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DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

Dr. KANE
INTRODUCTION :

Dans un système juridique qui consacre le principe de l’unité du patrimoine, la société constitue
le seul moyen de limiter le droit d’action des créanciers sur les éléments du patrimoine.
Au Sénégal, il y a deux types de textes ayant vocation à s’appliquer :
-Il y’a d’une part les articles 765 et suivants du COCC qui constituent en quelque sorte le droit
commun des sociétés commerciales ;
-Il y a d’autre part les dispositions contenues dans l’AU/SCGIE entré en vigueur le 1 er janvier
1998.

L’étude du droit des personnes permet de se rendre compte qu’il ya d’une part les
personnes physiques et d’autre part les personnes morales. Les personnes physiques sont les
êtres humains qui jouissent de droits tandis que les personnes morales sont des groupements
dotés de la personnalité juridique : il peut s’agir de groupement sans but lucratif comme les
associations et des groupements à but lucratif tels que les sociétés commerciales, objet de notre
étude.
Avant l’avènement du Traité OHADA, le droit hérité de la colonisation est souvent
balkanisé, c’est-à-dire qu’il varie d’un territoire à un autre. Cet état de fait a créé une insécurité
juridique et judiciaire dénoncée le plus souvent par les investisseurs étrangers. Il fallait donc
mettre en place un droit harmonisé ou uniformisé. L’Acte Uniforme portant droit des Sociétés
commerciales et Groupement d’Intérêt économique est dérivé du Traité OHADA signé à Port
Louis en Ile Maurice le 17 octobre 1993 par les Etats africains membres de la zone franc. Il a
été adopté à Cotonou le 17 Avril 1997, publié dans le Journal Officiel de l’OHADA à Yaoundé
le 11 octobre 1997, et entré en vigueur le 1er Janvier 1998.
Il y a lieu de préciser que deux séries de textes s’appliquent aux sociétés commerciales :
l’Acte Uniforme précité (Article 1er AUSCGIE : « toute société commerciale, y compris celle

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dans laquelle un Etat ou un personne morale de droit public est associé, dont le siège social est
situé sur le territoire de l’un des Etats parties est soumise aux dispositions du présent Acte
uniforme) et la loi nationale (Alinéa3 1er : « en outre, les sociétés commerciales et les
groupements d’intérêt économique demeurent soumis aux lois non contraires au présent Acte
uniforme qui sont applicables dans l’Etat partie où se situe leur siège social »).
Mais qu’est-ce qu’une société commerciale ?
Aux termes de l’article 4 AUSC et GIE : « la société commerciale est créée par deux
ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens en
numéraire ou en nature, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui
pourra en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les conditions prévues
par le présent acte uniforme. La société commerciale doit être créée dans l’intérêt commun des
associés ». Cette disposition met en évidence les éléments constitutifs du contrat de société à
savoir les apports, la participation au bénéfice et aux pertes et l’affectio societatis. On voit
également à travers cette définition qu’en principe, pour créer une société, il faut au moins deux
personnes. L’exception à cette règle est prévue à l’article 5 AUSCGIE qui précise que la société
peut être créée par une seule personne. On remarque donc que la société commerciale est à la
fois un contrat et une institution.
Il faut tout de même préciser que la société, comme tout contrat doit respecter les conditions de
validité citées à l’article 47 COCC c’est-à-dire le consentement, la capacité, l’objet et la cause.
Le critère de commercialité de la société dépend soit de sa forme soit de son objet. Ainsi
sont commerciales par leur forme, les S.N.C, les S.C.S, les S.A.R.L, les S.A et les S.A.S (Article
6 AUSCG et GIE). La commercialité par l’objet suppose que la société accomplit des actes de
commerce et en fait sa profession habituelle.
Il existe plusieurs sortes de sociétés commerciales : celles dans lesquelles l’intuitu personae
c’est-à-dire la personnalité des associés, est importante (SNC et SCS) et celles dans lesquelles
seuls les capitaux jouent un rôle déterminant (S.A, S.A.R.L et S.A.S)
Dans le cadre de ce cours, nous allons étudier d’une part les règles communes à toutes les
sociétés commerciales (Première Partie) et d’autre part les règles propres à chaque type de
société (Deuxième Partie).

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Première Partie : LES REGLES COMMUNES A TOUTES
LES SOCIETES COMMERCIALES

Les règles communes à toutes les sociétés renvoient à la constitution, au


fonctionnement, à la dissolution et aux liens entre sociétés.

CHAPITRE I- LA CONSTITUTION DES SOCIETES


COMMERCIALES

La constitution des sociétés commerciales renvoie à leur naissance : c’est donc se poser
la question de savoir comment les sociétés commerciales sont-elles créées, comment naissent-
elles ? La constitution des sociétés commerciales est soumise à des conditions, (Section 1)
lesquelles, lorsqu’elles ne sont pas réunies sont sanctionnées par la nullité et la responsabilité
des fondateurs et des premiers dirigeants (Section 2).

SECTION 1- LES CONDITIONS DE CONSTITUTION DES


SOCIETES COMMERCIALES

Les conditions de constitution des sociétés commerciales sont de deux ordres : il ya des
conditions de fond (Paragraphe 1) d’une part et des conditions de forme (Paragraphe 2) d’autre
part.

PARAGRAPHE 1- LES CONDITIONS DE FOND

Malgré la controverse doctrinale qui a existé pendant un certain temps concernant la


nature de la société, nul ne peut nier le fait que la société soit un contrat. Pour preuve, l’article
4 AUSCG précité et l’article 105 AUSCG qui dispose qu’ : « entre la date de constitution de
la société et celle de son immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier, les
rapports entre les associés sont régis par le contrat de société et par les règles générales du
droit applicable aux contrats et aux obligations ». Ces règles dont il est question constituent le

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Code des obligations civiles et commerciales. Ainsi, la société commerciale en tant que contrat
est soumise aux conditions de validité prévues à l’article 47 du COCC.
Toutefois, la société est également soumise à des règles particulières de constitution. La
société peut être créée par deux ou plusieurs personnes (Article 4) comme être unipersonnelle.
Aux termes de l’article 5 : « la société commerciale peut également être créée, dans les cas
prévus par le présent Acte uniforme, par une seule personne, dénommée associé unique, par
un acte écrit ». La loi a prévu la société d’une seule personne dans deux cas : la S.A.R.L (article
309, alinéa 2), la S.A (article 385, alinéa 2) et la S.A.S (article 852-1).
Les conditions de fond particulières de constitution des sociétés commerciales sont :
- les apports,
- le partage des bénéfices et la participation aux pertes,
- l’affectio societatis.
A- L’obligation d’apporter
La combinaison des articles 4 et 37 AUSCG met en évidence l’idée selon laquelle, les associés
doivent obligatoirement faire des apports. En effet, il existe trois types d’apports : en nature,
en numéraire et en industrie.
Les deux premiers types d’apports sont des apports capitalisés c’est-à-dire ceux qui
entrent dans la composition du capital social.
▪ Les apports en nature sont les apports de tout bien, meuble ou immeuble,
corporel ou incorporel autre que du numéraire c’est-à-dire en espèces monétaires. Donner juste
la définition des différents apports.
Il existe deux modalités de l’apport en nature : l’apport en pleine propriété et l’apport
en jouissance. Ils sont prévus aux articles 46 et 47 AUSCG.
Il y a apport en pleine propriété, lorsque l’associé transfère la propriété de son bien à la
société et le perd définitivement le bien au profit de celle-ci. Il ne pourra le récupérer en cas de
dissolution de la société. L’apport en pleine propriété s’apparente avec la vente certes, mais à
la différence de celle-ci l’associé ne reçoit aucun prix en contrepartie, mais des droits sociaux.
Le législateur OHADA a prévu les modalités de réalisation des apports en nature. Ainsi, aux
termes de l’article 45 AUSCGIE, les apports en nature sont réalisés par les transferts des droits
réels ou personnels correspondant aux biens apportés et par la mise à la disposition effective de
la société des biens sur lesquels portent ces droits. En outre, il est précisé que les apports en
nature sont libérés intégralement lors de la constitution de la société. On dit qu’une société
est constituée lorsque ses statuts ont été signés par les associés. Si un bien ou un droit soumis
à publicité est apporté, il peut être publié avant que la société ne soit immatriculée au RCCM.

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Lorsqu’un fonds de commerce est apporté en pleine propriété, il doit y avoir une publicité
comme c’est le cas pour la vente sous peine d’inopposabilité aux tiers.
L’apport en jouissance renvoie à l’hypothèse où l’apporteur ne confère qu’un simple
droit de créance, un peu comme celui d’un preneur à bail. Donc l’apporteur en garde la pleine
propriété et en cas de dissolution le bien peut être récupéré. Toutefois, si l’apport en jouissance
porte sur des choses de genre ou sur des biens appelés à être renouvelés pendant la durée de la
société, celle-ci devient propriétaire des biens, à charge pour elle d’en rendre une pareille
quantité, qualité et valeur à l’apporteur. Dans ce cas précis, l’apporteur est garant envers la
société comme un vendeur envers l’acheteur.
Les apports en nature posent le problème de leur évaluation. Il appartient aux associés
de les évaluer et de faire figurer cette évaluation dans les statuts. Si dans les SA les apports en
nature doivent obligatoirement faire l’objet d’une évaluation par un commissaire aux apports,
tel n’est pas le cas dans les SARL où l’évaluation ne devient obligation que lorsque la valeur
de chaque apport ou de l’ensemble des apports en nature est supérieure à 5.000.000.
En effet, il peut y avoir surévaluation des parts ou actions, c’est-à-dire lorsque
l’apporteur reçoit plus d’actions ou de parts que ce à quoi il devrait avoir droit ou sous-
évaluation. Le législateur OHADA a prévu l’évaluation des apports en nature dans les sociétés
anonymes et les sociétés à responsabilité limitée. Ainsi les articles 312 et 400 disposent
respectivement que : « cette évaluation est faite par un commissaire aux apports dès lors que
la valeur de l’apport ou de l’avantage considéré, ou que la valeur de l’ensemble des apports
ou avantages considérés, est supérieure à cinq millions (5000.000) de francs CFA » et
que : « les apports en nature et / ou les avantages particuliers doivent être évalués par un
commissaire aux apports ».
Les commissaires aux apports sont choisis parmi les commissaires aux comptes à l’unanimité
par les futurs associés ou, à défaut, par le président de la juridiction compétente, à la demande
des fondateurs de la société ou de l’un d’entre eux.
Il faut dire cependant que pour remédier au problème de la surévaluation, le législateur a prévu
la libération entière des apports en nature lors de la constitution de la société (Article 45), leur
évaluation par les associés sous le contrôle d’un commissaire aux apports et enfin leur
évaluation dans les statuts. Au-delà des apports en nature comme apport capitalisé, il ya les
apports en numéraire.
▪ Les apports en numéraire Sont ceux qui consistent à mettre une somme d’argent à la
disposition de la société. Ils posent deux problèmes : la souscription et la libération.
La souscription est la promesse faite par l’associé de réaliser un apport en numéraire.

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Quant à la libération, elle consiste en l’exécution de cette promesse et au versement de la
somme due dans les caisses sociales.
L’article 41 AUSCG et GIE dispose que sauf disposition contraire du présent Acte uniforme,
les apports en numéraire sont libérés intégralement lors de la constitution de la société. Cette
disposition doit être complétée par l’article 313 AUSCGIE qui prévoit le dépôt des fonds par le
fondateur dans un compte en banque ouvert au nom de la société en formation ou à l’étude d’un
notaire et l’article 389 qui dispose que les actions représentant des apports en numéraire sont
libérées, lors de la souscription du capital, d’un quart au moins de leur valeur nominale.
En tout état de cause, si les sommes restant dues à la société ne sont pas versées dans
les délais prévus, elles portent de plein droit intérêt au taux légal à compter du jour où le
versement devait être effectué, sans préjudice de dommages et intérêts, s’il y a lieu.
▪ L’apport non capitalisé c’est l’apport en industrie. Il n’apparait qu’une seule fois dans
l’Acte Uniforme c’est-à-dire à l’article 40 AUSCG. Son régime juridique n’est pas fixé par le
législateur OHADA. Mais seule la main d’œuvre est considérée comme un apport en industrie.
Autrement dit, l’apporteur en industrie doit être un travailleur ; pas comme les autres. Mais en
cas de partage, l’apporteur en industrie doit avoir en droit Sénégalais, une part égale à celle de
l’apporteur en numéraire dont l’apport est le plus modique.
Après l’étude des différents types d’apports, celle de leur régime juridique mérite examen.
Le régime juridique recouvre les obligations des apporteurs et celles de la société. Aux
termes de l’article 37 AUSCG : « chaque associé doit faire un apport à la société. Chaque
associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter en numéraire
ou en nature ».
En dehors de ces règles générales, il y a des règles particulières à chaque type d’apporteurs.
Nous allons voir d’abord les obligations de celui qui fait un apport en nature, de l’apporteur en
numéraire ensuite et enfin de l’apporteur en industrie.
Selon qu’il s’agisse des apports en pleine propriété et en jouissance, les obligations de
l’apporteur en nature varient. Ainsi, dans le premier cas, l’apporteur est garant envers la société
comme un vendeur envers son acheteur. Dans le second cas, il faut faire une distinction entre
les choses fongibles ou de genre c’est-à-dire interchangeables et les corps certains. S’il s’agit
de choses fongibles, l’apporteur est garant envers la société comme un vendeur envers
l’acheteur. S’il s’agit d’un corps certain, l’apporteur est tenu envers la société comme un
bailleur envers son locataire. Il doit garantir à la société une jouissance paisible.

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L’apporteur en numéraire est tenu de verser à la date indiquée les sommes promises sinon en
cas de retard, les sommes qui restent dues portent intérêt de plein droit aux taux légal, ceci, sans
préjudice d’une condamnation au paiement de dommages et intérêts à la société.
Quant à l’apporteur en industrie, même si le législateur OHADA n’a rien prévu, il faut dire que
ce dernier doit respecter ses engagements.
La contrepartie des apports faits par les associés c’est le bénéfice des titres sociaux
comme le précise l’article 51 AUSCG. Pour les sociétés anonymes, on parle d’actions et pour
les autres sociétés, de parts sociales. Le législateur OHADA a prévu la transmission des titres
sociaux. Dans les sociétés dans lesquelles les associés sont indéfiniment et solidairement
responsables (S.N.C et S.C.S), la cession ne se fait qu’à l’unanimité des associés (Article 274
et 296). Dans les S.A.R.L et les S.A., la cession est libre même si des limites sont constatées
(majorité des associés non cédants représentant les trois quarts des parts sociales- article 319
AUSCG, agrément-article 321 AUSCG et 765 AUSCG).

✓ Au-delà des apports, nous avons la participation aux bénéfices et


la contribution aux pertes.
Le principe est que les droits ou titres sociaux prévus à l’article 53 AUSCG sont
proportionnels au montant des apports faits par les parties. Mais rien n’empêche les associés de
déroger à cette règle ; autrement dit qu’ils peuvent décider de donner plus de parts à un autre
associé, à condition que cette clause ne soit pas léonine. Il s’agit d’une stipulation attribuant à
un associé la totalité du profit procuré par la société ou l’exonérant de la totalité des pertes, ainsi
que celle excluant un associé totalement du profit ou mettant à sa charge la totalité des pertes.

✓ Quant à l’affectio societatis, c’est l’intention de s’associer, la volonté de


collaborer ensemble sur un pied d’égalité au succès de l’entreprise commune.

PARAGRAPHE 2 LES CONDITIONS DE FORME

Les conditions de forme sont l’établissement de l’acte de la société et la publicité.


▪ L’établissement de l’acte de société, c’est la formalisation de la volonté : il s’agit
des statuts dont nous allons étudier la forme et le contenu.
Pour ce qui concerne la forme des statuts, il faut dire que les statuts sont établis par acte
notarié ou par un acte présentant des garanties d’authenticité dans un Etat partie c’est-à-dire
qu’il doit être déposé auprès d’un notaire. Les statuts peuvent également être rédigés par un
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acte sous seing privé. Dans ce cas, il est dressé autant d’originaux qu’il est nécessaire pour le
dépôt d’un exemplaire au siège social et l’exécution des diverses formalités requises. Un
exemplaire des statuts établi sur papier libre doit être remis à chaque associé sauf pour le cas
des S.N.C et S.C.S où un exemplaire original est remis à chaque associé.
Quant au contenu des statuts, l’article 13 dispose que les statuts énoncent :
- la forme de la société ;
- la dénomination suivie le cas échéant de son sigle ;
- la nature et le domaine de son activité, qui forment son objet social ;
- son siège social ;
- sa durée (celle-ci ne peut dépasser 99 ans)
- l’identité des apporteurs en numéraire avec, pour chacun d’eux, le
montant des apports, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en
contrepartie de chaque apport ;
- l’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport
effectué par chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis
en contrepartie de chaque apport ;
- l’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- le montant du capital social ;
- le nombre et la valeur des titres sociaux émis, en distinguant, le cas échéant, les
différentes catégories de titres créées ;
- les stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution des
réserves et à la répartition du boni de liquidation ;
- les modalités de fonctionnement.
Douze mentions obligatoires doivent donc figurer dans les statuts ; à défaut, tout intéressé peut
demander au Tribunal dans le ressort duquel se trouve le siège social d’ordonner la
régularisation. Le Ministère public peut également agir aux mêmes fins (Article 75 AUSCG).

▪ L’autre condition de forme au-delà de l’établissement de l’acte de société, c’est la


publicité.
Cette notion recouvre deux aspects : l’immatriculation au R.C.C.M et l’insertion de
l’avis de constitution de la société dans un journal d’annonces légales.

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Concernant l’immatriculation, aux termes de l’article 97 AUSCG, la société doit être
immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier. Nous allons étudier la procédure
d’immatriculation d’abord, ensuite les effets de l’immatriculation.
La procédure d’immatriculation est prévue aux articles 27 et 28 AUDCG. Ainsi, toute société
commerciale doit, dans le mois de sa constitution requérir son immatriculation au R.C.C.M de
la juridiction dans le ressort de laquelle est situé son siège social. Cette demande a un contenu
précis (Article 27 AUDCG). A cette demande, sont jointes des pièces justificatives (Article 28).
Il appartient au greffier en charge du R.C.C.M de vérifier que les demandes sont complètes et
conformes aux pièces justificatives. S’il constate des inexactitudes ou lorsqu’il rencontre des
difficultés dans sa mission, il en saisit la juridiction compétente (Article 41 AUDCG)
C’est avec l’immatriculation que la société acquiert la personnalité morale comme le précise
l’article 98 AUSCG : « toute société jouit de la personnalité juridique à compter de son
immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier ». Les autres effets de
l’immatriculation au R.C.C.M concernent la présomption d’acquisition de la qualité de
commerçant et l’obligation d’indiquer sur ses factures, bons de commande, tarifs et documents
commerciaux, ainsi que sur toute correspondance, son numéro et son lieu d’immatriculation au
Registre (Article 38 AUDCG).
On ne saurait terminer l’étude de l’immatriculation au R.C.C.M sans faire cas des attributs de
la société immatriculée. Ainsi, celle-ci a, à compter de l’acquisition de la personnalité juridique,
un siège social, une dénomination sociale, un patrimoine et une nationalité. Le siège social est
le domicile de la société, le lieu de son principal établissement. Ce lieu doit être mentionné dans
les statuts. Il doit être fixé au choix des associés soit au lieu du principal établissement, soit au
centre de direction administrative et financière de la société. Cette disposition met en évidence
l’idée selon laquelle le choix du siège social n’est pas arbitraire. Le siège social ne peut pas être
constitué uniquement par une domiciliation à une boîte postale ; il doit être localisé par une
adresse ou une indication géographique suffisamment précise. A la lecture de l’article 26
AUSCG, on se rend compte qu’il ya une distinction entre le siège réel et le siège statutaire. Le
siège réel est le lieu où la société est gouvernée, le lieu de sa direction financière et
administrative. En cas de discordance entre siège réel et statutaire, les tiers peuvent selon leur
intérêt choisir entre les deux.
La dénomination sociale c’est le nom de la société. Aux termes de l’article 14 AUSCG,
toute société est désignée par une dénomination sociale qui est mentionnée dans ses statuts.
Désormais, on ne parle plus de raison sociale. La dénomination sociale peut comporter le nom
d’un ou plusieurs associés ou anciens associés. Elle doit figurer sur tous les actes et documents

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émanant de la société et destinés aux tiers, notamment les lettres, les factures, les annonces et
publications diverses. Elle doit être précédée ou suivie immédiatement en caractères lisibles de
l’indication de la forme de la société, du montant de son capital social, de l’adresse de son siège
social et de la mention de son immatriculation au R.C.C.M.
La société a un patrimoine qui lui est propre différent de celui des associés. Le patrimoine social
est l’ensemble des droits et obligations de la société. Il est essentiellement mouvant dans la
mesure où il augmente ou diminue suivant que la société réalise des bénéfices ou des pertes. Le
patrimoine social permet de distinguer entre les créanciers sociaux et les créanciers des associés.
Ces derniers ne peuvent saisir les biens de la société.
Le dernier attribut de la société immatriculée c’est la nationalité. L’Acte Uniforme ne définit
pas les critères de détermination de la nationalité. Le COCC retenait le critère du siège social
et du contrôle c’est-à-dire la nationalité des personnes qui contrôlent et dirigent la société.
L’étude de l’immatriculation au R.C.C.M permet de faire la transition et d’étudier les sociétés
sans personnalité juridique. Il s’agit de la société en participation, de la société créée de fait et
de la société de fait. Aux termes de l’article 854 AUSCG, la société en participation est celle
dans laquelle les associés conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au R.C.C.M et qu’elle
n’aura pas la personnalité morale. Le législateur OHADA a prévu les rapports entre associés et
avec les tiers. Dans le premier cas, ce sont les règles de la S.N.C qui s’appliquent. A l’égard
des tiers, chaque associé agit pour son propre compte et donc engage sa responsabilité. Mais
lorsque les associés affichent leur qualité d’associé au vu et au su des tiers, ils engagent leur
responsabilité à l’égard de ceux-ci.
La société créée de fait est celle qui ne peut être immatriculée parce qu’aucun écrit n’a été
établi. Pourtant l’article 115 AUSCG qui traite de la société créée de fait renvoie aux articles
864 et suivants relatifs à la société de fait. On parle de société de fait lorsque deux ou plusieurs
personnes physique ou morale se comportent comme des associés sans avoir constitué une
société reconnue par l’A.U. De même, il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales ont constitué une société reconnue par l’A.U sans pour autant avoir
accompli les formalités légales constitutives ou ont constitué entre elles une société non
reconnue par l’A.U.
Aux termes de l’article 261 AUSCG, lorsque les formalités de constitution de la société
ont été accomplies, et dans un délai de quinze jours suivant l’immatriculation, un avis est inséré
dans un journal habilité à recevoir les annonces légales dans l’Etat-Partie du siège social.
L’avis est signé par un notaire et contient des mentions obligatoires.

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La publicité peut se faire par dépôt d’actes ou de pièces au greffe du tribunal chargé des
affaires commerciales du lieu du siège social.
Les autres conditions de forme préalables à l’immatriculation sont la déclaration de
régularité et de conformité c’est-à-dire le dépôt au R.C.C.M par les fondateurs et premiers
dirigeants d’une déclaration dans laquelle ils relatent toutes les opérations effectuées en vue de
constituer régulièrement la société et par laquelle ils affirment que cette constitution a été
réalisée en conformité du présent acte uniforme (Article 73 AUSCG) et la déclaration notariée
de souscription et de versement (Article 314 et 392 AUSCG).
Lorsque les conditions de constitution n’auront pas été respectées, il y aura une sanction.

SECTION 2- SANCTIONS DE L’INOBSERVATION DES


CONDITIONS DE FORMATION

Elles sont au nombre de deux : la nullité et la responsabilité des fondateurs et


premiers dirigeants de la société.

✓ Le législateur a prévu la nullité de la société et des actes sociaux au Livre


8 de l’A.U.SC.G. Nous rappelons que ce qui nous intéresse c’est la nullité de la société dont
nous allons étudier les causes, le régime et les effets.
Les causes de la nullité sont de fond et de forme.
Les causes de nullité de fond sont :
- les vices de consentement,
- l’incapacité d’un associé,
- l’illicéité de l’objet social et,
- le fait pour un associé ou des associés de ne pas participer à l’acte constitutif
de la société.
Ce qu’il y a lieu de préciser c’est que ni les vices de consentement, ni l’incapacité ne sont une
cause de nullité dans les S.A.R.L et S.A à moins que celle-ci n’atteigne tous les associés
fondateurs.
Quant aux causes de nullité de forme, le législateur OHADA précise que dans les S.N.C
et les S.C.S, l’accomplissement des formalités de publicité est requis à peine de nullité (Article
245 AUSCG). De même, il est dit que les formalités de publicité sont effectuées à la diligence
et sous la responsabilité des représentants légaux des sociétés.

