité d’associé est tirée de la possession des titres sociaux lesquels leur confèrent
des droits et obligations.
1. Les titres sociaux
Un associé est un participant à la société commerciale. Il faut être titulaire de titres
sociaux pour avoir la qualité d’associé. Pour cela, il faut avoir fait des apports. Dans les sociétés
de personnes, on parle d’associés en nom dans les SNC, de commandités et de commanditaires
dans la SCS et de participants dans la société en participation. Dans les SARL on parle de
porteurs de parts et d’actionnaires dans les SA et SAS.
Les titres sociaux représentent la contrepartie des apports faits par les associés. Ces titres
représentent les droits des associés et sont dénommés actions dans les sociétés par actions et
parts sociales dans les autres sociétés. Ils ont une valeur nominale déterminée et qui doit être la
même pour une société. Dans les sociétés de personnes, la valeur nominale des parts sociales
est librement fixée. Par contre, elle est de 5.000 FCFA dans les SARL et de 10.000 FCFA dans
les SA. Ces titres confèrent à leur titulaire des droits et obligations.

2. Les droits et obligations des associés.


a) Les droits
On les classe en droits pécuniaires et en droits extra pécuniaires

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Les droits pécuniaires sont ceux qui sont susceptibles d’une évaluation en argent. Il
s’agit :
Du droit aux bénéfices mis en réserve
Du droit de reprise de son apport initial en cas de liquidation de la société doublé du
droit au boni de liquidation
Du droit préférentiel de souscription en cas d’augmentation du capital.
S’agissant des droits extra pécuniaires, on a :
Le droit de faire partir de la société
Le droit de participer aux assemblées
Le droit de vote
Le droit à l’information qui permet aux associés d’exercer un contrôle sur la gestion de
la société.
L’exercice de ces droits doit se faire proportionnellement au montant des apports et les
clauses léonines sont interdites (il s’agit clauses attribuant à un associé la totalité du profit
procuré par la société ou l'exonérant de la totalité des pertes, ainsi que celles excluant un associé
totalement du profit ou mettant à sa charge la totalité des pertes).

b) Les obligations
Les associés ont deux principales obligations à savoir contribuer aux pertes sociales et
libérer leurs apports. L’obligation de contribuer aux pertes sociales s’effectue dans les
conditions prévues pour chaque forme de société. Dans les sociétés de personnes, les associés
sont tenus solidairement et indéfiniment des dettes sociales. Par contre, dans les SA et les SARL
et SAS, ils ne sont tenus qu’à concurrence du montant de leur apports.

B- Le rôle de l’assemblée générale


1. La prise des décisions collectives
Aux termes de l’article 132 de l’acte uniforme, il existe deux sortes de décisions
collectives. Les décisions ordinaires et les décisions extraordinaires. Elles sont prises selon les
conditions de forme et de fond prévues pour chaque forme de société.
Les décisions ordinaires relèvent de la compétence des assemblées générales ordinaires
et concernent notamment la désignation ou la révocation des dirigeants sociaux, l’approbation
de certaines conventions liant les dirigeants à leur société, l’approbation des comptes sociaux
ou toute autre question devant être soumise au vote des associés en vertu des statuts ou de la
loi. L’assemblée générale ordinaire doit tenir au moins une (01) session annuelle aux fins
d’approbation des comptes de l’exercice. Elle peut en cas de besoin être convoquée en session
extraordinaire sans pourtant se transformer en assemblée générale extraordinaire. On parle dans
ce cas d’assemblée générale ordinaire convoquée extraordinairement ou à titre d’exception.
L’assemblée générale extraordinaire au contraire a une compétence spéciale et doit être
convoquée lorsqu’il est question de modifier une disposition des statuts (pouvoirs des dirigeants
sociaux, capital, siège, durée de la société, objet, répartition des bénéfices…)

2. Le contrôle de la gestion sociale par l’assemblée générale.

L’article 137 de l’acte uniforme prescrit aux dirigeants sociaux à la clôture de chaque
exercice d’établir les états financiers de synthèses c'est-à-dire les comptes sociaux comprenant
le bilan, l’inventaire, le compte résultat et de dresser le rapport de gestion. Ces documents seront
après leur certification par le commissaire aux comptes dans les sociétés ou il en existe, soumis
au vote de l’assemblée générale annuelle. Celle-ci devra se réunir au plus tard dans les 06 mois
qui suivent la clôture de l’exercice. Les documents soumis au vote étant tenus à la disposition
des associés au siège social 15 jours au moins avant la date de l’assemblée.

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Section 2- la gestion de crises dans les sociétés commerciales

La vie d’une société commerciale n’est pas un long fleuve tranquille. La succession de
mauvais résultats peut conduire au dépôt du bilan. Certaines procédures sont alors prévues à cet
effet, il s’agit du redressement judiciaire et de la liquidation des biens. Ces procédures ne sont
envisagées que lorsque la situation de la société est désespérée. Par contre, si la situation n’est
pas compromise, on doit mettre en œuvre des procédures de traitements pour remédier aux
mauvais résultats. Le législateur OHADA a institué deux procédures, l’alerte et l’expertise de
gestion pour remédier aux difficultés de la société.

Paragraphe 1. La procédure d’alerte


L’alerte est un moyen qui permet d’attirer l’attention des dirigeants sociaux sur tous
faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Le devoir d’alerte est confié aussi
bien aux commissaires aux comptes qu’aux associés.
A- l’alerte par le commissaire aux comptes
Le commissaire aux comptes qui constate les mauvais résultats persistant va demander
des explications au dirigeant de la société, qui est tenu de répondre. Les modalités de l’alerte
sont déterminées par le législateur qui distingue selon qu’elle est faite dans les sociétés autres
que les SA ou selon qu’elle est faite dans la SA.
1 – dans les sociétés autres que les sociétés par actions
Selon l’article 150, le commissaire aux comptes, doit demander par lettre au porteur
contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception des explications
au gérant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation qu'il a relevé
lors de l'examen des documents qui lui sont communiqués ou dont il a connaissance à
l'occasion de l'exercice de sa mission.
Le gérant e s t t e n u d e répondre par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception dans les quinze (15) jours qui suivent la
réception de la demande d'explication. Dans sa réponse, il donne une analyse de la situation
et précise, le cas échéant, les mesures envisagées. En cas d'inobservation des dispositions
prévues c i - d e s s u s ou si, en dépit des décisions prises, le commissaire aux comptes
constate que la continuité de l'exploitation demeure compromise, il établit un rapport spécial
et peut demander au gérant, par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception, que ce rapport spécial soit communiqué aux associés ou qu'il
soit présenté à la prochaine assemblée générale. Dans ce cas, le gérant procède à la
communication du rapport spécial aux associés dans les huit (8) jours qui suivent la réception
de la demande. Toutefois, si urgence il ya, le commissaire aux comptes peut convoquer lui-
même une assemblée générale pour présenter les conclusions de son rapport. Si à l'issue de
l'assemblée, le commissaire aux comptes constate que les décisions prises ne permettent pas
d'assurer la continuité de l'exploitation, il informe de ses démarches la juridiction compétente et
lui en communique les résultats.
2 – dans les sociétés par actions (article 153)
Le commissaire aux comptes, dans une société anonyme et dans une société par actions
simplifiée, peut engager une procédure d'alerte en demandant par lettre au porteur contre
récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception des explications sur
tout fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation qu'il a relevé lors de
l'examen des documents qui lui sont communiqués ou dont il a connaissance à l'occasion de
l'exercice de sa mission.
La demande est adressée, selon le cas, au président du conseil d'administration, au
président-directeur général ou à l'administrateur général.
Ces derniers sont également tenus de répondre selon le même procédé dans les quinze
(15) jours qui suivent la réception de la demande d'explication. Dans sa réponse, il donne

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une analyse de la situation et précise, le cas échéant, les mesures envisagées.
À défaut de réponse ou si celle-ci n'est pas satisfaisante, le commissaire aux comptes
invite, selon le cas, le président du conseil d'administration ou le président-directeur général
à faire délibérer le conseil d'administration, l'administrateur général ou le président à se
prononcer sur les faits relevés.
L'invitation prévue à l'alinéa précédent est formée par lettre au porteur contre récépissé
ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception dans les quinze (15) jours qui
suivent la réception de la réponse du président du conseil d'administration, du président-
directeur général, de l'administrateur général ou du président, selon le cas, ou la constatation de
l'absence de réponse dans les délais prévus à l'article précédent.
Dans les quinze (15) jours qui suivent la réception de la lettre du commissaire aux
comptes, le président du conseil d'administration ou le président-directeur général, selon le cas,
convoque le conseil d'administration, en vue de le faire délibérer sur les faits relevés, dans le
mois qui suit la réception de cette lettre. Le commissaire aux comptes est convoqué à la séance
du conseil.
Lorsque l'administration et la direction générale de la société sont assurées par un
administrateur général ou un président, celui-ci, dans les mêmes délais, convoque le
commissaire aux comptes à la séance au cours de laquelle il se prononce sur les faits relevés.
Un extrait du procès-verbal de la délibération du conseil d'administration ou de la
décision de l'administrateur général ou du président, selon le cas, est adressé au commissaire
aux comptes et à la juridiction compétente dans le mois qui suit la délibération ou la décision.

B – l’alerte par les associés


L’alerte est une faculté pour les associés. La procédure varie selon qu’on se trouve dans
les sociétés autres que les sociétés par actions ou dans les Sociétés par actions.
1 – dans les sociétés autres que les sociétés par actions
Tout associé non gérant peut, deux (2) fois par exercice, poser par écrit des questions au
gérant sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l'exploitation. A ces questions, le
gérant est tenu de répondre par écrit, dans le délai de quinze (15) jours. Dans le même délai, il
adresse copie de la question et de sa réponse au commissaire aux comptes, s'il en existe un.
2 – dans les sociétés par actions
La procédure est la même que ci-dessus. tout actionnaire peut, deux (2) fois par exercice,
poser des questions au président du conseil d'administration, au président-directeur général ou
à l'administrateur général, selon le cas, sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l'exploitation. Ceux-ci sont tenus de répondre par écrit, dans un délai de quinze (15) jours, aux
questions posées en application de l'alinéa précédent. Dans le même délai, il adresse copie de
la question et de sa réponse au commissaire aux comptes.

Paragraphe 2- l’expertise de gestion (Article 159)


L’expertise de gestion est une procédure par laquelle un ou plusieurs associés
représentant au moins le dixième du capital social peuvent, soit individuellement, soit en se
groupant, demander à la juridiction compétente du siège social, statuant à bref délai, la
désignation d'un ou de plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs
opérations de gestion.
En cas de recevabilité la demande, la juridiction compétente détermine l'étendue de la
mission et les pouvoirs des experts. A la fin de son expertise, l’expert dresse un rapport qui est
ensuite adressé au demandeur et aux organes de gestion, de direction ou d'administration ainsi
qu'au commissaire aux comptes. Les honoraires des experts sont supportés par la société.

