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L’Etat et l’Internet

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Chronologie
Dossier mis à jour le 11.09.2012
Article mis à jour le 11.09.2012
Sommaire

 Développement de la société de l’information


 Quelle régulation de l’Internet ?

A partir de la publication du rapport de Gérard Théry sur les autoroutes de l’information en


1994, les pouvoirs publics mettent l’accent sur le développement de la société de
l’information et la réduction de la fracture numérique en France tout en se saisissant de
questions relatives à la régulation de cet espace. L’activité réglementaire et législative
s’intensifie dans les années 2000 autour des questions d’encadrement du commerce
électronique, de reconnaissance de la signature électronique, de protection des droits
d’auteur, de lutte contre le piratage des œuvres et contre la cybercriminalité. Avec
l’accroissement du trafic sur Internet et le développement de ses usages, c’est aussi la
question de la neutralité de l’Internet, c’est-à-dire la garantie de l’acheminement des
informations sans discrimination, qui est désormais posée.

Développement de la société de l’information


27 octobre 1994. Parution du rapport au Premier ministre de Gérard Théry sur les
« Autoroutes de l’information ».
24 avril 1996. A Bologne (Italie) lors d’une réunion du Conseil informel des ministres
européens des télécommunications, François Fillon, ministre des télécommunications et de la
poste, propose d’engager des travaux en vue d’une "convention internationale" sur la
"déontologie" du réseau Internet.
23 - 26 juillet 1996. Promulgation de la loi de réglementation des télécommunications (JO du
27). Le Conseil constitutionnel censure l’article qui déléguait au Conseil supérieur de
l’audiovisuel (CSA) et au Comité supérieur de la télématique (CST) le pouvoir de
"recommandation" concernant le contenu d’Internet.
27 septembre 1996. Publication par le Commissariat général du Plan d’un rapport sur "Les
réseaux de la société de l’information", qui montre la faiblesse du taux d’équipement des
ménages français en matière de connexion aux réseaux et prévoit une multitude de réseaux
plutôt qu’une seule grande autoroute de l’information.
6 novembre 1996. Publication d’un rapport sur "Internet, les enjeux pour la France", rédigé
par l’Association française de la télématique multimédia (AFTEL), estimant que la position
de la France, en nombre d’ordinateurs connectés, est "moyenne", et préconisant notamment
une baisse des tarifs des télécommunications, ainsi que des mesures incitant au
développement du courrier électronique.
17 novembre 1997. Claude Allègre, ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la
technologie, et Ségolène Royal, ministre délégué à l’enseignement scolaire, présentent un
plan d’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication
(NTIC) dans l’enseignement.
27 novembre 1997. Publication d’une étude de l’AFTEL, qui montre que la France compte
un million d’utilisateurs d’Internet (dont 750 000 entreprises), 20% des PME françaises étant
connectées.
16 janvier 1998. Comité interministériel sur le « Programme d’action gouvernementale pour
préparer l’entrée de la France dans la société de l’information » (PAGSI) qui décide de six
chantiers prioritaires (enseignement, politique culturelle, commerce électronique, innovation
industrielle et « régulation efficace pour les nouveaux réseaux d’information ») et augmente
les dotations du fonds destiné à accélérer l’usage des nouvelles technologies de l’information
dans l’enseignement.
8 avril 1998. Rapport de René Trégouët sur les nouvelles technologies de l’information et de
la communication, qui souligne l’importance des "réseaux de savoirs" dans "la société de
l’information", appelle à la fin du "centralisme" et des "cloisonnements hiérarchiques" et
recommande l’adoption de mesures volontaristes pour équiper et former les Français, en
retard sur les autres pays occidentaux.
27 août 1998. Création par le gouvernement d’une "Mission interministérielle de soutien
technique pour le développement des technologies de l’information et de la communication
dans l’administration".
8 septembre 1998. Publication du rapport du Conseil d’Etat sur "Les questions d’ordre
juridique posées par le développement d’Internet" : invitation à un assouplissement de la
législation française sur le cryptage et à la création d’une "Cellule interministérielle pour la
criminalité de haute technologie", la mise en place d’un droit spécifique à Internet étant jugée
inutile.
19 janvier 1999. Comité interministériel consacré à la société de l’information et au
lancement de la deuxième phase de l’action gouvernementale pour le développement
d’Internet (1999-2000) : annonce notamment de l’accélération de l’utilisation des nouvelles
technologies dans l’administration, de la généralisation des nouveaux outils de service au
citoyen et à l’entreprise, de la libéralisation prochaine et complète dans l’utilisation de la
cryptologie et de la généralisation de l’accès gratuit à Internet pour les demandeurs d’emploi.
31 mai 1999. Communiqué de Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’économie, des finances
et de l’industrie, et Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’industrie, annonçant l’homologation
du forfait de connexion à Internet de 100 francs pour 20 heures de communication proposé
par France Télécom, "dans le respect des conditions indiquées par l’Autorité de régulation des
télécommunication (ART)", et demandant notamment à France Télécom de proposer le forfait
à tous les abonnés ; la France devient l’un des pays de l’UE les moins chers pour la connexion
à Internet.
18 juin 1999. Présentation devant la presse du rapport "Développement technique de
l’internet" de Jean-François Abramatic, président de W3C, demandé par Christian Pierret :
constat de l’aggravation du retard de la France dans le développement d’Internet mais
possibilité d’un rattrapage en cinq ans ; proposition d’une réglementation spécifique, d’un
développement des infrastructures, d’investissements publics sélectifs et d’un rôle de
médiation plus que de régulation dévolu à l’Etat.
7 juillet 1999. Publication du rapport annuel de la CNIL : augmentation de 14 % des plaintes
entre 1997 et 1998, et de 48 % en cinq ans ; multiplication des "traces informatiques"
individuelles en raison de la constitution, par les entreprises, de "mégabases" de données et du
développement d’Internet.
1er septembre 1999. Présentation, en Conseil des ministres, d’un projet de loi portant
adaptation du droit de la preuve aux technologies de l’information et relatif à la signature
électronique.

Quelle régulation de l’Internet ?