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Ce qu’il y a lieu de préciser c’est que la nullité de la société est assortie de limites. Ainsi,
il n’y a pas de nullité sans texte. Il peut s’agir d’une disposition expresse de l’A.U ou d’un texte
régissant la nullité des contrats en général ou du contrat de société en particulier. De même, le
tribunal a la faculté de ne pas prononcer la nullité encourue si aucune fraude n’est constatée.
En outre, lorsque la cause de nullité a cessé d’exister le jour où le tribunal statue sur le fond en
première instance, l’action en nullité est éteinte sauf si l’objet social est illicite.
Le juge peut accorder un délai aux associés pour couvrir la nullité de la société lorsqu’il
est saisi d’une action en nullité. En tout état de cause, le prononcé de la nullité ne peut se faire
moins de deux mois à compter de la saisine.
Toujours dans le souci de réduire les cas de nullité , le législateur OHADA précise qu’en
cas de nullité pour vice de consentement ou incapacité d’un associé et si la régularisation est
possible , tout intéressé peut demander à la personne donc le consentement est vicié ou
incapable de régulariser sa situation ou d’agir en nullité dans un délai de six mois.
Dans le courant de ce délai, la société ou un associé peut proposer au juge le rachat des
droits sociaux (parmi d’autres mesures tendant à supprimer l’intérêt du demandeur) de
l’incapable ou de la personne dont le consentement est vicié. Dans cette hypothèse, le tribunal
peut soit prononcer la nullité, soit accepter la mesure proposée par la société ou l’associé
Le régime de la nullité renvoie aux personnes habilitées à agir en nullité et au délai de
prescription. Ainsi, toute personne intéressée peut agir en nullité dans un délai de trois ans à
compter de l’immatriculation de la société ou de la publication de l’acte modifiant les statuts
sauf si la nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet social et sous réserve de la forclusion prévue
à l’article 248 de l’Acte Uniforme (Il s’agit du délai de 6 mois). Mais comme nous l’avons dit,
le législateur OHADA a tout fait pour limiter la nullité d’où donc la raison d’être de la
régularisation (Article 75 et 250 AUSCG).
Les effets de la nullité de la société sont prévus à l’article 253 et 255 AUSCG. Ainsi,
la nullité de la société met fin à l’exécution du contrat sans rétroactivité et ni la société, ni les
associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers de bonne foi sauf si l’associé
est un incapable ou son consentement vicié.

✓ La seconde sanction des conditions de formation de la société c’est l’engagement


de la responsabilité des fondateurs et premiers dirigeants.
Aux termes de l’article 78 AUSCG, les fondateurs et les premiers dirigeants sont
responsables solidairement du préjudice causé soit par le défaut d’une mention obligatoire dans
les statuts, soit par l’omission ou l’accomplissement irrégulier d’une formalité prescrite par la

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constitution de la société. L’action en responsabilité se prescrit par cinq ans à compter, selon le
cas, du jour de l’immatriculation de la société. Cette responsabilité est civile. Quant à la
responsabilité pénale, elle renvoie au cas où il y a une fausse déclaration notariée de
souscription et de versement des fonds (Article 887).
En outre, s’il est avéré que la nullité est imputable aux associés et aux dirigeants sociaux,
ces derniers peuvent être déclarés responsables solidairement et indéfiniment. L’action en
responsabilité se prescrit 3 ans à compter du jour où la décision d’annulation est passée en force
de chose jugée.

CHAPITRE II- LES REGLES COMMUNES DE


FONCTIONNEMENT

Ces règles renvoient à la situation des associés et des dirigeants.

✓ Concernant les associés, le législateur OHADA leur a accordé


des droits et des obligations.

o Ils ont des droits extra pécuniaires et pécuniaires.

▪ Les droits extra pécuniaires sont au nombre de trois :


- la participation aux décisions collectives,
- le droit de vote et,
- le droit à l’information.
Le droit de participer aux décisions collectives est prévu à l’article 125 AUSCG. Il existe
deux sortes de décisions collectives : ordinaires et extraordinaires. Le droit de participer aux
décisions collectives ne peut être écarté par une convention contraire sous peine d’être réputée
non écrite. Seule une disposition de l’Acte Uniforme peut remettre en cause ce droit.
Le législateur OHADA a prévu l’hypothèse des parts ou actions indivises c’est-à-dire
une situation dans laquelle plusieurs personnes sont propriétaires d’une même action ou part
sociale. Ce faisant, et à défaut de stipulations contraires des statuts, les copropriétaires sont
représentés par un mandataire unique choisi parmi les indivisaires. Si les indivisaires ne
tombent pas d’accord sur le choix, il appartient à l’indivisaire le plus diligent de demander au

13
juge d’en désigner. En tout état de cause, encourent une sanction pénale, ceux qui sciemment,
auront empêché un actionnaire ou un associé de participer à une assemblée générale.
Le législateur OHADA a également prévu le cas d’une action ou d’une part sociale
grevée d’un usufruit. Dans ce cas, et sauf clause contraire, le droit de vote appartient au nu-
propriétaire c’est-à-dire au véritable propriétaire de l’action ou de la part sociale sauf pour les
décisions relatives à l’affectation des bénéfices.
On peut participer personnellement aux décisions collectives ou se faire représenter. Cette
représentation est soit réglementée par l’A.U. soit par les statuts.
Les décisions peuvent être prises soit en assemblée générale, soit par correspondance c’est-à-
dire sous forme de consultation écrite. Toutes les décisions prises sont constaté par un procès-
verbal établi soit sur un registre spécial tenu au siège social de la société, soit établi sur des
feuilles mobiles. En tout état de cause, il est coté et paraphé par l’autorité judiciaire compétente.
Tout procès-verbal est archivé au siège de la société et les copies ou extraits des procès-verbaux
des délibérations des associés sont valablement certifiés conformes par le représentant légal de
la société ou, s’ils sont plusieurs, par l’un d’entre eux seulement.
Quant aux droits de vote, le législateur OHADA précise qu’ils sont proportionnels à sa
participation au capital de la société. Cela signifie que l’associé a autant de voix que de parts.
C’est dans l’exercice du droit de vote que les associés commettent un abus de majorité ou de
minorité.
On parle d’abus de majorité dans deux cas : une décision prise dans le seul intérêt des associés
majoritaires et qui ne puisse être justifiée par l’intérêt de la société. Dans cette occurrence, la
décision peut être annulée pour abus de majorité et les associés ayant pris ce genre de décision
peuvent voir leur responsabilité engagée.
En revanche, on parle d’abus de minorité, lorsque les associés minoritaires s’opposent à ce que
des décisions qui intéressent la société soient prises sans qu’ils puissent justifier d’un intérêt
légitime. Ce faisant, ils peuvent engager leur responsabilité pour abus de minorité.
Enfin, les associés ont droit à l’information. Aux termes de l’article 344 AUSCG : « les
associés ont un droit d’information permanent sur les affaires sociales. Préalablement à la
tenue des assemblées générales, ils ont en outre un droit de communication ». Il y a donc deux
sortes d’information : une information permanente et une information avant la tenue de
l’A.G.
En effet, le droit d’information des associés renvoie au :
- droit de communication des documents,
- le droit de poser des questions aux dirigeants et

14
- le droit de solliciter une expertise de gestion.
Le droit de communication avant la tenue d’un A.G.A est prévu dans toutes les sociétés
commerciales (Articles 288 alinéa 2 pour les SNC ; article 306 alinéa 2 pour les SCS ; article
345 pour les S.A.R.L et 525 pour les S.A). La remarque qui s’évince de la lecture de ces
dispositions c’est que le droit de communication porte principalement sur l’inventaire et les
états financiers de synthèse établis par le gérant, le rapport de gestion du gérant, le cas échéant,
le rapport du commissaire aux comptes. Ce droit de communication s’exerce au moins quinze
jours avant la tenue de l’assemblée générale annuelle dans les SNC et les SCS, et quinze jours
avant dans les SARL et les S.A.
L’autre élément du droit à l’information c’est la possibilité pour les associés de poser des
questions écrites aux dirigeants. Dans les SNC (Article 288 al 2) et les S.CS (Article 307), ce
droit peut s’exercer deux fois par an et le gérant est tenu de respecter le parallélisme des formes
c’est-à-dire de répondre par écrit. En revanche, dans les S.A.R.L, la possibilité de poser deux
fois des questions au gérant n’est envisageable qu’en cas de faits qui sont de nature à
compromettre la continuation de l’exploitation. Dans cette occurrence, la réponse du gérant est
communiquée au commissaire aux comptes. En dehors de cette hypothèse, le gérant est tenu de
répondre à l’associé au cours de l’assemblée.
Le dernier élément du droit à l’information c’est l’expertise de gestion. En effet, aux termes de
l’article 159 AUSCG : « Un ou plusieurs associés représentant au moins le cinquième du
capital social peuvent, soit individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce
soit, demander au président de la juridiction compétente du siège social, la désignation d’un
ou plusieurs experts chargés de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations ». Cette
disposition constitue la preuve manifeste de l’intervention du juge dans le fonctionnement de
la société commerciale. Ceci est d’autant plus vrai que le concept « d’opérations de gestion »
est une notion floue qui confère ainsi au juge un pouvoir d’appréciation. En tout état de cause,
s’il est fait droit à la demande, le juge détermine l’étendue de la mission ainsi que celle des
pouvoirs des experts. Il appartiendra à la société de supporter les honoraires des experts. Le
rapport est adressé à la personne ayant sollicité l’expertise, aux organes de gestion, de direction
ou d’administration. On note l’existence d’un vide sur le cas où il n’est pas fait droit à la
demande d’expertise de gestion.
▪ Au-delà des droits extrapatrimoniaux, l’associé a des droits patrimoniaux à savoir celui
de participer aux bénéfices, le droit aux dividendes et aux réserves.
Le bénéfice constitue le résultat positif correspondant à un accroissement du patrimoine
de la société. Ce qu’il y a lieu de préciser c’est que tous les bénéfices ne sont pas partagés. Il y

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a donc un bénéfice distribuable. Il est prévu à l’article 143 AUSCG : « le bénéfice distribuable
est le résultat de l’exercice, augmenté du report bénéficiaire et diminué des pertes antérieures
ainsi que des sommes portées en réserve en application de la loi ou des statuts ».
Les dividendes constituent la part de bénéfice revenant à chaque action ou à chaque part
sociale (Article 144 AUSCG). Il appartient à l’AGO des associés de déterminer la part de
bénéfice à distribuer aux associés après avoir approuvé l’état financier de synthèse et constaté
l’existence de sommes distribuables. Toute distribution qui se fait en violation de ces règles
constitue un délit appelé distribution de dividendes fictifs. L’article 889 AUSCG le précise
mieux. La distribution du dividende doit se faire dans un délai maximum de neuf mois après la
clôture de l’exercice. Ce délai peut être prolongé par le Président de la juridiction compétente.
Pour la dotation à la réserve légale, il est prélevé sur le bénéfice de l’exercice diminué
des pertes antérieures le cas échéant, un montant égal au dixième. Ce prélèvement cesse d’être
obligatoire si les sommes mises en réserve atteignent le cinquième du capital (Article 546
AUSCG). Les réserves consistent à prélever des sommes sur les bénéfices pour une destination
déterminée. Ces sommes sont conservées à la disposition de la société.
C’est l’Assemblée qui décide si tout ou partie de la réserve doit être distribué à condition qu’il
ne s’agisse pas d’une réserve stipulée indisponible par la loi ou les statuts. De même aucune
distribution n’est possible si les capitaux propres de la société sont inférieurs au montant du
capital social augmenté des réserves que la loi ou les statuts ne permettent pas de distribuer.
Au-delà de la réserve légale, il y a la réserve statutaire.

o Autant il est incontestable que l’associé a des droits, autant il est manifeste qu’il
est assujetti à des obligations.
Les obligations de l’associé sont au nombre de deux : la contribution aux pertes et
l’obligation aux dettes.
▪ La contribution aux pertes apparaît uniquement au moment de la dissolution
de la société et jamais en cours d’exploitation. En principe, elle se fait proportionnellement aux
apports. Il y a lieu de préciser que cette règle n’est pas d’ordre public car elle peut être écartée.
La seule exigence c’est qu’il ne s’agisse pas d’une clause léonine.
▪ L’obligation aux dettes s’exerce au cours de la vie sociale.
Dans les SARL et SA, les associés répondent des dettes jusqu’à concurrence de leurs
apports (Article 309 AUSCG). Dans les sociétés de personnes, les associés répondent des dettes
indéfiniment et solidairement (Article 271 AUSCG). Les conditions exigées c’est de mettre en
demeure vainement la société, ensuite, il doit s’agir d’une dette sociale.

16
✓ On ne saurait parler de fonctionnement de la société commerciale sans faire
allusion au statut des dirigeants.
Les principales questions qui seront abordés sont relatives à leurs pouvoirs et
responsabilités.
L’étendue des pouvoirs des dirigeants varie selon qu’ils sont en relation avec les
associés ou des tiers. Dans le premier cas, les dirigeants peuvent accomplir tous les actes de
gestion dans l’intérêt de la société. Toutefois, il y a des décisions qui nécessitent l’autorisation
de l’AGO ; c’est l’exemple des conventions intervenues entre un dirigeant, un associé et la
société (Article 350 AUSCG V. également les articles 438 et 502). Il faut dire que ces
limitations de pouvoirs ne sont pas opposables aux tiers de bonne foi. Dans la seconde
hypothèse, il faut faire le départ entre les sociétés de personnes et les S.C.R.L. S’il s’agit de
sociétés de personnes, le gérant engage la société par les actes entrant dans l’objet social. S’il
s’agit d’une S.C.R.L, elle est engagée par les actes des dirigeants même si ces derniers dépassent
l’objet social, à moins d’apporter la preuve que le tiers avec lequel le dirigeant a traité savait
(un tiers complice du dépassement de pouvoir du dirigeant) ou était sensé savoir (s’il était lui-
même associé de ladite société), compte tenu des circonstances, qu’il y avait un dépassement
de l’objet. Pour le Conseil d’administration, cette règle est prévue par les articles 436, pour le
PDG 465, pour le DG 488 et pour l’administrateur Général 498. Pour les S.A.R.L, c’est l’article
329, alinéa 2. Ces règles particulières ne doivent pas occulter les dispositions des articles 121 à
124 AUSCG.
Les dirigeants peuvent engager leur responsabilité civile ou pénale.
Cette responsabilité est prévue aussi bien par les règles communes que des règles spéciales. Les
règles communes prévoient la responsabilité envers les tiers, les associés et la société. L’article
161 prévoit que le dirigeant est responsable envers les tiers des fautes qu’il commet dans
l’exercice de ses fonctions. Quant à l’article 162, il parle de responsabilité des dirigeants envers
les associés. Dans les deux cas, il s’agit d’une action individuelle intentée lorsque les tiers et
les associés subissent un dommage distinct de la société (exemple : détournement de dividende
d’un associé). Elle se prescrit par trois ans à compter du fait dommageable ou de sa révélation
s’il a été dissimulé. En cas de crime, l’action se prescrit par 10 ans.
Les dirigeants peuvent être tenus à l’égard de la société comme le prévoit l’article 165. Il s’agit
de l’action sociale. En principe, elle est exercée par le dirigeant mais si cette action doit être
dirigée contre lui-même, elle n’a aucune chance d’aboutir. C’est pourquoi le législateur
OHADA a prévu l’action ut singuli (Article 167), c’est-à-dire la possibilité pour un ou plusieurs

17
associés d’exercer l’action sociale après une mise en demeure des dirigeants non suivie d’effet
dans un délai de 30 jours.
Est réputée, non écrite la clause qui subordonne l’exercice de l’action sociale à l’avis préalable
ou autorisation de l’assemblée, d’un dirigeant, ou celle qui comporterait renonciation à
l’exercice de l’action sociale. De même, les associés (assemblée) les gérants ne peuvent décider
d’éteindre l’action sociale. Celle-ci s’éteint 3ans et 10 ans. Toutefois, les associés qui on t
intenté l’action sociale peuvent transiger avec le gérant.
Les règles spéciales ou particulières sont prévues aux articles 330 et 331 pour les S.A.R.L, 740
à 743 pour les S.A.
Comme tout sujet de droit, la société commerciale naît, vit et meurt. Cette dernière phase
renvoie à la dissolution de la société commerciale.

CHAPITRE III- LA DISSOLUTION DES SOCIETES


COMMERCIALES

Deux notions méritent examen : les causes (SECTION 1) et les effets de la dissolution
(SECTION 2).

SECTION 1. LES CAUSES DE LA DISSOLUTION DES SOCIETES


COMMERCIALES

On note deux cas de dissolution de la société commerciale : les cas de dissolution de


plein droit (Paragraphe 1) et les cas de dissolution décidée (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 LES CAS DE DISSOLUTION DE PLEIN DROIT

Les cas de dissolution de plein droit sont :


- l’arrivée du terme,
- la réalisation ou l’extinction de l’objet,
- l’annulation de l’acte de société,
- la liquidation des biens et la survenance d’un événement prévu comme
cause de dissolution.

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La société est constituée pour une durée ; et la durée maximale c’est 99 ans. Il va de
soi donc que lorsque la société est constituée pour une durée moindre (5 ans par exemple),
qu’elle puisse prendre fin à l’expiration de ce délai. Mais dans la plupart du temps les associés
n’ont pas intérêt à ce qu’une société qui marche bien prenne fin ; ils vont donc la proroger.
Il y a réalisation de l’objet lorsque l’opération pour laquelle la société a été créée a été
entièrement réalisée. Il y a extinction de l’objet lorsqu’en raison d’un obstacle, la société ne
peut plus exercer son activité. Cet obstacle peut être de fait ou de droit.
Lorsque la société est annulée pour non respect des conditions de formation, il y a
dissolution de celle-ci.
La liquidation des biens prévue par l’AUPCP constitue une cause de dissolution de la
société commerciale. Il en est de même de la survenance d’un événement considéré dans les
statuts comme une cause de dissolution de la société. A titre d’exemple, lorsque la société
enregistre des pertes pendant trois années successives.
Au-delà des cas de dissolution de plein droit, il y a la dissolution décidée.

PARAGRAPHE 2 LES CAS DE DISSOLUTION DECIDEE


La décision de dissoudre la société peut résulter soit du juge, soit des associés.
I/ DISSOLUTION PAR LE JUGE
Deux cas sont envisagés : la dissolution pour juste motif et la réunion des droits
sociaux entre les mains d’un seul associé.
Relativement à la dissolution pour justes motifs, elle est prévue à l’article 200 AUSCG
qui précise que la société prend fin : « par la dissolution anticipée prononcée par la juridiction
compétence, à la demande d’un associé pour justes motifs, notamment en cas d’inexécution de
ses obligations par un associé ou de mésentente entre associés empêchant le fonctionnement
normal de la société ».
En revanche, en ce qui concerne la dissolution pour détention par un seul associé de
tous les titres sociaux, il y a lieu de préciser qu’elle doit être demandée par tout intéressé au
Président de la juridiction compétente. Cela signifie donc qu’elle n’opère pas de plein droit et
ce d’autant plus que l’action doit être intentée si la société n’a pas été régularisée dans le délai
d’un an. Le tribunal saisi peut accorder à la société un délai maximal de six mois pour
régulariser la situation. Si avant la date où le tribunal siège la régularisation intervient, il n’y
aura pas de dissolution.

II/ DISSOLUTION DECIDEE PAR LES ASSOCIES


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Il faut tout simplement dire que les associés peuvent décider de mettre fin à la société
de façon anticipée. L’acte uniforme dit bien « pour toute autre cause prévue par les statuts »
Qu’elle soit décidée ou qu’elle survienne de plein droit, la dissolution de la société commerciale
entraine des effets.

SECTION II LES EFFETS DE LA DISSOLUTION

Les effets de la dissolution sont :


- la publication,
- la survie de la personnalité morale pour les besoins de la
Liquidation et,
- enfin la liquidation elle-même, effet principal.
A l’égard des tiers, la dissolution n’a d’effet qu’à compter de sa publication au R.C.C.M.
Aux termes de l’article 205, la personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la
liquidation et jusqu’à la publication de la clôture de celle-ci.
Pour parler de la liquidation, effet principal de la dissolution, il faut faire le départ entre
la société unipersonnelle et la société pluripersonnelle.
Dans le premier cas, il n’y a pas de liquidation mais plutôt transmission universelle du
patrimoine de la société à l’associé unique (Article 201). Les créanciers peuvent faire opposition
à la dissolution de la société devant la juridiction compétente dans le délai de trente jours à
compter de la publication de celle-ci. Face à l’opposition, le tribunal a deux positions : soit il la
rejette, soit il ordonne le remboursement des créances ou la constitution de garanties si la société
en offre et si elles sont supposées suffisantes. La transmission du patrimoine ne s’opère qu’à
l’issue du délai d’opposition ou lorsque l’opposition a été rejetée ou que le remboursement des
créances a été effectué ou les garanties constituées.
L’opposition à la dissolution de la société unipersonnelle s’exerce dans un délai de 30
jours à compter de la publication de celle-ci.
Dans le second cas, il faut dire qu’aux termes de l’article 203, nous avons trois sortes de
liquidations : amiable notamment lorsque le statut du liquidateur est déterminé par les associés
(Article 206 à 222). Ainsi, il existe une limite aux pouvoirs du liquidateur (opérations
réglementées article 213 et des opérations interdites article 214) ; de même la clôture de la
liquidation doit intervenir dans un délai de trois ans à compter de la dissolution de la société.

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La liquidation est également judiciaire (Article 223 à 241). La dernière liquidation n’est pas
prévue par l’AUSCG, mais plutôt par l’AUPCP. En tout état de cause, le liquidateur peut
engager sa responsabilité civile (Article 221) et pénale (Article 903 AUSCG).
Au Livre 4 de la première partie de l’Acte Uniforme, le législateur OHADA a prévu les
liens de droit entre les sociétés commerciales.

CHAPITRE 4- LES LIENS ENTRE SOCIETES

Nous allons voir d’abord les liens de droit (Section 1) ensuite les opérations de fusion,
scission ou d’apport partiel (Section 2)

SECTION 1 LES LIENS DE DROIT

Le législateur OHADA a prévu les groupes de sociétés, la participation dans le


capital d’une autre société, la société mère et la filiale.

✓ Aux termes de l’article 173 AUSCG, un groupe de sociétés est


l’ensemble formé par des sociétés unies entre elles par des liens divers qui permettent à l’une
d’elles de contrôler les autres. Il ressort de cette définition deux éléments du groupe de sociétés :
les liens divers entre les sociétés et le contrôle. Les liens dont il est question sont plus financiers
que juridiques. A preuve, l’article 12 alinéa 3 de la loi bancaire du 24 janvier 1984 modifiée
par les lois du 4 août et 31 décembre 1993 et du 8 août 1994 qui dispose que les interdictions
définies à l’article 10 (toute personne autre qu’un établissement de crédit ne peut effectuer des
opérations de banque à titre habituel, ni recevoir du public des fonds à vue ou à moins de deux
ans de terme) ne font pas obstacle, à ce qu’une entreprise, quelle que soit sa nature de procéder
à des opérations de trésorerie avec des sociétés ayant avec elle, directement ou indirectement
des liens de capital conférant à l’une des entreprises liées, un pouvoir de contrôle effectif sur
les autres. Concernant le contrôle, il est défini comme la détention effective du pouvoir de
décision au sein de cette société. Il y a donc dans les groupes de société une société dominante.
Une personne physique ou morale est présumée détenir le contrôle d’une société dans deux cas :
- lorsqu’elle détient, directement ou indirectement ou par personne interposée, plus de la
moitié des droits de vote d’une société

21
- lorsqu’elle dispose de plus de la moitié des droits de vote d’une société en vertu d’un
accord ou d’accords conclus avec d’autres associés de cette société.
Une des lacunes du législateur OHADA c’est de n’avoir pas précisé le régime juridique du
groupe de sociétés. Tout ce qu’on peut affirmer avec certitude c’est que le groupe de société
n’a pas la personnalité morale. Chaque société est juridiquement indépendante même si elle est
économiquement dépendante, puisque le choix des stratégies et des activités est décidé au
niveau du groupe par la société dominante. Certaines dispositions de l’Acte Uniforme
(consentement unanime en matière de cession des parts sociales) protègent les associés. Le
législateur Sénégalais n’a pas été en reste (Article 66 C.T.S).

✓ C’est l’article 176 AUSCG qui traite de la participation dans le capital


d’une autre société. Ainsi, lorsqu’une société possède dans une autre société une fraction de
capital égale ou supérieure à 10%, la première est considérée comme ayant une participation
dans la seconde. La prise de participation prend donc la forme d’un achat d’actions ou de part
société de la société convoitée. La prise de participation peut être concertée (cession de contrôle
par l’achat direct d’actions par un tiers suite au retrait d’un fondateur de la société ;
augmentation du capital de la société) ou agressive (C’est l’exemple des OPA et OPE dans
lesquelles un investisseur propose aux titulaires actuels d’actions d’une société cotée de les leur
acheter à un prix généralement supérieur au cours de Bourse et réglé soit en espèces pour le
premier cas, soit par remise d’autres valeurs mobilières-titres négociables représentant des
droits d’associés c’est-à-dire des actions ou de prêteurs à long terme à savoir les obligations) .
Au regard des articles 177 et 178 AUSCG, on se rend compte que le législateur OHADA entend
réglementer les participations réciproques c’est-à-dire lorsque deux sociétés détiennent chacune
des titres de l’autre exemple une SA détient 8% dans une autre SA et cette dernière détient 5%
dans la première (participation possible).
✓ Le législateur OHADA a enfin prévu les notions de société mère et de
filiale. Aux termes de l’article 179 AUSCG une société est société mère d’une autre société
quand elle possède dans la seconde plus de la moitié du capital. La seconde société est la filiale
de la première. A l’opposé de la succursale, la filiale a la personnalité juridique propre. La
succursale est un établissement commercial ou industriel ou de prestations de services,
appartenant à une société ou à une personne physique et doté d’une certaine autonomie de
gestion. La succursale n’a qu’une autonomie de gestion et non une personnalité juridique. Une
société peut être filiale commune de deux sociétés mères indépendantes qui s’accordent pour la
gérer (Article 180 AUSCG).