18
Chapitre 3- La dissolution des sociétés commerciales.

Malgré sa longévité, la société commerciale est appelée à disparaitre un jour. Sa


disparition marque ainsi le terme de son existence dont les causes et les effets sont connus.

Section 1- Les causes de dissolution des sociétés commerciales.

L’article 200 de l’acte uniforme retient 06 causes différentes de dissolution des sociétés
commerciales et laissant le choix aux associés de compléter l’énumération par une disposition
particulière des statuts. On classe traditionnellement ces causes en causes de dissolution de
plein droit, volontaire ou anticipée et en causes judiciaires pour justes motifs.

Paragraphe 1- Les causes de dissolution de plein droit

L’arrivée du terme convenu


Selon l’article 200 de l’acte uniforme, la société prend fin par l’expiration du temps pour
lequel elle a été constituée. Plus explicite est l’article 30 du même acte qui dispose : « l’arrivée
du terme entraine dissolution de plein droit de la société… ». Ce terme doit être fixé dans les
statuts mais ne saurait excéder 99 ans. Toutefois, les associés peuvent éviter la dissolution en
décidant d’une prorogation par décision de l’assemblée générale extraordinaire.

La réalisation ou l’extinction de l’objet social


Il y a réalisation de l’objet social lorsque l’opération ou les opérations pour lesquelles
la société avait été créée sont totalement achevées. (Construction d’un pont). Quant à
l’extinction de l’objet social, il est la conséquence d’un évènement fortuit tel que l’annulation
du contrat dont l’exécution constituait l’activité de la société ou encore l’interdiction de
l’activité exercée par celle-ci. Dans les deux cas, la société est dissoute de plein droit parce
qu’elle n’a plus d’objet social ou parce que son objet est devenu illicite. Il ya également
extinction lorsque l’activité pour laquelle la société avait été constituée se révèle impossible
(carrière de pierres).

L’annulation du contrat de société


Il ya annulation du contrat de société lorsque les conditions de formation n’ont pas été
respectées.

Paragraphe 2- La dissolution judicaire pour juste motifs


Outre la détention des titres sociaux par un seul associé prévue par l’article 60 de l’acte
uniforme, l’article 200 autorise tout associé justifiant d’un motif valable à demander à la
juridiction compétente de prononcer la dissolution de la société pour inexécution par un associé
de ses obligations ; la mésentente entre associés empêchant le fonctionnement normal de la
société. On peut considérer comme tel toutes circonstances de nature à empêcher durablement
la société de remplir son objet.

Paragraphe 3- La dissolution volontaire.


Elle émane de la volonté des associés. Aux termes de l’article 200 de l’AUSCGIE, la
société prend fin par : « décision des associés aux conditions prévues pour modifier les
statuts ». Cette dissolution volontaire décidée par les associés n’est qu’une conséquence du droit
commun des contrats permettant aux parties à un contrat d’y mettre terme de commun accord.
En effet, ce qui a été fait par la volonté peut être défait par la même volonté. Il faudrait
simplement s’agissant d’une société commerciale que la décision soit prise par une assemblée
générale extraordinaire en relation avec la volonté des associés. Cette dissolution, également

19
qualifiée de dissolution anticipée peu être directe, lorsqu’elle émane d’une décision de
l’assemblée générale ou survient en application d’une clause des statuts. Elle est indirecte
lorsqu’elle est la conséquence nécessaire d’une autre décision collective, par exemple la
décision de se faire absorber.
Par contre, ne correspond pas à un cas de dissolution le fait pour toute société dont
l’objet correspond à la définition du GIE de se transformer en GIE. Une telle transformation
n’entraine pas dissolution ni même création d’une personne morale nouvelle.

Section 2- Les effets de la dissolution des sociétés commerciales.

L’article 201 de l’AUSC qui détermine les effets de la dissolution des sociétés
commerciales distingue le cas de la société unipersonnelle de celui de la société
pluripersonnelle. La dissolution de la société unipersonnelle entraine la transmission universelle
de son patrimoine à l’associé unique sans qu’il y ait lieu à liquidation. Tandis que celle de la
société pluripersonnelle entraine de plein droit la mise en liquidation de la société. De manière
générale, la dissolution entraine des effets à l’égard des associés et ne sera opposable aux tiers
qu’à compter de sa publication au RCCM. Mais deux principaux effets doivent être étudiés à
savoir la liquidation du patrimoine social et le partage entre associés.

Paragraphe 1- La liquidation du patrimoine social.


La liquidation, selon la définition du Doyen Ripert, est l’ensemble des opérations
consistant après règlement du passif sur les éléments de l’actif, à convertir ces éléments en
argent de manière que le partage puisse être effectué. Elle consiste également à déterminer la
part que chaque associé doit prendre à sa charge dans le passif qui ne peut être réglé par l’actif.
Il ressort de cette définition que la liquidation qui prépare le partage entre les associés de
l’excédant d’actif le cas échéant est ponctuée par 03 étapes à savoir le recouvrement et la
réalisation des éléments d’actifs, le règlement du passif et l’établissement des comptes entre
associés.
La liquidation peut être judiciaire ou extrajudiciaire. Dans ce dernier cas, un liquidateur
est désigné par les associés. Celui-ci peut aux termes de l’article 207 de l’acte uniforme être
une personne physique ou morale, choisie parmi les associés ou en dehors. Lorsque les associés
ne s’accordent pas sur la désignation du liquidateur, celui-ci sera désigné par décision de justice
à la demande de tout intéressé. Le liquidateur engage sa responsabilité aussi bien à l’égard des
associés que des tiers pour les conséquences dommageables de ses actes commises dans
l’exercice de ses fonctions.
Concrètement, le liquidateur doit commercer par recouvrer les sommes dues par les tiers
ou par les associés à la société en même temps qu’il poursuit la réalisation proprement dite des
actifs c'est-à-dire la vente des biens de la société. Avec les fonds recueillis, le liquidateur
procèdera au règlement du passif c'est-à-dire au désintéressement intégral des créanciers
sociaux qui sont payés au fur et à mesure qu’ils se manifestent et dans la limites des fonds
disponibles. En cas d’insuffisance d’actifs, les créanciers des sociétés dans lesquelles
l’obligation des associés au passif est indéfinie et solidaire pourront poursuivre les associés
pour le paiement des sommes qui leur sont personnellement dues. Toutefois, pour les associés
non liquidateurs, leurs conjoints survivants ou leurs héritiers et ayant cause, l’action en
poursuite se prescrit par 05 ans à compter de la publication de la dissolution au RCCM et non
à compter de la clôture de la liquidation.
Après apurement total ou partiel du passif, le liquidateur procède à l’établissement des
comptes entre associés en faisant ressortir pour chacun d’eux le solde créditeur ou débiteur
envers la société, cette opération étant préalable au partage de l’excédant éventuel d’actifs.

Paragraphe 2- Le partage entre associés

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La liquidation dans laquelle les actifs sociaux ont suffi pour l’apurement total du passif
permet à chaque associé de reprendre la valeur de son apport. Le partage des capitaux propres
qui se dégageraient après le remboursement du capital des associés se fera conformément aux
clauses des statuts et à défaut proportionnellement aux apports de chaque associé. Si aucun boni
de liquidation (excédant d’actifs net) après déduction des apports ne subsiste et au contraire la
liquidation laisse plutôt apparaitre des pertes d’exploitation, leur répartition sera également faite
conformément aux clauses des statuts ou proportionnellement aux apports des associés. Des
contributions aux pertes marquent le cas échéant la fin des opérations de liquidation qui doit
être suivie de la convocation de la dernière assemblée générale des associés appelés à statuer
sur les comptes définitifs et à donner ou non au liquidateur quitus de sa gestion et décharge de
son mandat. En cas de refus d’approuver les comptes du liquidateur ou d’impossibilité de
délibérer au cours de l’assemblée de clôture faute de majorité, le liquidateur ou tout intéressé
pourra demander à la juridiction compétente de statuer en lieu et place de ladite assemblée.

CHAPITRE IV- LES REGLES RELATIVES A LA RESTRUCTURATION DES


SOCIETES COMMERCIALES.
Les sociétés ne peuvent pas toujours s’envisager d’un point de vue statique et individuel.
II y a une dynamique des sociétés commerciales et les sociétés par actions, notamment les S.
A. ; y jouent un rôle considérable, étant donné qu’elles sont d’importants instruments de
concentration de capitaux et de puissance économique. La vie d’une société est fonction de
divers éléments qui peuvent entrainer sa modification : l’environnement, les contingences
économiques, techniques ou sociales, les conséquences de ses échecs ou de ses réussites, de la
législation plus ou moins instable, mais aussi et surtout, le fait de ceux qui l’animent à savoir
ses dirigeants, ses associes et ses salariés.
La dynamique des sociétés implique des modifications statutaires, permettant d’adapter
l’entreprise aux nécessites du moment. II s’agit alors de modifications graves faisant l’objet
d’une réglementation spéciale et toutes dictées par un souci de compétitivité : ainsi en est-il de
la transformation d’une société, de la fusion, scission, ou tout simplement de l’appartenance de
la société à un groupe.
Le législateur a réglementé des pratiques rendues nécessaires par 1’évolution
économique. On a ainsi une législation d’ensemble sur la question et portant sur diverses
opérations. Les Livres 4 de 1’Acte uniforme traite spécialement des liens de droit entre les
sociétés (Section I), de la transformation de la société commerciale (Section II), des fusions et
scission (Section III) et de l'apport partiel d’actif (Section IV).

Section I- LES LIENS DE DROIT ENTRE LES SOCIETES.


L’Acte distingue trois hypothèses de liens de droit : le groupe de sociétés (Paragraphe
I), la participation dans le capital d’une autre société (Paragraphe II) et le cas société mère-
filiale (Paragraphe III). Il institue également un régime juridique applicable selon les cas même
si les nuances ne sont pas toujours évidentes.

Paragraphe I- les groupe de sociétés


La notion de “ groupe de sociétés ” n’a jamais été facile à définir. La doctrine s’y est
essayée. M. Guyon par exemple, a estimé de manière approximative, que “ le groupe est un
ensemble de sociétés juridiquement indépendantes les unes des autres mais en fait soumises à
une unité de décision économique. En réalité, la constitution d’un groupe de sociétés découle
d’une prise de contrôle de sociétés extérieures. Les sociétés d’un groupe sont placées sous un
contrôle unique, et c’est cet argument qui est retenu par l’Acte uniforme. D’après l'article 173,
“ un groupe de sociétés est l’ensemble formé par des sociétés unies entre elles par des liens
divers qui permettent à l’une d’elles de contrôler les autres ». Cela suppose, dit l'article 174,
qu’une personne détient effectivement le pouvoir de décision au sein d’une autre société.