5 octobre 1999. Le gouvernement publie un document d’orientation intitulé " Une société de
l’information pour tous " et lance une consultation publique sur la législation d’Internet.
13 mars 2000. Loi portant adaptation du droit de la preuve aux technologies de l’information
et relative à la signature électronique. C’est la transposition en droit français d’une directive
européenne du 13 décembre 1999 qui consacre la valeur légale de la signature électronique.
17 mars 2000. Lors de la Fête de l’Internet, dans un message sur le site Internet de l’Elysée,
Jacques Chirac, président de la République, salue l’essor de la nouvelle économie, tout en
s’inquiétant du risque de "fossé numérique" qui pourrait menacer la cohésion sociale.
15 mai 2000. Publication au Journal officiel d’un décret portant création d’un Office central
de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication.
29 juin 2000. Publication du rapport de Christian Paul, « Du droit et des libertés sur Internet »
proposant la création d’un organisme de corégulation (un forum des droits sur l’Internet) avec
des domaines d’intervention privilégiés sur les contenus illicites et préjudiciables, la
protection des libertés, du consommateur, de la concurrence, sur la propriété intellectuelle.
1er août 2000. Promulgation de la loi relative à la liberté de communication (JO du 2). Le
Conseil constitutionnel censure plusieurs dispositions, dont celle sur le pouvoir de "sanction
automatique" du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et celle sur la responsabilité des
hébergeurs de sites Internet.
2 novembre 2000. Jugement du tribunal correctionnel de Paris qui reconnaît pour la première
fois la confidentialité des e-mails.
11 avril 2001. Installation par Lionel Jospin, Premier ministre, du Conseil stratégique des
technologies de l’information (CSTI), réunissant des acteurs privés et publics chargés de
contribuer au développement d’Internet.
13 juin 2001. Présentation, en Conseil des ministres, d’un projet de loi sur la société de
l’information qui transpose la directive européenne du 8 juin 2000 sur le commerce
électronique et vise à promouvoir la confiance dans les échanges électroniques ainsi que la
démocratisation de l’usage d’Internet : obligation pour l’administration de diffuser
gratuitement les données publiques essentielles, clarification du cadre juridique applicable au
commerce électronique, renforcement des moyens de lutte contre la cybercriminalité.
2 octobre 2001. Arrêt de la Cour de cassation estimant que le principe du respect de l’intimité
de la vie privée interdit aux employeurs de lire les messages électroniques personnels émis ou
reçus par les salariés sur leur lieu de travail.
12 novembre 2002. Présentation par Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, d’un plan pour
une "République numérique dans la société de l’information" : encourager l’acquisition ou
l’utilisation de l’outil informatique d’ici à 2007, avec pour objectif la présence d’un
ordinateur dans chaque foyer ayant des enfants scolarisés et la connexion à Internet de toutes
les entreprises ; favoriser l’utilisation des technologies de l’information dans les
administrations et dans l’Education nationale (il souhaite un ordinateur pour 3 élèves dans les
collèges ou lycées et un ordinateur pour 2 étudiants à l’Université).
15 janvier 2003. Présentation en Conseil des ministres d’un projet de loi pour la confiance
dans l’économie numérique qui définit notamment les règles du commerce électronique.
12 novembre 2003. Présentation, en Conseil des ministres, par Jean-Jacques Aillagon,
ministre de la culture et de la communication, d’un projet de loi sur le droit d’auteur et les
droits voisins dans la société de l’information, qui transpose la directive européenne du 22
mai 2001 sur le droit d’auteur : il s’agit de protéger les auteurs contre les risques de copie et
de contrefaçon sur Internet, à l’exception de la copie privée ; de faciliter l’accès des personnes
handicapées aux œuvres numériques ; de moderniser le dépôt légal ; de créer un collège de
médiateurs pour régler les litiges .
10 - 12 décembre 2003. Le 10, à Genève, lors du Premier Sommet mondial sur la société de
l’information (SMSI) organisé, à la demande de l’ONU, par l’Union internationale des
télécommunications (IUT) et associant des représentants des États, des chefs d’entreprise et
des responsables d’organisations non gouvernementales (ONG), le Premier ministre, Jean-
Pierre Raffarin, plaide pour un " code universel " de réglementation de l’Internet élaboré par
l’ONU. Le 12, adoption d’un plan d’action pour résorber la " fracture numérique " entre le
Nord et le Sud.
21 juin 2004. Promulgation de la loi pour la confiance dans l’économie numérique, qui
définit le droit d’Internet et la sécurité des transactions électroniques, fixe les responsabilités
pour les hébergeurs de sites, notamment l’obligation de vigilance sur les contenus, et
réglemente le commerce électronique.
28 juin 2004. La Société civile des producteurs phonographiques (SCPP), qui représente les
majors du disque en France, porte plainte contre une vingtaine d’internautes pratiquant le pair
à pair (peer-to-peer), délit passible de 3 ans de prison et de 300 000 euros d’amende.
28 juillet 2004. Après plusieurs réunions de concertation organisées par le ministre de
l’économie, des finances et de l’industrie et le ministre de la culture et de la communication
avec les représentants des auteurs, compositeurs, producteurs et interprètes, industriels du
logiciel, fournisseurs d’accès à Internet, associations de consommateurs, et après les
propositions des syndicats des producteurs phonographiques et des fournisseurs d’accès à
internet, signature d’une charte d’engagements pour " le développement de l’offre légale de
musique en ligne, de respect de la propriété intellectuelle et de lutte contre la piraterie
numérique ".
6 août 2004. Révision de la loi Informatique et libertés en France, qui renforce notamment la
sécurité des personnes, transposant ainsi la directive européenne du 24 octobre 1995. Le
nouveau texte prend en compte les risques liés à l’utilisation des nouvelles technologies dans
le cadre du traitement, de l’échange et de la circulation des données.
23 - 26 août 2004. L’Université d’été de la Communication, à Hourtin (Gironde), est
consacrée au thème du " territoire " : débats sur les enjeux de l’accès à Internet haut débit et la
couverture du territoire en téléphonie mobile, sur le lancement pour 2007 - 2008, d’un plan
d’équipement des enseignants et des élèves en matériel informatique (coût : 150 millions
d’euros, hors personnel) et sur le traitement de l’information par les médias.
28 septembre 2004. Conférence de presse de François Fillon, ministre de l’éducation
nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui lance une opération visant à
favoriser l’équipement des étudiants en ordinateurs portables équipés d’une liaison Internet
sans fil (Wi-Fi) pour 1 euro par jour et présente un budget de l’enseignement supérieur pour
2005 en hausse de 3 % par rapport à 2004 (1000 créations d’emplois prévues).
16 mars 2005. Le président de la République préconise une numérisation européenne des
grandes bibliothèques pour concurrencer le projet Google de numériser 15 millions de livres
d’ici 2015.
1er avril 2005. Lancement, à Paris, du projet européen " Michael ", réunissant la France, le
Royaume-Uni, l’Italie, la Commission européenne et des représentants des pays européens :