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SECTION II- LES OPERATIONS DE FUSION, DE SCISSION OU
D’APPORT PARTIEL D’ACTIF

La fusion est l’opération par laquelle deux sociétés se réunissent pour n’en former
qu’une seule soit par création d’une société nouvelle soit par absorption de l’une par l’autre. Il
y a donc au regard de cette définition deux sortes de fusion : la fusion par absorption dans
laquelle la société absorbée disparait (Société A est absorbée par la société B ; la conséquence
c’est que A disparaît, B augmente son capital et distribue les titres nouveaux aux associés de
A) et la fusion par création d’une société nouvelle (Les sociétés A et B sont dissoutes pour créer
une société nouvelle C ; les titres de C sont remis aux associés de A et B).

La scission est l’opération par laquelle le patrimoine d’une société est partagée entre
plusieurs sociétés existantes ou nouvelles (A société scindée disparaît et apporte son patrimoine
à B, C, D. B, C et D, sociétés existantes ou nouvelles augmentent leur capital et distribuent les
titres nouveaux aux associés de A.

L’apport partiel d’actif est l’opération par laquelle une société fait apport d’une
branche autonome d’activité à une société préexistante ou à créer. La société apporteuse ne
disparaît pas du fait de cet apport. Les titres créés par les sociétés bénéficiaires des apports sont
remis à la société apporteuse et non à ses membres.

TITRE II- LES REGLES PROPRES A CHAQUE TYPE


DE SOCIETE

CHAPITRE I- SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE


(SARL)

A l’article 309 AUSCGIE, le législateur OHADA donne une définition de la SARL.


C’est donc une société dans laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à

23
concurrence de leurs apports. En contre partie de leurs apports, les associés de la SARL
reçoivent des parts sociales.
La SARL peut être composée d’une seule personne physique ou morale ou de deux ou
plusieurs personnes.

SECTION I- CONSTITUTION DE LA SARL

Pour sa constitution, la SARL doit respecter des conditions de fond et de forme.


Dans le premier cas, il faut préciser qu’au-delà des conditions générales applicables à toutes les
sociétés, il y a celles qui sont particulières à la SARL à savoir l’existence d’un capital minimum
d’un million (1.000.000) de francs CFA divisé en parts sociales égales dont la valeur nominale
ne peut être inférieure à 5000 f CFA.
Le législateur OHADA a prévu des sanctions par rapport au non respect du minimum exigé.
Mais encore faudrait-il faire la distinction entre une société en formation et une société
constituée.
Si la société en formation ne respecte pas le minimum du capital social exigé, elle ne
peut être valablement constituée. De même, si le capital social est réduit à un montant inférieur
au minimum fixé par l’Acte Uniforme, la société doit être dissoute à moins que l’A.G.O décide
d’augmenter le capital pour le porter à un niveau au moins égal au montant légal. Si cela n’est
pas fait, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société après avoir mis en
demeure les représentants de celle-ci à régulariser la situation. L’action est éteinte lorsque cette
cause de dissolution a cessé d’exister au jour où la juridiction compétente statue sur le fond.
Autre condition de fond, c’est l’évaluation des apports en nature. Le principe c’est que les
statuts doivent nécessairement contenir l’évaluation de chaque apport en nature et les avantages
particuliers stipulés. Il appartient aux associés de le faire. Mais cette évaluation est faite par un
commissaire aux apports dès lors que la valeur de l’apport ou de l’avantage considéré ou que
la valeur de l’ensemble de apports ou avantages considérés, est supérieur à cinq millions
(5.000.00) de francs CFA.
A l’unanimité, les futurs associés désignent le commissaire aux apports choisis sur la liste des
C.A.C. A défaut, c’est le président de la juridiction compétente qui va le faire sur demande des
fondateurs ou de l’un d’entre eux.
Le commissaire aux apports désigné va établir un rapport annexé aux statuts. Si le commissaire
aux apports n’évalue pas faute d’être désigné ou s’il l’est mais que les associés ne retiennent

24
pas cette évaluation, ces derniers ont indéfiniment et solidairement responsables de l’évaluation
faite des apports en nature et des avantages particuliers stipulés pendant une période cinq ans.
La dernière condition de fond prévue par le législateur OHADA c’est le dépôt des fonds
provenant de la libération des parts sociales soit dans un compte ouvert au nom de la société en
formation, soit en l’étude d’un notaire. Dans ce dernier cas, le notaire constate le dépôt des
fonds par une déclaration notariée de souscription et de versement. Jusqu’à l’immatriculation,
les fonds déposés sont indisponibles.
Par contre, à compter de ce jour, ils sont mis à la disposition du ou des gérants régulièrement
nommés par les statuts ou acte postérieur.
Si la société n’est pas immatriculée dans le délai de 6 mois à compter du premier dépôt des
fonds en banque ou chez le notaire, les apporteurs peuvent soit de façon individuelle, soit par
mandataire les représentant collectivement, demander au président de la juridiction compétente
l’autorisation de retirer le montant de leurs apports.
Au-delà des conditions de fonds, il y a celles de forme. C’est ainsi que l’associé ou les
associés doivent tous à peine de nullité intervenir à l’acte de constitutif de la société en personne
ou par mandataire justifiant d’un pouvoir spécial. Par acte constitutif on peut entendre la forme
des statuts, l’immatriculation au RCCM, la publication de l’avis de constitution dans un J.A.L
etc. En tout état de cause, les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de la société
est imputable sont solidairement responsables envers les autres associés et les tiers du dommage
résultant de l’annulation. L’action se prescrit par trois ans à compter du jour où la décision
d’annulation est passée en force de la chose jugée.

SECTION II- LE FONCTIONNEMENT DE LA SARL

Au chapitre du fonctionnement de la société, nous étudierons les opérations relatives


aux parts sociales (Cessions, Nantissement), les modalités de gestion de la SARL, de prises de
décisions et de contrôle de la SARL.
Les opérations relatives aux parts sociales sont la cession des parts sociales et leur nantissement.
• Concernant la cession des parts sociales, il faut distinguer selon que le cédant et le
cessionnaire sont vivants et la cession pour cause décès.
■ La forme de la cession entre vifs

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Il faut un écrit et pour qu’elle soit opposable à la société, il faut d’abord accomplir l’une
des formalités suivantes (Articles 317 AUSGIE). Pour l’opposabilité aux tiers, il faut modifier
les statuts et publier la cession au RCCM.
☻ Modalités de la cession
Dans cette situation, il faut distinguer selon que la cession se fait entre associés ou entre associés
et tiers.
Dans la première hypothèse, les modalités de la cession des parts sont organisées par les
statuts. Si ce n’est pas le cas, la cession est libre. Les statuts peuvent également prévoir les
modalités de cessions entre conjoints, ascendants et des cédants sinon, les parts sociales sont
cédées entre les intéressés.
Dans la seconde hypothèse, c’est aux statuts d’organiser les modalités sinon la cession
n’est possible la cession n’est possible qu’avec le consentement de la majorité des associés non
cédants représentant les 3/4 des parts sociales d’éducation faite des parts de l’associé cédant.
L’associé qui veut céder ses parts doit notifier le projet de cession à la société et à chacun des
autres associés. La société a trois mois à compter de la notification pour répondre sinon elle est
présumée avoir accepté. Si la société ne veut pas consentir à la cession, les associés sont
indéfiniment et solidairement responsables dans un délai de trois mois d’acquérir les parts à un
prix fixé entre les parties et si les parties ne s’entendent pas, une partie peut demander au
Président de la juridiction compétente de désigner un expert afin que celui-ci fixe le prix. Le
délai de 3 mois peut être prorogé une seule fois par le Président de la juridiction compétente.
Mais cette prolongation ne peut excéder 120 jours. La société peut, avec le consentement de
l’associé cédant, décider de réduire le montant dans un délai de 3 mois.
La transmission peut se faire également par ce qu’un associé est décédé. Cette cession
peut être prévue par les statuts. Ainsi, l’héritier ou le successeur ne peuvent devenir associés
qu’après avoir été agréer à des conditions définies par les statuts. Les délais accordés à la société
pour l’agrément des héritiers ou du successeur ne peuvent dépasser trois ou quatre mois et la
majorité pour l’agrément ne peut être supérieure aux 3/4 requis pour la cession des parts aux
tiers prévus à l’article 319 AUSCGIE.
Si la société agrée les héritiers ou le successeur, elle les informe par lettre au porteur contre
récépissé ou par lettre R A de réception.
Dans le cas contraire, les articles 318 et 319 s’appliquent et s’il n’y pas de solution prévue,
l’agrément est réputé acquis. Il en est de même si aucune notification n’a été faite aux intéressés.
• Les parts sociales peuvent être données en garantie : il s’agit du nantissement. Pour
opposable aux tiers, il peut être constaté par un acte notarié ou par un acte sous seing privé

26
signifié à la société et publiée au RCCM (Cette publicité du nantissement des parts sociales est
prévue à l’article 19 AUDGCG).

PARAGRAPHE I- LA GERANCE

Nous étudierons respectivement l’organisation de la gérance, les pouvoirs des gérants


et leur responsabilité.

A- Organisation de la gérance
1. Nomination
Un ou plusieurs gérants associés ou non peuvent diriger la société. On l’aura remarqué,
une personne morale ne peut être gérante.
Le ou les gérants sont nommés soit dans les statuts (gérants statutaires) ou dans un acte
postérieur. Dans le second cas, la décision est prise à une majorité des associés représentant
plus de la moitié du capital sauf si les statuts exigent une majorité supérieure.

2. Durée des fonctions


Si les statuts ne précisent pas la durée des fonctions de ou des gérants, ceux-ci sont
nommés pour 4 ans. Ils sont rééligibles. Ce qu’on ne sait pas c’est si le nombre de réélection
est limité ou pas.

3. Rémunération
Les fonctions de gérant sont soit gratuites soit rémunérées dans les conditions fixées
dans les statuts ou dans décision collective des associés.

4. Révocation
Qu’il soit statuaire ou non, le gérant est révocable par décision des associés représentant
plus de la moitié des parts sociales et toute classe contraire est réputée non écrite. Mais cette
révocation doit être décidée avec justes motifs sinon elle peut donner lieu à des dommages et
intérêts.
Le gérant peut être révoqué par le juge compétent pour les affaires commerciales dans le ressort
duquel est situé le siège social ; pour cause légitime à la demande de tout associé.

27
5. Démission
Le gérant peut démissionner librement. Seulement, toute démission doit se faire avec juste motif
sinon la société peut demander en justice réparation du préjudice qu’elle subit.

B- Pouvoirs des gérants

Dans cette partie, il faut faire la distinction entre dans les rapports entre les associés et
dans les rapports entre associés et tiers.
Dans le premier cas, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la
société si ses pouvoirs ne sont pas déterminés par les statuts. Autrement dit les statuts peuvent
prévoir des limites au pouvoir du gérant.
S’il y a plusieurs gérants, chacun détient le pouvoir d’agir dans l’intérêt de la société mais tout
dirigeant peut s’opposer à toute opération d’un autre gérant avant qu’elle ne soit conclue. Cette
opposition reste sans effet à l’égard des tiers de bonne foi.
Dans le second cas, le gérant peut agir en toute circonstance au nom de la société et
celle-ci est engagée même si le gérant accomplit des actes qui dépassent l’objet social à moins
que la société prouve que le tiers savait ou était en mesure de savoir qu’il y avait dépassement
de l’objet social. Le seul fait de publier les statuts n’est pas une preuve de la connaissance par
les tiers de ce dépassement.
Les clauses statuaires limitant les pouvoirs des gérants sont opposables aux tiers.

C- Responsabilité des gérants

La responsabilité civile ou pénale des gérants est soit individuelle soit solidaire. Il s’agit
d’une responsabilité à l’égard de la société et à l’égard des tiers. Les causes de cette
responsabilité relèvent soit de la violation de la loi (infraction prévue à l’article 891
AUSCGIE : le fait pour le dirigeant d’une SARL de faire, de mauvaise foi, des biens ou du
crédit de la société un usage contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles
ou morales) soit de la violation des statuts, soit des fautes commises dans leur gestion
(répartition de dividendes fictifs, publication ou présentation aux associés d’une fausse image
des opérations de l’exercice). Le juge compétent en matière commerciale doit déterminer la
part de contribution de chaque dirigeant s’ils ont été plusieurs à coopérer aux mêmes faits.

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Les associés représentant le 1/4 des associés et le 1/4 des parts sociales peuvent, au-delà
de l’action en réparation du préjudice subi personnellement, intenter l’action sociale soit
individuellement, soit en se regroupant. Si l’action sociale réussit, on doit allouer à la société
des dommages et intérêts. Toute clause statuaire ayant pour effet de subordonner l’exercice
de l’action sociale à l’avis préalable ou à l’autorisation de l’assemblée, ou qui comporterait
par avance renonciation à l’exercice de cette action est réputée non écrite. De même,
l’assemblée ne peut décider d’éteindre l’action en responsabilité contre les gérants pour faute
commise dans l’accomplissement de leur mandat.
En tout état de cause, l’action en responsabilité se prescrit par 3 ans à compter du fait
dommageable ou de sa révélation s’il a été dissimulé. Mais si le fait est qualifié de crime,
l’action se prescrit par dix ans.

PARAGRAPE II- DECISIONS COLLECTIVES DES ASSOCIES

Les décisions collectives des associés sont prises soit en assemblée soit par consultation
écrite si les statuts en décident ainsi sauf s’il s’agit d’une Assemblée Générale Annuelle(A.G.N)
Art. 337. Le droit de participer aux décisions appartient à chaque associé et le nombre de voix
équivaut au nombre de parts sociales. Dans l’hypothèse de la SUARL, c’est l’associé unique
qui prend seul les décisions de la compétence de l’assemblée.
Le droit de représenter un autre associé n’est possible que si les statuts le permettent et
si les associés ne sont pas au nombre de deux. Le mandat donné à un autre associé ou un tiers
ne vaut que pour une seule assemblée ou pour plusieurs assemblées successives, convoqués
avec le même ordre du jour. En outre, le mandat ne peut être divisé, c'est-à-dire qu’un associé
ne peut demander à son mandataire de voter pour une partie de ses parts et de voter en personne
pour l’autre partie. Toute disposition contraire aux développements consacrés à la
représentation est réputée non écrite.

Convocation des assemblées générales


Ceux qui convoquent les assemblées sont le gérant ou à défaut le commissaire aux
comptes s’il en existe un, un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts sociales ou
détenant le ¼ des parts sociales s’ils représentent au moins le ¼ des associés, un mandataire
judiciaire.
- Comment l’assemblée est –elle convoquée ?

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Elle est convoquée quinze jours avant la réunion par lettre au porteur contre récépissé
ou par lettre recommandée avant demande d’avis de réception. On remarque donc qu’aucune
assemblée ne peut être convoquée verbalement. De plus, la lettre de convocation doit indiquer
l’Ordre du Jour à peine de nullité.
Si les associés demandent la tenue d’une assemblée, le gérant le convoque la convoque
en indiquant l’Ordre du Jour souhaité par les associés.
Il faut préciser une chose importante : la communication aux associés avant la tenu de
l’AG annuelle (celle qui se tient dans les 6 mois de la clôture de l’exercice, de l’état financier
de synthèse et du rapport de gestion établis par le gérant, du texte des résolutions proposées et
le cas échéant, du rapport général du commissaire aux comptes ainsi que du rapport spécial du
commissaire aux comptes relatif aux conventions intervenues entre la société et un gérant ou
un associé).
A partir de la date de communication de ces documents, tout associé poser par écrit des
questions au gérant qui est tenu d’y répondre au cours de l’assemblée. S’il s’agit d’une
assemblée autre que l’A.G.N, les documents qui doivent être communiqués sont le texte des
résolutions proposées, le rapport du gérant et le cas échéant, le rapport du commissaire aux
comptes.
Toute résolution prise en violation de ces documents à communiquer peut être annulée.
De même si une assemblée, quelle qu’elle soit est irrégulièrement convoquée, elle peut être
annulée à moins que tous les associés soient présents ou représentés.
Les décisions peuvent être également prises par consultation
écrites.
Dans cette hypothèse, le texte des résolutions ainsi que les documents nécessaires à
l’information des associés sont adressés à chaque associé par lettre au porteur contre récépissé
ou par lettre recommandée avec demande d’avis de réception. Les associés ont quinze jours au
partir de la date de réception des projets de résolutions pour voter.
Il appartient au gérant ou à l’un d’eux de présider l’assemblée des associés. S’il n’y a
aucun gérant associé, l’assemblée est présidée par l’associé présent et acceptant qui possède le
plus grand nombre de parts sociales et cas d’égalité, par le plus âgé.
Les délibérations des assemblées sont constatées par des procès-verbaux contenant : la
date et le lieu de la réunion, les noms et prénoms des associés présents, les documents et rapports
soumis à discussion, un résumé des débats, le texte des résolutions mises aux voix et le résultat
des votes. Le procès-verbal doit être signé par chacun des associés présents. Dans l’hypothèse
d’une consultation écrite, il est fait mention dans le procès-verbal, auquel est annexée la réponse

30
de chaque associé, signé par le ou les gérants. En tout état de cause, les copies ou extraits des
procès verbaux des délibérations des associés sont valablement certifiés conformes par un seul
gérant.
On ne saurait faire abstraction des droits des associés qui en plus du droit de
communication préalable à la tenue de l’A.G.A, ont un droit de communication permanent sur
les affaires sociales (de la société). C’est ainsi qu’à toute époque, l’associé peut obtenir copie
de l’état financier de synthèse de l’exercice, du rapport de gestion, du rapport du commissaire
aux comptes etc. (Voir Art. 345 AUSCGIE) des trois derniers exercices. De même, tout associé
non gérant peut, deux fois par exercice, poser des questions, par écrit, au gérant sur tout fait de
nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Il s’agit d’un droit d’alerte. Le gérant
communique sa réponse au commissaire aux comptes (s’il en existe un bien sûr car la
désignation d’un C.A.C n’est obligatoire qu’à certaines conditions prévues à l’article 376
AUSCGIE). Au-delà du droit de communication, l’associé d’une SARL a droit au dividende. Il
appartient aux associés de répartir les bénéfices dans les statuts, sans pour autant transgresser
les règles impératives communes à toutes les sociétés. Sur le bénéfice net (bénéfice de
l’exercice – pertes antérieures) il est prélevé une part appelée réserve légale. Cette dotation
cesse d’être obligatoire lorsque la réserve atteint le 1/5 du capital social. Si des dividendes qui
ne correspondent pas au bénéfice réellement acquis ont été distribués, on peut demander (l’AU
ne précise pas celui qui doit agir en répétition) dans un délai de trois ans à compter de la date
de mise en distribution du dividende, aux associés de les rendre.
Dans ce présent paragraphe, lorsque l’on parle de décisions collectives, on fait allusion
aux décisions collectives ordinaires et aux décisions collectives extraordinaires.
- On parle de décisions collectives ordinaires, lorsque celles-ci ont pour but :
- de statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé,
- d’autoriser la gérance à effectuer les opérations subordonnées dans les
statuts à l’accord préalable des associés,
- de procéder à la nomination et au remplacement des gérants et, le cas
échéant, du commissaire aux comptes,
- d’approuver les conventions intervenues entre la société et l’un des ses
gérants ou associés,
- et, plus généralement, de statuer sur les questions qui n’entrainent pas la
modification des statuts.

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Lorsqu’il s’agit d’une SUARL, les décisions devant être prises en A.G.O ou
extraordinaire le sont par l’associé unique. Elles revêtent la forme de procès-verbaux qui sont
versés aux archives de la société. Toute décision qui est soumise à la publicité doit être faite.
- Comment vote-on dans les assemblées ordinaires ou lors des
consultations ordinaires écrites ?
Dans les SARL, il faut préciser que les décisions sont adoptées par un ou plusieurs
associés représentant plus de la moitié du capital. Dans l’occurrence où cette majorité n’est pas
obtenue, les associés sont convoqués ou consultés une seconde fois et là les décisions sont prises
à la majorité des votes émis quelle que soit la proportion du capital représenté. Il faut tout de
même préciser que la révocation des gérants ne peut intervenir qu’à la majorité absolue.
La société peut conclure des conventions avec l’un de ses gérants ou associés. Il y a deux
conventions explicites : il s’agit des conventions réglementées et des conventions interdites ;
une convention implicite.
Les conventions réglementées sont celles autorisées par l’A.G.O. C’est à cette
occasion que les associés décident d’approuver ou non les conventions entre le dirigeant et les
associés. Pour ce faire, le gérant ou le commissaire aux comptes s’il en existe un, présente à
l’AGO annuelle ou joint aux documents communiqués aux associés, un rapport sur les
conventions intervenues directement ou par personne interposée entre la société et l’un de ses
gérants ou associés.
Il en est de même pour les conventions intervenues avec une entreprise individuelle dont le
propriétaire est simultanément gérant ou associé de la Société A Responsabilité Limitée ; pour
les conventions intervenues avec une société dont un associé indéfiniment responsable, gérant,
administrateur, directeur général ou secrétaire général est simultanément gérant ou associé de
la société. S’il existe un commissaire aux comptes dans la SARL, le gérant l’avise des
conventions susmentionnées dans le délai d’un mois à compter de la conclusion desdites
conventions. Lorsque l’exécution de conventions conclues au cours d’exercices antérieurs est
poursuivie au cours du dernier exercice, le C.A.C est informé de cette situation dans le délai
d’un mois à compter de la clôture de l’exercice.
En tout état de cause, il faut relever que le rapport du gérant ou du commissaire aux comptes
contient un certain nombre d’éléments prévus à l’article 353 de l’AUSCGIE. En outre, l’A.G.O
se prononce sur les conventions dans les six mois de la clôture de l’exercice mais également
dans le respect des règles de majorité à savoir majorité absolue (plus de la moitié du capital)
lors de la première convocation et de la majorité simple lors de la deuxième convocation.

32
L’associé (le gérant aussi) concerné ne prend pas part au vote et ses voix ne pas prises en
compte pour le calcul de la majorité.
Si les conventions susvisées n’ont pas été autorisées, elles produisent des effets, à charge
pour le gérant ou l’associé contractant de supporter individuellement ou solidairement des
conséquences du contrat préjudiciable à la société. Dans ce cas donc, on peut engager la
responsabilité du gérant ou de l’associé que s’il est avéré que les effets du contrat portent
préjudice à la société. L’action en responsabilité doit être intentée dans un délai de trois ans à
compter de la conclusion de la convention ou, si elle a été dissimulée, de sa révélation.
S’il s’agit d’une SUARL, et que la convention non autorisée est conclue avec l’associé
unique, il en est seulement fait mention dans les registres des délibérations.
Au-delà des conventions réglementées nous avons les conventions interdites. En fait,
l’interdiction se justifie par ce que ces conventions présentent un risque majeur pour le
patrimoine social. Ainsi donc, il est interdit aux personnes physiques gérantes ou associées, de
contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de se faire
consentir par elle un découvert en compte-courant ou autrement, ainsi que de faire cautionner
ou avaliser par elle leurs engagements envers les tiers. Cette interdiction frappe également les
conjoints, ascendants et descendants de ces personnes physiques gérantes ou associées. Toute
convention de ce genre sera frappée par la nullité.
Les conventions implicites, sont celles qui sont libres, c'est-à-dire qui ne nécessitent
pas l’autorisation de l’A.G.O. Il s’agit des conventions portant sur des opérations courantes
conclues à des conditions normales. Le législateur OHADA a précisé ce qu’il fallait entendre
par opérations courantes et conditions normales. Constitue une opération courante celle qui est
effectuée par une société d’une manière habituelle dans le cadre de ces activités. En revanche,
constitue une condition normale, celle qui est appliquée, pour des conventions semblables dans
la société en cause ou, éventuellement dans les sociétés du même secteur.
- Les associés d’une SARL prennent des décisions collectives extraordinaires. Celles-ci
ont pour objet de statuer sur la modification des statuts.
Dans le cadre des décisions collectives extraordinaire, le principe est que les modifications
des statuts sont décidées par les associés représentant au moins les trois quarts (3/4) du capital
social. Toute clause contraire est réputée non écrite. Cela signifie qu’aucune clause ne saurait
prévoir une majorité moindre ou élevée. Toutefois, l’unanimité est requise en cas
d’augmentation des engagements des associés, de transformation de SARL en SNC, de transfert
du siège social dans un Etat autre qu’un Etat partie.

33
De même, les décisions d’augmentation du capital par incorporation de bénéfices ou de réserves
sont prises par les associés représentant au moins la moitié des parts sociales. En effet, le capital
social peut être augmenté à l’occasion de nouveaux apports faits à la société ou par
l’incorporation de réserves, de bénéfices ou primes d’émission.
L’augmentation de capital peut se faire par apport en numéraire. Dans ce cas, les fonds
provenant de la souscription sont déposés en banque ou en l’étude du notaire comme quand la
société est constituée. Si le gérant veut disposer des fonds provenant de la souscription, il doit
remettre au banquier ou au notaire dépositaire des fonds provenant de la souscription, un
certificat du RCCM attestant du dépôt d’une inscription modificative consécutive à
l’augmentation de capital.
L’augmentation du capital doit être réalisée dans le délai de 6 mois à compter du compter du
premier dépôt des fonds provenant de la souscription. A défaut, tout souscripteur peut demander
au Président de la juridiction compétente l’autorisation de retirer soit individuellement, soit par
mandataire les représentant collectivement, les fonds pour les restituer aux souscripteurs.
L’augmentation de capital peut également se faire partiellement ou totalement par des apports
en nature. Dans ce cas, si la valeur de chaque apport ou avantage particulier considéré ou la
valeur de l’ensemble des apports ou avantages particuliers considérés est supérieure à cinq
millions (5.000.000) de francs CFA, un commissaire aux apports doit être désigné. Le
commissaire aux apports établi un rapport sur l’évaluation des biens et avantages particuliers
telle qu’elle a été faite par l’apporteur et la société. Ce rapport est soumis à l’assemblée chargée
de statuer sur l’augmentation de capital.
Cette désignation du commissaire aux apports obéit aux règles prévues par l’article 312
AUSCGIE. De même, c’est les mêmes règles qui s’appliquent si les associés ne retiennent pas
l’évaluation faite par lui.
L’A.G.E peut à l’unanimité des souscripteurs et avec le consentement exprès de l’apporteur ou
du bénéficiaire mentionné au procès-verbal réduire la valeur des apports ou des avantages
particuliers. A défaut de ces conditions, l’augmentation du capital n’est pas réalisée.
La modification du capital peut se faire par réduction de celle-ci. La réduction du capital
peut être réalisée par réduction du nominal des parts sociales, ou par diminution du nombre de
parts. De même la réduction du capital peut être motivée par des pertes ou ne pas l’être. Dans
le premier temps, et s’il y a un C.A.C, il lui est communiqué (par qui ?), dans un délai de 30
jours, le projet de réduction de capital, avant la tenue de l’A.G.E.
Il fait connaître à l’assemblée son appréciation sur les causes et les conditions de la réduction.