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Selon l'article 175, une personne détient le pouvoir de décision au sein d’une autre
société lorsqu’elle détient directement ou indirectement ou par personne interposée plus de la
moitié des droits de vote ;
2°) lorsqu'elle dispose de plus de la moitié des droits de vote en vertu d'un accord ou
d'accords conclus avec d'autres associés.
Or, le droit de vote s’exerce en fonction de la participation au capital de la société. II est
donc lié à la proportion des titres sociaux détenus: celui qui justifie d’une participation
importante lui conférant plus de la moitie des droits de vote de la société s’assure le contrôle de
celle-ci.

Paragraphe II- La participation dans le capital d’une autre société.


Les articles 176 à 178 de l’Acte uniforme organisent les modalités de participation d’une
société dans le capital d’une autre. Il ressort de ces dispositions tout d’abord que lorsqu’une
société possède dans une autre société une fraction de capital égale ou supérieure à 10%, la
première est considérée comme ayant une participation dans la seconde. Il faut cependant
distinguer le cas des sociétés anonyme et à responsabilité limitée et celui des autres sociétés.
Ainsi société anonyme ou une société à responsabilité limitée ne peut posséder
d’actions ou de parts sociales d’une autre société si celle-ci détient une fraction de son capital
supérieure à dix pour cent. Si telle était le cas, le législateur invite les intéressés à régulariser la
situation. Deux solutions sont alors possibles : 1°) celle qui détient la fraction la plus faible du
capital de l’autre doit céder ses actions ou ses parts sociales. 2°) Si les participations réciproques
sont de même importance, chacune des sociétés doit réduire la sienne, de telle sorte qu’elle
n’excède pas dix pour cent du capital de l'autre.
Ces actions ou les parts sociales jusqu’à ce qu’elles soient cédées, sont privées du droit
de vote et du paiement des dividendes y attachés.
- De la même manière, si une société, autre qu’une société par actions ou société à
responsabilité limitée détenant une participation à son capital supérieure à dix pour cent, elle
ne peut détenir d’actions ou de parts sociales de cette société. Au cas ou la participation de la
société anonyme ou de la société à responsabilité limitée dans la société serait égale ou
inferieure à dix pour cent, elle ne peut détenir plus de dix pour cent du capital de la société
anonyme ou de la société à responsabilité limitée. Dans les deux cas, si la société autre que la
société anonyme ou la société à responsabilité limitée possède déjà des titres de cette société
anonyme ou société à responsabilité limitée, elle doit les céder.
Le législateur communautaire n’a pas juge utile de mentionner les différentes
circonstances de prise de participation. Pourtant elles sont nombreuses; Il y a la prise de
participation concertée qui comprend les achats d actions directement ou par le biais d’une
holding (cession de contrôle) et la prise de participation par le biais d’une augmentation de
capital; il y a également la prise de participation agressive par le jeu des offres publiques d’achat
ou offres publiques d'échange.
Paragraphe III- Le cas société mère-filiale (Article 179 -180)

Une société est société mère d'une autre société quand elle possède dans la seconde plus
de la moitié du capital. La seconde société est la filiale de la première.
Il peut même arrivé qu’une société soit une filiale commune de plusieurs sociétés mères
lorsque son capital est possédé par lesdites sociétés mères, qui doivent :
1°) posséder dans la société filiale commune, séparément, directement ou indirectement
par l'intermédiaire de personnes morales, une participation financière suffisante pour qu'aucune
décision extraordinaire ne puisse être prise sans leur accord ;
2°) participer à la gestion de la société filiale commune

Section 2- LA TRANSFORMATION D’UNE SOCIETE. (Art. 181)

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La forme d’une société est son vêtement. Une société peut donc en changer et adopter
une autre forme, en considération des avantages et des inconvénients liés à chaque type de
société et de ses nouveaux besoins. Assez souvent une société de personnes ou une S.A.R.L. se
transforme en société anonyme, pour accroitre sa surface financière. L’inverse étant possible si
une S.A. trouve sa structure trop lourde à gérer par exemple. Le mécanisme de la transformation
(Paragraphe I) emporte un certain nombre d’effets (Paragraphe II).
Paragraphe I- Les conditions de la transformation.
La transformation de la société qui est l'opération par laquelle une société change de
forme juridique par décision des associes. Parfois, l’unanimité peut être requise lorsqu’il s’agit
de la transformation d'une société dans laquelle la responsabilité des associés est limitée à leurs
apports en une société dans laquelle la responsabilité des associés est illimitée. Cela revient à
dire qu’une transformation peut se faire d’une société à risque limité vers une société à risque
illimité est vis-versa. L’intérêt pratique de la transformation est d’éviter à la société une
dissolution suivie de la création d’une nouvelle société.

Paragraphe 2- La prise d’effet de la transformation : (Article 182-187)


La transformation prend effet à compter du jour où la décision la constatant est prise.
Cependant, elle ne devient opposable aux tiers qu'après achèvement des formalités de publicité.
La transformation ne peut avoir d'effet rétroactif. La transformation emporte un certain nombre
d’effets. Elle n'entraîne pas la création d'une personne morale nouvelle mais constitue plutôt
une modification des statuts et est soumise aux mêmes conditions de forme et de délai que celle-
ci. La transformation de la société n'entraîne pas non plus un arrêté des comptes si elle survient
en cours d'exercice, sauf si les associés en décident autrement.
S’agissant des dirigeants sociaux, elle met fin à leurs fonctions. Sans qu’ils ne puissent
demander des dommages et intérêts du fait de la transformation ou de l'annulation de la
transformation que si celle-ci a été décidée dans le seul but de porter atteinte à leurs droits. Le
rapport de gestion est établi par les anciens et les nouveaux organes de gestion, chacun de ses
organes pour sa période de gestion.
S’agissant des tiers, la transformation de la société laisse subsister les droits et
obligations contractés par la société sous son ancienne forme. Il en est de même pour les sûretés,
sauf clause contraire dans l'acte constitutif de ces sûretés.
En cas de transformation d'une société, dans laquelle la responsabilité des associés est
illimitée, en une forme sociale caractérisée par une limitation de la responsabilité des associés
à leurs apports, les créanciers dont la dette est antérieure à la transformation conservent leurs
droits contre la société et les associés.
En ce qui concerne le commissaire aux comptes, la transformation de la société ne met
pas fin à ses fonctions si la nouvelle forme sociale requiert la nomination d'un commissaire aux
comptes. Si tel n’est pas le cas la mission du commissaire aux comptes cesse par la
transformation, sauf si les associés en décident autrement.
Le commissaire aux comptes dont la mission a cessé en application du second alinéa du
présent article rend, néanmoins, compte de sa mission pour la période comprise entre le début
de l'exercice et la date de cessation de cette mission à l'assemblée appelée à statuer sur les
comptes de l'exercice au cours duquel la transformation est intervenue.
Lorsqu'une société qui n'a pas de commissaire aux comptes se transforme en société par
actions, un ou plusieurs commissaires à la transformation, chargés d'apprécier sous leur
responsabilité la valeur des biens composant l'actif social et les avantages particuliers, sont
désignés, sauf accord unanime des associés, par décision de la juridiction compétente à la
demande des dirigeants sociaux ou de l'un d'eux.
Les commissaires à la transformation peuvent être chargés de l'établissement du rapport
prévu à l'article 375 ci-après. Dans ce cas, il n'est rédigé qu'un seul rapport. Ces commissaires
sont soumis aux incompatibilités prévues à l'article 378 ci-après. Le rapport est tenu à la

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disposition des associés.
Enfin, il peut arrives qu’à la suite d’une transformation la société perd sa personnalité
juridique si elle n'a plus l'une des formes sociales prévues par le présent Acte uniforme.

Section III- LA FUSION ET LA SCISSION.


Les fusions et scission sont deux procédés de restructuration des sociétés qui présente
une typologie différente mais un régime juridique identique.

Paragraphe 1- typologie des fusions et scission


L’article 189 définit la fusion comme l'opération par laquelle deux (2) ou plusieurs
sociétés se réunissent pour n'en former qu'une seule soit par création d'une société nouvelle soit
par absorption par l'une d'entre elles.
De cet article, il se dégage que la fusion peut connaitre deux formes : la fusion-
absorption et la fusion-combinaison. Dans la fusion-absorption, une société qui existe déjà
reçoit l’apport ; tandis que dans la fusion-combinaison, les deux sociétés se dissolvent
ensembles et font apport de leurs patrimoines à une nouvelle société constituée exprès pour les
recevoir. Dans tous les cas, de l’opération de fusion, il ne doit résulter qu’une seule société.
La fusion peut même concerner une société en liquidation, laquelle peut être absorbée
par une autre société ou participer à la constitution d'une société nouvelle.
En ce qui concerne la scission, c’est l'opération par laquelle le patrimoine d'une société
est partagé entre plusieurs sociétés existantes ou nouvelles. Ainsi, une société peut transmettre
son patrimoine par voie de scission à des sociétés existantes ou nouvelles. La scission entraîne
transmission à titre universel du patrimoine de la société, qui disparaît du fait de la scission, aux
sociétés existantes ou nouvelle

Paragraphe 2- Effets de la fusion et de la scission


La fusion doit être décidée en assemblée générale dans les conditions requises pour la
modification des statuts. La fusion ou la scission prend effet :
1°) en cas de création d'une ou plusieurs sociétés nouvelles, à la date d'immatriculation,
au registre du commerce et du crédit mobilier, de la nouvelle société ou de la dernière d'entre
elles ; chacune des sociétés nouvelles est constituée selon les règles propres à la forme de la
société adoptée.
2°) dans les autres cas, à la date de la dernière assemblée générale ayant approuvé
l'opération, sauf si le contrat prévoit que l'opération prend effet à une autre date, laquelle ne doit
être ni postérieure à la date de clôture de l'exercice en cours de la ou des sociétés bénéficiaires
ni antérieure à la date de clôture du dernier exercice clos de la ou des sociétés qui transmettent
leur patrimoine.
Dès lors, la fusion ou la scission entraîne la dissolution sans liquidation des sociétés qui
disparaissent et la transmission universelle de leur patrimoine aux sociétés bénéficiaires, dans
l'état où il se trouve à la date de réalisation définitive de l'opération. Elle entraîne,
simultanément, l'acquisition par les associés des sociétés qui disparaissent, de la qualité
d'associés des sociétés bénéficiaires dans les conditions déterminées par le contrat de fusion ou
de scission.
Les associés peuvent éventuellement recevoir, en échange de leurs apports, une soulte
dont le montant ne peut dépasser dix pour cent (10%) de la valeur d'échange des parts ou actions
attribuées.
Toutefois, il n'est pas procédé à l'échange de parts ou d'actions de la société bénéficiaire
contre des parts ou actions des sociétés qui disparaissent lorsque ces parts ou actions sont
détenues :
1°) soit par la société bénéficiaire ou par une personne agissant en son propre nom mais
pour le compte de cette société ;

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2°) soit par la société qui disparaît ou par une personne agissant en son propre nom mais
pour le compte de cette société.