projet de " portail culturel européen " multilingue devant donner accès sur Internet à
l’ensemble des collections numérisées réparties dans les institutions culturelles européennes,
notamment les bibliothèques, pour un budget de 15 millions d’euros par an, dont 10 millions
pour l’audiovisuel.
Mai 2005. Remise à Philippe Douste –Blazy, ministre des Solidarités, de la Santé et de la
Famille du rapport de Joël Thoraval « Protection de l’enfance et usages de l’internet » dans le
cadre d’une mission confiée par la Conférence de la famille.
24 octobre 2005. Décision de la CNIL de refuser à quatre sociétés d’auteurs et de producteurs
de musique (SACEM, SPPF, SDRM et SCPP) la mise en place de dispositifs automatiques de
surveillance des systèmes d’échange de fichiers sur Internet (dits peer to peer ou P2P).
7 novembre 2005. Le Conseil de la concurrence inflige une amende record de 80 millions
d’euros à France Télécom pour avoir fermé à ses concurrents l’accès au marché de gros
d’Internet à haut débit par ADSL jusqu’en octobre 2002.
7 décembre 2005. Présentation, en Conseil des ministres, d’une ordonnance relative aux
échanges électroniques entre les usagers et les autorités administratives et entre les autorités
administratives : notamment, établissement d’une équivalence juridique entre le courrier
électronique et le courrier sur support papier.
20 - 23 décembre 2005. Le 20, à l’Assemblée nationale, Renaud Donnedieu de Vabres,
ministre de la Culture et de la Communication, défend son projet de loi sur les droits d’auteur
et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI), visant notamment à protéger
la rémunération des auteurs et diffuseurs de musique et de films, alors que la pratique
« pirate » du téléchargement et échange gratuits, peer to peer, de fichiers sur Internet se
généralise, pratique poursuivie pour délit de contrefaçon, mais autorisée pour « copie
privée » ; le projet de loi introduit de nouvelles sanctions ( trois ans de prison et 300 000 euros
d’amende) en cas de contournement des mesures techniques de protection (DRM). Qualifiant
le texte de « liberticide », deux amendements, PS et UMP, lui opposent la « licence globale »
qui autorise le téléchargement et l’échange de fichiers en contrepartie d’une rétribution
forfaitaire pour les artistes, sur abonnement souscrit auprès des fournisseurs d’accès à Internet
(FAI). Le 21, les députés adoptent le principe de la « licence globale », contre l’avis du
gouvernement ; le 23, l’examen du projet de loi est suspendu pour consultation.
7 - 21 mars 2006. Le 7, reprise des débats à l’Assemblée nationale sur le projet de loi sur les
droits d’auteurs et les droits voisins dans la société de l’information. Le 21, adoption de la loi
en première lecture (296 votes pour, 193 contre) : le texte prévoit notamment des
contraventions de 38 à 150 euros pour les internautes qui téléchargent illégalement sur
Internet ainsi que la répression des logiciels de téléchargement illégal ; il instaure un collège
des médiateurs chargé de régler les conflits sur la copie privée ; il pose un principe
d’interopérabilité pour que les œuvres acquises légalement puissent être lues sur tous les
supports ou logiciels existants.
30 juin 2006. Adoption définitive par le Parlement du projet de loi relatif au droit d’auteur et
aux droits voisins dans la société de l’information, approuvé par une majorité de l’UMP,
repoussée par l’UDF et l’opposition PS, PCF et Verts.
27 juillet 2006. Le Conseil constitutionnel censure trois points essentiels de la loi relative aux
droits d’auteur et droits voisins dans la société de l’information, notamment le système de
contraventions pour les échanges illicites d’œuvres de pair à pair (article 24), la définition de
l’interopérabilité et la garantie de cette interopérabilité par une nouvelle autorité de régulation
ainsi que « l’accès aux informations essentielles comme les codes sources, relatives aux
mesures techniques de protection des œuvres par les industriels (articles 22 et 23) ».
2 août 2006. Promulgation de la loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la
société de l’information (JO du 3) qui modifie le Code de la propriété intellectuelle pour
l’adapter à l’ère du numérique ; parmi les trois points du texte définitif du projet de loi,
censurés par le Conseil constitutionnel, le téléchargement et l’échange de fichiers via le peer
to peer sont requalifiés comme délits de contrefaçon, ce qui autorise des peines allant jusqu’à
3 ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende, tandis que le projet de loi prévoyait des
amendes allant de 38 à 150 euros.
18 octobre 2006. Présentation, en Conseil des ministres, d’une communication relative au
plan d’action interministériel pour mieux contrôler les jeux d’argent en ligne : mise en place
d’un observatoire des jeux d’argent liés aux nouvelles technologies, sous l’égide du ministère
de l’intérieur, pour effectuer une veille sur Internet.
19 février 2007. Remise à Renaud. Donnedieu de Vabres du rapport de Marc Tessier et
Maxime Baffert « La presse au défi du numérique », qui dresse un état des lieux des
concentrations et fusions des entreprises de presse, du développement multimédia, des droits
d’auteur et évoque l’adaptation du système des aides publiques à la presse dans le contexte
numérique.
24 mai 2007. Annulation par le Conseil d’État d’une décision de la CNIL du 18 octobre 2005
qui avait rejeté la demande de quatre sociétés d’auteurs (la SACEM, la SDRM) et de
producteurs (la SCPP et la SPPF) d’édition de musique pour la mise en place d’un dispositif
de détection automatisée d’utilisateurs illicites des réseaux P2P et d’actions contre le
téléchargement sur les réseaux P2P. Mais, le Conseil d’Etat donne raison à la CNIL sur le
caractère indispensable de l’autorisation judiciaire, quelle que soit l’action menée contre les
internautes, y compris pour le simple envoi de messages de « pédagogie » aux internautes ne
téléchargeant qu’un petit nombre de fichiers musicaux.
5 septembre 2007. Présentation devant la presse par Christine Albanel, ministre de la Culture
et de la Communication, de la mission confiée à Denis Olivennes, sur la lutte contre le
téléchargement illicite et le développement des offres légales d’œuvres musicales,
audiovisuelles et cinématographiques.
13 novembre 2007. Remise du rapport de la mission sur la lutte contre le téléchargement
illicite et le développement des offres légales d’œuvres musicales, audiovisuelles et
cinématographiques.
23 novembre 2007. Signature à l’Élysée d’un accord tripartite entre l’État, les ayants droit de
la musique et du cinéma et les fournisseurs d’accès à Internet sur la protection des œuvres
culturelles sur Internet et le développement de l’offre légale d’œuvres culturelles sur Internet.
23 décembre 2007. La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM),
chargée de la collecte des droits d’auteurs, est autorisée par la CNIL à identifier les
internautes procédant à des téléchargements illicites sur Internet et à transmettre les dossiers
d’infraction à la justice, selon un accord signé le 23 novembre dans le cadre de la mission
Olivennes sur la lutte contre le téléchargement illicite.
11 janvier 2008. Rapport de Henri Isaac sur la situation et le développement du numérique
dans les universités françaises. Il met en évidence le retard en la matière et formule différentes
pistes d’action, comme d’achever l’équipement des universités en espaces numériques de
travail.