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En cas de consultation écrite, le projet de réduction du capital est adressé aux associés dans les
conditions prévues à l’article 340 AUSCGIE. En aucun cas, la société ne peut acheter ses
propres parts. En outre, la réduction de capital ne peut en aucun cas porter atteinte à l’égalité
des associés c'est-à-dire qu’il appartiendra à tous les associé de souffrir de la réduction du
nominal ou de la diminution du nombre de parts. De même, la réduction de capital ne peut
avoir pour effet de réduire le capital à un montant inférieur au minimum légal, sauf
augmentation corrélative du capital lors de la même assemblée (A.G.E) pour le porter à un
niveau au moins égal au montant légal. Si cette règle n’est pas respectée c'est-à-dire la réduction
du capital en dessous du minimum légal, tout intéressé peut demander en justice la dissolution
de la société après mis en demeure les représentants de celle-ci de régulariser la situation.
L’action en dissolution s’éteint lorsque cette cause de dissolution a cessé d’exister au jour où la
juridiction compétente statue sur le fond.
Dans le second cas, les créanciers dont la créance est antérieure à la date du dépôt au RCCM
du procès-verbal de délibération, peuvent former opposition à la réduction du capital, dans un
délai d’un mois à compter de la date du dépôt. La société est informée de cette opposition par
voie extrajudiciaire. Dans cette occurrence, le Président de la juridiction compétente peut rejeter
l’opposition ou ordonner soit le remboursement des créances, soit la constitution de garanties
si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes. Tant que le délai d’opposition n’a pas
expiré, il ne peut y avoir opération de réduction du capital.
Mais quid des créanciers dont la créance est postérieure à la date du dépôt au RCCM du procès-
verbal de délibération ? Aucune précision n’est apportée par l’AU.
Ce qui est tout de même sûr c’est la situation dans laquelle les capitaux propres de la société
deviennent inférieurs à la moitié du capital social à cause des pertes constatées dans les états
financiers de synthèse.
Dans ce cas, le gérant ou le commissaire aux comptes doit consulter les associés sur
l’opportunité de prononcer la dissolution anticipée de la société.
Si la dissolution n’est pas admise, la société est tenue de restituer ses capitaux propres jusqu’à
ce que ceux-ci soient à la hauteur de la moitié au moins du capital social. Cette reconstruction
doit intervenir dans un délai de deux ans suivant la date de clôture de l’exercice déficitaire.
Si la société ne peut reconstituer ses capitaux propres, elle doit réduire son capital d’un montant
au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves, à la condition que
cette réduction de capital n’aie pas pour effet de réduire le capital à un montant inférieur à celui
du capital légal.

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Si les gérants ou le C.A.C n’ont pu provoquer une décision, ou si les associés n’ont pu délibérer
valablement, tout intéressé peut demander au juge compétent de prononcer la dissolution de la
société. Il en est de même si la reconstitution des capitaux propres n’est pas intervenue dans les
délais prescrits.
L’action en dissolution est éteinte lorsque cette cause de dissolution a cessé d’exister au jour
où la juridiction compétente statue sur le fond.
La SARL peut être transformée en société d’une autre forme.
Mais cette transformation n’entraine pas création d’une personne morale nouvelle. De plus, elle
obéit à des conditions :
- au moment de la transformation envisagée, les capitaux propres de la SARL doivent
être égaux au capital social
- si les associés ont approuvés les bilans des deux premiers exercices
- si le rapport du C.AC certifie que les deux conditions énoncées ci-dessus sont remplies.
Le gérant choisit un C.A.C lorsqu’il n’existe pas. Toute transformation qui ne respecterait pas
ces dispositions est nulle.

SECTION III- MOYENS DE CONTRÔLE ET DISSOLUTION DE LA


SARL

Certaines SARL sont contrôlées par un C.A.C. Il s’agit des SARL dont le capital social
est supérieur à 10.000.000 de francs CFA ou qui ont un chiffre d’affaire annuel supérieur à
250.000.000 de francs CFA, un effectif permanent supérieur à 50 personnes. Cela signifie que
dans les Sociétés A Responsabilité Limitée ne remplissant pas ces conditions alternatives, la
désignation d’un C.A.C n’est que facultative. A moins qu’un ou plusieurs associés détenant, au
moins le 1/10 de capital social demande cette désignation.
L’Acte Uniforme a posé des incompatibilités. Ainsi ne peuvent être C.A.C d’une SARL, les
gérants et leurs conjoints, les apporteurs en nature et les bénéficiaires d’avantages particuliers,
les personnes recevant de la société ou de ses gérants des rémunérations périodiques ainsi que
leurs conjoints. Le C.A.C est nommé pour trois ans par un ou plusieurs associés représentant
plus de la moitié du capital social. A défaut de cette majorité, il est nommé à la majorité simple.
Les délibérations prises, lorsque le C.A.C est irrégulièrement désigné ou sur le rapport d’un
C.A.C nommé sans majorité absolue ou simple, sont nulles. Mais la nullité s’éteint si les

36
délibérations sont expressément confirmées par une assemblée sur le rapport d’un C.A.C
régulièrement désigné.
La SARL est dissoute par les causes communes applicables à toutes les sociétés mais
également pour les causes particulières notamment si la rédaction capitale réduit est inférieure
à celui légal. Il n’y pas de dissolution de la SARL en cas d’interdiction, faillite ou incapacité
d’un associé. La SARL n’est pas encore dissoute par le décès d’un associé à moins que les
statuts en décident autrement.

CHAPITRE II- LA SOCIETE ANONYME (SA)

L’Acte Uniforme a réglementé la Société Anonyme au livre IV qui est composé de trois
titres. Le Premier s’intitule « Dispositions Générales » avec neuf sous-titres (constitution-
administration et direction-Assemblées Générales- modification du capital social-variation des
capitaux propres-fusion, scission et transformation, contrôle-dissolution responsabilité civile).
Le second titre est consacré aux valeurs mobilières tandis que le Troisième régit les dispositions
des SA faisant appel à l’épargne.

SECTION I- CONSTITUTION DE LA SA

L’AUSSCGIE définit la Société Anonyme comme étant une société dans laquelle les
actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont
les droits des actionnaires sont représentés par des actions.
Nous avons à peu près la définition que celle prévue à l’article 309 pour la SARL à la seule
différence qu’ici les droits des actionnaires sont représentés par des actions et non par des parts
sociales.
De plus, dans la SA, on parle d’actionnaires et non d’associés. En tout état de cause et à l’instar
de la SARL, la SA peut comprendre qu’un seul actionnaire.
Le nom ou dénomination de la SA doit être précédée ou suivie en caractères lisibles des
mots « Société Anonyme »du sigle « SA » et du mode d’administration c'est-à-dire soit une
SA avec Conseil d’Administration soit une SA avec Administrateur Général.
Pour être valablement constituée, la SA doit avoir un capital social minimum de dix
millions (10.000.000) de francs CFA et le montant nominal des actions ne peut être inférieur à
10.000 francs CFA.

37
Aux termes de l’art. 388 AUSCGIE, le capital de la SA doit être entièrement souscrit avant la
date de la signature des statuts ou de la tenue de l’AG constitutive. Pour ce qui concerne la
libération des apports en numéraire, le quart (1/4) au moins de la valeur nominale doit être
libéré lors de la souscription. Le surplus des apports doit l’être dans un délai maximum de trois
ans à compter de l’immatriculation de la société au RCCM selon les modalités fixées par les
statuts ou par une décision du Conseil d’Administration ou de l’Administrateur Général.
Les actions représentant des apports en numéraires non intégralement libérés doivent
rester sous la forme nominative. Et tant que le capital n’est pas entièrement libéré, la société
ne peut ni modifier, par augmentation, son capital, à moins que cette augmentation de capital
ne fasse par des apports en nature, ni mettre des obligations ( aux termes de l’article 779
AUSCGIE, les obligations sont des titres négociables qui dans une même émission, confèrent
les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale).
En somme, on peut dire que les apports en numéraires doivent être intégralement libérés dans
un délai maximum de trois ans.
La constitution des SA peut se faire sans apports en nature et sans stipulation d’avantages
particuliers.
❖ Dans la première hypothèse, la souscription des apports en numéraire doit
être matérialisée par un bulletin de souscription établi par les fondateurs ou l’un d’entre eux et
daté et signé par le souscripteur ou par son mandataire, qui écrit en toutes lettres le nombre de
titres souscrits.
Le bulletin de souscription est établi en deux exemplaires : un sera remis à la société en
formation et l’autre au notaire qui doit dresser la déclaration de souscription et de versement.
A l’article 392 AUSCGIE, le législateur OHADA a prévu le contenu de bulletin de souscription.
Les fonds provenant de la souscription des actions de numéraires son déposés par les fondateurs
qui les ont reçus, pour le compte de la société en formation, soit chez un notaire, soit dans un
compte en banque spécialement ouvert au non de cette société. Le fondateur ayant reçu les
fonds doit les déposer dans un délai de huit (08) jours à compter de leur réception.
Au moment du dépôt, le fondateur remet à la banque une liste mentionnant l’identité des
souscripteurs et indiquant, pour chacun d’eux, le montant des sommes versées.
En retour, la banque remet au fondateur déposant un certificat de dépôt attestant le dépôt
des fonds. Elle est tenue, jusqu’au retrait des fonds, de communiquer la liste de l’identité des
souscripteurs et du montant des sommes versées, à tout souscripteur qui, justifiant de sa
souscription, en fera la demande.

38
Quant au notaire, il va dresser une déclaration notariée de souscription et de versement,
sur présentation des bulletins de souscription et, le cas échéant d’un certificat de dépôt des
fonds. Dans la déclaration notariée de souscription et de versement, le notaire affirme que le
montant des souscriptions déclarée est conforme au montant figurant sur les bulletins de
souscription et que celui (montant) du versement est conforme au montant des sommes
déposées en son étude ou le cas échéant figurant au certificat de dépôt. Ce certificat est annexé
à la déclaration notariée de souscription et de versement.
La déclaration notariée de souscription et de versement est mise par le notaire à la disposition
des souscripteurs qui peuvent en prendre connaissance et copie en son étude.
Les statuts de la SA sont établis soit par acte notarié, soit par tout acte offrant des
garanties d’authenticité déposé avec reconnaissance d’écritures et de signatures par toutes les
parties au rang des minutes d’un notaire conformément à l’art. 10 AUSCGIE.
Les statuts sont signés par tous les souscripteurs, personnellement ou par personne interposée,
après la déclaration de souscription et de versement.
Le contenu des statuts de la SA doit être le même que celui visé à l’art. 13 AUSCGIE (12
mentions obligatoires) sauf la sixième mention à savoir l’identité des apporteurs en numéraire
avec, pour chacun d’eux, le montant des apports, le nombre et la valeur des titres sociaux remis
en contre partie de chaque apport. En plus du contenu visé à l’art. 13, les statuts de la SA doivent
indiquer le mode d’administration et de direction retenu ; les nom, prénoms, adresses,
profession et nationalité des personnes physiques membres du premier conseil
d’administration ; les nom, prénom de l’administrateur général ainsi que ceux du premier
commissaire aux comptes et de son suppléant. (Voir Art. 397 AUSCGIE)
Il est prévu la possibilité de retrait des fonds provenant des souscriptions en numéraire.
Ainsi, celle-ci ne peut avoir lieu qu’après l’immatriculation de société au RCCM. Et sur
présentation au dépositaire (notaire ou banquier) du certificat du greffier attestant
l’immatriculation de la société au RCCM, le PDG, le DG ou l’administrateur général peut retirer
les fonds. Mais si, six mois après le versement des fonds, la société n’est pas immatriculée, tout
souscripteur peut demander en référé au président de la juridiction compétente de désigner un
administrateur chargé de retirer les fonds pour les restituer aux souscripteurs.
❖ Dans la seconde hypothèse à savoir la constitution de la SA avec apport en
nature et /ou stipulation d’avantages particuliers, il appartiendra au commissaire aux apports
d’évaluer les avantages particuliers et les apports.

39
Le commissaire aux apports est désigné à l’unanimité par les futurs associés ou à défaut par le
président de la juridiction compétente, à la demande des fondateurs de la société ou de l’un
d’entre eux.
A la différence de la SARL où le commissaire aux apports n’évalue que si la somme des apports
en nature ou avantages stipulés n’est supérieure qu’à 5000.000, dans les SA, les apports en
nature et / ou avantages stipulés sont obligatoirement évalués. Le commissaire aux apports
établit un rapport qui décrit chaque apport et / ou avantage particulier, indique leur valeur,
précise le mode d’évaluation retenu et les raisons de ce choix, affirme que la valeur des apports
et /ou avantages particuliers correspond au moins à la valeur du nominal des actions à émettre.
Le tout sur sa responsabilité civile ou pénale.
Le commissaire peut se faire assister par un ou plusieurs experts qu’il choisit. C’est à la
société de payer les honoraires de ces experts à moins que les statuts en décident autrement.
Après sa mission, le commissaire aux apports dépose son rapport trois jours au moins
avant la date de l’AG constitutive, à l’adresse prévue du siège social. Le rapport est mis à la
disposition des souscripteurs qui peuvent en prendre connaissance ou en obtenir une copie
intégrale ou partielle à leur frais. NB : dans la seconde hypothèse, l’AGC est obligatoire.
Convocation de l’Assemblée générale constitutive
❖ Ce sont les fondateurs qui convoquent l’AGC après l’établissement de la
déclaration notariée de souscription et de versement des fonds. La convocation de l’AGC doit
respecter un certain formalisme, c'est-à-dire être par lettre au porteur contre récépissé ou par
lettre recommandée avec accusé de réception portant mention de l’ordre du jour, du lieu, de la
date et de l’heure de l’Assemblée. La convocation est adressée à chaque souscripteur quinze
jours au moins avant la date de l’assemblée.
Le non respect des règles de convocation aboutit à la nullité de l’AGC. Pour valablement
délibérer sur première convocation, les souscripteurs présents ou représentés doivent posséder
au moins la moitié des actions. Si ce quorum n’est pas atteint, une deuxième convocation sera
adressée aux souscripteurs six jours au moins avant la date fixée pour l’Assemblée.
Sur deuxième convocation, l’assemblée ne délibère valablement que si les souscripteurs
présents ou représentés possèdent au moins le ¼ des actions. Si ce quorum n’est pas atteint, il
y aura une troisième assemblée dans le délai de deux mois à compter de la seconde convocation
et les souscripteurs sont convoqués six jours au moins avant la date de l’assemblée. Pour
valablement délibérer sur troisième convocation, il faut avoir le ¼ des actions.

40
Pour adopter les résolutions de l’AGC, la majorité requise c’est 2/3 des souscripteurs présents
ou représentés sauf s’il s’agit de réduction de la valeur des apports en nature ou des avantages
particuliers et de modification des statuts qui requière l’unanimité des souscripteurs.

Présidence de l’Assemblée générale constitutive

L’assemblée générale constitutive est présidée par l’actionnaire ayant le plus grand
nombre d’actions ou, à défaut, par le doyen d’âge.
Chaque apport en nature et chaque avantage particulier doivent faire l’objet d’un vote spécial
de l’assemblée. C’est celle-ci qui approuve ou qui désapprouve le rapport du commissaire aux
apports sur l’évaluation des apports en nature et l’octroi d’avantages particuliers. Les actions
de l’apport en nature ou du bénéficiaire d’avantages particuliers même ayant la qualité de
souscripteur en numéraire ne sont pas pris en compte pour le calcul du quorum et de la majorité.

Compétence de l’Assemblée générale constitutive


Comme nous le disions, l’AGC ne peut réduire la valeur des apports en nature ou des avantages
particuliers qu’à l’unanimité des souscripteurs, avec le consentement exprès de l’apporteur ou
du bénéficiaire. Ce consentement doit figurer dans le procès verbal lorsque la valeur attribuée
aux biens apportés ou aux avantages particuliers stipulés est différente de celle retenue par le
commissaire aux apports.
Tout actionnaire, administrateur ou administrateur général qui aurait attribué une valeur aux
apports en nature ou avantages stipulés est solidairement responsable à l’égard des tiers pendant
cinq (5) ans.
Les autres compétences de l’AGC c’est de constater que le capital est entièrement souscrit avant
la date de signature des statuts ou de la tenue de l’AGC et les actions sont libérées d’un 1/4 au
moins de leur valeur nominale lors de la souscription du capital ; c’est elle qui adopte les statuts,
les modifie à l’unanimité des souscripteurs, nomme les premiers administrateurs ou
l’administrateur général, le commissaire aux comptes, statue sur les actes accomplis pour le
compte de la société en formation, donne mandat aux membres (un ou plusieurs) du conseil
d’administration ou à l’administrateur général de prendre les engagements pour le compte de la
société avant son immatriculation au RCCM.
Le procès verbal de l’AGC doit refléter un certain formalisme (date, lieu de la réunion, nature
de l’assemblée, mode de convocation, ordre du jour, quorum, résolutions soumises aux votes

41
etc.). Il est signé soit par le président de séance soit par un autre associé, ou par l’associé unique.
Il est archivé au siége social avec la feuille de présence et ses annexes. Le cas échéant, le procès
verbal, indique l’acceptation de leurs fonctions par les premiers membres du conseil
d’administration ou par l’administrateur général ainsi que le commissaire aux comptes.
L’article 413 précise que si la nullité de l’AGC est imputable aux fondateurs, à l’administrateur
et à l’administrateur général, ils peuvent être déclarés solidairement responsables du dommage
résultant pour les tiers de l’annulation de la société.

SECTION II : L’ORGANISATION DE LA SOCIETE ANONYME (SA)

Dans le cadre de l’organisation de la Société Anonyme nous allons étudier les organes de
gestion, de délibération et de contrôle.

PARAGRAPHE I : LES ORGANES DE GESTION

L’article 414 AUSCGIE prévoit deux modes d’administration de la SA : il s’agit de la SA avec


le conseil d’administration et de la SA avec administrateur général.
Il appartient aux actionnaires de préciser dans les statuts le mode d’administration pour lequel
ils ont opté qui peut charger au cours de la vie sociale ; ce qui signifie une modification des
statuts publiée au RCCM. La décision de modification est prise par l’AGE.
Dans une première sous partie nous étudierons la S.A avec conseil d’administration avant de
voir dans la seconde sous partie, la S.A avec administrateur général.

A : LA SOCIETE ANONYME AVEC CONSEIL D’ADMINISTRATION

L’AUSCGIE a essayé de faire la distinction entre l’administration et la direction de la société


commerciale.

I : L’ADMINISTRATION DE LA SOCIETE ANONYME

L’administration de la S.A est assurée par le conseil d’administration et son président.

a- LE CONSEIL D’ADMINISTRATION

42
Successivement nous verrons la composition du conseil d’administration, ses attributions et son
fonctionnement.

a 1- LA COMPOSITION DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Qui est membre du Conseil d’administration ?

Le conseil d’administration est composé au moins de trois membres et de douze membres au


plus. Le principe c’est que ce sont les actionnaires seulement qui sont membres du conseil
d’administration mais il peut y avoir des membres non actionnaires à condition de ne pas
dépasser le 1/3 des membres du conseil.
En cas de fusion de la SA avec une ou plusieurs sociétés, le nombre d’administrateurs peut être
provisoirement dépassé sans pouvoir être supérieur à vingt quatre.
Tant que le nombre d’administrateurs en fonction n’a pas été ramené à 12, remplacés, ni de
nouveaux administrateurs nommés. Cette règle reçoit exception en cas de fusion.

Nomination des administrateurs


Comment les administrateurs sont ils nommés ? L’AUSCGIE prévoit deux modes de
nomination : au début de la vie sociale et en cours de la vie sociale. Ainsi, les premiers
administrateurs sont désignés par les statuts ou l’AGC. En cour de la vie sociale, les
administrateurs sont désignés par l’assemblée générale ordinaire. En cas de fusion, c’est l’AGE
qui peut désigner de nouveaux administrateurs.
Toute nomination qui violerait les règles posées est nulle.

Durée des fonctions des administrateurs


Selon que les administrateurs sont nommés au début de la vie sociale ou en cours de la vie
sociale, la durée de leur mandat varie. Ainsi dans le premier cas, même s’il est vrai que la durée
est librement fixer par le statut elle ne peut dépasser deux ans. Dans le second cas, la durée du
mandat librement fixée par les statuts ne peut excéder six ans.
L’AUSCGIE a prévu l’hypothèse où une personne morale peut être nommée membre du conseil
d’administration. Dans ce cas, elle tenue de désigner un représentant permanent. Le nom de ce
représentant permanent est dévoilé à la société par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception.

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Le représentant permanent en question n’est pas administrateur de la société anonyme certes,
mais il a le même statut (droits, obligations, responsabilité civile ou pénale) que l’administrateur
de la société sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne morale qu’il représente.

Qui peut être représentant permanent ?


Le représentant permanent peut ou non être actionnaire de la société. La durée de ses fonctions
est identique à la durée de son mandat d’administrateur de la personne morale. Si celle-ci
renouvelle son mandat, elle doit préciser si oui ou non elle maintient la même personne
physique comme représentant permanent et dans le cas contraire, procéder, sur le champ à la
désignation d’un autre représentant permanant.
Si la personne morale révoque le mandat de son représentant elle doit notifier sans délais, à la
société, dans la même forme que la désignation, cette révocation ainsi l’identité de son nouveau
représentant permanant. C’est le cas lorsque le représentant permanant est décédé, démissionne
ou serait dans l’impossibilité d’exercer son mandat.

Répartition des sièges du Conseil d’administration

Le législateur OHADA a donné la possibilité aux actionnaires de répartir les siéges du conseil
d’administration en fonction des catégories d’actions. Seulement cette répartition ne saurait
priver les actionnaires de leur éligibilité au conseil, ni priver une certaine catégorie d’action de
sa représentation au conseil. Ce sont les administrateurs qui fixent librement dans les statuts
les modalités d’élection des administrateurs. Ceux ci sont rééligibles à moins que les statuts en
décident autrement.

Limitation des mandats d’administrateur

L’AUSCGIE limite le nombre de mandats détenus par une personne physique


administrateur en nom propre ou représentant permanent d’une personne morale
administrateur. Ainsi, elle ne peut appartenir simultanément à plus de cinq conseils
d’administration des sociétés anonymes ayant leur siége sur le territoire d’un même Etat partie.
Si au moment où la personne physique accède à un nouveau mandat elle se trouve en
infraction avec la règle évoquée ci-dessus, elle doit, dans les trois mois de sa nomination, se
démettre de l’un de ses mandats sinon, passé ce délai, elle est réputée s’être démise de son

44
nouveau mandat et doit restituer les rémunérations perçues, sous quelque forme que se soit
remise en cause la validité des délibérations auxquelles elle a pris part.

Le salarié nommé administrateur


A moins que les statuts en disposent autrement, un salarié de la société peut être nommé
administrateur à condition que son contrat de travail corresponde à un emploi effectif. De même
et à la même condition, un administrateur peut conclure un contrat de travail avec la société.
Dans ce dernier cas, il faut l’autorisation préalable du conseil d’administration. Mais ce que le
législateur OHADA ne dit pas c’est qu’il faut entendre par « emploi effectif ». En tout état de
cause, la désignation des administrateurs doit être publiée au RCCM. Il en est de même de la
désignation du représentant personnel.

Sort des délibérations du Conseil d’administration irrégulièrement constitué

Les délibérations prises par un conseil d’administration irrégulièrement constitué sont nulles.

Vacance de siège

Le législateur OHADA s’est en outre prononcé sur la vacance de siège d’administrateur. 1e


hypothèse. Ainsi, si le siège ou plusieurs sièges d’administrateur sont vacants suite au décès ou
par démission, le conseil d’administration peut coopter, entre deux assemblées, de nouveaux
administrateurs. De même, le nombre d’administrateur peut devenir inférieur au minimum
statutaire ou légal 2e hypothèse.
Dans le premier cas ou lorsque le nombre des administrateurs actionnaires de la société est
inférieur aux 2/3 des membres du conseil d’administration, celui-ci doit nommer de nouveaux
administrateurs en vue de compléter son effectif dans un délai de trois mois à compter du jour
ou se produit la vacance. Les délibérations du conseil prises durant ce délai demeurent valables.
Dans le second cas, les administrateurs restants doivent convoquer immédiatement l’A.G.O
pour compléter l’effectif du conseil d’administration.
Si le conseil néglige de nommer de nouveaux membres, ou de convoquer l’A.G à cet effet, toute
personne intéressée peut demander au président de la juridiction compétente, par requête de
désigner un mandataire chargé de convoquer l’A.G.O, à l’effet de procéder aux nominations
prévues ou de les ratifier.