Section IV- L’APPORT PARTIEL D’ACTIF


L’apport partiel d’actif consiste pour une société à faire apport à une autre société,
nouvelle ou déjà créée, d’une partie de ses éléments d’actifs, généralement une branche
autonome d’activité. C’est ainsi que l'article 195 de l’Acte uniforme le définit et il ajoute non
seulement que la société apporteuse ne disparait pas du fait de cet apport, mais que l’apport
partiel d’actif est soumis au régime de la scission.
Ces affirmations méritent toutefois d’être précisées. En effet, l’apport partiel d’actif
n’entraine pas comme la fusion et la scission, la disparition d’une société; la société fait
seulement un apport d’une partie de son patrimoine et reçoit en contrepartie des titres de la
société bénéficiaire de l'apport: elle peut donc garder ces titres dans son portefeuille ou les
distribuer à ses associés.
Pour être valables, les opérations de fusion, de scission et d’apport partiel doivent être
décidées, pour chacune des sociétés intéressées, dans les conditions requises pour
la modification de ses statuts et selon les procédures suivies en matière d’augmentation du
capital et de dissolution de la société. Ainsi, seules les assemblées générales extraordinaires
sont compétentes. L’apport partiel d’actif peut intervenir entre des sociétés de forme différente.
La publicité de ces opérations est exigée. L’Acte uniforme dispose qu'à peine de nullité,
les sociétés participant à une opération de fusion, scission, apport , partiel d’actifs sont tenues
de déposer au greffe de la juridiction chargée des affaires commerciales une déclaration dans
laquelle elles relatent tous les actes effectués en vue d’y procéder et par laquelle elles affirment
que 1'opération a été réalisée en conformité dudit texte.
Enfin, pour tenir compte du caractère communautaire de cette législation, l’Acte
uniforme prévoit que si la fusion, scission et apport partiel d’actifs concerne les sociétés dont
le siège social n’est pas situé sur le territoire d’un même Etat partie, chaque société concernée
est soumise aux dispositions de l’Acte uniforme dans l’Etat partie de son siège social.
Au total l'adaptation de l'entreprise aux nécessites du moment peut conduire soit à
1'extension, soit à la diminution de son activité. Parfois même elle peut entrainer sa disparition
au profit d'une autre personne morale.

Deuxième partie- Le droit spécial des sociétés commerciales.


Ce droit est spécial parce qu’il consacre des dispositions particulières aux sociétés
commerciales c'est-à-dire les règles spécifiques applicables à chacune des formes de société
retenue. Pour une meilleure présentation de ce droit spécial, il importe de les classer en sociétés
de personnes (chapitre 1) et en sociétés de capitaux (chapitre 3). La SARL qui constituant une
forme hybride de société (chapitre).

Chapitre 1- Les sociétés de personnes

La société de personnes ou société par intérêt est dominée par la considération de la


personne de chaque associé dans la conclusion du contrat de société. Elles sont ainsi conclues
intuitu personae et ce trait influence l’ensemble de leurs régimes juridiques. Par exemple, celle-
ci empêche de céder librement les parts sociales parce qu’il faut en toutes circonstances
préserver les liens personnels qui unissent les associés. Le prototype des sociétés de personnes
qui constitue également la société commerciale de droit commun est la SNC (société en noms
collectifs) dans laquelle les associés ont tous la qualité de commerçants et répondent
indéfiniment et solidairement des dettes sociales. On a également la SCS (société en

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commandite simple) et la SP (société en participation).

Section 1- La société en nom collectif (SNC)


Aux termes de l’article 270 de l’AUSC : « La société en nom collectif est celle dans
laquelle tous les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des
dettes sociales ». Cette forme particulièrement fermée de société commerciale fonctionne entre
associés comme un véritable club privé où des personnes qui se connaissent et se font confiance
mutuellement acceptent d’assumer sans aucune limitation de leur responsabilité les risques de
leur affaires communes. La SNC est ainsi plus appropriée pour les petites entreprises familiales
qu’elle garantie contre toute tentative de prise de contrôle extérieure. Cette protection est même
recherchée dans la pratique par de grands groupes de société ou la société mère se met à l’abri
des attaques des raiders c'est-à-dire d’autres sociétés qui désirent la placer sous leur contrôle
financiers à travers l’acquisition majoritaire de leur capital social. La considération de la
personne est une donnée permanente dans la constitution, le fonctionnement et la dissolution
de la SNC.

Paragraphe 1- La constitution de la SNC


Pour être régulière, la constitution de la SNC doit répondre à des exigences de fond et
de forme précises.
Les conditions de fond
La constitution de la SNC est soumise comme celle de toute société commerciale aux
conditions de fond de droit commun et aux conditions particulières de validité du contrat de
société. De façon plus spécifique étant donné que la SNC est une société de commerçants
associés, toute personne en devenir doit justifier d’une capacité d’exercer le commerce au sens
de l’acte uniforme relatif au droit commercial général. La SNC exclusivement pluripersonnelle
doit compter au moins deux associés sans toutefois être des époux étant donné l’interdiction
faite aux époux par l’article 09 de l’acte uniforme d’être associés d’une société dans laquelle
ils seraient tous les deux indéfiniment et solidairement tenus des dettes sociales. La SNC doit
avoir un capital social représentant l’ensemble des apports en numéraire ou en nature des
associés et qui doivent, sauf disposition contraire, être intégralement libérés lors de la
constitution de la société. L’acte uniforme ne fixe aucun minimum en ce qui concerne le capital
social. Celui-ci est donc librement déterminé par les associés et est divisé en parts sociales de
même valeur nominale. Les apports en industrie sont admis et leur libération se fait selon les
dispositions générales de l’article 50 de l’acte, c'est-à-dire de manière successive pendant la
durée convenue.

Les conditions de forme


Aucune règle spécifique de forme n’est prévue en ce qui concerne la constitution de la
SNC. Seules les conditions de droits commun sont requises à savoir la rédaction des statuts sous
forme notariée ou sous-seing privé contenant les mentions légales obligatoires, la signature des
statuts par les associés et l’accomplissement des formalités de publicité.

Paragraphe 2- Le fonctionnement de la SNC.


Le fonctionnement de la SNC nécessite la mise en place de deux principaux organes à
savoir le gérant et l’assemblée générale des associés.
Le gérant de la SNC
Son statut est fortement encadré par les dispositions d’ordre public qui laissent une
marge assez réduite à la volonté des associés. Ceux-ci peuvent certes procéder à la désignation
du gérant dans les statuts ou par un acte postérieur au statut, ils peuvent également opter pour
une gérance collégiale confiée à plusieurs personnes physiques ou morales ou à des tiers ou
alors désigner un gérant unique.

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Les pouvoirs du gérant sont organisés de façon différente selon qu’il s’agit des rapports
avec les tiers ou des rapports avec les associés.
Dans ses rapports avec les tiers, le gérant engage la société par tous les actes entrant
dans l’objet social.
Dans ses rapports avec les associés, les limitations statutaires des pouvoirs du gérant
sont variables. Celui-ci engagera sa responsabilité à l’égard des associés s’il outrepasse ses
pouvoirs. L’intérêt social étant ici le critère d’appréciation de sa faute de gestion. En cas de
gérance collégiale, chacun des gérants est considéré comme ayant tout pouvoir pour agir en
toute circonstance au nom de la société. Toutefois, la possibilité est offerte à chacun des gérants
de s’opposer à toute opération projetée par l’autre avant sa conclusion lorsqu’il estime contraire
à l’intérêt social.

Le gérant a droit à une rémunération fixée par les associés. Sa révocation tout comme
sa désignation doit être décidée par les associés et l’unanimité sera requise pour tout gérant
statutaire ou en cas de gérance collégiale. Même non statutaire, la révocation d’un gérant a pour
conséquence la modification des statuts.
Les associés non gérants ont le droit de consulter, au siège social, deux (2) fois par an,
tous les documents et pièces comptables ainsi que les procès-verbaux des délibérations et des
décisions collectives. Ils ont le droit d'en prendre copie à leurs frais. Ils doivent avertir les
gérants de leur intention d'exercer ce droit au moins quinze (15) jours à l'avance, par lettre au
porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception ou
télécopie. Ils ont le droit de se faire assister par un expert-comptable ou un commissaire aux
comptes à leurs frais.
L’assemblée générale de la SNC
L’assemblée générale est constituée de l’ensemble des associés.
L’assemblée générale est l’organe compétent pour la prise des décisions collectives qui
excèdent les pouvoirs des dirigeants sociaux. Ces décisions sont prises ici à l’unanimité des
associés. Toutefois, les l’acte uniforme autorise les associés à prévoir dans les statuts que
certaines décisions collectives peuvent être prises à la majorité fixée. La même liberté est laissée
aux associés s’agissant de la détermination des modalités de consultations, des règles de quorum
et de majorités générales (art. 285 AUSC).
L’initiative de la convocation d’une assemblée générale appartient au gérant qui est
maitre de l’ordre du jour et qui détermine la date et le lieu de l’assemblée. L’article 286 exige
cependant le respect d’un délai minimum de 15 jours entre la convocation et la tenue de
l’assemblée. Les modes de convocations sont nombreux allant de la lettre au porteur contre
récépissé, en passant par la lettre recommandée avec demande d’avis de réception, par télécopie
ou courrier électronique. Dans ce dernier cas, la convocation n’est valable que si la société a
préalablement donné son accord écrit et communiqué son numéro de télécopie ou son adresse
électronique. La sanction d’une assemblée irrégulièrement convoquée est la nullité. Il y aurait
irrégularité en cas d’absence d’indication de la date ou du lieu, ainsi que l’ordre du jour de
l’assemblée ou du non respect du délai de convocation.
La SNC tient une assemblée générale annuelle dans les six (6) mois qui suivent la clôture
de l'exercice en vue de l’approbation des comptes annuels. A cet effet, certains documents sont
mis à la disposition des associés pendant le délai de 15 jours à savoir, le rapport de gestion,
l'inventaire et les états financiers de synthèse, le texte des résolutions proposées ainsi que, le
cas échéant, le rapport du commissaire aux comptes. En marge de cette assemblée générale
ordinaire, la SNC peut tenir une assemblée générale extraordinaire en vue d’une modification
des statuts.

Le commissariat aux comptes de la SNC


La désignation d’un commissaire aux comptes dans la SNC est désormais obligatoire

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nous dit l’article 289-1 lorsque la société remplit au moins deux des trois conditions suivantes :
1°) total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ;
2°) chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (500.000.000) de francs CFA ;
3°) effectif permanent supérieur à 50 personnes.

Toutefois, cette obligation cesse dès lors qu'elle n'a pas rempli deux (2) des conditions
fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant l'expiration du mandat du
commissaire aux comptes.