23 janvier 2008. Installation par Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale, de la
mission « E-educ » confiée à Jean Mounet, président de Syntec-Informatique, sur le
développement des technologies de l’information et de la communication pour
l’enseignement au sein du monde éducatif ainsi que du forum « École et Internet : vers quels
usages ? ».
27 janvier 2008. Lors de l’inauguration du 42e MIDEM à Cannes, Christine Albanel présente
les grandes lignes du plan pour l’avenir de la filière musicale, avec notamment la protection
des droits des créateurs et la diffusion légale des œuvres musicales sur Internet, le soutien à la
création, l’emploi et la modernisation des entreprises du secteur.
3 juin 2008. Installation d’un comité pour la couverture numérique des territoires. Il a pour
mission de contribuer à l’élaboration du Plan de développement de l’économie numérique
dont l’objectif est la couverture en haut-débit fixe et mobile de 100 % de la population
française à l’horizon 2012.
6 juin 2008. Faisant suite à la publication, en mars 2008, du rapport de Bruno Durieux sur
l’ouverture du marché des jeux et de hasard, qui propose de revoir le régime français de droits
exclusifs et d’autoriser l’entrée de nouveaux opérateurs sur le marché, par l’instauration d’une
autorité de régulation unique pour la délivrance des autorisations, Éric Woerth, ministre du
budget, des comptes publics et de la fonction publique, précise les contenus et modalités de
l’ouverture du marché des jeux en ligne ainsi qu’un calendrier prévisionnel de mise en œuvre,
qui doit s’achever « dans le courant du second semestre 2009 » avec la délivrance effective
des agréments aux opérateurs.
18 juin 2008. Christine Albanel présente en Conseil des ministres, un projet de loi « Création
et Internet » relatif à la « diffusion et la protection de la création sur Internet », qui sanctionne
par un mécanisme de « riposte graduée » le téléchargement illégal de musique (« piratage »)
de films ou d’œuvres audiovisuelles sur Internet, et crée une « Haute autorité pour la diffusion
des œuvres et la protection des droits sur internet » (Hadopi) chargée de gérer les
avertissements et les sanctions (suspension de l’abonnement Internet pour une durée de trois
mois à un an) visant les internautes en infraction.
20 octobre 2008. Présentation du plan de développement numérique France Numérique 2012
par le secrétaire d’Etat chargé du Développement numérique. 154 mesures préconisent
notamment Internet à haut débit et l’accès à la TNT pour tous, l’affectation d’une partie du
dividende numérique aux Télécoms, une éventuelle fusion CSA-Arcep, le refus d’imposer un
nouvel opérateur mobile.
20 novembre 2008. Lancement à Bruxelles par José Manuel Barroso, président de la
Commission européenne du projet de bibliothèque numérique européenne, Europeana. La
bibliothèque Europeana, dont le prototype avait été lancé en mars 2007 par les Français en
association avec les Portugais et les Hongrois, avant d’être adopté par les Vingt-sept a pour
ambition de devenir un portail en ligne multilingue permettant de rassembler sur un seul site
les documents numérisés des bibliothèques, musées et centres d’archives des 27 pays
membres.
12 juin 2009. Promulgation de la loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur
internet ou loi Hadopi.
28 octobre 2009. Promulgation de la loi relative à la protection pénale de la propriété
littéraire et artistique sur internet. Ce texte prend en compte la décision du Conseil
constitutionnel du 10 juin 2009 sur la loi favorisant la diffusion et la protection de la création
sur internet. Cette décision considérait notamment que les sanctions pour les auteurs de
téléchargements illicites ne pouvaient être prononcées que par une autorité judiciaire.
17 décembre 2009. Promulgation de la loi relative à la lutte contre la fracture numérique, dite
Pintat.
8 janvier 2010. Installation de la Hadopi, composée d’un collège de 9 membres et d’une
commission de protection des droits. La Commission a en charge le volet répressif anti-
piratage, le Collège le volet développement de l’offre légale de téléchargement. Le président
du Collège préside la Haute autorité.
12 mai 2010. Promulgation de la loi relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation
du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne (Jo du 13). Ce texte organise la fin des
monopoles du PMU, de La Française des jeux et des casinos sur les paris sportifs, les paris
hippiques ou le poker. Les opérateurs de jeux sur Internet devront obtenir un agrément délivré
par une autorité administrative indépendante chargée également de contrôler leur activité.
30 septembre 2010. L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
(ARCEP) rend public un avis sur la neutralité des réseaux et d’Internet. L’avis contient dix
propositions destinées à garantir à tous les utilisateurs un accès libre, transparent et non
discriminatoire à l’ensemble des contenus et applications sur les réseaux et sur Internet.
Septembre 2010. Publication par l’ARCEP de dix propositions « visant à définir un équilibre
pérenne, neutre et de qualité pour le fonctionnement de l’internet, assorti d’outils destinés à
veiller au respect de cet équilibre ».
27 avril 2011. Installation par le président de la République du Conseil national du numérique
(CNN) chargé d’améliorer le dialogue entre le secteur des activités Internet et les autorités.
Sont critiqués le mode de désignation de ses membres (désignation et non élection et
l’absence de représentants des consommateurs et des éditeurs de contenus.
16 août 2011. Publication d’une circulaire relative à la mise en œuvre du programme national
très haut débit et de la politique d’aménagement numérique du territoire.
16 novembre 2011. Publication du rapport d’activité 2010 de la CNIL : une année 2010
marquée par le nombre record de plaintes reçues pour non-respect de la loi "Informatique et
Libertés" (4 821 plaintes), soit une hausse de 13% par rapport à 2009. Sont particulièrement
concernés les thèmes du "droit à l’oubli sur Internet" (demande de suppressions de contenus
apparaissant sur des sites ou des blogs) et de la vidéosurveillance.
26 janvier 2012. Signature par la France et 21 autres pays européens du traité anti-
contrefaçon ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement). Le traité vise à renforcer la
protection de la propriété intellectuelle notamment sur Internet et impose de nouvelles
obligations aux fournisseurs d’accès.
Mai 2012. Publication par l’ARCEP d’un « Projet de rapport au Parlement et au
Gouvernement sur la neutralité de l’internet » et ouverture d’une consultation publique sur le
thème de la neutralité d’internet. Publication du rapport de Laure de La Raudière, députée sur
la neutralité de l’internet dont les objectifs sont d’interdire toute différentiation dans
l’acheminement des données, d’améliorer la transparence des offres d’accès et l’information
des consommateurs, de définir une autorité de régulation chargée de vérifier la qualité de
service.
4 juillet 2012. Le Parlement européen vote contre le traité ACTA bloquant ainsi la procédure
d’adoption du traité au sein de l’Union européenne.
18 juillet 2012. Le gouvernement confie à Pierre Lescure la conduite d’une mission de
concertation sur les contenus numériques et la politique culturelle à l’ère du numérique. Les
propositions de cette mission sur "l’acte II de l’exception culturelle" sont attendues en mars
2013.