45
La vacance les nominations de nouveaux administrateurs prennent effet à l’issue de la séance
du conseil d’administration tenue à cet effet. Les nominations faites par le conseil
d’administration sont soumises à la ratification de la plus prochaine A.G.O. Si l’A.G.O refuse
d’entériner les nouvelles nominations, les décisions prises par le conseil d’administration sont
valables et produisent tous leurs effets à l’égard des tiers.
Rémunération des administrateurs
Les administrateurs perçoivent une rémunération. Il s’agit des sommes perçues dans le cadre
d’un contrat de travail, une somme fixe annuelle à titre d’indemnité de fonction déterminée
souverainement par l’A.G.O, rémunérations exceptionnelles pour les missions et mandats qui
leur sont confiés. En dehors de cette rémunération aucune autre n’est possible. Cette
rémunération est indépendante des dividendes qui sont régulièrement réparties entre les
actionnaires et toute clause statutaire contraire est réputée non écrite. De même, toute décision
contraire est nulle.
Le législateur OHADA prévoit que, a moins que les administrateurs ne démissionnent, leurs
fonctions prennent fins à l’expiration de l’A.G.O qui a statué sur les comptes de l’exercice et
qui s’est tenu dans l’année au cour de laquelle expire leur mandat. A tout moment les
administrateurs peuvent être révoqués par l’A.G.O. la démission ou la révocation d’un
administrateur doit être publiée au RCCM.
Après avoir étudié la composition du conseil d’administration, examinons ses attributions

a2- LES ATTRIBUTIONS DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Le conseil d’administration a un pouvoir de représentation de la société. Il dispose à cet


effet des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de celle-ci le tout
dans les limites de l’objet social et sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux
assemblées d’actionnaires.
Il appartient en outre au conseil d’administration de :
-Préciser les objectifs de la société et l’orientation de son administration ;
-Exercer un contrôle permanent de la gestion assurée, selon le mode de direction
retenu, par le PDG ou le D.G
-Arrêter les comptes de chaque exercice.
Si l’A.G ou les statuts limitent les pouvoirs du conseil d’administration, cette limitation
est inopposable aux tiers.

46
Dans ses rapports avec les tiers, la société est engagée même pour les décisions du
conseil d’administration qui ne relèvent pas de l’objet social à moins que le conseil prouve que
les tiers savaient ou étaient en mesure de savoir que ces décisions ne relèvent pas de l’objet
social.
Un ou plusieurs membres du conseil d’administration peuvent recevoir de celui-ci des mandats
spéciaux pour un ou plusieurs objets déterminés.
L’AUSCGIE a prévu aux articles 438 à 448 le régime des conventions réglementées. Ainsi,
toute convention entre une S.A et l’un de ses administrateurs, DG ou D.G adjoint doit être
soumis à l’approbation préalable du Conseil d’administration. Seules les conventions libres ne
sont pas soumises à autorisation, c’est-à-dire celles qui portent sur des opérations courantes et
conclues à des conditions normales. Bien évidemment le législateur OHADA a déterminé le
sens des expressions « opérations courantes » et « conditions normales » (Article 439
AUSCGIE).

Pour que les conventions puissent recueillir l’avis de l’A.G.O, il existe une procédure à
respecter. L’administrateur intéressé donc doit informer le Conseil d’administration dès qu’il a
connaissance d’une convention soumise à autorisation. Il faut préciser que ce dernier ne prend
pas part au vote. Le P.C.A ou le P.D.G a un délai d’un mois à compter de la conclusion de la
convention pour aviser le C.A.C de toute convention autorisée par le Conseil d’administration
et la soumet à l’approbation de l’AGO qui statue sur les comptes de l’exercice écoulé.

Le C.A.C présente un rapport spécial à l’A.G.O qui doit statuer sur le rapport. Cette assemblée
approuve ou désapprouve les conventions autorisées. Ce rapport à un contenu : énumération
des conventions soumises à l’approbation de l’A.G.O, le nom des administrateurs intéressés, la
nature et l’objet des conventions, leurs modalités essentielles etc… L’intéressé ne prend pas
part au vote et ses actions ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la
majorité.

Si des conventions ont été conclues et autorisées au cours d’exercices antérieurs et que leur
exécution se poursuit au cours du dernier exercice, le C.A.C doit être tenu informé de cette
situation dans le délai d’un mois à compter de la clôture de l’exercice.
Mais quand est-ce que le C.A.C dépose son rapport spécial ? L’AU nous dit que c’est quinze
jours au moins avant la tenue de l’A.G.O. Les conventions approuvées ou désapprouvées
produisent des effets à l’égard des cocontractants et des tiers à moins qu’elles soient nulles pour

47
fraude. Toutefois, si les conventions désapprouvées causent un dommage à la société et même
s’il n’y a pas de fraude, ce dommage peut être mis à la charge de l’administrateur intéressé ou
des autres membres du Conseil d’administration.

En tout état de cause, les conventions conclues sans autorisation préalable du Conseil
d’administration peuvent être annulées si elles sont dommageables pour la société et
l’administrateur intéressé peut voir sa responsabilité engagée. L’action en nullité se prescrit par
trois ans. Elle est exercée par les organes de la société ou tout actionnaire agissant à titre
individuel. La nullité peut être couverte par un vote spécial de l’AGO intervenant sur rapport
spécial du C.A.C exposant les circonstances en raison desquelles la procédure d’autorisation
n’a pas été suivie.

Le législateur OHADA a prévu aussi la possibilité pour la S.A de cautionner, avaliser ou


garantir les engagements des tiers. Pour cela, il faut l’autorisation préalable du Conseil
d’administration. Ce dernier peut autoriser le PDG ou le DG à se porter caution, à donner avals,
garanties ou garanties à première demande ; le tout dans la limite d’un montant total qu’il fixe.
La durée des autorisations ne peut être supérieure à un an quelle que soit la durée des
engagements cautionnés, avalisés ou garanties. Mais il peut y avoir des garanties dont le
montant n’est pas limité. C’est l’exemple des garanties données par le PDG ou le DG à
l’administration fiscale ou douanière.

Si les opérations dont nous venons de parler sont autorisées par le législateur OHADA, d’autres
ne le sont pas : ce sont les conventions interdites. Les administrateurs, D.G ou D.G adjoints,
leur conjoint, ascendants ou descendants ou autres personnes interposées ne peuvent contracter
des emprunts, découvert, demander à la société de cautionner, avaliser leurs engagements
envers les tiers. Cette interdiction ne concerne pas les personnes morales membres du Conseil
d’administration. Mais si leur représentant permanent agit à titre personnel, l’interdiction
susmentionnée lui est applicable. En revanche, lorsque la société exploite un établissement
bancaire ou financier, cette interdiction ne s’applique pas aux opérations courantes conclues à
des conditions normales.

Le Conseil d’administration est doté d’autres prérogatives telles que : le déplacement dans les
limites du territoire du siège social d’un lieu à un autre. Pour cela, il faut une modification des

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statuts et la plus prochaine AGO doit ratifier cette décision sinon elle devient caduque. Dans ce
cas, il faut accomplir de nouvelles formalités pour informer les tiers du retour au siège antérieur.

Le Conseil d’administration arrête les états financiers de synthèse et le rapport de gestion sur
l’activité de la société.
Après l’étude sur la composition et les attributions du Conseil d’administration, celle de son
fonctionnement mérite désormais notre attention.

a3. LE FONCTIONNEMENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION


Dans cette partie, nous allons poser trois questions non moins importante à savoir : comment
est convoqué le Conseil d’administration ? Comment délibère-t-il ? Qui préside les séances du
Conseil d’administration ?

D’abord comment est convoqué le Conseil d’administration

En réponse à cette interrogation, il faut dire que ce sont les statuts et l’A.U qui fixent les règles
de convocation. Sous ce chapitre donc, le Conseil d’administration se réunit aussi souvent que
cela est nécessaire sur convocation de son Président. Mais les administrateurs représentant le
1/3 au moins des membres du Conseil d’administration peuvent convoquer le Conseil si celui-
ci ne s’est pas réuni depuis plus de deux (2) mois en indiquant l’ordre du jour de la séance.

Ensuite comment délibère le Conseil d’administration

Si tous les membres ont été régulièrement convoqués. De plus, il faut que la moitié au moins
de ses membres soit présents ; toute clause contraire est réputée non écrite. Les décisions sont
prises à la majorité des membres présents ou représentés sauf si les statuts prévoient une
majorité plus forte. S’il y a partage de voix, celle du président de séance est prépondérante sauf
dispositions contraires des statuts. Toute décision prise contrairement à ces règles est nulle.

Les administrateurs et toute personne appelée à participer aux réunions du Conseil


d’administration doivent garder la discrétion à l’égard des informations confidentielles ou
présentées comme telles par le président de séance. Un administrateur peut par personne
interposée assister aux séances du Conseil d’administration. Le mandat peut être donné par
lettre, télex ou télécopie et n’est valable que pour une même séance.

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Enfin qui préside les séances du Conseil d’administration

C’est le Président du Conseil d’administration qui préside le C.A et s’il est empêché,
l’administrateur qui a le plus grand nombre d’actions et en cas d’égalité, par le doyen d’âge
sauf si les statuts en disposent autrement. Les délibérations du Conseil d’administration sont
constatées par des P.V établis sur un registre spécial tenu au siège social, côté et paraphé par le
juge compétent. Mais les P.V peuvent être établis sur des feuilles mobiles numérotées sans
discontinuité, paraphées par le juge compétent. Une feuille remplie partiellement doit être jointe
à celles précédemment utilisées.

Il est interdit d’ajouter, de supprimer, de remplacer ou d’intervertir des feuilles. Les P.V
mentionnent la date, le lieu de la réunion du Conseil, indiquent les administrateurs présents,
représentés ou absents non représentés. Ils font état de la présence ou absence des personnes
convoquées à la réunion du Conseil d’administration en vertu d’une disposition légale, de la
présence de toute autre personne ayant assisté à tout ou partie de la réunion.
Les P.V sont certifiés sincères par le Président de séance et par au moins un administrateur. Si
le Président de séance est empêché, ils sont signés par au moins deux administrateurs. Les
copies ou extraits des P.V sont valablement certifiés par le Président du C.A, le D.G ou à défaut
un fondé de pouvoirs habilité à cet effet. Si la société est en liquidation, par le liquidateur. Il
faut dire que les P.V font foi jusqu’à preuve contraire.

Nous allons voir maintenant le statut du P.C.A, du P.D.G, du D.G et du D.G. adjoint.

b. LE PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION


Parmi ses membres, le Conseil d’administration désigne un Président qui doit être une personne
physique. La durée de son mandat ne saurait excéder celle de son mandat d’administrateur.
Celui-ci est renouvelable. Les règles prévues à l’article 464(le P.C.A ne peut avoir plus de trois
mandats de P.D.G de S.A dont le siège social se trouve sur le territoire d’un même Etat-Partie.
De plus, le mandat de P.C.A ne peut être cumulé avec plus de deux mandats d’administrateur
Général ou de D.G de S.A. dont le siège social se trouve sur le territoire d’un même Etat-Partie.
Lorsque cette situation prévaut, le P.C.A doit se démettre de l’un de ses mandats dans un délai
de trois mois car passé ce délai, on considérera le P.C.A démis de ce mandat. Ce dernier doit

50
restituer les rémunérations perçues et les délibérations auxquelles il a participé sont valables)
sont applicables au P.C.A.

Quels sont les pouvoirs du P.C.A et qui fixe les modalités et le montant de sa rémunération ?
Le P.C.A préside les réunions du Conseil d’administration et les Assemblées Générales. Il a
l’obligation de veiller à ce que le Conseil d’administration contrôle la gestion de la société
confiée au D.G. Il peut faire des vérifications opportunes et se faire communiquer les documents
utiles à sa mission. Il peut être lié à la société par un contrat de travail.
La rémunération du P.C.A est fixée par le Conseil d’administration.
A tout moment, le P.C.A peut être révoqué par le Conseil d’administration et toute disposition
contraire est réputée non écrite.

II. DIRECTION DE LA SOCIETE ANONYME

a/LE PRESIDENT DIRECTEUR GENERAL

Il est nommé parmi les membres du Conseil d’administration et est nécessairement une
personne physique sinon sa nomination est nulle. La durée du mandat du P.D.G est la même
que celle d’un administrateur. Il est renouvelable. Le législateur OHADA a entendu limiter les
mandats du P.D.G. C’est ainsi que l’article 464 précité lui est applicable.

Quels sont les pouvoirs du P.D.G et qui fixe les modalités et le montant de sa rémunération ?
C’est le P.D.G qui préside le Conseil d’administration et les Assemblées générales. Il assure la
direction générale de la société et représente celle-ci dans ses rapports avec les tiers. Il est investi
des pouvoirs les plus étendus qu’il exerce dans la limite de l’objet social et sous réserve de ceux
attribués expressément aux Assemblées générales ou spécialement réservés au Conseil
d’administration par des dispositions légales ou statutaires. Si le P.D.G outrepasse ses pouvoirs
c’est-à-dire ne se limite pas à l’objet social, la société est néanmoins responsable à moins que
le tiers soient de mauvaise foi c’est-à-dire qu’ils soient au courant de ce non respect de l’objet
social. Toute limitation des pouvoirs du P.D.G est inopposable aux tiers de bonne foi. Le P.D.G
peut conclure un contrat de travail avec la société à condition que cela corresponde à un emploi
effectif et que le Conseil d’administration donne son autorisation préalable.

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Les modalités et le montant de la rémunération du P.D.G sont fixés par le Conseil
d’administration. Ce dernier peut recevoir aussi des avantages en nature fixés de la même
manière. Au-delà de cette rémunération aucune autre n’est possible. Si le PDG se trouve
temporairement empêché, le Conseil d’administration peut déléguer un autre administrateur
pour le remplacer. De même, si le P.D.G décède, démissionne ou est révoqué, le Conseil nomme
un nouveau P.D.G ou délègue un administrateur dans les fonctions de PDG. En tout état de
cause, le PDG est révocable ad nutum c’est-à-dire à tout moment par le Conseil
d’administration.

b. LE DIRECTEUR GENERAL

C’est le Conseil d’administration qui le nomme. Il peut être administrateur ou pas. Mais doit
être nécessairement une personne physique. La durée des fonctions du D.G est librement
déterminée par le Conseil d’administration. Ce mandat est renouvelable.

Quels sont les pouvoirs du D.G et qui fixe les modalités et le montant de la rémunération du
D.G ?
Par rapport aux pouvoirs du D.G, il faut dire que ce dernier assure la direction générale de la
société et la représente dans ses rapports avec les tiers. Il est investi des pouvoirs les plus
étendus qu’il exerce dans la limite de l’objet social. Seulement, il doit respecter les pouvoirs
expressément attribués aux Assemblées ou spécialement réservés au Conseil d’administration
par la loi ou les statuts.

Dans ses rapports avec les tiers, les actes du Directeur Général qui n’entrent pas dans le cadre
de l’objet social sont tout de même opposables à la société à moins que les tiers soient de
mauvaise foi. De même, les clauses statutaires qui limitent les pouvoirs du D.G sont
inopposables aux tiers de bonne foi. Le D.G peut être lié à la société par un contrat de travail.

Par rapport aux modalités et montant de la rémunération, il faut dire qu’ils sont fixés par le
Conseil d’administration.

Si le D.G est empêché temporairement ou définitivement, sur proposition du P.C.A, le Conseil


le remplace immédiatement en nommant un nouveau D.G.

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Malgré ses pouvoirs, le D.G peut être à tout moment révoqué par le Conseil d’administration et
ses fonctions prennent fin normalement à la fin de son mandat sauf en cas de décès, de
démission ou de révocation.

c. LE DIRECTEUR GENERAL-ADJOINT

Le Conseil d’administration peut donner mandat à un ou plusieurs personnes physiques


d’assister le P.D.G en qualité de D.G adjoint. Il faut préciser que ce mandat est demandé sur
proposition du DG. C’est le Conseil d’administration qui détermine librement la durée de son
mandat mais s’il est administrateur, son mandat ne peut excéder celui d’un administrateur. Il
est renouvelable. C’est également le Conseil d’administration qui détermine l’étendue des
pouvoirs délégués au D.G adjoint. Le D.G. adjoint, engage la société dans ses rapports avec les
tiers même en cas de dépassement de l’objet social dans les conditions précitées pour le P.D.G.
De même, toute limitation de pouvoirs est inopposable aux tiers de bonne foi. Le D.G. adjoint
peut conclure un contrat de travail avec la société. Les modalités et le montant de sa
rémunération sont fixés par le Conseil d’administration, en accord avec le P.D.G. A tout
moment, le Conseil peut le révoquer. La fin du mandat du D.G. adjoint coïncide avec l’arrivée
du terme de celui du PDG. Mais si le PDG décède, démissionne ou est révoqué, le DG adjoint
conserve ses fonctions jusqu’à ce qu’on nomme un nouveau PDG, sauf si le Conseil en décide
autrement.

B/SA AVEC ADMINISTRATEUR GENERAL

Une SA peut être constituée d’un seul actionnaire, deux ou trois actionnaires. Dans ce cadre,
l’actionnaire ou les actionnaires peuvent décider de ne pas constituer un conseil
d’administration et désigner un administrateur. Ce dernier, sous sa responsabilité, assumera les
fonctions d’administration et de direction de la société.
Mais comment est nommé l’administrateur général et quand prend fin son mandat ?
Par rapport à la nomination, il faut faire la distinction entre l’administrateur général nommé au
début de la vie sociale et celui nommé en cours de vie sociale.
Dans le 1er cas, le premier administrateur général est nommé par l’A.G.O.
Ce dernier peut être soit un actionnaire soit un non actionnaire.

53
Par rapport à la durée du mandat de l’administrateur général, il faut dire que si ce dernier est
nommé au début de la vie sociale, son mandat ne saurait dépasser deux ans. Mais s’il est nommé
en cours de vie sociale, le mandat ne saurait excéder six ans.
En tout état de cause, il faut dire que, sous réserve des restrictions posées (2ans et six ans), la
durée du mandat est librement fixée par les statuts. De même, le mandat d’administrateur
général est renouvelable.
Le législateur OHADA a entendu limiter le nombre de mandat de l’administrateur général.
Ainsi, aux termes de l’article 479 AUSCGIE nul ne peut exercer simultanément plus de 3
mandats d’administrateur général de S.A ayant leur siège sur le territoire d’un même Etat partie.
De même, le mandat d’administrateur général n’est pas cumulable avec plus de deux mandats
de P.D.G. ou de D.G. de S.A. ayant leur siège social sur le territoire d’un même Etat partie.
L’administrateur ayant un nouveau mandat et qui se trouve en infraction avec les règles sus
mentionnées doit se démettre de l’un de ses mandats dans les trois mois de sa nomination sinon
passé ce délai, il est réputé s’être dénis de son nouveau mandat et doit restituer les rémunérations
perçues sous quelque forme que ce soit. Les décisions prises en situation d’infraction par
l’administrateur général restent valables.
Pouvoirs de l’administrateur général
L’administrateur général a des pouvoirs et perçoit une rémunération comme nous l’avions dit,
l’administrateur assure l’administration générale de la société, sous sa responsabilité.
L’administrateur représente la société dans ses rapports avec les tiers. Il convoque et préside
les assemblées générales d’actionnaires.
Dans ses rapports avec les associés, l’administrateur général est investi des pouvoirs les plus
étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société et les exerce dans la limite de
l’objet social. L’administrateur doit cependant ne pas ignorer les pouvoirs expressément
attribués aux assemblées d’actionnaires par l’AUSCGIE et par les statuts.
Dans les rapports avec les tiers, l’administrateur engage la société même pour des actes qui ne
relèvent pas de l’objet social à moins que la société prouve que le tiers est de mauvaise foi c’est-
à -dire qu’il savait ou était en mesure de savoir que l’administrateur provisoire agissait en
dépassement de l’objet social. Les clauses statuaires ou résolutions de l’A.G des actionnaires
limitant les pouvoirs de l’administrateur général ne sont pas opposables aux tiers de bonne foi.
Un contrat de travail peut lier l’administrateur général à la société. La condition exigée c’est
que ce contrat de travail corresponde à un emploi effectif. Ce contrat de travail est soumis à
l’autorisation préalable de l’A.G.O. Au-delà du contrat de travail, il y a d’autres conventions
entre la société et l’administrateur général. Si certaines sont autorisées, d’autres sont interdites.

54
Aux articles 502 au 505 AUSCGIE, le législateur OHADA traite de la procédure d’autorisation
des conventions et de leurs effets. Ainsi donc, l’administrateur général doit présenter à
l’A.G.O. statuant sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé, un rapport sur les
conventions qu’il a conclues directement ou indirectement, ou par personne interposée avec la
société. Il présente également un rapport à l’A.G.O. qui statue sur les conventions passées entre
la société et une personne morale dont l’administrateur général est propriétaire, associé
indéfiniment responsable ou d’une manière générale, dirigeant social.
L’administrateur général doit aviser le C.A.C. dans le délai d’un mois à compter de la
conclusion de la convention. En tout état de cause au moins quinze jours avant la tenue de
l’A.G.O. Annelle, le C.A.C présente un rapport sur ces conventions à l’A.G.O. Ce rapport
doit avoir un contenu (nature, produits ou services faisant l’objet de ces conventions, leurs
modalités essentielles notamment l’indication des prix ou tarifs pratiqués, des ristournes ou
commissions consenties, des sûretés conférées) qui permettra aux actionnaires d’apprécier
l’intérêt qui s’attache à la conclusion de ces conventions.
Que les conventions soient approuvées ou désapprouvées par l’A.G.O, elles produisent toutes
leurs effets à l’égard des contractants et des tiers. Mais si les conventions désapprouvées par
l’A.G.O. entraînent des conséquences dommageables pour la société, celles-ci peuvent être
mises à la charge de l’administrateur général.
Si l’administrateur général est un actionnaire unique, la procédure d’autorisation ne lui est pas
opposable. Toutefois aussi bien l’administrateur général que l’administrateur général adjoint
doivent respecter cette procédure.
L’administrateur général ou l’administrateur général adjoint peut cautionner, avaliser, consentir
des garanties ou une garantie à première demande. Ceux-ci ne sont opposables à la société que
s’ils ont été autorisés préalablement par l’A.G.O. soit de manière générale ou spéciale.
Seulement, s’il s’agit d’avals cautions et garanties donnés par l’administrateur général ou
l’administrateur général adjoint au nom de la société, aux administrations douanières et fiscales,
il n’est pas nécessaire d’avoir l’autorisation de l’A.G.O.
Au-delà des conventions autorisées, nous avons des conventions interdites. Ainsi, il est interdit
à l’administrateur général ou l’administrateur général adjoint lorsqu’il en est nommé de
contracter, sous quelque forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de se faire
consentir par elle un découvert en compte –courant ou autrement, ainsi que de faire cautionner
ou avaliser par elle les engagements envers les tiers. Cette interdiction s’applique aux conjoint,
ascendant, descendant et personne interposée de l’administrateur général ou adjoint. La
sanction qui pèse sur les conventions interdites c’est la nullité.

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Mais, si la société est un établissement bancaire ou financier, elle peut consentir à son
administrateur général ou à son administrateur général adjoint, sous quelque forme que ce soit,
un prêt , un découvert en compte courant ou autrement, un aval, un cautionnement ou toute
autre garantie, si ces conventions portent sur des opérations courantes conclues à des conditions
normales.
L’administrateur général est rémunéré. Cette rémunération se fait soit dans le cadre d’un contrat
de travail, soit à titre d’indemnité de fonction. Elle est fixée par l’A.GO. Celle-ci peut
également allouer à l’administrateur général des rémunérations exceptionnelles pour les
mandats et missions qui lui sont confiés ou autoriser le remboursement des frais de voyage,
déplacements et dépenses engagés dans l’intérêt de la société. L’administrateur peut avoir des
avantages en nature.
Si l’administrateur général est temporairement empêché, ses fonctions sont exercées
provisoirement par l’administrateur général adjoint lorsqu’il en a été nommé un, sinon les
fonctions d’administrateur général sont provisoirement exercées par toute personne désignée
par l’A.G.O.
Si l’administrateur général décède ou démissionne, ses fonctions sont exercées par
l’administrateur général adjoint jusqu’à la nouvelle nomination d’un nouvel administrateur
général. Ce dernier est nommé par la plus prochaine A.G.O.
A tout moment, l’administrateur général peut être révoqué par l’A.G.O et toute clause contraire
est réputée non écrite.

Administrateur général adjoint


Il est prévu dans l’Acte uniforme la nomination d’un administrateur Général Adjoint. Ce dernier
ou ces derniers sont mandatés par l’AG des actionnaires sur proposition de l’Administrateur
Général. L’administrateur Général est nécessairement une personne physique. La durée de ses
fonctions est librement fixée par l’AG des actionnaires. Le mandant de l’administrateur Général
adjoint est renouvelable. C’est cette même assemblée qui, en accord avec l’administrateur
général, détermine les pouvoirs délégués à l’Administrateur Général Adjoint. Toute clause
statutaire ou décision de l’Assemblée Générale qui limite les pouvoirs de l’Assemblée Générale
adjoint n’est pas opposable aux tiers.
A l’instar de l’administrateur général, l’administrateur général adjoint peut être lié par un
contrat de travail à la société. La condition exigée pour être lié par un contrat de travail à la
société, c’est l’effectivité de ce contrat de travail. Ce dernier est soumis à l’autorisation
préalable de l’Assemblée Générale Ordinaire.

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L’AGO fixe les modalités et le montant de la rémunération de l’A Général adjoint ; le cas
échéant, les avantages en nature qui lui sont accordé. A tout moment, l’administrateur général
adjoint peut être révoqué par l’AGO, sur proposition de l’administrateur général.
Après avoir étudié les organes de gestion de la SA, il convient d’analyser le statut des organes
de délibération.