Paragraphe 3- La dissolution de la SNC


La SNC peut être dissoute pour l’une des causes de droit commun. De façon spécifique
la SNC, fondée sur de fortes considération de la personne, peut prendre fin à cause d’un
évènement ou d’une situation affectant personnellement un associé. Il peut s’agir d’une
incapacité, d’une incompatibilité ou interdiction, de la faillite personnelle ou du décès de
l’associé. Dans ce dernier cas, l’acte uniforme autorise la stipulation dans les statuts que la
société continue soit entre les associés survivants, soit entre les associés survivants et les
héritiers ou successeurs de l'associé décédé avec ou sans l'agrément des associés survivants.
Lorsque les survivants qui en ont la faculté refusent d’agréer le ou les héritiers de l’associé
décédé, ils sont tenus en vertu de l’article 290, al. 2 de racheter les parts correspondantes. Il
arrive quelques fois que l’héritier mineur ne puisse valablement devenir associé de la SNC,
dans ce cas, le législateur accorde un délai d’un an à compter du décès de l’associé pour la
transformation de la société en une société en commandite simple dans laquelle l’associé
mineur aura la qualité de commanditaire.

Section 2- La société en commandite simple (SCS)


L’article 293 de l’acte uniforme la définit comme : « celle dans laquelle coexistent un
ou plusieurs associés indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales dénommés
« associés commandités », avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans
la limite de leurs apports dénommés « associés commanditaires » ou « associés en commandite
», et dont le capital est divisé en parts sociales ».
Le régime de la SCS s’apparente beaucoup à celui de la SNC. À cet effet, des auteurs
ont présenté la SCS comme une SNC à laquelle on ajoute simplement des associés
commanditaires. Il importe néanmoins d’étudier de façon spécifique ses règles de constitution,
de fonctionnement et de dissolution.

Paragraphe 1- La constitution de la SCS


La création d’une SCS obéit aux règles de droit commun auxquelles on ajoute des règles
spécifiques.
Règles générales de constitution d’une SCS
Aucun capital minimum n’est requis, mais il doit être divisé en parts sociales d’égale
valeur nominale. Au fond, la SCS doit être constituée par deux associés au moins dont l’un sera
commandité et l’autre commanditaire. Ainsi, deux époux peuvent valablement constituer une
SCS.
S’agissant de l’associé commandité, il a nécessairement la qualité de commerçant et
devra donc remplir les conditions d’exercice de l’activité commerciale. Sur la forme, la
rédaction des statuts sous forme notariée ou sous-seing privée est nécessaire. Les statuts doivent
en plus des exigences communes prévoir obligatoirement l’indication du montant ou de la
valeur des apports de tous les associés ; l’indication de la part dans ce montant ou cette valeur
de chaque associé commandité ou commanditaire et enfin l’indication de la part globale des
associés commandités et de la part de chaque associé commanditaire dans la répartition des
bénéfices et dans le boni de liquidation.

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La qualité des associés des SCS
On distingue dans la SCS deux groupes d’associés. Les associés commandités et les
associés commanditaires. Les premiers ont un statut identique à celui des associés de la SNC.
Ils sont commerçants et leur obligation au passif social est solidaire et indéfinie.
Les commanditaires quant à eux ne sont pas commerçants et ne répondent des dettes
sociales que dans la limite de leurs apports. En principe, les parts sociales détenues par les uns
et les autres ne peuvent être cédées qu’avec le consentement unanime de tous. Mais compte
tenu de la différence de statut juridique, l’acte uniforme autorise de prévoir dans les statuts que
les parts des commanditaires peuvent être cédées librement entre associés commandités ou
commanditaires ou au profit des tiers avec le consentement unanime des associés commandités
et la majorité en nombre et en capital des associés commanditaires.

En revanche, la cession des parts d’un associé commandité à un associé commanditaire


ou à un tiers étranger à la société nécessitera le consentement de tous les associés commandités
et la majorité en nombre et en capital des associés commanditaires.

On relèvera également que la spécifié des statuts d’associés commanditaires réside


surtout dans l’interdiction de s’immiscer dans la gestion sociale s’agissant des rapports de la
société avec les tiers.

Paragraphe 2- Le fonctionnement de la SCS


Il sera envisagé tour à tour la gérance et l’assemblée générale des associés.
La gérance de la SCS
La gérance de la SCS est exclusivement réservée aux associés commandités. Les
associés commanditaires en sont exclus et engageraient leur responsabilité indéfinie et solidaire
au passif social en cas d’immixtion dans la gérance de la société. La gérance de la SCS peut
être confiée à un ou plusieurs gérants commandités désignés dans les statuts ou par une décision
ultérieure de l’assemblée générale. Ces gérants exerçant leurs pouvoirs dans les mêmes
conditions que ceux de la SNC.
L’assemblée générale de la SCS
Elle est chargée de la prise des décisions collectives c'est-à-dire celles qui excèdent les
pouvoirs des gérants. À l’instar de la SNC, l’article 302 prévoit la prise des décisions collectives
en assemblée dument convoquée ou par des consultations écrites. Le délai de convocation de
l’assemblée est de 15 jours au moins avant sa tenue.

Paragraphe 3- La dissolution de la SCS


La scs peut être dissoute pour l’une des causes de droit commun. De façon spécifique la
dissolution de la SCS doit prendre en compte la distinction entre associés commandités et
commanditaires en ce qui concerne les évènements et situation affectant personnellement un
associé commandité. Cela signifie qu’à l’instar de la SNC une incapacité, une incompatibilité
ou interdiction, une faillite personnelle ou un décès de l’associé rendant impossible l’exercice
de l’activité commerciale constituera une cause de dissolution de la société.
Dans ce cas également, les statuts peuvent prévoir que la société continue soit entre les
associés survivants, soit entre les associés survivants et les héritiers ou successeurs de l'associé
décédé. Dans cette hypothèse, l’article 308, al. 2 a prévu le cas d’une société constituée avec
un seul associé commandité et dont les héritiers appelés à prendre la succession seraient mineurs
non émancipés. Deux possibilités sont alors ouvertes à savoir le remplacement de l’associé
décédé par un nouvel associé commandité ou la transformation de la société dans le délai d’un
an à compter du décès en une forme de société ne comprenant d’une seule catégorie d’associés.
En cas de transformation, si l’option prise est de continuer la société avec les héritiers mineurs,

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la SNC ne pourra pas être retenue. La scs se transformera alors soit en une SA soit en une SARL
soit en une SAS. Le défaut de transformation ou de régularisation de la société entrainant sa
dissolution de plein droit.

Section 3- La société en participation (SP)


Selon l’article 854 de l’acte uniforme : « La société en participation est celle dans
laquelle les associés conviennent qu'elle n'est pas immatriculée au registre du commerce et du
crédit mobilier. Elle n'a pas la personnalité morale et n'est pas soumise à publicité ». Cette forme
de société est généralement utilisée pour des opérations momentanées ou ponctuelles
nécessitant une certaines discrétion sans toutefois revêtir un caractère clandestin ou illégal. De
sa définition donnée plus haut, il ressort que la régularité de sa constitution dépend de l’absence
de publicité. L’absence de personnalité morale quant à elle rendra nécessaire le recours à des
modalités particulières au fonctionnement dans la mesure où la société en participation n’est
pas représentée à l’égard des tiers. Ce particularisme se retrouve enfin dans le régime de sa
dissolution.

Paragraphe 1- La constitution de la SP
La société est constituée par la conclusion d’un véritable contrat dont la particularité est
de ne faire l’objet d’aucune publicité. Ceci confère à la société un caractère occulte.
Le contrat de société
L’idée de contrat apparait clairement lorsque l’article 855 dispose : « Les associés
conviennent librement de l'objet, de la durée, des conditions du fonctionnement, des droits des
associés, de la fin de la société en participation sous réserve de ne pas déroger aux règles
impératives des dispositions communes aux sociétés, exception faite de celles qui sont relatives
à la personnalité morale ». Il ressort de ce texte que la société en participation est un contrat
soumis au principe de la liberté dont la limite est le respect des dispositions d’ordre public de
l’acte uniforme.
Comme toute société, les associés doivent effectuer chacun un apport, lequel demeure
la propriété de chaque associé, et qui est simplement mis à la disposition de la société. Ils
doivent en plus manifester leur volonté de s’associer dans le but de partager les bénéfices ou de
profiter de l’économie résultant de leur société.

Le caractère occulte de la SP
Ce caractère ne doit pas être confondue avec la clandestinité ou encore l’illicéité. Il
résulte uniquement de la dispense légale de publicité et de l’absence subséquente de la
personnalité morale. C’est une société qui demeure inconnue du public et seul l’associé gérant
apparait aux yeux du public comme un commerçant exploitant une entreprise individuelle.

Paragraphe 2- Le fonctionnement de la SP
Il faut ici distinguer le fonctionnement de la société dans ses rapports avec les associés
et d’autre part dans ses rapports avec les tiers.

Dans les rapports entre associés, les dispositions applicables sont celles de la SNC si le
contrat de société ne prévoit aucune organisation différente.

Dans les rapports des associés avec les tiers, lorsque les statuts prévoient une gérance
collégiale ou même en l’absence d’une telle stipulation, chacun des associés est censé contracter
en son nom personnel et est seul engagé à l’égard des tiers. Toutefois, tout associé qui révèlerait
l’existence de la société aux tiers sera tenu des engagements des autres à l’égard des tiers, cette
responsabilité étant indéfinie et solidaire.

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Paragraphe 3- La dissolution de la SP

Outre les causes communes, la SP sera dissoute pour les mêmes évènements mettant fin
à la SNC. La possibilité est néanmoins offerte aux associés de stipuler dans les statuts ou dans
un acte ultérieur que de tels évènements seraient sans incidence sur la continuation de leur
exploitation.

Chapitre 3- La société à responsabilité limitée (SARL)


La SARL est définie à l’article 309 de l’acte uniforme comme : « une société dans
laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu'à concurrence de leurs apports
et dont les droits sont représentés par des parts sociales ». Cette définition laisse apparaitre le
caractère hybride de la SARL par la limitation de la responsabilité des associés au montant de
leurs apports, la SARL se rapproche des sociétés par actions. À l’opposé, la représentation des
droits d’associés par les parts sociales plutôt que par les actions rappelle une caractéristique des
sociétés de personnes. En poursuivant le rapprochement, on pourrait ajouter qu’à l’instar des
actionnaires des sociétés par action, les associés de la SARL n’acquièrent pas la qualité de
commerçant. De même, en soumettant les parts sociales d’une SARL à une procédure
d’approbation par l’assemblée générale, le législateur aligne cette société sur le régime des
sociétés de personnes.