L’Etat et l’Internet

 écouter

Une politique volontariste pour le développement de l’Internet


Dossier mis à jour le 11.09.2012
Article mis à jour le 11.09.2012
Sommaire

 Des Autoroutes de l’information à la Société de l’information


 L’aménagement et de le développement numérique
 La fracture numérique


C’est dans les années 1990 que l’usage de l’Internet commence à se développer dans la
société française. Pour accélérer sa diffusion, les pouvoirs publics mettent en place une
politique volontariste en faveur des nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC). Avec les possibilités offertes par l’ADSL puis la fibre optique, l’Etat
se fixe comme objectif de déployer le numérique sur l’ensemble du territoire et d’équiper le
plus largement possible en matériel informatique les ménages, les entreprises, l’administration
et le monde de l’enseignement. Mais en dépit de ces efforts, de nombreux rapports dénoncent
l’émergence d’une "fracture numérique".
Des Autoroutes de l’information à la Société de l’information
Dès 1994, Gérard Théry, dans un rapport remis au Premier ministre sur "Les autoroutes de
l’information"prophétise une révolution économique et sociétale : La révolution de l’an 2000
sera celle de l’information pour tous. Comparable en ampleur technique à celle des chemins
de fer ou de l’électrification, elle sera plus profonde dans ses effets car les réseaux de
télécommunications constituent désormais le système nerveux de nos sociétés. Elle sera aussi
beaucoup plus rapide parce que les technologies évoluent plus vite qu’il y a un siècle. Elle
modifiera fondamentalement les structures économiques, les modes d’organisation et de
production, l’accès de chacun à la connaissance, les loisirs, les méthodes de travail et les
relations sociales. Créatrice de valeur ajoutée et d’emplois, elle apportera de nouveaux
marchés et de nouveaux métiers.
Le 27 octobre 1994, un Comité interministériel sur les autoroutes de l’information décide le
développement des réseaux à haut débit capables le transport de données multimédias et fixe
comme objectif national la couverture progressive du territoire d’ici 2015 par les autoroutes
de l’information. Le gouvernement encourage, dans le même temps, le développement d’une
industrie des services d’information (les "téléservices") et lance un appel à propositions pour
les premières expérimentations.
En 1996, la circulaire du 15 mai relative à la communication, à l’information et à la
documentation des services de l’Etat sur les nouveaux réseaux de télécommunication rappelle
que la France doit participer pleinement au développement des autoroutes de l’information et
souligne que l’Etat doit prendre part au développement d’Internet en créant des produits
d’information, de documentation et de communication accessibles par ce réseau. La circulaire
impose aux services de l’Etat l’utilisation de la racine commune "gouv.fr" pour tout projet
diffusé sur Internet.
Le 16 janvier 1998, l’Etat renforce son engagement en faveur du numérique lors d’un premier
Comité interministériel pour la société de l’information en lançant le Plan d’action
gouvernemental pour la société de l’information (PAGSI) qui vise à assurer les conditions
d’une société de l’information pour tous. Des axes prioritaires sont alors définis :
l’enseignement, la politique culturelle, l’administration électronique, le commerce
électronique, l’innovation industrielle et l’adaptation du cadre législatif aux nouveaux réseaux
d’information. Dès lors, chaque année, ce comité fixe les grandes orientations en faveur du
numérique comme l’intervention des collectivités locales, la baisse des prix de l’accès
Internet, l’augmentation des débits, la réduction du fossé numérique, l’effort de recherche…
En 2001, Lionel Jospin, Premier ministre, installe le Conseil stratégique des technologies de
l’information (CSTI) qui réunit des acteurs privés et publics chargés de contribuer au
développement d’Internet.

L’aménagement et de le développement numérique


Avec les réunions régulières du Comité interministériel d’aménagement et de développement
du territoire (CIADT), puis, à partir de 2005, du Comité interministériel d’aménagement et de
compétitivité du territoire (CIACT), s’amorce une nouvelle phase d’intervention des pouvoirs
publics en faveur du développement d’Internet. Après le concept de "Société de
l’information", s’impose "l’aménagement numérique du territoire".
En juillet 2001, une réunion du CIADT souligne ainsi les priorités du gouvernement : assurer
un déploiement équilibré des réseaux d’information et de communication sur tout le territoire,
en particulier dans les zones défavorisées, les moins développées économiquement ou les
moins peuplées ; accompagner dans les territoires la dynamique du PAGSI.
Cette politique d’aménagement numérique du territoire n’exclut pas une politique plus globale
en faveur d’Internet. Ainsi, en novembre 2002, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin
présente un plan pour une "République numérique dans la société de l’information". Les
objectifs à l’horizon 2007 sont : la présence d’un ordinateur dans chaque foyer ayant des
enfants scolarisés, la connexion à Internet de toutes les entreprises, l’utilisation des
technologies de l’information dans les administrations et dans l’Education nationale. Malgré
ces efforts, un rapport du Conseil d’analyse économique souligne, en 2007, le retard de la
France par rapport aux Etats-Unis et à l’Europe du Nord. Les rapporteurs mettent en cause le
coût relativement élevé de l’ordinateur, mais aussi le mode de tarification des
communications locales (absence de forfait tout compris).
Créé, le 18 mai 2007 , le Secrétariat d’Etat à la prospective et au développement de
l’économie numérique est chargé de piloter et de coordonner l’ensemble des politiques
publiques dans le domaine du numérique. Il organise en mai 2008 des "Assises du numérique"
qui doivent ouvrir des espaces de concertation sur les moyens de mise en œuvre d’une telle
politique et servir de base à un plan d’action 2008-2012.
Le 20 octobre 2008, le Plan de développement de l’économie numérique "France Numérique
2012" est présenté. Il contient 154 mesures organisées en quatre priorités :

 permettre à tous d’accéder aux réseaux et aux services numériques,


 développer la production et l’offre de contenus numériques,
 accroître et diversifier les usages et les services numériques dans les entreprises, les
administrations, et chez les particuliers,
 moderniser la gouvernance de l’économie numérique.