PARAGRAPHE II LES ORGANES DE DELIBERATION


Le droit de participer aux décisions collectives est un droit extra pécuniaire de tout associé. Et
toute clause statutaire qui viserait à l’exclure serait réputée non écrite. De même, l’article 892
AUSCGIE dispose qu’encourent une sanction pénale, ceux qui, sciemment, auront empêché un
actionnaire ou un associé de participer à une assemblée générale.
Nous verrons tour à tour les assemblées d’actionnaires et les assemblées obligataires.

A.LES ASSEMBLEES D’ACTIONNAIRES


Il y a trois types d’assemblées d’actionnaires : les AGO, les AGE et les assemblées générales,
mais au préalable nous allons voir les règles communes aux assemblées d’actionnaires.

1/LES REGLES COMMUNES


Elles concernent la convocation des actionnaires et la tenue des assemblées d’actionnaires.

a. LA CONVOCATION DES ACTIONNAIRES


Il faut se poser la question de savoir qui convoque les assemblées d’actionnaires, selon
quelles règles sont-elles convoquées.
A la première question, il faut répondre en disant que l’assemblée des actionnaires est
convoquée selon le cas par le conseil d’administration ou l’administrateur général. A
défaut par ces derniers de le faire, l’assemblée peut être convoquée par le C.A.C. Ce
dernier doit vainement demander au conseil d’administration ou à l’administrateur
général, par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R avec accusé de réception, de
convoquer l’assemblée. Dans cette occurrence, le C.A.C fixe l’ordre du jour et peut,
après motivation choisir un lieu de réunion autre que celui prévu par les statuts. Le
C.A.C doit donner les raisons de la convocation dans un rapport lu à l’assemblée.
L’assemblée peut également être convoquée par un mandataire désigné par le président
de la juridiction compétente. Ce dernier statue à bref délai, sur saisine de tout intéressé
en cas d’urgence, d’un ou de plusieurs actionnaires représentant au moins le 1/10 du

57
capital social s’il s’agit d’une assemblée générale ou le 1/10 des actions de la catégorie
intéressée s’il s’agit d’une assemblée spéciale. L’assemblée d’actionnaires peut enfin
être convoquée par le liquidateur.
Avant de passer aux règles de convocation, il faut préciser que c’est au siège social de
la société que les assembles d’actionnaires sont réunies. Ce peut être également un autre
lieu du territoire de l’Etat partie où se trouve le siège social, le tout sous réserve d’une
clause statutaire des statuts.
Les règles de convocation sont fixées par l’article 518 AUSCGIE. Mais elles peuvent
l’être par les statuts.
Aux termes de l’article 518, l’assemblée des actionnaires est convoquée par avis de
convocation, inséré dans un JAL.
On peut se trouver dans l’hypothèse où les actions des associés sont nominatives c’est-
à-dire que le titre où l’action porte le nom de leur titulaire, dans ce cas l’assemblée des
actionnaires peut être convoquée par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R avec
accusé de réception, portant mention de l’ordre du jour. Cette convocation est faite aux
frais de la société.
Mais quand est-ce-que l’avis de convocation est porté à la connaissance des
actionnaires ? Elle doit l’être 15 jours au moins avant la date de l’assemblée sur
première convocation et six jours pour la deuxième et troisième convocation. Mais si
un mandataire judiciaire convoque l’assemblée des actionnaires, le juge peut fixer un
délai différent.
L’avis de convocation a un contenu relatif à l’identification de la SA (dénomination de
la société, forme de la société, montant du capital social, l’adresse du siège social, le
numéro d’immatriculation au RCCM) au moment de la tenue de l’assemblée (jour,
heure) au lieu de l’assemblée, à la nature de l’assemblée et son ordre du jour.
S’il y a des actions au porteur c’est-à-dire des actions dont le nom des titulaires n’est
pas mentionné, l’avis de convocation indique le lieu de dépôt desdits actions ainsi que
la date de dépôt. Ces formalités sont précisées dans l’avis de convocation dans le souci
de permettre aux actionnaires de participer à l’assemblée.
Toute assemblée qui n’est pas régulièrement convoquée peut être annulée. Mais l’action
en nullité est irrecevable lorsque tous les actionnaires étaient présents ou représentées.
Qui arrête l’ordre du jour ? C’est l’auteur de la convocation. Cependant lorsque
l’assemblée est convoquée par un mandataire judiciaire, l’ordre du jour est fixé par le
président de la juridiction compétente qui l’a désigné.

58
De même, un ou plusieurs actionnaires peuvent demander l’inscription d’un projet de
résolutions à l’ordre du jour de l’A.G, lorsqu’ils représentent 5 % du capital, si le capital
de la société est inférieur à 1 milliard, 3 % capital si le capital est compris entre un
milliard et deux milliards, 0,50 % du capital, si celui-ci est supérieur à 2 milliards.
Si une question n’est pas inscrite à l’ordre du jour, l’assemblée ne peut avoir
délibération sur celle-ci. Mais elle peut, lorsqu’elle est réunie ordinairement révoquer
un ou plusieurs membres du conseil d’administration, administrateur général ou
administrateur général adjoint et le remplacer. Sur deuxième convocation, l’ordre du
jour ne peut être modifié. De même que sur troisième convocation de l’AGE.

Communication des documents aux actionnaires


Le législateur OHADA a prévu la communication de documents aux actionnaires.
Celle-ci peut se faire avant la tenue de l’AGO annuelle et à toute époque.
Concernant l’A.G.O annuelle, tout actionnaire a le droit de prendre connaissance pour
lui-même ou par le mandataire désigné pour le représenter à l’AG au siège social de
l’inventaire, des états financiers de synthèse, du rapport du CAC, de la liste des
actionnaires etc. .
Ce droit s’exerce durant les quinze jours avant la tenue de l’A.G et en dehors de
l’inventaire, l’actionnaire qui consulte les documents susmentionnés doit les prendre à
ses frais.
Concernant les assemblées autres que l’A.G.O.A, la communication porte sur le texte
des résolutions proposées, le rapport du conseil d’administration ou de l’administrateur
général selon le cas, et le cas échéant, le rapport du C.A.C ou du liquidateur.
Au delà du droit de communication avant la tenue des A.G, nous avant celle qui se fait
à toute époque. Ainsi, l’actionnaire peut prendre connaissance et copie de l’inventaire,
états financiers de synthèse etc, concernant les trois dernières exercices, des procès-
verbaux et des feuilles de présence des assemblées tenues au cours de ces trois dernières
exercices, de tous autres documents, si les statuts le prévoient. De même, tout associé
peut poser des questions écrites deux fois par exercice au P.D.G, D.G ou à
l’administrateur général sur tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. La réponse des dirigeants est communiquée au C.A.C.
Le droit de communication avant la tenue des A.G, à toute époque et de poser des
questions écrites aux dirigeants appartient également à chacun des copropriétaires
d’actions indécises, au nu-propriétaire et à l’usufruitier d’actions.

59
Refus de communication des documents par la société.
Il peut arriver que la société refuse de communiquer tout ou partie des documents
susmentionnés. Dans ce cas, l’actionnaire qui s’est vu refuser la communication peut
saisir le président de la juridiction compétente statuant à bref délai (nous pensons à la
procédure de référé) pour se prononcer sur ce refus. Le juge saisi peut ordonner à la
société, sous astreinte, de communiquer les documents à l’actionnaire.
Comment s’organise la tenue de l’Assemblée Générale ?
D’abord, il faut dire que l’Assemblée générale est présidée soit par le P.D.G, le P.C.A
ou l’Administrateur général. Dans l’hypothèse où ces dirigeants sont empêchés et sauf
clause statutaire contraire, c’est l’associé ayant ou représentant le plus grand nombre
d’actions ou en cas d’égalité, le plus âgé qui préside l’A.G.
Les actionnaires qui exercent les fonctions de scrutateurs sont les deux actionnaires
représentant le plus grand nombre d’actions par eux-mêmes ou comme mandataires. Il
faut ajouter que ces actionnaires doivent accepter ces fonctions.
C’est le secrétaire nommé par l’Assemblée qui va établir le procès-verbal des débats.
Celui-ci peut être un actionnaire ou pas. A chaque assemblée il y a une feuille de
présence contenant les nom, prénom et domicile de chaque actionnaire ainsi que le
nombre de voix attachés à ces actions, les nom, prénom et domicile de chaque
mandataire, le nombre d’actions qu’il représente ainsi que le nombre de voix attachés à
ces actions.
Au moment de l’entrée en scène, la feuille de présence est émargée par les actionnaires
présents ou par les mandataires.
A la fin de l’assemblée, les procurations sont annexées à la feuille de présence. Celle-ci
est certifiée sincère et véritable sous leur responsabilité, par les scrutateurs.

Contenu du P.V des délibérations.


Le procès-verbal des délibérations a un contenu. Ainsi, il indique la date et le lieu de
réunion, la nature de l’assemblée, le mode de convocation, l’ordre du jour, la
composition de bureau, le quorum, le texte des résolutions soumises au vote de
l’assemblée et le résultat des votes pour chaque résolution, les documents et rapports
présentés à l’assemblée et un résumé des débats.
Ce sont les membres du bureau qui signent le P.V. qui est archivé au siège social avec
la feuille de présence et ses annexes.

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Les copies ou extraits des procès-verbaux des assemblées sont valablement certifiés soit
par le P.D.G, soit par le PCA, soit par l’Administrateur général ou par toute autre
personne dument mandatée à cet effet.
En cas de liquidation, ils sont certifiés par un seul liquidateur.
Qui peut participer aux assemblées générales ?
Ce sont les actionnaires eux-mêmes ou leur représentant dans les conditions prévues par
l’AUSCGIE ou les statuts, toute personne habilitée à cet effet par la loi ou les statuts de
la société. Le juge peut autoriser des personnes étrangères à participer aux A.G. Il en est
de même du bureau de l’assemblée ou de l’assemblée elle-même.
Chaque actionnaire peut se faire représenter par quelque mandataire que ce soit.
Toutefois, des actionnaires peuvent donner pouvoir à un actionnaire d’être représenté
aussi bien en son nom personnel que comme mandataire. Le tout sous le respect des
limites fixées par la loi ou les statuts fixant le nombre de voix dont peut disposer une
même personne.
En tout état de cause, la procuration doit comporter les nom, prénom et le domicile ainsi
que le nombre d’actions et le droit de vote du mandant, l’indication de la nature de
l’assemblée pour laquelle la procuration est donnée, la signature du mandant précédée
de la mention « bon pour pourvoir » et la date du mandat.
Le principe est que le mandat est donné pour une seule assemblée. Seulement, il peut
arriver qu’un mandat soit donné pour deux assemblées, l’une ordinaire et l’autre
extraordinaire ayant le même ordre du jour ou tenues dans un délai de sept jours. Le
mandat donné pour une assemblée vaut pour les assemblées successives convoquées
avec le même ordre du jour. Toute clause contraire aux dispositions relatives au mandat
est réputée non écrite.
Peuvent participer aux assemblées d’actionnaires les administrateurs non actionnaires
avec voix consultative.
Une action peut faire l’objet d’un nantissement certes mais le droit de vote attaché à
l’action appartient au propriétaire de l’action.
Lorsque les actions sont au porteur, et à la demande de son débiteur, le créancier gagiste
les dépose au lieu précisé par l’avis de convocation. Il peut aussi produire un certificat
de dépôt desdites actions.
Ce certificat de dépôt est délivré par l’établissement bancaire ou financiers dépositaire
de ces actions.

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Lorsque l’inscription préalable des actionnaires sur le registre des actions nominatives
de la société, le dépôt des actions au porteur est en lieu précisé par l’avis de convocation,
la production d’un certificat de dépôt des actions au porteur est une condition de
participation aux assemblées, ils doivent être effectués au plus tard cinq jours avant la
tenue de l’assemblée.
Après avoir vu les règles communes aux assemblées, nous analysons maintenant les
règles spéciales ou propres à chaque assemblée.

2/LES REGLES SPECIALES AUX ASSEMBLEES D’ACTIONNAIRES


Etudions tour à tour l’AGO, l’A.G.E et l’assemblée spéciale.
• a .L’ASSEMBLEE GENERALE ORIDINAIRE

Nous allons voir d’abord les attributions de l’AGO ensuite la tenue de


l’AGO.

LES ATTRIBUTIONS DE L’ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE

L’Assemblée générale ordinaire est compétente pour statuer sur toutes les
décisions qui n’entrainent pas modification des statuts.

Elle est notamment compétente pour :

- Statuer sur les états financiers de synthèse de l’exercice ;


- Décider de l’affectation du résultat (mais il ne saut pas oublier
l’obligation de prélever 1/10 au moins des bénéfices : c’est la réserve
légale qui cesse obligatoire si elle atteint le 1/5 du montant du capital
social) ;
- Nommer les membres du Conseil d’administration ou l’administrateur
général et, le cas échéant, l’administrateur général adjoint, ainsi que le
commissaire aux comptes ;

62
- Approuver ou refuser d’approuver les conventions conclues entre les
dirigeants sociaux et la société ;
- Emettre des obligations ;
- Approuver le rapport du CAC sur la valeur d’un bien acquis par la
société des mains d’un actionnaire.

Contrat de vente entre la société et un actionnaire

Pour poursuivre dans cette lancée, il faut dire que le législateur OHADA a
entendu contrôler la vente qui existe entre la société et un actionnaire. Ainsi, si
deux ans après son immatriculation la société achète un bien d’un actionnaire dont
la valeur est moins égale à 5.000.000 de Francs CFA, le PDG et le PCA ou
l’administrateur selon le cas doit demander au CAC d’établir sous sa
responsabilité un rapport sur la valeur de ce bien. Ce rapport est soumis à
l’approbation de la plus proche AGO.

Ce rapport a un contenu. Ainsi, il doit décrire le bien à acquérir, indiquer


les critères retenus pour la fixation du prix et apprécier la pertinence de ces
critères.

Le CAC doit établir ledit rapport et le déposer quinze jours au moins avant
la réunion de l’AGO. Si L’AGO ne statue pas sur la vente , celle-ci est nulle. Le
vendeur ne prend pas part au vote, ni pour lui-même, ni comme mandataire, de la
décision relative à la vente , et ses actions ne sont pas prises en compte pour le
calcul du quorum et de la majorité.

LA TENUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE ORDINAIRE

Quand se réunit-il ?

63
Le législateur OHADA prévoit que l’AGO se réunit au moins une fois par
an, dans les six mois de la clôture de l’exercice. Mais ce délai peut être prorogé
par le juge.

Qui peut y participer ?

Dans les statuts, on peut prévoir qu’un seul nombre minimal d’actions qui ne peut être
supérieur à dix a le droit de participer aux AGO. Pour contourner cette rigueur statutaire,
plusieurs actionnaires peuvent se réunir pour atteindre le minimum prévu par les statuts et se
faire représenter par l’un d’entre eux.

Pour valablement délibérer sur première convocation, le quorum exigé (les actionnaires
présents et représentés) c’est au moins le ¼ des actions ayant le droit de vote.

Sur deuxième convocation, aucun quorum n’est requis.

L’AGO statue à la majorité des voix exprimées et les bulletins blancs des actionnaires
présents ou représentés ne sont pas tenus en compte.

Au-delà de l’AGO, il y a l’AGE.

b. L’ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE

Comme pour l’AGO nous allons étudier les attributions et la tenue de l’AGE.

LES ATTRIBUTIONS DE L’ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE

L’Assemblée générale extraordinaire est seule habilitée à modifier les statuts dans toutes
leurs dispositions. Toute clause contraire est réputée non écrite.

Ainsi, l’AGE est compétente pour :

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- Autoriser les fusions, scissions, transformations et apports partiels d’actif ;
- Transférer le siège social en toute autre ville de l’Etat partie où il est situé, ou sur le
territoire d’un autre Etat.
- Dissoudre par anticipation la société ou en proroger la durée.

Mais il faut préciser que l’unanimité est requise pour augmenter les engagements des
actionnaires au-delà de leurs apports. Pour cela, il faut l’accord de chaque actionnaire.

LA TENUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE

Contrairement à l’AGO où les statuts peuvent restreindre l’accès à certains actionnaires,


dans l’AGE ce n’est pas le cas et toute clause contraire est réputée non écrite.

Sur première convocation, l’AGE ne délibère valablement que si les actionnaires


présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Sur deuxième convocation, il
faut le quart des actions. Si le quorum n’est pas réuni, une troisième convocation est lancée
dans un délai qui ne peut excéder deux mois à compter de la date fixée par la deuxième
convocation. Dans cette occurrence le quorum est fixé au ¼ des actions.

L’AGE statue à la majorité des 2/3 des voix exprimées. Les bulletins blancs ne sont pas
pris en compte dans le vote. Mais lorsque le siège social doit être transféré sur le territoire d’un
autre Etat, la décision est prise à l’unanimité des membres présents ou représentés.

c. L’ASSEMBLEE SPECIALE

Nous allons voir d’abord les attributions de l’assemblée spéciale ensuite la tenue de
celle-ci.

LES ATTRIBUTIONS DE L’ASSEMBLEE SPECIALE

L’assemblée spéciale est celle qui, aux termes de l’article 555 réunit les titulaires
d’actions d’une catégorie déterminée.

65
C’est l’assemblée spéciale qui approuve ou désapprouve les décisions des assemblées
générales modifiant les droits de ses membres. Cette décision de l’assemblée générale modifiant
les droits des membres de cette assemblée spéciale n’est définitive qu’après approbation par
celle-ci.

TENUE DE L’ASSEMBLEE SPECIALE

Sur première convocation, l’assemblée spéciale ne délibère valablement que si les


actionnaires présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Sur deuxième
convocation, il faut le ¼ des actions.

A défaut de ce quorum, dans un délai de deux mois à compter de la date fixée par la
deuxième convocation, l’assemblée doit se tenir et là, le quorum exigé c’est le ¼ des
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins le ¼ des actions.

L’Assemblée spéciale statue à la majorité des 2/3 des voix exprimées. Les bulletins
blancs ne sont pas pris en compte.

NB : Dans le cas d’une société anonyme unipersonnelle, les décisions qui doivent être prises
en assemblée, le sont, qu’il s’agisse d’une AGO ou AGE. L’actionnaire doit donc
prendre des décisions dans les six mois de la clôture de l’exercice.

Après avoir vu le régime juridique des assemblées d’actionnaires il y a lieu d’étudier les
assemblées d’obligataires.

B/LES ASSEMBLEES D’OBLIGATAIRES

Qui convoque ?

L’assemblée d’obligataire d’une même masse peut se réunir à toute époque. Ceux qui
convoquent l’assemblée sont les représentants du groupement des obligataires, le cas échéant
le conseil d’administration, l’administrateur général ou le liquidateur en période de liquidation.

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L’assemblée peut également être convoquée lorsque les obligataires représentant le 30 e
des titres. A cet effet, les représentants du groupement ou un mandataire de justice désigné par
le Président de la juridiction compétente qui peuvent satisfaire à cette demande.

L’avis de convocation a un contenu :

- L’indication de l’emprunt souscrit par les obligataires dont la masse est convoquée ;
- Les noms, prénoms et domicile de la personne qui a pris l’initiative de la
convocation et la qualité en laquelle elle agit ;
- Le cas échéant, la date de la décision de justice désignant le mandataire chargé de
convoquer l’assemblée.

Si l’assemblée d’obligataire est irrégulièrement convoquée, elle peut être annulée à


moins que tous les obligataires de la masse intéressée soient présents ou représentés.

Le principe c’est que l’ordre du jour est arrêté par l’auteur de la convocation. Mais un
ou plusieurs obligataires représentant au moins le 1/30e des titres peut demander l’inscription
de projets de résolution à l’ordre du jour. Ces projets de résolution sont inscrits à l’ordre du jour
et soumis au vote de l’assemblée par le Président de séance.

Si une question n’est pas inscrite à l’ordre du jour, l’assemblée ne peut s’y prononcer.
Et sur deuxième convocation, l’ordre du jour ne peut être modifié.

La participation à l’assemblée obligataire se fait de façon personnelle ou indirecte par


tout obligataire.

Qui préside l’assemblée des obligataires ?

Par rapport à la tenue des assemblées, il faut dire que c’est un représentant du
groupement qui préside l’assemblée. Dans l’hypothèse où il y a plusieurs représentants et
lorsque ceux-ci sont en désaccord, c’est l’obligataire présent qui a le plus grand nombre de titre
qui préside l’assemblée. Si l’assemblée est convoquée par un mandataire de justice, c’est ce

67
dernier qui la préside. Au besoin, ce sont les règles de tenue des assemblées des actionnaires
qui s’appliquent.

Il faut noter deux sortes d’assemblées d’obligataires : les assemblées ordinaires


d’obligataires et les assemblées extraordinaires d’obligataires.

L’assemblée ordinaire d’obligataires est compétente pour délibérer sur la nomination


des représentants de la masse, la durée de leurs fonctions, la fixation s’il y a lieu de leur
rémunération, leur remplacement, leur convocation ainsi que toute mesure qui a pour but
d’assurer la défense des obligataires et l’exécution du contrat d’emprunt, sur les dépenses de
gestion que ces mesures peuvent entraîner, et en général toutes mesures conservatoires ou
d’administration.

Quant à l’assemblée extraordinaire d’obligations, elle délibère sur toute proposition


tendant à la modification du contrat d’emprunt notamment :

- Le changement de l’objet ou de la forme de la société ;


- Sa fusion ou scission ;
- Toute proposition de compromis ou de transaction sur les droits litigieux ou ayant
fait l’objet de décision judiciaire ;
- La modification totale ou partielle des garanties ou report d’échéance
- Le changement de siège social ;
- La dissolution de la société.

Par rapport au droit de vote, il faut rappeler la règle traditionnelle selon laquelle chaque
obligation donne droit à une voix au moins.

Le vote peut se faire par correspondance dans les mêmes conditions et formes que les
actionnaires aux assemblées d’actionnaires.

La société qui détient au moins 10% du capital de la société débitrice ne peut voter à
l’assemblée avec les obligations qu’elle détient.

68
Si la propriété des titres est démembrée, le droit de vote appartient au nu propriétaire,
sauf stipulations contraires des parties.

Les assemblées d’obligataires ne peuvent accroître les charges des obligataires ni établir
un traitement inégal entre les obligataires d’une même émission. Si l’assemblée générale des
obligataires n’approuve pas les propositions faites par la société pour changer sa forme ou son
objet celle-ci peut passer outre en remboursant les obligations avant la réalisation du
changement de forme ou d’objet.

Si l’Assemblée générale d’obligataires n’approuve pas les propositions de la société


relatives à sa fusion ou scission, la société peut passer outre. Seulement les obligataires
conservent leur qualité dans les sociétés résultant de la scission selon le cas.

Si la société décide de passer outre l’approbation de l’assemblée générale des


obligataires, le PDG, le DG ou l’administrateur général selon le cas doit informer le représentant
de la masse des obligataires par lettre au porteur contre récépissé ou LRAR.

Le groupement des obligataires peut s’opposer à la fusion ou scission devant le juge qui
peut soit rejeter l’opposition soit ordonner le remboursement des obligations, soit la constitution
de garanties si la société absorbante ou qui est scindée en offre et qu’elles sont jugées
suffisantes.
Droits des obligataires

Même si les obligataires ont des droits, ils ne peuvent cependant exercer de contrôle
individuel de la société ou obtenir communication des documents sociaux. Ils ont cependant le
droit d’obtenir copie des PV et feuilles de présence des assemblées d’obligataires du
groupement dont ils font partie. La société ne peut imposer aux obligataires le remboursement
anticipé des obligations sauf si il existe des stipulations particulières du contrat d’émission.

Pour finir, il faut dire que les obligations peuvent être assorties de sûretés.

PARAGRAPHE 3 LES ORGANES DE CONTROLE DE LA SOCIETE ANONYME

69
Il s’agit du contrôle assuré par un ou plusieurs CAC. Ces derniers peuvent être des
personnes physiques ou des sociétés constituées par des SARL, SA).

Si dans l’Etat partie de la société contrôlée il y a un ordre des experts comptables, seuls
les experts comptables agrées par l’ordre peuvent exercer les fonctions de CAC.

S’il n’existe pas un ordre des experts comptables, seuls les experts comptables inscrits
sur une liste établie préalablement par une commission siégeant auprès d’une Cour d’Appel,
dans le ressort de l’Etat partie du siège de la société contrôlée.

Cette commission est composée de quatre membres :

- Un professeur de droit, de sciences économiques ou de gestion ;


- Un magistrat de la juridiction compétente en matière commerciale ;
- Un représentant du Trésor Public.

Le CAC ne peut exercer une activité ou tout acte de nature à porter atteinte à son
indépendance, un emploi salarié (mais il peut dispenser un enseignement qui se rattache à
l’exercice de sa profession d’expert comptable) une activité commerciale, directement ou par
personne interposée. Ces règles sont relatives aux incompatibilités de la profession d’expert
comptable.

De plus, certaines personnes ne peuvent exercer la profession de CAC. Ainsi, les


fondateurs, apporteurs, bénéficiaires d’avantages particuliers, dirigeants sociaux de la société
ou de ses filiales ainsi que leur conjoint ne peuvent être CAC. Il en est de même des parents et
alliés jusqu’au 4e degré inclusivement des personnes dont nous venons de parler. En outre, les
dirigeants sociaux de sociétés ayant le 1/10 du capital de la société ne peuvent être CAC (voir
l’article 698 AUSCVIE). S’il a cessé sa mission de contrôle d’une société, le CAC ne peut être
nommé administrateur général, administrateur général adjoint, DG ou DG adjoint de la société
moins de cinq ans après cette cessation.
Si le CAC est irrégulièrement désigné ou s’il est désigné alors que sa fonction est
incompatible avec celle qu’il doit exercer, les délibérations prises sont nulles sauf si l’AG
confirmé celles-ci ; sur le rapport de CAC régulièrement désignés.