Section 1- La constitution de la SARL


Les conditions de fond et de forme sont nécessaires.
Paragraphe 1- Les conditions de fond
Selon l’article 309 de l’acte uniforme, la SARL peut être constituée avec une ou
plusieurs personnes physiques ou morales. Lorsqu’elle est constituée par un seul associé, on
parle de SARL unipersonnelle.
La SARL a un capital social dont le montant est de 1.000.000 de FCFA. Toutefois, l’acte
uniforme autorise les Etats membres à prévoir dans leur législation nationale la possibilité de
constituer une SARL avec un capital inférieur à 1.000.000 de francs. Ce capital est divisé en
parts sociales d’égale valeur de 5000 francs chacune. Le capital social doit être entièrement
souscrit, et l’acte uniforme exige la libération intégrale de tous les apports en nature lors de la
constitution de la société. Pour les apports en numéraires, la libération de la moitié au moins est
requise, et un délai de deux ans à compter de l’immatriculation de la société leur est accordé
pour la libération du surplus. Les fonds provenant de la libération des apports doivent être
immédiatement déposés par les fondateurs de la société dans un compte ouvert au nom de la
société en formation auprès d’une banque ou d’un établissement de micro-finance ou encore en
l’étude d’un notaire.
En ce qui concerne les apports en nature, ils doivent faire l’objet d’une évaluation
précise l’article 312 de l’acte uniforme. Cette évaluation est faite sous le contrôle et la
responsabilité d’un commissaire aux apports dès lors que la valeur de l'apport en nature
considéré, ou que la valeur de l'ensemble des apports en nature considérés, est supérieure à cinq
millions (5.000.000) de francs CFA. Toutefois, les associés peuvent décidés eux-mêmes de
procéder à l’évaluation des apports en nature ou alors retenir une valeur différente de celle
proposée par le commissaire aux apports. Dans ces cas, ils seront solidairement responsables à
l’égard des tiers de la valeur attribuée aux apports en nature pendant un délai de 05 ans.

Paragraphe 2- Les conditions de forme


L’acte uniforme prévoit expressément deux dispositions consacrées aux conditions de
formes auxquelles il faudra ajouter toutes les autres formalités requises par le droit commun de
la constitution des sociétés commerciales.

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Ainsi, à peine de nullité l'associé ou les associés doivent tous intervenir à l'acte instituant
la société, en personne ou par mandataire justifiant d'un pouvoir spécial, les premiers gérants et
les associés auxquels la nullité de la société serait imputable sont solidairement responsables
envers les autres associés et les tiers du dommage résultant de l'annulation. L'action en nullité
se prescrit par trois (3) ans à compter du jour ou la décision d'annulation est passée en force de
chose jugée.
À ces conditions spécifiques, il faut ajouter les conditions générales à savoir : l’insertion
d’un extrait de statuts sous forme d’avis dans un journal d’annonce légale, le dépôt d’un
exemplaire de statuts au greffe du TPI du siège social ; le dépôt de la déclaration de régularité
et de conformité du RCCM et de l’immatriculation de la société au RCCM.

Section 2- Le fonctionnement de la SARL


Le fonctionnement de la SARL met en présence deux principaux organes ; le gérant et
l’assemblée générale des associés. Cette organisation interne peut être renforcée par l’apport
d’un expert extérieur, le commissaire aux comptes.

Paragraphe 1- Le gérant de la SARL


La SARL peut être gérée par une ou plusieurs personnes physiques, associés ou non,
désigné dans les statuts ou par un acte postérieur. Dans ce dernier cas, précise l’article 323, al.
2, et à défaut d’une majorité supérieure fixée par les statuts, la décision portant désignation
postérieure du gérant sera prise à la majorité des associés représentants plus de la moitié du
capital social.
La durée du mandat du gérant est de 04 ans à défaut de clause statutaire contraire. Il est
rééligible. Les fonctions du gérant peuvent être gratuites ou rémunérées selon la volonté des
associés. En ce qui concerne sa révocation, le gérant de SARL ne peut être révoqué sans juste
motifs sous peine de donner lieu à son profit au paiement des dommages-intérêts. Qu’il soit ou
on statutaire, le gérant ne peut être révoqué que par décision de l’assemblée générale prise par
les associés représentant plus de la moitié du capital social. L’acte uniforme prévoit aussi la
possibilité de demander sa révocation en justice pour juste motif. Le gérant peut aussi
démissionner de ses fonctions en invoquant toutefois des motifs valables. Une démission sans
juste motif pouvant donner lieu à des dommages-intérêts que le gérant devra verser à la société.
Dans l’exercice de ses fonctions, le gérant dispose des pouvoirs les plus étendus pour
agir au nom de la société en toutes circonstances. La société demeurant engagée même pour les
actes du gérant qui ne relèveraient pas de l’objet social. Sauf pour la société à démontrer que le
tiers était conscient ou avait connaissance du dépassement de l’objet social. Dans les rapports
du gérant avec les associés, et en l’absence de limitations statutaires de ses pouvoirs, le gérant
ne peut dans l’ordre interne qu’accomplir des actes de gestions conformes à l’intérêt de la
société. En cas d’hypothèse de gérance collégiale, nous di l’article 328 de l’acte uniforme, il est
reconnu à chacun des gérants la plénitude des pouvoirs de gestion ainsi que le droit de s’opposer
à toute opération avant qu’elle se soit conclue par le cogérant. Cette opposition interne étant
sans effet à l’égard des tiers de bonne foi.
Les gérants demeurent responsables des fautes commises dans l’exercice de leurs
fonctions. Ces fautes ouvrent droit en cas de préjudice à l’action individuelle de chaque associé
et le cas échéant à l’action sociale. Le délai de prescription est de 03 ans à compter du fait
dommageable ou à compter de sa révélation s’il a été dissimulé. En cas de crime le délai est de
10 ans.

Paragraphe 2- L’assemblée générale de la SARL.


La SARL tient des assemblées générales ordinaires et extraordinaires pour la prise des
décisions collectives. Exceptionnellement, les statuts peuvent prévoir des consultations écrites
pour la prise de certaines décisions. L’initiative de la convocation appartient en principe au

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gérant, qui en cas de défaillance peut être supplée par un ou plusieurs associés représentant soit
le ¼ en nombre des associés, soit le ¼ des parts sociales. Si aucun de ces seuils n’est atteint,
l’associé qui sollicite la convocation d’une assemblée générale peut recourir à la faculté que lui
offre l’article 337, al.2 en demandant en justice la désignation d’un mandataire ad hoc dont la
mission sera de convoquer l’assemblée et d’en proposer un ordre du jour. Il est même prévu la
possibilité, dans les SARL où il existe un commissaire aux comptes, que celui-ci peut également
prendre l’initiative de la convocation et d’en fixer l’ordre du jour en établissant préalablement
qu’il a vraiment requis une telle convocation auprès du gérant par lettre au porteur contre avis
de réception ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.
Quelqu’un soit l’auteur, la convocation d’une assemblée générale obéit à certaines
règles dont le non respect est sanctionné par l’action en nullité de l’assemblée irrégulièrement
convoquée, l'action en nullité n'étant pas recevable lorsque tous les associés étaient présents ou
représentés. En ce qui concerne les modalités de la convocation, celle-ci à lieu quinze (15) jours
au moins avant la réunion de l'assemblée par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie ou courrier électronique. La
convocation indique la date, lieu et l'ordre du jour de la réunion.
Les délibérations de l’assemblée doivent être constatées par les procès verbaux qui
indiquent la date et le lieu de la réunion, les noms et prénoms des associés, les documents et
rapports soumis à la discussion, le résumé des débats, le texte de résolutions proposées et les
résultats des votes. Ces procès verbaux devront être signés par tous les associés présents.

Paragraphe 3- Le contrôle de la gestion et des comptes de la SARL


Tout associé personne morale ou physique peut exercer le contrôle de la gestion sociale
à travers ses prérogatives légales en matière d’information. Ces prérogatives viennent compléter
les pouvoirs exercés au sein des assemblées et du droit d’alerte ou de déclencher une expertise
de gestion. Il faut également relever que le contrôle de la gestion sociale s’effectue à travers des
procédures spéciales pour l’approbation de certaines conventions. À coté du contrôle de la
gestion sociale, il existe un contrôle de comptes de la société qui est tributaire de la présence
d’un commissaire aux comptes.
Le droit de communication des associés.

L’acte uniforme distingue clairement le droit d’information permanent des associés sur
les affaires sociales et le droit de communication qui s’exerce préalablement à la tenue de
l’assemblée générale annuelle. Dans le premier cas, l’associé peut s’informer en se rendant au
siège social 2fois par an ou plus pour y consulter les documents sociaux essentiellement liés à
la comptabilité. Il peut à l’occasion se faire accompagner d’un expert. Toujours dans l’exercice
de se droit, il peut poser par écrit des questions au gérant sur tout faits de nature à compromettre
la continuité de l’exploitation.
S’agissant du droit de communication, des documents sont mis à la disposition de
l’associé au siège social 15 jours durant, avant la tenue de l’assemblée générale. L’associé qui
les consulte peut à l’occasion poser par écrit des questions au gérant qui devra y répondre au
cours de l’assemblée.
Les conventions réglementées
Afin de prévenir les conflits d’intérêts préjudiciables à la société, l’article 350 de l’acte
uniforme prévoit l’approbation par l’assemblée générale ordinaire que toutes les conventions
liant directement ou par personnes interposées la SARL et l’un de ses gérants ou associés, le
commissaire aux comptes s’il en existe un présentera préalablement à l’assemblée un rapport
spécial dans lequel il fera ressortir le gain et le cas échéant le manque à gagner qu’une telle
convention procure ou occasionne à la société.

Le commissaire aux comptes de la SARL

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La désignation d’un commissaire aux comptes est facultative dans la SARL sauf lorsque
deux des trois conditions de l’article 376 sont remplies. Il s’agit :
1°) total du bilan supérieur à cent vingt cinq millions (125.000.000) de francs CFA ;
2°) chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de
francs CFA ;
3°) effectif permanent supérieur à cinquante (50) personnes ; sont tenues de designer au
moins un (1) commissaire aux comptes.

La société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes dès lors qu'elle n'a
pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant
l'expiration du mandat du commissaire aux comptes.
Le commissaire aux comptes est une personne physique ou morale chargée de contrôler
de façon très stricte la régularité de la gestion comptable des sociétés et de tenir informer les
organes de gestion des faits dont il a eu connaissance et des irrégularités qu’il a relevés dans la
gestion comptable de la société. Le commissaire aux comptes est désigné par l’assemblée
générale des associés pour trois (03) exercices sociaux. Leurs honoraires sont à la charge de la
société et ils demeurent civilement responsable tant à l’égard de la société que des tiers des
conséquences dommageables des fautes et négligences qu’il commet dans l’exercice de ses
fonctions.
Paragraphe 4- Les opérations relatives aux parts sociales.
Les parts sociales représentent les droits des associés sur la société. Ils peuvent faire
l’objet de trois types d’opérations la cession, la transmission et le nantissement.