En novembre 2011, un bilan de France Numérique 2012 est publié par le gouvernement selon
lequel 95% des mesures ont été réalisées ou sont en cours d’application. De nouveaux
objectifs sont fixés à l’horizon 2020.
Par ailleurs, le président de la République installe, en 2010, le Conseil national du numérique
(CNN) chargé d’améliorer le dialogue entre le secteur des nouvelles technologies de l’Internet
et les autorités. Mais des critiques sont faites à son encontre en raison du mode de désignation
de ses membres et de l’absence de représentants des consommateurs et des éditeurs de
contenus.

La fracture numérique
En dépit de cette politique favorable au développement d’Internet, la "fracture numérique" se
creuse en France. Déjà, lors de l’université de la communication d’Hourtin en août 1997,
Lionel Jospin affirme la nécessité absolue de refuser que le fossé séparant ceux de nos
concitoyens qui maîtrisent ces nouveaux outils du reste de la population s’accroisse.
En 2009, la loi relative à la lutte contre la fracture numérique est adoptée. Elle vise à assurer à
l’ensemble de la population l’accès au très haut débit à un tarif raisonnable par la création du
Fonds d’aménagement numérique des territoires et la définition de schémas directeurs
territoriaux d’aménagement numérique unique sur un même territoire établis à l’initiative des
collectivités territoriales.
Pourtant, en 2011, un rapport du Sénat estime que : La fracture numérique qui s’est créée avec
l’apparition de l’internet à haut débit est en passe de s’aggraver significativement avec l’essor
du très haut débit, qui deviendra demain le standard pour la population des villes. Les
collectivités se mobilisent depuis plusieurs années pour pallier les carences de l’Etat et de
l’initiative privée sur leur territoire en investissant dans des réseaux haut, puis très haut débit.
Elles sont cependant insuffisamment soutenues par des pouvoirs publics qui, au plus haut
niveau, ne semblent pas avoir pris la mesure des enjeux et des besoins, tant du point de vue
règlementaire que financier. Le plan France numérique 2012 promettait l’accès de tous en
2012 à un haut débit à 512 kbit/s. Bien que peu ambitieux par le niveau de débit visé, il ne
sera pas atteint. Et le plan national très haut débit (PNTHD), en affichant des objectifs qu’il ne
se donne pas les moyens de tenir, paraît irréaliste.
La même année, le Centre d’analyse stratégique publie un rapport "Le fossé numérique en
France". Il y constate qu’un Français sur trois ne possède pas d’ordinateur à la maison, en
dépit d’une progression constante du taux d’équipement ces dernières années et ajoute : A
l’heure où les outils numériques se diffusent partout dans notre vie quotidienne, porteurs à la
fois de lien social, de développement personnel et de performance économique collective, les
pouvoirs publics ont la responsabilité de contribuer à réduire ce fossé numérique. Selon le
rapport, le fossé numérique peut être générationnel, social ou culturel mais la fracture
numérique supposée entre les ruraux et les urbains s’est largement estompée alors qu’elle
continue à retenir l’attention des pouvoirs publics. Soulignant le besoin "d’une action
politique vigoureuse et pérenne ainsi que de larges campagnes d’information", le rapport
présente de nombreuses propositions : porter une attention particulière au fossé numérique au
sein de la population la plus jeune, intégrer les personnes âgées dans la société numérique et
les aider ainsi à rester plus longtemps chez elles, s’inspirer des expériences étrangères de
l’utilisation du numérique dans le domaine de l’éducation, etc. Pour l’accès au haut débit pour
les plus démunis, le rapport envisage trois types de solutions : un abaissement des tarifs
d’accès à Internet résultant soit d’un renforcement de la concurrence, soit de la mise en place
d’un tarif social de l’Internet à haut débit, le déploiement du réseau d’espaces numériques
publics, la mise à disposition d’ordinateurs et de connexions Internet dans l’habitat social.
Politiques publiques
L’Etat et l’Internet

 écouter

La protection des droits d’auteur


Dossier mis à jour le 11.09.2012
Article mis à jour le 11.09.2012
Sommaire

 Que recouvrent le droit d’auteur et les droits voisins ?


 De la loi DADVSI…
 …à la loi Hadopi


Avec l’explosion numérique des années 2000, les pouvoirs publics se sont rapidement saisis
de la question des droits d’auteur sur Internet. Plusieurs textes de loi, souvent controversés,
ont été adoptés : la loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de
l’information (DADVSI), votée en 2006, la loi favorisant la diffusion et la protection de la
création sur internet (ou loi HADOPI) et la loi relative à la protection pénale de la propriété
littéraire et artistique sur internet en 2009. En outre, la France a signé le traité commercial
anti-contrefaçon (ACTA) mais ce texte a été rejeté par le Parlement européen.

Que recouvrent le droit d’auteur et les droits voisins ?


Le droit d’auteur est constitué d’un droit moral et d’un droit patrimonial. Le droit moral est
perpétuel, inaliénable et exercé par l’auteur lui-même ou ses ayants droit. Le droit patrimonial
comprend des droits de reproduction et de représentation. En vertu de ces droits, l’auteur peut
toucher une rémunération directe versée par les consommateurs ou une rémunération
indirecte, comme la rémunération provenant de la taxe prélevée sur les médias vierges pour
compenser l’exercice du droit de copie privée. Les droits voisins, parfois appelés droits
dérivés ou droits connexes, prévus par la loi de 1985, permettent la rémunération des artistes-
interprètes et des producteurs de phonogrammes pour la diffusion des enregistrements sonores
publiés à des "fins de commerce", que ce soit par les médias (radios et télévisions), dans les
discothèques ou dans les lieux publics sonorisés (restaurants, supermarchés). Des exceptions
sont prévues pour éviter d’avoir à soumettre toute utilisation d’un enregistrement sonore à
l’autorisation de l’interprète ou du producteur. Il s’agit du système dit de la "rémunération
équitable" en vertu duquel il faut, pour diffuser des enregistrements sonores en public, verser
un pourcentage des recettes d’exploitation.