70
Nous allons voir successivement la nomination du CAC et de son suppléant et sa
mission.

Par rapport au premier aspect, il faut dire que si la société ne fait pas appel public à
l’épargne, elle est tenue de désigner un CAC et un suppléant. Dans le cas contraire, elle est
tenue de désigner au moins deux commissaires aux comptes et deux suppléants.

Le premier CAC et son suppléant sont désignés par l’AG ordinaire.

Lorsque le CAC est désigné dans les statuts ou par l’AGC, la durée de ses fonctions est
de deux (2) exercices sociaux. Mais s’il est désigné par l’AGO, la durée de ses fonctions est de
6 ans.

Si l’assemblée omet d’élire un CAC titulaire ou suppléant tout actionnaire peut, en


référé, demander au président de la juridiction compétente la désignation d’un CAC titulaire ou
suppléant, le président du Conseil d’administration, le PDG ou l’AG dûment appelé.

Par rapport à la mission du commissaire aux comptes, nous allons voir les obligations
et les droits du CAC.

Les obligations du C.A.C se manifestent dans la certification de la sincérité et conformité des


états financiers de synthèse. En outre, il doit donner une image fidèle du résultat de l’exercice
écoulé, de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet exercice. Il vérifie
les valeurs et documents comptables de la société, s’assure que l’égalité des associés est
respectée en cas d’émission d’actions. En aucun cas, le C.A.C doit violer le secret professionnel
(actes et renseignements dont il a pu avoir dans l’exercice de sa fonction) et s’immiscer dans la
gestion de la société.

Concernant les droits du C.A.C il faut dire qu’il peut se faire communiquer toute pièce qu’il
juge utiles à toute époque de l’année. Ce droit de communication s’étend aux tiers. Il doit être
obligatoirement convoqué à toutes les A.G d’actionnaires et aux réunions du Conseil
d’administration. Les honoraires ainsi que les frais de déplacements, de séjour du C.A.C sont
laissés à la charge de la société.

71
Sa responsabilité peut être engagée lorsqu’il commet des fautes ou négligences dans l’exercice
de sa fonction. En cas d’empêchement, de démission ou de décès, il est pourvu à son
remplacement par le C.A.C suppléant. De même un ou plusieurs actionnaires représentant le
1/10e du capital social peuvent demander la récusation ou révocation du C.A.C. Cette possibilité
est offerte au Ministère public concernant la récusation et la révocation et au Conseil
d’administration, à l’administrateur général pour ce qui est de la révocation.

SECTION III LE FONCTIONNEMENT DE LA SOCIETE ANONYME

Dans cette section, nous parlerons successivement des valeurs mobilières (Actions et
obligations) des variations du capital social (Augmentation, réduction et amortissement du
capital social) et de la restructuration de la S.A (fusion, scission et transformation)

PARAGRAPHE I LES VALEURS MOBILIERES

Les valeurs mobilières sont un moyen de financement de la S.A assuré par des investisseurs qui
deviennent titulaires ‘actions ou d’obligations.

Aux termes de l’article 744 : « Les S.A émettent des valeurs mobilières. (…) Elles confèrent des
droits identiques par catégorie et donnent accès directement ou indirectement à une quotité du
capital de la société émettre, ou à un droit de créance général sur son patrimoine ‘’.
A travers cette définition, le législateur OHADA cite les différentes catégories de valeurs
mobilières que sont d’une part les actions et d’autre part les obligations. Ainsi, les actions et
obligations peuvent être au porteur ou nominatifs. Mais l’acte Uniforme ou les statuts peuvent
prévoir que les actions ou obligations seront exclusivement nominatives. Le propriétaire de
titres au porteur peut les convertir en titres nominatifs et vice-versa. En tout état de cause, et
sous réserve que la société donne son consentement et que le projet de nantissement lui soit
adressé, les actions et obligations peuvent faire l’objet d’un nantissement.

Voyons d’abord les règles propres aux actions

72
Il existe deux sortes d’actions (Au-delà bien sûr des actions ordinaires où l’avantage considéré
est commun à toutes les actions et les actions de priorité où ce n’est pas le cas. On peut avoir
d’autres catégories d’actions à la lecture des articles 46 et 47 AUSCGIE) : les actions de
numéraire et les actions d’apport.

Les actions de numéraire sont aux termes de l’article 748 : « Celles dont le montant est libéré
en espèce ou par compensation de créances certaines, liquides et exigibles sur la société, celles
qui sont émises par suite d’une incorporation au capital de réserves, bénéfices, ou primes
d’émission, et celles dont le montant résulte pour partie d’une incorporation de réserves, de
bénéfices ou de primes d’émission et pour partie une libération en espèces. Ces dernières
doivent être intégralement libérées lors de la souscription ». En dehors de cette définition,
toutes les autres actions sont des actions d’apport.
Le législateur OHADA précise que jusqu’à ce qu’elle soit entièrement libérée, l’action de
numéraire est nominative. En revanche, l’action d’apport n’est convertible en titre au porteur
qu’après deux ans. En tout état de cause, le montant nominal des actions ou coupures d’action
ne peut être inférieur à dix mille (10.000) francs CFA et il existe des droits attachés aux actions.

Droits attachés aux actions

Les droits attachés aux actions sont le droit de vote, le droit au dividende et le droit préférentiel
de souscription. Par rapport au droit de vote, il faut dire qu’en principe, chaque action donne
droit à une voix au moins. Seulement, les statuts ou l’A.G.E peuvent conférer aux actions
nominatives, à la condition qu’elles soient entièrement libérées et que le nom de l’actionnaire
fasse l’objet d’une inscription pendant au moins deux ans, un droit de vote double. De même,
le droit de vote double, en cas d’augmentation de capital par incorporation de réserves, de
bénéfices ou de primes d’émission, le droit de vote double peut être conféré aux actions
nominatives attribuées gratuitement à un actionnaire ancien ; certainement pour récompenser
sa fidélité.

Au-delà du droit de vote, l’actionnaire a droit au dividende. Ce droit est proportionnel à la


quotité du capital que l’action représente. Mais les statuts ou l’A.G.O peut décider d’accorder
aux actions un droit au premier dividende c’est-à-dire que l’actionnaire sera payé par la société
au cours de l’exercice. Tout compte fait, les dividendes sont payés en une seule fois et la date

73
de paiement sera fixée par l’A.G. des actionnaires. Celle-ci peut donner mandat au Conseil
d’administration de la fixer.

Enfin, l’actionnaire à un droit préférentiel de souscription. En effet, la souscription d’actions


nouvelles peut être avantageuse pour les souscripteurs parce qu’ils auront les mêmes droits que
les anciens actionnaires. C’est ce qui explique qu’on accorde aux anciens actionnaires le droit
de souscrire par préférence les actions émises en vue d’une augmentation de capital. Nous y
reviendrons ultérieurement lorsque nous étudierons l’augmentation de capital.

Au delà de ces droits attachés aux actions, il y a des opérations juridiques sur les actions : la
transmission des actions et leur nantissement.

La transmission obéit à un certain nombre de conditions et se fait selon un certain formalisme.


Relativement aux conditions, il existe une qui est valable pour toutes les actions à savoir que la
transmission ne peut avoir lieu qu’après immatriculation de la société au RCCM ou de
l’inscription de la mention modificative à la suite d’une augmentation de capital, et une
condition propre aux actions de numéraire à savoir leur entière libération.
Si les titres (actions) sont réguliers en la forme, l’annulation de la société ou d’une émission
d’actions n’entraîne pas la nullité des négociations intervenues avant cette décision. Mais
l’acquéreur peut exercer un recours en garantie contre son vendeur.

Concernant la forme de transmission, il faut faire le départ entre une Société qui ne fait pas
appel public à l’épargne, et celle qui en fait.

Dans le premier cas, si les actions sont nominatives, la transmission se fait par transfert sur les
registres de la société des droits du titulaire d’action ; mais si les actions sont au porteur, la
transmission se fait par simple tradition.

Dans le second cas, la transmission s’opère par virement de compte à compte si les actions
nominatives ou au porteur sont inscrits dans un compte ouvert au nom de leur propriétaire et
tenu soit par la société émettrice, soit par un intermédiaire financier agréé par le Ministre chargé
de l’Economie et des finances. Il faut dire aussi que la transmission peut se faire par les
modalités ci-dessus.

74
Validité des clauses d’agrément

S’il est vrai qu’on part de l’idée selon laquelle la transmission des actions est libre, il ne faut
pas néanmoins perdre de vue le fait que celle-ci est assortie de limites. Ces limites proviennent
des statuts. Ainsi, ceux-ci peuvent prévoir que la transmission à titre gratuit ou onéreux
d’actions à des tiers sera soumise à l’agrément du Conseil d’administration ou de l’A.G.O des
actionnaires. Ces clauses de limitation ne sont valables que si toutes les actions sont
nominatives. De plus, elles ne s’appliquent pas en cas de succession, de liquidation de
communauté des biens entre époux, ou de cession soit à un conjoint, soit à un ascendant ou un
descendant.

Le cédant ne prend pas part au vote lorsque l’agrément est conféré par l’A.G.O et ses actions
ne sont pas prises en compte pour le calcul du quorum et de la majorité. C’est également le cas,
lorsque le cédant est administrateur et que l’agrément est donné par le Conseil d’administration.

Pour se faire agréer et s’il y a une clause d’agrément, le cédant joint à sa demande adressée à la
société par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R.A.R, par télex ou télécopie, les nom,
prénoms, qualité et adresse du cessionnaire proposé, le nombre d’actions dont la transmission
est envisagée et le prix offert. L’agrément est acquis suite à une notification ou suite au défaut
de réponse dans le délai de trois mois à compter de la demande.

Il peut arriver que la société n’agrée pas le cessionnaire proposé et dans ce cas, le Conseil
d’administration ou l’administrateur général selon le cas, doivent demander à un actionnaire ou
un tiers ou à la société, avec le consentement du cédant, d’acheter les actions trois mois à
compter de la notification du refus. Si les parties ne s’entendent pas sur le prix, celui-ci est
déterminé par un expert désigné par le Président de la juridiction compétente, à la demande de
la partie la plus diligente. Si trois mois après la vente n’est pas réalisée, on considère qu’il y a
agrément. Dans le cas toutefois où un expert a été désigné pour fixer le prix, le délai peut être
prolongé sans pour autant excéder 3 mois.

Le nantissement des actions

Convocation d’opposabilité du nantissement

75
A travers le nantissement, l’action est donnée en gage. Pour que le projet de nantissement soit
opposable à la société, il faut qu’il soit agréé soit par le Conseil d’administration, soit par
l’A.G.O. De plus, le projet de nantissement doit être adressé préalablement à la société par lettre
au porteur contre récépissé ou par L.R.A.R par télex ou par télécopie, indiquant les nom,
prénoms et le nombre d’actions devant être nanties.

L’accord d’agrément est porté à la connaissance du créancier dans les mêmes formes que la
demande d’agrément. De même si l’organe chargé d’agréer ne donne pas sa réponse pendant
trois mois à compter de la demande, l’agrément est réputé acquis.
Mais il ne faut pas perdre de vue l’idée selon laquelle si la société donne son consentement à
un projet de nantissement, consentement signifie qu’elle cautionne le cessionnaire en cas de
vente forcée des actions nanties à condition que la société préfère racheter ces actions sans délai
en vue de réduire son capital.

Le législateur OHADA a entendu sanctionner, le défaut de libération des actions. Ainsi, les
actions doivent être libérées au moins du quart de leur valeur à la souscription et le reste dans
un délai maximum de trois ans à compter de la date de souscription. On note en l’espèce une
contradiction avec l’article 389 qui dispose que le surplus des fonds provenant de la libération
de apports en numéraire doit intervenir dans un délai qui ne saurait excéder trois ans à compter
de l’immatriculation au R.C.C.M. Si l’actionnaire ne libère pas le surplus aux époques fixées
par le Conseil d’administration ou l’administrateur général, la société adresse une mise en
demeure à l’actionnaire défaillant par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R.A.R. Si un
mois après la mise en demeure l’actionnaire défaillant ne s’exécute pas, la société peut vendre
les actions de ce dernier. A compter de ce même délai, les actions ne donnent pas droit au vote,
au dividende et au droit préférentiel de souscription.

La vente de ces actions s’effectue en bourse, si les actions sont cotées, et aux enchères publiques
par un agent de change ou un notaire si elles ne le sont pas. Avant cette vente, la société publie
au J.A.L les numéros des actions mises en vente, 30 jours après la mise en demeure. Le débiteur
ou ses codébiteurs sont avisés par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R.A.R contenant
l’indication de la date et du numéro du journal dans lequel la publication a été effectuée. Moins
de quinze jours après l’envoi de la lettre, les actions ne peuvent être vendues. L’actionnaire
défaillant reste débiteur ou profite de la différence et les frais de vente engagés par la société
sont à sa charge. L’actionnaire défaillant, les cessionnaires et les souscripteurs sont

76
solidairement tenus du montant non libéré de l’action et la société peut agir contre eux avant ou
après la vente pour obtenir la somme due et le remboursement des frais exposés. Bien sûr la
personne qui a payé la société peut se retourner contre les titulaires successifs de l’action ; mais
la charge définitive de la dette incombe au dernier d’entre eux.

Pour rembourser les actions, on ne peut procéder par un tirage au sort.

Voyons ensuite les règles propres aux obligations

Nous allons voir d’abord le sens du mot « obligations », ensuite les conditions d’émission des
obligations et enfin le groupement des obligataires.

Aux termes de l’article 779 : « les obligations sont des titres négociables qui dans une même
émission confèrent les même droits de créance pour une même valeur nominale ». A travers
cette définition, on remarque que l’obligation diffère de l’action dans la mesure où cette
dernière fait de son titulaire un membre à part entière de la société ; ce qui n’est pas le cas de
l’obligation qui ne confère qu’un droit de créance. De même, il y a une égalité entre les
obligataires d’une même émission.

Condition d’émission d’obligations

Pour pouvoir émettre des obligations, il faut être une S.A ou un G.I.E constitué sous la forme
de S.A. Ces S.A ou ces G.I.E doivent avoir deux années d’existence et établir deux bilans
régulièrement approuvés par les actionnaires. Autre condition à respecter c’est la libération
entière du capital. Pour assurer l’égalité entre les obligations, il est prévu par l’A.U que
l’émission d’obligations à lots est interdite. C’est l’A.G. d’actionnaires qui a seule qualité pour
décider ou autoriser l’émission d’obligations. Cette possibilité peut être déléguée au Conseil
d’administration ou à l’administrateur général selon le cas. Cette possibilité d’émission
déléguée aux organes dont nous venons de parler doit être exercée en une seule ou plusieurs
fois dans un délai de deux ans. Ces organes précités peuvent être permis d’arrêter les modalités
d’émission des obligations.

Les obligations peuvent être rachetées et remboursées par la société. Dans ce cas, la société doit
les annuler et ne pas les remettre en circulation.

77
Pour défendre leurs intérêts, les porteurs d’obligations d’une même émission sont groupés de
plein droit dans une masse. Celle-ci jouit de la personnalité juridique. Mais la société peut, en
cas d’émissions successives d’obligations et lorsqu’une clause de chaque contrat d’émission le
prévoit, réunir en un groupement unique les porteurs d’obligations ayant des droits identiques.
La masse des obligataires est représentée selon la volonté de l’assemblée générale des
obligataires par un à trois mandataires élus par cette dernière.

Mais qui peut être désigné représentant de la masse d’obligataires ? L’article 787 AUSCGIE
nous en donne la réponse. Il doit s’agir de personnes physiques ou morales qui résident dans
l’Etat partie du lieu du siège social de la société débitrice. De même, ne peut être choisi comme
représentant de la masse : la société débitrice, les sociétés ayant une participation dans la société
débitrice, les sociétés garantes de tout ou partie des engagements de la société débitrice, les
dirigeants sociaux ou les administrateurs de la société débitrice ou d’une société ayant une
participation à son capital, ainsi que les ascendants, descendants ou conjoints, les employés des
sociétés visées ci-dessus, les commissaires aux comptes des sociétés visées, les personnes
auxquelles l’exercice de la profession de banquier est interdite, ou qui sont déchues du droit de
diriger, administrer ou gérer une société à un titre quelconque.

Cette incompatibilité se justifie par l’évitement d’un conflit entre les intérêts de la masse et
ceux du représentant.

S’il y a urgence, les représentants de la masse peuvent être désignés par le Président de la
juridiction compétente à la demande tout intéressé. L’A.G des obligataires peut révoquer les
représentants qui ont pouvoir pour accomplir au nom du groupement et de tous les actionnaires
les actes de gestion pour la défense des intérêts communs des obligataires. L’A.G. des
obligataires peut bien sûr limiter les pouvoirs des représentants. Ces derniers ne peuvent
s’immiscer dans la gestion de la société même s’ils peuvent participer aux A.G d’actionnaires
sans voix délibérative. Ils ont tout de même le droit de se faire communiquer des documents au
même titre que les actionnaires.

Si la société est en difficulté (Redressement judiciaire ou liquidation des biens) les représentants
déclarent la créance des obligataires à savoir le montant des sommes en capital et en intérêts
dues par la société aux obligataires du groupement. S’l y a clôture pour insuffisance d’actif, le

78
représentant du groupement recouvre les droits des obligataires. En tout état de cause, la
rémunération des représentants des obligataires est fixée par l’A.G ou par le contrat d’émission.
Elle est à la charge de la société débitrice. Si aucune rémunération n’est fixée ou si le montant
est contesté, elle est fixée par le Président de la juridiction compétente.

PARAGRAPHE II LES VARIATIONS DU CAPITAL SOCIAL

Nous allons voir successivement les augmentations de capital, la réduction de capital, l’achat
par la société de ses propres actions, l’amortissement de capital. Mais au préalable, examinons
les dispositions générales prévues par l’A.U.S.C.G.I.E.

Aux termes de l’article 562, le capital social est augmenté soit en émettant des actions nouvelles,
soit en majorant le montant du nominal des actions existantes. Les actions nouvelles sont
libérées soit en espèces, soit par compensation avec des créances certaines, liquides et exigibles
sur la société, soit par incorporation de réserves, bénéfices ou primes d’émission, soit par apport
en nature.

La majoration du montant nominal n’est possible que si tous les actionnaires sont de cet avis
sauf s’il s’agit d’augmentation par incorporation de réserves, bénéfices ou primes d’émission.

Qui décide de l’augmentation du capital social ?

Seule l’A.G.E est compétente pour décider de l’augmentation du capital ou autoriser celle-ci.
Elle le fait sur le rapport du Conseil d’administration, de l’administrateur général ou du C.A.C,
le cas échéant. Le rapport du Conseil ou de l’administrateur général contient les informations
utiles sur les motifs de l’augmentation du capital ainsi que la marche des affaires sociales depuis
le début de l’exercice en cours. L’A.G.E peut déléguer le Conseil d’administration ou
l’administrateur général à augmenter le capital et toute clause contraire est réputée non écrite.
En tout état de cause, l’augmentation du capital social doit être réalisée dans le délai de trois
mois à compter de l’assemblée générale qui l’a décidée ou autorisée. Elle est réputée réalisée à
compter du jour où le notaire va établir la déclaration notariée de souscription et de versement.
De même, il ne peut y avoir émission d’actions nouvelles si le capital n’est pas intégralement
libéré. La sanction qui est prévue dans cette situation c’est la nullité absolue et une sanction
pénale (Article 893 AUSCGIE).

79
Si l’augmentation du capital est réalisée par incorporation de réserves, bénéfices ou primes
d’émission, l’A.G.E ne délibère valablement sur première convocation si les actionnaires
présents ou représentés possèdent au moins le quart des actions et sur deuxième convocation,
aucun quorum n’est exigé. L’A.G.E statue à la majorité des voix exprimées.

Les actionnaires doivent être informées de l’émission d’actions nouvelles par avis dont le
contenu est prévu à l’article 598. Cet avis leur est communiqué par lettre au porteur contre
récépissé ou par L.R.A.R. six jours au moins avant la date d’ouverture de la souscription, à la
diligence, selon le cas, des mandataires du Conseil d’administration, de l’administrateur général
ou de toute autre personne mandatée à cet effet. Il faut dire que l’information des actionnaires
lors de l’émission d’actions nouvelles vise à leur permettre d’exercer le droit préférentiel de
souscription.

Le droit préférentiel de souscription est proportionnel au montant des actions et toute clause
contraire est réputée non écrite. Ce droit n’est attribué qu’aux actionnaires anciens parce que
les nouveaux actionnaires vont profiter des bienfaits de la société au même titre qu’eux.

Les actions anciennes peuvent être grevées d’usufruit et dans cette situation le droit préférentiel
et l’attribution des actions nouvelles sont réglées par l’usufruitier et le nu-propriétaire. A défaut,
le droit préférentiel de souscription attaché aux actions anciennes appartient au nu-propriétaire.
Si le nu-propriétaire vend ses droits de souscription, les sommes de la cession ou les biens
acquis en remploi au moyen de ces sommes sont soumis à l’usufruit.
Dans l’hypothèse où le nu-propriétaire néglige d’exercer son droit préférentiel de souscription,
l’usufruitier peut le remplacer pour souscrire aux actions nouvelles ou pour vendre les droits de
souscription. Dans ce cas, le nu-propriétaire peut exiger le remploi des sommes provenant de
la cession. Les biens ainsi acquis sont soumis à l’usufruit. Lorsque le nu-propriétaire n’a ni
souscrit d’actions nouvelles, ni vendu les droits de souscription huit jours au moins avant
l’expiration du délai de souscription accordé aux actionnaires, il est réputé à l’égard de
l’usufruitier avoir négligé d’exercer le droit préférentiel de souscription.

Les actions nouvelles appartiennent au nu-propriétaire pour la nue-propriété et à l’usufruitier


pour l’usufruit. Mais si le versement des fonds est fait par le nu-propriétaire ou par l’usufruitier
pour réaliser ou parfaire une souscription, les actions nouvelles appartiennent au nu-propriétaire

80
ou à l’usufruitier à concurrence des droits de souscription. Le surplus des actions nouvelles
appartient en pleine propriété à celui qui a versé les fonds.

Suppression du droit préférentiel

Le droit de souscription préférentiel peut être supprimé par l’A.G.E en faveur d’un ou plusieurs
bénéficiaires nommément désignés. Cette suppression peut se faire pour la totalité de
l’augmentation de capital ou pour une ou plusieurs tranches de cette augmentation. Ceux qui
bénéficient de cette suppression ne prennent pas part au vote lorsqu’ils sont actionnaires.

Renonciation au droit préférentiel

De même, les actionnaires peuvent renoncer de façon individuelle à leur droit préférentiel de
souscription au profit de personnes dénommées. Ce droit peut également être renoncé sans
indiquer de bénéficiaires. La société doit être informée de cette renonciation par lettre au porteur
ou par L.R.A.R avant la fin du délai d’ouverture de la souscription c’est-à-dire trois mois à
compter de la décision de l’Assemblée qui décide ou autorise cette augmentation.

Le contrat de souscription est constaté par un bulletin de souscription établi en deux


exemplaires, l’un pour la société et l’autre pour le notaire chargé de dresser la déclaration
notariée de souscription et de versement. Ce bulletin est daté et signé par le souscripteur ou son
mandataire qui écrit en toutes lettres le nombre de titres souscrits ; copie de ce bulletin établie
sur papier libre lui est remise. Le contenu de ce bulletin de souscription est prévu à l’article
603. Les actions souscrites en numéraire sont obligatoirement libérées lors de la souscription
d’un ¼ au moins de leur valeur nominale et le cas échéant, de la totalité de la prime d’émission.
Le surplus doit intervenir dans un délai de trois ans à compter de l’augmentation de capital. Les
souscriptions et les versements sont constatés par une D.N.S.V. Pour retirer les fonds provenant
de la souscription en numéraire, il faut que l’augmentation du capital soit réalisée. Celle-ci doit
l’être dans les six mois du dépôt des fonds sinon ceux peuvent être retirés passés ce délai. En
tout état de cause, l’augmentation de capital doit être publiée au J.A.L.

Au-delà de l’augmentation du capital par apport en numéraire, il y a celle par apport en nature
et/ou stipulations d’avantages particuliers. Dans ce cas, les apports en nature doivent être
évalués par un Commissaire aux apports, à la requête du Conseil d’administration ou de

81
l’administrateur général, par le président de la juridiction compétente. Le rapport du
commissaire aux apports est déposé huit (8) jours au moins avant la tenue de l’A.G.E au siège
social et au greffe de la juridiction compétente. Si l’A.G.E approuve l’évaluation des apports et
l’octroi d’avantages, elle constate la réalisation de l’augmentation de capital. En aucun cas,
l’A.G.E ne peut réduire l’évaluation des apports ou la rémunération d’avantages particuliers
sans l’approbation expresse des modifications par les apporteurs, bénéficiaires ou leurs
mandataires.

Modalités de la réduction du capital social

Le capital social peut être réduit. La réduction se fait par diminution de la valeur nominale des
actions ou du nombre des actions. Elle est autorisée ou décidée par l’A.G.E. Celle-ci peut
déléguer cette compétence au Conseil d’administration ou à l’administrateur général. Cette
réduction ne saurait avoir pour objet de rompre l’égalité entre actionnaires sauf consentement
exprès des actionnaires défavorisés.

Quarante cinq jours (45) au moins avant l’A.G.E qui décide ou autorise la réduction du capital,
le projet de réduction est communiqué au C.A.C. Ce dernier présente à l’A.G.E un rapport dans
lequel il fait connaître son appréciation sur les causes et les conditions de la réduction du capital.
Lorsque le Conseil d’administration ou l’administrateur général réalise la réduction du capital
sur délégation de l’A.G.E, il doit en dresser Procès-verbal. Celui-ci est publié et l’on va modifier
les statuts à cette occasion.