La cession des parts sociales


Il faut distinguer selon que la cession est faite à un tiers ou à un autre associé.
Lorsque la cession est faite à un associé, et sauf stipulation contraire, elle se fait
librement. En cas de cession de parts sociales au profit d’un tiers, l’acte de cession est soumis
au consentement de la majorité des associés représentant les ¾ du capital social, déduction faite
des parts de l’associé cédant qui ne prend pas part au vote.
La société dispose d’un délai de 03 mois pour faire connaitre sa réponse faute de quoi
son consentement est réputé acquis. Lorsque les associés rejettent l’offre de cession, la société
dispose d’un délai supplémentaire de 03 mois pour le rachat des parts en question au prix
convenu. Ce délai étant susceptible de prorogation une fois par décision du président de la
juridiction compétente.
Sur le plan de la forme, la validité de la cession est subordonnée à la rédaction d’un écrit
suivie de l’accomplissement de l’une des formalités suivantes aux fins d’opposabilité à la
société. 1°) signification de la cession à la société par exploit d'huissier ou notification par tout
moyen permettant d'établir sa réception effective par le destinataire ; 2°) acceptation de la
cession par la société dans un acte authentique ; 3°) dépôt d'un original de l'acte de cession au
siège social contre remise par le gérant d'une attestation de ce dépôt.
La transmission des parts sociales.
La transmission des parts sociales est consécutive au décès de l’associé et doit se faire
sous peine de nullité. L’entrée de l’héritier ou successeur sera alors soumise à un agreement
préalable et les conséquences d’un éventuel refus sont identiques à celles prévues pour la
cession des parts sociales aux tiers.
Le nantissement des parts sociales.
Le nantissement est une opération qui consiste, pour le débiteur d’une obligation à faire
grever son bien meuble incorporel de sureté en vue d’obtention du crédit. Concrètement,
l’associé d’une SARL, titulaire de parts sociales peut les mettre en gage (nantir) en vue
d’obtenir du crédit. Le nantissement est toutefois soumis à certaines conditions telles que le
consentement préalable de la société. Ce consentement dispensera par la suite l’acquéreur des

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parts sociales nanties de la procédure d’agreement en cas de réalisation forcée du nantissement.
Toutefois, la société peut aussi s’opposer au nantissement et dans ce cas, elle optera pour le
rachat des parts en question dans une perspective de réduction de son capital.
Pour sa validité et son opposabilité aux tiers, l’acte de nantissement doit se faire sous
forme notarié ou sous-seing privé, il doit être signifié à la société par exploit d’huissier et faire
l’objet d’une publication au RCCM.
Paragraphe 5- La dissolution de la SARL
Les causes de dissolution de la SARL sont prévues par l’article 384 de l’acte uniforme
qui renvoie aux causes communes. Ce texte exclut la dissolution de la société pour les
évènements affectant personnellement un associé tel que l’interdiction, la faillite ou
l’incapacité.

Chapitre 4- La société anonyme (SA)


La SA est définie à l’article 385 de l’AU comme : « une société dans laquelle les
actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu'à concurrence de leurs apports et dont
les droits des actionnaires sont représentés par des actions ». C’est une société qui ne peut
comprendre qu’un seul actionnaire, on parlera dans ce cas de SA unipersonnelle. C’est une
société de grande taille adaptée pour les grandes entreprises. La constitution, le fonctionnement
et la dissolution de la SA seront tour à tour envisagée.

Section 1- La constitution de la SA
Les conditions de fond et forme sont à distinguer.
Paragraphe 1- Les conditions de fond
La SA est constituée des personnes dont la capacité est indifférente. Ils peuvent être
commerçants ou non, mineurs non émancipés, majeurs… son capital minimum est de
10.000.000 lorsqu’elle est constituée sans appel public à l’épargne et 100million dans le cas
contraire. Ce capital peut être variable pour les SA ne faisant pas appel public à l’épargne c'est-
à-dire susceptible d’augmentation par versement successifs des associés ou admission de
nouveaux associés ; soit de diminution par la reprise totale ou partielle des apports effectués.
Ce capital est divisé en actions dont la valeur minimale est de 10.000 francs, le capital devant
être entièrement souscrit avant la signature des statuts.
Paragraphe 2- Les conditions de forme
Sur le plan de la forme, il convient de distinguer selon que la SA est constituée avec ou
sans appel public à l’épargne. Lorsqu’elle est constituée avec appel public à l’épargne, les
fondateurs doivent, avant le début des opérations de souscription des actions, publier une notice
d’information dans un journal d’annonce légale. Cette notice est destinée à présenter la future
société au public et doit revêtir la signature des fondateurs. Ensuite, ils doivent émettre des
bulletins de souscription afin de recueillir l’engagement personnel de chaque actionnaire de
faire soit un apport en nature, soit un apport en numéraire.
Pour la constitution d’une SA ne faisant pas appel public à l’épargne, en plus de
l’émission des bulletins de souscription, il faut distinguer selon que le capital est entièrement
souscrit en numéraire ou partie en numéraire et partie en nature. En cas de souscription totale
en numéraire, les apporteurs sont tenus au moment de la souscription de libérer au moins le ¼
de l’apport promis. Un délai de 03 ans leur étant accordé à compter de l’immatriculation de la
société pour la libération du surplus. Lorsque le capital social est souscrit pour partie en
numéraire et partie en nature, toutes les règles précédentes s’agissant la souscription en
numéraire s’appliquent. En ce qui concerne les apports en nature, ils doivent être intégralement
libérés au moment de la souscription du capital et l’intervention d’un commissaire aux apports
est nécessaire pour leur évaluation. Les associés peuvent également retenir une valeur différente
de celle proposée par ce professionnel et dans ce cas ils demeurent responsables solidairement
à l’égard des tiers pendant un délai de 05 ans.

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La souscription du capital conduit à la rédaction des statuts suivie de la convocation
d’une assemblée générale constitutive en vue de l’approbation et de la signature de l’acte de
société. La constitution s’achève par l’insertion d’un extrait des statuts dans un journal
d’annonce légale, le dépôt d’un exemplaire au greffe du TPI du siège social et l’immatriculation
au RCCM qui confère à la société sa personnalité juridique.

Section 2- L’organisation et le fonctionnement de la SA


La SA fonctionne aux travers des organes d’administrations, de l’assemblée générale et
d’un commissaire aux comptes.
Paragraphe 1- L’administration de la SA
La SA s’administre soit avec un conseil d’administration, soit avec un administrateur
général.
La SA avec conseil d’administration
Le conseil d’administration est un organe de direction investi du pouvoir de déterminer
les orientations de l’activité de la société et de veiller à leur mise en œuvre. Il peut se saisir de
toutes les questions intéressant la bonne marche de la société et règle par ses délibérations les
affaires qui la concernent. Il a aussi pour mission de contrôler et de vérifier la gestion exercée
par le directeur général.
Le conseil d’administration est composé de 03 membres au moins et de 12 au plus, tous
actionnaires. Cependant, ce nombre peut être dépassé sans pouvoir être supérieur à 24. C’est
notamment le cas en cas de fusion de deux SA comprenant chacune au plus 12 administrateurs
dont le mandat est reconduit ou maintenu dans la nouvelle société issue de la fusion. Toutefois
la possibilité est donnée aux salariés d’être nommés administrateurs.
La désignation des administrateurs peut être statutaire ou résulter d’une délibération de
l’assemblée générale constitutive. Si elle intervient en cours de fonctionnement, elle relève de
la compétence de l’assemblée générale ordinaire. La durée de leur mandat est de 06 pour les
administrateurs désignés par l’assemblée générale ordinaire, 02 ans en cas de désignation par
les statuts ou l’l’assemblée générale constitutive. Ils sont rééligibles, et leurs fonctions leur
donne droit à une rémunération qui consiste en une indemnité fixée annuellement par l’AGO.
De même, l’administrateur qui est lié à la société par un contrat de travail a droit au paiement
de son salaire.
Une fois élus, les administrateurs désignent parmi eux le président du conseil qui doit
nécessairement être une personne physique. Celui-ci est chargé principalement de convoquer
et de présider les réunions du conseil. Il peut également à toute époque de l’année opérer des
vérifications qu’il juge opportune.
Chargé de définir les orientations générales de la société, le conseil d’administration est
également investi du pouvoir de nommer le directeur général de la société. Deux cas de figures
peuvent se présenter, selon que le président du conseil d’administration assume ou non les
fonctions de directeur général. Si le directeur général nommé est président du conseil
d’administration, alors on parle de Président directeur général. En tant DG, outre ses attributions
de président du conseil d’administration, le PDG est investi de tous les pouvoirs pour agir en
toutes circonstances au nom de la société. Il a droit à une rémunération et peut être lié à la
société par un contrat de travail. Il peut être révoqué ad nutum c’est à dire à tout moment par le
CA.
Le PDG doit être assisté dans l’exercice de ses fonctions par un DG adjoint nommé par
le CA sur proposition de son président. Ses pouvoirs étant définis en accord entre le PDG et le
conseil. Toutefois, dans les rapports avec les tiers, le DGA a les mêmes pouvoirs que ceux du
PDG c’est à dire qu’il engage la société par ses actes mêmes lorsqu’ils dépassent l’objet social.
Le DGA peut être également lié à la société par un contrat de travail et est révocable ad nutum
par le conseil sur proposition de son président.
Les fonctions de directeur général peuvent quelque fois être exercées par une personne

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autre que le président du conseil. Dans ce cas, il importera de distinguer nettement les
attributions respectives de PCA et du DG. Cela signifie que seul le DG aura pour mission de
représenter la société dans ses rapports avec les tiers et il sera pour cela investi des pouvoirs les
plus étendus qu’il doit exercer dans les limites de l’objet social. Sa responsabilité personnelle
devant être engagée s’il outrepasse ses pouvoirs.
La SA avec administration générale
La SA ne peut opter pour cette forme que si elle comprend un nombre d’actionnaires
égal ou inférieur à trois (03). C’est du moins ce que dit l’article 494 de l’AU lorsqu’il dispose :
« les sociétés anonymes comprenant un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à 3 ont la
faculté de ne pas constituer un conseil d’administration et peuvent désigner un administrateur
général qui assume sous sa responsabilité les fonctions d’administrateur et de direction de la
société ». Dans cette hypothèse, l’administrateur général cumule à la fois les fonctions de
direction et d’administration. Le premier administrateur est désigné dans les statuts tandis que
qu’en cours de vie sociale, il est désigné par l’assemblée générale ordinaire.
L’administrateur général est choisi parmi les actionnaires ou en dehors d’eux, la durée
de son mandat dépendant du mode désignation. Ce mandat est de 02 ans en cas de nomination
par les statuts et 06 ans lorsqu’il est désigné par l’AGO, ce mandat étant renouvelable.
L’administrateur général est investi de tous les pouvoirs pour agir en toutes circonstances au
nom de la société dans la limite de l’objet social dans les rapports internes à la société. En
revanche, la société sera engagée pour les actes ne relevant pas de l’objet social à l’égard des
tiers. L’AG reçoit une rémunération, peut être lié à la société par un contrat de travail.