De la loi DADVSI…
Le développement du numérique a entraîné des changements touchant à la fois aux
technologies (production, stockage, reproduction et diffusion des œuvres) et aux habitudes du
public et des consommateurs. Ainsi le développement de l’internet haut débit en permettant
le transfert de fichiers volumineux a ouvert la voie à l’acquisition légale d’œuvres sur internet
mais a également permis l’échange entre internautes de fichiers d’œuvres musicales ou
cinématographiques. Ces échanges de fichiers s’opèrent en dehors de tous les circuits de
distribution classiques et sans que les ayants droit ne soient rémunérés. Le gouvernement a
ainsi été sollicité par les éditeurs, inquiets de l’effondrement des ventes de disques.
La loi Informatique et libertés, révisée en 2004, élargit la liste des personnes autorisées à
mettre en œuvre des traitements de données à caractère personnel relatives aux infractions,
condamnations et mesures de sûreté. Sous réserve de l’autorisation de la Commission
nationale informatique et libertés (Cnil), l’article 9 de la loi ouvre cette possibilité aux
sociétés de perception et de gestion des droits d’auteur et des droits voisins, ainsi qu’aux
organismes de défense professionnelle afin d’assurer la défense des droits de leurs adhérents.
La CNIL a d’abord répondu favorablement aux demandes d’autorisation de création de
fichiers de données personnelles présentées par les sociétés d’ayants droit en matière de jeux
vidéos et audiovisuelle. En revanche, la CNIL a rejeté, dans ses décisions du 24 octobre 2005,
les demandes d’autorisation formulées par plusieurs sociétés d’ayants droit, dont la Sacem,
pour des dispositifs permettant la détection automatisée des mises à disposition illégales
d’œuvres musicales sur les réseaux pair à pair (P2P) et l’envoi de messages de sensibilisation
aux internautes. La CNIL a considéré que le dispositif envisagé n’était pas proportionnel aux
objectifs poursuivis. Cependant, le Conseil d’Etat a annulé les décisions de la CNIL, le 23 mai
2007, soulignant une "erreur d’appréciation".
Après de nombreuses péripéties, la loi sur les droits d’auteur et droits voisins dans la société
de l’information (DADVSI) est votée en 2006. Le texte adopté interdit toute copie "pirate" sur
Internet en légalisant le contrôle de l’usage des œuvres numériques par les mesures techniques
de protection (MTP ou Digital Rights Management - DRM) et institue des sanctions allant
d’une amende de 38 euros pour l’internaute téléchargeant illégalement à une peine de 3 ans de
prison et 300 000 euros d’amende pour celui qui commercialise un logiciel destiné au
piratage. Le droit à l’interopérabilité (possibilité pour l’internaute de lire une œuvre sur le
support de son choix) est encadré par l’Autorité de régulation des mesures techniques
(installée officiellement en avril 2007) que peuvent saisir les éditeurs de logiciels et
exploitants de systèmes.

…à la loi Hadopi
En 2009, est adoptée la loi relative à la diffusion et la protection de la création sur Internet
("loi Hadopi") qui reprend les principales recommandations du rapport de Denis Olivennes
(Le développement et la protection des oeuvres culturelles sur les nouveaux réseaux, 2007).
La loi sanctionne par un mécanisme de "riposte graduée" le téléchargement illégal de
musique, de films ou d’œuvres audiovisuelles sur Internet, et crée une Haute autorité pour la
diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi) chargée de gérer les
avertissements et les sanctions (suspension de l’abonnement internet pour une durée de trois
mois à un an) visant les internautes en infraction. Elle est complétée la même année par la loi
relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur internet. Les détracteurs
de la loi estiment que le système est coûteux (la Haute autorité est dotée d’un budget annuel
de 12 millions d’euros) et ne permet ni la transition des industries créatives vers le numérique,
ni le financement de la création. Bien que le juge soit désormais le seul susceptible de
prononcer des sanctions, plusieurs associations d’internautes et de consommateurs
considèrent que la mise en oeuvre des procédures de réponse graduée comporte certains
risques pour les libertés. Les sujets d’inquiétudes évoqués portent notamment sur :

 la protection des données personnelles collectées


 l’automaticité de la surveillance qui la rend difficilement contrôlable
 une logique qui jouerait largement sur l’intimidation en l’absence de capacité de réponse des
internautes
 l’efficacité des logiciels de sécurisation dont l’installation pourra être obligatoire et la crainte
qu’ils n’intègrent des systèmes de surveillance non contrôlés par l’internaute.
En réponse à ces critiques, l’Hadopi a publié en mars 2012 un bilan chiffré de son activité.
Elle met en évidence une nette tendance au recul des sites de pair à pair. Cependant, cette
baisse peut s’être opérée au bénéfice des technologies de téléchargement direct ("streaming")
qui n’entrent pas dans le champ des activités de l’Hadopi. Selon l’Hadopi, la réception par un
internaute d’une recommandation (procédures de la réponse graduée) entraîne un changement
d’attitude chez la grande majorité des destinataires. Parallèlement, elle constate que les offres
culturelles légales en ligne progressent.
Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, de nombreux débats ont porté sur
une réforme voire une suppression de l’Hadopi et sur la "licence globale" (légalisation des
échanges non commerciaux de fichiers musicaux ou audiovisuels en contrepartie d’une
rétribution forfaitaire redistribuée aux ayants droit). Peu après l’élection, une mission a été
confiée, par la ministre de la culture et de la communication, à Pierre Lescure sur "l’acte II de
l’exception culturelle", ce qui comprend une réflexion sur les contenus numériques et sur
l’Hadopi.
Parallèlement, le 4 juillet 2012, le Parlement européen a rejeté l’Accord commercial anti-
contrefaçon (ACTA) dont l’objectif est de lutter contre les atteintes aux droits de propriété
intellectuelle, la contrefaçon et le piratage, en encourageant la coopération et la surveillance à
l’échelle internationale. Le Parlement européen a écarté le texte en raison des "menaces qu’il
recèle pour les libertés civiles". Ce rejet signifie que ni l’Union européenne, ni ses Etats
membres ne peuvent adhérer à l’ACTA.

Politiques publiques

L’Etat et l’Internet

 écouter

La protection des libertés individuelles


Dossier mis à jour le 11.09.2012
Article mis à jour le 11.09.2012
Sommaire
 Internet, vecteur des libertés publiques
 Un cadre juridique protecteur des libertés individuelles


Vecteur de la liberté d’expression, d’accès à l’information, à la connaissance et à la culture et,
en ce sens, au service des droits de l’individu, l’Internet renouvelle aussi les questions sur la
protection de la vie privée (utilisation des données personnelles, réseaux sociaux, "droit à
l’oubli"…). La régulation de l’Internet cherche ainsi un équilibre entre le respect de la liberté
d’expression et les impératifs de sécurité et de protection des droits de la personne.