Le législateur OHADA a entendu protéger les créanciers lors de la réduction du capital. Mais
il faut faire le distinguo entre la réduction motivée par des pertes et celle qui ne l’est pas. Dans
le premier cas, les créanciers ne peuvent s’opposer à cette réduction. En revanche dans le second
cas, cela est possible mais à la condition que leurs créances soient antérieures au dépôt du P.V
de délibération de l’A.G.E qui a décidé ou autorisé la réduction du capital au greffe du tribunal
compétent en matière commerciale. Les créanciers ont un délai de trente (30) jours à compter
du dépôt au greffe du P.V de la délibération de l’A.G.E. Cette opposition revêt la forme d’un
acte extrajudiciaire et le juge statue sans délai. Il ne peut y avoir réduction durant le délai
d’opposition ou avant que le juge n’ait statué en première instance sur cette opposition. En cas
d’admission de l’opposition, la procédure de réduction du capital est interrompue jusqu’au

82
remboursement des créances ou si la société offre des garanties ou que celles-ci sont jugées
insuffisantes, jusqu’à la constitution de celles-ci.
La réduction doit être publiée au J.A.L.

Achat par la société de ses propres actions

Il arrive que la société achète elle-même ses propres actions qu’elle a émises. On part du
principe selon lequel la souscription ou l’achat par la société de ses propres actions est interdite.
Cet achat ou cette souscription peut se faire par personne interposée. De même, selon l’article
639, la société ne peut avancer des fonds, accorder des prêts ou consentir une sûreté en vue de
la souscription ou l’achat de ses propres actions par un tiers. Mais à ce principe, il y a des
exceptions. En effet, l’A.G.E qui a décidé de la réduction du capital non motivée par des pertes
peut autoriser le Conseil d’administration ou l’administrateur général à acquérir un nombre
déterminé d’actions pour les annuler. Dans ce cas, les fondateurs ou en cas d’augmentation de
capital, les membres du Conseil d’administration doivent libérer les actions souscrites ou
acquises par la société. La sanction qui s’applique c’est la responsabilité solidaire ou indéfinie.
Si les actions sont souscrites par un mandataire de la société, celui est responsable solidairement
avec les fondateurs et les membres du conseil d’administration.

Autre exception au principe c’est la possibilité pour l’A.G.E d’autoriser le Conseil


d’administration ou l’administrateur général à acquérir un nombre déterminé d’actions pour les
attribuer aux salariés de la société. Dans ce cas, la société ne peut posséder directement ou par
personne interposée plus de dix pour cent (10%) du total de ses propres actions. De même, les
actions doivent être conservées sous la forme nominative, l’acquisition d’actions de la société
ne saurait avoir pour effet d’abaisser les capitaux propres à un montant inférieur à celui du
capital augmenté des réserves non distribuables (légales ou statutaires), les actions possédées
par la société ne donnent pas droit aux dividendes.
Une dernière exception consiste en la transmission de patrimoine à titre universel ou encore à
la suite d’une décision de justice. Mais les actions doivent être cédées dans un délai de deux (2)
ans à compter de leur souscription ou de leur acquisition sinon, passé ce délai, elles doivent être
annulées.

La société ne peut pas prendre en gage ses propres actions, directement ou par personne
interposée. Dans cette hypothèse, elle doit les restituer à leur propriétaire dans un délai d’un an.

83
Cette restitution peut avoir lieu dans un délai de deux ans lorsque le transfert du gage à la société
résulte d’une transmission de patrimoine à titre universel ou d’une décision de justice sinon le
contrat de gage est nul de plein droit.

Il faut dire que la société peut acheter ses propres actions en vue de les annuler, de réduire son
capital ou de faciliter une augmentation de capital, une fusion ou une scission. Pour cela, elle
doit insérer un avis dans un J.A.L. Si les actions qu’on souhaite vendre sont supérieures aux
actions à acheter, chaque actionnaire doit réduire ses actions. Mais si les actions qu’on veut
vendre sont inférieures à celles à acheter, le capital social est réduit à due concurrence des
actions achetées.
Lorsque les actions sont grevées d’usufruit, l’offre d’achat doit être faite au nu-propriétaire.
Mais le rachat n’est définitif que si l’usufruitier a donné son consentement à l’opération. Le
prix de rachat des actions est réparti entre usufruitier et nu-propriétaire à concurrence de leurs
droits respectifs, sauf clause contraire. Les actions rachetées par la société doivent être annulées
quinze jours après le délai pendant lequel l’offre est maintenue (Ce délai ne peut être inférieur
à 30 jours).

L’amortissement du capital. Aux termes de l’article 651 l’amortissement du capital est


l’opération par laquelle la société rembourse aux actionnaires tout ou partie du montant nominal
de leurs actions, à titre d’avance sur le produit de la liquidation future de la société. Qui décide
de l’amortissement du capital ? C’est l’A.G.O lorsque cela est prévu dans les statuts. En cas de
silence de ceux-ci, c’est l’A.G.E. Les actions peuvent être amorties partiellement ou
intégralement. Les sommes utilisées pour rembourser les actionnaires ne peuvent être prélevées
ni sur les réserves légales ou statutaires. De même, le remboursement ne peut avoir pour effet
de réduire les capitaux propres à un montant inférieur au montant du capital social augmenté
des réserves non distribuables. Les actions partiellement ou entièrement amorties conservent
tous leurs droits sauf le droit au premier dividende et au remboursement du nominal.

Variation des capitaux propres

A l’instar de ce qui se passe dans les SARL, dans les S.A, les capitaux propres peuvent varier.
Ainsi, si du fait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres
sont inférieurs à la moitié du capital social, le Conseil d’administration ou l’administrateur
général doit convoquer l’A.G.E pour décider de la dissolution anticipée ou pas. Cette

84
convocation se fait dans le délai de quatre mois (deux mois dans les SARL) suivant
l’approbation des comptes. A défaut de dissolution prononcée, la société est tenue de réduire
son capital d’un montant au moins égal à celui des pertes qui n’ont pu être imputées sur les
réserves si, dans ce délai, les capitaux propres n’ont pas été reconstitués à concurrence d’une
valeur au moins égale à la moitié du capital social. Cette réduction doit se faire au plus tard à
la clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est
intervenue.

Si l’A.G.E ne se réunit pas, ou si elle n’a pu délibérer valablement sur dernière convocation,
tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société. C’est le cas si la réduction
n’est pas intervenue dans les délais prévus ou si les capitaux propres n’ont pu être reconstitués.
Il faut dire que le juge peut accorder un délai maximal de six (6) mois pour régulariser la
situation.

PARAGRAPHE III LA RESTRUCTURATION DE LA SOCIETE ANONYME

Il s’agit de la fusion, scission et transformation de la S.A.

Fusion. La fusion est décidée par l’A.G.E de chacune des sociétés qui participent à l’opération.
La fusion est soumise à la ratification des assemblées spéciales d’actionnaires. Le Conseil
d’administration de chacune des sociétés qui fusionnent établit un rapport mis à la disposition
des actionnaires. Un ou plusieurs commissionnaires à la fusion établissent un rapport écrit sur
les modalités de la fusion. Ce ou ces commissaires sont désignés par le juge.
Toute société qui participe à la fusion doit mettre à la disposition des actionnaires quinze jours
au moins avant la date de l’A.G, le projet de fusion, les états financiers de synthèse etc. Le
projet de fusion est soumis aux assemblées d’obligataires des sociétés absorbées.
La société absorbante est débitrice des créanciers non obligataires de la société absorbée aux
lieu et place de celle-ci, sans que cette substitution emporte novation. Les créanciers non
obligataires des sociétés participant à l’opération de fusion, y compris les bailleurs de locaux
loués aux sociétés apportées, et dont la créance est antérieure à la publicité donnée au projet de
fusion peuvent s’opposer à la fusion. Le juge peut rejeter ou ordonner soit le remboursement
des créances, soit la constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées
suffisantes. Tant que le remboursement des créances ou la constitution de garanties ordonnées

85
n’aura pas été faite, la fusion est inopposable aux créanciers non obligataires. L’opposition ne
constitue pas un obstacle à la poursuite de l’opération de fusion.

Scission. Les règles sus énoncées s’appliquent à la scission. Le projet de scission est soumis
aux A.G d’obligataires de la société scindée. En lieu et place de la société scindée, les sociétés
bénéficiaires de la scission sont débitrices solidaires des obligataires et des créanciers non
obligataires de la société scindée.

Transformation. La société peut se transformer en une société autre. Mais pour cela, il y a des
conditions à respecter : au moment de sa transformation, la S.A doit être constituée depuis au
moins deux ans et doit établir et faire approuver par les actionnaires le bilan de ses deux
premiers exercices. De plus, la décision de transformation est prise sur le rapport du C.A.C. Ces
règles ne s’appliquent pas lorsque la S.A se mue en SNC. Ici la transformée est décidée à
l’unanimité des actionnaires.

Si la S.A se mue en S.A.R.L, c’est l’A.G.E qui en décide. La transformation de la S.A en toute
autre forme est soumise à publicité au J.A.L.

NB : On ne saurait terminer cette étude sur les SA sans faire allusion à celles qui font appel
public à l’épargne. En effet, le législateur OHADA ne donne aucune définition de la société qui
fait appel public à l’épargne. Il utilise plutôt des critères. Ainsi, sont réputées faire appel public
à l’épargne :

-les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d’un Etat partie, à dater de
l’inscription de ces titres ;

-les sociétés qui, pour offrir au public d’un Etat partie des titres, quels qu’ils soient, ont recours
soit à des établissements de crédit ou agents de change, soit à des procédés de publicité
quelconque, soit au démarchage.

Il y a également appel public, dès lors qu’il y a diffusion des titres au-delà d’un cercle de cent
(100). Pour l’appréciation de ce chiffre, chaque société ou organisme de placement collectif en
valeurs mobilières constitue une entité unique.

86
Une société qui n’y est pas autorisée, ne peut faire appel public à l’épargne. Le législateur
OHADA définit ce qu’on entend par offre de titres. Ainsi aux termes de l’article 83, l’offre de
titres s’entend du placement de titres dans le cadre soit d’une émission soit d’une cession.

Lorsqu’une société dont le siège social se trouve dans un Etat partie fait appel public à l’épargne
dans un autre Etat partie d’un montant dépassant 50.000.000, un ou plusieurs établissements de
crédit de cet autre Etat partie doivent garantir la bonne fin de l’opération. En tout cas, la société
doit rechercher activement cet ou ces établissements financiers. Et si le montant global de
l’opération dépasse 50.000.000, elle désigne un ou plusieurs C.A.C sur la liste des C.A.C de cet
autre Etat partie. Ce C.A.C signe le document d’information qui comme son nom l’indique est
destiné à informer le public et porte sur l’organisation, la situation financière, l’activité et les
perspectives de l’émetteur ainsi que les droits attachés aux titres offerts au public.

Le capital minimum de la S.A qui fait appel public à l’épargne est de 100.000.000 de francs
(C’est également le cas lorsque les titres de la société sont inscrits à la bourse des valeurs). Ce
capital ne peut être inférieur au montant prévu sinon, la société doit être transformée en société
d’une autre forme. En tout état de cause, lorsque ces règles ne sont pas appliquées, la société
peut être dissoute à la demande de tout intéressé.
Il faut dire que lorsque le S.A fait appel public à l’épargne pour le placement de ses titres dans
un ou plusieurs Etats parties, elle est obligatoirement dotée d’un Conseil d’administration (c’est
le cas lorsque la S.A inscrits ses titres à la bourse des valeurs). Celui est composé d’au moins
trois membres et au plus 15 lorsque les actions de la société sont admises à la bourse de valeurs.
Mais en cas de fusion qui implique une société d’un Etat partie dont les titres sont admis à la
bourse, le nombre de quinze peut être revu à la hausse sans pouvoir dépasser 24.

87
CHAPITRE III : La société par actions simplifiées (SAS)

La société par actions simplifiées est une société commerciale par la forme et quelque soit son
objet (Article 853-1 nouveau de l’acte uniforme).
Il s’agit d’une innovation ; elle est définie par l’article 853-1 nouveau AUSC qui précise que
« La société par actions simplifiées est une société par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnent de la société sous réserve des règles
impératives du présent livre. Les associés de la société par actions simplifiées ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont
représentés par des actions ».
Lorsque cette société ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée « associé
unique ». L’associé unique exerce les pouvoirs dévolus aux associés lorsque le présent livre
prévoit à une prise de décision collective.

Les éléments caractéristiques


Il ressort de la définition SAS contenue dans l’Acte uniforme (article 853-1) que la SARL se
caractérise généralement par un certain nombre d’éléments que sont :

-La responsabilité limitée aux apports ;


-Un ou plusieurs associés ;
-Nécessité de rédiger des statuts avec soin ;
-Dénomination sociale suivie en caractère lisible ;
-La SAS ne peut pas faire appel public à l’épargne ;
-Passible d’exclure un actionnaire ;
-Les statuts de la société peuvent prévoir l’inaliénabilité des actions ou des valeurs mobilières
donnant accès au capital pour une durée n’excédant pas dix (10).
-Les statuts peuvent, dans les conditions qu’ils déterminent, soumettre toute cession d’actions
ou de valeurs mobilières donnant accès au capital à l’agrément préalable de la société et à un
droit de préemption ;
-Les statuts peuvent prévoir également la cession forcée des actions d’un actionnaire.
NB : Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixé par les
statatus.

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CHAPITRE IV : SOCIETE EN NOM COLLECTIF ET SOCIETE EN COMMANDITE
SIMPLE
Vu que la Société en nom Collectif (S.N.C) ou la Société en commandite (S.C.S) ont quasiment
le même régime juridique, nous allons les étudier ensemble.

Il faut étudier successivement la constitution, le fonctionnement et la disparution de la S.N.C et


la S.C.S.

SECTION I LA CONSTITUTION DE LA SNC ET SCS

Concernant la constitution de la SNC et SCS, il faut préciser que le législateur OHADA a prévu
des dispositions générales applicables aux dites sociétés.
Les dispositions générales applicables à la SNC sont relatives à sa définition, à la possibilité
pour les créanciers sociaux de poursuivre les associés, au capital social et à la cession des parts
sociales. Ainsi donc, la SNC est la société dans laquelle tous les associés sont commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales. La SNC a une dénomination
sociale précédée ou suivie en caractères lisibles des mots « Société en Nom collectif » ou
« SNC ».

Les créanciers sociaux peuvent poursuivre les associés pour le paiement des dettes sociales
mais à la condition qu’ils le fassent 60 jours au moins après mise en demeure vaine de la société.
Ce délai peut être prorogé par ordonnance du Président de la juridiction sans pour autant qu’il
dépasse 30 jours.
Le capital social de la S.N.C est divisé en parts sociales de même valeur nominale.
Contrairement aux SARL ou SA, où le législateur OHADA a fixé le minimum du capital social,
dans la SNC, aucun minimum n’est exigé mais les associés doivent être au moins de deux parce
qu’il ne peut y avoir une SNC unipersonnelle.

La cession des parts sociales ne peut se faire dans la SNC qu’à l’unanimité et toute clause
contraire est réputée non écrite. De plus, le législateur a pris le soin de préciser qu’à défaut

89
d’unanimité, il ne peut y avoir de cession. Toutefois les statuts peuvent prévoir une procédure
de rachat ayant pour but de permettre le retrait de l’associé cédant de la société. Cette cession
respecte un certain formalisme puisqu’elle doit être matérialisée par un écrit ; de plus elle doit
être opposable à la société et aux tiers. Pour l’opposabilité de la cession à la société, il faut lui
signifier l’acte de cession par acte extrajudiciaire ou que celle-ci accepte la cession par acte
authentique ou enfin que l’original de l’acte de cession soit déposé au siège de la société contre
remise par le gérant d’une attestation de dépôt.

Pour l’opposabilité aux tiers, en plus des conditions précitées, il faut publier l’acte de cession
au R.C.C.M.

Les dispositions générales applicables au SCS sont elles relatives à la définition, à la


dénomination sociale, au contenu des statuts et à la cession des parts sociales. Aux termes de
l’article 293, la S.N.C est celle dans laquelle, il y a des associés commandités et des associés
commanditaires. Les commandités sont tous des commerçants ; ce qui n’est pas le cas des
associés commanditaires. Le capital social de la SCS est divisé en parts sociales. Là également,
aucun minimum n’est exigé.
Le nom de la SCS est précédé ou suivi en caractères lisibles des mots « Société en Commandite
Simple » ou « SCS ». En aucun cas, le nom d’un commanditaire ne doit figurer dans la
dénomination sociale sinon ce dernier sera indéfiniment et solidairement responsable des dettes
sociales.

En plus des dispositions prévues à l’article 13, les statuts de la SCS doivent contenir le montant
et la valeur des apports de tous les associés, la part dans ce montant ou cette volonté de chaque
associé commandité ou commanditaire, la part globale des associés commandités et la part de
chaque associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et dans le boni de liquidation.
En principe, les parts sociales ne peuvent être cédées qu’avec le consentement unanime des
associés. Mais les statuts peuvent stipuler que la vente des parts sociales entre associés
commanditaires peut se faire librement ou qu’elles peuvent être cédées à des tiers avec le
consentement de tous les associés commandités et de la majorité en nombre et en capital des
associés commanditaires ou enfin qu’un associé commandité peut céder ses parts à un autre
associé commanditaire ou à un tiers avec le consentement de tous les associés commandités et
à la majorité en nombre ou en capital des associés commanditaires.

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Relativement à l’opposabilité de la cession à la société et aux tiers ce sont les règles applicables
à la SNC qui prévalent.

SECTION II LE FONCTIONNEMENT DE LA SNC ET DE LA SCS

Dans cette partie, il faut parler du statut des dirigeants et de la situation des associés. Pour les
SNC, nous ferons cas de la nomination, des pouvoirs, de la rémunération et de la révocation du
gérant.

Le gérant peut être nommé dans les statuts ou dans un acte postérieur. Il peut être associé ou
non, personne physique ou morale. Si les statuts n’organisent pas la gérance, tous les associés
sont gérants.

Dans ses rapports avec les associés et si les statuts ne déterminent pas ses pouvoirs, le gérant
est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir dans l’intérêt de la société. S’il y a plusieurs
gérants, chacun a les mêmes pouvoirs que s’il était seul. Seulement, il peut s’opposer aux actes
que l’un des gérants veut conclure sans que cette opposition ne soit opposable aux tiers de bonne
foi.

Dans ses rapports avec les tiers, le gérant n’engage la société que pour les actes entrant dans les
limites de l’objet social. Les clauses statutaires qui limitent les pouvoirs des gérants sont
inopposables aux tiers.

La rémunération du gérant est fixée par les associés à la majorité en nombre et en capital ; sauf
si les statuts ou si une délibération en décide autrement. S’il s’agit d’un gérant associé, la
rémunération est fixée par la majorité des associés en nombre et en capital.

Le gérant peut être révoqué et là, il faut faire la distinction entre la situation où tous les associés
sont gérants, où le gérant associé est statutaire et où le gérant n’est pas statutaire, qu’il soit
associé ou non.

Si tous les associés sont gérants, la révocation ne peut être décidée qu’à l’unanimité. Il en est
de même si le gérant associé est statutaire. Cette révocation n’est pas sans conséquence. Ainsi,

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elle entraînera la dissolution de la société sauf s’il y a une clause de continuation prévue dans
les statuts ou si les autres associés en décident ainsi à l’unanimité.

Si le gérant associé n’est pas statutaire, la décision de révocation est prise à la majorité en
nombre et en capital des autres associés. Il en est de même si le gérant n’est pas statutaire qu’il
soit associé ou non.

Il faut préciser que le législateur OHADA a entendu protéger le gérant associé d’abord en
ensuite le gérant tout court, quelque soit son statut.

Ainsi, le gérant associé révoqué peut prendre la décision de se retirer en demandant qu’on lui
rembourse ses droits sociaux. Si les parties ne sont pas tombées d’accord sur la valeur des droits
sociaux, le juge des référés va désigner un expert pour qu’il se prononce sur ce désaccord.

De toute façon, quelque soit son statut, le gérant révoqué sans justes motifs peut prétendre à des
dommages et intérêts. Ces dispositions dont nous venons de parler s’appliquent aux gérants
d’une S.C.S. Par rapport à cette société, il faut dire que si les statuts ne décident pas autrement,
elle est gérée par tous les associés commandités. Le ou les gérants sont statutaires ou pas. En
outre, les associés commanditaires ne peuvent sous aucun prétexte faire un acte de gestion
externe, même s’ils y ont été recommandés par procuration. La sanction qui s’impose c’est la
responsabilité indéfinie et solidaire avec les commandités.

Au-delà du statut des dirigeants, examinons la situation des associés.

Ce qu’il y a lieu de dire par rapport aux associés c’est le droit de prendre des décisions et de
contrôler la société. Ainsi, lorsque les décisions excèdent les pouvoirs du gérant soit parce
qu’elles excèdent l’objet social ou les clauses statutaires, elles doivent être prises à l’unanimité
des associés.

Les décisions peuvent être prises en assemblée ou par consultation écrite dans l’hypothèse où
un des associés n’a pas demandé la tenue d’une assemblée. On remarque donc que la prise de
décision en assemblées est privilégiée par rapport à la consultation dont les modalités, le
quorum et la majorité sont fixés par les statuts.

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C’est le gérant ou l’un des gérants qui convoquent l’A.G. au moins quinze jours avant sa tenue.
La convocation est faite par lettre au porteur contre récépissé ou par L.R.A.R. L’avis de
convocation indique la date, le lieu de réunion et l’ordre du jour. La sanction de l’irrégularité
de la convocation de l’assemblée demeure la nullité de celle-ci. Mais celle-ci est couverte si
tous les associés sont présents ou représentés. Le P.V doit être signé par chaque associé présent.
En cas de consultation écrite, la réponse de chaque associé est annexée au P.V qui est signé par
les gérants.

Dans les six (6) mois de la clôture de l’exercice, il doit se tenir une A.G.O.A. Celle-ci se
prononce sur le rapport de gestion, l’inventaire et les états financiers de synthèse établis par les
gérants, le texte des résolutions, le cas échéant le rapport du C.A.C. Tous ces documents doivent
être mis à la disposition des associés quinze jours au moins avant la tenue de l’assemblée. Toute
délibération prise en violation de cette règle peut être nulle. Les délibérations sont faites par la
majorité des associés représentant la moitie du capital. L’assemblée est présidée par l’associé
représentant par lui-même ou comme mandataire le plus grand nombre de parts sociales et toute
clause contraire aux développements ci-dessus est réputée non écrite.

Les associés ont le droit deux fois par an de consulter au siège de la société tous les documents
et pièces comptables ainsi que les P.V des délibérations et décisions collectives. Pour cela, ils
doivent avertir les gérant quinze (15) jours au moins de cette intention. Ils peuvent se faire
assister par un expert-comptable ou C.A.C.

SECTION III LA DISPARITION DE LA SNC ET LA SCS

Relativement à la SNC, il faut dire qu’elle prend fin de deux manières : par le décès d’un associé
d’une part, et par le biais d’un jugement.

Puisque l’intuitu personae est très important dans la SNC, il va de soi que si un associé meurt,
la société ne puisse lui survivre ; Mais rien n’empêche les associés de prévoir dans les statuts
que la société continuera soit entre les associés survivants, soit entre les associés survivants et
les héritiers ou successeurs de l’associé avec ou sans agrément des associés survivants.

Les associés survivants ont une obligation à assumer à savoir racheter aux héritiers ou
successeurs de l’associé décédé ou à ceux qui n’ont as été agréés, leurs parts sociales dans

93
l’hypothèse où il est mentionné dans les statuts que la société continuera uniquement avec les
associés survivants, ou si ces derniers n’agréent pas les héritiers ou successeurs de l’associé
décédé ou s’ils n’agréent que certains d’entre eux.
Si les associés survivants continuent avec les héritiers ou successeurs de l’associé décédé
mineurs non émancipés, ces derniers ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence
des parts de la succession de leur auteur. De plus, la société doit être transformée en SCS où le
mineur devient commanditaire dans un délai d’un an à compter du décès sinon elle est dissoute.
Cette transformation obligatoire de la SNC en SCS se justifie par le fait qu’un mineur non
émancipé ne peut être associé d’une SNC puisse que tous les associés sont commerçants. Or
seuls les mineurs émancipés peuvent être commerçants.

La SNC prend fin également lorsqu’un jugement de liquidation des biens ou de faillite est
prononcé contre un associé. Il en est de même si des mesures d’incapacité ou d’interdiction
d’exercer une activité commerciale sont prononcées à l’égard d’un associé. Ces règles peuvent
être remises en cause si les statuts prévoient la continuation ou que les autres associés ne le
décident à l’unanimité.

Dans les cas de refus d’agrément des héritiers et successeurs ou de retrait d’un associé (cession
de parts sociales), la valeur des droits sociaux à rembourser aux intéressés est fixée par les
parties, à défaut, par un expert. Dans le cas où les associés doivent racheter les parts sociales,
ils sont indéfiniment et solidairement responsables.

Relativement à la SCS, même si un associé commanditaire meurt, la société continue. Cela se


justifie par le fait que la personne des commanditaires n’est pas importante. S’il est prévu dans
les statuts que malgré le décès d’un commandité la société continue avec ses héritiers, ces
derniers doivent être des associés commanditaires s’ils sont mineurs non émancipés.

Si dans la SCS composée d’un seul commandité ce dernier décède et si ces héritiers sont des
mineurs non émancipés, il faut faire le choix entre son remplacement par un autre commandité
soit la transformation de la SCS dans un délai d’un an à compter du décès sinon la société est
dissoute de plein droit.

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