Paragraphe 2- Les assemblées générale d’actionnaires. (Article 516)


Elle est constituée de l’ensemble d’actionnaires. On distingue 03 types d’assemblées au
sein de la SA tous soumises aux mêmes règles de convocation.
La convocation des assemblées générales des SA
L'assemblée des actionnaires est convoquée, sauf clause contraire des statuts (art. 518),
par le conseil d'administration ou par l'administrateur général, selon le cas. À défaut, elle peut
être convoquée soit par le commissaire aux comptes, après que celui-ci a vainement requis la
convocation du conseil d'administration ou de l'administrateur général selon le cas, soit par un
mandataire désigné par la juridiction compétente, statuant à bref délai, à la demande soit de tout
intéressé en cas d'urgence, soit d'un ou de plusieurs actionnaires représentant au moins le
dixième du capital social s'il s'agit d'une assemblée générale ou le dixième des actions de la
catégorie intéressée s'il s'agit d'une assemblée spéciale, soit enfin par le liquidateur.
Mode de convocation. La convocation des assemblées est faite par avis de convocation
inséré dans un journal habilité à recevoir les annonces légales. Toutefois, si toutes les actions
sont nominatives, cette insertion peut être remplacée par une convocation par lettre au porteur
contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie ou
courrier électronique, selon les modes que si elle était convoquée par le commissaire aux
comptes.
La convocation indique la date, le lieu de la réunion et l'ordre du jour. Cette règle peut
être dérogée lorsqu’elle est convoquée par le commissaire aux comptes. Dans tous les cas, l’avis
de convocation doit parvenir ou être porté à la connaissance des actionnaires quinze (15) jours
au moins avant la date de l'assemblée sur première convocation et, le cas échéant, six (6) jours
au moins pour les convocations suivantes. Lorsque l'assemblée est convoquée par un
mandataire ad hoc, le juge peut fixer un délai différent. Toute assemblée irrégulièrement
convoquée peut être annulée, l'action en nullité, n’étant plus recevable lorsque tous les
actionnaires étaient présents ou représentés.
Les différents types d’assemblées générale
L’assemblée générale ordinaire annuelle est régie par les articles 546 à 550. Elle se
réunit au moins 1 fois par an dans les 06 mois de la clôture de l’exercice. Elle est compétente

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pour prendre toutes les décisions autres que celles qui sont expressément réservées par l'article
551 ci-après, aux assemblées générales extraordinaires, et par l'article 555 ci-après aux
assemblées spéciales. Notamment :
1°) statuer sur les états financiers de synthèse de l'exercice ;
2°) décider de l'affectation du résultat ; à peine de nullité de toute délibération contraire,
il est constitué sur le bénéfice de l'exercice diminué, le cas échéant, des pertes antérieures, une
dotation égale à un dixième au moins affectée à la réserve légale. Cette dotation cesse d'être
obligatoire lorsque la réserve atteint le cinquième du montant du capital social ;
3°) nommer les membres du conseil d'administration ou l'administrateur général et, le
cas échéant, l'administrateur général adjoint, ainsi que le commissaire aux comptes ;
4°) statuer sur le rapport du commissaire aux comptes prévu par les dispositions de
l'article 440 ci-dessus et approuver ou refuser d'approuver les conventions conclues entre les
dirigeants sociaux ou un actionnaire détenant une participation supérieure à dix pour cent (10%)
du capital de la société et la société ;
5°) émettre des obligations ;
6°) approuver le rapport du commissaire aux comptes prévu par les dispositions de
l'article 547 ci-après.
Ces décisions sont prises à la majorité des voix exprimées.
Les assemblées générales extraordinaires (articles 551 à 554)
Elle est seule habilitée à modifier les statuts dans toutes ses dispositions. Elle est
également compétente pour :
1°) autoriser les fusions, scissions, transformations et apports partiels d'actif ;
2°) transférer le siège social en toute autre ville de l'État partie où il est situé, ou sur le
territoire d'un autre État ;
3°) dissoudre par anticipation la société ou en proroger la durée.
L’assemblée générale extraordinaire ne délibère valablement que si les actionnaires
présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions sur première convocation et
le ¼ des actions sur deuxième convocation. Lorsque le quorum n'est pas réuni, l'assemblée peut
être une troisième fois convoquée dans un délai qui ne peut excéder deux (2) mois à compter
de la date fixée par la deuxième convocation, le quorum restant fixé au quart des actions.
L'assemblée générale extraordinaire statue à la majorité des deux tiers des voix exprimées.
Lorsqu'il est procédé à un scrutin, il n'est pas tenu compte des bulletins blancs.
Dans le cas de transfert du siège de la société sur le territoire d'un autre État, la décision
est prise à l'unanimité des membres présents ou représentés.
L’assemblée spéciale (articles 555 à 557)
L’assemblée spéciale réunit les titulaires d’une catégorie d’action déterminée pour
approuver ou désapprouver les décisions des assemblées générales lorsque celles-ci modifient
les droits de ses membres.
Elle ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent
au moins la moitié des actions, sur première convocation, et le quart des actions, sur deuxième
convocation. À défaut de ce dernier quorum, l'assemblée doit se tenir dans un délai de deux (2)
mois à compter de la date fixée par la deuxième convocation. Le quorum reste fixé au quart des
actionnaires présents ou représentés possédant au moins le quart des actions. L'assemblée
spéciale statue à la majorité des deux tiers des voix exprimées.

Paragraphe 3- Le commissaire aux comptes (articles 694 à 734)


Les sociétés commerciales doivent être contrôlées par des techniciens afin de protéger
les trois intérêts en présence à savoir celui des associés, des tiers et de l’Etat pour lequel la
sincérité des pièces comptables est un gage de la justice fiscale. À cet effet, il est nommé dans
chaque SA un ou plusieurs commissaires aux comptes, personnes physiques ou morales.
Toute SA doit avoir au moins un commissaire aux comptes et un suppléant et au moins

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deux et deux suppléant si elle fait appel public à l’épargne. Ils sont nommés par l’assemblée
générale et révocable pour juste motif. La durée de leur fonction est de deux exercices sociaux
lorsqu’il est désigné par les statuts ou par l’assemblée générale constitutive. Elle est de 06
exercices lorsqu’il est désigné par l’assemblée générale ordinaire.
Le commissaire aux comptes a deux principales missions :
Contrôler de manière permanente la situation comptable et financière de la société ;
Déclencher la procédure d’alerte par laquelle il porte à l’assemblée générale les faits de
nature à compromettre l’exploitation de la société.
Dans l’exercice de ses fonctions, sa responsabilité peut être engagée tant à l’égard des
tiers que de la société pour fautes et négligences commises. L’action en responsabilité contre le
commissaire aux comptes se prescrit par 03 ans à compter de la date du fait dommageable ou,
s’il a été dissimulé, de sa révélation. Lorsque le fait est qualifié de crime, l’action se prescrit
par 10 ans.

Section 3- La dissolution de la SA
En plus des causes de dissolution communes à toutes les autres sociétés, la SA est
également dissoute en cas de perte partielle d’actifs dans les conditions fixées aux articles 664
à 668 de l’acte uniforme. Il en est ainsi en cas de perte de la moitié du capital social et la
réduction de ce capital au dessous du minimum légal

Chapitre 5.- La société par actions simplifiée (SAS articles 853 et ss)
La société par actions simplifiée est la dernière née des sociétés commerciales dans
l’espace OHADA. Elle a été créée en faveur de la révision de l’acte uniforme intervenue le 30
janvier 2014. Elle est définie comme une société instituée par un ou plusieurs associés et dont
les statuts prévoient librement l'organisation et le fonctionnement de la société sous réserve des
règles impératives et dont les associés ne sont responsables des dettes sociales qu'à concurrence
de leurs apports et dont leurs droits sont représentés par des actions.
Il convient dès lors de voir sa constitution, son fonctionnement et sa dissolution.

Section 1- La constitution de la SAS


La constitution d’une SAS nécessite des conditions de fond et de forme.
Paragraphe 1- Les conditions de fond
La SAS peut être créé par un ou plusieurs associés. Lorsque qu’elle ne comporte qu'une
seule personne, celle-ci est dénommée « associé unique ». L'associé unique exerce les pouvoirs
dévolus aux associés lorsque le présent livre prévoit pour la prise de décision collective. Toutes
les décisions prises par l'associé unique et qui donneraient lieu à publicité légale si elles étaient
prises par une assemblée doivent être publiées dans les mêmes formes.
La SAS doit avoir un capital social divisé en actions. Le montant de ce capital ainsi que
la valeur nominale des actions étant fixé par les statuts. Pour la constitution de ce capital, la
SAS ne peut faire appel public à l’épargne. Chaque action donne droit à une voix au moins.
Étant une société par action, les règles de capacité ne sont pas nécessaires et un mineur
peut bien en être associé. Il en serait des mêmes des fonctionnaires, officiers ministériels….
Une autre spécificité réside dans l’article 853-5 selon laquelle la SAS peut émettre des
apports en industrie lesquels donnent droit à des actions non aliénables.
Paragraphe 2- Les conditions de forme
Dans sa forme, la SAS doit avoir un statut lequel doit faire l’objet d’une publicité au
RCCM et dans un journal d’annonces légales.
Section 2- Le fonctionnement de la SAS
Deux principaux organes participent au fonctionnement de la SAS à savoir l’organe de
direction et l’assemblée générale. Toutefois, et sous certaines conditions, la présence d’un

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commissaire aux comptes peut être obligatoire.
Paragraphe 1- Les dirigeants de la SAS
La SAS est dirigée par un président, personne physique ou morale, sauf disposition
contraire des statuts de prévoir une ou plusieurs personnes portant le titre de directeur général
ou de directeur général adjoint. Le président représente la société à l’égard des tiers et a les
pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société. À l’égard des
associés par contre, ses pouvoirs sont limités par l’objet social.
Le président de la SAS est soumis au même régime de responsabilité que les
administrateurs des SA.
Paragraphe 2- L’assemblée générale
L’assemblée générale est constituée de l’ensemble des actionnaires de la société. Les
statuts déterminent librement les questions relevant de sa compétence ainsi que les règles de
quorum et de majorité. Toutes décisions prises en violation des statuts étant frappée de nullité.
Les assemblées des SAS se regroupent en assemblée extraordinaire et ordinaire ayant le
même objet que dans les SA.

Paragraphe 3- Le commissaire aux comptes


La SAS peut comprendre un ou plusieurs commissaires aux comptes nommés au gré
des associés. La désignation d’un commissaire aux comptes au moins s’avère obligatoire dans
les mêmes conditions que dans les SARL, c'est-à-dire lorsque deux des trois conditions
suivantes sont remplies à savoir :
- total du bilan supérieur à cent vingt cinq millions (125.000.000) de francs CFA ;
- chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de
francs CFA ;
- effectif permanent supérieur à cinquante (50) personnes.

Section 3- La dissolution de la SAS


La SAS est dissoute par les causes communes aux sociétés commerciales sous réserve
des dispositions statutaires.

Conclusion générale
Les sociétés commerciales naissent, vivent et meurent. Les règles de constitution, en
dépit de quelques particularités propres à chaque type de sociétés, sont les mêmes. Elles
fonctionnent également selon le même schéma, par les organes de direction, l’assemblée
générale et le commissariat aux comptes. Pour les mêmes causes, elles sont également
dissoutes.

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