Internet, vecteur des libertés publiques


Dans sa décision du 10 juin 2009, le Conseil constitutionnel estime que la protection
constitutionnelle de la liberté de communication et d’expression s’applique à Internet compte
tenu du rôle croissant que joue ce média dans l’accès du citoyen à l’information. Il souligne
qu’Internet permet également, à travers la messagerie électronique, les réseaux sociaux, les
blogs et autres forums de discussion,d’exercer sa liberté d’expression et de contribuer à la
diffusion de l’information et de participer à la circulation et à l’échange d’idées et d’opinions.
Lors du Sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) du 17
juin 2004, la France a défendu la conception d’une société de l’information solidaire et
plaidé pour l’adoption universelle d’une Charte d’éthique et de civilité commune aux usagers
de l’internet. Cette Charte implique que les internautes, publics ou privés, se donnent comme
objectif de mettre réellement le réseau au service du développement humain. Elle préconise
notamment d’instaurer un dialogue authentique entre les peuples, les cultures et les religions
et d’aider le plus grand nombre, en particulier les jeunes, à accéder de façon permanente aux
informations nécessaires à leur développement personnel - y compris au moyen de mesures
d’ordre économique.
En permettant d’accéder à des sources d’information toujours plus nombreuses, Internet
démocratise et enrichit les modes d’accès à la culture et de sa production. Ainsi, en ligne et à
distance, il est devenu possible d’écouter de la musique, voir des films, visiter des
expositions, lire des livres, des journaux. De même, la multiplication des sites internet publics
a permis le rapprochement de l’administration et de l’usager/citoyen (démarches en ligne,
renseignements administratifs...). De plus, comme le souligne le Comité des ministres du
Conseil de l’Europe dans sa recommandation du 18 février, l’Internet peut être mis au service
du développement de la démocratie par des outils de démocratie électronique qui peuvent
concerner de nombreux domaines (législation électronique, vote électronique, consultation
électronique, pétition électronique...) et permettre au citoyen de débattre, surveiller et évaluer
les actions de ses représentants.
Dans un sondage Ifop de février 2012, sur la place d’internet dans la vie quotidienne des
Français, une majorité de personnes interrogées affirme qu’Internet permet d’offrir plus de
transparence et de démocratie, et en même temps s’accorde à reconnaître le caractère "intrusif
et anxiogène" des réseaux numériques.

Un cadre juridique protecteur des libertés individuelles


La France a été précurseur dans le domaine de la protection des droits de la personne avec
l’adoption d’une loi fondatrice, la loi "Informatique et libertés" du 6 janvier 1978. La loi
reconnaît au citoyen le droit à l’information, le droit d’accès, le droit de rectification et le
droit d’opposition. Selon la loi, les données personnelles permettent d’identifier une personne
directement (nom prénom, sexe, photo) ou indirectement (adresse, e-mail, numéro de sécurité
sociale…). Elles incluent aussi des données médicales, génétiques (ADN) ou biométriques
(empreintes digitales, voix, rétine, iris). La Commission nationale de l’informatique et des
libertés (CNIL), créée par la loi, exerce une mission générale de contrôle, des applications de
l’informatique aux traitements des informations nominatives. Ses pouvoirs de sanction ont
depuis été renforcés et peuvent aller du simple avertissement à la sanction pécuniaire, en
passant par la mise en demeure et l’injonction de cesser le traitement des données
personnelles. La loi de 1978 a été modifiée par la loi du 6 août 2004 et, désormais, tout
responsable du traitement de donnés nominatives doit prendre les précautions utiles afin de
préserver la sécurité de ces données en empêchant qu’elles soient déformées, endommagées,
ou que des tiers non autorisés y aient accès.
S’il est facile de publier des informations sur Internet, il est en revanche difficile de les
effacer. Dans son rapport d’activité 2011, la CNIL souligne l’intérêt de plus en plus marqué
des personnes pour la protection de leurs données personnelles. Les questions liées au "droit à
l’oubli sur internet" (demander la suppression de contenus – textes, photographies, vidéos –
qui apparaissent sur des sites ou des blogs) ont nettement progressé. Selon les conclusions
d’une consultation publique lancée au printemps 2010 par la secrétaire d’Etat en charge du
développement numérique, 74% des internautes qui ont participé à la consultation réclament
un droit à l’oubli sur Internet et 69% estiment prioritaire de pouvoir effacer leur profil
publicitaire. Cependant, un rapport du Sénat de 2011 conteste cette notion de droit à l’oubli et
considère qu’il vaudrait mieux, en amont, améliorer l’information et la formation de
l’internaute plutôt que de consacrer un droit général et absolu à l’oubli numérique.
D’autres rapports rappellent que, du fait de la place prise par les réseaux sociaux, l’extension
accélérée du nombre des fichiers nominatifs institutionnels ou commerciaux, le
développement des techniques de traçage (puces RFID, téléphones portables, GPS) et la
perspective d’un "Internet des objets", une vigilance accrue est de mise face à l’ampleur des
données personnelles qui sont collectées et l’usage qui peut en être fait. Dans son introduction
au rapport de la CNIL de 2011, Isabelle Falque Pierrotin estime que la CNIL doit jouer
pleinement son rôle d’accompagnateur de la vie numérique et donner au grand public les clés
pour un usage d’internet maîtrisé.
Enfin, un autre principe fait l’objet d’une attention croissante : la neutralité de l’Internet.
Principe fondateur du réseau, il s’agit de garantir la liberté de circulation des contenus et des
informations sur le Web sans discrimination. L’Autorité de régulation des communications
électroniques et des postes a ainsi la compétence de fixer des exigences minimales en termes
de qualité de service et de régler les différends ou les litiges qui portent sur l’acheminement
du trafic entre opérateurs et fournisseurs de contenus.
Au plan européen, la directive du 24 octobre 1995 sur la protection des données personnelles
vise à établir un équilibre entre un niveau élevé de protection de la vie privée des personnes et
la libre circulation des données à caractère personnel au sein de l’Union européenne (UE). Le
texte fixe des limites strictes à la collecte et à l’utilisation des données à caractère personnel et
demande la création, dans chaque État membre, d’un organisme national indépendant chargé
de la protection de ces données.
En 2002, un ensemble de textes communautaires, baptisé "Paquet Télécom" définit un cadre
juridique commun pour la réglementation et la régulation des réseaux et des services de
communications électroniques. Ce cadre réglementaire a ensuite été révisé en novembre 2009
afin de mieux protéger la vie privée et les données à caractère personnel dans le secteur des
communications électroniques. L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre
2010, a, en outre, donné force contraignante à la Charte des droits fondamentaux dont l’article
8 prévoit que toute personne a droit à la protection des données à caractère personnel la
concernant.
Le 25 janvier 2012, la Commission européenne, prenant acte de "l’essor du numérique et du
contexte de globalisation" a présenté un projet de règlement réformant la directive européenne
de 1995 sur la protection des données personnelles. Il institue un cadre général de l’Union en
matière de protection des données, ainsi qu’une proposition de directive relative à la
protection des données à caractère personnel traitées dans le cadre de la coopération policière
et judiciaire en matière pénale. Les droits des citoyens doivent être renforcés : reconnaissance
d’un droit à l’oubli, d’un droit à la portabilité de leurs données et clarification des règles
relatives au recueil du consentement et à l’exercice de leurs droits. Dans le même temps, les
entreprises bénéficient d’une simplification en matière de formalités administratives tout en
étant soumises à des obligations accrues.

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